chapitre 20: Rennaissances
Lorsque Florent émergea, il se prit de plein fouet la douleur du coup qu’il avait pris sur la tête. Il gémit en se redressant et il se massa le crâne. Il observa ensuite l’endroit où il avait atterri. Le trou dans lequel il avait chuté se situait à environ deux mètre cinquante du sol mais Florent renonça à escalader. Les parois étaient lisses et froides. Jamais un humain ne serait capable de remonter par lui-même. Bien sûr, il avait encore ses Pokéballs mais le trou était trop petit pour que son Altaria passe à travers. Il allait devoir attendre le retour d’Axel pour remonter.
Et sa tête le lançait toujours. Il avait l’impression qu’elle allait éclater. En se tournant, le dresseur aperçut ce qui ressemblait à la porte d’un temple à moitié prisonnier de la glace. Florent s’approcha et aperçut sur la façade un symbole qui emplit son cœur de joie. Deux ailes blanches entourant une balance. C’était le symbole caractéristique d’Angerron.
Ils avaient enfin trouvé ce qu’ils cherchaient ! L’excitation lui fit presque oublier son mal de crâne. Il libéra deux de ses Pokémons. Un pour indiquer au gardien le souci dans lequel le dresseur se trouvait et un deuxième pour se protéger. Florent connaissait la légende par cœur et il connaissait l’existence du protecteur d’Angerron : le centaure Lancicle, un Pokémon de type acier et glace si Florent si fiait à l’environnement. Il avait donc bien fait d’emporter son Pyroli. Il pénétra avec prudence dans le temple glacé. La température avoisinait facilement les moins dix et la buée qui sortait de la bouche de Florent lui gelait la gorge. Le froid lui faisait de plus en plus mal ainsi que sa tête.
Son Pyroli lui lançait régulièrement des regards inquiets mais n’osa pas se concentrer ailleurs que sur sa tâche.
Florent parvint au bout d’une vingtaine de mètres de couloirs à une pièce large et dépourvue de meubles. Il n’y avait qu’un petit autel sur lequel se trouvait une sphère luminescente. Florent écarquilla les yeux. L’intérieur de la sphère bougeait. Une brume dorée bougeait lentement à l’intérieur, comme si elle était vivante.
Florent en oublia toute sa prudence et se précipita vers l’autel. Il posa la main sur la sphère et instantanément, le dresseur ressenti une grande chaleur l’envahir. Son esprit s’ouvrit alors et tout lui revint. Le choc fut si énorme qu’il s’évanouit.
Le Pyroli hurla et se précipita vers son dresseur qui basculait à la renverse. Mais ce ne fut pas le Pokémon feu qui rattrapa Florent. Le Pyroli vit un Pokémon qu’il n’avait jamais vu auparavant. Il était un peu plus grand que son dresseur, avait le torse humanoïde, deux lances de glace en guise de bras, quatre jambes terminées par des sabots et avait un casque en guise de tête.
Le Pokémon grogna à l’encontre du nouveau venu.
- N’ai crainte ami Pokémon, déclara Lancicle de sa voix froide. Je ne ferais rien à ton dresseur. Même si à présent, il ne pourra plus jamais l’être.
Le Pyroli poussa un cri de curiosité et d’inquiétude.
- Ton dresseur n’existe plus à présent, répondit Lancicle. Tu viens d’assister à la renaissance d’Angerron.
Dans les ruines d’un temple, vers Frimapic, faisant face à une vieille statue ébréchée à plusieurs endroits, un homme priait. Il était vêtu d’une longue robe bleu sombre à capuchon et à ses pieds reposait un long bâton en acier argenté et bleu sur lequel reposait un diamant brut. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas entendu la voix de son dieu, il se sentait si seul. Sans son dieu, il n’était rien.
Soudain, il senti une vibration lui traverser le corps. Ce fut bref mais suffisant pour redonner de la force à l’homme priant. Il ouvrit les yeux et sourit. Il entendit alors deux paires de pas venir vers lui.
- Il s’est enfin réveillé ? Raisonna une voix moqueuse.
- Tu n’as pas vraiment à te moquer, répliqua une autre voix plus claire. Le tien n’a pas encore reçut son électrochoc.
- Et le tien a détruit l’équilibre qui avait été mis en place, répondu la première voix.
- Fermez-là ! S’exclama l’homme accroupit.
Les deux personnes se turent alors que l’homme se relevait et faisait face à deux personnes vêtues de robes semblables et armés de bâtons similaires à ceci près qu’une des robes était d’un rose nacré et l’autre d’un jaune doré et que les pierres sur les bâtons étaient différentes. L’homme vêtu de la robe jaune s’avança légèrement.
- S’est-il éveillé ?
L’homme secoua la tête mais continua à sourire.
- Sa mémoire commence tout juste à s’ouvrir. Mais c’est suffisant.
- Tu veux dire qu’on va pouvoir quitter cet endroit froid et en miettes ? Demanda l’homme à la robe rose.
- Ils sont en chemin, répondit l’homme à la robe bleue. Nous allons donc les attendre.
Lorsqu’Axel revint enfin dans la salle de « forage », il fut surpris de voir un trou et que le Feunard n’était plus là. Il se hâta de regarder dans le trou et put distinguer un Mustéflott qui s’empressa de lui expliquer la situation. Axel réagit sur le champ et installa une corde pour descendre et remonter. Il demanda au Lunaton de garder l’endroit et il s’engouffra à l’intérieur de la fosse. Il atterri sur ses deux pieds avec un peu de maladresse mais garda son équilibre. Il remarqua tout de suite l’entrée du temple et y entra suivi du Pokémon eau. Il ne tarda pas à trouver la pièce découverte par Florent auparavant et trouva le dresseur au sol, inconscient, en compagnie d’un Pyroli et d’un Pokémon impressionnant que le gardien identifia comme étant Lancicle.
Le gardien se précipita sur le Feunard et inspecta ses signes vitaux. Il fut en partie rassuré de voir qu’il était juste inconscient. Il se tourna vers Lancicle et lui jeta un regard furieux.
- Que lui as-tu fait ?
- Moi ? Rien, répondit le centaure de glace. C’est lui qui a touché l’orbe.
- L’orbe ? Où est-elle ? Que s’est-il passé ?
- L’orbe était une partie de lui, elle a retrouvé sa place.
- Quoi ? Tu veux dire que Feunard est…
Axel posa un regard interloqué mais brillant d’une lueur révérencieuse sur le dresseur inconscient. Florent était-il réellement leur seule chance contre Mecheva ? Pour le moment, le dresseur semblait dormir. Il ignorait tout de la bataille qui faisait rage à l'intérieur de Florent D'or, une bataille pour la survie, pour la liberté de ses choix, de son destin.
Les sanglots de Neil avaient réveillé et amené les membres du groupe. Ils s’étaient rués dans la chambre du jeune homme et apprirent la situation avec stupeur. Neil avait rencontré le dieu qui l’avait béni et celui-ci lui avait retiré sa bénédiction ? Du souvenir d’Amandine, cela n’était encore jamais arrivé. Qu’est-ce que cela signifiait ? Et ce dieu, Uglios, qui était-il ? Dans tous les cas, la situation concernant Neil était claire : il n’était plus un gardien, c’était un dresseur. Elle restait son supérieur dans le cadre de leur mission mais après, elle n’aurait plus rien à exiger de lui, plus rien à lui enseigner. Et puis, la gardienne avait senti que Neil n’était pas fait pour être un gardien.
Pas par haine ou mépris, loin de là. Elle avait senti que Neil n’aurait jamais pu contrôler pleinement la puissance qui lui avait été octroyée. C’est comme si son corps avait tenté de rejeter la bénédiction et compliquant ainsi son usage. En fait, ce n’était peut-être pas plus mal que Uglios lui ai retiré ses pouvoirs. Il pourra ainsi se battre avec ses vraies armes.
Ils le laissèrent seul après avoir tenté de le consoler en vain. Seule Louise resta. Elle n’avait pas osé parler quand les autres étaient présents. Neil était assis sur le sol, le dos contre le mur, les yeux vides. Elle s’approcha du jeune homme et posa une main sur son épaule. Il ne réagit pas.
Louise dégluti avant de parler. Elle ne savait pas quoi dire alors elle essaya d’être la plus délicate possible.
- Je suis désolée Neil. Tu ne méritais pas de subir ça. Tu as du tellement souffrir et je… je ne prétends pas comprendre ce que tu as ressenti mais sache que…
Elle ne put terminer sa phrase parce qu’elle fut soudainement repoussée, le souffle coupé, une douleur sourde dans son ventre. Ce ne fut pas la seule car très vite un nouvel éclair de douleur explosa, cette fois au visage. Neil s’était mis à cheval sur la jeune femme et lui comprimait la poitrine tout en continuant à la frapper. Louise, l’esprit embrumé par la douleur aussi bien que par la surprise, ne réagit pas aux coups donnés. Elle senti une de ces côtes se casser et sa lèvre inférieure se fendre.
Elle cracha du sang et toussa, ce qui arrêta Neil. Il s’écarta, el regard empli de colère. Louise se redressa difficilement en se tenant la poitrine et lui renvoya un regard incompréhensif. La souffrance irradiait de chaque partie de son corps.
- P-pourquoi ? Bégaya-t-elle d’une petite voix.
- Tellement souffrir ? Cracha-t-il presque. Je ne prétends pas comprendre ce que tu ressens ? Espèce de salope ! Comme si j’avais besoin de ta compassion. Tu n’as aucune idée de ce que j’ai pu ressentir, de la solitude qui a été mienne quand on m’a retiré mes pouvoirs ! Va plutôt encore raconter des craques à qui veut bien l’entendre.
A la grande surprise de la jeune femme, ce ne fut pas de la tristesse qu’elle ressenti à cet instant mais de la colère. Une colère sourde. Pour la première fois depuis qu’elle connaissait le jeune homme, elle ressenti de la colère. Une vague d’énergie inonda ses veines. Une énergie à la fois brûlante et glacée. Sans plus ressentir la moindre douleur, la jeune femme se releva et fit face à Neil qui la fixait toujours avec mépris. Alors, d’une force dont elle ne se serait jamais sentie capable, elle frappa Neil au visage. La force du coup le plaqua contre le mur de la chambre et le mit à terre. Il lut de la surprise dans ses yeux gris vert.
- Tout ce que j’ai fait, commença-t-elle d’une voix tremblante de rage. C’était pour t’aider. J’ai fait de mon mieux pour me racheter de mes mauvaises actions et toi ? Parce que tu as perdu tes précieux pouvoirs tu vaux mieux que tout le monde ? J’étais là hier soir bordel ! Je t’ai vu souffrir le martyre dans ton sommeil ! Je t’ai aidé du mieux que j’ai pu ! Et toi, dans ton égoïsme tu me frappes jusqu’à me briser les os ?! Espèce d’enfoiré j’aurais mieux fait de te laisser crever !
Elle tourna les talons, ouvrit la porte et ajouta :
- Tu devrais suivre tes conseils de temps en temps, ça t’évitera de passer pour le con de service !
Et elle claqua la porte derrière elle, laissant Neil seul.
Neil fut estomaqué et fut paralysé pendant un certain temps. La force, la colère dont avait fait preuve Louise l’avait mis sur le cul. Et tout ce qu’elle avait dit…
Elle l’avait vu ? Elle avait pris soin de lui ? Et tout ce qu’il avait fait pour lui témoigner sa reconnaissance avait été du mépris et de la haine ?
Des larmes coulèrent sur les joues du jeune homme. Il fallait qu’il présente des excuses et vite ! Il devait retrouver la jeune dresseuse au plus vite ! Il voulut se lever mais un vertige le pris à la gorge et il s’écroula sur le sol.
Il s’éveilla au beau milieu des fameuses ruines qu’il avait déjà vu. Il en profita pour tenter de toucher la pierre. A sa grande surprise, le contact fut possible. Le jeune homme put sentir la rugosité de la pierre et des morceaux friables se détacher. Mais des éclats de voix stoppèrent son émerveillement. Il se faufila discrètement en direction des voix et distingua bientôt deux silhouettes. La première, qui était face à lui, portait un long manteau à capuchon semblable à une cape qui cachait les traits de son visage. L’autre, qui était de dos, sembla familier au jeune homme. Et pour cause, il l’avait vu à plusieurs reprises sur les écrans de télévision impériaux ! C’était Mecheva ! L’empereur jubilait.
- Enfin je t’ai trouvé ! Toi, le dernier du trio !
- J’imagine que je dois être flatté d’être le dernier de ma fratrie ?
L’homme avait une voix grave mais familière à Neil mais il ne put réussir à l’identifier malgré ses efforts.
- Bien évidemment, répondit Mecheva en hurlant de rire. Tu es le dernier de ton trio et celui que j’ai toujours trouvé le plus intéressant. Tu es loin d’être le plus puissant mais l’usage que tu peux faire de tes pouvoirs et l’immunité que tu possèdes face à mon poison, notre duel risque d’être des plus amusant.
- Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai envie de t’affronter ? Répliqua l’homme encapuchonné.
- Oh mais je te connais bien mon cher, susurra l’empereur. Tu es le plus impétueux de ta fratrie et je doute que tu restes les bras croisés en sachant ce que j’ai
fait enduré à ta chère sœur…
L’homme se crispa. Neil pu sentir la tension qui se dégageait de l’homme, la colère qui l’envahissait. Mais Neil ne put voir la suite de la scène car il ré émergea dans sa chambre sur le bateau. Intrigué par ce qu’il avait vu, il se lança néanmoins à la recherche de Louise, ignorant combien de temps il avait été dans les vapes.