Partie 5 : Tyran ou dictatrice ?
Cassis
Nous nous étions mis en route le jour même après notre réunion. Wearl allait tomber, c'était une certitude, nous ne devions pas en douter. Ce n'allait pas être facile, mais nous allions mettre absolument toutes les chances de notre côté.
Premièrement, nous devions arriver en périphérie du village, à pattes. Je commençais sérieusement à penser que le transport devenait un sérieux problème. Nous prenions bien trop de temps pour rejoindre un point sur la carte. Je savais que les autres armées possédaient des véhicules mécaniques très performants, ou même ces fameuses Télégem permettant ni plus ni moins qu'une téléportation instantanée.
J'avais beau être forte, si je ne pouvais pas être sur le front à temps, je ne servais à rien. Aurais-je dû accepter l'aide de la Guilde ? En leur prêtant allégeance, j'aurais obtenu des ressources de guerres indispensables. Mais je restais persuadée d'avoir fait le bon choix. Je devais me débrouiller seule, avec uniquement l'aide de mes collaborateurs. Je devais aussi penser à l'avenir. La Guilde serait sans doute mon ennemi ultime, pactiser maintenant avec elle n'aurait alors aucun sens.
— Du nerf, grommelai-je en direction des tires au flanc derrière moi.
Les jacassements de Brazoro ne se firent pas attendre.
— Gnn... toi tu n'es pas normal ! Ça va faire une journée entière que l'on marche dans ce fichu désert sans s'arrêter ! Laisse-nous nous reposer au moins !
— Parce que tu crois que nos ennemis vont nous attendre ? soupirai-je. Et dis toi que ce n'est que le début. Il faudra construire un camp provisoire immédiatement une fois arrivée.
— E-Et le repas ? se risqua Morflam.
— Tu peux manger le sable si tu veux..., sifflai-je légèrement agacée.
— … d'accord...
Interloquée, je m'arrêtai et me retournai d'un coup. Je rêvais où cette folle s'apprêtait effectivement à manger du sable ?!
— Arrête, imbécile !
— … mais j'ai faiiim..., se plaignit la Roussil. Tu sais bien que si j'ai pas de Stomach Energy, je sers à rien !
— Stomach quoi ? plissa Patch des yeux.
— T'occupes, soupira Brazoro, un autre de ses délires...
— En fait, s'avança Artichtote, c'est bien loin d'être un délire. Priver une Magical Pokégirl de sa source d’énergie peut avoir des conséquences très grave !
Artichtote m'intéressa brusquement. Pourquoi n'y avais-je pas penser plus tôt ? Cette Canarticho était une érudite, elle pourrait sans doute m'éclairer un peu plus sur cette curiosité qu'était Morflam.
— Dis-moi Artichtote, tu sais des choses sur les Magical Pokégirl ?
— Bien évidement Cassis ! se gonfla t-elle. Tu me prends pour qui ? C'est une institution extrêmement ancienne, datant de la création même de Iræ selon certain. Vous connaissez tous la légende du Kaiser, n'est-ce pas ? Le Pokémon le plus puissant de l'Histoire avec un grand H, celui qui avait conquit le continent entier et instauré la Loi d'Or. Et bien il y aurait de solides preuves de croire que son bras droit était une Magical Pokégirl !
La nouvelle me stupéfia. Alors comme ça, même le grand Kaiser usait des services de ses mystérieuses Pokémon ?
— Oooh ! s'illumina Morflam. C'est vrai ? Je l'ignorais !
— … tu n'es pas censée savoir l'histoire de ta propre race ? grommela Brazoro.
— Son ignorance n'est pas si surprenante, sourit Artichtote. Ce sont là des informations qui ne sont inscrites que dans les ouvrages les plus rares ! D'ailleurs, très peu de Pokémon sont au courant de l'existence des Magical Pokégirl, et même, pas mal d'entre-elles ignorent qu'elles en sont.
— Ouais comme moi ! fanfaronna inutilement Morflam. Si on me l'avait pas dit, jamais j'aurais su que j'avais se pouvoir !
— Et elle en est fière..., soupira Brazoro.
— Et sinon, tentai-je de recentrer la discussion, il y a des choses à savoir sur les Magical Pokégirl ?
Artichtote parut réfléchir un instant, réajustant ses petites lunettes sur son bec.
— Pas vraiment non, si ce n'est qu'il est impératif pour elles de toujours avec de l'énergie en stock ! D'après ce que j'ai compris, Morflam tire son énergie de la nourriture. Par conséquent, son besoin de manger en permanence n'est pas une plaisanterie.
— Haha ! s'exclama la Roussil morfale. Vous voyez, je vous l'avez dit ! Alors, où qu'elle est la bouffe ?! J'ai faim !
— Cependant, ponctua néanmoins Artichtote, une Magical Pokégirl ne consomme son énergie que lorsqu'elle se transforme. Tu ne t'es pas transformé aujourd'hui, n'est-ce pas ?
— … euh... non ?
— Dans ce cas, vu ce que tu as engouffré ce matin, je doute que tu aies vraiment besoin d'énergie actuellement !
— Argh...
— Le débat est clos, souris-je. Tu attendras le dîner comme tout le monde. Bien, assez perdu de temps, on se remet en marche !
Je notais tout de même dans un coin de ma tête ce besoin de nourriture. Je pensais juste que Morflam était une morfale, or, le problème était plus sérieux que ça. Si je comptais utiliser cette Roussil à pleine puissance, il ne faudra pas lésiner sur sa nourriture... ce qui ferait donc une grosse dépense supplémentaire.
Au fur et à mesure que l'on avançait, je pouvais sentir les râles des mes coéquipiers gagner en volume. Je ne pouvais m'empêcher de soupirer. Il fallait vraiment qu'ils s'endurcissent ceux là ! Je ne vois pas en quoi marcher une seule petite journée était difficile. Je me souviens qu'à l'école du Roi d'Argent, il n'était pas rare que l'on marchait plus de deux jours rien que pour rejoindre une zone d'entraînement, et une fois arrivée, il n'était pas question de se reposer mais de directement enchaîner les exercices.
Bien sûr, je n'en demandais pas autant à ces non-initiés qui me servaient de camarades, mais tout de même, un peu d'efforts de leur part me ferait plaisir. En tout cas, il n'était pas question de s'arrêter avant d'arriver à destination, en dus-je faire jouer de ma mâchoire pour « remotiver » les retardataires !
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Belcol-Exion
Il y avait des jours comme ça, où l'on faisait le bilan de sa vie, se remémorant les instants heureux, les instants difficiles. Et j'avais beau y réfléchir, comparé à l'enfer de cette journée, les moments passés avec ce tyran de Carchacrok étaient largement des instants heureux.
J'avais rarement vu un Pokémon aussi autoritaire. Stalhblume était totalement bornée, refusant catégoriquement toute pause. En comptant l'armée de ce Wildnis, nous étions plus de 250 Pokémon. 250 Pokémon épuisés, certains étaient même presque obligé de ramper au sol pour continuer d'avancer. Surtout que chaque Pokémon portait sur son dos de quoi construire le futur camp...
Mais rien de cela n'y faisait, Stalhblume n'avait aucune pitié. Le premier qui s'arrêtait se retrouvait face à une dilemme peu réjouissant : soit il se remettait sur pied fissa, soit il goûtait à sa mâchoire d'acier ! Et ce n'était pas une blague, beaucoup gardaient encore une douloureuse marque dans leur dos...
Cependant, je devais avouer être assez impressionné par cette Mysdibule. Je voulais dire, nous étions tous épuisé, ce n'était pas un secret. Et pourtant, elle, bah elle semblait toujours aussi fraîche que le premier jour ! Le pire, c'était qu'elle se permettait en plus de rendre visite à chacun des 250 Pokémon en quasi permanence, histoire de vérifier qu'aucun ne tirait au flanc. Une telle endurance n'était pas normale, vraiment. Même Carchacrok, sous l'influence de l'Orbe, avait besoin de repos. Quelle était donc le secret de Stalhblume ?!
— Nous sommes arrivée ! s'exclama brusquement la voix d'Artichtote. Selon mes calculs, nous sommes suffisamment proche de Wearl pour poser un camp et suffisamment loin pour ne pas se faire repérer.
— Évidement, se pressa de reprendre Stalhblume, nous construisons le camp immédiatement. Le repos attendra.
Aucune protestation ne se fit entendre, mais le regard de chacun était assez éloquent. Toutefois, si personne n'osait élever la voix, s'était uniquement car ils avaient peur. La même peur qui nous forçait, nous les Carmache, à obéir à Carchacrok.
Pour l'instant, chacun se contenait, car l'armée de Wildnis était portée par l'espoir de reprendre leur village natal. Mais ensuite, si Stalhblume comptait réellement mener ses futures troupes de la sorte, je n'étais pas certain que tout se déroulait aussi bien...
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Affienns
Des plaintes, des plaintes et encore des plaintes. Durant toute la construction du camp, dès que Cassis tournaient le dos, cela fusaient tellement de tout les côtés que je croyais me trouver dans une ruche géante d'Apitrini...
Heureusement, le calvaire de la journée était bien terminée. Le camp était érigée, et chacun dormait à présent à poings fermés. Enfin, presque. Cassis réfléchissait dans son coin, se préparant sans doute à sa future mission d'infiltration, Morflam dévalisait non-stop les réserves de baies depuis presque deux heures maintenant, et moi-même, je restais immobile, sous le ciel étoilé.
Contrairement aux autres, je n'étais pas fatigué. Loin de là. Pour être plus précis, je pensais même être capable de refaire immédiatement le trajet inverse. Je n'étais pas bien fort, mais au moins, j'avais le mérite d'être endurant.
Je devais cependant avouer que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas fait un tel effort. Cela devait remonter à... oui, mes jeunes années. Une époque où j'étais une véritable boule de feu, courant à droite à gauche sans discontinuer, accumulant les 400 coups. Tiens, en parlant de cela, je me demandais si l'avis de recherche me concernant existait toujours...
Sûrement. Le passé avait tendance à se faire oublier, avant de nous revenir en pleine face au moment où l'on ne s'y attendait le moins. Et pour preuve...
— Alors, tu te décides à reprendre du service, Affienns ? C'est cette mésaventure avec Carchacrok qui t'as fait changer d'avis ?
— Je pensais t'avoir dit de ne pas venir me voir, soupirai-je.
— Je pensais que tu voulais rester toute ta vie dans ce petit village, sourit mon interlocuteur.
Celui-là, s'il y avait une chose que l'on ne pouvait pas lui enlever, c'était sa capacité à toujours avoir une réplique.
Effectivement, si ce soir j'étais là, ce n'était pas innocent. Il était revenu, mon fameux acolyte du passé. A vrai dire, ce n'était pas une surprise. Quand j'étais encore Maire de Herz, il venait souvent me rendre visite ; à chaque fois je le renvoyais à la porte.
— Que fais-tu ici, Virchen ? me raffermis-je.
Le Shaofouine plaça ses deux longues pattes antérieurs derrière sa nuque avec un grand sourire. Je tiquais malgré moi, quand il prenait cette pose, c'était lorsqu'il avait décidé de tout, sauf d'être sérieux.
— Je passais juste dans le coin !
— En plein désert, au milieu de nulle part ? ne me laissai-je pas abuser. Ne me dis pas que tu me surveilles en secret...
— Mais non, tu t'imagines des choses ! m'assura Virchen en me donnant des petits coups amicaux sur l'épaule. Je sais que je t'avais un peu fliqué auparavant, mais c'est du passé tout ça. Voyons, de l'eau a coulé sous les ponts désormais, on a quoi, presque 60 ans chacun ? C'est fini toutes ses gamineries !
— Ça te va bien de dire ça...
— Haha !
Chose étonnante, le visage de mon ancien ami devint un peu plus sérieux. Peut-être que l'âge l'avait véritablement assagie tout compte fait.
— Mais vraiment, reprit-il, je ne suis pas ici pour toi. Tu dois savoir comme moi que Wearl a été conquit par un « Pokémon » surpuissant, n'est-ce pas ? Mon sang de guerrier n'a pas tout simplement pas résister à la tentation ! S'il était si fort que ça, je me devais de l'affronter !
Ah non, l'âge ne l'avait pas arrangé, toujours aussi tête brûlée.
— Cependant, rien n'y fait, ricana t-il. Même si j'ai réussi à pénétrer la forteresse, je me suis fais laminé une fois à l'intérieur. Ce type est tout simplement trop fort ! En plus, même si je l'ai défié, je ne sais pas ce qu'il est exactement, ni même si c'est vraiment un Pokémon. Je n'ai jamais vu un truc pareil...
Je manquais de m'étouffer. Avais-je bien entendu ?!
— Attends, tu l'as affronté ?!
— Yep ! Un drôle de type. Il ressemble à un espèce de nuage à la fois obscure et lumineux, je connais aucun Pokémon qui ressemble à ça personnellement. Mais le plus étonnant, c'est que bien qu'il en avait mille fois l'occasion, il s'est toujours refusé à me tuer, me laissant bien gentiment partir une fois que j'avais perdu.
— … voilà qui est... surprenant.
Oui, surprenant, voilà bien le mot. Cette fameuse créature qui avait forcé son joug sur Wearl, je me l'imaginais comme étant une créature sanguinaire, ne jurant que par la destruction. Comment pourrais-je me la visualiser autrement ? Elle avait ni plus ni moins ordonné à Wildnis de massacrer des villages entiers s'il ne voulait pas que son peuple, prit en otage, ne meurt.
— Peut-être qu'il m'aime juste bien ! plaisanta Virchen.
— … tu sais, avouais-je. Si je suis présent, c'est pour défier cette créature justement. Avec toute l'armée que tu vois dans ce camps.
— Je le sais, tu as fais un pacte avec Wildnis n'est-ce pas ? C'était évident que Stalhblume n'allait pas passé à côté d'une telle occasion !
— Oui... hé !!
Deux minutes, comment-ça, il le savait ?!
— Haha, s'éloigna t-il légèrement en ricanant. Oui bon, peut-être que je te suis aussi à l'occasion, mais qu'est-ce que tu veux c'est comme ça ! Disons que je me tiens au courant de la santé de mon vieil ami ! D'ailleurs, mes condoléances pour Orage, c'était vraiment pas cool ce qui lui est arrivé.
— …
Je ne savais que dire. Virchen... depuis combien de temps est-ce que tu me suivais ? Sans doute depuis le début, sans doute même n'avait-il jamais cessé d'épier les moindres de mes gestes.
— Juste une question, expirai-je en sentant un mal au crâne m'envahir. Tu me surveilles de ton propre chef, ou sous les ordres des autres ?
— …. hé Affienns, tu ne trouves pas les étoiles très belles ce soir ? Tellement belles que je piquerais bien un petit somme, là, tout de suite !
— Ne change pas de sujet !
— Et toi ne poses pas de questions dont tu ne veux pas savoir la réponse ! Bien évidemment que c'est pour le compte des autres ! J'ai autre à faire dans ma vie que pister un vieux Capidextre ! Mais depuis que tu es parti, plus rien n'est comme avant. On ne quitte pas la Confrérie comme ça, tu le sais, et tu le savais très bien à l'époque.
Encore cette satanée histoire de Confrérie, sérieusement...
— Mais c'était il y a plus de 40 ans ! Il n'y a pas prescription dans ces cas là ?
— Pas pour eux visiblement, ils ont la rancune tenace. Enfin, rassure-toi, ils ne sont pas près de te retrouver. Officiellement, je suis censé te ramener, mais je leur fait croire que tu es introuvable depuis tout ce temps.
— Pardon ? Tu veux me dire que tu les trahis ?
— Évidement ! Je n'ai pas envie que tu retournes chez ses cinglés ! C'est pour ça que je m'inquiète un peu que tu quittes ton cher petit village. A Herz tu étais en sécurité, loin de tout. Si tu décides de vadrouiller... je ne suis pas certain de pouvoir garantir ta sécurité.
Me protéger, n'est-ce pas ? Sans doute que j'en aurais besoin de protection, si la Confrérie me rattrapait. Quelle idée j'avais eu aussi, de rejoindre ce groupe de dingue. Qu'est-ce que j'avais pu être idiot dans ma jeunesse...
Mais soit. Si je devais affronter mon passé un jour, je ne fuirais pas. Je n'allais tout de même pas passer ma vie à me cacher.
— Revenons au présent, éludai-je. Je m'en fiche de la Confrérie. Parle moi plutôt de cette créature qui hante Wearl. Tu dis l'avoir affronté, c'est ça ? A moins que c'était un mensonge ?
— Hé, je ne suis pas un menteur ! Du moins, pas tous les jours !
— … abrège, commençai-je à m'exaspérer.
— Haha... mais je te l'ai dis, je ne sais pas grand chose sur lui, mis-à-part qu'il est véritablement surpuissant et qu'il ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir précédemment dans ma fichue vie.
— Tu ne sais vraiment rien d'autre ? plissai-je des yeux. Aucune information utile sur sa façon de se battre ?
— Comment veux-tu que je le sache ? Il m'a démonté en un seul coup. Je n'ai rien vu venir !
… vraiment ? Pourtant, je n'avais pas l'impression qu'il me mentait. Alors même le puissant Virchen n'arrivait pas à la cheville de cette créature ? Incroyable...
— Ah ! réagit soudain le Shaofouine.
— … quoi encore ?
— Je ne sais pas si ça t'es utile, mais cette créature à un nom. Elle dit s'appeler Eurasc, le messager de la destinée.
— Le messager de la destinée ? m'étonnai-je.
— Ouais, personnellement, je n'ai pas cherché à en savoir plus. Tu sais, il y a plein de Pokémon louches dans le monde, si on devait s'occuper de tous les cas spéciaux...
Virchen marquait un point. Cependant, cet Eurasc était un cas sur lequel nous allions bientôt nous casser les dents. Je n'aimais pas utiliser mes amis, mais Virchen était actuellement une précieuse source d'informations. Peut-être que je devrais pousser l’interrogatoire un peu plus loin...
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Morflam
Et voilà le grand jour ! Ou plutôt le grand soir, en fait. Cassis, dans sa grande magnanimité, nous avait fait l'honneur de nous laisser nous reposer toute la journée, suite à l'énorme effort de hier, ce fameux jour où nous avions dû à la fois parcourir des kilomètres en plein désert sans s'arrêter pour ensuite construire un camp dans la foulée ! Sympa. Mais largement insuffisant. Malgré toutes mes heures de sommeils et toutes mes heures de miam-miam, je sentais encore d'affreuses courbatures martyriser mon corps.
Mais pas le choix, il était temps d'infiltrer Wearl à présent. Quelle idée j'avais eu de leur montrer ma super technique de camouflage moi ! Je me consolais en me disant que mon camarade Carmache, Belcol-Exion je crois, était dans le même état que moi.
J'espérais que cette mission se passait bien. Tout ce qui nous aurions à faire, serait de nous rester cacher dans un coin et de s'informer le plus possible sur les créatures mystérieuses qui avaient envahies le village. Avec un peu de chance, nous n'aurions même pas à nous battre !
— Morflam.
Toutefois, alors que je m'apprêtais à rejoindre Cassis, la voix d'Affienns me stoppa net.
— Un problème ? m'étonnai-je.
— … vous pouvez garder un secret ? continua t-il d'un air terriblement sérieux.
— … oui ?
Euh, je ne comprenais pas tout ce qu'il se passait, là, tout de suite. Quelqu'un pouvait m'expliquer ? Bah, en attendant, j'allais utiliser la technique ultime de quand qu'on ne savait rien mais qu'on voulait faire genre qu'on savait quand même : hocher la tête et dire oui !
— Voilà ne me demandez pas pourquoi mais...
— … oui !
— Si jamais tu te retrouves en danger dans ce village...
— … oui !
— … Pouvez-vous arrêter de dire « oui » à tout bout de champs ?!
— … oui !
Oups, j'avais peut-être un peu trop abusé de ma technique miracle. Alors comme ça, dire « oui » en hochant la tête ne suffisait pas ? Dommage...
— Bon, soupira Affienns, j'ai eu des... informations sur les créatures mystérieuses qui hantent Wearl. Ne me demandez pas comment, écoutez-moi juste.
— Hm, hm !
— Elles ont un gros point faible. Vous le verrez, elles possèdent quelque part sur le corps une espèce de rubis étincelant. Le détruire provoque instantanément leur mort. Cependant, il faut à tout prix éviter d'en arriver à une telle extrémité.
— Euh..., il ne faudrait pas mieux en parler à Cassis ?
— Non, surtout pas. Elle voudrait savoir d'où vient sa source et... non, il faut que ça reste secret.
Tout cela ne me rassurait pas vraiment. Mais Affienns était un Pokémon de confiance, je crois. Et après tout, tout le monde avait ses petits secrets qu'on ne voulait pas ébruiter. Moi même par exemple, je jurais d'emporter dans ma tombe le fait que j'avais engloutis le garde-manger d'un riche bourgeois de Voluse !
… hihihi...quand je pensais que c'était un pauvre Dimoret qui avait été accusé à ma place et que maintenant, il croupissait en prison... hihihi...
— Mais pourquoi faut pas les tuer au fait ? m'intéressai-je. C'est sûr que je ne veux pas déclencher de bain de sang, mais si vraiment on a pas le choix...
— Justement, ces créatures non plus, elles n'ont plus le choix...