Rubis & Saphir - The Origins de Feather17

Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. À Lavandia, Sofian remporte le badge Dynamo, tandis que Flora participe à Poivressel à son premier concours de coordination pokémon. Les trois adolescents poursuivent leur route vers le nord de la région sans avoir encore choisi leur prochaine destination. La Team Rocket, quant à elle, se rend compte qu’ils n’ont plus aucun gadget pour arriver au terme de leur mission : ramener le pokémon le plus puissant de Hoenn à leur boss. Ils décident alors de passer au plan B : observer les trois adolescents pour définir quel pokémon ils voleront.

Route 111

« D’après un récent sondage, le Skitty, pokémon de type normal, est le félin le plus domestiqué de la région de Hoenn. »
Une touffe de poils roses traverse l’écran à toute vitesse de gauche à droite.
« Apprécié des tous petits pour sa fourrure soyeuse, adulé par les personnes âgées pour sa fidélité, Skitty fait l’unanimité au sein des ménages hoennois. »
Un petit chat rose ronronne sur les genoux de son maître dans une position confortable.
« Mais qui est donc Skitty ? Quels sont les mystères qui entourent ce pokémon si doux et si attentionné ? Est-il encore possible de croiser un Skitty sauvage à l’heure où tous ont été apprivoisés ? Portrait d’un pokémon câlin pas comme les autres. »
Jingle.
« Le Skitty vit aux alentours des plaines et prairies verdoyantes de cette Route 111. Au printemps, il n’est pas rare d’assister à la reproduction des Skitty aux pieds des arbres. »
Plusieurs chats roses gambades gaiement dans la prairie filmée depuis le sommet d’un arbre.
« De nature hyperactive, son joli sourire et son caractère surexcité font de ce pokémon une proie facile pour les prédateurs redoutables qui sommeillent dans les forêts. Pour fuir les prédateurs, Skitty s’est aventuré au fil des années sur les sentiers sinueux des falaises avoisinantes. »
La caméra posée au sol filme le sentier rocailleux de la falaise.
« Mais sa curiosité l’entraîne parfois à sortir de sa cachette pour observer l’inconnu. En parlant de lui, voilà que Skitty décide de s’approcher pour venir à notre rencontre. »
Au loin, une petite boule rose sort de sa cachette. Le chaton avance prudemment vers l’objectif et y jette un coup d’œil intrigué. Bientôt, il se retrouve nez-à-nez face à l’écran et colle son museau dessus. Skitty bondit de joie et se met à courir après sa propre queue.
« Skitty pense que nous sommes un pokémon. Par sa danse de la joie, il nous accueille chez lui. Mais bientôt, il aura totalement oublié notre présence, trop absorbé dans sa course-poursuite avec sa propre queue. Car Skitty peut aussi se montrer très… »
— Puisque je te dis qu’on aurait dû descendre de la montagne en suivant le sentier de tout à l’heure !
Skitty sursaute et s’enfuit se réfugier dans sa cachette.


— Hey ! Non, mais c’est une blague ?!
— Vous voyez pas que ça tourne, ici ?!
Guy ramassa sa caméra brutalement et la posa sur son épaule, irrité. Inès clapa le calepin qu’elle tenait en main et tapa du pied, énervée. Les trois adolescents, qui venaient de faire leur apparition au virage du sentier escarpé de la falaise qui longeait la Route 111, s’arrêtèrent net dans leur bruyante dispute.
— Vous êtes qui, vous ? demanda Sofian, pris de court.
— Des journalistes qui essaient de faire leur boulot de reporter ! répondit la jeune femme de mauvais humeur.
— Excusez-nous, nous ne voulions pas vous déranger, s’excusa Timmy, mal-à-l’aise. J’espère qu’on n’a pas été trop bruyants pour votre enregistrement.
— On peut sauver la scène, Guy ? demanda la journaliste à son compagnon en ignorant les adolescents.
— Bah non, le but c’était d’observer le Skitty, pas de le faire fuir, grogna le caméraman en regardant dans son appareil les images qu’ils venaient de tourner.
— Et merde !
— Sincèrement, nous sommes désolés, répéta Timmy. Je vous avais dit de vous arrêter de vous disputer, tous les deux !
Sofian et Flora échangèrent un regard confus, avant de se lancer une grimace l’un à l’autre en se souvenant de leur énième désaccord.
— Et puis, qu’est-ce que vous faites sur cette falaise, d’abord ? questionna Inès, passablement énervée. Ce n’est pas un chemin qu’on emprunte en général.
— C’est bien ce que je me tue à lui répéter ! intervint Flora. On vient de Lavandia et on voyage vers Autéquia.
— Fallait descendre par le chemin qui amène au fleuve, là en bas, indiqua Guy en pointant le bas de la falaise.
— Sauf qu’on va à Vermilava, corrigea Sofian, et j’ai vu sur le plan que Vermilava se trouve dans les montagnes.
Inès et Guy froncèrent les sourcils avant d’éclater de rire. Sofian les observa, étonné qu’ils osent se moquer de lui aussi ouvertement.
— Vous n’êtes pas du tout sur le bon chemin si vous voulez aller à Vermilava ! expliqua Inès avec un sourire.
Apparemment, leur crise de rire avait dû les calmer, car lorsque le caméraman reprit la parole, sa voix semblait plus douce :
— Si vous continuez sur cette falaise, au mieux vous tomberez au-dessus du désert qui sépare Autéquia du reste de Hoenn. Mais dans tous les cas, vous feriez mieux de redescendre sur le chemin au bord du fleuve.
— Donc, nous ne sommes pas loin d’Autéquia ! conclut Flora. Tu vois, raison de plus pour d’abord aller à mon concours !
— En tout cas, merci pour les renseignements, dit Timmy qui se remit en marche, et encore pardon de vous avoir dérangés dans votre tournage…
— De toute façon, on va à Vermilava, un point c’est tout ! ordonna Sofian en reprenant la route à son tour.
Et les deux adolescents reprirent leur dispute. En les voyant quitter le sentier, Inès soupira. Ils allaient enfin pouvoir reprendre leur reportage sur les Skitty, en espérant qu’ils ne s’étaient pas tous enfuis avec tout le raffut que ces enfants avaient causé avec leur dispute.
— On reprend ? proposa la journaliste.
Mais son partenaire n’avait pas l’air de l’avoir entendu. Plongé dans les films enregistrés dans sa caméra, Guy semblait passionné par les images qu’il voyant.
— Un problème ?
— Regarde ça ! s’exclama Guy, surexcité. Il me semblait bien que je l’avais reconnu !
Guy tourna l’écran de contrôle de sa caméra vers Inès qui jeta un coup d’œil aux archives qui déroulaient devant ses yeux. Dans l’écran, de vieilles images d’un adolescent plein de fougue défiant la championne Roxanne défilait devant ses yeux.
— Ce sont les images du reportage qu’on avait fait à Mérouville, non ? reconnut Inès.
— Oui ! Et regarde qui est dedans !
Inès reconnut à son tour le dresseur duquel ils avaient longuement dessiné le portrait. Il ressemblait comme deux gouttes d’eau à l’adolescent qui venait de quitter le sentier sinueux dans une dispute interminable.
— Oh mais, c’est lui !! s’écria Inès en bondissant de joie.
— Inès, tu penses à ce que je pense ?
La journaliste échangea un regard brillant de mille feux à son caméraman et tous deux se mirent à courir subitement vers les trois adolescents qui disparaissaient au loin.
— Attendez !!
Sofian, Flora et Timmy firent volte-face, surpris de retrouver les deux personnes qui venaient de les chasser.
— Finalement, ne partez pas ! supplia la journaliste.
— Ben faudrait savoir : on vous dérange ou pas ? s’impatienta Flora.
— Je pense que nous sommes partis sur de mauvaises bases, rectifia le caméraman.
— Oui, mon collègue a raison, et si nous discutions un peu ? proposa la journaliste. Nous avons du café dans notre caravane, et des biscuits… et des divans bien confortables !
Les trois adolescents échangèrent un regard confus.

Serrés les uns contre les autres sur les deux petits canapés qui prenaient toute la place dans le minuscule mobile-home des journalistes, Sofian ne regretta pas un instant d’avoir accepté l’invitation. Fatigué par les disputes incessantes, mais surtout par leur marche interminable dans la montagne, il avait été bien content de redescendre dans les plaines de Hoenn et de savourer un bon café dans la chaleur de l’habitacle.
— Nous sommes des journalistes itinérants, se présenta Inès. Nous sillonnons les rues de Hoenn en quête de reportages exclusifs.
— Si nous nous sommes permis de vous demander un peu de votre temps, c’est parce que nous vous avons reconnu, avoua le caméraman.
— Mais il me semblait bien que c’était vous ! s’exclama Flora, ravie. Vous étiez au concours de Poivressel et vous nous avez filmés. Eh bien, je dois dire que je suis plus qu’heureuse de…
— Je pense que vous vous méprenez, interrompit Inès. Je parlais de vous, Sofian.
— Moi ? s’étonna Sofian qui les avait à peine écoutés, trop occupé à tremper son biscuit dans sa tasse de café.
Flora croisa les doigts et leva les yeux au ciel, épuisée de toujours se faire voler la vedette.
— Vous ne vous souvenez pas ? Nous vous avions filmé lors de votre premier match à Mérouville et nous avions même passé la journée ensemble pour une interview-confidence.
— Ah si, maintenant que vous le dites !
— Tellement imbu de sa personne qu’il ne s’en souvient même pas… grinça Flora sous l’œil amusé de Timmy.
— Notre reportage a fait un carton d’audience le jour où il est passé à la télévision, annonça Inès. Nous avons même été sollicité par des centaines de courriers de fan pour faire un spécial « Dans les coulisses » pour pouvoir surfer sur les images du cambriolage qu’on avait.
— Eh bien, c’est bien tout ça ! félicita amèrement Flora. Je vous souhaite une bonne continuation !
Flora se leva, mais la journaliste reprit sans même la considérer un instant :
— Tout à l’heure, nous tournions un simple reportage sur le Skitty sauvage, mais nous avons eu une nouvelle idée, une idée merveilleuse. Mais nous avions besoin de votre avis.
— Euh… Dites voir ? marmonna Sofian avec appréhension.
— Et si nous tournions un nouveau reportage sur vous pour voir où le dresseur favori des Hoennois en est dans son voyage ? proposa Inès dont le regard se remplissait d’étoiles.
Sofian se sentit transpercer par les flammes de désir des reporters et sentit son corps se soulever d’allégresse.
— Et comment que je serais d’accord ! s’exclama-t-il en bondissant de joie.
— GENIAL ! Guy, allume la caméra, pas besoin de script, on le fait au feeling ! Ça va être trop cool ! Lumière, moteur, action !


— Je m’appelle Sofian Match et je suis dresseur pokémon.
L’adolescent est assis au sol en position indienne et présente à la caméra un petit Balignon en pleine forme.
— Finalement, c’est très simple d’élever un pokémon de type plante. Là, par exemple, j’essaie de lui enseigner l’attaque « méga-sangsue ». D’après mon Pokédex, Balignon a atteint la maturité nécessaire pour utiliser cette technique. Vous voulez que je vous montre ?
L’adolescent est debout, dos à la camera qui effectue un contre-plongée. Entre les jambes du dresseur, Balignon utilise son attaque contre un Ecrapince robuste.
« Pour évoluer sans arrêt, Sofian s’entraîne tous les jours. C’est que le dresseur préféré des Hoennois vise la perfection. Aucun pokémon n’est laissé de côté,… »
Poussifeu affronte Nirondelle dans un combat violent.
« …ses amis le savent et ont accepté de nous livrer leur quotidien. »
— C’est pas tous les jours facile de… Timmy hésite… Fin, je veux dire que parfois, c’est plutôt saoulant de se farcir des heures d’entrainement mais…
Timmy se tourne vers Flora pour chercher de l’aide dans la finition de sa phrase. Flora croise les bras, lance un regard noir à la caméra et reste muette.
— Faut bien passer par là ! Timmy finit par dire.
« Tout est prétexte à l’entraînement. Et ses talents laissent des traces. En témoignent ces pokémons sauvages qui fuient les alentours. »
La caméra filme un buisson dans lequel se cache une touffe de poils roux. La caméra filme un arbre duquel sort une Skitty révoltée. Skitty défie le Balignon qui l’a tirée de sa quiétude.
« Parfois, cela amène de belles rencontres. Sofian laissera-t-il ce Skitty femelle passer ? Montrera-t-il l’étendue de ses capacités à cette Skitty qui n’aurait pas dû interrompre son entraînement ? Vous le saurez après la pub ! »


— « Skitty a pris l'habitude de pourchasser les objets mobiles qui le fascinent. On sait que ce Pokémon court souvent après sa queue, jusqu'à ce qu'il ait la tête qui tourne », lut Sofian après avoir dégainé son Pokédex.
— Vous savez ce qui ferait sensation ? intervint Inès en interrompant le tournage. Que vous le capturiez en face de la caméra !
— À quoi ça servirait d’avoir un pokémon qui court après sa queue jusqu’à en attraper le tournis ? Faudrait être stupide pour avoir envie de l’utiliser dans un combat…
— Mais elle est tellement mignonne ! s’émerveilla Flora qui s’était approchée du pokémon sauvage.
Skitty regardait avec férocité le Balignon de Sofian qui ne savait pas trop comment réagir.
— Regardez comme sa queue est toute jolie, avec les petits poils, et les petites perles,… observa Flora en s’agenouillant auprès de la Skitty qui se laissa caresser par la coordinatrice.
Le pokémon agita sa queue devant la jeune fille afin de continuer les caresses, mais se prit bientôt à son propre jeu et chercha à tout prix à attraper sa queue, quitte à tourner sans arrêt sur lui-même.
— Adorable ! s’exclama Flora.
— Inutile… marmonna Sofian.
— Je vous assure que ça fera monter les audiences, et donc votre cote de popularité ! argumenta Inès. En plus, vous aurez le soutien des jeunes filles qui adorent les dresseurs qui ne se cachent pas de leur part féminine.
— Part féminine ? Moi ?! s’insurgea Sofian. J’attrape pas ce pokémon pour avoir des groupies ! Et puis, je suis d’accord de faire votre reportage mais je ne vais pas capturer un pokémon inutile juste pour vous faire plaisir !
— Mais vous le relâcherez après, on trouvera bien une excuse, ou au pire on ne le dit même pas, on s’en fiche tant qu’on voit que vous le capturez ! insista Guy.
— Nan ! En plus, il est de type normal. Un vrai boulet !
— Tu ne comprends rien aux pokémons ! s’énerva Flora qui en avait assez. Il n’y a pas que les gros bourrins qui ne savent que se foutre dessus qui sont les seuls pokémons intéressants ! C’est justement ce genre de pokémons mignons qui fait toute la subtilité de l’élevage. Regarde cette Skitty, observe-la bien sous toutes ses formes, et ose dire qu’elle n’est pas parfaite !
Sofian s’exécuta.
— Elle ne sert à rien, conclut-il.
— Moi, je veux bien la capturer votre Skitty ! annonça Flora, au bord de la crise de nerf. Elle est tellement gracieuse, tellement belle, tellement craquante ! Elle est parfaite ! Et en plus, elle a l’air très douée, intelligente, courageuse et robuste. Une magnifique partenaire de concours pokémon !
Inès et Guy froncèrent les sourcils, peu ravis par ce changement de scénario.
— Vous avez dit qu’on était dans l’improvisation, non ? se souvint Flora. Eh bien je vous propose un nouvel axe à votre reportage : un reportage d’investigation sur un groupe de jeunes qui voyagent. Comme ça, on s’intéresse aussi à la coordination, ça met la place de la femme du groupe en valeur, donc plus d’audience masculine, et votre public aura tout le sensationnalisme de votre reportage avec la capture du Skitty ! Qu’est-ce que vous en dites ?
Les journalistes semblaient perdus dans leurs pensées, les yeux rivés au ciel, la matière grise en action. Enfin, Inès esquissa un sourire de conquérante.
— C’est une idée excellente ! Pas vrai Guy ?
— À fond !
Flora applaudit de joie et afficha une grimace de victoire à son ami qui se ficha pas mal de ce retournement de situation.
— Je vois déjà le titre de l’émission ! On peut même réutiliser l’intro qu’on avait pour le reportage sur le Skitty ! Suffit juste de le changer un peu… Vas-y, démarre la caméra, j’ai de l’inspiration !


La journaliste fait face à la caméra et avance très lentement vers l’objectif.
« Aujourd'hui, un jeune sur trois sillonne les routes de Hoenn en quête d'aventures et de médailles. Les pokémons sont en effet la passion première de nos adolescents. Quelles sont leurs occupations durant leur voyage, mais surtout, comment partagent-ils leur vie en compagnie de leurs amis les monstres ? Ce soir, nous vous proposons de passer une journée en compagnie de trois étoiles montantes dans votre rendez-vous d'investigation : Les sentiers de Hoenn. »

Une coordinatrice hyperactive
« La coordination est un des arts les plus réputés de Hoenn, qui nous offre les plus beaux spectacles chaque année. Mais derrière ces représentations quasi théâtrales se cachent des centaines d’heures de travail. »
— Je m’appelle Flora Seko, et je suis coordinatrice pokémon.
Flora applique une crème liquide sur la peau imberbe et humide de son Gobou. La scène suivante montre Flora en train de retirer la fine pellicule de poussière accumulée sur les ailes de son Charmillon.
— Beaucoup de dresseurs se moquent de la coordination pokémon, Flora avoue.
Flora se retourne vers Sofian qui entraîne ses pokémons au loin, dos à la caméra.
— Je ne pense pas que ce soit de la jalousie ou de la stupidité. Non. En fait… Ce sont simplement des dresseurs qui ne savent pas. Oui, c’est ça. C’est l’ignorance. Ils ne connaissent pas toutes les subtilités de cet art qui unit les éleveurs et leurs pokémons. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs qu’on nous demande aussi de savoir combattre. Mais toujours en étant connecté à notre pokémon, en étant coordonné. Certains dresseurs devraient s’en inspirer parfois.
Flora se retourne à nouveau vers Sofian qui crie sur son Galifeu. Flora affiche un sourire amusé plein d’à propos.
« Mais quel est donc le secret de la parfaite coordinatrice ? »
— Je ne pense pas qu’il y ait véritablement un secret dans la coordination. Il faut savoir tirer profit de toutes les caractéristiques de son pokémon. C’est aussi simple que cela. Il faut les aimer, les chérir, les comprendre. Oh… attendez !
Flora a le regard attiré par quelque chose derrière l’objectif de la caméra.
« Il semblerait que Flora ait repéré un pokémon sauvage. »
Flora s’approche d’une Skitty qui tourne sur elle-même en vue d’attraper sa queue.
— Les Skitty sont des pokémons parfaits pour la coordination, Flora chuchote. Je vais la capturer.
« Un sourire charmant, une approche tendre, la pokéball à la main : telle serait la technique la plus en vogue chez les coordinateurs. »
Un Balignon atterrit violemment au sol et Skitty s’enfuit.
— Oups ! Désolé !
— Sofian !


Sofian se précipita vers son Balignon et le prit dans ses bras.
— Pardon, désolé, désolé ! se répandit-il en excuse. Galifeu est peut-être un peu trop puissant pour affronter Balignon.
— C’est une blague ? s’énerva Flora. Tu viens de nous interrompre le tournage et tu as fait fuir Skitty !
— Ce n’est pas grave, intervint Guy afin de calmer le jeu, de toute façon il y avait un passant en arrière-plan, la scène devait être filmée à nouveau.
— Excuse-moi si je m’entraîne ! répliqua Sofian sans prendre en compte la remarque du caméraman. Y a des gens qui font des choses beaucoup plus intéressantes que tourner un reportage scénarisé. J’ai un badge à gagner moi !
— Et moi, une cote de popularité à atteindre si je veux me faire une place dans la coordination !
— Comme quoi, la coordination ça ne repose pas sur le talent mais sur l’image…
— Sofian, Flora, calmez-vous… marmonna Timmy en essayant de les séparer.
Inès fit un signe discret à Guy qui comprit directement sa collègue : il alluma sa caméra et filma la scène de ménage.
— Ça veut dire quoi ça ?! s’emporta Flora. J’ai pas de talent, c’est ça ?
— Je dis juste que si tu avais fait un meilleur choix de carrière, on ne serait pas obligé à perdre du temps avec des caméras et on serait déjà à Vermilava pour mon badge ! Mais non, madame est coordinatrice, madame veut se faire belle devant les caméras, madame veut aller à Autéquia, madame…
— Tu sais ce que tu es toi ?! Tu veux savoir ce que je pense de toi ?!
— Probablement que j’ai raison, et qu’on ferait mieux de reprendre notre voyage plutôt que de perdre du temps avec ces conneries, envenima Sofian.
— RÉPÈTE ÇA ?! hurla Flora, des larmes de rage aux yeux.
En voyant la tournure de la dispute, Guy baissa sa caméra et Inès échangea un regard inquiet avec Timmy qui semblait avoir perdu le contrôle de la situation. Jamais il n’avait vu son amie aussi révoltée.
— DES CONNERIES ? Et tes combats d’arènes futiles où tu obliges tes pokémons à se taper dessus pour gagner un bout de métal à mettre dans une boîte, tu ne trouves pas que ce sont des CONNERIES ?? Tu veux savoir c’est quoi ton problème ? Tu es un connard d’égocentrique égoïste et désobligeant. Tu n’as d’intérêt que pour tout ce qui tourne autour de toi, le reste tu t’en fiches ! Ta modestie est à la hauteur de ton niveau intellectuel qui se résume à la profondeur d’une cuillère à café ! « On ferait mieux de reprendre notre voyage », tu veux plutôt dire « ton voyage » puisque tout tourne tout le temps autour de ta petite personne ! Je te rappelle que je voyage avec toi parce que tu me l’as proposé ! Si j’avais su que mon voyage se résumerait à n’être plus que ton ombre, jamais je n’aurais accepté ! Qui est-ce qui t’a appris à capturer un pokémon ? Qui t’a appris à combattre ? Qui est la fille d’un professeur pokémon de renom et qui est le dresseur débutant qui n’était jamais sorti de chez lui, seul ? Je voyageais très bien seule, moi, et je peux très bien reprendre ma route seule si tu en as si peu à foutre de moi !
Flora se frotta le visage inondé par ses larmes de rage. Essoufflée, elle se rendit alors compte que tout le monde était resté silencieux autour d’elle. Sofian la toisait du regard, se mordant la lèvre pour ne pas répondre de plus belle, et Timmy avait le visage d’un démineur face à une bombe récalcitrante.
— On devrait reprendre le tournage demain, dit enfin Inès en brisant le silence de plomb qui s’était installé.
— De toute façon, il commence à faire sombre et la qualité de la lumière en pâtit, ajouta Guy, mal-à-l’aise.
Sofian et Flora poursuivirent leur jeu de regard à celui qui le baisserait en premier.
— Je pense en effet qu’on ferait mieux d’aller se reposer un peu, décida Timmy plus que dérouté.
— Nous avons assez de place pour vous trois dans la caravane, mais faudra… se serrer un peu, expliqua Inès.
— Vous dérangez pas, je préfère dormir dehors, répondit sèchement Flora qui s’éloigna à grand pas du groupe.


Devant un feu de camp, Timmy joue avec une branche dans les flammes.
— Je m’appelle Timmy Bronam, et je suis en voyage dans Hoenn pour découvrir le monde. Dans mon voyage, j’ai rencontré pas mal de pokémons et je me suis lié d’amitié avec deux d’entre eux.
Derrière Timmy, un Arko et un Tarsal gambadent gaiement.
— Ah vous savez… Timmy soupire. C’est pas évident tous les jours. On peut dire que le voyage en compagnie de deux personnes à fort caractère est… pénible. D’autant qu’ils ont tous les deux des aspirations très différentes et qu’ils sont forts têtus. Oui, je suis peut-être le médiateur du groupe. En tout cas, c’est pas cette ambiance qui va améliorer mon état de santé…
Flora crie au loin.
— Qu’est-ce qu’il se passe encore ? Timmy soupire, las.
La caméra fait un zoom très rapide sur Flora qui, de très loin, montre quelques pokémons s’enfuir, dont un Miaouss et une Skitty.
La scène suivante, on retrouve le Gobou de Flora en combat contre une Skitty sauvage.
— Allez Flora ! Timmy encourage.
— Ouais, vas-y… Sofian marmonne quelques encouragements sans trop d’enthousiasme.
« Une attaque bien placée,… »
L’attaque « pistolet à eau » de Gobou atteint la Skitty sauvage qui tombe à la renverse.
« …un moment d’inattention pour le pokémon sauvage,… »
Skitty se relève et est attirée par sa queue. Skitty chasse sa propre queue. Flora lance une pokéball. Skitty entre dans la pokéball sans opposer de résistance.
« …et la coordinatrice capture son troisième pokémon. »
— Bravo !
— Tu l’as fait !
Timmy applaudit l’exploit. Sofian lève les poings en l’air. Flora bondit dans les bras de ses amis.
« Finalement, lorsqu’on parcourt les sentiers de Hoenn en groupe, l’amitié prend le dessus sur les tensions du voyage. »


Derrière les trois adolescents, Inès terminait son reportage seule face à la caméra de Guy. Flora fit sortir de sa pokéball son nouveau pokémon et Skitty n’attendit pas plus d’une minute avant de courir après sa propre queue à nouveau.
— Je suis sûr que tu vas faire sensation avec Skitty au prochain concours, complimenta Sofian sur un ton inhabituellement gentil.
— Ce n’était pas mon but principal quand je l’ai capturée, répondit froidement Flora.
Timmy lui écrasa discrètement les pieds et Flora se ravisa :
— Mais merci, c’est gentil.
Sofian lui sourit poliment.
— Encore merci infiniment pour votre participation au reportage ! remercia chaleureusement la journaliste en les rejoignant. Grâce à vous, on est sûr de faire un nouveau carton d’audience ! Flora, tu verras qu’avec ce documentaire, tu seras la première à être interviewé au concours d’Autéquia ! Bon, généralement on paie nos invités dans nos documentaires, mais étant donné que vous êtes mineurs, vous ne pouvez pas recevoir de l’argent de la part de la télévision. Si on peut faire quoi que ce soit pour vous, nous serions ravis !
— Ça tombe bien, parce qu’on commençait à être à cours de nourriture, avoua Sofian dont le ventre grogna férocement.
— C’est vrai qu’on va avoir besoin d’être réapprovisionnés si on veut tenir le long voyage qui nous sépare d’Autéquia, ajouté Flora.
— Vermi… commença Sofian.
Mais le regard inquisiteur de Timmy l’empêcha de terminer sa rectification.
— C’est comme si c’était fait !
— Je vous conseille de ne pas tracer tout droit pour Autéquia, précisa Guy. Le désert est terrible à passer si on n’est pas assez bien équipé. On a fait un tournage pendant les grandes vacances et on a bien failli ne jamais le terminer tellement les conditions climatiques étaient horribles.
— Quel serait le chemin le plus adéquat ? questionna Timmy en sortant son Pokénav de sa poche.
Guy l’aida à se réparer sur son plan numérique.
— Bon, eh bien il est temps de se remettre en route ! décida Flora en recevant les vivres que lui confia Inès. Tu es prête à voyager, Skitty ?
Skitty miaula de plaisir et fit frissonner sa queue. Attirée par le mouvement de sa queue, elle se mit à nouveau à courir après elle-même.
— Va falloir que je te dresse toi, si on ne veut pas passer pour des idiots au concours… marmonna Flora en la prenant dans ses bras.
Les trois adolescents reprirent alors leur route en laissant les journalistes commencer leur travail sur le montage du reportage. Dans une volonté de tourner la page, Sofian désira féliciter une nouvelle fois son amie qui lui tourna le dos et évita tout contact avec lui. Sofian l’avait compris : il avait dépassé les limites et le chemin allait être long.


— Quelles journées ! Au moins, on aura eu quelques belles scènes malgré l’animosité entre eux.
— Au pire, on a assez d’images pour monter un truc potable sur une amitié indéfectible… Allez, allons dormir, le montage va être long et pénible. Tu as éteint la caméra ?
— Euh… Oui, je pense bien, Guy assure.
La caméra filme à travers la fenêtre de la caravane. Il fait nuit. Le matériel est laissé à l’extérieur, de sorte qu’on entend le son provenir de la perche à micro qui repose au sol de la clairière. Des ombres bougent dans les buissons. La caméra procède à un focus automatique sur le mouvement des feuilles.
— Elle a donc trois pokémons à présent, dit une voix raillée.
— Un Gobou plutôt bon, un Charmillon bien entraîné et une Skitty novice, résume un homme.
— Malgré tout, ils ne sont pas aussi puissants que ceux de Sofian, précise une femme.
— Je pense qu’on a toutes les infos qu’on voulait sur elle, on peut passer au suivant.
— Oui, demain, on observe Timmy !
— J’avoue que j’aurais bien voulu piquer son Skitty, ou la capturer avant. Mais avec cette caméra dans les parages, impossible…
— Vois le bon côté de la chose, personne ne nous a encore débusqués et on peut jouir de notre plan au calme.
— En plus, on n’a plus de casier judiciaire depuis notre fuite de Myokara ! Tout roule pour nous !
— Allez, allons trouver un coin pour dormir loin des caméras. Bon travail à vous, Team…
La batterie de la caméra s’épuise.


À suivre dans : « Piégés au cœur de la fournaise »