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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 24/04/2016 à 22:03
» Dernière mise à jour le 30/08/2020 à 18:04

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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040. 3x14 - Piégés au coeur de la fournaise
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Sur le chemin de Poivressel, les trois amis rencontrent Addie, une dresseuse mystérieuse qui les aide à sauver un ami à elle, le Capitaine Poupe. Flora participe à son premier concours de coordination pokémon où elle fait la connaissance d’Annick, une coordinatrice expérimentée qui a l’air de connaître Timmy. Les trois adolescents poursuivent leur route vers le nord de la région sans avoir encore choisi leur prochaine destination, ce qui fait éclater une dispute très violente entre Sofian et Flora. La Team Rocket, quant à elle, décide d’observer les trois voyageurs afin de définir quel pokémon ils voleront pour leur mission : ramener à leur boss le pokémon le plus puissant de Hoenn.

Route 111


Pokémon #201d
La Route 111 devait être la plus longue de toute la région de Hoenn. Jamais il n’avait semblé à Sofian parcourir autant de kilomètres et rester autant de temps sur une seule et même route. Depuis leur départ de Lavandia, il s’était écoulé une semaine. Et rien ne semblait indiquer qu’ils allaient bientôt quitter ce long chemin serpentant le long d’arbres feuillus. Malgré la période de l’année, la température semblait grimper de jour en jour. Timmy s’étonna même des feuilles des arbres, brunes non pas à cause de la saison automnale, mais brûlées par un soleil radieux. C’était comme si le nord de Hoenn ne connaissait ni automne, ni hiver. La saison estivale avait repris, et Sofian fut bien content de pouvoir retirer son gilet gris qui jouait sur son moral.
Mais plutôt que d’invoquer une chaleur insoutenable comme source de mauvaise humeur, Sofian dut se rendre à l’évidence : sa récente dispute avec son amie Flora en était bel et bien la cause, et les jours qui avaient passé depuis cet évènement n’avaient pas arrangé la situation. Si Flora se montrait très heureuse avec sa nouvelle compagnonne de route, Skitty, qui gambadait fièrement à ses côtés — se laissant de temps à autres distraire par sa propre queue et ralentissant le voyage —, à chaque fois que Sofian tentait de lancer une conversation, celle-ci lui répondait à peine intéressée par ce qu’il lui disait, ou faisait simplement mine de ne pas l’entendre. Épuisé par cette situation désagréable, Timmy s’était renfermé dans son rôle de meneur de troupes et guidait le pas vers… vers toute destination au nord de Hoenn. Car lorsque le sujet du choix de la ville où se rendre était à nouveau sortit sur le tapis, toutes les conversations qui s’étaient ensuivies n’avaient mené à rien. Jusqu’au jour où…
— Bon, les gars, commença Timmy en prenant le plus de pincettes possibles, il est temps de se décider dans le calme sur notre destination.
Ce jour-là, les trois amis étaient arrivés à un carrefour.
— Tout droit et on traverse un bout du désert vers Autéquia, à gauche et on se rend à Vermilava, expliqua-t-il en croisant les doigts pour que tout se passe bien dans leurs négociations.
Sofian n’osa pas intervenir, de peur d’à nouveau se fâcher avec Flora. Il lui lança un petit regard avec appréhension, mais la coordinatrice semblait plus intéressée par le pelage de son Skitty qu’elle s’affairait à brosser.
— Est-ce que les journalistes ne nous avaient pas déconseillés de traverser le désert ? se souvint Sofian après un instant.
— C’est exact, répondit Timmy en navigant sur son Pokénav en vue d’une nouvelle voie vers Autéquia.
— Donc, le seul chemin qu’on puisse emprunter, c’est à gauche… se risqua Sofian. Vers… Vermilava…
Il jeta un bref coup d’œil à Flora qui semblait toujours aussi concentrée sur le pelage de son Skitty. Inquiet de constater un petit sourire à son visage, Timmy prit la parole :
— Donc, on irait d’abord à Vermilava ?
Flora releva la tête vers ses amis, étonnée.
— C’est comme vous voulez, les gars, dit-elle avec un sourire qui paraissait très sincère.
Timmy et Sofian échangèrent un regard interloqué.
— Mais on peut trouver un autre chemin vers Autéquia, à travers la forêt peut-être, proposa Sofian qui n’imaginait pas avoir gagné aussi vite.
— Non, non, Vermilava, ça me va, dit Flora en se relevant. Bon allez, on ferait mieux de nous y remettre si on ne veut pas y arriver l’année prochaine !
Elle s’épousseta ses vêtements et reprit la route, laissant ses deux amis pantois.
— Tu es sûre que tu ne préfères pas qu’on passe d’abord par Autéquia ? s’inquiéta Sofian en courant après elle.
— Tracasse pas pour moi, répondit-elle simplement sans un regard à lui accorder.
Timmy soupira, las. Si Sofian ne se rendait pas compte du jeu dans lequel Flora venait d’entrer, lui l’avait bien remarqué. Et bientôt, Sofian allait le comprendre à son tour et les disputes éclateraient de plus belles. Comme par prédiction, le temps se couvrit peu à peu ce jour-là. Aucun d’eux n’ajouta un mot de plus, laissant la mauvaise ambiance s’installer entre eux à l’instar des nuages obscurs qui vinrent assombrir le paysage.

Route 112
Lorsqu’ils atteignirent le petit chemin sinueux qui se perdait dans une forêt étouffante, le ciel gronda et la menace d’une averse imminente se fit ressentir. Comme pour annoncer que le pire était à venir, un éclair éclata dans le ciel et d’énormes gouttes d’eau leur tombèrent dessus. Flora fit rentrer son Skitty en vitesse dans sa pokéball et Sofian enfila à nouveau son gilet, sombrant dans sa mauvaise humeur.
— Eh Timmy, on s’éloigne du chemin, là, fit remarquer Sofian en haussant le ton pour que sa voix traverse le bruit provoqué par le déluge qui se fracassait au sol.
Le sol boueux du chemin fut très vite inondé par la pluie provoquée par l’orage, et ils perdirent la trace du chemin tracé dans la terre.
— Ne t’en fais pas, je suis le plan sur le Pokénav, répondit Timmy avec sècheresse.
— Oui mais on s’enfonce dans les bois !
— Fais-moi confiance, s’impatienta Timmy. Je ne vous ai jamais perdus, c’est pas aujourd’hui que ça va commencer…
— Ben ça pourrait ! Tu n’es pas infaillible…
Timmy préféra ne pas répondre et serra les dents, poursuivant sa marche rapide à travers les arbres qui se rapprochaient les uns des autres. Malgré tout, il ne pouvait s’empêcher de comprendre Sofian. Le chemin était plus qu’impraticable, et pourtant le Pokénav lui indiquait la bonne direction. De plus, ils n’avaient plus énormément de chemin à parcourir avant d’arriver à Vermilava. D’après ses calculs, ils ne leur restaient qu’une centaine de mètres.
— Y a pas de chemin ici, on est perdu en forêt ! insista Sofian en s’énervant. À ton avis, à quoi ils servent les chemins ? À être suivis !
— Ouais ben si tu trouves un chemin, tu me le dis ! s’écria Timmy en perdant patience.
— Donne-moi ton Pokénav !
— Ça ne sert à rien, on est arrivé !
Les trois adolescents sortirent enfin de la forêt sous une pluie drue… et firent face à un mur de rochers impressionnant. Devant eux se trouvait une montagne qui grimpait vers le ciel à une hauteur vertigineuse, avant de disparaître dans les nuages noirs. À droite et à gauche, la montagne semblait d’étendre sur des dizaines de kilomètres.
— Quand on m’avait parlé de Vermilava, j’imaginais plutôt des maisons, des arbres, des rues, un centre pokémon et une arène ! ironisa Sofian avec tout le sarcasme qui le caractérisait. Je ne m’attendais pas à une montagne infranchissable.
— Pourtant, on est bien arrivé à la frontière de Vermilava, indiqua Timmy en lui montrant l’écran de son Pokénav qui pointait bel et bien leur destination à l’endroit où ils étaient. En fait, Vermilava est juste derrière cette montagne…
— Eh bien, j’espère que tu as pris ton matériel d’escalade parce que moi, je n’ai rien avec moi !
Sofian se tourna vers Flora pour avoir du soutient dans sa remontrance à l’encontre de Timmy, mais la jeune fille était déjà partie. Au loin, ils la virent courir vers un escalier en bois façonné sur le pan de la montagne. Plutôt que de continuer à se crier dessus sous une averse interminable, les deux garçons préférèrent l’imiter et se précipitèrent à leur tour vers l’escalier en bois.

Flora se laissa tomber sur le banc alors que les deux garçons entraient enfin dans le bâtiment. Épuisée par sa course, elle se débarrassa de sa veste trempée et noua ses cheveux dégoulinants dans son foulard bleu. De leurs côtés, Sofian et Timmy observèrent les lieux. Ils venaient de pénétrer dans un bâtiment public sans même chercher à comprendre où ils étaient. Derrière le comptoir qui se trouvait au fond de la salle, un énorme téléphérique pouvant contenir une dizaine de personnes était à l’arrêt et décroché de ses fils qui le tireraient en temps usuels vers l’extérieur. Sofian appuya fortement sur une cloche au comptoir, agacé que personne ne les accueille. Une femme au visage creux et au regard peu sympathique arriva depuis une porte de service.
— Bonjour madame, intervint Timmy avec une bonne humeur dans la voix avant que Sofian ne parle, nous sommes un peu perdus. Nous essayons de nous rendre à Vermilava mais notre Pokénav ne nous indique aucune route qui traverserait la montagne. Pouvez-vous nous aider ?
La femme leva un sourcil et soupira, comme si on l’avait dérangée.
— Normalement, faut prendre ce téléphérique pour y accéder, annonça-t-elle. Mais il est en panne.
— Comment ça, il est en panne ?
Flora regarda de loin ses deux amis discuter au comptoir d’accueil et s’occupa à nouveau de son Skitty qu’elle essayait de sécher dans un essuie de bain propre. Le petit pokémon éternua en se débarrassant de l’eau qui se trouvait dans ses poils.
— Oh non, j’espère que tu n’es pas malade, dit la jeune fille d’une voix douce. À peine capturée et voilà déjà ce que je te fais subir…
La porte du bâtiment s’ouvrit à la volée et une jeune femme entra en toute hâte, mouillée de la tête au pied. Elle jeta sa longue chevelure rousse dégoulinante derrière elle et essaya d’éponger son jeans bleu sous son court top rouge. La jeune femme croisa le regard de Flora et toutes deux se reconnurent alors.
— Flora !
— Addie ! Quelle bonne surprise !
Addie la rejoignit au pas de course et les deux filles s’entrelacèrent amicalement.
— Un Skitty ? remarqua Addie après quelques secondes. Je ne le connais pas celui-là, tiens !
— C’est normal, je viens seulement de la capturer. Comment vas-tu, depuis tout ce temps ?
— On peut pas dire que ça aille fort, marmonna Addie sombrement. Ça fait un mois que j’essaie de me rendre à Vermilava mais impossible, tous les chemins que je connais sont bloqués. Y a bien un moyen de rentrer dans cette ville, non ? Où sont tes amis, au fait ?
— Justement, je crois qu’ils essaient de se renseigner là-bas. Je ne sais pas pourquoi ça prend autant de temps, et à la limite je m’en fiche…
Flora lui indiqua Sofian et Timmy en conversation au comptoir et toutes deux les rejoignirent.
— Alors comme ça, on va défier le champion de Vermilava ?
Sofian fit volte-face et reconnut à son tour Addie.
— J’aimerais bien, mais apparemment le téléphérique est en panne, expliqua-t-il après que le groupe se soit échangé les amitiés.
— En panne ? répéta Addie.
— Oui, en panne ! s’énervait la réceptionniste. Je vais pas le répéter vingt-cinq mille fois ! En panne, muerto, kaputt !
— Mais, ce que j’essaie de savoir, c’est comment les habitants de Vermilava entrent et sortent de leur ville ? répéta Timmy, comme si la femme ne lui avait toujours pas répondu.
— Mais qu’est-ce j’en sais moi ? lui répondit impoliment la réceptionniste. Z’avez l’impression qu’j’y vis ? C’est en panne, et c’est tout. Si vous voulez aller à Vermilava, trouvez un autre chemin ! Merci de fermer la porte quand vous sortez !
Et la réceptionniste les quitta par la porte de service.
— Je lui ferai voir des « en panne », moi, s’emporta Addie dont la peau virait au rouge sous le coup de la colère.
— Pas d’accès à Vermilava, donc ? résuma Flora. C’est embêtant…
Elle afficha un petit sourire satisfait à l’intention de Sofian qui resta muet d’agacement. Flora venait donc de gagner par forfait.
— Ouais ben j’ai pas dit mon dernier mot ! annonça Addie. Je ne voulais pas passer par ce chemin, mais si c’est le seul accès à Vermilava, faudra bien y aller.
— Il y a un accès pour Vermilava ?! s’exclama soudain Sofian, sautant sur l’occasion pour reprendre l’avantage sur Flora qui se crispa.
— Ouaip ! Le Chemin Ardent, annonça Addie en se dirigeant vers la sortie. Même si c’est à la base un chemin qui relie les deux parties de la Route 111 vers Autéquia.
Le visage de Flora se détendit à nouveau et celle-ci suivit Addie à la trace, poursuivie de près par un Sofian surexcité. Timmy laissa son crâne tomber sur le comptoir de la déception, fatigué.
— Vermilava ou Autéquia, c’est reparti… soupira-t-il en retenant une larme de couler.

Pokémon #201e
Chemin Ardent
Sofian n’eut besoin de pas plus de deux minutes pour comprendre les raisons pour lesquelles Addie n’avait gardé le Chemin Ardent qu’en cas de force majeure pour rejoindre Vermilava. Consistant en un très étroit passage tout juste taillé dans la roche de la montagne au centre de Hoenn — si étroit que son entrée circulaire les avait forcé à ramper un par un pour y accéder —, le Chemin Ardent portait bien son nom, même si l’adjectif « ardent » avait été sous-estimé d’après Sofian. En effet, dans ce couloir éclairé par sa roche étincelante de lumière rouge, la chaleur qui y régnait était à la limite du supportable. Jamais Sofian n’avait rencontré une telle difficulté à respirer tellement la chaleur l’étouffait. Jetant un coup d’œil inquiet à son faible ami, il remarqua que le visage de Timmy avait viré au rouge et qu’il s’était débarrassé de sa chemise, révélant un torse maigre et des côtes apparentes sous sa peau quasi translucide. Malgré cela, le jeune garçon suffoquait péniblement, sa maladie respiratoire le faisant redoubler d’effort. Très vite, Flora s’était portée à son secours en invoquant son Gobou qui s’était mis à asperger le corps de Timmy toutes les trente secondes. La chaleur était telle que les attaques aquatiques de Gobou s’évaporaient en quelques instants, créant un nuage de vapeur sur leur passage.
— Ne vous inquiétez pas, le chemin n’est pas très long, rassura Addie. C’est parce qu’il est pénible à pratiquer, mais nous serons de l’autre côté dans quelques minutes. Encore un petit effort.
— Qui a eu l’idée de creuser un tunnel dans cette fournaise ? se plaignit Sofian en prenant le bras de Timmy autour de son cou afin de l’aider à avancer.
— C’était principalement pour créer un passage entre la métropole de Lavandia et le petit village d’Autéquia au nord de Hoenn, afin d’éviter de traverser le désert dangereux, expliqua Addie en menant la marche.
— Je me demande si je n’aurais pas préféré traverser le désert, commenta Flora.
— C’est pas faux, approuva Sofian.
Flora ne releva pas la remarque approbative de Sofian et reprit la conversation avec Addie. Sofian préféra aider Timmy à avancer plutôt que de poursuivre ses tentatives désespérées à renouer un lien amical avec la jeune fille.
— Le Chemin Ardent a été creusé le long du Mont Chimnée, le volcan de Hoenn, révéla Addie.
— Voilà donc pourquoi je me sens comme un poulet rôti ! s’amusa Flora.
— Mais vous savez, cette chaleur n’est pas si normale que cela, s’inquiéta Addie. Certes, nous sommes près du volcan, mais je me souviens qu’il y a une dizaine d’année, beaucoup de pèlerins pratiquaient ce chemin pour se rendre à Vermilava notamment et qu’il faisait au pire une trentaine de degrés. Je ne sais pas pourquoi, mais ces derniers temps, il semblerait que le volcan ait repris ses activités alors que tous les scientifiques de la région s’accordaient à dire qu’il était sur le point de s’éteindre…
Après quelques instants de marche pénible dans une chaleur étouffante, le chemin sembla s’élargir. Au bout du large couloir qui se présentait à eux, un minuscule rayon de lumière indiquait la sortie du Chemin Ardent.
— Voilà, c’est ici que nous nous quittons, dit Addie en s’arrêtant.
Sofian essuya une vague de sueur sur son front à l’aide de son gilet qu’il avait noué autour de sa taille et sembla ne pas comprendre.
— Quand vous sortirez, vous serez de l’autre côté de la montagne. Il suffira de suivre la Route 111 à nouveau pour arriver à Autéquia.
— Mais… je pensais qu’on allait à Vermilava ! balbutia Sofian qui se sentait piégé.
— Je suis désolé, Sofian, mais je préfère ne pas vous emmener avec moi, s’excusa Addie. J’avais sous-évalué la pénibilité du trajet et de la chaleur, et le chemin vers Vermilava s’enfonce encore plus vers le volcan. Je ne voudrais pas que Timmy soit trop affaibli…
Appuyé contre l’adolescent, Timmy leva la main pour toute réponse, incapable de la remercier en prononçant un seul mot qui pourrait l’empêcher de respirer.
— Ne t’en fais pas, c’est déjà bien gentil de ta part de nous avoir escortés jusqu’ici, remercia poliment Flora.
— Pour te réconforter, Sofian, sache que cet endroit grouille de Chartor ! ajouta Addie en montrant des rochers discrets le long des murs. Si tu arrives à reconnaître les pokémons des rochers, tu peux te faire une belle équipe car ce sont des pokémons feu redoutables !
Sofian considéra l’idée qui lui sembla intéressante. Il échangea un bref regard avec Flora qui ne le lui rendit pas et se rendit compte qu’étrangement, Flora n’avait pas ce sourire si triomphant qui la caractérisait tant quand elle avait gagné une dispute. Flora agissait bizarrement, ce qui avait le don d’agacer Sofian au plus haut point.
— Timmy ! s’exclama une voix féminine dans leur dos.
Les quatre voyageurs firent volte-face et eurent bien du mal à reconnaître le garçon qui courait vers eux depuis la sortie du chemin. Jeans délavé et troué, retroussé jusqu’aux genoux, baskets sportives poussiéreuses, t-shirt noir trempé de sueur, courts cheveux marrons plaqués sur son front au-dessus d’une paire d’yeux verts pétillants : il était tout à fait normal que Sofian ne reconnût pas le garçon qui approchait d’un pas précipité étant donné que c’était en réalité une fille. Sofian la reconnut enfin grâce à son Rosélia de taille démesurée.
— Annick ! s’exclama Flora en tendant les bras, réjouie. Quelle belle surprise !
Mais la coordinatrice qu’ils avaient rencontré à Poivressel, et avec qui Flora s’était très vite bien entendue, ignora la jeune fille et se jeta dans les bras d’un Timmy déstabilisé. Sofian lut dans le regard d’Annick une certaine appréhension, sentiment qui se transféra dans les yeux de Timmy alors qu’elle chuchotait quelque chose de discret à son oreille. Une fois l’étreinte relâchée, Timmy semblait tout aussi effrayé qu’elle et jetait des regards de tous côtés.
— Et ben alors, tu n’es pas heureuse de me voir, moi aussi ? demanda Flora d’une voix amusée en réinvitant Annick à l’enlacer.
Alors que les deux filles se faisaient la bise, Sofian fronça des sourcils en échangeant un regard avec Timmy qui feignit de nouer ses lacets. Sofian s’agenouilla auprès de lui tandis que Flora était lancée dans une conversation qu’Annick n’écoutait pas.
— Nous sommes suivis, murmura discrètement Timmy à l’oreille de Sofian. Annick a vu à plusieurs reprises deux personnes la suivre et se cacher à chaque fois qu’elle les repérait. Tu penses à ce que je pense ?
Sofian se releva d’un coup, tendit le cou vers les murs escarpés et remplis de rochers derrière lesquels il était facile de se cacher, et scruta du regard dans la pénombre.
— Alors comme ça tu préfères d’abord saluer Timmy ! s’amusait toujours Flora qui n’avait rien remarqué. Mais je sais pourquoi. Addie, tu savais qu’Annick connaît Timmy mais que Timmy ne sait absolument pas qui elle est ? Ah mais je suis bête, tu ne connais même pas Annick. Je te présente une des plus talentueuses coordinatrices que j’aie eu la chance de rencontrer ! On a participé toutes les deux au concours de Poi…
— ILS SONT LA ! s’exclama tout à coup Sofian.
Un serpent fendit l’air et balaya de sa queue Gobou et Rosélia qui furent propulsés contre une des parois du Chemin Ardent. Flora poussa un cri de surprise alors qu’Écrapince apparaissait pour défendre le groupe. Mais un Cacnéa sortit de l’ombre et abattit son poing contre le pokémon aquatique qui chuta aux pieds de son maître.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? s’écria Addie, perdue par les évènements.
Trois ombres se dessinèrent devant eux, révélant deux adultes et un pokémon chat.
— Alors, on se promène ? s’amusa l’homme.
— Ça faisait longtemps qu’on ne s’était plus vu, dites-moi ! fit remarquer la femme.
— La Team Rocket ! reconnut péniblement Timmy.
— La quoi ? bégaya Annick que Flora avait tiré derrière elle pour la protéger des malfrats.
— Je les avais complètement oubliés, ces trois-là ! soupira Sofian.
— Alors comme ça, on ne se voit plus pendant une semaine, et on ne passe même pas un petit coup de fil ou on n’envoie même pas une Lettre Rétro pour nous raconter vos aventures ? ironisa Jessie.
— Et pourquoi pas un colis avec nos pokémons ! répliqua Sofian avec sarcasme.
— C’est une idée… avoua James. Mais entre nous, nous n’avons pas besoin de cela pour avoir vos pokémons. De toute manière, ils ne nous intéressent pas pour l’instant.
— Qu’est-ce que vous faites ici, alors ? demanda agressivement Flora.
— Pourquoi me suiviez-vous ? interrogea Annick, perplexe, sans trop savoir quelle attitude adopter.
— Ce n’est pas toi qu’on suivait, gamine, rétorqua Jessie. Et cela ne vous regarde pas !
— Arcko, MAINTENANT ! s’écria subitement Timmy qui était resté silencieux.
Le pokémon plante du jeune garçon sortit de sa cachette et frappa de sa queue le Seviper de Jessie qui fut propulsé contre un rocher sur lequel il s’écrasa violemment. Le rocher bondit dans les airs en poussant une plainte ; une tête et quatre pattes apparurent sous la carapace du pokémon qui venait d’être réveillé.
— Un Chartor ! reconnut Addie avec frayeur.
— Pff, une limace qui ne méritait même pas d’être touchée par les écailles précieuses de mon Seviper, ragea Jessie. Seviper, attaque « queue… »
— Non ! Vous ne comprenez pas ! interrompit Addie. Mettez votre querelle de côté parce que…
Le Chartor lança un regard noir transperçant au groupe d’humains et poussa une nouvelle plainte assourdissante. Tout autour de lui, des dizaines de rochers se mirent en mouvement et révélèrent tous les Chartor qui avaient été dérangés.
— Ils vont charger ! prévint Addie.
Sofian eut à peine le temps de faire disparaître son Écrapince dans sa pokéball. Le sol se mit à trembler férocement sous les coups de pattes violents des Chartor enragés qui leur foncèrent dessus. Prise de panique, Addie courut vers la sortie du Chemin Ardent poursuivie par la Team Rocket, alors que le reste du groupe fut pris dans la horde de Chartor qui les compressa les uns contre les autres. Flora manqua de trébucher à plusieurs reprises, mais fut plaquée contre une des parois de la grotte, poussée par la force écrasante du troupeau de pokémons. Elle entendit Timmy pousser un cri de stupeur alors qu’Annick disparaissait de son champ de vision. Sofian tomba à la renverse et se protégea la tête à l’aide de ses mains, priant pour qu’aucun Chartor ne le piétine. Quand la horde de pokémon se fut enfuie et que le calme et la poussière étaient retombés dans le Chemin Ardent, Sofian se releva difficilement dans l’obscurité totale.
Il fit appel à son Galifeu pour illuminer les alentours grâce à sa capacité spéciale « flash », et la boule de feu qui apparut dans son bec éclaira un couloir vide, à l’exception d’une Flora essoufflée.
— J’ai bien cru qu’on allait y passer, soupira-t-elle. Où sont les autres ?
— Aucune idée, marmonna Sofian en cherchant du regard tout autour d’eux après leurs amis disparus. Ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’il fasse aussi noir tout d’un coup…
— Regarde !
Flora pointa du doigt la sortie du Chemin Ardent qui était bouchée par la présence d’un Chartor coincé dans le trou. Sofian s’approcha du pokémon dont seules les fesses étaient apparentes.
— Tu crois qu’ils sont dehors ?
— TIMMY ! cria Sofian en se collant le plus possible au Chartor qui bloquait la sortie.
Aucune réponse ne leur parvint.

Les Chartor s’enfuirent dans la forêt, se cachant de la pluie torrentielle qui s’abattait sur la route boueuse, et Addie eut du mal à reprendre sa respiration. La fraîcheur de la Route 112 la déstabilisa un instant. Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle crut percevoir quelques cris étouffés par le vacarme infernal de la pluie qui tombait contre les feuilles des arbres. Derrière elle, un Chartor bloquait la sortie du Chemin Ardent et semblait blessé par les gouttes d’eau violentes qui lui tombaient dessus. Elle reconnut enfin la voix de Flora de l’autre côté du pokémon.
— Je vais bien ! cria-t-elle difficilement en manquant d’avaler de l’eau. Pauvre Chartor, on va essayer de te sortir de là.
Addie amorça un geste vers le pokémon qui sortit les crocs et manqua de lui arracher un doigt.
— Mais enfin, il faudra bien que tu te laisses faire si tu veux que je t’aide à te débloquer, parlementa-t-elle. Ne t’en fais pas, tout va bien se…
Une douleur violente lui fracassa le crâne et Addie s’effondra au sol. Jessie lâcha le rocher dont elle venait de se servir pour assommer la jeune femme et James poussa leur victime au sol sur le dos de façon à voir son visage. Chartor prit peur et se cacha rapidement dans sa carapace.

Pokémon #201b
Les derniers Chartor enragés disparurent au détour d’un couloir, et Timmy se laissa tomber sur les genoux, épuisé, à côté de son Arcko déboussolé. Le couloir dans lequel il avait été emporté devait être près du volcan tant la chaleur était insupportable. Essoufflé et suffoquant, Timmy tenta de se relever mais ses bras lâchèrent et il faillit bien se retrouver le nez en premier contre le sol brûlant du Chemin Ardent si on ne l’avait pas retenu. Se servant du bras salvateur afin de se remettre sur pieds péniblement, Timmy perçut à travers la faible lueur rouge que dégageaient les parois rocheuses la silhouette d’Annick avec qui il avait été séparé du groupe.
— Encore un peu, et on était réduits à l’état de crêpes par ces tortues, lança-t-elle sur un ton amusé alors qu’elle faisait rentrer sa Rosélia blessée dans sa pokéball.
— Au moins, tu le prends bien, marmonna Timmy qui peinait à reprendre son souffle.
— Bah ! Ça aurait pu être pire ! relativisa son amie. Le tout, c’est de savoir où ils nous ont poussé pour pouvoir retrouver la sortie.
Les deux jeunes adolescents scrutèrent le couloir dans l’obscurité et remarquèrent très vite qu’ils étaient en réalité à la croisée d’une demi-douzaine de chemins.
— Une chance sur six de retrouver la sortie… calcula sombrement Annick.
— Je sais ce qu’on peut faire.
Timmy sortit une pokéball de sa poche et fit apparaître son petit Tarsal chétif.
— Tarsal a le pouvoir de sentir les émotions des gens qui se trouvent autour de lui, expliqua Timmy à la jeune fille fascinée. Il m’a souvent aidé à… me remettre de mes propres émotions en me transmettant les siennes.
Timmy s’agenouilla auprès de son pokémon qui semblait souffrir lui aussi de la chaleur étouffante de la grotte.
— Tarsal, peux-tu essayer de détecter l’émotion de Sofian ou de Flora et nous montrer quel couloir emprunter pour les rejoindre ? demanda gentiment Timmy en respirant difficilement.
Tarsal se concentra un instant avant d’afficher une mine souffrante et de sauter dans les bras de son maître.
— Qu’est-ce qu’il a ? s’inquiéta Annick.
— Il est trop submergé par mes propres émotions, soupira Timmy, car nous sommes intimement liés. Écoute, Tarsal, essaie de faire abstraction de moi et cherche Sofian avec qui tu as passé le plus de temps après moi. Prends tout le temps qu’il te faut…
Blotti dans les bras de son maître, les cornes sur la tête de Tarsal s’activèrent et le pokémon afficha une mine apeurée. Timmy lança un regard inquiet à Annick qui comprit immédiatement que Sofian était en difficulté de son côté. Tarsal indiqua le chemin sur leur gauche et les deux jeunes adolescents se mirent en route, Arcko fermant la marche.
Timmy n’avait pas l’impression d’avoir tant marché que cela mais après plusieurs minutes, la chaleur insoutenable fit paraître les minutes aussi longues que les heures. Tout autour d’eux, de nombreux couloirs venaient se déverser dans celui qu’ils empruntaient et à plusieurs reprises, ils durent faire un choix entre deux chemins à suivre.
— Je ne me souviens pas que c’était aussi compliqué de s’y retrouver ici… fit remarquer Annick.
— Tu as déjà emprunté le Chemin Ardent ? demanda Timmy, intrigué par le passé de sa nouvelle amie.
— Mais enfin, tu ne t’en souviens pas ? s’étonna Annick.
Timmy resta muet, dubitatif.
Nous avons déjà emprunté le Chemin Ardent, précisa Annick.
— Je ne comprends pas… avoua Timmy, perdu.
— Nous sommes venus visiter les lieux quand nous étions en maternelle ensemble, révéla Annick, quelque peu vexée. Tu as vraiment une courte mémoire !
— Attends, attends !
Timmy arrêta sa marche, désemparé.
— Tu veux dire qu’on se connait d’avant notre rencontre à Poivressel ? Réellement ?
— Mais bien sûr enfin ! Dis, tu me fais une blague ?! Tu ne te souviens pas d’avoir visité le Chemin Ardent quand on avait six ans ?
— Six ans ? Avec toi ?
— Que tu ne te souviennes pas de tout, c’est normal, mais cette visite-là, c’est quand même compliqué à ne pas s’en souvenir ! C’était la fois où on a évité le drame à cause de la Team Magma qui prévoyait un attentat, à l’époque où personne ne savait que ces terroristes existaient ! L’affaire à fait le tour de tous les journaux parce que notre classe était en voyage scolaire sur le moment des faits ! On a même fait la première de couverture de Vergazon Magazine ce mois-là !
Timmy sentit ses jambes menacer de lâcher. Comment pouvait-il être complètement incapable de se souvenir d’un tel évènement qu’il lui était arrivé dans sa vie, et surtout d’avoir fréquenté Annick dans sa plus tendre enfance alors qu’elle-même se souvenait très bien de lui.
— Je suis sincèrement désolé, mais je n’ai aucun souvenir de ça, s’excusa Timmy.
Choquée, Annick reprit leur marche sans lui adresser un seul mot de plus.
— Je t’assure que…
Mais Annick ne lui répondit pas. Ils venaient d’arriver face à un mur de rochers qui bloquait l’accès à la suite du couloir.
— Oh, c’est pas vrai ! s’exclama Annick, épuisée par leur marche inutile.
Timmy se laissa glisser contre le mur et s’assit aux pieds des rochers, déprimé.

Pokémon #201l
— Puisque je te dis qu’il faut le pousser !
— Mais enfin ! S’il n’est pas arrivé à passer, c’est que c’est impossible de le pousser ! Il faut le tirer !
— Ben vas-y, dis-moi comment on tire une tortue qui s’est cachée dans sa carapace ! Il faut le pousser, c’est plus simple !
— Mais complètement inutile ! On n’a qu’à utiliser la douceur de mes pokémons pour le tirer délicatement !
— Ça ne servira à rien si tu ne peux pas tirer sur ses pattes ! Galifeu a assez de force pour le pousser hors de ce trou !
— Raaaah ! Ça va, t’a gagné, comme toujours !
Flora recula de quelques pas féroces et croisa les bras en s’appuyant contre un mur. Sofian soupira, énervé, ordonna à son Galifeu d’extirper le pokémon hors de son piège. Galifeu poussa de toutes ses forces sur la carapace du Chartor. Redoublant d’effort en commençant à donner de violents coups de poing contre la carapace, rien n’y fit : Chartor ne bougea pas d’un centimètre.
— Mh ! s’amusa Flora de son côté.
— Ben vas-y, fais-le puisque tu es si maline ! s’emporta Sofian.
— C’est bien de reconnaître qu’on a tort quelques fois, piqua Flora.
Elle fit apparaître Skitty à laquelle elle ordonna de chatouiller le pokémon à l’aide de sa queue. Chartor fut parcouru d’un spasme et une de ses pattes s’extirpa hors de la carapace. Flora en profita pour l’agripper et le tirer aussi sèchement que possible vers elle. Mais le pokémon poussa un cri de douleur et se replia à nouveau sur lui-même après avoir donné un violent coup de patte contre Flora qui tomba à la renverse.
— C’est bien de reconnaître qu’on a tort quelques fois, répéta Sofian avec sarcasme.
— Sauf que moi, je le reconnais quand j’ai tort, répliqua Flora en se relevant.
— Et que moi, j’ai toujours raison ! rétorqua Sofian.
La dispute reprit entre les deux adolescents dont les voix explosèrent dans le couloir dans lequel ils étaient confinés. Galifeu et Gobou reculèrent de quelques pas apeurés de leurs maîtres.
— …et c’est toujours TOI le plus INTELLIGENT… !
— …tu n’es JAMAIS contente… !
— …tu crois tellement que PERSONNE ne t’arrive à la cheville… !
— …et tu RÂLES, et tu BOUDES, et tu fais la GUEULE… !
— …mais en fait t’es qu’un RATÉ !
— …mais si tu la fermais plus souvent, tu rendrais mon voyage tellement plus SYMPA !
— QUOI ?!
Flora resta bouche bée, incapable de prononcer un mot de plus tellement la colère qu’avait suscité la dernières phrase qu’avait prononcé Sofian lui était transcendante.
— Dès que je sors de cette grotte, dit-elle enfin d’une voix cassée, je te laisse à « ton voyage sympathique » et je me barre de mon côté.
— Parfait ! Bien vite qu’on se débarrasse de ce Chartor ! répliqua Sofian brûlant de rage.
Sur ces mots, Sofian ordonna à nouveau à son Galifeu d’attaquer le Chartor.

La pluie tombait drue sur le corps inerte de la jeune femme aux cheveux roux. Alors que James s’assurait que le passage était toujours bien bloqué afin qu’on ne les rejoigne pas, Jessie fouilla dans le sac à dos de leur victime et en extirpa deux pokéballs et une carte de dresseur de couleur bronze. Mais avant de pouvoir lire le nom sur la carte de dresseur, le Chartor poussa un cri de douleur, sortit de sa carapace et envoya des boules de feu dans toutes les directions.
— Qu’est-ce que… ?!
Jessie et James se jetèrent au sol boueux afin d’éviter les attaques intempestives du Chartor terrorisé et Addie se réveilla en sursaut sous les cris déchirants du pokémon.
— Team Rocket ! s’exclama Addie, révoltée.
Jessie et James se relevèrent d’un coup alors que le Chartor arrêtait sa pluie de boules de feu.
— Vous êtes les voleurs du sous-marin du Capitaine Poupe, c’est ça ? Il me semblait bien vous avoir reconnu !
— Je ne sais pas qui tu es, mais une chose est sûre, c’est que tu ne vas pas faire long feu contre nous ! menaça Jessie en lui montrant ce qu’elle tenait en main.
D’un coup d’œil, elle remarqua que Jessie tenait entre ses doigts ses deux pokéballs. En un éclair, un Cacnéa et un Papinox apparurent aux côtés des malfrats.
— On voit que vous ne savez pas à qui vous avez à faire, se défendit Addie. Laissez-moi vous expliquer à quel point vous avez fait erreur en nous attaquant. Je n’ai besoin que de ce Chartor non apprivoisé.
— Laisse-moi rire ! Cacnéa, « dard-nuée » !
— Papinox, « dard venin » !
Les deux pokémons s’exécutèrent, et Addie se jeta sur le côté au dernier moment afin d’éviter les attaques qui fusèrent en direction d’un Chartor paniqué. Le pokémon se prit les dards différents en pleine figure et s’excita de plus belle, envoyant ses boules de feu dans toutes les directions.
— Vise tes agresseurs, Chartor ! ordonna Addie.
Mais le pokémon manqua largement ses cibles et la Team Rocket éclata de rire.

Pokémon #201o
La corne de Tarsal s’illumina à nouveau et le petit pokémon afficha une mine réjouie sans rien ajouter de plus.
— Alors ? demanda Annick, sortant de son silence.
— Apparemment, on serait au bon endroit d’après sa réaction, marmonna Timmy. J’ai surestimé ses pouvoirs, Tarsal n’est pas capable de repérer les émotions des personnes qui se trouvent trop loin de lui et avec qui il n’a pas énormément de liens affectifs.
— Mais il a l’air réjoui, et ni toi ni moi avons cette émotion en ce moment… fit remarquer Annick.
— Il a sûrement dû se connecter avec un Galekid quelque part dans les parois rocheuses, qui sait…
Timmy abandonna et fit un câlin à son pokémon en guise de remerciement pour ses efforts. Annick sourit, elle aussi assise contre le mur de rochers.
— Tu as l’air très attaché à tes pokémons, constata-t-elle. C’est sympa de voir enfin un dresseur qui en prend bien soin.
— En réalité, je ne suis pas vraiment dresseur, avoua Timmy. En fait, je n’ai que quinze ans, donc je n’ai pas l’âge légal pour voyager avec plus d’un pokémon à mes côtés. Mais mon état de santé fait que j’ai pu obtenir une dérogation spéciale, grâce notamment au champion de Clémenti-ville, le papa de Sofian.
— Sofian est le fils de Norman Match ? s’exclama Annick, ahurie.
— Ouaip !
— Mais quel est le lien avec toi ?
— J’ai vécu toute mon enfance chez mon oncle et ma tante à Clémenti-ville à cause de ma maladie. Mais cet été, j’ai dû… rejoindre à tout prix Vergazon, mon village natal où vivent mes parents. N’ayant pas d’argent pour voyager, j’ai pu obtenir un permis spécial pour voyager avec des pokémons. C’est comme ça que je me retrouve avec un Tarsal qui peut m’apaiser psychologiquement et un Arcko qui arrive à calmer mes quintes de toux et mes crises d’asthme. Mais je ne peux pas participer à des compétitions comme la Ligue Pokémon ou les Concours de Coordination. Donc me voilà parti pour Vergazon en compagnie des deux électrons libres que tu connais…
— Je comprends mieux à présent où tu as disparu du jour au lendemain…
— Comment ça ?
— Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? demanda à nouveau Annick, comme si d’une seconde à l’autre, Timmy allait remettre la main sur ses souvenirs du passé.
— Je suis sincèrement désolé, mais je n’ai aucun souvenir de toi, Annick… répondit Timmy, véritablement peiné.
Annick soupira, triste.
— Quand nous étions petits, nous étions élèves dans la même école à Vergazon, expliqua Annick. Et toi et moi… nous étions quand même assez proches. Je me souviens qu’on n’avait pas d’autres amis parce que j’étais plutôt marginale et que toi, bah tu n’étais pas un enfant facile. Nous avons fait toutes nos maternelles ensemble, et nous étions un peu comme chien et chat, tout le temps à se disputer mais jamais à se séparer. Et puis, après ce fameux voyage dans le Chemin Ardent qui a mal tourné, tes parents t’ont retiré de l’école et tu as disparu de la circulation. D’après mes parents, ils t’auraient envoyé dans une école qu’ils considéraient moins dangereuse. Je comprends maintenant où tu étais : ils t’avaient envoyé à Clémenti-ville. Je t’avoue que mes parents étaient plutôt contents que je ne traîne plus avec toi parce que… j’imagine que tu ne t’en souviens pas mais tu étais un enfant assez violent.
Timmy ne sut que répondre.
— Écoute… Je… je suis désolé si je t’ai fait du mal quand j’étais petit, ou même en me souvenant pas de toi…
— Ne t’en fais pas, je comprends.
— Non, je m’en veux vraiment. Je n’ai véritablement aucun souvenir de mon enfance, révéla Timmy avec tristesse. D’après ce que mon oncle et ma tante m’ont raconté, j’ai été frappé par une maladie assez rare à l’âge de six ans et on m’a amené dans une clinique spécialisée à Clémenti-ville pour essayer de me soigner avec l’aide des meilleurs médecins de Hoenn. Malgré tout, je suis resté très faible depuis : je n’ai pas beaucoup de force, je fatigue très vite, j’ai souvent des crises d’asthme, mon quota de stress est plus important que chez n’importe quel adulte, et parfois j’ai même quelques problèmes cardiaques qui m’obligent à me reposer pendant quelques jours. Tout cela m’a beaucoup affecté psychologiquement. C’est pourquoi on a préféré me laisser à Clémenti-ville où j’avais adopté de nouveaux repères tellement les hospitalisations étaient courantes.
Annick écouta attentivement la narration de Timmy qui semblait très ému.
— Quand tu dis que j’étais un enfant violent… je ne peux que te croire parce que j’ai toujours entendu autour de moi dire que j’étais l’enfant le plus sage de tout Clémenti-ville. Mais finalement, je me rends compte que je n’ai aucun souvenir de ma vie d’avant ma maladie. Le souvenir le plus lointain auquel je me raccroche, c’est m’être réveillé après un mauvais rêve, terrorisé car j’étais convaincu que j’allais mourir jeune.
— Ce n’était qu’un rêve, rassura Annick, la gorge sèche par l’émotion.
— C’est à partir de ce moment que ma santé a commencé à défaillir, précisa Timmy.
Annick resta muette.
— Je te demande pardon pour t’avoir fait la tête tout à l’heure, dit-elle après un moment de silence tendu.
— Je te demande pardon pour t’avoir vexé en ne me souvenant pas de notre passé commun, répondit Timmy tout aussi mal-à-l’aise.
Annick serra délicatement sa main et Timmy afficha un petit sourire discret. Un silence ému s’installa entre eux et chassa la sombre ambiance que le récit de Timmy avait amenée. La corne de Tarsal s’illumina à nouveau et le pokémon afficha un sourire satisfait en pointant le plafond de son doigt. Timmy et Annick lancèrent un regard vers le plafond rocheux et sursautèrent : caché dans un boyau ténébreux, un Miaouss prenait des notes sur un calepin, un sourire satisfait aux lèvres.
— Team Rocket ! s’exclama Timmy en le reconnaissant.
— C’est au Miaouss que tu parles ? s’étonna Annick.
Mais Miaouss s’était déjà enfui dans la large fissure dans le plafond.
— Il faut l’arrêter ! s’empressa Timmy.
À l’aide d’Arcko et Tarsal, le jeune garçon grimpa au mur de rochers et arriva à atteindre la fissure dans le plafond, dans laquelle il s’infiltra en quelques secondes à la poursuite du Miaouss. Perplexe, Annick le suivit à toute vitesse.
— Mais pourquoi on court après un Miaouss ?!

Pokémon #201q
— Mais vise un peu, Chartor ! s’impatienta Addie qui roulait au sol pour éviter un coup de poing de Cacnéa.
Le Chartor paniqué envoya une boule de feu vers le papillon qui voletait dans les airs, mais la boule de feu s’évapora à cause de la pluie infernale avant même de toucher sa cible.
— Non seulement il n’est pas capable de viser, mais en plus ses attaques sont ridicules ! se moqua Jessie, satisfaite.
— Cacnéa, terminons-en maintenant !
Le petit cactus vert lança une nuée de dards en direction d’Addie qui s’était relevée. Mais celle-ci fit preuve de toute la grâce dont elle était capable pour éviter l’attaque en se pliant en deux. Les dards fusillèrent Papinox qui tomba contre sa maîtresse, chutant tous les deux au sol. Addie lui arracha ses pokéballs de la main et courut rejoindre Chartor en se tenant le flanc, touché par un dard qu’elle arracha d’un coup vif en se mordant la langue de douleur.
— Chamallot, il est temps de se défendre un peu ! s’exclama Addie en faisant apparaître son pokémon face aux malfrats.
— Mais c’est qui cette morveuse intouchable ?! s’emporta Jessie.
— Vous voulez savoir qui je suis ? Vous voulez vraiment savoir à qui vous vous êtes stupidement attaquée ? Jetez donc un coup d’œil à la carte de dresseur que vous avez en main !
James jeta un coup d’œil derrière l’épaule de Jessie qui brandit la carte de dresseur d’Addie. Celle-ci fut satisfaite de déceler dans les yeux des deux agresseurs une lueur de panique qui les envahit à la découverte de son identité.

— Galifeu, arrête !
Galifeu s’exécuta et laissa enfin le Chartor tranquille.
— Je n’entends plus rien, constata-t-il.
Flora l’ignora, croisement durement les bras derrière lui.
— Flora, je n’entends plus Addie combattre la Team Rocket ! répéta Sofian, la voix tremblante.
L’adolescente comprit enfin la situation terrifiante dans laquelle ils se trouvaient et concéda à mettre leur différend de côté. Elle délia ses bras et courut vers l’arrière-train du Chartor devant lequel Sofian se trouvait.
— Il faut vraiment qu’on sorte d’ici pour aider Addie ! pressa Flora.
— Qu’est-ce que tu crois que j’essaie de faire tout seul depuis tout à l’heure ? Tu ne…
— On n’a pas le temps de se prendre la tête à nouveau ! interrompit Flora. Alors soit on travaille ensemble, soit on finit étouffés dans cette grotte et on laisse la Team Rocket s’occuper du corps d’Addie !
— D… d’accord, balbutia Sofian. Je te propose de…
Mais Sofian se ravisa rapidement :
— Qu’est-ce que tu proposes qu’on fasse ? demanda-t-il enfin.
— On va élaborer un plan avec nos sept pokémons et on va sortir Chartor de là tous ensemble !
Sofian fit apparaître ses trois autres pokémons tandis que ceux de Flora rejoignaient leur camarde déjà présent. Flora et Sofian analysèrent les sept pokémons de types différents.
— Galifeu va tirer ou pousser le plus fort possible, peu importe tant qu’il arrive à le faire bouger, proposa Flora, et on va utiliser le « pistolet à eau » de Gobou et d’Écrapince pour faire glisser plus facilement Chartor dans la roche.
— Très bien ! accepta Sofian. Ton Charmillon peut aussi aider à tirer avec sa sécrétion et Balignon avec les lianes de sa vampigraine. On peut aussi demander à ton Skitty d’affaiblir la paroi rocheuse avec ses coups de queue…
— …et Nirondelle l’aiderait à atteindre toute la roche autour en la prenant sur son dos et en volant autour de Chartor !
Les deux adolescents considérèrent leurs pokémons et imaginèrent leur plan dans leur tête. Satisfaits, ils échangèrent un regard déterminé et se mirent en action.
— Addie, on arrive ! s’écrièrent-ils en chœur.

— Ne me dis pas que… bégaya James.
— …cette femme n’est tout de même pas… bredouilla Jessie.
— Et si, c’est bien moi ! révéla Addie à une Team Rocket désemparée. Et vous allez le regretter ! Chamallot, montre-leur ce qu’est une véritable attaque « flammèche » !
Le petit chameau orange ouvrit la gueule et une multitude d’immenses boules de feu fusa vers Papinox qui fut brûlé vif sur le coup.
— Et maintenant, « bélier » !
Chamallot courut à toute vitesse vers Cacnéa et le frappa violemment de son crâne. Le cactus s’envola dans les airs et s’écrasa dans la boue à des dizaines de mètres derrière son maître.
— Seviper, viens-nous en aide ! ordonna Jessie en faisant apparaître son serpent de deux mètres de long.
— « Ampleur » ! ordonna Addie.
Le pokémon glissa avec rapidité vers le petit chameau mais un tremblement de terre secoua les environs et le pokémon s’écrasa contre la paroi rocheuse du Chemin Ardent qui s’effondra sous le choc dévastateur du pokémon de type sol. Chartor tomba à la renverse sous la pluie et une flopée de pokémons s’extirpa hors de la grotte, suivie de Sofian et de Flora, tous deux dégoulinants de sueur.
— Je crois qu’il est l’heure de se barrer ! s’exclama Jessie en sortant une télécommande de sa poche.
— En espérant que Miaouss ait eu assez de temps pour réaliser sa mission ! pria James.
Jessie appuya sur un des boutons de sa télécommande et une gigantesque ombre assombrit le paysage automnal de la Route 112. Un ballon à l’effigie de Miaouss se déploya et la nouvelle montgolfière de la Team Rocket s’envola.
— Ma carte de dresseuse ! s’exclama Addie alors que James grimpait dans leur engin volant.
Sofian ordonna à son Galifeu d’attaquer et celui-ci lança une boule de feu qui brûla la main de Jessie. Cette dernière lâcha la carte de dresseuse qu’elle avait ravie à Addie et, sans perdre de temps, rejoignit son acolyte dans la montgolfière qui fut bientôt inatteignable.

Pokémon #201u
Timmy s’extirpa hors du boyau serré dans lequel il avançait depuis de longues minutes et sortit à l’extérieur du Chemin Ardent sous une pluie violente. Il aida Annick à sortir à son tour et observa les lieux. D’après le terrain dangereux et rocailleux, ils devaient se trouver au sommet du Chemin Ardent car devant eux se dressait une montagne impressionnante qui disparaissait dans les nuages sombres de la tempête.
— Où est-il ??
— Là !
Timmy se retourna subitement et distingua Miaouss au bord de la falaise, piégé. Les deux jeunes adolescents se précipitèrent vers le chat qui était à présent à leur merci.
— Pourquoi tu prenais des notes ? interrogea agressivement Timmy, essoufflé et épuisé par ces mésaventures.
— Timmy, tu parles à un Miaouss ! s’exclama Annick, complètement largué.
— Ce n’est pas n’importe quel Miaouss, il fait partie de la Team Rocket, expliqua Timmy. Il peut parler et écrire, comme les humains. Regarde ce qu’il tient dans ses pattes !
Miaouss cacha derrière son dos le calepin qu’il avait.
— Tu es sûr que… hésita Annick.
— Fais-moi confiance ! Ce Miaouss est la source de tous nos problèmes depuis des semaines ! Alors, pourquoi est-ce que tu prenais des notes ?!
Mais Miaouss feinta un miaulement et s’assit sur ses pattes arrière dans la position qu’un félin sauvage aurait adoptée.
— Timmy, je crois que tu fais erreur, marmonna Annick.
— Il se joue de nous ! s’emporta Timmy, fatigué. La Team Rocket prépare quelque chose depuis bientôt deux mois, et ce bloc-notes en est la preuve !
Timmy se lança à toute vitesse contre le chat qui hérissa ses poils et jeta son calepin dans le vide avant de faire de même.
— NOOON ! hurla Timmy en s’arrêtant de justesse au bord de la falaise.
Annick rejoignit Timmy en vitesse, effrayée par l’acte du chat, mais très vite, une montgolfière impressionnante prit son ascension dans le ciel tumultueux.
— Venez nous chercher si vous le pouvez !! s’amusa Miaouss, debout dans la nacelle aux côtés de Jessie et James.
— Mais… il parle vraiment ce chat !! s’ahurit Annick.
Et la montgolfière de la Team Rocket disparut dans les nuages noirs.

Addie appliqua la lotion de Super Potion sur la peau du Chartor qui fut soulagé instantanément.
— Ça fait du bien, pas vrai, réconforta Addie.
La tortue orange frotta sa petite tête contre le torse d’Addie et éternua. Un nuage de fumée s’extirpa de ses narines et l’entoura sous les rires amusés des quatre adolescents réunis.
— En tout cas, tu m’as l’air bien nigaud toi… Si tu restes ainsi, tu n’arriveras jamais à survivre dans le monde des pokémons sauvages. Sofian, ça ne te dérange pas si je m’occupe de ce pokémon ?
— Oh non ! Avec tout le mal que je me suis donné pour le faire sortir de ce trou, je ne veux plus jamais avoir affaire à un Chartor ! répondit Sofian, épuisé.
Addie extirpa de son sac à dos une pokéball et la présenta au Chartor.
— Si tu viens avec moi, je vais t’entraîner pour que tu puisses te défendre et être indépendant, expliqua Addie au pokémon apeuré. Regarde Chamallot, tu veux devenir grand et fort comme lui ?
Chartor jeta un coup d’œil au pokémon épanoui d’Addie et accepta la proposition. Dans un flash de lumière rouge, Chartor pénétra dans la pokéball qui émit instantanément un son qui annonçait sa capture.
— Félicitations !
— Voilà une bonne chose de faite, marmonna Addie. Je regrette de ne pas avoir pu arrêter ces voleurs une nouvelle fois. Dès que j’arrive à Vermilava, je préviendrai les autorités de leur présence dans les alentours.
— Je ne sais pas ce qu’ils préparent, ajouta Timmy, mais Miaouss nous a observés Annick et moi et a pris des notes pendant que nous parlions de notre enfance.
— Donc, tout le monde est d’accord pour trouver ça normal qu’un Miaouss parle et écrive ? s’étonna Annick.
— Bienvenue dans la très longue liste des victimes de la Team Rocket ! plaisanta Flora en la prenant par l’épaule.
— Je ne vais plus trop tarder, annonça Addie, je ne voudrais pas attraper la grippe sous cette pluie. Vous voulez toujours aller à Vermilava ?
— Non, nous allons à Autéquia, répondit Sofian avec un sourire honnête.
Mais Flora n’afficha aucune réaction face à la résolution de l’adolescent.
— Annick, toi aussi tu t’y rends pour le concours, non ? se souvint-elle enfin. Ça te dirait qu’on voyage toi et moi ? On pourrait s’entraîner ensemble !
Timmy lança un regard inquiet à Sofian, ayant manqué un épisode, et Sofian sembla tomber des nues. Alors comme ça, Flora avait décidé de mettre en application la menace qu’elle lui avait faite dans un excès de colère.
— Ne m’en veux pas mais je préfère voyager seule, répondit Annick avec politesse. J’ai l’habitude de m’entraîner seule pour élaborer des techniques gracieuses, et je préfère éviter qu’une de mes adversaires ne découvre mes points faibles en voyageant avec moi.
La réponse de la jeune fille sembla attrister Flora.
— C’est ça la dure vie de la coordination ! s’amusa Annick pour détendre l’atmosphère. Se libérer l’esprit en voyageant seul, il n’y a rien de plus sain !
Annick embrassa Flora sur la joue en lui caressant le dos afin de la réconforter, salua poliment Sofian et se tourna vers Timmy qui eut du mal à contenir une grimace émue. Sans ajouter un mot, Annick lui serra brièvement la main, gênée, et partit en direction d’Autéquia en se pressant sous la pluie.
— Allez, je file moi aussi ! annonça Addie. Bien vite qu’on se retrouve à Vermilava quand vous viendrez !
Et Addie retourna dans le Chemin Ardent.
Durant les séparations, Sofian n’avait pas pu prononcer un seul mot face à la mine décidée de Flora. L’adolescente avait décidé de quitter le groupe, et Sofian n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire pour la retenir malgré leur violent différend. Timmy resta muet et en retrait, le regard fixé vers Autéquia, perdu dans ses pensées, un petit sourire aux lèvres.
Sofian amorça un pas vers Flora, sans même savoir ce qu’il pouvait bien lui dire qui allait la faire changer d’avis. C’est alors que Flora se tourna vers eux et prit la parole :
— On ferait mieux de s’y remettre si on veut arriver à temps à Autéquia pour le concours.
Elle enfila sa veste de pluie, posa son sac à dos sur ses épaules et reprit la route sur le sentier boueux, sous une pluie infernale. Sofian soupira, soulagé. Il avait accepté de se rendre à Autéquia ; elle avait accepté de voyager avec lui. Tous deux avaient fait des concessions. Malgré tout, il savait que la dispute n’était pas terminée entre eux deux et qu’ils allaient devoir en reparler un jour.
Timmy soupira de lassitude, comprenant que le voyage allait être de nouveau pénible.

Pokémon #201e
Perdu quelque part dans la tempête de pluie, une montgolfière flottait difficilement dans les airs déchaînés par le vent et la pluie.
— Timmy possède une Tarsal chétif capable de ressentir les émotions des gens qu’il aime et des pokémons alentours, résuma Miaouss, et un Arcko un peu plus doué au combat. Dites, vous saviez que le gosse était malade depuis son enfance ? J’ai noté toute leur conversation dans… MERDE ! Le calepin !
Miaouss chercha dans toute la nacelle après son calepin qu’il avait jeté dans le vide avant de sauter lui-même dans la montgolfière, mais l’objet était introuvable.
— Tu as perdu toutes les notes qu’on a prises sur leurs équipes depuis deux semaines ? se lamenta James.
— C’est pas grave les gars, je pense que le choix était déjà fait depuis le début, intervint Jessie.
Jessie sortit sa main gauche de sa poche avec douleur et analysa l’étendue des brûlures qu’elle avait reçues.
— Nous avons trouvé le pokémon le plus fort de ces gamins, annonça-t-elle en se souvenant de la boule de feu qui l’avait touchée.
Un éclair illumina les alentours.
— Tu veux parler…
— …du pokémon du gosse insupportable ?
— Il est temps d’organiser ce que j’ai décidé d’appeler avec style l’« Opération Galifeu » !
L’orage gronda.

Pokémon #201r
À suivre dans : « Une base secrète peut en cacher une autre »