chapitre 19: La mystérieuse quête d'Uglios.
George apparut sous sa forme humaine et le premier regard qu’il posa sur la jeune fille fut sévère.
« J’ai vu ce que tu as fait à tout le monde »
Louise baissa les yeux, elle ne put supporter le poids du regard du dragon. Mais elle put murmurer.
- Je sais que j’ai fait des choses horribles mais j’essaie de me racheter. Tu dois être furieux après moi…
« Je ne suis pas furieux, je suis déçu. »
Les larmes commencèrent à perler sur les yeux de la jeune dresseuse. Elle aurait pu se soulager avec de la colère, elle aurait supporté un savon mais la déception de George lui faisait horriblement mal. Même si elle l’avait mérité, ça ne l’empêchait pas de souffrir atrocement.
Elle senti la main de George se poser sur son épaule.
« À quoi t’attendais-tu exactement ? Tu as menti à pleins de gens, tu as déshonoré notre ordre et tu as agis avec égoïsme. Comment pouvais-tu croire que tu t’en sortirais à la viable avec moi ? »
- Non, je le mérite c’est vrai, répondit Louise en s’essuyant les yeux. Je voulais juste que tu saches que maintenant les magouilles c’est fini. Je vais bien me comporter dorénavant.
« C’est une bonne chose. Mais à présent, je vais devoir te demander un service. »
- Tout ce que tu voudras, s’exclama Louise, légèrement rassurée par les paroles de George.
Mais, au fond d’elle-même, un malaise commençait à envahir son cœur tel un poison lui labourant petit à petit le corps.
« Ma Pokéball, j’aimerais que tu me la donnes s’il te plait. »
Le malaise s’accentua malicieusement. La main qui tenait la Pokéball se crispa.
- Euh, pourquoi faire ?
« Ne discute pas, donne-la moi ».
La sphère de métal s’envola alors de la main de la jeune fille pour atterrir dans celle du dragon qui ferma les yeux un instant avant de les rouvrir, une lueur bleutée surnaturelle brillant dans ses yeux. Avant que Louise ait pu comprendre ce qu’il se passait, la Pokéball se comprima avant d’exploser. Pétrifiée de stupeur, Louise regarda la main de George où s’était accumulée un peu de poudre noire et ne put que murmurer :
- Pourquoi tu as fait ça ?
« Parce qu’il fallait que je le fasse » répondit le dragon comme si c’était l’évidence même.
Il avait l’air d’être plus distant, une lueur nouvelle brillait dans ses yeux, une lueur… sauvage.
- Mais ta Pokéball, tu l’as détruite.
« Oui je l’ai détruite. Elle ne servait plus à rien. »
- C-comment ça ?
« Ta mère est morte. J’étais son Pokémon. Je ne suis pas le tien ni celui de quelqu’un d’autre. »
- Mais tu es un gardien George, protesta légèrement Louise, les larmes coulant sur ses joues.
« Non. J’étais un gardien nuance. Le gardien que j’ai été est mort il y a des siècles. Le Pokémon que je suis devenu s’est joint à ta mère pour combattre à ses côtés. Elle n’est plus là maintenant. Je n’ai plus rien à offrir aux gardiens. Je suis un Pokémon. J’ai bien l’intention de vivre à présent »
- Tu nous abandonnes tous parce que tu as envie de vivre correctement ? Et tu me reproches après d’être égoïste ? C’est toi l’égoïste ! Il faut libérer Lucien !
Louise constata enfin de la colère dans les yeux du dragon et elle recula, effrayée.
« Moi je suis égoïste ? MOI ? J’ai consacré 8 siècles à me battre pour une cause qui ne me concernait plus ! J’ai trop donné ça suffit. Je n’ai de compte à rendre à personne ! Encore moins à une gamine qui s’amusait à faire des horreurs à tout le monde ! »
Louise ne put se tenir plus longtemps. Elle tomba à genou, le cœur meurtri. Alors celui qui était comme un père pour elle l’abandonnait. Elle se senti très seule tandis que le Latios se reprenait.
« Pardonne-moi. Je n’aurais pas dû dire cela. Je ne suis pas doué avec les adieux mais je ne peux pas rester plus longtemps. Quelque chose me dit que toi et ton groupe allez faire des choses incroyables tel ton père, ta mère et moi autrefois. Ne te laisse pas abattre et je veux que tu saches que même si j’ai été plutôt dur, sache que je t’aime beaucoup Louise. Comme ma fille. Adieux. »
George reprit alors sa forme de dragon et s’envola à grande vitesse, laissant Louise sur le pont.
Elle pleurait en silence mais sa tristesse fut suffisante pour que son Togetic ne sorte de sa Pokéball et n’essaie de la réconforter. Louise se tourna vers son premier Pokémon. Elle l’avait obtenu à ses quatorze ans, un cadeau d’anniversaire de Florent. Et, si dans un premier temps elle avait pris soin de son Togepi pour le faire évoluer, la jeune fille l’avait délaissé très vite en se rendant compte de la faiblesse d’attaque de celui-ci. Mais elle se rendait compte que Toge ne lui avait jamais tourné le dos et qu’il était certainement l’être qui la comprenait le mieux.
- Oh Toge, murmura-t-elle. Pourras-tu me pardonner de t’avoir laissé ?
- Tic Toge, répondit le Pokémon d’une voix apaisante.
Il se concentra un moment et Louise entendit un son apaisant apaiser la tristesse qui avait envahi son cœur. Elle reconnut l’attaque Glas de soin et se laissa porter par ce son merveilleux que produisait son Pokémon en le prenant dans ses bras. Quand elle se senti mieux, elle se remit debout, remercia son Togetic et décida de retourner dans sa chambre pour aller dormir. Elle ne s’en était pas rendu compte mais il était assez tard et les autres devaient tous dormir.
Elle se faufila donc dans les couloirs du bateau pour retrouver sa chambre en compagnie de Toge. Cela les amusa beaucoup en plus, laissant leur vieille amitié renaître de leurs cendres. Elle tâtonna un moment avant de retrouver le couloir où se trouvait sa chambre. Mais quand elle passa devant celle qui appartenait à
Neil, elle entendit un cri.
Louise frissonna quand elle identifia l’émotion de l’exhortation : c’était de la souffrance, une souffrance indescriptible.
Elle se précipita dans la chambre et vit le jeune homme dans son lit, pâle comme un mort, hurlant en se débattant dans ses couvertures. Il était également recouvert de sueur. Louise ne perdit pas de temps. Malgré la terreur qu’elle éprouvait, elle garda la tête froide et pu donner ses instructions.
- Toge, utilise Glas de soin pour le soulager.
Elle fit appel à son Carapuce et lui demanda d’humidifier son tee shirt qu’elle avait enlevé. Luffy obéit sans attendre. Louise plaça ensuite le tee shirt mouillé sur le front du jeune homme qui, grâce à la capacité de Toge, ne se débattait plus. Mais son visage restait crispé par la douleur. Louise vit même des larmes couler de ses yeux fermés. Alors qu’elle faisait tout pour faire tomber la fièvre de Neil, elle entendit quelques mots que le dresseur avait lâché dans son sommeil.
- Pourquoi me l’as-tu enlevé ?
Louise ne comprit pas le sens de cette question mais elle en ressentit les émotions. Qui lui avait enlevé quelque chose ? Et que lui avait-il enlevé ? Elle ne comprenait rien à ce qu'il se passait mais elle ne put s'empêcher de s'exclamer d'une voix paniquée:
- Reste avec moi Neil!
Neil ne savait pas où il se trouvait. Il ne sentait pas grand-chose et ne voyait pas plus. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait mais, curieusement, il n’en ressenti aucune peur, aucune inquiétude. Au contraire, il se sentait bien. Il fit quelques pas hésitants avant de toucher une paroi rocheuse froide, humide et lisse. Une odeur salée se faufila à ses narines et lui évoqua instantanément la plage de Silverals, le village où il vivait avant cette aventure. Cette époque lui semblait à présent si lointaine. Bien des choses lui étaient arrivé depuis qu’il avait quitté cet endroit. Il se surprit même à le regretter un peu.
Même s’il ne regrettait pas son départ, certains détails lui manquaient un peu. Ses balades sur la plage, les repas de Tatie Mama, la gérante de l’orphelinat où il vivait.
Il en vint à se demander s’ils allaient bien là-bas. Si l’empire les avait laissés tranquille. Neil ignorait s’il avait été fiché pendant sa fugue en compagnie de Lo, ou plutôt Eloïse. Il pria pour que son village natal aille bien. Il ignorait à qui prier alors il demanda à quiconque entendrait son appel.
- Bonjour Neil.
Le jeune homme réagit instantanément. Il sauta en arrière et se retourna pour faire face au nouveau venu. Curieusement, malgré l’obscurité, Neil parvint à distinguer nettement la personne qui lui avait parlé. C’était un jeune adulte, peut être adolescent vêtu d’un sweet à capuche, d’un jean noir et ne portait pas de chaussures. Il avait les cheveux noirs légèrement bouclés qui lui tombaient sur la nuque et des yeux ambrés qui rappela un des yeux de louise sans que Neil sache pourquoi. Le garçon semblait calme et souriait doucement ce qui rassura étrangement le jeune homme.
- Pardonne-moi si je t’ai effrayé. Ce n’était pas mon intention.
La voix du garçon était étrange. Elle avait une tonalité claire mais il y avait une consonance plus grave, comme un baryton au milieu d’un orchestre de soprano. Ça donnait une voix d’adolescente trafiquée légèrement. Mais cela ne perturba pas Neil.
- Qui êtes-vous ? Demanda le jeune homme. J’ai l’impression de vous connaître sans en être sûr.
Le sourire du garçon s’élargit légèrement.
- Nous nous sommes déjà vu oui. C’est d’ailleurs étonnant que je te sois familier. C’est certainement que le traitement fonctionne.
- Le quoi ? Attendez, de quoi vous parlez ? Vous êtes qui ?!
Une expression de surprise se teignit sur le visage de l’adolescent.
- Oh oui pardonne moi, j’ai tendance à oublier les vieilles habitudes. Mon nom est Uglios et je suis celui qui t’as béni.
Neil fut stupéfait de cette réponse. Il ne s’attendait pas à croiser le dieu qui l’avait fait entrer dans l’univers des gardiens et surtout, il ne s’attendait pas à ce que le pouvoir destructeur qu’il avait obtenu vienne d’un garçon d’apparence plus jeune que lui !
- Vous êtes celui qui a fait de moi un gardien ?
Le sourire disparut du visage juvénile du dieu.
- C’est un peu plus compliqué que ça. Dis-moi c’est très important. Ces derniers temps, as-tu des rêves étranges, des visions ? des sensations de déjà vu ?
Neil réfléchit attentivement mais rien ne lui vint à l’esprit.
Uglios parut déçut.
- Moi qui croyait que cela allait faire réagir ton subconscient. Apparemment le processus est trop lent. Nous avons pourtant cruellement besoin de ta mémoire…
- Que quoi ? Ma mémoire ? De quoi vous parlez ?
- Nous n’avons plus le temps de te ménager.
Et sur ces mots, le regard du jeune dieu se fit acéré et il fonça sur Neil. Le jeune homme n’eut pas le temps de bouger. La main du dieu s’enfonça dans sa poitrine. Neil fut plus surprit par l’action du dieu que par l’absence de douleur. Neil senti Uglios fouiller en lui. Il sentait sa main bouger dans son torse mais il ne sentait aucune souffrance, juste une profonde gêne. Mais quand le dieu trouva ce qu’il cherchait et l’empoigna, Neil commença à ressentir de la peur. Il ne savait pas ce qu’il avait dans la main mais son instinct lui hurlait de se détacher du dieu.
- Je suis navré mais je vais devoir pousser la puissance au maximum. Cela forcera ton corps à réagir.
Neil senti un déluge de puissance l’envahir. Ce fut comme si on lui injectait de la lave en fusion directement dans son ventre. Malgré cela, Neil ne hurla pas et parvint à se maintenir éveillé jusqu’à un certain point. Il ressentait toujours la souffrance qui inondait son corps mais Uglios avait disparu. Il se trouvait à présent dans un champ de ruine ; Des ruines qui lui semblèrent familières. Il entendit alors une voix. Une voix qu’il connaissait.
- Alors je t’ai trouvé, toi, le dernier du dernier trio.
Il entrevit alors deux silhouettes. Celle qui avait parlé se tenait à quelques mètres d’une autre. La seconde silhouette lui parut plus que familière mais la vision prit fin instantanément. Neil vit alors Uglios sourire.
- Le processus est en marche. Tu n’as plus besoin du traitement.
Neil eut peur de comprendre et il avait bien comprit. Il sentit alors la main se retirer et emporter ce qu’elle tenait. Un déluge de souffrance envahit alors le jeune homme. Jamais il n’avait eu aussi mal de toute son existence. Il avait l’impression qu’on venait de lui arracher une partie de lui-même. Il s’écroula à genoux. Dans la main du dieu se tenait une sphère d’un bleu océan tourbillonnant comme une tempête. Dans ses yeux, on pouvait y lire du regret.
- Pourquoi me l’as-tu enlevé ? Haleta Neil.
- Je suis désolé mais tu n’es pas un gardien et tu ne le seras jamais. Il fallait que tu reçoives un corps étranger pour que tu te réveilles et j’ai préféré que ce soit moi qui t’éveilles. Tu es un des derniers espoirs du monde. Mais sans ta mémoire tu n’es rien. Je te prie de me pardonner maître.
- Quoi ?
Uglios ne répondit pas et disparu dans le noir, laissant le jeune homme souffrant sur le sol. Il était seul dans le noir, le corps tremblant de douleur. Mais, il finit par entendre un son. Un son tellement apaisant et pur qu’une grande partie du tourment s’effaça doucement. Il soupira de soulagement et une voix raisonna à ses oreilles.
- Neil, reste avec moi je t’en prie.
Il ne savait pas à qui appartenait cette voix ni pourquoi elle lui disait ce genre de choses mais il éprouva le besoin de la rassurer. Mais il ignorait comment ? Ce qu’il savait c’est qu’il lui fallait pour commencer se réveiller. Il tenta de bouger sa main dans l’espoir de toucher quelque chose. Il finit par atteindre ce qu’il identifia dans le brouillard comme étant un visage. Il sentait des larmes couler sur ce visage. Il trouva à tâtons la joue et la caressa tendrement. Il parvint à murmurer d’une voix douce :
- Ne pleure pas…
- Ne pleure pas…
Louise ne l’avait pas inventé. Neil avait prononcé ces mots dans son sommeil désormais apaisé. Il avait posé sa main sur sa joue et avait essuyé les larmes qu’elle n’avait pas pu retenir. Elle en fut presque estomaquée. La main levée retomba doucement sur le lit et la respiration du jeune homme retrouva un rythme normal. Louise décida de le laisser dormir. Elle en avait trop vu et trop fait. Elle quitta la chambre suivie de son Togetic le plus silencieusement possible et retourna dans la sienne. Elle se déshabilla et se coucha, Toge contre elle. Malgré sa fatigue, elle mit longtemps avant de s’endormir.
Lorsque Neil ouvrit les yeux le lendemain matin, il senti un vide au fond de lui. Se rappelant du rêve, Neil se toucha le ventre paniqué, s’attendant à y trouver un trou sanguinolent. Mais il n’en fut rien. Son torse était aussi lisse que d’habitude. Pas la moindre trace de blessure. Inquiet, il se jeta sur une de ses Pokéballs et libéra son habitant, redoutant le pire.
Ce fut Liam qui apparut. Le Lucario se tourna vers Neil, sourit et salua son dresseur.
- Rio !
Le sang de Neil se glaça.
- Quoi ?
Liam fut surprit. Il s’approcha du jeune homme.
- Rio. Lucario. Luca !
- Non… Non non non…
Neil ne comprenait plus ses Pokémons. Sa bénédiction lui avait été retirée. Tous ses pouvoirs lui avaient été arrachés. Il se posa sur le sol et éclata en sanglots.