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Freeze de Eliii



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» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 10/05/2016 à 19:18
» Dernière mise à jour le 04/07/2016 à 14:16

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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016 - Une femme parmi d'autres
Walter inséra la petite clé de métal dans la serrure et tourna la poignée, lentement, comme s'il s'attendait à trouver quelque chose d'effrayant derrière la porte. Il n'y avait pourtant aucune raison à cela. Cet appartement était le sien, après tout. De retour chez lui après tout ce temps. D'un côté, il se sentait anxieux. Revoir ce lieu qui renfermait tant de souvenirs pourrait peut-être le déprimer. Chose qu'il ne souhaitait pas. Il poussa finalement la porte et s'engouffra dans le vestibule. Il posa sa valise au sol et fit sortir son Pokémon.

"C'est pas trop tôt, j'étouffais là-dedans !
- Et t'es pas le seul, abruti."

En effet, maintenant, la température ambiante de l'appartement apparaissait au voleur comme celle d'un volcan en éruption. Il s'empressa d'allumer la climatisation et de la régler au maximum pour profiter de l'air frais.

"Et on emmerde la facture d'électricité...
- Change pas de sujet, petit vicieux. M'enferme plus dans cette boule aussi longtemps ! grommela Oniglali.
- C'est moi le patron, très cher, alors c'est moi qui décide. A moins que tu veuilles faire des heures sup' à l'intérieur de ta cage, tiens-toi tranquille. C'est compris ?"

Le Pokémon, résigné, ne put qu'accepter.

"Ouais... comme si j'avais le choix, de toute façon ! Je suis un Pokémon, t'es un humain, y'a pas à discuter je suppose...
- Sage décision, tu m'impressionnes. Si j'avais su dès le départ que t'étais aussi con que moi... waouh, ça m'a étonné, sur le coup.
- Avec un dresseur comme toi, pas besoin de se poser des questions !"

Walter décida de laisser tomber et d'ignorer les remarques désobligeantes de son Pokémon pour le moment. Il ne voulait surtout pas envenimer la situation plus qu'elle ne l'était déjà. Il marcha un peu dans l'appartement spacieux, et passa un doigt sur un meuble, soulevant par la même occasion une couche de poussière impressionnate. Il soupira, peu enclin à faire le ménage ces temps-ci.

Il habitait tout seul ici depuis longtemps, et ses petites escapades dans divers musées ou autres bâtiments recelant des objets très précieux lui permettaient de payer aisément son loyer tous les mois, même quand il ne restait pas chez lui. Ce qui était fréquent, étant donné qu'il n'opérait presque jamais à Volucité. Il songea avec amertume qu'il ferait mieux de remédier à cette couleur de cheveux voyante qui le suivait partout désormais, pour retrouver ses cheveux bruns et ainsi passer plus inaperçu. Lors du trajet en bateau, d'Ondes-sur-Mer à Volucité, il avait eu droit à bon nombre de regards intrigués, voire condescendants. Les gens le prenaient pour un punk ou quelque chose dans ce goût-là, ce qu'il n'appréciait pas du tout.

Le voleur fouilla dans son placard pour en sortir une chemise et un pantalon propres. Il n'avait pas encore eu l'occasion de se changer depuis sa "transormation" inattendue, et il en profita pour prendre une douche rafraîchissante. Lorsqu'il en sortit, il vit Oniglali fureter un peu partout dans le salon, l'air plutôt heureux.

"Ah, si tu savais, ça me fait un bien fou de remettre les pieds ici, après toutes ces semaines à vagabonder !"

Walter observa son Pokémon, les yeux plissés.

"Tu... n'as pas de pieds, Oni'.
- Ouais, mais tu vois, c'était... une métaphore, je suppose ?"

Le voleur leva les yeux au ciel, exaspéré. Oniglali était certes aussi sarcastique que lui, mais il se révélait bien loin de posséder la même intelligence. Le Pokémon glace, en virevoltant dans tous les sens, se heurta à une commode et fit tomber une pile de papiers. Walter soupira.

"Tu peux pas être un peu moins turbulent ? Moi qui croyais que ce séjour dans ta Pokéball te refroidirait un peu...
- C'était une blague que t'as essayé de faire, là ?
- Pardon ?
- Bah, tu vois, "refroidir", et le fait que je sois un Oniglali... expliqua le Pokémon en se mettant à rire.
- Bon dieu de merde, tu vas la fermer ! Si je voulais, je pourrais carrément te mettre dans le four, alors sois heureux de rester au frais."

Le Pokémon ricana de plus belle, au grand dam du voleur qui commençait à croire sérieusement que ce pouvoir de compréhension du langage d'Oniglali était un gros problème. Il se pencha pour ramasser les documents divers et variés tombés au sol, comprenant factures de téléphone ou d'électricité, diverses publicités, des certificats médicaux... en farfouillant dans ce tas, il trouva une photographie d'une femme tenant un bébé dans ses bras. Il eut l'impression que bientôt, il se mettrait à pleurer, à laisser ses sentiments prendre le pas sur sa raison et se recroqueviller comme un enfant sur son canapé.

Oniglali, voyant l'air préoccupé de son dresseur, cessa de ricaner et vint le voir.

"Dis, qu'est-ce qui t'arrive ? T'es tout pâle... nan, t'es toujours tout pâle, en fait. T'as pas l'air bien.
- Je sais pas trop... je sais pas.
- C'est qui cette nana sur la photo ? T'as jamais eu de femme.
- Je ne l'ai pas connue longtemps, t'as pas dû avoir l'occasion de la rencontrer. Elle est partie trop tôt."

Le Pokémon s'étonna.

"Quand tu dis partie... elle est morte, ou un truc comme ça ?
- Je vais te raconter ça. Mais avant, j'ai besoin d'une clope et d'un bon verre..."


x x x

Quatre ans auparavant.

Walter, les mains dans les poches, cigarette fumante à la bouche, ruminait sa défaite de la veille au poker dans les rues de Port Yoneuve. Il venait de perdre une somme astronomique au casino, à cause de l'alcool présent dans ses veines à ce moment-là. Il n'aurait pas dû boire, il le savait, mais résister à une vodka orange était aussi difficile pour lui que de résister à une belle femme. Ou encore un objet de grande valeur dans la vitrine d'un musée. Il réparerait cette erreur en montant un coup tout seul dans une bijouterie du coin où il avait pu repérer un diamant particulièrement rare.

Il jeta un œil à sa montre et soupira, las. Il n'avait aucune idée de la manière dont il allait passer cette journée. Plus un sou en poche... aucun moyen de rester une nuit de plus à l'hôtel. Il allait être obligé d'importuner Linda et Will une énième fois. Le voleur n'appréciait pas tellement d'être redevable, mais après tout, ils étaient ses amis. Ils ne le feraient pas payer pour une nuit chez eux.

"Au voleur !"

Le cours de ses pensées fut interrompu par une voix de femme qui criait, probablement paniquée. Tout se passa très vite. Un homme passa à toute allure à côté de Walter, et celui-ci, ayant compris la situation, se lança à sa poursuite. Grâce à son agilité développée grâce à ses activités criminelles, il parvint sans peine à rattraper le voyou, et à récupérer le portefeuille de la femme. Il revint sur ses pas pour aller le lui rendre, et en profita pour l'observer un peu.

Elle devait avoir à peu près son âge, autour de vingt-cinq ans. Ses traits fins et délicats, ses yeux verts et sa chevelure blonde, un peu plus claire que celle de son amie Linda, la rendaient magnifique. Peu de femmes comptaient vraiment pour Walter, mais en voyant cet ange qu'il ne connaissait pas, il sut qu'elle garderait toujours une place dans son cœur. Il laissait de côté les certitudes et les preuves qu'il affectionnait tant en temps que scientifique, et choisit de se fier à son intuition.

Il ne s'expliquait pas ce phénomène étrange, cette attirance qu'il ressentait pour une parfaite inconnue qu'il avait simplement aidée à récupérer son portefeuille volé. Un voleur qui empêche un autre voleur de voler un portefeuille... il trouva la situation plutôt ironique. Il tendit l'objet à la jeune femme, en veillant bien à ce que leurs mains se touchent. Un froid agréable s'empara de lui.

"Merci beaucoup... je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous."

Walter aurait voulu lui dire tout un tas de choses, mais ça lui semblait tellement improbable qu'il se contenta de hocher la tête avec un léger sourire. Il la laissa partir et ne chercha pas à la suivre.


x x x

Quelques mois plus tard, en plein centre-ville de Volucité, Walter assistait, comme beaucoup de citoyens, à un discours du nouveau député de la ville. Il n'était là que pour se faire une idée de l'individu, cela ne l'intéressait pas vraiment. Il observait de loin ce type entre deux âges s'agiter devant son pupitre et faire des promesses qu'il ne tiendrait jamais, comme tout politicien qui se respecte.

"Ce que c'est barbant, mon dieu..." souffla-t-il, en ayant assez vu.

Il allait partir, mais un visage familier attira son attention. Cheveux blonds. Yeux verts. Traits délicats. Sa rencontre avec une inconnue, dans les rues de Port Yoneuve, trois mois plus tôt, lui revint subitement en mémoire. Alors il avait raison ? Elle aurait une place spéciale dans sa vie, après tout ? Il songea qu'il n'y avait qu'un moyen de le savoir, et se dirigea donc vers elle. Elle mit un temps avant de le reconnaître.

"Oh, vous êtes... l'homme qui m'a aidée à Port Yoneuve, l'autre jour. Merci encore.
- Je n'ai fait que me comporter en bon citoyen en vous venant en aide."

Ce qu'il était en train de dire lui semblait infiniment ridicule, étant donné que lui même volait sans scrupules bon nombre d'objets précieux, mais pour sa sécurité, mieux valait ne rien révéler de ces activités criminelles qu'il pratiquait. Car peut-être que cette attirance qu'il éprouvait pour elle n'était qu'à sens unique, en réalité, et qu'elle pourrait le trahir si il lui venait à l'esprit de révéler son petit secret.

"Oh, je ne me suis pas présentée, la dernière fois... je m'appelle Rachel Gordon.
- Walter Leary."

Le voleur se promit de ne jamais oublier ce nom, quoi qu'il advienne. Une femme qui dégageait une telle aura ne devait pas disparaître de sa mémoire. Jamais.

Contre toute attente, Rachel lui proposa de passer l'après-midi ensemble. Il accepta sans hésiter, mû par cette attirance inexplicable qui le liait à elle. Encore une fois, tout se passa très vite. Ils partagèrent un café en centre-ville, échangeant des plaisanteries. Il eut l'impression qu'elle ressentait elle aussi quelque chose pour lui. Ils passèrent un peu plus de temps ensemble et il l'emmena dans un bar chic de la ville. Ils burent beaucoup. Un peu trop pour être maîtres de leurs actes.

Le lendemain matin, le voleur se réveilla dans son lit, tout seul comme à son habitude, mais avec une étrange impression qui refusa de le quitter. Il se souvint de sa journée avec Rachel et de leur nuit ensemble. Pour la première fois depuis des années, il versa quelques larmes. Décidément, il ne comprendrait jamais rien aux femmes. Elle l'avait quitté sans rien laisser d'elle, à part son parfum qui imprégnait maintenant les draps. Sans doute qu'elle était déjà mariée, après tout. Walter se maudit de sa faiblesse et se jura de tourner la page.


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Bioshock Infinite Original Soundtrack - After You've Gone

Deux ans après ces événements. Assis dans son canapé, Walter savourait sa victoire. Il rentrait d'une opération délicate à la bijouterie centrale de Volucité. Il lui avait suffi de congeler le seul garde de nuit présent pour pouvoir s'emparer d'un rubis d'une taille conséquente, qu'il revendrait à prix d'or.

"Bijouterie centrale ultra-sécurisée, tu parles... demain, ils parleront que de ça dans les journaux, et je vais me marrer en regardant la police se démener pour trouver le responsable..." songea Walter, aux anges.

Pour fêter sa réussite, il se servit un verre de vodka orange dont il profita longuement, bercé par le son de la télévision et par la fraîcheur de la nuit qui entrait par la fenêtre ouverte. La sonnerie stridente du téléphone brisa cette harmonie, en plus du verre que le voleur laissa tomber par terre, stupéfait. Il se leva lentement, veillant à ne pas marcher sur les débris de verre pour les briser en de plus petits morceaux encore. Il se traîna jusqu'au téléphone et décrocha, non sans un soupir las.

"Il est deux heures du matin, si c'est toi, Will, t'as intérêt à avoir une bonne raison de m'appeler !
- Non, vous faites erreur... je vous appelle de l'hôpital général de Volucité, répondit une voix de femme.
- Oh, euh... désolé. Mais je n'ai aucun proche à l'hôpital, à vrai dire.
- Vous figurez pourtant parmi les personnes à prévenir en cas de problème dans le dossier de madame Gordon..."

Walter, croyant avoir mal entendu, demanda à l'employée de l'hôpital de répéter le nom. Mais non, il avait bien compris le nom "Gordon". Le nom de cette femme pour qui il avait ressenti une attirance au-delà du rationnel, et qui était partie sans prévenir après leur seconde et dernière rencontre. Et maintenant, elle se trouvait à l'hôpital ? Il aurait bien voulu raccrocher au nez de l'infirmière et continuer à fêter sa petite victoire, mais une part de lui voulait savoir ce qu'il était advenu de la première femme ayant été capable de lui faire découvrir le véritable amour. Il y en avait eu d'autres, mais jamais il n'en avait aimé comme ce fut le cas de Rachel Gordon.

Il assura à l'employée de l'hôpital qu'il arrivait, et enfila sa veste avant de sortir. Une chance qu'il ne se soit pas mis en pyjama, car il n'aurait pas eu la force de se changer. Il démarra sa voiture en trombe et se rendit, sans se soucier de ses excès de vitesse, jusqu'à l'hôpital. Lorsqu'il arriva, il s'annonça à l'accueil et on le guida à travers les couloirs blancs à l'atmosphère oppressante. On le conduisit jusqu'à la chambre de la patiente, mais le médecin en charge de Rachel ne put annoncer que des mauvaises nouvelles.

"Vous êtes le seul proche qui ait pu se déplacer jusqu'ici, alors je me permets de vous le dire... elle vient de mourir suite à un accident de voiture. Nous avons fait tout notre possible, mais elle ne s'en est pas tirée. Je suis désolée.
- Nan, je... je suis pas un proche. Tout au plus une vague connaissance."

Le médecin, sceptique, plissa les yeux et le fit entrer dans la chambre à sa suite.



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"Désolé, je ne me souviens plus exactement de ce qui s'est passé après ça. Je devais avoir pas mal de vodka dans le sang, en plus."

Oniglali semblait véritablement ému par toute cette histoire, au point d'en verser des larmes qui avaient la forme de glaçons.

"Bon dieu... si j'avais su tout ça... j'suis désolé, je me suis comporté comme un enfoiré toute la journée ! geignit le Pokémon de type glace.
- T'as pas à t'en vouloir. Et puis, ça m'a fait du bien d'extérioriser un peu tous ces sentiments refoulés depuis deux ans.
- C'est tellement romantique comme histoire..."

Le voleur leva les yeux au ciel, affligé par le sentimentalisme d'Oniglali. Il observa la photographie qu'il tenait encore entre ses mains. Rachel Gordon et un bébé. Le médecin la lui avait donnée juste avant son départ de l'hôpital, et il n'avait plus posé les yeux dessus depuis lors. Résolu, il se promit d'aller faire un tour à l'hôpital dès le lendemain. Pour l'heure, un paquet de cigarettes plein ainsi qu'une bouteille de vodka à demi-vide l'attendaient avec impatience.