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La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 30/03/2016 à 20:04
» Dernière mise à jour le 17/02/2021 à 20:55

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 4 : Mensonges et gros appétit
"Les Taupiqueur sont claustrophobes. Pourquoi les Poissirène n’ont-ils pas peur de l’eau ?"

Question posée lors d’un examen de philosophie à Citéfol.


***


— Qu’il est con, ce piaf ! se plaignit Julie, cachée dans son buisson. Depuis quand les Roucarnage sont-ils plus forts que LE Roucoul ?
— Il vient d’un autre continent, ou une connerie comme ça, expliqua Antoine. Apparemment, dans le sien tout est inversé, si j’ai bien saisi.
— C’est pour ça qu’il pense que les Mackogneur seraient violents ?
— Ouais, c’est ça.
— Diantre ! intervint Insolourdo. Je comprends mieux la manière illogique de réfléchir de notre compagnon d’infortune !
— On lui donne un coup de main ? demanda Julie en regardant l’Alakazam s’avancer d’un air menaçant vers Ticho, son gourdin prêt à frapper.
— Non, attends. Keunotor le défendra s’il y a un problème. Nous, on observe et on prie pour que cet imbécile de canard ne fasse pas une énième bourde.


***


Ticho déglutit difficilement. L’Alakazam était drôlement proche, maintenant. Il sentait aussi mauvais que sa paillasse. Voire plus.

— CADEAU !!! hurla l’Alakazam avec sauvagerie.

Ticho vit le gourdin s’élever. Il ferma les yeux, priant pour vivre, mais rien ne se produisit.

— CADEAU DE MOI À TOI !!!

Ticho rouvrit les yeux. Alakazam lui tendait le gourdin. Ticho, méfiant, tendit son aile pour s’en emparer. L’arme était lourde mais il réussit à ne pas la faire tomber.

— MAINTENANT, TOI DONNER CADEAU À MOI !!! POUR PAIX !!! POUR AMIS !!!

Ticho regarda autour de lui. Il n’avait pas vraiment le choix, de toute façon.

Il tendit son précieux poireau vers l’Alakazam. Le Pokémon Psy le prit entre ses mains comme s’il s’agissait d’un lingot d’or à ne pas abîmer.

— CADEAU SE MANGER ???
— Non, non, surtout pas ! Il est empoisonné ! C’est mon arme secrète !
— OH ? MOI AUSSI AVOIR ARME SECRÈTE !!!

Ticho cligna des yeux. Il regarda à droite et à gauche, tentant de déterminer la nature de cette arme secrète.

— Ah… Ah bon ? Où ça ?
— ARME SECRÈTE DE MOI ETRE A TOI MAINTENANT !!!

Alakazam désigna le gourdin.

— Ah oui ! s’écria Ticho. Une arme secrète ! Oui, très secrète, en effet…

Ticho eut un rire nerveux. Alakazam pencha la tête sur le côté, curieux :

— TOI ETRE BIZARRE !!! MAIS MOI BIEN AIMER ROUCARNAGE !!! MOI CONTENT D’ETRE AMI DE TOI !!!
— Ouais, ouais, tu m’en diras tant.
— MOI FAIRE DANSE DE LA JOIE POUR TOI !!!
— Et merde… grommela Ticho, dépité.

Alakazam commença à faire quelques pas de danse absolument ridicules. Ticho se retenait de ricaner. Mais il avait aussi très peur d’avoir une réaction qui froisserait cet étrange Pokémon.

— TOI AIMER DANSE DE LA JOIE DE MOI ???
— Oui, oui, c’est magnifique ! Ça me coupe le souffle !
— ROUCARNAGE AIMER DANSE !!! ROUCARNAGE AMI DE MOI !!!
— Euh… Dis-moi, le sauvag… euh, je veux dire, mon ami. Pourquoi tu t’amuses à casser les maisons de ces pauvres Machopeur ?

L’Alakazam se figea, se rappelant soudain de leur existence. Puis il reprit sa danse frénétique tout en riant à gorge déployée.

— PARCE QUE CASSER MAISON ÊTRE RIGOLO !!!
— Bon, le prends pas mal, hein. Mais c’est pas très gentil. Je suis sûr que si tu te montrais gentil avec les Machopeur, tous les Pokémon Vol du monde se mettraient à te trouver… euh… sympathique.

Alakazam se figea, son visage distordu comme s’il réfléchissait. Puis il hurla avec hésitation — oui, c’est possible.

— ALORS… SI MOI GENTIL AVEC MACHOPEUR ET SI MOI PAS CASSER LEURS MAISONS… OISEAUX DU MONDE ENTIER SERONT AMIS DE MOI ???
— Oui, c’est tout à fait ça !

Alakazam resta sans voix, comme subjugué par cette idée. Ticho sentit très vite qu’il touchait une corde sensible. C’était peut-être là que résidait la solution à tous leurs problèmes…

— Alors, ça te dit, de devenir gentil ?
— … SI MOI CONTINUER A CASSER MAISONS… TOI TOUJOURS ETRE AMI DE MOI ???
— Euh… non, si tu continues à faire des choses méchantes aux Machopeur, je ne serais plus ton… ami.

L’Alakazam parut choqué. Il se laissa tomber par terre avant d’émettre des bruits étranges. Ticho, dégoûté, recula un peu et se rendit compte que le sauvage pleurait toutes les larmes de son corps en gesticulant par terre.

Puis, soudain, par facilité scénaristique, Alakazam bondit sur ses pieds :

— D’ACCORD !!! MOI VOULOIR ETRE GENTIL POUR ETRE AMI DES OISEAUX !!!
— C’est bien… c’est… bien.
— MOI VOULOIR AIDER MACHOPEUR TOUT DE SUITE !!! MOI PARTIR !!!

Et soudain, l’Alakazam fondit hors de la grotte, piétinant presque Ticho qui dût s’écarter au dernier moment. Le Pokémon Psy disparut entre les arbres, passant tout près de la cachette des compagnons de Ticho, qui s’affola un peu :

— Qu’est-ce qu’il est parti faire, ce taré ?

Antoine, Julie et Insolourdo jaillirent des buissons :

— Vite, rattrapons-le ! s’écria le garçon. J’espère qu’il ne va pas leur faire de mal…


***


Quand les quatre compagnons arrivèrent au village, ils furent stupéfaits.

Les habitants de Machomière étaient d’ailleurs tout aussi éberlués qu’eux ; Alakazam s’activait énergiquement pour réparer une des maisons. Il posait des briques une à une avec une énergie folle, reconstruisant un des murs de la chaumière en ruines.

Mackogneur, le chef du village, s’approcha des amis :

— Euh… que s’est-il passé ?

Antoine haussa les épaules :

— Ticho l’a convaincu de vous aider et d’être gentil avec vous. Et ça a l’air de fonctionner.
— Je vous remercie, dans ce cas, bel oiseau.

Ticho gonfla sa poitrine, empli d’orgueil :

— Il est vrai que j’ai pris de gros risques pour vous, tichôôô.
— Prends pas la grosse tête, tête de piaf ! répliqua Julie, appréciant visiblement sa répétition maladroite.

Le Canarticho se vexa, et agita le gourdin qu’il tenait toujours dans une de ses ailes :

— Vous aviez promis de ne plus m’appeler comme ça si je réussissais cette mission de m… enfin, cette mission.
— On a rien promis du tout. Pas moi, en tout cas.

Alakazam venait d’achever un mur de briques… certes un peu branlant, mais il venait à lui seul, en trois minutes, de faire l’équivalant du travail de trois Machopeur. Il commença à s’acharner sur une chaumière voisine. Des Pokémon lui vinrent en aide avec reconnaissance.

Mackogneur soupira, soulagé :

— La vie au village va être bien plus agréable, désormais. Merci, aventuriers. Nous allons vous donner de la nourriture pour votre voyage, si vous l’acceptez.
— Avec plaisir, chef, approuva Antoine.
— Il reste un problème, signala Ticho avec gravité.

Sa voix, assourdie, capta aussitôt l’attention de ses camarades. Ils se tournèrent vers lui, saisissant dans son ton que la situation était grave.

— Alakazam a encore mon poireau.
— C’est qu’un poireau, rétorqua Julie. On t’en trouvera un autre.
— NON !

Le cri du Pokémon Vol résonna. Ceux qui l’entouraient sursautèrent. Ticho toussota, gêné :

— C’est très important pour moi. J’ai vécu toute ma vie avec ce légume, c’est le mien. Il doit rester avec moi. C’est comme un… partenaire de route, quoâ.

Les autres se turent, essayant de comprendre sa logique, mais sans y parvenir tout à fait. Antoine haussa les épaules, désabusé :

— Il m’a l’air suffisamment stupide pour que tu trouves une excuse bidon pour le récupérer. Tu n’as qu’à lui donner une de tes plumes en échange.
— Une de mes plumes ! s’outra Ticho.

Julie, agacé, soupira :

— Bah quoi ? Me dis pas que tes plumes sont tes partenaires de route aussi !

Un juron étouffé lui répondit, et Ticho poussa un soupir de dépit.

— Bon, très bien…


***


— MOI AVOIR ÉTÉ GENTIL !!! MOI AMI DES OISEAUX !!!
— C’est bien, c’est bien… marmonna Ticho. Hé, j’ai un cadeau pour toi.
— CADEAU ???
— Oui, tiens. C’est la grande plume sacrée du Roucarnage ultra-légendaire. De moi, quoâ. Mais tu dois me donner mon poireau en échange.
— OOOOOH !!! MERCI POUR CADEAU, ROUCARNAGE !!!

L’échange fut vite réglé, et aussitôt, Alakazam rompit la discussion pour aider les dernières maisons à se reconstruire. Un Machoc se posta devant Ticho, avec un large sourire sur le visage, et un profond respect dans la voix.

— Merci, m’sieur l’oiseau ! Tout le village vous prenait pour un dingue quand vous avez parlé à votre poireau, tout à l’heure ! Maintenant, tout le monde vous considère comme un héros. Toujours aussi dingue, bien sûr, mas un héros dingue c’est mieux, hein ?

Ticho rougit.

— Euh… C’est bizarre mais je ne sais pas trop si je dois être content ou en colère, là…
— Merci beaucoup, hein ! esquiva habilement son interlocuteur pacifiste.

Le Machoc fit demi-tour pour aller aider Alakazam et quelques autres habitants. Ticho aurait bien voulu faire une plume d’honneur dans le dos de ce malpoli, mais trop de regards admiratifs le fixaient. Il força un sourire avant de rejoindre ses compagnons en quelques battements d’ailes.


***


Antoine jeta son énorme sac à dos sur ses épaules. Il était désormais alourdi de plusieurs kilos de réserves de nourriture. Mackogneur et quelques habitants se tenaient près de là. Le soleil commençait son inexorable descente derrière l’horizon.

— Vous êtes sûrs de ne pas vouloir passer la nuit ici ? demanda de nouveau le chef du village.
— Non, merci, répondit Antoine. On apprécie dormir à la belle étoile, et surtout… ma quête n’attend pas. On a sans doute une longue route devant nous.
— Comme vous voudrez. Merci pour tout, aventuriers, et que votre voyage se termine bien. Merci encore à vous, Pokémon oiseau.

Ticho s’inclina fièrement. Puis le groupe des quatre compagnons commença à s’éloigner, faisant des signes de la main aux habitants qui commençaient à rapetisser dans leur dos.

Puis, soudain, Alakazam émergea au milieu du chemin.

— ROUCARNAGE !!! s’écria-t-il, au bord de la panique. TOI PARTIR ???

Julie jura à voix basse. Antoine fit un signe de tête à Ticho et murmura :

— Débarrasse-nous de lui…

Ticho grogna et s’avança devant Alakazam, qui le regardait comme un dieu vivant.

— Euh… Je dois partir très loin pour une grande aventure. Je suis un Pokémon ultra-légendaire, donc j’ai pas mal d’obligations, tu vois ?
— Ouais c’est ça… siffla Julie derrière lui, mécontente.

Les épaules d’Alakazam s’affaissèrent.

— MOI TRISTE QUE TOI PARTIR…
— Oh, oui, moi aussi je suis trèèès triste de te quitter… Mais ne t’en fais pas, je… euh… je reviendrai bientôt !

Alakazam hocha lentement la tête en souriant :

— SI TOI PAS REVENIR BIENTÔT, MOI PARTIR ET RETROUVER !!! TOI AMI DE MOI !!!
— Euh… Ok.
— SALUT ROUCARNAGE ULTRA-LEGENDAIRE !!!

Et sur ces paroles solennelles et émouvantes capables de faire s’émouvoir un assassin sociopathe, Alakazam s’enfonça dans les bois en courant et en hurlant des inepties.

— Ça, c’est fait, lâcha Antoine.

Julie ricana, telle une antagoniste de film à petit budget.

— Comme c’était touchant, tête de piaf ! « Je reviendrais bientôt ! ». T’étais vraiment obligé de dire ça ? Sérieusement, je rêve ou c’est vraiment devenu ton ami ?
— Bien sûr que non ! Cette brute est un sauvage, contrairement à moi qui suis bien plus raffiné ! On n’aurait jamais pu s’entendre, de toute façon.

Insolourdo intervint.

— Je crois déceler une trace de regret dans ce ton presque compatissant.
— Ferme-la, limace savante, répliqua le canard. On a de la route à faire, j’ai pas besoin que tu me donnes la migraine !
— Ne puis-je donc pas avoir droit à un peu de tolérance ? Il s’agit de ma première réplique depuis le dernier chapitre…


***


Ils passèrent la nuit dans une clairière, dormant auprès du feu.

Ticho respirait régulièrement, serrant son poireau dans ses ailes comme s’il s’agissait d’un doudou. Julie ronflait bruyamment de l’autre côté du feu. Insolourdo n’arrivait pas à trouver le sommeil à cause de sa dresseuse. Trop poli pour le lui faire remarquer, il décida de ramper un peu plus loin d’elle. C’est alors que le Pokémon remarqua qu’Antoine, lui non plus, ne dormait pas.

Le garçon, adossé à un arbre, venait de sortir des feuilles de papier de son énorme sac à dos. Insolourdo s’approcha :

— Et bien, jeune homme, du mal à tomber dans les bras de Morphéo ?
— Dans les bras de qui ? s’étonna Antoine en levant les yeux.
— Oh, rien. Ce n’est qu’une expression qui date un peu, ça n’a guère d’importance.

Antoine montra la carte de Krénios qu’il avait à la main :

— Tenez, regardez ça. On continue au sud, selon vous ? Ma recette se trouve par-là ?

Insolourdo prit un air encore plus sérieux que d’habitude, tentant de masquer sa gêne.

— Voyons voir… Euh… Comme Citéfol n’est pas bien loin, j’avais pensé à rendre visite à un vieux collègue à moi…
— Il a aussi cherché la recette du cookie ?
— Oh, non, mais c’est un scientifique. Un humain, assez intelligent. J’avais pensé que nous pourrions lui demander de nous prêter quelques gadgets pour nous aider.
— Euh… d’accord, si vous le dites. Et après ça ?
— Après, nous devrions visiter les… euh… les collines en bas, là.
— Les Collines Kisantpabon ?
— Oui ! C’est ça.

Antoine soupira et laissa tomber sa carte sur ses genoux. Puis il regarda Insolourdo droit dans les yeux. Il paraissait enfin avoir compris ce qu’il tentait en vain d’ignorer depuis le début de leur aventure ensemble.

— J’ai déjà cherché plusieurs semaines à cet endroit. Je n’ai jamais trouvé le moindre indice sur cette recette. Je commence à croire Ticho quand il dit que vous vous foutez de moi, Julie et vous.
— Hein ? Mais pas du tout, voyons… Ce n’est que…
— Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que vous avez déjà cherché cette recette dans votre jeunesse ?

Insolourdo s’affala encore plus au sol qu’il ne l’était déjà. Il poussa un souffle abattu.

— Je ne peux me résoudre à mentir plus longtemps à un garçon aussi honnête que toi… Non, je n’ai jamais entendu parler de la recette du brownie magique.
— Le cookie, rectifia Antoine. Et j’ai jamais dit qu’il était magique. Mais bref, vous ne me servez donc à rien. Julie, c’est la même chose. Demain, nous partirons, Ticho et moi, sans vous. Déjà qu’il est relou, cette tête de piaf, mais alors avec vous… J’aurais préféré me coltiner Alakazam !

Insolourdo parut attristé.

— Je comprends… Mais ma dresseuse sera déçue, et ne voudra probablement rien entendre, et vous suivre tout de même.
— M’en fiche. Tant qu’elle est hors de mon champ de vision et que je n’entends ni sa voix criarde ni ton vocabulaire pompeux, ça me va tout à fait. Allez, bonne nuit.

Antoine rangea ses affaires dans son sac et s’éloigna de quelques mètres pour s’endormir hors de portée des ronflements de Julie. Insolourdo, dépité, retourna près du feu. Il observa le ciel étoilé, pensif :

— Aaaaah. Le bon vieux temps où je volais dans le ciel comme un Prismillon naïf me manque…
— Hm… grommela Ticho dans son sommeil. Poireau… Mon cher poireau…

Insolourdo observa le Pokémon Vol d’un air dubitatif.

— Au moins, je n’aurai plus à passer mes nuits avec ce vulgaire compagnon.

L’estomac d’Insolourdo gargouilla. Il avait faim. Il avait pourtant déjà ingurgité la moitié des réserves de nourriture données par Mackogneur ; les Insolourdo avaient un gros appétit.

Son regard tomba sur le poireau de Ticho. Il hésita.

— Après tout, pourquoi pas ? Nous allons nous séparer, de toute manière, et notre relation est déjà difficile… J’ai trop faim.

Insolourdo rampa doucement vers Ticho, prêt à nourrir son appétit insatiable.

Le légume, immobile, se tendit d’angoisse…