Chapitre 22 : L'Alliance des Cinq
Les humains qui se sont révoltés contre moi me haïssent au-delà de toute mensuration. Moi, l’un des leurs, je les ai trahis, et je leur ai imposés des siècles de soumission. Leur haine est légitime. Je l’accepte, et je m’en nourris même. Je ne leur en veux pas pour ce qu’ils pensent de moi. J’ai pitié d’eux, en fait. Pitié de leur ignorance. S’ils connaissaient réellement toute l’histoire, la cible de leur haine serait bien différente…
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Mercutio avait fait tout un tas de trucs bizarres depuis qu’il avait rejoint la X-Squad. Il serait même en peine de tous les lister. Il avait vu aussi de nombreux lieux insolites, des endroits dont il n’avait pas idée avant d’y aller. Mais aujourd’hui, il se rendait dans un coin plus ou moins connu du grand public : un endroit assez proche mais très loin à la fois. Aujourd’hui, la cité d’Atlantis allait se mettre en orbite autour de la Terre, pour intercepter le vaisseau du Grand Forgeron quand il arrivera. Pour la première fois de sa vie, Mercutio allait faire un tour dans l’espace sidéral.
Il était à la fois enthousiaste et inquiet. Là-haut, ses pouvoirs de Mélénis n’allaient pas l’aider s’il y avait un pépin quelconque. Il ne pourrait pas utiliser son Septième Niveau pour foncer sur le vaisseau de Memnark comme il aurait pu le faire sur Terre. Mais Igeus tenait à déployer Atlantis en première ligne. Selon Nuelfa, la cité a été conçue comme un gigantesque vaisseau spatial, et pouvait voler dans l’espace, bien abritée derrière son gigantesque bouclier d’énergie.
Quelques minutes avant le décollage, Mercutio s’était mis sur l’un des balcons de la pyramide centrale, pour bénéficier de la vue. Le bouclier était levé, mais invisible depuis l’intérieur. Les gens présents sur Atlantis auront donc l’impression de flotter dans l’espace sans aucun obstacle. Sa sœur Galatea, elle aussi restée à bord, le rejoignit, sautillant presque sur place. Elle était encore plus excitée que lui.
- L’espace ! Le néant infini étoilé, avec une vue sublime sur notre belle planète ! Ce serait le cadre idéal pour un rancart !
- Qu’est-ce que tu fabriques avec moi alors ? Répondit Mercutio.
- Hélas, tous les beaux mecs se sont fait la malle. Même l’ami Régis est resté à Bakan pour coordonner les dresseurs qui se battront pour nous.
- Eh bien, tu peux aller retrouver Igeus en salle de contrôle, si tu veux.
Le regard émeraude et pétillant de Galatea s’assombrit. Mercutio avait toujours trouvé bizarre que sa sœur jumelle, si prompte à tomber amoureuse du premier mâle venu, soit toujours plus ou moins restée de marbre face à Erend Igeus. En fait non, ce n’était pas exact. Au début, quand elle ne le connaissait pas encore, elle l’admirait. Mais depuis qu’elle l’avait rencontré, elle n’était plus trop fan.
- Pas possible. Il en pince clairement pour ton ex, puis il a beau être horriblement séduisant, y’a quelque chose de pas net avec lui. Sa présence dans le Flux est si fluctuante que je n’arrive pas à le cerner. Il me fout les jetons.
Mercutio ne portait pas trop non plus Igeus dans son cœur, surtout depuis qu’il s’était payé les services d’Eryl et semblait très proche avec elle. Ceci dit, il n’avait rien noté de dérangeant chez ce type. C’était un politique, un ambitieux notoire qui ne craignait pas de se salir les mains, un fieffé menteur adepte de la langue de bois, mais persuadé d’agir pour le bien commun. Ceci dit, Mercutio n’avait jamais eu le talent de sa sœur pour cerner la véritable nature des individus dans le Flux.
- S’il n’y avait plus qu’Igeus comme mec sur Terre, poursuivit la jeune femme, je resterai vierge toute ma vie.
- Qu’est-ce que tu racontes ? S’amusa Mercutio. Avec tous les types dans le monde que tu as fréquenté, il doit bien y avoir des lustres que tu n’es plus vierge non ?
Mercutio eut droit à un regard courroucé bien senti.
- Sortir avec des gars et coucher avec sont deux choses différentes, sale obsédé ! Peut-être bien que j’attends le bon partenaire ?
Mercutio trouva comique de s’entendre traiter d’obsédé par sa sœur qui avait toujours passé son temps libre à reluquer tous les mecs qui passaient à coté d’elle. Mais bon, il était vrai que c’était Mercutio, et non Galatea, qui allait bientôt avoir une fille quelque part, si ce n’était déjà fait… La voix d’Igeus résonna soudain dans tous les secteurs de la cité, leur demandant de se préparer au décollage. Atlantis étaient déjà en vol stationnaire au-dessus de Fubrica, et elle commença peu à peu à gagner encore plus d’altitude, perçant les nuages. C’était Nuelfa qui était aux commandes ; elle seule, en tant que Primordiale, pouvait contrôler Atlantis. Mercutio s’accrocha à la rambarde, et admira le spectacle.
Plus la cité montait, plus le ciel se fit sombre. En cinq minutes, ils avaient passé l’atmosphère, et sans rien ressentir d’inhabituel, les voici au-dessus de la Terre, face à un champ d’étoiles. Si on baissait la tête, on pouvait voir la planète bleue, comme un horizon infini à nos pieds. Plus loin, il y avait la lune, et encore plus loin, le soleil qui brillait bien plus fortement que quand on l’observait de depuis la surface. En effet, le spectacle était grandiose, et Mercutio s’y perdit en contemplation un long moment, avant de se rendre compte d’un truc qui le fit sursauter : il ne sentait plus le Flux. Il n’arrivait plus à l’utiliser, comme s’il venait juste de sortir du Septième Niveau.
- Euh… ça vient de moi, ou alors passé une certaine hauteur, y’a plus de réseau 4G Flux Illimité ? Demanda-t-il à sa jumelle.
- Evidement, nigaud. Le Flux provient de la vie, et y’a pas vraiment de vie dans l’espace. T’as jamais rien suivi aux cours de Maître Irvffus ou quoi ?
- Je me rappelle des techniques pour lancer de gros rayons explosifs, mais le reste, les détails sur le Flux, la philosophie des Mélénis, tout ça, c’était pas trop mon truc…
- Dans ce cas, vivement que cette guerre se termine, et qu’on puisse se rendre au Refuge pour compléter notre formation… si c’est toujours d’actualité ?
Il est vrai que les jumeaux n’avaient que trop retardé le jour de leur départ pour la base secrète Mélénis. Selon le marché originel qu’avait passé leur père Elohius avec la Team Rocket, ils auraient dû s’y rendre le jour de leur dix-huit ans… et ça, c’était il y a quatre ans ! Mais ils n’avaient pas pu se résoudre à abandonner les leurs alors que les conflits et les crises se succédaient. Et maintenant, alors que leur propre demi-sœur mettait le monde à feu et à sang un peu partout, c’était encore moins d’actualité. Sans compter ce Memnark qui allait arriver d’un moment à l’autre… Au rythme où vont les choses, Mercutio se demandait s’il verrait enfin le Refuge des Mélénis avant d’avoir une longue barbe blanche. Pourtant, il avait sincèrement envie d’y aller. Il voulait en apprendre plus sur sa race et sur son pouvoir. Il voulait revoir Miry et rencontrer sa fille. Il voulait aussi voir son père… et accessoirement lui coller une bonne droite dans sa divine figure.
- Ça vit longtemps, un Mélénis, éluda Mercutio. On aura le temps… un jour.
- On est des demi-Mélénis, rectifia Galatea. Ça vit moins longtemps que les vrais.
- Ça vit toujours plus longtemps que les simples humains.
- Si on sait comment faire seulement. Pour moi, y’aura pas de problème ; j’aurai encore mon beau visage sans ride quand Julian aura ses premiers cheveux blancs. Mais toi, je sais pas trop…
Mercutio se détacha de la vision du vide étoilé pour regarder sa sœur.
- Pourquoi tu dis ça ? Je suis aussi puissant que toi dans le Flux, si ce n’est plus.
- Ce n’est pas une question de puissance. Il y a un moyen de ralentir la vieillesse avec le Flux. C’est ce que les Mélénis font pour vivre très vieux. Ça ne se fait pas automatiquement.
- Maître Irvffus nous a aussi appris cela pendant que je n’écoutais pas ? S’étonna Mercutio.
- Non, mais j’ai deviné comment on fait. C’est assez intuitif. Il suffit de régénérer nos télomères avec le Flux.
- Télo… quoi ?
Galatea soupira d’accablement.
- Evidement, tu n’écoutais rien non plus en cours de science… Les télomères, crétin ! Sur notre ADN, à l’extrémité des chromosomes. Ils raccourcissent avec l’âge, et c’est ce qui provoque la dégénérescence de nos cellules, la détérioration des organes et l’apparition de maladies liées à la vieillesse. Si on les régénère avec le Flux, nos corps resteront jeunes et en bonne santé bien plus longtemps.
Mercutio était toujours autant fasciné par les capacités de sa sœur sur l’application du Flux dans le domaine médical. Elle était capable de prodiges sur le corps humain : soigner les pires maladies, refermer les pires blessures. Mercutio l’avait même vu une fois sauver un soldat Rocket qui avait pourtant été déclaré en état de mort cérébrale. Maître Irvffus lui-même, qui était pourtant un Mélénis millénaire, disait n’avoir jamais vu ça. Galatea avait un don certain, et avec une formation adéquate, elle deviendrait la plus grande Mélénis Guérisseuse de tous les temps, jusqu’à pouvoir guérir la mort elle-même.
- Eh bien, c’est impressionnant, avoua Mercutio. Mais pour moi qui galère même à guérir une entaille avec le Flux, comment tu veux que je m’amuse à manipuler mon ADN ?
- C’est bien ce que je dis, sourit Galatea.
- Tu ne peux pas le faire pour moi ?
- Trop risqué. Intuitivement, notre Flux connait notre propre ADN et sait plus ou moins quoi faire. Mais jouer avec un ADN inconnu, c’est pas recommandé. Je pourrai endommager le mauvais chromosome et te changer en… autre chose.
- Hum… mouais. Je vais donc garder mes rides le temps que je trouve comment faire.
Ils restèrent un moment à contempler les étoiles avant de rentrer dans la pyramide. Il n’y avait plus qu’un personnel réduit sur Atlantis. La présence d’hommes n’était pas vraiment nécessaire, vu que tout était piloté et contrôlé par Nuelfa. Le reste de la X-Squad était à Bakan en train de préparer les défenses pour accueillir le Grand Forgeron et ses Akyr si jamais ils parvenaient à passer le barrage d’Atlantis. Le but était de laisser le plus de temps possible aux gars d’en bas pour qu’ils dégottent le dernier Solerios.
Comme Igeus n’était visiblement pas motivé pour tenter de réunir les trois Dieux Guerriers afin de réveiller Excalord, Mercutio ne voyait pas trop ce qu’il avait prévu, à part espérer qu’Atlantis suffirait pour repousser Memnark. Mercutio en doutait. Certes, le Grand Forgeron ne devait pas se douter que Nuelfa était ici et qu’elle contrôlerait Atlantis pour le compte des humains. Mais si un seul Primordial et une cité antique suffisaient pour repousser une armée d’Akyr et leur dieu-créateur, ce dernier aurait usurpé sa réputation. Or, même Nuelfa semblait avoir peur de Memnark.
Et puis, même si Igeus avait tenu à avoir Mercutio et Galatea à bord, à quoi pourront-ils donc servir si le Flux était inutilisable dans l’espace ? À eux deux, ils formaient la principale ligne de défense de l’humanité contre les Akyr. Mercutio savait suivre les ordres même s’ils mettaient sa vie en jeu, mais si jamais Memnark faisait sauter Atlantis avec eux à l’intérieur, ce serait un peu du gâchis.
- Tu sais ce qu’on aurait dû faire, au lieu de rester ici ? Demanda Mercutio à sa sœur. On aurait dû tenter de contacter le Refuge Mélénis. Je ne sais pas combien ils sont en tout, mais quelque Mélénis en plus auraient pu aider. Alors que là, ils ne sont sans doute même pas au courant qu’on va se faire envahir.
Ils montèrent dans un ascenseur, et Galatea eut une moue sceptique.
- Les Mélénis survivants ne se sont pas bougés le fion quand Vriff a envahi Kanto. Ni quand Zelan projetait de tuer tous les Pokemon de la planète. Encore moins quand Siena a pété une durite en créant son Mégador et son super laser. Ils vivent cachés depuis des siècles, sans se mêler des affaires humaines.
- Ils seront bien obligés de se tirer les doigts du cul quand Memnark aura transformé tous les humains en Akyr ! Et pas seulement eux. Tous les humains sur Terre, même nos ennemis. Apocalypto, la Garde Noire, et même ces fichus Agents de la Corruption ! Personne ne veut ce que le Grand Forgeron a prévu pour notre monde.
La cabine s’ouvrit, et ils entrèrent dans l’antichambre derrière la salle des commandes principale, où Igeus devait se trouver avec Nuelfa.
- Ils ne veulent pas ça non, mais chacun aura sa propre façon de traiter la crise, répondit Galatea. Regarde Siena. Elle joue en solitaire en tentant elle-même de trouver le Solerios. Si tu attends une alliance de tous les humains et Pokemon de la Terre contre Memnark, tu peux toujours courir, je pense…
- Et c’est bien dommage. C’est ce que j’espérais réunir en soutenant les humains. Un monde uni et solidaire.
Les jumeaux sursautèrent. Ils ne s’étaient pas rendu compte que Nuelfa, la Primordiale, se trouvait dans la pièce. Elle manipulait une espèce de gros cube qui était parcouru de traits bleus et vifs.
- C’est le régulateur du bouclier d’énergie, expliqua l’alien. Il était adapté pour l’organisme des Primordiaux quand la cité se trouve dans l’espace, mais vous n’avez pas d’exosquelette pour réguler votre température corporelle, donc je dois renforcer la fréquence pour mieux protéger la cité contre le froid stellaire.
- Euh… oui, acquiesça Mercutio. Ce serait dommage de geler…
Il ne s’était jamais trouvé seul à seul devant la Primordiale, et malgré sa petite taille et son corps rabougri, elle était assez impressionnante. Bien que sa partie visible du visage laisse entrevoir une femme de vingt à trente ans, c’était une créature qui avait vécu des milliers d’années. Et puis, la taille de son crâne, et donc de son cerveau, laissait sous-entendre une intelligence immensément supérieure à celle des humains. Mercutio avait beau être un Mélénis, il se sentait fichtrement insignifiant face à Nuelfa. Ayant terminée son réglage, la Primordiale dévisagea les jumeaux d’un air tout scientifique.
- Erend Igeus m’a appris que vous étiez tous deux des Mélénis ? Demanda-t-elle.
- Demi-Mélénis, précisa Galatea. Notre mère était humaine.
- C’est stupéfiant qu’il y ait encore des survivants de cette race à cette époque. Les derniers que j’ai rencontrés, c’était il y a environ mille cinq cent ans. Les Mélénis d’Avalon, sous l’égide du Seigneur Merlin, à qui j’avais prêté Excalord un temps. Ils n’étaient même pas un millier, et beaucoup ont péri dans la guerre qu’ont initiée la Mélénis Noire Morgane et son rejeton incontrôlable. Le roi Arthur parvint à les arrêter, et à sa mort, je repris Excalord avec moi.
- Le Roi Arthur était un Mélénis ? S’étonna Galatea.
- Non, c’était un simple humain. Mais quand bien même il n’avait pas le Flux, à l’inverse de sa demi-sœur maléfique, il fit de grandes choses, et lutta vaillamment contre les Mélénis Noirs avec l’aide d’Excalord sous sa forme Arme. Je l’ai rencontré, vous savez. C’est lui qui, le premier, m’a réellement fait comprendre tout le potentiel humain. Car même si je ne les maltraitais pas comme Memnark autrefois, il est vrai que je les ai toujours considérés comme faibles et insignifiants. Pas comme les Mélénis, que je respectais beaucoup.
- Alors… vous êtes assez vieille pour avoir connu le Grand Empire Mélénis sur Terre ? Demanda Galatea avec enthousiasme. Euh, sans vouloir vous offenser…
Nuelfa sourit.
- Je suis bien plus vieille que le Grand Empire Mélénis. Quand moi et les miens sommes arrivés sur Terre, les Mélénis n’existaient pas encore. Mais, durant les millénaires où nous avons vécu sur Atlantis, nous avons appris à les connaître. Le point d’orgue fut bien sûr l’Alliance des Cinq.
Ce terme résonna dans l’esprit de Mercutio.
- Je crois que le gros Akyr, le Récolteur, en a parlé. Qu’est-ce que c’est, au juste ?
- L’Alliance des Cinq ? Les humains ont oublié cet évènement majeur ?
- Les humains ont oublié pas mal de trucs de leur passé. La majorité d’entre eux ne sait même plus ce qu’est un Mélénis.
- Triste chose. Il faut connaître son passé pour forger son avenir. Surtout qu’en l’occurrence, l’Alliance des Cinq y est pour beaucoup dans ce que ce monde est devenu. Non… dans ce que l’univers est devenu.
Nuelfa fit une pause, son esprit millénaire revivant sans doute ces moments de jadis.
- L’Alliance des Cinq, commença-t-elle, est le nom que l’on a donné à un traité passé avec les cinq plus grandes races de tous le Multivers : les Mélénis, les Zan, les Primordiaux, les Célestials, et les Façonneurs. Ces cinq races se sont retrouvées ici, sur Terre, pour passer une alliance contre un ennemi commun. Nous, les Primordiaux d’Atlantis, représentions l’Empire Infini. C’est à cette occasion que nous avons pu travailler avec des Mélénis pour la première fois.
Mercutio avait pas mal de questions qui lui venaient en tête.
- Qui sont ces Zan, ces Célestials et ces Façonneurs ? Et contre quoi ou qui ces cinq races se sont alliées ? Et pourquoi sur Terre en particulier, alors que vous avez tout le Multivers ?
Nuelfa lui fit un sourire indulgent, comme à un enfant un peu trop curieux de choses qu’il ne comprendrait de toute façon pas.
- Je n’ai pas le pouvoir de révéler les secrets des races de l’Alliance. De toute façon, moi-même, j’en sais bien peu à leur sujet. Je peux juste vous dire que les Zan sont très peu nombreux et qu’un seul actuellement vit sur Terre. Les Célestials ont quitté ce monde bien avant que nous arrivions, et vous ne les verrez probablement plus jamais. Quant aux Façonneurs, ils sont la plus puissante race de toute l’existence, ceux qui façonnent les différents univers, les surveillent et les dirigent. Vous connaissez l’un d’entre eux. Arceus, le Père Fondateur.
- Arceus est un Pokemon, dit Galatea sans comprendre.
- C’est techniquement incorrect. Arceus a créé les Pokemon à son image. Comme il a donc plus ou moins les mêmes caractéristiques qu’eux, vous avez fini par l’assimiler comme étant un des leurs. Mais Arceus est un Façonneur. Il a créé notre univers, car c’est là ce que font les Façonneurs. Il y a une multitude d’univers dans le grand Multivers. Chaque univers a son Façonneur. Arceus est le nôtre. C’est lui qui représenta sa race lors de l’Alliance des Cinq, et qui officia les négociations entre nos peuples. Les Façonneurs ne quittent jamais leur propre univers, sauf pour se rendre parfois dans celui de leur race. Autrement dit, vous ne verrez jamais un autre Façonneur qu’Arceus.
- Sympa votre scoop, admit Mercutio. Mais si jamais on se pointe au Grand Institut Pokemonologique en déclarant qu’Arceus n’est pas un Pokemon, je crains qu’on se paie un peu notre tête.
- Cela n’est pas grave si les humains restent dans l’ignorance à ce sujet, répondit Nuelfa. Ils ne sont pas censés connaître ces choses qui les dépassent.
- Et cet ennemi donc, contre lequel l’Alliance s’est formé ? Insista Mercutio.
- Il est interdit d’en parler. Même avant, nous ne prononcions pas son nom. Nous l’appelions simplement l’Ennemi. Car c’est ce qu’il était. L’Ennemi de toute la création.
Galatea fronça les sourcils.
- Ce ne serait pas l’Endless par hasard ? Cette entité cosmique du néant, ennemie d’Arceus, que mon Elu de la Lumière de frère doit massacrer selon une fumeuse prophétie ?
Mercutio se serait passé que Galatea lui rappelle ce détail. Il lui arrivait parfois de l’oublier, et il ne se sentait que mieux. Selon Maître Irvffus, Mercutio était un soi-disant Elu de la Lumière, ayant pour mission de vaincre le grand ennemi d’Arceus, l’Endless, une créature représentative du néant qui voulait défaire l’univers entier. Mercutio se serait bien marré à l’époque, si seulement Maître Irvffus n’avait pas paru si grave…
- L’Endless ? Répéta Nuelfa. Non, certainement pas. L’Endless est le Némésis d’Arceus. Il ne menace que cet univers ci, et seulement celui-là. L’Ennemi, lui, menaçait le Multivers entier. Mais je n’ai pas envie de parler plus longuement de lui. C’est un sujet dangereux, encore aujourd’hui. Et de toute façon, vous n’êtes pas prêts.
Encore une fois, Mercutio se sentit tout jeune et insignifiant face à Nuelfa et à ce qu’elle racontait. Un Multivers ? Des êtres qui créaient des univers ? Un ennemi si terrible qu’il a fallu que ces cinq races incroyables s’allient ? Mercutio pensait toujours que la prophétie qui affirmait qu’il devrait combattre un être comme l’Endless était une vaste blague, alors penser qu’il existait des choses pareilles lui donnait mal à la tête. Et puis, ils avaient déjà fort à faire avec un autre être éternel et surpuissant d’une race bien plus avancée que la leur, qui lui n’allait pas tarder à… D’un coup, l’alarme de la cité se mit à retentir, coupant Mercutio dans ses sombres pensées. La voix désincarnée et automatisée d’Atlantis se mit à clamer :
- ATTENTION. UN VAISSEAU INCONNU VIENT DE QUITTER LA VITESSE LUMIERE A PROXIMITE DE LA CITE. ATTENTION.
Mercutio vit le bas du visage de Nuelfa blêmir, ce qui ne le rassura guère. Elle s’enfonça dans la salle de commande, et les jumeaux la suivirent. Erend Igeus était au centre du dispositif, et regardait par l’immense vitre holographique quelque chose au loin qui venait d’apparaître près de Mars. Lui aussi n’en menait pas large.
- Agrandissement et détails ! Exigea Nuelfa à l’ordinateur central.
La vitre écran fit apparaître une forme sombre et assez pixélisée de la chose, mais assez claire pour qu’on puisse y distinguer un vaisseau spatial. Il formait un demi-cercle à l’arrière, et une immense pointe de métal à l’avant. Ses mesures indiquaient une taille bien supérieure à la cité d’Atlantis, qui pourtant était elle-même une forteresse géante.
- C’est qui je crois ? Osa demanda Galatea.
- Vaudrait mieux, répondit Erend. Sinon, ça voudrait dire qu’on a d’autres aliens qui s’intéressent à notre planète.
- C’est bien un appareil de conception Primordiale, bien qu’assez différente de celle de l’Empire Infini, fit Nuelfa. De plus, le senseur de la cité ne détecte qu’une seule forme de vie à bord. Comme les Akyr ne sont pas détectables en tant que telles, ça semble assez clair.
Nuelfa foudroya l’image du vaisseau de son ancien professeur.
- Memnark est arrivé.