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» Auteur : Goldenheart - Voir le profil
» Créé le 04/06/2016 à 10:59
» Dernière mise à jour le 04/06/2016 à 10:59

» Mots-clés :   Drame   Kalos   Présence de personnages de l'animé   Présence de shippings   Suspense

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Chapitre 10 - Retrouvailles
Retrouver un ami perdu de vue depuis longtemps, c’est comme retrouver une part de soi-même.

~*~


- Que dis-tu ?! Il a disparu ?!

L’homme masqué empoigna le sbire par le col le plaqua contre le mur – ou du moins ce qu’il en restait. Tout autour d’eux n’était plus que ruines, à croire qu’un ouragan avait complètement soufflé toute la pièce, ne laissant qu’un trou béant vers l’extérieur.

- Tu te moques de moi, microbe ?
- N-non ! J-je vous assure ! bégaya le malheureux. Quand nous sommes arrivés sur place, il n’y avait déjà plus rien ! Ni Pikachu, ni Pokéball noire… Rien !

Avec un sifflement furieux, le masqué jeta sa victime au sol, au milieu de ses congénères. Aucun d’entre eux ne tenta d’intervenir. Tous tremblaient devant la colère du Chasseur.

- Vous auriez dû arrivez plus tôt, les accusa celui-ci.
- Nous ne pouvions pas ! osa une jeune fille, dont la teinte rouge vif de ses cheveux ridiculement coiffés était assortie à sa tenue extravagante. Nous étions déjà tous mobilisés pour chercher Z1, qui s’est échap-

Sa phrase mourut dans le gantelet de l’homme masqué, qui l’avait saisie par la mâchoire.

- Et alors ? lança-t-il, glacial. Vous êtes si incompétents que vous êtes incapables de gérer deux problèmes à la fois ? Lysandre devrait avoir honte d’employer de telles larves !

Pour appuyer son propos, il écrasa sous sa botte les lunettes rouges de la sbire, tombées lorsqu’il l’avait empoignée. La jeune fille pouvait à peine émettre un son étranglé avec cette pression formidable sur son visage, qui l’empêchait même de respirer.

- Il suffit, Chasseur, fit une voix féminine derrière eux. Inutile d’en venir aux mains.

L’intéressé fit volte-face. Une femme à la silhouette fine et à la démarche gracieuse et élégante s’avançait vers eux. Ses cheveux rose pâle encadraient son visage angélique, décoré par deux yeux couleur grenadine, dissimulés à moitié derrière les verres fumés de ses lunettes.

- Malva… Que viens-tu faire ici ?
- Oh, simple curiosité. Cette explosion s’est faite entendre jusqu’à l’autre bout du bâtiment. En tant que journaliste, il est normal que je veuille mener ma petite enquête…
- Je croyais que tu étais présentatrice ? souleva l’homme masqué.
- Il y a un début à tout, très cher, sourit Malva en réponse. On n’atteint pas la première marche du podium sans passer par les niveaux inférieurs. Vous êtes bien placé pour le savoir, n’est-ce pas… ?

Le Chasseur grogna sous son masque, et lâcha sa victime sans ménagement. La jeune fille détala aussitôt ventre à terre, tel un petit Pokémon effrayé.

- Je te conseille vivement de ne pas en dire plus, Malva, menaça l’homme. Et cesse de prendre ce petit ton suffisant avec moi. Tu sais ce qui se passe, quand je suis mécontent…
- Allons, Chasseur, ne vous braquez pas. Je suis ici pour vous aider, après tout.

Tout en prononçant ces paroles, elle lâcha le corps inanimé d’un autre sbire – un jeune garçon aux cheveux également teints en rouge vif – ligoté et bâillonné.

- J’ai trouvé ce jeune homme évanoui non loin d’ici, sur le chemin du poste de garde. (Un sourire malicieux s’étira sur ses lèvres.) Selon toute vraisemblance, nous avons affaire à un acte criminel. Quelqu’un a infiltré le complexe et a volé votre précieux Pokémon.
- Ce que tu dis ne manque pas de sens, admit le masqué. Cependant… Il faudrait être un bien piètre voleur pour s’échapper en causant une explosion capable d’ameuter tout le personnel de sécurité. Or, regarde bien.

Il désigna le sbire ligoté, que quelques-uns de ses congénères s’affairaient déjà à libérer et réveiller.

- Cet idiot n’a pas été ficelé par un amateur, c’est évident. Si un intrus s’est bel et bien faufilé dans le bâtiment, il sait s’y prendre. Ce n’est sûrement pas lui qui a causé l’explosion.
- Vous pensez donc que c’était un accident ?
- Quoi d’autre ? Regarde l’état de la machine de soins. (Il désigna les tas de débris encore fumants.) De toute évidence, c’est d’elle qu’est partie la déflagration.

Malva s’approcha des restes de l’appareil, et les examina avec attention. Elle devait bien l’admettre, le Chasseur avait raison. Si l’on observait attentivement, on pouvait s’apercevoir que les débris avaient été projetés en cercles concentriques, dont le point d’origine était clairement l’appareil. Ce dernier aurait-il fait une surchauffe ? Pourtant, c’était bien le seul témoin de modernité dans ce local désaffecté depuis longtemps… Puis un petit objet brillant attira l’œil de la présentatrice.

Pendant ce temps, le jeune garde avait repris connaissance, et expliquait fébrilement qu’il ne savait rien, qu’il avait été assommé avant de se rendre compte de quoi que ce soit.

- Pff…, commenta le Chasseur. Cela ne m’étonnerait pas que votre soi-disant intrus ait profité de l’incident de la machine pour me prendre mon Pokémon. Si la garde du bâtiment se résume à ça…
- Ne parlez pas trop vite, très cher.

Sérieusement agacé de se faire interrompre, l’homme au masque jeta un regard noir à Malva, bien qu’il fut conscient qu’elle ne pouvait le voir, à cause du masque justement. Mais sa colère tourna à la stupeur lorsqu’il vit ce que la femme aux cheveux roses tenait entre les doigts : un petit éclat de métal noir, qui jetait des reflets violacés à la lumière du jour.

- Il semblerait que ce ne soit pas réellement la machine en elle-même le problème, mais plutôt…

Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, le Chasseur se précipita vers Malva. Anticipant sa réaction, celle-ci jeta en l’air le tesson de métal. L’homme masqué l’attrapa au vol, avant de le contempler sans parvenir à y croire.

- …ce qui était à l’intérieur, poursuivit Malva sans se départir de son sourire espiègle. Et ces petits débris éparpillés de-ci de-là constituent une preuve irréfutable.
- La Pokéball Obscur…, murmura le Chasseur. Impossible…
- Même si l’intrus a bel et bien volé votre Pokémon, il semblerait que ce dernier ait d’abord tenté de s’échapper par ses propres moyens…
- C’EST IMPOSSIBLE !

Le cri rauque, assourdissant de l’homme masqué fit détaler comme des Laporeille les derniers sbires encore présents sur les lieux. Même si peu d’entre eux avaient déjà vu le Chasseur auparavant, tous connaissaient sa terrible réputation. Cet homme était quelqu’un qu’il valait mieux éviter d’énerver.
Lorsque ce dernier rouvrit son poing, le tesson de Pokéball avait été réduit à l’état de miettes. Même si le Chasseur portait des gants épais, il sentit une brève douleur se diffuser à travers sa paume. Mais il n’en avait que faire.

- Il n’a pas pu s’échapper de lui-même ! Un Pokémon capturé avec une Pokéball Obscur devient parfaitement fidèle à son nouveau maître ! Il ne peut en être autrement !

Malva ne répondit rien, mais continua de sourire. Il était rare de voir le Chasseur sortir ainsi de ses gongs. Bien qu’elle ignorât quel genre de Pokémon se trouvait dans la machine de soins, elle ne put s’empêcher d’éprouver une pointe d’admiration pour lui. Eventrer ainsi un bâtiment entier simplement en s’échappant de sa Pokéball… Ce Pokémon devait vraiment être très puissant.

- J’ignore qui a osé me prendre mon Pokémon… vociféra le Chasseur. Mais il va vite le regretter.

Sa voix était d’un calme froid, ce qui contrastait fortement avec la rage qui bouillonnait en lui. Il sortit au dehors et appela son Roucarnage.

- Puis-je savoir ce que vous avez l’intention de faire ? demanda innocemment Malva.
- C’est évident. Je vais récupérer ce qui m’appartient. Et je t’interdis de t’en mêler, sale Vipélierre.

Il enfourcha son Pokémon, et celui-ci décolla avec un grand cri, soulevant un immense nuage de poussière alors que ses ailes puissantes les emmenaient, lui et son maître, loin du plancher des Ecrémeuh. A peine ébranlée par la rafale qui soulevait ses cheveux roses, Malva les regarda s’éloigner jusqu’à ne plus distinguer d’eux qu’un petit point noir au loin. Une fois seule, elle soupira longuement.

- Hé bien, quel tempérament impétueux… J’en connais un qui ne va pas être content de le savoir encore en vadrouille…

Elle sourit de nouveau en imaginant la tête de Lysandre apprenant que le seul homme à avoir été capable de capturer le petit Z1 était parti pile quand celui-ci s’était échappé. Mais d’un autre côté, elle était curieuse de savoir quel était ce Pokémon que le Chasseur voulait à tout prix récupérer… Et quand la curiosité de Malva avait été piquée, il était impossible de tarir sa soif de savoir.


~*~

Un léger contact, humide et froid, diffusa un doux sentiment de fraîcheur sur ma joue en feu. La sensation de chatouillis qui l’accompagnait acheva de me faire reprendre conscience. Avec difficulté, j’ouvris mes paupières collées par la cendre. Au-dessus de moi, le ciel d’un bleu pur et limpide s’étirait à l’infini. Des Pokémon oiseaux voltigeaient paisiblement dans les airs. J’étais toujours vivant, semblait-il, mais où étais-je ?

Je voulus me redresser, quand une violente quinte de toux me plia en deux. Un âcre goût de cendre m’emplit la bouche. Je me sentais nauséeux, et pour couronner le tout, j’avais affreusement mal. Partout. Le moindre mouvement mettait mes membres au supplice, si bien que je me demandai si mon corps serait un jour capable de se rappeler ce qu’on ressentait quand on se sentait bien. Juste bien, sans douleur ni malaise.

- Pikapi !

Mon cœur manqua un battement. Je baissai les yeux : Pikachu était là, juste à côté de moi. Pendant un instant, j’en oubliai de respirer.

« Je…je suis encore en train de rêver… ? » Ce devait forcément être ça… Après tout, ce n’était pas la première fois que Pikachu apparaissait comme par miracle à mes côtés. L’instant d’après, soit il disparaissait, soit je me réveillais. Ce qui revenait un peu au même au final.

Dépité, je soupirai. Pikachu n’était plus présent que dans mes songes… Et loin de me réconforter, ces songes ne faisaient qu’agrandir le gouffre dans mon cœur, car ils me rappelaient sans cesse la douloureuse absence de mon ami…

Tout à coup, un choc électrique secoua tout mon corps, coupant court à mes pensées. Il y eut comme un claquement dans mon cerveau, et ma vision s’éclaircit brusquement. Je clignai plusieurs fois des yeux ; Pikachu était toujours là. Les pattes posées sur mes genoux, il me fixait intensément de ses grands yeux noirs, les joues crépitantes.

Cette décharge fit ressurgir de nostalgiques souvenirs, de tous ces moments où j’avais goûté à l’électricité de Pikachu. De la plus petite châtaigne à l’attaque Tonnerre à pleine puissance, on pouvait dire que je connaissais son électricité presque autant que le Pokémon en lui-même. Et là, pas de doute ; ce choc était signé Pikachu. Mon Pikachu. Mais c’était impossible…

Tremblant, je tendis la main, et caressai la tête du petit Pokémon. Sentir sa douce fourrure sous mes doigts provoqua des fourmis dans tout mon bras. Ma gorge se serra. Ce n’était pas une illusion. J’étais parfaitement réveillé, avec Pikachu présent devant moi… Je ne pouvais pas le croire ; j’osais à peine y croire.

Tout à coup, Pikachu sauta dans mes bras. Alors la boule qui pesait sur ma poitrine depuis tout ce temps éclata, et je me mis à pleurer. C’était trop beau pour être vrai… Pourtant c’était la réalité ! Ce petit corps chaud, empli de la chaleur de la vie, ne pouvait être une illusion !

J’aurais pu dire un millier de choses, dire combien j’étais soulagé de le retrouver, de voir qu’il allait bien. J’aurais voulu le crier, le hurler de toutes mes forces. Mais au lieu de cela, je continuai de pleurer, sans dire un mot. Peur, soulagement, joie… Toutes ces émotions entremêlées qui menaçaient de faire exploser mon cœur s’évacuaient lentement, à travers mes larmes silencieuses. Et honnêtement, Pikachu et moi n’avions pas vraiment besoin d’autre chose. Nous étions de nouveau ensemble. Tout le reste n’avait aucune importance.

Soudain, quelque chose de léger tomba sur ma tête, et me couvrit les yeux. Irrité d’avoir été arraché à cet instant d’intimité précieux, je dégageai l’objet d’un mouvement brusque, avant de me rendre compte qu’il s’agissait de ma casquette. Au même instant, un souffle chaud m’ébouriffa les cheveux. Je levai les yeux…

…et vis le museau d’un Galopa à deux centimètres de mon visage.

- WAAAH !!

Je reculai vivement, Pikachu toujours dans mes bras. Surpris par ma réaction, le Pokémon feu se cabra et hennit bruyamment. Mais qu’est-ce qu’un Galopa faisait ici ?

- Eh, petit !

Je fis volteface. Un Gerriaigle à l’envergure impressionnante se posa près de moi dans un puissant battement d’ailes. L’homme perché sur son dos mit pied à terre. Pas très grand – à peu près ma taille – il paraissait plutôt âgé, à en croire les mèches blanches qui parsemaient ses cheveux déjà grisonnants. Vêtu d’un pantalon treillis et d’un gilet marron, il ressemblait à un vieux soldat en tenue de camouflage.

- Qui…qui êtes-vous ? croassai-je.
- C’est plutôt à moi de te poser cette question, jeune homme ! répliqua-t-il. Je pars retrouver mon imbécile de Galopa, et voilà que je tombe sur un petit gars à moitié mort !

A l’annonce de son nom, le Pokémon feu s’approcha de nouveau, soufflant fort par les naseaux en plein sur mon visage. Manifestement, je l’intéressais, puisqu’il commença à me renifler. Tout à coup, sans faire plus attention à moi et Pikachu, le vieil homme alla se placer face à face avec l’équidé.

- Ah te voilà, toi ! Qu’est-ce qui t’a pris de partir comme ça sans prévenir ?! Tu te rends compte que si je n’avais pas Gueriaigle, je serais encore perdu au beau milieu des montagnes ? Tu es la monture la plus stupide et la plus irresponsable que j’aie jamais eue ! C’est la dernière fois que je t’emmène avec moi, c’est bien clair ?!

Apparemment peu concerné par ce flot de réprimandes, le Galopa s’ébroua, rendant l’inconnu encore plus furieux. De mon côté, je en savais pas trop comment réagir devant cette scène de ménage…

- Euh… Excusez-moi…
- QUOI ENCORE ?!

Je sursautai. Ce type était un vrai fou furieux, ma parole ! Puis, il me considéra comme s’il venait de remarquer qu’il y avait quelqu’un d’autre ici. A croire qu’il avait oublié qu’il venait de me parler trois secondes plus tôt…

- Ah ? Tiens, tu es là aussi bonhomme ? Me dis pas que ce jeunot est ton dresseur ?

Je mis un temps à comprendre qu’il s’adressait à Pikachu. Ce dernier hocha la tête, tout souriant.

- Vous connaissez mon Pikachu, monsieur ?
- Ah, pitié, ne m’appelle pas comme ça ! Ça me rajeunit vraiment pas les « monsieur », tout ça… Appelle-moi Genzo, petit.
- Euh, d’accord…
- Pour en revenir à ton Pikachu, je l’ai trouvé… (Genzo marqua une courte pause.) Pas loin d’une sorte de laboratoire, enfin…un grand bâtiment dans le genre… Mais il semblait souffrir le martyre, alors je l’ai emmené avec moi.

Un laboratoire ? Pourquoi l’Homme Masqué aurait-il emmené Pikachu dans un laboratoire ? Voilà qui était vraiment mystérieux, d’autant que je n’avais pas vraiment l’impression que cet homme me dise toute la vérité… Il y avait trop d’hésitations dans son récit.
Finalement, je haussai les épaules.

- Bah, l’important, c’est que tu ailles bien, mon vieux copain, dis-je à Pikachu en lui caressant la tête. Merci de l’avoir sauvé de là, monsieur.
- Je t’ai dit de ne pas m’appeler « monsieur » ! Et ne me remercie pas, c’était surtout un pur hasard…

Il avait beau tenter de paraître modeste, il bombait le torse tel un Tiplouf orgueilleux… Pikachu grimaça un sourire gêné. De mon côté, j’eus une idée. Mes autres Pokémon devaient aussi connaître la nouvelle !

L’attaque de l’Arcanin me revint en tête. Je ne m’étais pas rendu compte tout de suite qu’il avait disparu. Certes, c’était plutôt une bonne chose, mais alors où étaient mes Pokéballs ? Je fouillai les alentours du regard, et les découvris avec soulagement non loin de moi, en plutôt bon état. Je m’empressai de faire sortir mes quatre Pokémon. Sitôt qu’ils furent à l’air libre, tous jetèrent des coups d’œil inquiets autour d’eux. Eux aussi devaient se demander où était passé l’Arcanin… Moi non plus je n’en savais rien, mais sur le coup, j’avais tout autre chose en tête :

- Hé, les amis ! Regardez ça, Pikachu est revenu !

Oubliant leur méfiance, tous les quatre se précipitèrent vers leur compère électrique, l’accueillant chaleureusement. Ils n’avaient pas oublié que Pikachu s’était sacrifié pour les sauver, moi y compris. Le revoir sain et sauf les rendaient forcément heureux.

Ces émouvantes retrouvailles furent tout à coup interrompues par le cri de Genzo :

- Non mais… Qu’est-ce que c’est que ce chantier ?! C’est le club des éclopés, ici ! Vous êtes tous passés sous un camion, ou quoi ?

Nous le regardâmes, étonnés, avant de nous examiner les uns les autres. Et en effet, avec les bandages sur tout le corps, les bleus, et les récentes traces de sang et de cendre, aucun de nous n’était très présentable…

Avant que je puisse trouver une excuse, Galopa s’approcha de nouveau, et tenta de placer ma casquette sur ma tête.

- Eh, qu’est-ce que tu fais ? protestai-je.
- Manifestement, mon Galopa s’est entiché de toi…, commenta Genzo. C’est rare qu’il s’accoquine aussi facilement avec les étrangers. Qu’est-ce qu’il s’est passé, exactement ?

J’ajustai mon couvre-chef, pour faire plaisir à l’équidé, tout en me remémorant l’affrontement avec l’Arcanin de l’Homme Masqué. Puis cela me revint ; ce Galopa s’était interposé juste avant que je ne perde connaissance.

- Dis-moi, Galopa, fis-je. C’est toi qui nous as sauvés de cet Arcanin ?

Le Pokémon feu secoua sa lourde tête de haut en bas, dans un mouvement d’approbation. Il émit même un petit hennissement de satisfaction.

- Quel Arcanin ? demanda Genzo. Celui qu’on a croisé tout à l’heure ? C’est lui qui vous a infligé toutes ces blessures ?
- Non, c’est juste…, bafouillai-je. C’est, comment dire…compliqué.

Le vieil homme plissa les yeux. Je détournai les miens, l’air renfrogné. Comment aurai-je pu expliquer à un inconnu ce que j’avais été incapable d’expliquer à mes amis, Serena mise à part ?

Penser à eux me fit rappeler d’une chose.

- Au fait, et Luxray ? Et Roussil ? Où sont-ils ? Est-ce qu’ils vont bien ?

Galopa pencha la tête. Il ne semblait pas voir de quoi je parlais. Mais je me souvenais parfaitement du combat acharné qu’avaient mené les Pokémon de mes amis. Si j’avais été tiré d’affaire, qu’en était-il pour eux ?

Tout à coup, Pikachu dressa les oreilles. Au même instant, une sirène de police résonna au loin dans la forêt. Cinq secondes plus tard, trois motos de police s’arrêtèrent en face de nous, soulevant une gerbe de poussière qui nous aveugla. L’agent Jenny descendit de l’un des véhicules, suivie par son fidèle Elecsprint.

- Excuse-moi, m’interpella-t-elle, serais-tu Sacha Ketchum ?
- Hein ? Oui, c’est moi…
- Ah, parfait. J’ai pour ordre de t’emmener à l’hôpital de la ville de Fessheim. Tes amis t’y attendent.

Le temps que l’information parvienne jusqu’à mon cerveau, et que celui-ci la décode, j’étais déjà installé dans le side-car de la moto. Mes amis m’attendaient…à l’hôpital ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Cependant, je ne pouvais pas faire autrement que de croire ce que disait l’agent Jenny. J’espérai juste qu’il ne leur était rien arrivé de grave…

La policière me demanda de rappeler mes Pokémon. J’obéis, un peu confus par la rapidité avec laquelle les événements s’enchaînaient. Alors que je renvoyais mes amis dans leurs balles de fer, je m’aperçus que Genzo et ses Pokémon avaient soudainement disparu.

- Attention, nous partons, m’avertit Jenny.

La moto démarra en trombe, et nous quittâmes la clairière, en direction de la ville. Pikachu blotti contre moi, je tentai de faire le point sur ce qui m’était arrivé dernièrement. Mais trop de questions se bousculaient dans ma tête, des questions auxquelles je n’avais aucune réponse.

« Bon sang, dans quelle galère je me suis encore fourré… ? »


~*~

- Dans quelle galère est-ce que je me suis encore fourré… ?

Une fois certain que la patrouille de police était bel et bien partie, Genzo s’autorisa à s’extirper des buissons où il s’était dissimulé en toute hâte, sitôt qu’il avait entendu les sirènes hurler. Le vieil homme tenait une Pokéball usée à la main. De temps en temps, celle-ci bougeait, comme animée d’une forme de vie propre. Il raffermit sa prise dessus, pour éviter que celui qui était à l’intérieur ne s’en échappe.

- Désolé, Galopa, dit-il tout haut. Je sais que tu n’aimes pas être dans ta Pokéball. Mais je ne pouvais pas prendre le risque que tu trahisses ma présence aux flics. Tu m’as déjà causé assez d’ennuis comme cela.

Genzo rattacha la balle à sa ceinture, avant de fixer la forêt où le jeune homme et son Pikachu s’étaient enfoncés en compagnie de l’agent Jenny.

« Au moins, elle a dit qu’elle l’amenait à l’hôpital… Il vaut mieux, au vu de son état… » Mais tout de même, qu’avait-il bien pu arriver à ce garçon et ses Pokémon ? Avait-ce un rapport avec ce qui se tramait aux laboratoires Lysandre ?

Genzo passa une main dans ses cheveux poivre et sel. Il avait beau se dire que l’histoire de ce gamin ne le concernait pas, tous ces mystères l’intriguaient. Et s’il y avait bien une chose qu’il détestait, c’était de ne pas avoir réponse à tout. Cela avait le don de l’énerver. Et puis, il y avait le nom de ce jeunot. Sacha Ketchum… Il était certain de l’avoir déjà entendu quelque part…

Il eut beau creuser dans sa mémoire, ce nom ne resta qu'une vague impression de déjà-vu, sans qu'il ne parvienne à y associer un quelconque souvenir… Cependant, sans qu’il sache dire si c’était une bonne ou une mauvaise chose, Genzo avait le sentiment que ce n’était pas la dernière fois qu’il verrait ce garçon et son Pikachu.