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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 17/04/2016 à 02:30
» Dernière mise à jour le 14/12/2017 à 17:51

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre -38 : Le Rex
Will recracha son café et écarquilla les yeux. Avisant la surprise sur la visage du détective, Garvin eut un rictus amusé.

« C'est un peu la réaction qu'on a eue nous aussi. T'aurais dû voir la tête de Riviera quand elle nous a répondu ça…
- Mais pourquoi moi ? s'étonna Will, décontenancé.
- C'est sûrement ton look d'inspecteur du siècle dernier qui lui a tapé dans l’œil.
- C'est ça, fous-toi de moi. Je ne la connais pas, la fille Taylor, et je ne sais pas pourquoi elle tient absolument à ce que ce soit moi qui joue les gardes du corps, mais ça ne me plaît pas trop.
- Moi j'ai une petite idée de pourquoi elle tient à ce que ce soit toi, sourit Garvin, moqueur.
- Mmh ? »

L'Elitien sirota tranquillement son café et se mit à énoncer :

« Diplômé de l'Académie avec deux ans d'avance. Major de promotion. Intégration exceptionnelle au service de sécurité de la Chancellerie d'Omnia. Rapports de service élogieux. Excellentes opérations sur le terrain. Tu commences à voir de qui je veux parler, ou je continue ?
- Ça fait huit ans que je ne suis plus Elitien, Garvin, s'irrita Will. Tout ça n'a plus aucune valeur.
- T'étais le meilleur, gamin, et tu le sais. Peut-être que t'as voulu oublier, mais certains s'en souviennent encore.
- Oublier ? Tu crois qu'elle, je peux l'oublier ? Tu crois que ce qui s'est passé ce jour-là, je peux l'oublier ? » s'emporta Will.

Réalisant qu'il venait soudain de hausser le ton, le détective se leva brusquement et tourna le dos à Garvin, fulminant. Il fixa la rue par la fenêtre pour tenter de se calmer, sentant le regard compatissant du vieil Elitien dans son dos.

Avec un grognement exaspéré, Will lâcha :

« Désolé.
- Y'a pas de mal. »

Un silence gêné tomba sur le bureau, seulement troublé par le souffle de Fenrir qui somnolait. Will se rassit lourdement dans son siège et soupira longuement.

« Tu bosses sur quoi, en ce moment ? reprit Garvin pour tenter de dissiper la tension qui s'était installée.
- T'as entendu parler du type retrouvé mort dans l'une des capsules de transit ?
- Oui.
- C'était un gars du Rex. Il m'a engagé pour comprendre comment il a pu se faire tuer, et par qui.
- Tu bosses pour le Rex ? répéta Garvin en fronçant les sourcils.
- C'est pas le premier contrat qu'il me refile, oui.
- Fais gaffe, Will. Ce type est dangereux.
- Je sais ce que je fais. Et ça me change des histoires d'adultère et des filatures sous la pluie.
- T'as réussi à avancer sur l'enquête ? Nos gars piétinent. Il était seul dans sa capsule pendant la montée, non ?
- Oui. Il est rentré bien vivant dans l'ascenseur, et quand il est arrivé dans la ville haute, il était déjà raide mort. Les archives d'embarquement sont formelles. Il n'y avait personne d'autre avec lui dans la nacelle, expliqua Will.
- Meurtre dans l'ascenseur. Retrouvé mort alors qu'il était seul dans sa capsule. On dirait un de tes vieux polars.
- C'est beaucoup moins tiré par les cheveux que dans mes vieux polars, sourit Will.
- Parce que t'as déjà trouvé la solution ?
- Ce matin en me levant, oui. J'en parlerai aux Elitiens, si tu veux. Mais je n'ai aucune preuve, et je crois qu'on n'en trouvera jamais.
- Et tu n'avertis pas le Rex ?
- Il me paye au prorata, fit Will en haussant les épaules. Plus je lui gratte d'honoraires, plus je suis payé. »

Garvin, amusé par son audace, eut un léger rire.

« Combien est-ce qu'il te paye ?
- Quinze pokédollars de l'heure.
- Tu sais que la fille Taylor te payerait facilement le double ?
- Je sais. Pas la peine d'insister, papy. Je prendrai pas le job.
- Pourquoi pas ? Si tu n'as plus d'enquête en cours, t'as tout ton temps.
- La miss Taylor a peut-être l'habitude que l'on cède à ses caprices, mais je ne suis pas un jouet.
- Il me semblait pourtant que la définition de « détective privé », c'était « fait n'importe quoi tant qu'on lui agite un gros paquet d'argent sous le nez », se moqua Garvin.
- J'ai déjà assez donné aux Taylor. » grommela Will.

Un nouveau silence s'installa. Le détective s'enfonça dans son siège et finit son café, le visage fermé. Le regard compatissant que lui lançait son ami l'irritait plus qu'autre chose.

« Tu sais, Will, elle n'aurait pas voulu que tu t'infliges ça, déclara Garvin d'un ton paternel.
- Je ne m'inflige rien, se braqua l'intéressé.
- Arrête un peu, fit le cinquantenaire d'un air impassible. Regarde autour de toi cinq minutes et ose me dire que tu ne t'autodétruis pas.
- J'ai pas besoin d'un psy, Garvin.
- Ça fait huit ans, Will. T'as laissé cette histoire détruire ta carrière. Sacrifie pas ta vie non plus.
- Si tu es venu juste pour me proposer d'être le Ponchien des politiques et me dire comment je dois mener ma vie, tu peux repartir. » répliqua Will, piqué au vif.

Le vieil Elitien croisa les bras et darda sur le détective un regard incisif. Puis, il se leva en soupirant, et enfila sa veste.

« Comme tu voudras. Si un jour tu as besoin de mon aide, gamin, tu sauras où me trouver.
- Mmh.
- Ah, et je ne te demande pas d'être le Ponchien de qui que ce soit. Simplement de faire ce qui est le mieux pour toi.
- A la prochaine, Garvin. » coupa sèchement Will.

Le cinquantenaire aux tempes grisonnantes hocha la tête, l'air compréhensif, mais aussi déçu.

« Au revoir, Will. » lâcha-t-il d'un ton lourd.

Il s'éloigna d'un pas lent et quitta la pièce.

La porte du cabinet claqua avant que Will ne puisse ravaler sa fierté et s'excuser. Le regard plein de reproches de Fenrir fut le coup de grâce, et la lassitude submergea le détective. Will rejeta la tête en arrière et se passa une main sur les yeux.

Il avait trente-six ans, et avait l'impression que chaque jour son existence était plus sombre, terne et solitaire que le précédent.

~*~
Musique d'ambiance fortement conseillée

« T'es qui, toi ? »

Will détailla le videur qui lui barrait le passage. L'homme le dépassait d'une tête. Costaud et chauve, il arborait l'air patibulaire propre aux armoires à glace que le Rex engageait pour sa protection. Un autre molosse, adossé au mur, jaugeait Will d'un regard tout aussi hostile.

L'inspecteur se trouvait devant l'une des nombreuses boîtes de nuit que possédait le Rex. Les basses pulsaient déjà à ses oreilles, bien qu'il se trouve encore à l'extérieur. Derrière lui, une foule d'habitants de la ville basse attendait pour rentrer. Will, lui, avait emprunté la file VIP sans se gêner, peu désireux de poireauter sous la pluie.

« Will Stelmar. Je viens voir le Rex.
- Le Rex est pas là, mon gars, cracha le videur en détaillant l'étrange tenue de Will. Dégage.
- C'est au sujet de l'affaire Montgomery. » rétorqua l'ex-Elitien avec patience.

Comme il l'avait escompté, le regard haineux du molosse se mua en surprise et son ton se fit légèrement moins venimeux. Il fit un signe à son compère, qui acquiesça et disparut derrière la porte.

« T'es armé ?
- Oui.
- Va falloir tout me donner.
- Je crains que ça ne soit pas envisageable, répondit calmement Will.
- Écoute, le privé, tu sais comment ça se passe ici. Si tu veux voir le Rex, c'est selon nos règles. Sinon, tu peux aller te faire v…
- C'est bon, il est clean. Il est attendu. Le Rex a dit qu'il pouvait rentrer avec son flingue. » interrompit soudain l'autre videur en reparaissant.

L'autre molosse, plus chevelu que son compère, tint la porte ouverte et fit signe à Will de passer. L'inspecteur dépassa le premier videur avec un sourire insolent et pénétra dans la boîte de nuit, alors que la porte se refermait derrière lui.

La musique l'assourdit aussitôt, tandis que les rais de lumière stroboscopique l'aveuglaient. Une fumée épaisse envahissait le lieu, et les dizaines de danseurs plus ou moins sobres qui s'agitaient sur la piste formait une foule compacte qui eut tôt fait de happer Will.

Le Windhall était la boîte la plus fréquentée de la ville basse – et, comme beaucoup trop d'autres établissements de la surface, elle appartenait au Rex. Il était de notoriété publique que la faune qui fréquentait ce club n'avait rien d'enviable ; dealers, blanchisseurs, proxénètes aimaient s'y retrouver, profitant du fait que même les Elitiens ne s'aventuraient que très peu dans ce bastion de la criminalité. En effet, les rares descentes qu'ils osaient effectuer dans l'établissement dégénéraient invariablement.

Will joua des coudes pour se frayer un chemin à travers la foule. L'haleine des danseurs empestait l'alcool, et à la lumière des néons multicolores qui clignotaient frénétiquement, l'inspecteur remarqua que les pupilles de nombre d'entre eux étaient dilatées à l'extrême. Leurs yeux injectés de sang ne trompaient pas. Quelqu'un faisait tourner du Vortex.

Voilà plusieurs mois qu'une nouvelle drogue semblait être apparue dans les bas-fonds d'Omnia. Le Vortex, que l'on s'injectait directement dans les yeux via des aiguilles indolores, était rapidement devenu réputé pour deux raisons : la puissance de ses effets euphorisants, analgésiques et stéroïdiques, ainsi que le nombre d'overdoses qu'il avait engendrées.

On disait qu'il était possible d'accomplir des miracles lorsque l'on était sous Vortex. Censée améliorer les réflexes, la puissance musculaire, mais aussi la vigilance et la concentration, cette drogue était en outre incroyablement psychotrope et euphorisante, et était prisée autant des sportifs que des adeptes de l'extase.

Les Elitiens, bien occupés par la Résistance, peinaient à freiner le trafic de Vortex ; cette impuissance avait permis à l'empire du Rex de prendre un essor sans précédent, et le commerce de cette drogue s'était étendu à toute Omnia, et même au-delà. Chère et souvent coupée, la substance était responsable de nombreuses morts. Pour avoir été aux prises avec un accro au Vortex, Will s'en méfiait comme de la peste ; elle exacerbait la force musculaire et les sens, mais rendait incroyablement dépendant, ce qui rendait les gens en manque particulièrement dangereux.

Une jeune femme qui dansait marcha sur les pieds de Will, qui la bouscula sans ménagement. Sans un œil pour les prostituées qui ondulaient autour des barres de pole dance, l'inspecteur continua à fendre la masse compacte de danseurs en direction de l'extrémité de la salle, où un rideau pourpre encadré par deux gardes avait attiré son attention.

En tant que chef du plus gros empire criminel d'Omnia, le Rex n'était pas quelqu'un que l'on pouvait rencontrer facilement. Will était l'un des rares qui pouvait se permettre de le voir sans demander une audience un mois à l'avance. Et pour cause : l'inspecteur lui avait jadis sauvé la vie, et travaillait régulièrement pour lui, aussi paradoxal que cela puisse être pour un ancien Elitien.

La vérité, c'était que les Elitiens toléraient l'existence du Rex. Ils acceptaient de fermer les yeux la plupart du temps, en échange de quoi le Rex leur fournissait parfois des informations et des indicateurs susceptibles de nuire aux autres gangs. C'était une sorte de cohabitation forcée. Les Elitiens ne pouvaient contrôler la ville basse ; il leur fallait quelqu'un de rigoureux et d'à peu près fiable qui fasse régner l'ordre à la surface. Cette tâche, le Rex la remplissait, en échange de quoi les Elitiens n'effectuaient que peu de descentes dans ses établissements et le laissaient mener ses affaires.

Parfois, il arrivait que les Elitiens doivent intervenir et rappeler le Rex à l'ordre – notamment avec le Vortex.
Il parvint enfin à s'extirper de la foule qui s'agitait sur la piste et se planta devant les deux gardes. Tout aussi patibulaires que les deux videurs à l'extérieur, ils le toisèrent un instant, avant d'acquiescer et d'écarter le rideau.

Will s'engouffra sous l'étoffe et déboula dans un couloir tapissé de moquette rouge. Le corridor, long d'une vingtaine de mètres, s'enfonçait sous terre et n'ouvrait que sur une seule porte. A mesure qu'il se dirigeait vers cette dernière, l'ex-Elitien fut soulagé d'entendre le volume de la musique diminuer petit à petit.

Il frappa à la porte, et un homme en complet noir lui ouvrit immédiatement. Celui-là n'était pas un simple videur ; le crâne rasé et tatoué, il arborait un air calme et froid. Cet homme, surnommé Edge, était le protecteur personnel du Rex. Un tueur, que Will connaissait bien pour avoir jadis reçu une l'une de ses balles dans l'épaule. En retour, il lui avait offert la balafre qui défigurait le chauve de la tempe gauche à la pommette.

« Stelmar, le salua-t-il d'un ton tranchant.
- Edge. » rétorqua Will avant de rentrer.

Le garde du corps referma la porte derrière lui et reprit son poste dos au mur, silencieux. Will se retrouva dans une pièce froide, sur laquelle s'ouvraient trois portes. Le Rex ne quittait jamais ce genre d'abri blindé.

« Dans son bureau ? questionna Will.
- Mmh. »

Le détective soupira et toqua à la porte de gauche. Il entendit des glapissements féminins et quelques rires, puis une voix puissante tonna :

« Entrez ! »

Will ouvrit la porte et se retrouva dans une pièce plus chaleureuse que le hall. Tapissée de rouge, elle était assez petite. Elle comprenait un bureau de bois riche, quelques meubles ornés, et de nombreux tableaux d'art qui décoraient les murs. Un Grahyena dormait dans un coin.

Assis sur le canapé de cuir, entouré de deux prostituées à moitié nues qui s'offusquèrent à peine de voir Will rentrer, se trouvait le Rex. Homme bien bâti d'une quarantaine d'années, il avait les cheveux courts et le regard d'une intelligence perçante. Sa chemise, ouverte sur un torse velu, semblait avoir été déchirée par les deux jeunes femmes rieuses qui s'agitaient à côté de lui.

« Ah, mon détective préféré ! » s'exclama-t-il d'un ton jovial.

Will se tint droit, campé sur ses pieds, mains jointes dans le dos.

« Je viens pour Montgomery. » annonça-t-il sans autre formes de palabres.

Les deux prostituées cessèrent de glousser et tournèrent leurs yeux injectés de sang vers Will. Vortex, encore.

« Toujours aussi direct, mmh ? Bien, les filles, allez dans la chambre. Je vous rejoins toute à l'heure. » ordonna le Rex.

Nonchalantes et probablement agacées à l'idée d'avoir été interrompues, elle se levèrent du canapé à contrecœur et dépassèrent Will, qui ne leur accorda pas un regard. Lorsque la porte claqua derrière l'inspecteur, le Rex soupira et se massa les tempes.

« Laisse-moi deux secondes, et je suis à toi. Je t'en prie, prends un siège. »

Will s'exécuta et s'assit sur une chaise face au bureau, tandis que le Rex reboutonnait sa chemise. Il s'approcha d'une armoire vitrée et en sortit une bouteille au contenu doré, qu'il versa dans un verre.

« Bourbon ?
- Non merci. »

Le chef de la pègre haussa les épaules et reposa la bouteille, avant de s'asseoir lourdement en face de Will.

« J'espère que tu m'apportes de bonnes nouvelles, Will.
- Je pense avoir résolu l'affaire.
- Tu penses ? Il me faut des preuves.
- Vous savez très bien que c'est impossible. » rétorqua le détective.

Le Rex haussa un sourcil autoritaire et intrigué.

« Vous ne m'aviez pas dit que vous travailliez avec la Résistance, enchaîna Will.
- J'aurai dû ?
- Nous avions convenu que je devais tout savoir des dernières opérations de Montgomery si vous vouliez que j'élucide sa mort, martela l'ex-Elitien.
- Peu importe, puisque tu as tout deviné. »

Montgomery était le nom -probablement faux, au même tire qu'Edge- de l'homme retrouvé mort dans la capsule de l'ascenseur vers la ville haute. Il était connu des services des Elitiens pour être l'un des hommes de confiance du Rex ; aussi tout le monde avait imaginé que sa mort était l’œuvre de l'un des nombreux gangs rivaux qui cherchaient à détrôner le roi des bas-fonds d'Omnia.

Mais le mystère de l'affaire était sans nul doute l'étrangeté des circonstances de la mort de l'homme, retrouvé abattu d'une balle à l'arrière du crâne, dans un ascenseur qu'il était le seul à emprunter si l'on en jugeait les archives d'embarquement d'en-bas.

« Vas-y, petit génie, raconte-moi ce qu'il s'est passé. »

Le ton était mi-sarcastique, mi-autoritaire, mais Will ne s'y trompa pas. C'était un ordre. Et on ne désobéissait pas au Rex. Le détective croisa les bras et avisa le Grahyena du Rex qui le regardait d'un œil mauvais. Sans perdre contenance, il inspira profondément et se lança :

« Voilà ce que je pense. Montgomery était un agent double. J'imagine que vous n'aimez pas trop la montée en puissance de la Résistance ces derniers temps, et que vous avez décidé de leur tirer dans les pattes. Alors vous avez envoyé Montgomery les infiltrer.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Montgomery a été abattu d'une balle à l'arrière de la tête, donc il faisait sûrement confiance à son meurtrier.
Je ne sais pas ce que vous lui avez demandé exactement, mais j'imagine qu'il a servi d'indic aux Elitiens une fois ou deux. J'ai encore des contacts chez eux. Je sais que le coup de filet qu'ils ont réussi cette nuit n'a été possible que grâce à un indic anonyme qui les a rencardés il y a quelques jours. Je suis prêt à parier que c'était Montgomery. Manque de bol, il s'est fait griller, et ils l'ont abattu.
- Qu'est-ce qui te dit que c'est la Résistance, et pas un de ces foutus gangs qui cherchent à tout prix à m'emmerder ?
- Parce qu'il n'y a que la Résistance qui sait comment falsifier les archives d'embarquement et les détecteurs rétiniens. Ils se sont bien démerdés. Il n'y a pas de preuve. Mais c'est la seule solution. »

Le Rex termina son verre et réfléchit, pensif.

« T'as vu juste. Montgomery était ma taupe chez la Résistance. Et oui, les trois hackers qui se sont fait coffrer cette nuit, c'était grâce à lui.
- Pourquoi ne pas l'avoir dit aux Elitiens ?
- S'ils savent que je me suis engagé contre la Résistance, ils vont commencer à casser les couilles. A exiger que je les rencarde, que je les aide à les démanteler.
- Je suis sûr qu'ils seraient prêts à vous laisser une plus grande marge de manœuvre en échange.
- Rien à foutre. Les Elitiens peuvent déjà plus grand-chose contre moi. Mais si on commence à savoir que le Rex aide les Elitiens, ça sera pas bon pour le business. »

Il se leva, se resservit un deuxième verre et grommela.

« Putain, ça me fait chier, ce que tu me racontes.
- Vous vous doutiez déjà que c'était eux, non ?
- Ouais. Mais maintenant, c'est plus que des doutes. Qu'est-ce que tu sais sur la Résistance ?
- Rien, ou presque. Sûrement moins que vous, en tout cas.
- Détrompe-toi. Ça faisait des semaines que Montgomery était en sous-marin. J'avais aucune nouvelle. Le coup de rencarder les Elitiens, il l'a fait de son plein gré. Et ça me fait bien chier, parce que j'ai perdu un de mes meilleurs hommes sans qu'il puisse me donner la moindre info sur le fonctionnement de la Résistance.
- Donc vous n'en savez pas plus ?
- Non. Ces types sont foutrement bien organisés. Ça a pris des semaines, de réussir à les faire infiltrer.
- L'enquête des Elitiens n'avance pas non plus, avoua Will.
- Je sais bien. J'ai des gens chez eux aussi, mon gars. »

Cela n'étonna même pas le détective, qui regarda le Rex finir son deuxième verre d'une traite.

« Bah ! Ça sert à rien d'en parler ce soir. T'auras ta thune, t'en fais pas. Edge passera à ton cabinet te remettre tes honoraires demain.
- Je ne pensais pas que vous accepteriez de me payer sans preuves.
- J'te connais, mon gars. Je sais ce que tu vaux. Et si toi, t'as pas réussi à les coincer, alors je doute que quiconque puisse le faire.
- Je n'ai pas les ressources des Elitiens.
- Et pourtant t'es le premier à avoir mis sur pieds une théorie potable pour expliquer la mort de Montgomery. De toute façon, je te payais pour que tu confirmes mes doutes, pas que tu m'apportes ces gars sur un plateau d'argent. »

Will haussa les épaules, tandis que le Rex contournait son bureau et se dirigeait vers la porte.

« Bref. Tu m'excuseras, mais j'ai deux charmantes demoiselles qui m'attendent. Edge passera à ton cabinet te remettre tes honoraires demain.
- Entendu.
- Ah, et par pitié, sers-t'en pour acheter une tenue digne de ce nom. Y'en a ras le bol, de tes airs d’inspecteur de y'a cent ans. »