[Arc III] Chapitre 34 : Découverte mortuaire
Le Symbios ne voulait pas faire ça. Non non non, il aimait ses amis et ne ferait de mal à personne. La dernière discussion qu'il avait eu avec son ancien dresseur lui était restée en travers de la gorge. N lui avait demandé de… tué Célesta si l'occasion se présentait. Et Script avait décidé de le laisser seul au campement avec elle. Etait-ce un signe du destin ? Cosmos avait donc décidé de s'enfermer dans sa tente et de ne pas en sortir avant que les autres reviennent de leur exploration. N avait bien précisé que le meurtre de Célesta serait « pour le bien de tous », mais comment un assassinat pouvait-il faire du bien ? Non, c'était décidé, il ne toucherait pas à un cheveu de son amie. Mais comment N allait-il le prendre ? Ils ne s'étaient pas reparlé, le Pokémon Psy ayant besoin de digérer leur dernière conversation. Il voulait éviter toute tentation ; aussi, chaque moment passé avec l'humaine s'avérait presque être un supplice tant il pensait à N en la regardant. Il ne voulait pas non plus dire à ses amis que N l'avait contacté, surtout pour lui demander de tuer une de leurs meilleurs amis. A part Lina, qu'ils ne connaissaient pas bien, Célesta était la seule humaine à les avoir toujours soutenus, sans jamais les laisser tomber. Cosmos ne pouvait pas imaginer la voir partir une deuxième fois, surtout si c'était lui qui la faisait partir pour toujours.
Le Symbios se trouvait maintenant allongé dans sa tente, réfléchissant à tout ça. Il pouvait entrapercevoir Célesta, dans la même position que lui, près du feu, regardant l'horizon. Encore une fois, il se répéta : « C'est mon amie, elle a toujours été là pour notre groupe et on sent bien qu'elle se plaît ici. Je ne la ferai pas partir maintenant qu'elle sourit à la vie. » Cette pensée prit le dessus. Il décida de contacter N pour tout lui dire et mettre fin à tout cela. Il ne mit pas longtemps à trouver ce qu'il appelait sa « fréquence cérébrale ». Il sentit que N l'écoutait, mais ce dernier ne disait mot. Cosmos comprit que son ancien dresseur savait déjà ce qu'il allait lui dire, mais il prit tout de même son courage à deux mains :
- Ecoute N, tu es mon ancien dresseur. Pour moi, tu es quelqu'un d'important, tu es bien plus que ça même. Tu es mon frère, mon premier ami, le premier qui a cru en moi. Mais tu es aussi le premier à m'avoir abandonné. Célesta croit en moi, elle croit en nous tous, et la voir sourire ainsi rend heureux toute la Guilde, même ceux qui ne la connaissent pas. Sa joie est contagieuse et tout le monde sait qu'elle se plaît ici, je ne lui enlèverai pas cela. Elle nous encourage tous et donne à la Guilde quelque chose de nouveau. Mais par dessus tout, c'est mon amie et je ne peux me résoudre à lui faire du mal alors qu'elle ne nous veut que du bien. J'aime Célesta comme elle est et je veux qu'elle reste avec nous, peu importe les « pouvoirs » qu'elle développe ou je ne sais quoi, on sera là pour l'aider, la soutenir, elle ne sera pas seule et s'en sortira.
Cosmos reprit sa respiration.
- Je t'aime beaucoup N, plus que tu ne le crois. Je ne te dénoncerai pas aux Légendaires à une seule condition : ne me contacte plus. Te dire ça me fait plus de mal que tu ne peux l'imaginer, je t'assure, mais si ton but est de supprimer Célesta, ne fais plus appel à moi, car je n'en ferai rien.
Le garçon aux cheveux verts ne répondit pas. De longues minutes de silence s'écoulèrent pour finalement avoir une réponse :
- Bien.
Ensuite, l'esprit de glace du grand ado se retira de celui du Symbios et disparu de la surface de la Terre. Le Pokémon Psy ne chercha pas à le recontacter. Il pensait avoir été clair, N allait les laisser tranquille. Il n'était pas fou et comprendrait parfaitement le point de vue de son ami. Il était caché de tous, même lui, Cosmos, ne savait pas où il se trouvait. N devait être seul, avec ses Pokémon, dans son ancienne demeure ou en train de parcourir le monde sous une autre identité. Il pouvait vivre une vie normale et Cosmos était sûr qu'il allait en profiter. Après tout, pourquoi se mêlait-il des affaires de Célesta ? Si cette dernière venait à acquérir certains « pouvoirs », était-ce si grave que cela ? Le monde ne serait pas bouleversé, si ? Le Pokémon Psy ne voyait pas en quoi c'était si dangereux que Célesta obtienne des pouvoirs. Et puis d'ailleurs, quels pouvoirs pouvait-elle obtenir ? C'était une humaine, rien de plus. Certes, elle savait répondre par télépathie et, si elle continuait comme ça, elle saurait sûrement bientôt contacter elle-même des Pokémon et des humains, mais ce n'était rien. Une humaine maîtrisant la télépathie ne serait pas dangereuse, c'était impossible. Enfin bref, le Symbios décida de ne plus penser à cela et de faire une petite sieste pour se reposer et être en pleine forme pour l'exploration de demain.
# – #
Tout le monde était maintenant rentré. Nous nous trouvions tous à table ; Essémess piaillait et se goinfrait : sa petite escapade avec Script avait du la fatiguer, car elle ne tarda pas à s'endormir au coin du feu, bercée par les récits de tous les Pokémon présents -particulièrement Aziliz, qui lui faisait quelques papouilles sur les ailes-. Avant d'aller se coucher, Script nous fit nous mettre par équipe. La journée de demain allait être assez libre : chacune des équipes formées se lèverait et partirait à l'heure qui lui conviendrait, dans les conditions qui lui conviendraient également. Il fallait donc que tout le monde se mette d'accord dès ce soir. Les équipes habituelles partirent vite se coucher, seul le groupe principal resta un peu plus longtemps devant le grand feu qui avait été allumé. La première équipe fut constituée de Vix, Cosmos, Aziliz et Galaad, tandis que la deuxième fut composée de Elénie, Lucio, Sirius et moi. Une fois de plus, Script et Essémess resteraient au camp pour surveiller. Le Scalproie réveilla Essémess pour qu'elle parte dormir dans la tente, mais le petit oiseau ne voulait pas lâcher Aziliz, sur qui elle dormait à moitié. Finalement, la Feunard accepta de dormir avec la Passerouge pour lui faire plaisir. Script, qui était un peu dérangé de devoir dormir avec Aziliz, décida de monter la garde dehors, juste au cas où. Lucio se dévoua pour lui tenir compagnie. Je pensai tout de suite à Elénie, qui allait se retrouver seule avec Galaad. Tout le monde partit se coucher dans le calme, quelque peu perturbé par ces changements de dernière minute. Une fois que tout le monde fut couché, je rentrai moi aussi dans ma tente, suivie de près par Sirius. Je m'installai tranquillement à côté du Latios et le regardai dans les yeux.
- Bon alors, raconte-moi ta journée en détails. J'ai eu un petit récapitulatif, mais je veux en savoir un peu plus. dis-je, curieuse.
Sirius trouva une position confortable et planta son regard dans le miens. Après quelques secondes de silence, il commença.
- Je ne vois pas trop quoi te raconter de plus, mais bon, si tu insistes. On a juste exploré les bois alentours. Notre groupe (constitué de Vix, Galaad et moi, je le rappelle) a vite trouvé la mer.
- La mer ?
- Oui, nous sommes tout proches de l'océan. Le Mont Mémoria est bordé par les bois, eux-même bordés par la mer. Nous somme sur une petite île, il n'y qu'un chemin qui mène ici, et c'est celui que nous avons emprunté.
En effet, je me souvenais maintenant avoir observé la mer, hier. Je m'étais perdue dans mes pensées et j'avais complètement oublié qu'une immense étendue d'eau se trouvait là. Sirius me raconta qu'il n'avait rien trouvé de spécial et qu'ils avaient surtout marché et rigolé toute la journée. Une journée entre garçons avait du lui faire du bien, lui qui était toujours avec moi ou avec les Légendaires. Il m'a confié avoir voulu fouiller l'esprit du Gallame pour savoir s'il aimait Elénie un peu plus que bien, mais cette dernière ne voulant rien savoir, il s'est abstenu. Le Pokémon Psy était très fatigué par sa journée et, s'il voulait continuer à explorer demain, il devait se reposer. Je lui souhaitai une bonne nuit, et il s'endormit en quelques minutes. Mon regard ne se décolla pas du Pokémon pour autant. Il fallait que je me rende à l'évidence : j'admirai Sirius. C'était un Pokémon légendaire, robuste, courageux et extrêmement gracieux lorsqu'il volait. Même en volant sur le dos de Liv, je n'avais pas eu cette sensation de liberté et de bien-être. Avec Sirius, c'était différent. J'avais confiance en lui, il pouvait me lâcher dans le vide sans que je ne ressente un sentiment de peur, car je savais qu'il ne me laisserait jamais tomber. J'aimais beaucoup Sirius, et je savais qu'il m'aimait beaucoup en retour. Je continuai de le regarder encore pendant un long moment. Finalement, je m'endormis blottie contre lui, perdue dans mes pensées.
Le lendemain matin, notre équipe se leva assez tôt, comme prévu, pour ne pas perdre de temps. Sirius eut du mal à se lever, mais il ne voulait absolument pas manquer l'exploration intérieur de la montagne. Certaines petites équipe d'exploration étaient déjà parties, mais une grande partie du convoi dormait encore. Sirius et moi sortîmes de la tente. Elénie, Lucio et Script se tenaient devant les cendres du grand feu d'hier soir. Personne d'autre ne se leva durant notre rapide petit déjeuné. Finalement, je pris un sac et notre équipe partit en direction du Mont Mémoria sans tarder.
Environ quarante minutes après être partis, nous arrivâmes au pied de la montagne. Après dix minutes supplémentaires à faire le tour de cette dernière, nous trouvâmes finalement l'entrée, cachée derrière quelques grands buissons touffus. Nous entrâmes avec une petite appréhension, mais aussi une grand excitation. Il faisait très sombre à l'intérieur, nos yeux mirent du temps à s'habituer à l'obscurité. Quand nous pûmes observer plus précisément les lieux, nous fûmes ébahis. L'intérieur de la montagne était aménagé. Ce n'était pas rocailleux et rugueux, c'était lisse, construit et symétrique. De grandes poutres taillées soutenaient l'intérieur de cette immense pièce et se finissaient en arcs de cercle, en courbes loin au-dessus de nos tête. Des sortes de hiéroglyphes très étranges tapissaient ces grandes poutres en pierre. Je voulu m'approcher, mais mon équipe s'intéressa plutôt au grand escalier dissimulé sur notre gauche. En effet, l'escalier en question était tout aussi immense et démesuré que la salle dans laquelle nous nous trouvions. On aurait dit que la montage avait été aménagée pour des êtres à la taille gargantuesque. Pour autant, les marches étaient de taille normale, ce qui faisait BEAUCOUP de marches. Après quelques secondes d'hésitation, nous commençâmes notre ascension. L'escalade de l'escalier mit près de cinq minutes. Dit comme ça, ça ne paraît pas très long, mais forcer sur ses jambes/pattes pendant quasiment cinq minutes, c'est assez difficile. Nous arrivâmes en haut essoufflés. Soudain, je ne me sentis plus du tout à l'aise dans cette salle. J'observais la pièce que s'offrait à moi, qui était tout aussi immense que celle qui se trouvait juste en dessous. Cette pièce-ci était parfaitement semblable à celle que nous avions quittée, à un détail près. Un détail important. Des dizaines et des dizaines de pierres tombales sortaient du sol. L'ambiance que cela prodiguait était glauque et mortuaire. De plus, il faisait bien plus froid que dans la pièce précédente, et j'avais cette étrange et désagréable sensation d'être observée. J'inspectai la pièce de fond en comble sans rien laisser au hasard, j'avais l'impression que mon regard était celui d'un Gueriaigle. Mais je ne vis d'autres que des poutres de pierres gravées et des tombes. Lucio, Sirius, Elénie et moi échangeâmes des regards qui se voulaient rassurants, mais nous avions tous un peu peur. Script ne nous avait pas prévenus que la montagne que nous allions explorer était en fait un cimetière pour Pokémon. Je n'étais même pas sûre d'avoir encore envie d'explorer cet endroit. Notre équipe s'assit là où elle se trouvait, juste en haut de l'escalier, pour faire le point.
- Bon, qu'est-ce qu'on fait ? demanda la Créfollet. Je vous avoue que cet endroit me fout les chocottes, mais on est pas venus ici pour rien, si ?
- Franchement, je ne sais pas… laissa échapper Lucio. Moi aussi j'ai peur, c'est un cimetière sérieux !
- Je suis d'accord avec Elénie. dis-je. Oui c'est flippant, mais on ne va pas abandonner, si ? Vous êtes des explorateurs, des sauveurs même, et aujourd'hui, Sirius et moi faisons partie de votre équipe, ce qui fait de nous des explorateurs à part entière. Il faut qu'on aille au bout de cette exploration. Imaginez qu'il y ait un super trésor caché quelque part dans cette montagne, vous pourriez devenir de explorateurs connus et reconnus ! Ce serait génial !
Mes trois amis échangèrent quelques regards hésitants, mais ils finirent par me suivre. J'avais l'impression d'être le leader de l'équipe, ce qui m'arracha un léger sourire. Avant de reprendre la route, j'inspectai de nouveau la pièce de fond en comble, car la sensation d'être observée était toujours présente. Mais rien n'attira mon attention, nous étions les seuls Pokémon -et humaine- présents ici. Enfin, les seuls Pokémon vivants. Nous reprîmes finalement la route, assez mal à l'aise tout de même. Nous observâmes la salle avec attention, dans les moindres recoins. Elénie et Sirius inspectèrent les pierres tombales. Des centaines de Pokémon étaient enterrés ici, ce qui nous donnait froid dans le dos. Lucio et moi nous intéressâmes aux colonnes qui tenaient le haut plafond de la pièce. Nous fûmes vite rejoins par mes amis de type Psy, qui ne découvrirent rien d'intéressant sur les tombes. J'observai de plus près les piliers de pierres gravés. D'étranges inscriptions se dessinaient dans la pierre.
- C'est la langue des Zarbi. déclara Sirius.
- Il est écrit « Lorsque l'Orbe désignée brillera, un Pokémon inconnu apparaîtra. » lis-je à haute voix.
Je me retournai vers mes amis, qui me regardaient avec de grands yeux ébahis. Je mis quelques secondes à comprendre pourquoi ils me fixaient ainsi. Ce fut Sirius qui prit la parole.
- Tu… Tu sais lire le Zarbi, toi ? Comment t'as appris ? M… Même les Légendaires ne connaissent quasiment rien des Zarbi…
Je ne savais pas quoi répondre. Pour être honnête, je ne savais pas comment j'avais lu ces inscriptions. Je n'avais jamais appris à lire le Zarbi, c'était même la première fois que je voyais cette forme d'écriture. Et je savais la déchiffrer, ce qui était très, trèèès étrange. Nous restâmes un moment là, à nous regarder sans comprendre. Finalement, après leur avoir assuré que je n'avais jamais vu ces inscriptions, nous reprîmes la route, encore plus déboussolés qu'avant. Je ne savais pas ce que nous allions découvrir de plus dans cette montagne, mais tout ce qui m'arrivait en ce moment n'indiquait rien de bon par rapport à la suite des événements.
# – #
Le jeune homme approchait, il le savait. Son meilleur ami, son frère même, l'avait laissé tomber pour une humaine qu'il connaissait depuis moins de deux ans. C'était assez dur à avaler. Son ami l'avait déjà abandonné il y a des années, mais il lui avait pardonné car il avait compris le pourquoi de sa décision. Mais là… Pour Célesta ! Certes, il était encore amoureux d'elle. Oui, lui, N Harmonia, fils du défunt Ghetis Harmonia, psychopathe et assassin, était amoureux d'une simple humaine. Enfin, simple était un bien grand mot. En effet, cette dernière n'était pas n'importe qui, et il le savait. Il devait empêcher qu'elle en apprenne trop sur le monde des Pokémon, car elle pourrait être en pouvoir de le détruire. Célesta n'était pas quelqu'un de foncièrement méchant, mais cette masse d'informations finiraient par la rendre folle. Lui-même savait tout du monde Pokémon. Ghetis, grâce à sa machine infernale lavant le cerveau, lui a tout inséré dans la tête. N connaissait chaque secret du monde qui l'entourait, et cela l'avait rendu fou, il s'en rendait bien compte. Il avait assez côtoyé Célesta pour savoir qu'elle ne tiendrait pas le choc et deviendrait folle elle aussi, peut-être même encore plus que lui. Devenu bipolaire et à moitié schizophrène, N s'était contenu devant elle, il avait réussi à bien se conduire pendant une longue période. Le temps passé avec Welt, son frère Pokémon, avait du lui faire du bien. Il avait été guéri pendant un moment. Mais ce temps-là était révolu, Célesta et Welt ne voulaient plus entendre parler de lui. Ils avaient appris qu'il était un meurtrier, que si Ghetis ne faisait plus partie de ce monde, c'était de sa faute. Alors N avait pris une grande décision : il essayerait de convaincre Célesta de venir avec lui pour arrêter de côtoyer les Pokémon. Mais il savait parfaitement qu'elle n'accepterait pas, il avait donc un plan B. Le plan en question ne lui plaisait pas du tout, mais il n'avait pas le choix : si Célesta n'acceptait pas sa proposition, il serait obligé de la supprimer.