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Le Joueur de flûte de Sinnoh (OS) de The Under Toad



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Informations

» Auteur : The Under Toad - Voir le profil
» Créé le 09/06/2016 à 16:37
» Dernière mise à jour le 09/06/2016 à 19:08

» Mots-clés :   Fantastique   One-shot   Sinnoh

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Le Joueur de flûte de Sinnoh
Voici un conte que vous risquez fort d'entendre si vous voyagez dans la région de Sinnoh, ou que vous pouvez lire dans l'un des plus vieux ouvrages de la bibliothèque de Joliberges.

Il se déroule à une époque où les humains vivaient déjà avec les Pokémon, un certain nombre d'entre eux devenant des dresseurs, mais où les pokéballs et la plupart des objets que nous connaissons de nos jours n'existaient pas encore.











« Il y a fort longtemps, les habitants d'une ville de Sinnoh aujourd'hui disparue furent tourmentés par d'étranges Rattatacs venus de nulle part et par milliers dévorer leurs récoltes.
Les rongeurs envahissaient les champs, les granges, les maisons, et attaquaient ceux qui tentaient de les en empêcher. Les habitants avaient tout essayé, envoyant contre eux des Pokémon divers et variés, mais rien n'y avait fait.

Ils eurent d'abord recours à des Pokémon de type Combat, or pourtant avantagés ils avaient vite succombé sous le nombre. On songea ensuite au poison, mais il fut aussi peu utile que sur des Pokémon Acier. Même le feu, même la glace étaient inefficaces face aux vagues incessantes de Rattatacs affamés, qui se multipliaient tant qu'ils menacèrent vite de se répandre dans toute la région.

Les habitants crurent alors que cette armée de créatures invincibles était un fléau envoyé par Arceus, et ils commençaient à désespérer quand arriva un jour un jeune homme singulier.

Il était grand et élancé, avait un beau visage aux traits harmonieux, et de ses yeux gris il posait un regard doux sur tout ce qu'il voyait. Il portait des vêtements très colorés et un chapeau assorti était posé sur ses cheveux bruns bien coiffés. Enfin, un Pijako était perché sur son épaule.

Il proposa au maire et aux autres notables, moyennant de l'or, de mettre fin à ce désastre, et ils s'empressèrent d'accepter, lui promettant même le double de la somme qu'il demandait.

Il tira alors une flûte blanche de son sac, et debout sur la place principale de la petite ville, il commença à jouer une mélodie étrange et envoûtante tandis que son Pijako battait la mesure en claquant du bec.
Très vite, les Rattatacs se précipitèrent vers lui, venant des champs, des silos, descendant des greniers et remontant des caves. L'inconnu, tout en continuant son air, sortit alors de la ville, suivi de tous les rongeurs ensorcelés.

Il arriva à la rivière la plus proche, et, sans cesser de jouer, y entra jusqu'aux genoux. Peu après, ses victimes se jetèrent dans les flots à sa suite, et toutes se noyèrent, jusqu'au dernier Rattatac.
Une fois sa besogne faite, le joueur de flûte retourna à la ville pour toucher sa récompense. Or, les habitants, avares et honteux de devoir leur salut à un homme seul après tous leurs efforts, refusèrent de le payer.
Le danger des rats étant écarté, ils se disaient qu'ils ne craindraient rien à frustrer de son dû ce jeune vagabond. Ce dernier s'indigna, réclama son salaire, les menaça, mais cela ne fit que les excéder. Sans exprimer la moindre gratitude envers celui qui les avaient sauvés de la famine, tous le chassèrent en l'accablant d'insultes et en lui jetant même des pierres.

Outré et humilié, le joueur de flûte se jura qu'il prendrait sa revanche.




Deux semaines plus tard, une jeune dresseuse en voyage initiatique, originaire de cette même ville, était au chevet de son Simiabraz, atteint d'un mal étrange depuis quelques jours. Elle l'avait montré à tous les guérisseurs qu'elle avait pu trouver, tenté toutes les herbes médicinales connues, mais tout fut vain. Elle perdait espoir quand un jeune homme l'aborda.

Elle fut instantanément captivée par son charme ténébreux. Il était grand et mince, avait des cheveux noirs qui tombaient sur ses épaules et dont des mèches dissimulaient en partie son visage aux traits fins, mais on pouvait malgré cela voir ses yeux gris qui avaient la teinte de l'argent pur. Ses vêtements étaient noirs également, tout comme le Cornèbre perché sur son épaule.
C'était notre joueur de flûte, mais il avait quelque peu changé d'apparence.

Il proposa à l'adolescente éplorée de guérir son Simiabraz, ce qu'elle accepta bien sûr immédiatement, et après avoir sorti une autre flûte, cette fois rouge sang, il joua un air joyeux et léger qui revigora aussitôt le malade.
Mais il expliqua à la dresseuse restée sans voix devant le prodige que son Pokémon était victime d'une malédiction ancienne, que lui-même avec tout son art ne pouvait effacer qu'en partie. Il avait ainsi pu le faire échapper aux griffes de la mort, mais Simiabraz ne pourrait plus jamais utiliser la moindre capacité, désormais condamné à vivre comme un simple animal...

Sans adresser le moindre remerciement au joueur pour avoir sauvé la vie de son Pokémon, la dresseuse se mit alors à pousser des gémissements.
Pourquoi cela devait-il lui arriver, à elle qui allait devenir la meilleure dresseuse de Sinnoh ? Elle avait déjà tous les badges nécessaires et se préparait à affronter la Ligue, mais elle n'aurait aucune chance sans son meilleur Pokémon ! Et il serait si fastidieux d'apprivoiser un Pokémon sauvage pour en faire un remplaçant, se plaignait-elle.

Elle supplia alors le joueur de flûte, lui demandant avec insistance s'il était sûr et certain de ne pas connaître un autre merveilleux air qui pourrait guérir son pauvre Pokémon.

Le joueur, qui avait attendu cette question, se joua de la détresse et de la crédulité de l'adolescente. Il feignit de parler avec réticence quand il évoqua un autre air enchanté, qui toutefois ne briserait pas la malédiction mais transférerait la perte de pouvoirs à un autre Pokémon quelconque de la région.
Cela nécessiterait donc une forme de sacrifice, cependant Simiabraz pourrait combattre comme avant et avoir toutes ses chances à la Ligue, finit-il en plongeant son regard troublant dans celui de la jeune fille.

Cette dernière n'hésita pas longtemps. C'était triste pour le Pokémon qui hériterait de ce malheur, mais son ami n'était-il pas bien plus important ? Elle n'aurait qu'à demander au joueur de flûte de transférer ce mauvais sort à un Pokémon sauvage faible comme il y en avait tant. Ou mieux, à l'un de ceux de ses futurs adversaires de la Ligue !

Séduite par cette idée et subjuguée par le charme de celui qu'elle considérait comme son héros, elle lui demanda de jouer ce fameux air. Elle ne remarqua même pas le sourire carnassier qu'il esquissa avant de porter l'instrument rouge à ses lèvres, ni que le croassement que poussa alors le Cornèbre ressemblait à un rire diabolique.
Elle écouta plutôt l'air, cette fois sinistre, qui sortait de la flûte, et l'envoûtement fut complet.

En réalité, le joueur ne se contentait pas de transférer une malédiction qu'il avait lui-même inventée et provoquée.
Les notes que la dresseuse avait écoutées pour son malheur la feraient, quelques semaines plus tard et juste avant qu'elle n'affronte la Ligue, se jeter dans la cascade qu'elle viendrait tout juste de franchir, dernier obstacle avant son but, pour se noyer et être broyée par les flots. Ses Pokémon seraient malheureux mais ne souffriraient d'aucun sortilège.

Pour l'heure, l'étrange mal dont avait souffert le Pokémon faisait son chemin pour, conformément au choix du joueur et non à celui de la dresseuse, s'abattre sur un autre, un Lucario.




Lucario était souffrant, au point d'être allongé et de peiner à faire le moindre geste. Son dresseur, qui se trouvait être le fils du maire qui avait fait chasser le joueur de flûte de sa ville, ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Pourquoi avait-il fallu que ce soit son Lucario, Pokémon exceptionnel de par sa force et sa fourrure, dorée au lieu d'être bleue comme celle de ses semblables, qui tombe gravement malade ?

Il avisa un homme qui se dirigeait vers eux. Le garçon se sentit intimidé par l'inconnu, ce qui n'était pas seulement dû au fait que ce dernier semblait le toiser de toute sa hauteur, étant de grande taille. Mais son visage, d'après ce que ses cheveux laissaient voir, était assez inquiétant, pâle, émacié, et ses yeux gris semblaient aussi froids que l'acier.
Il accepta néanmoins aussitôt son aide quand il lui promit de guérir Lucario. Bien sûr, comme Simiabraz, le Pokémon recouvrit la santé tout en restant privé de ses pouvoirs dès que l'air de la flûte parvint à ses oreilles.

Après que le joueur lui en eut expliqué les causes, le jeune dresseur se mit en colère en apprenant ce nouveau coup du destin. Le Pokémon rare, que son père lui avait dégoté par on ne sait quel moyen, et qui faisait sa fierté, serait désormais inférieur au plus faible des Lovdiscs ? Lui-même, qui avait toujours passé son temps à se vanter auprès de ses camarades et des inconnus, serait-il désormais la risée de tous ses amis ?

Ne supportant pas cette idée, il s'en prit au joueur de flûte, le pressant, s'il connaissait un remède, de le lui révéler. Son père était riche, assurait-il, et le couvrirait d'or s'il réussissait à rendre ses pouvoirs à Lucario.

Comme vous vous en doutez, c'est à ce moment-là que le joueur proposa son terrible marché à l'adolescent : la santé de son Pokémon contre celle d'une autre victime innocente. Le dresseur n'hésita pas un instant, son Lucario étant bien trop précieux à ses yeux pour qu'il se souciât d'une conséquence aussi futile. Il accepta avec joie, soulagé de savoir qu'il pourrait de nouveau se pavaner devant tous ceux qu'il rencontrerait dans son voyage.

Le joueur de flûte commença alors à jouer sa funeste mélodie, qui tout en guérissant Lucario envoûta son dresseur.
Une semaine plus tard, ce dernier mourrait subitement au cours d'une fête qu'il avait lui-même organisée en son honneur pour réunir ses amis et parader devant eux. Les guérisseurs furent incapables d'expliquer au maire les causes du décès de son fils. Mais les amis du défunt dresseur purent admirer une dernière fois les talents de son Lucario quand il s'employa à creuser lui-même la tombe de son maître.






Un par un, les enfants de ceux qui avaient chassé le joueur de flûte quittèrent ainsi ce monde, garçons comme filles, âgés de dix à dix-huit ans. Tous avaient fini par accepter le marché du joueur soi-disant pour le bien de leur Pokémon, après plus ou moins d'hésitations et de scrupules.
Il se vengeait ainsi de la manière la plus terrible qui soit tout en châtiant ses victimes des travers qu'ils avaient hérité de leurs parents.

Les habitants se crurent frappés d'un nouveau fléau, sans toutefois qu'aucun d'entre eux ne fît le lien avec l'étranger qui les avait auparavant débarrassés des rats. Tous prirent la fuite et se dispersèrent, laissant la ville à l'abandon, mais cela n'allait pas empêcher le joueur de flûte de traquer jusqu'au dernier de leurs enfants possédant au moins un Pokémon.

Il se dirigeait à présent, son fidèle Cornèbre toujours à l'épaule, vers le Mont Couronné où se trouvait le Pokémon sur lequel il avait fait s'abattre son sortilège, une Luxray. Il entra dans le refuge de montagne où le jeune dresseur tenait la patte de sa Pokémon à l'article de la mort.

Le garçon aurait sans doute paniqué devant l'aspect terrifiant du nouveau venu s'il n'était pas envahi par le chagrin. Ses habits noirs faisaient ressortir la pâleur surnaturelle de son teint, et les traits de son visage squelettique semblaient déformés par une expression presque sauvage. Il n'y avait aucune chaleur, aucune lueur dans ses yeux métalliques.
Se refusant à se fier aux apparences, le dresseur ne détourna pas son regard embué de larmes de l'homme qu'il pensait être un guérisseur, amené par l'un des nombreux appels au secours qu'il avait affichés un peu partout aux alentours.

Le joueur de flûte s'employa donc à guérir Luxray, puis voulut tester son maître en lui proposant comme à tous les autres de rendre au Pokémon ses capacités en échange du sacrifice de celles d'un autre.

Mais le dresseur déclina sa proposition. Il était tellement heureux de voir sa meilleure amie en pleine forme, qu'il exprima plutôt une gratitude sincère au joueur de flûte. Le plus important à ses yeux était en effet que Luxray soit en vie, et il lui était impensable de recourir à un sort qui s'abattrait sur un autre Pokémon.

Certes, Luxray serait malheureuse de ne plus pouvoir produire le moindre éclair, mais cela ne serait pas bien long. Il se jura en effet de tout faire pour devenir le plus grand savant que Sinnoh ait jamais connu afin de trouver un remède à ce mal.
Il était prêt, affirmait-il, à tout à la fois étudier l'art des guérisseurs et le perfectionner, se plonger dans les arcanes de la magie et des malédictions, et à traquer avec espoir les mystères des Pokémon, le secret de leur pouvoir.

Et en attendant, Luxray aurait bien d'autres façons de briller et de rendre son maître fier d'elle. N'y avait-il pas de nombreuses compétitions dans lesquelles les Pokémon ne se servaient pas de leurs capacités ? Luxray remporterait ainsi tous les concours de beauté auxquels elle se présenterait, franchirait en vainqueur la ligne d'arrivée de toutes les courses qu'elle courrait.

Les paroles touchantes de l'adolescent et sa gratitude brisèrent aussitôt la malédiction. Il eut à peine le temps de voir le joueur de flûte se transformer soudainement en une petite créature sombre à quatre pattes qu'il s'était déjà enfui, suivi de son Cornèbre. Son attention fut néanmoins vite détournée de ce prodige, car sa Luxray poussa alors un cri joyeux : sa fourrure était de nouveau parcourue d'électricité.



Le jeune dresseur qui, sans le savoir, avait mis fin aux machinations du joueur de flûte et sauvé tous les enfants restants, devint plus tard un grand savant comme il se l'était promis, même si Luxray n'avait plus besoin de remède. Ses recherches firent beaucoup avancer les connaissances des habitants de Sinnoh en matière de Pokémon, et tous ceux qui le connaissaient louaient sa modestie et son dévouement.

Quant au joueur de flûte, il était devenu un beau mais terrifiant Shaymin céleste à la fourrure sombre, aussi noire que les plumes du Cornèbre qui le suivait partout. Il ne s'en prenait plus à ses anciennes victimes, mais s'employait désormais à traquer et punir tous ceux qui faisaient souffrir d'autres personnes en refusant d'exprimer leur gratitude ou en se montrant égoïstes. »











Ainsi s'achève le conte du Joueur de flûte de Sinnoh. Encore aujourd'hui, cette histoire soulève de grands débats, car beaucoup sont persuadés qu'elle est basée sur des faits historiques.

On vous en donnera pour preuve les nombreuses flûtes que l'on trouve dans toutes les régions, pas seulement à Sinnoh, et qui auraient été inspirées par les instruments du joueur.
Par exemple, une flûte noire dont les notes repoussent les Pokémon sauvages, une blanche qui au contraire les attire, une bleue pouvant réveiller les Pokémon plongés dans le sommeil le plus profond, ou encore une jaune soulageant les Pokémon confus.

Certains prétendent même que ce sorcier aurait fabriqué et caché quelque part son chef-d’œuvre, une Flûte Azur permettant d'invoquer Arceus lui-même si l'on en jouait aux Colonnes Lances, au sommet du Mont Couronné.


Mais pour moi, ce n'est qu'une histoire à raconter au coin du feu, que vous êtes libre d'aimer ou non, à laquelle vous pouvez trouver une morale ou que vous pouvez simplement trouver divertissante.


Enfin, soyez tout de même prudents si d'aventure vous aperceviez un Shaymin et un Cornèbre noirs de jais fendre les airs durant une nuit sans lune...