Le réveil fut rude pour Linda qui avait passé une nuit atroce. En plus de cela, elle avait dû partager sa chambre d'hôtel avec Liz, qui ronflait comme un tracteur en marche, ce qui n'arrangea pas son sommeil, bien au contraire. Sa camarade de chambre, quant à elle, semblait très bien réveillée et prête à faire n'importe quoi, même un jogging en pleine nature. Bien qu'elle considérait cette étrange femme aux cheveux bleus comme une rivale en amour, elle s'avouait impressionnée par ses compétences et sa forme.
La jeune femme blonde attendait dans le couloir, en compagnie de Liz, que son frère et Ethan - qui occupait la chambre de Walter, qui n'avait pas reparu - daignent les rejoindre. Linda montrait beaucoup de réserve à l'idée de voir le médecin rester en leur compagnie pour un temps, mais elle devait l'admettre, il serait très utile ; il était aussi intelligent et ingénieux que Walter, et il savait soigner.
"Dis, tu crois qu'on va le retrouver ?" questionna la pirate informatique à la crinière bleue pour briser le silence pesant installé entre elles.
La trentenaire soupira.
"Bien sûr qu'on le retrouvera, répliqua-t-elle un peu froidement. Tu en doutes ?
- Nan. Je suis réaliste, c'est tout. S'il a voulu partir, il est assez intelligent pour faire en sorte qu'on ne le retrouve pas. A moins qu'il hésite, qu'il se trouve entre deux eaux, on aura du mal à remettre la main sur lui.
- Tu ne le connais pas, tu n'as pas le droit de dire une chose pareille."
Liz haussa un sourcil, surprise, et rajusta les lunettes de soleil qu'elle portait toujours sur son front.
"Eh là, du calme ! Je ne te cherche pas des noises, pourquoi tu m'agresses, comme ça ? Je connais très bien Walter, nous sommes plus ou moins collègues, et j'ai eu l'occasion de le voir à l'œuvre plusieurs fois. Un vrai professionnel. Je suppose que toi, non. De plus, tu n'étais pas au courant que Freeze, le voleur qui congèle les gens, et lui ne font qu'un. Autant dire que c'est toi qui ne le connais pas, non ?"
Linda serra les dents et détourna le regard de sa rivale.
"Ce n'est pas vrai. Walter n'est pas Freeze. Il ne tuerait pas des gens en pratiquant des expériences dangereuses sur eux. Il a juste modifié un peu son Oniglali pour lui octroyer un talent artificiel...
- Et ça ne t'a sérieusement pas mis la puce à l'oreille ? Ma pauvre, tu es tellement transie d'amour pour lui que tu te fais des illusions ! Walter est loin d'être l'homme parfait, tu peux me croire ! soupira la criminelle, ennuyée.
- Transie... n'importe quoi ! répliqua la blonde.
- Oh, à d'autres, ça se voit dans tes yeux quand tu parles de lui. Je suis pas là pour t'emmerder, moi, mais pour aider à retrouver un ami. Alors si tu me détestes, soit, mais essaie de passer outre ta haine pour moi, ce serait gentil."
Linda baissa la tête, honteuse, et se mordit la lèvre. Liz avait raison. Elle se comportait de manière puérile, et si Walter avait été là, nul doute qu'il se moquerait ouvertement d'elle.
"Désolée...
- Y'a pas de mal, assura la jeune femme aux cheveux bleus. Bon, allez, viens, on va leur sonner les cloches, à ces hommes fainéants !"
La trentenaire hocha la tête et suivit son acolyte qui allait frapper aux portes de Will et d'Ethan. Au fond, elle ne haïssait pas Liz, mais elle la jalousait. Elle qui semblait si forte, et qui en dépit de ses deux ans de moins, se comportait beaucoup plus en adulte que Linda. Elle tenta d'oublier bien vite cette altercation pour se concentrer sur ce qui comptait vraiment. A savoir retrouver Walter.
Liz tambourina à la porte de Will, qui finit par sortir, presque entièrement habillé et une brosse à dents à la bouche. Elle le laissa tranquille pour aller voir Ethan, qui mit plus de temps à réagir. Il ouvrit sa porte et elle put constater qu'il ne se trouvait pas dans le meilleur état possible. Ses cheveux d'ordinaire impeccables étaient désordonnés, il portait encore les vêtements de la veille, sa chemise à moitié ouverte et sa veste froissée. La pâleur de son visage, bien qu'habituelle, inquiéta un peu la jeune femme, de même que ses yeux un peu rougis. Il avait sûrement bu, la nuit dernière. On ne pouvait pas lui en vouloir, avec tous ces événements qui s'étaient enchaînés...
"T'as l'air... dans un sale état. Et tu sens la vodka. Va te doucher."
Bien que sentant l'alcool, il semblait lucide, et hocha la tête pour ensuite refermer la porte derrière lui, plus violemment qu'il ne le souhaitait au départ.
"Qu'est-ce qu'il avait ?" s'enquit Linda, bien que très réticente à l'idée de sympathiser avec le médecin.
Liz sourit légèrement.
"Oh, il a dû boire pas mal cette nuit, alors il a besoin d'un peu de temps pour dessoûler. T'inquiète pas, va, il va aller mieux dans peu de temps.
- Je ne m'inquiétais pas... soupira la blonde.
- T'as l'air de lui en vouloir. C'est à cause de ce qui s'est passé pour Walter ?"
Linda hocha la tête.
"Tu sais, ce n'est pas sa faute, poursuivit la pirate informatique. Tout ça n'était qu'un accident, et je pense qu'Ethan est aussi affecté que nous, peut-être même plus. Je sais qu'il s'en veut. Je le sens.
- Tu le sens ? Comment ça ?
- Je saurais pas expliquer, mais, tu vois, j'arrive sans peine à cerner les gens et à comprendre ce qu'ils ressentent en les regardant dans les yeux. Là, chez toi, je vois... de l'indécision et un peu de ressentiment."
La blonde dut s'avouer impressionnée, car elle ressentait en effet quelque chose qui s'apparentait à cela. Si Liz disait vrai, elle n'avait aucune raison de douter d'Ethan. Mais au fond d'elle, elle ne parvenait pas à lui faire confiance. Après tout, accident ou non, il était en partie responsable de la situation actuelle de Walter.
"Je sais que tu lui en veux, et je me doute que ce sera pas facile de lui accorder ta confiance ou même ton amitié, mais il a un bon fond. Moi non plus, je ne sais pas quelles intentions l'animent, mais une chose est certaine, elles sont bonnes. A moins qu'il soit un comédien de génie, mais j'en doute un peu. C'est un scientifique, pas un artiste, et il est très difficile de mimer des traits comme la timidité, la maladresse... traits qui le caractérisent.
- Vu comme ça, en effet... mais je ne peux pas me fier à lui. Pas encore."
La criminelle soupira, résolue. Il faudrait du temps à Linda pour accepter Ethan en temps qu'allié ou ami, et c'était tout à fait compréhensible, dans un sens. Avec le temps et le recul, sa rancœur s'apaiserait. Quant à savoir si elle disparaîtrait complètement, cela ne tenait qu'à elle.
x x xUne fois que les deux hommes furent totalement prêts, le groupe se réunit devant l'hôtel. Linda remarqua que, malgré l'urgence de la situation, Ethan fumait constamment des cigarettes. Peut-être que ça l'apaisait, ou un truc comme ça. En plus de lui ajouter un certain charme. Elle ne pouvait pas nier qu'il était séduisant. Mais elle refusait d'admettre quoi que ce soit d'autre à son sujet.
"Bon. Si quelqu'un sait par où commencer, qu'il parle. Parce que j'en ai franchement aucune idée", soupira Will en terminant d'arranger ses cheveux.
- Et tu te dis son meilleur ami, c'est du joli ! sourit Liz, sarcastique.
- Merde, il est parti je ne sais où et on se tourne les pouces en plaisantant. Je fais un ami lamentable...
- Reprends-toi, Will, enfin !" grommela sa sœur.
L'homme blond soupira et se tourna vers Ethan, qui fumait sa cigarette, les yeux dans le vague, un peu à l'écart des autres. Il peinait un peu à s'intégrer à ces gens qu'il avait fait souffrir et préférait ne pas interférer dans leurs conversations. Malgré tout, Liz, qui semblait être la seule à éprouver de la sympathie à son égard, l'invita à les rejoindre, ce qu'il fit timidement.
"Dis-moi que t'as une idée, je t'en supplie, on est un trio d'abrutis sans cervelle..."
Le médecin, mal à l'aise, regarda tour à tour ses nouveaux "amis". Le visage plein d'espoir de Liz, celui plus ou moins indifférent de Will, et l'air contrit de Linda. Il sembla évident pour l'homme de science qu'elle refuserait obstinément d'avoir la moindre conversation avec lui. Il se promit de ne jamais l'aborder en cas de problème.
"Eh bien... je pense savoir où il a pu aller.
- Arceus merci ! geignit Will.
- Je t'en prie dis nous, ô pauvres ignorants que nous sommes !"
Ethan s'avoua gêné par l'attitude presque désinvolte de ces deux-là. Il se doutait bien qu'ils s'inquiétaient réellement et qu'ils se comportaient ainsi pour ne pas déprimer en permanence, mais lui serait bien incapable d'en faire autant, n'ayant jamais été quelqu'un de spécialement ouvert aux autres.
"Etant donné qu'il cherche à nous éviter, il y a de grandes chances qu'il ait déjà quitté la ville. Et si mon hypothèse s'avère exacte, il ne peut être parti qu'à Volucité. Le ferry d'ici ne fait la navette que jusque là-bas, et l'aéroport n'ouvre qu'à partir de onze heures, soit dans une demi-heure.
- C'est plutôt raisonnable comme hypothèse, mais que fait-on des villes à l'ouest d'ici ?" questionna Linda, sceptique.
Ethan secoua la tête.
"Il n'y a rien à Pavonnay et Amaillide, je peux vous l'assurer. Et ces villes ne sont pas l'endroit idéal pour se cacher. Là-bas, tout le monde se connait, et un étranger ne passe jamais inaperçu.
- Il a raison, admit Will. Je suis déjà allé là-bas, c'est tellement tranquille que ça fait peur. Même Port Yoneuve et ses cadavres dans le caniveau sont plus rassurants."
Un silence pesant suivit cette remarque, et l'homme blond ricana nerveusement, gêné. Ethan écrasa sa cigarette sous sa chaussure et détourna les yeux vers le port.
"Je pense qu'on devrait prendre l'avion, histoire d'arriver le plus vite possible à Volucité."
Les autres hochèrent la tête. Même Linda ne trouva rien à redire à cela. Elle ne rivalisait pas avec lui question intelligence, alors elle se contenterait d'accepter ses suggestions sans pour autant faire ami-ami avec le médecin.
x x xUne fois que l'avion atterrit à l'aéroport de Volucité, les quatre compagnons n'attendirent pas pour héler un taxi qui les mènerait sur les quais. Ils pensaient que vu la vitesse d'un ferry, Walter pouvait toujours se trouver dans les environs. Et puis, étant donné qu'ils n'avaient aucune piste, cela ne leur coûterait rien d'essayer, sinon quelques pokédollars gracieusement donnés par Ethan au chauffeur du taxi.
La voiture caractéristique de couleur jaune et noire s'arrêta devant le Quai Prime, le plus célèbre de la ville. Les occupants du taxi ne se firent pas prier pour en descendre, au grand étonnement du chauffeur, qui ne devait pas être habitué à voir des gens aussi pressés.
"J'espère qu'il est encore là ! s'exclama Linda en courant en direction du quai.
- C'est généralement quand on dit ce genre de choses que le contraire arrive... ajouta Liz, plus tempérée.
- On dirait bien qu'elles sont comme Ponchiot et Chacripan, toutes les deux, hein ?"
Ethan ne répondit rien à cela.
"Pourquoi j'essaie de sympathiser avec le type le plus timide du monde..." songea Will, fourrant ses mains dans ses poches.
Etonnamment, il n'y avait plus personne sur le Quai Prime, ni aucun navire. Peut-être qu'il n'était pas en service ce jour-là, ce qui semblait un peu surréaliste au vu de l'activité incessante de Volucité. Ethan se doutait qu'il y avait un problème, mais il ne parvint pas à l'identifier. Pas avant qu'une silhouette sombre ne vienne à leur rencontre.
Elle marchait lentement, d'une démarche presque féline. C'était une femme, à n'en point douter. Une fois qu'elle se fut suffisamment approchée, ils purent l'observer. Plutôt grande, elle devait dépasser le mètre soixante-dix. Ses cheveux noirs, assez courts, s'accordaient très bien avec sa tenue. Ses yeux couleur or semblaient capables de transpercer le métal le plus résistant. Will grimaça en voyant le sabre japonais qu'elle portait en bandoulière. Nul doute que cette femme d'une trentaine d'années à la peau d'albâtre n'était pas une enfant de chœur.
"Qui est cette femme ? Une aura terrifiante se dégage d'elle... souffla Linda en observant la silhouette vêtue de noire s'approcher toujours plus.
- Je ne sais pas, mais Ethan a l'air de la connaître..." ajouta Liz.
En effet, le médecin se tenait en retrait, l'air apeuré. Les cernes sous ses yeux étaient plus visibles que jamais, et sa peau encore plus blanche qu'à l'accoutumée. On aurait presque dit un cadavre. Ses mains tremblaient légèrement et il ne parvenait pas à détacher ses yeux gris de la femme qui finit par s'arrêter à quelques mètres d'eux.
"Vous n'irez nulle part. Est-ce clair ?"
Cela résonna comme un avertissement aux oreilles des quatre. Liz et Linda se postèrent face à la curieuse femme, Pokéballs en main.
"Ah ouais ? Bah ma chérie, tu vas regretter de te dresser en travers de mon chemin ! grommela la pirate informatique en envoyant son Porygon-Z au combat.
- Un Porygon-Z ? Peuh."
Le Pokémon de Liz ne payait certes pas de mine, mais elle avait déjà eu l'occasion de s'entraîner avec Walter. Chose qui se voyait une fois le combat lancé, car il lui avait inculqué quelques notions de stratégie. Linda songea à la meilleure combinaison de types possible, mais ne voyant rien de vraiment pertinent, elle se contenta d'envoyer son meilleur Pokémon, Braségali, au combat.
"C'est drôle, j'ai exactement deux Pokémon sur moi. Il faut croire que c'est votre jour de chance, mesdemoiselles. Cizayox, Smogogo, à vous !"
Arctic Monkeys - ArabellaWill soupira de soulagement en constatant qu'elle n'avait pas l'intention de se servir du sabre japonais qu'elle possédait. Pour l'instant du moins. Les Pokémon de l'étrange femme se matérialisèrent en face de ceux de Linda et de Liz.
"Avant qu'on commence le combat, j'ai une faveur à te demander, ma belle, souffla la jeune femme aux cheveux bleus.
- Qu'est-ce donc ?
- J'aime bien connaître le nom de mes adversaires, tu vois."
L'autre sourit.
"Si c'est ce que tu veux. Je m'appelle Riley Black."
Ethan serra les dents.
"C'est bien ce que je pensais...songea-t-il. Pourvu qu'elles ne soient pas en danger..."
Le combat allait commencer, et Will s'étonna de ne voir aucun passant rappliquer dans le coin. Dans un sens, cela l'arrangeait un peu, car il ne souhaitait pas voir sa sœur se faire ridiculiser devant une foule de curieux. Riley semblait être une adversaire aussi coriace que confiante, et les deux femmes devraient laisser de côté leurs différends pour en venir à bout.
"J'compte sur toi, ma vieille, parce que c'est pas avec mon seul Porygon-Z que je vais me débarrasser de cette pouffe !
- C'est la priorité numéro un, on se crêpera le chignon plus tard, approuva Linda.
- Dans ce cas... à toi l'honneur Black, t'es toute seule après tout !"
La femme toute de noire vêtue sourit et repoussa une mèche de cheveux en arrière.
"Si vous y tenez, je vais vous écraser sans ménagement. Danse-Lames et Brouillard !"
Cizayox augmenta drastiquement son attaque déjà haute, tandis que Smogogo vaporisa autour de lui une buée noire rendant les alentours invisibles, ce qui baissa grandement la précision des Pokémon adverses.
"Deux Pokémon qui ont une défense spéciale plutôt moyenne... c'est le jackpot. Porygon-Z, utilise Verrouillage et Elécanon !
- Finalement le Brouillard n'aura servi à rien... constata Linda."
Porygon-Z se concentra sur sa cible et envoya un rayon électrique d'une puissance fulgurante, qui envoya Smogogo se heurter avec force à un lampadaire. Mais le Pokémon poison n'avait pas dit son dernier mot. Riley soupira.
"Si c'est tout ce que vous pouvez faire, je suis déçue. Enfin, je suppose que je suis venue pour affronter Freeze, pas vous. Mais étant donné qu'il n'est pas là, je n'ai pas trop le choix...
- Tu voulais affronter Walter, alors ? Il t'aurait sûrement donné une raclée ! sourit Liz.
- On pourrait en revenir au combat ? Braségali, Vive-Attaque et Pied Brûleur !
- Cet enchaînement m'a l'air intéressant..." songea la pirate informatique.
Braségali fonça à toute allure vers Cizayox pour ensuite lui décocher un coup de pied enflammer très puissant, qu'il ne put esquiver. Le Pokémon insecte et acier s'en vit diminué, mais il resta debout. Liz profita de ce moment de faiblesse pour réfléchir au prochain coup de son adversaire.
"Danse Pluie, Cizayox.
- Comme prévu ! Fatal-Foudre !"
Linda sourit, ravie de constater que sa coéquipière savait se battre correctement, sans doute grâce à Walter. L'éclair frappa Smogogo de plein fouet. Le Pokémon poison ne put se relever, trop affaibli et sonné par le choc électrique. Riley le rappela et sourit.
"Finalement, vous êtes plutôt amusantes... mais mon Cizayox est mon meilleur Pokémon.
- Grand bien t'en fasse, chérie, parce que je compte me battre à fond jusqu'au bout ! répliqua Liz, déterminée.
- Compte sur moi aussi ! ajouta la blonde.
- Soit... Casse-Brique et Retour !"
Cizayox, poing en avant, se précipita sur Porygon-Z pour le rouer de coups puissants. Sonné, le Pokémon normal ne put répliquer. L'insecte rouge en profita pour l'achever avec toute la force de son attaque Retour, qui devenait plus puissante si le Pokémon était attaché à son dresseur. Ce devait être le cas, vu la puissance dévastatrice de la capacité.
"Bon dieu... c'est surprenant ! s'étonna Liz, impressionnée par le lien unissant Riley et Cizayox.
- J'ai le droit de dire qu'on fait largement pas le poids ? grimaça Linda.
- Pour le coup, ouais... tu peux..."
Riley soupira et rappela Cizayox dans sa Pokéball.
"Si vous abandonnez, il n'y a aucune raison que le combat se poursuive. Je m'amusais bien avec vous, pourtant. Quoi qu'il en soit, dites à Freeze que nous le traquons. Il aura peut-être assez de bon sens pour se rendre de lui-même sans avoir à mettre ses amis en danger."
La femme en noir jeta un bref coup d'œil à Ethan, toujours en retrait, et partit en courant rapidement. Linda, Will et Liz soupirèrent de soulagement. Ils avaient complètement été pris au dépourvu par l'apparition de cette étrange femme au sabre japonais.
"Eh, vous ! Le quai est fermé aujourd'hui !"
Un agent de police accourut dans leur direction. Il devait effectuer sa ronde de la journée. Il leur expliqua que le quai était en maintenance et que personne ne pouvait y aller.
Ethan regarda une dernière fois la mer, songeant à tous les recueils de poésie britannique qui l'attendaient à la maison. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas mis le nez dans un livre, d'ailleurs, à cause de toutes ses préoccupations récentes. Mais ce n'était de toute façon pas à l'ordre du jour, étant donné sa dette envers les trois qu'il accompagnait. Il les suivit, tout en relisant dans sa tête quelques vers pour se détendre. Sans doute que les choses iraient encore plus mal bientôt...
Et si nous avons perdu cette force
Qui autrefois remuait ciel et terre,
Ce que nous sommes, nous le sommes :
Des cœurs héroïques et d'une même trempe,
Affaiblis par le temps et le destin,
Mais forts par la volonté
De chercher, lutter, trouver et ne rien céder.
(Alfred Tennyson, Ulysse, 1833)