« Tout argot est métaphore, et toute métaphore est poésie. »
(Gilbert Keith Chesterton)
« Nan, ouais. T’es un porc, Weldon, un bon gros porc… Laisse-là en dehors de tes grosses papattes…»
(Steven soliloquant à propos d'Ana dans le chapitre 74, « Sur tous les chemins »)
« Il l’aime, il l’adore
Il l’aime
Mais le chaos du corps a ses raisons, a ses remords... »
(Mylène Farmer, Insondables)- Allez, vous restez là, et vous bougez pas.
Tristan, Fey, Clive, Gina, Holly, Helen, Violette, Mike, Quinn, Ana, Robbie, Santana, Rebecca, Andréa et Lucy entrèrent et s’assirent.
Steven était traîné.
- Arrêtez !! grommela Mike.
- Non ! geignit Ana.
- Oh bordel… souffla Tristan.
- C’est dégueulasse !! cria Quinn.
Steven fut assis sans ménagement, en larmes. Les autres le regardèrent, inquiets. Il releva la tête. Personne ne détourna les yeux. Il baissa la tête de nouveau, fondant en sanglots.
Il avait mal à la gorge. Il avait beaucoup crié.
Et il n’avait pas vraiment cessé de pleurer depuis qu’ils avaient quitté l’établissement.***
- Je n’en veux pas.
Steven haussa un sourcil. Son père, Joey, semblait stupéfait.
- M’enfin Annie, c’est notre gamin !
- Et je n’en veux pas. Pendant dix-huit ans, il m’a traité comme une étrangère et comme une servante, je ne veux pas de lui.
Steven ne savait même plus où regarder. Les avocats de ses parents, le notaire, sa veste de sport, la table en bois super précieux…
- Parce que tu crois que moi je vais me le coltiner ?
- Il a DIX-HUIT ANS, il va bientôt avoir son diplôme, il peut habiter tout seul.
Steven n’arrivait même pas à en placer une. Il trouva assez de force pour regarder sa mère.
- M… mais maman, euh…
- Ne me donne pas du « Maman » quand pendant dix-huit ans, ça a été du « La vieille » ou du « pousse-toi, tu me caches la téloche ».
Steven serra les dents.
- M’enfin, tu t’es jamais plainte !
- Je refuse d’avoir cette discussion idiote, je ne divorce pas seulement de toi, Joey, je divorce également de notre fils que tu as éduqué comme un mini-toi. J’ai fait tout ce que j’ai pu, supporté ce que j’ai pu, mais là, c’est plus que je ne peux supporter. J’ai besoin d’avoir ma vie à moi.
Joey baissa la tête, honteux. Steven fronça les sourcils.
- C’est DEGUEULASSE !
Annie Weldon regarda son fils.
- T… Tu te casses comme ça, sans même en avoir discuté avec nous, tu fais genre on t’a maltraitée, mais tu t’es jamais défendue non plus, t’es qu’une grosse lâche et tu te barres parce que t’as pas eu les burnes de nous dire en face ce que tu voulais nous dire, et…
- Demande à ton père si tu peux aller vivre chez lui.
Steven resta muet et regarda son père qui semblait gêné.
- … gamin, j’aime bien ma vie de célibataire, j’arrête pas de niquer, et…
Steven tomba des nues.
- … PUTAIN MAIS VOUS ETES VRAIMENT DES PARENTS DE MERDE !
- Pense ce que tu veux, souffla sa mère, désabusée.
- Gamin… soupira son père.
- Jeune homme…
- Puisqu’aucun de vos parents ne veut de vous, vous restez placé chez votre grand-mère.
- Putain, ça craint, merde !
***
Devant l’inspecteur, Steven regardait dans le vide. Reiner et Mars se regardaient, surpris.
- Un problème, jeune homme ?
Steven avait des flashs dans sa tête.
Il se souvint de l’eau. De la glace. Du rire hystérique de la femme. De Quinn qui l’attrape en hurlant. De Mike.
Il soupira.
- Faites ce que vous voulez de moi, je m’en fiche.
- On veut savoir ce qui s’est passé, mentionna Reiner.
Jason Mars avait spécifié à son supérieur d’être délicat avec Weldon au vu du traumatisme évident qu’il venait de subir, plus encore que les autres élèves.
- Ce qui s’est passé… pfff… ce qui s’est passé, c’est qu’on a tous cru qu’on allait jouer les héros et au final…
Steven secoua la tête et leva une main résignée alors que les sanglots revenaient. Reiner et Mars se regardèrent.
- Vous voulez un soutien psychologique, jeune homme ? demanda Jason.
- J’sais pas. J’sais pas, arrêtez de parler.
- D’accord…
***
- On fait quoi ? soupira Reiner.
- Il est inutilisable, ce alors que les informations le désignent comme un acteur majeur de ce conflit.
- Faut voir avec le commissaire.
Jason Mars acquiesça et se dirigea vers le bureau. Il toqua à la porte.***
- Après ils se sont cassés et je suis resté planté là comme un con. J’ai dû signer leurs putains de papiers de divorce pour confirmer qu’ils ne voulaient pas de ma garde, et je suis rentré chez ma vieille qui s’est foutue de ma gueule toute la soirée !
Steven regarda Mike et James qui étaient pliés également.
- Putain d’enculés !!
- Excuse-nous ! geignit Mike en ricanant.
- Juste que… on est blacks et nos parents sont mariés et en couple stable, et toi t’es blanc et… ta famille, c’est exactement les clichés de noirs dans les films !
Mike redoubla d’éclats de rire. James dût s’asseoir sur un banc devant l’école. Fey arriva, surprise.
- Quoi, il est gay ?
- PIRE ! ricana Mike.
- Putain ! soupira Steven.
- Ses parents veulent pas sa garde ! ricana James.
Fey regarda Steven, choquée.
- Vraiment ?
- Quoi, tu te fous pas de ma gueule ? TOI ?
- Non, c’est horrible ! Les garçons, enfin !
- M’enfin, Fey, avoue que c’est drôle ! gloussa Mike.
- Et il arrêtait pas de nous dire qu’on était ses potes du ghetto… ricana James en essuyant une larme.
- Et maintenant, le ghetto, c’est son livret de famille !
Les deux gars s’écroulèrent définitivement de rire, irrécupérables. Fey secoua la tête.
- Ils sont bêtes ! C’est horrible, tu devrais en parler à madame Clover !
- Quoi, mais pourquoi ?!
- Ta situation devient particulière, Steven, il faut que les profs en soient informés !
- Quoi ? Nan !! J’veux pas devenir un cas social comme le petit sac à foutre ou l’autre grande saucisse !
- Tu ES un cas social ! ricana Mike.
- Ta vie va finir dans les annales du white trash ! poursuivit James.
- Ca y est, son rêve se réalise, c’est enfin un redneck !
Rien ne pouvait stopper Mike et James. Steven leva les yeux au ciel.
- Ok, vous deux, allez vous faire enculer, et toi, l’incubateur, pas un mot à Anouckha !
- L’incubateur t’emmerde… marmonna Fey devant la pauvre bestiole blessée.
La troupe vit passer Tino, en ordre de bataille.
- Cours de combat direct de quatre heures sur les terrains ! Cette journée commence bien !
Steven souffla.
- Putain, ça va être quoi, ça, encore ???
- Un cours dans cette école, pourquoi, quelque chose te semble anormal jusqu’à maintenant ?
- Gnnnnnmpflgrgnnn… grommela Steven en partant.
Fey le regarda en secouant la tête.
Wallace et Tristan arrivaient ensemble.
- Tu es ridicule, mais ça ne fait que confirmer quelque chose que je redoutais depuis un moment…
- Oh, allez, c’est un truc normal, nan ?
Tristan s’arrêta et pondéra ce que Wallace venait de dire.
- … je… ne sais pas trop, ça va faire deux mois, et… Je sais pas trop.
- En quoi c’est un problème si à chaque fois qu’on se voit en dehors des cours, ce soit pour coucher ?
Tristan agita la tête et les doigts.
- Nan ! On part d’abord en rendez-vous, faire un petit truc sympa genre tester un bar, un resto ou un truc dans le genre, et après, quel que soit l’heure et/ou mon état de fatigue, tu insistes pour qu’on rentre et qu’on…
Tristan agita les mains. Wallace leva les yeux au ciel.
- Et alors ?!!
- Et alors, c’est pas sain, Wallace, faut qu’on apprenne à pouvoir se passer un peu l’un de l’autre, sinon on va finir par se lasser l’un de l’autre !
- T’as peur que je veuille plus de toi ?!
- Mais non, tu comprends pas !!
Ils arrivèrent au niveau de Walter qui s’étonna.
- Encore vous ? Perrine est de plus en plus lente.
- Explique-lui que je ne sors pas avec lui que pour coucher ! grommela Tristan.
Walter inspira et regarda Wallace.
- Explique-lui qui tu es et quelles sont tes mœurs.
- Oui mais non, ça n’a rien à voir, je refuse de croire que Wallace est une bête conditionnée à baiser systématiquement à chaque fois qu’il a un rencard ! C’est réducteur !
Wallace inspira.
- C’est ma faute si tu m’attires ?
- Un, ça ne me flatte pas, deux, j’aimerais t’attirer plus que physiquement !
- Mais tu m’attires plus que physiquement !
- Prouve-le, en passant du temps avec moi pour une autre raison que celle de me choper après chaque rencard.
- Comment tu le sais, d’abord, t’as fait un tableau Excel ?
- Non, parce qu’à chacun de nos rendez-vous, j’espère juste que tu vas m’embrasser devant chez moi et m’y laisser, au lieu de ça, j’ai droit à un « Ta tante est là ? Bon, on va chez moi alors histoire de prendre un cocktail ? » oh et puis à chaque fois j’ai droit au « on va finir la soirée posés, pépères ! »
Wallace serra les dents. Walter poussa une vive inspiration.
- Est-ce que l’un de vous peut me monter sur ma rampe, au lieu de ressasser une conversation aussi prévisible qu’ennuyeuse ?
- Parlez-en ensemble, je veux réfléchir de mon côté !
Tristan s’éloigna, furieux. Walter inspira.
- J’ai… vraiment de la chance que ce soit moins compliqué avec Naomi.
- Oui bah tout le monde peut pas attendre le mariage… souffla Wallace.
- Tu remarqueras d’ailleurs que c’est moins compliqué avec Naomi alors que ça a été compliqué avec Naomi jadis, donc les choses peuvent s’arranger.
- Ses parents sont cons, les tiens sont paranos, forcément il suffisait qu’ils se voient pour que la tempête de connerie au-dessus de votre union s’annule d’elle-même.
Walter soupira.
- Tu dois lui avouer que tu ne veux rien construire de sérieux avec lui.
Wallace inspira.
- On n’en est pas là.
- Il le sait au fond, il attend juste que tu lui brises le cœur en beauté.
- Fait chier. Et si… et si je voulais construire quelque chose avec lui ? Mais pas… le classique « On est en couple, on a des gosses, on habite ensemble » ?
Walter agita la tête.
- Trouve vite ce que tu veux construire et fais-lui part du plan, et vite.
- Justement, au lieu de lui montrer que je me prends la tête, je le laisse dans une douce ignorance.
Walter souffla en secouant la tête.
- Ok, t’as vu combien d’épisodes de All my Pokemons, exactement ?
- Quoi, pourquoi ?!
- M’enfin, mentir à son compagnon ou à sa compagne, ça n’amène JAMAIS rien de bon ! La vérité éclate toujours ! Et ce jour là, forcément, ça fait mal !
- Ca peut attendre ! On est bien pour le moment !
- Il commence à prendre conscience que tu veux tout sauf du concret et du solide !
- Crois-moi, c’est solide !
Walter regarda Wallace qui agita la tête.
- Je sais, j’ai fait mieux.
- Comme référence graveleuse ou comme excuse ?
- Les DEUX !
- Qu’est-ce qui se passe encore…
Naomi attendait les deux garçons en haut de la rampe. Wallace hissa Walter jusqu’à sa belle.
- Coucou choupette.
- Salut mon ange.
Wallace tira la langue. Naomi croisa les bras.
- Toi, tu t’es disputé avec Tristan.
- Comment t’as deviné…
- Débat agité avec mon petit cœur que j’observais à distance. C’est trop marrant, on dirait toujours que c’est lui qui va te frapper et que tu as peur de t’en prendre une !
- Mais whââât ?! s’étonna Wallace.
- Tu es tellement perspicace ! sourit Walter.
- Hm. Tellement que je sens que je le saoule déjà, et donc je ne vais pas entériner.
- Merci à toi, Arceus… soupira Wallace.
- En fait c’est surtout parce que Walter va me raconter et je préfère être saoulée mille fois par lui qu’une fois par toi.
- On était tellement proches avant, qu’est-ce qui s’est passé ? soupira Wallace.
Naomi inspira.
- Tu as eu une brève période de maturité provoquée par la mort de ton Manternel, et puis une fois que tu as découvert les vertus euphorisantes de Tristan, tu es revenu à ton état originel, et… je vis dans l’attente que tu trouves un équilibre entre réalisme mature et bonheur grisant.
Wallace grimaça, perdu dans l’espace. Naomi leva les yeux au ciel.
- Parle à Perrine.
Perrine arpentait les escaliers.
- Je vais finir par prendre cette rampe moi aussi, ça me fera moins mal… ou par venir en scootinette… admit Perrine en haletant, accrochée à la barre des escaliers.
Wallace la regarda, affligé.
- … t’arrives quoi, là ?
- Il m’arrive que…
Perrine leva le très lourd objet et le posa au sol, épuisée.
- … c’est David qui m’a emmené parce que Denis a oublié sa connerie de sacoche !
Wallace la prit, lourde qu’elle était.
- Eh beh !
- N’est-ce pas. Il transporte des briques, je le jure devant Arceus, il transporte des putains de briques !! grommela la grosse fille.
- En plus on est aux terrains aujourd’hui.
- … je vais tuer Blandine Barnes, je le jure.
- Mais pourquoi t’as pas attendu Robbie pour t’aider à porter la sacoche que tu m’as refilée l’air de rien comme une sale connasse ?
- Je sais pas où il est !!!
Robbie était caché derrière un arbre, observé par Clive, Andréa et Ana.
- Elle est montée ? Ouf, Wallace l’a prise ! Je déteste porter des objets lourds !
Andréa grimaça et regarda Ana.
- Et c’est pour ça que tu ne dois pas sortir avec Steven !
- … on parlait de films Disney… rappela Ana.
Clive regarda Robbie qui semblait les juger et secoua la tête.
- Nan, nan, elle plaisante, elle plaisante ! Haha !
Clive se tourna vers Ana dans le secret de la confidence.
- J’insiste, Rox et Rouky… déchirant ! J’ai pleuré comme un bébé.
- Ah j’essaierai alors ! acquiesça Ana.
Les élèves se mirent en rang. Steven semblait lessivé. Fey s’approcha de lui.
- Si tu as besoin de parler…
- J’peux toujours parler tout seul, oui, je sais.
- … je sais pas si c’est toi le crétin ou moi l’idiote de venir te parler.
Steven soupira et regarda les hommes de l’association Pokémon inspecter les rangs. Ils observaient la classe, désormais à moitié portant l’uniforme, avec un mélange de suspicion et de satisfaction.
« Putain d’école de dégénérés. Putain de classe. Putain de vie de merde. »
***
Dans l’établissement…
- Quoi, attends, tu déconnes ?!
- Je suis sérieux, Rebecca ! C’est horrible, je veux pas rompre, mais si ça continue comme ça…
Rebecca regarda Tristan, puis Santana et Violette à côté d’elle.
- Vous occupez pas de nous… marmonna Violette.
- Oui, on continuera cette conversation sur ma mère qui couche avec le gars des services sociaux plus tard ! admit Santana.
- Désolé, j’ai personne d’autre à qui en parler ! souffla Tristan.
- Ton meilleur ami… marmonna Santana.
- Sa petite amie… songea Violette.
- Tes deux autres amis, Juif et Locomotive.
- Naomi, Walter…
- Oui, en effet, les amis de Wallace savent suffisamment faire la part des choses pour être de bons confidents impartiaux… reconnut Santana.
- Et même Robbie…
Tristan plissa les yeux.
- Depuis quand vous vous moquez de moi comme ça ?! Et pis vous avez l’air bien complices !
Santana inspira.
- On est sorties ensemble, on a rompu, on est devenues de simples amies ! Veni, Vidi, Vici !
- Voilà. Et je suis d’accord avec Rebecca, si j’ai bien deviné ce qu’elle pense de ton histoire…
Rebecca souffla.
- Ca fait à peine deux mois ! Si tu veux que Wallace se calme, espace vos rendez-vous ! Quatre fois par semaine, c’est trop !
- Voilà ! sourit Violette.
- Merde, je suis d’accord avec la reine des bottines… soupira Santana.
Tristan agita la tête.
- Mais si on se voit moins…
Francis et Quinn arrivèrent, tous pleins de bonheur.
- … regardez, Francis et Quinn, ils sont tout le temps fourrés ensemble, et y’a pas de problème !
Francis plissa les yeux.
- Oh quoi, il est encore en train d’attirer l’attention de tout le monde sur ses problèmes ?!
- Oui ! souffla Rebecca.
- Tout à fait ! soupira Santana.
- Je confirme ! admit Violette.
Tristan baissa la tête.
- J’ai personne à qui en parler d’autre que Rebecca !
- Apprends à te gérer tout seul, bon sang !! C’est toi qui m’a appris à jouer à Sim City ! Tu es capable de diriger une ville virtuelle mais pas un simple petit ami ?!
- Je ne peux pas vérifier les stats de Wallace en permanence !
Quinn plissa les yeux.
- C’est quoi le problème en fait ?
- Han non ! soupira Santana.
- On va plus l’arrêter ! souffla Violette.
- A chaque rendez-vous avec Wallace, ça se finit en sexe !
Quinn cligna des paupières.
- Et ?!
Tristan fit de gros yeux.
- ET ? Et… c’est… pas sain !
- Hm… pardon Santana, je vais dire un truc pas très féministe.
- Les homos ne sont pas assurés par le féministes, sauf s’ils ont l’intention de changer de sexe.
Rebecca et Violette regardèrent Santana qui haussa les épaules.
- On est très sectaires, j’avoue.
- Tristan, est-ce que ça t’arrive de dire non ?
Tristan grimaça.
- Bah…
Santana regarda Quinn.
- Tu sous-entends qu’il le viole ?
- Bah je sais pas, mais si pour avoir du sexe avec Tristan, il faut un simple rencard, c’est que Tristan doit être une fille facile ! admit Quinn.
- T’as pas tort.
Tristan hésitait.
- Nan mais… vous le connaissez ! Vous savez bien comment il est…
- Et quand vous allez en rendez-vous, tu t’habilles comment ? demanda Francis.
Santana releva la tête, piquée au vif. Francis s’étonna.
- Quoi ? Si ça se trouve il s’habille comme une pute !
- Je mets les mêmes habits qu’ici ! C’est juste qu’il… sait y faire.
- Dans ce cas, ne le blâme pas parce que TU n’as aucun contrôle sur votre relation !
Tout le monde se tourna vers Helen qui avait, comme qui dirait, écouté aux portes. Elle s’éloigna en courant.
- A plus tard les enfaaaants !
- Cette prof est folle ! souffla Rebecca.
Mike arriva juste après.
- Vous ne devinerez JAMAIS ce qui est arrivé à Steven !
La troupe plissa les yeux, intéressée.
***
Sur les terrains, Blandine arriva suivie par Boguérisse. Elle regarda les élèves.
- Bon. Pour le cours de ce matin, on va faire un truc un peu nouveau. Je vais appeler quatre élèves. Gates et Barker !
Rebecca s’avança en même temps que Clive. Les deux se regardèrent, intrigués.
- Formeront l’équipe 1. L’équipe 2… Weldon et Kingsley.
- Ugh…
- Urf…
Steven s’avança. Naomi s’avança en lâchant péniblement la main de son petit Walter. Elle vit que Steven les avait vus, mais aucune réaction de sa part. Elle grimaça, étonnée, en le rejoignant.
- … rien, aujourd’hui ?
- Hein ?
- Pas de « Haha, le couple de cas sociaux ? »
- … t’as envie que je vous insulte ?!
- Nan mais c’est devenu une habitude avec toi, du coup, là, j’avoue que ça manque…
Rebecca inspira et regarda James et Mike qui ricanaient. Francis avait du mal à se retenir. Gina et Holly se gênaient beaucoup moins. Andréa et Clive échangeaient des regards sans équivoque. Fey regarda Ana qui regardait les autres, intriguée.
- Laisse-moi tranquille, Miranda Bailey...
- Ah, j’aime mieux ça.
Walter regarda Naomi partir. Steven regardait méchamment les gens dans la foule qui se foutaient de lui, et il le savait. « Mike a pas pu tenir sa langue. Tu parles d’un meilleur ami… »
- Bon. On va commencer par Kingsley et Gates.
Les élèves semblaient surpris.
- Vous prenez les Pokémon de votre coéquipier, et vous allez vous battre avec.
- Oh… s’étonna Rebecca.
- Ah ouais… souffla Clive.
- Oh misère… soupira Naomi.
- Han la dèche… grogna Steven.
Clive et Rebecca échangèrent leurs Pokéballs.
- Bon courage…
- J’vais en avoir besoin, c’est pas mon style du tout. Et toi, tu te retrouves avec Nymphali.
- … j’vais vomir…
Naomi et Steven échangèrent leurs Pokéballs.
- Fais bien attention, ok ?
- Tu me prends pour une brute ?
- Oui.
- Toi fais attention !
Blandine regarda les deux côtés. Wallace leva la main.
- Oui ?
- C’est quoi l’intérêt ?
- Vous allez voir.
- Hey Olivia Pope, t’utilises pas Mucuscule, compris ! grommela Steven.
- Je vois que Robbie n’est pas le seul à regarder des séries avec sa mère… soupira Naomi.
- Ferme ta gueule.
Naomi regarda Steven, étonnée par la violence de l’injure. Cependant, n’ayant pas été tendre non plus, elle s’abstint de répondre.
Rebecca et Naomi se tenaient face à face.
- J’suis pas à l’aise… avoua Naomi.
- T’en fais pas, au bout d’un moment il va arrêter de te mater.
Naomi haussa un sourcil. Rebecca plissa les yeux.
- Ah, tu parlais du fait d’avoir échangé les Pokémon !
- … oui… tu parlais de quoi ?!
- De… rien !
Steven leva les yeux, atterré.
- Vous pouvez commencer.
- Allez !!
Rebecca commença avec Mangriff. Naomi avait sorti Armaldo.
- Ouh bon sang ! geignit Naomi.
- Oh il est tout mignon ! sourit Rebecca.
- Non… grommela Clive. Il est menaçant !
- Mais non, regarde ce petit minou qui ne demande qu’à recevoir plein de gros câlins !
- Double-sens !
Tout le monde regarda Wallace qui serra les dents.
- Osez me dire que vous n’y aviez pas pensé !
- Hhhhh… souffla Tristan.
- Quoi ?! J’peux pas parler en plus maintenant ?
- C’est pas le moment, ok ?
Naomi souffla.
- Bon allez, Naomi, ça va pas être si dur…
- Mangriff, attaque… griffe !
Mangriff regarda Rebecca qui haussa les épaules.
- Je suis pas ta dresseuse, je connais pas tes attaques par cœur moi !
Mangriff regarda Armaldo qui regardait autour de lui. Le Pokémon chargea vers son adversaire et lui asséna un coup de griffe qui n’atteignit pas vraiment Armaldo.
- Hmmm… Boule Roc !
Armaldo agita les griffes pour envoyer des projectiles rocheux sur Mangriff. Steven souffla.
- T’as des attaques beaucoup plus bourrines que ça…
- C’est la base du dressage, quand tu utilises un Pokémon que tu ne connais pas, tu te chauffes avec les attaques classiques et ensuite tu vas vers du pointu.
- Quand faut ENTRAINER un Pokémon, mais là, je l’ai déjà entraîné, et foutrement bien en plus, alors utilise Lame de Roc !
- Si je fais ça, il ne va pas m’écouter !
- T’en sais quoi ?
- Et puis d’abord, comment un mec comme toi se retrouve avec un Armaldo ?! Tu sais à quel point ce truc est rare ?!
- Mais putain ça te regarde pas, tu veux quoi, que j’aie un flashback, un truc dans le genre ?!
- Ce serait pas très diégétique…
Tout le monde regarda Tino qui inspira lourdement.
- Vous avez tous des smartphones à la con pour aller sur Facebook mais pas pour chercher un simple mot sur Wikipédia ?!
- Merde, il a dit « con » ! s’étonna Mike.
- Tout fout le camp ! admit James.
- Un peu comme la mère de Steven ! ricana Mike.
James pouffa à sa suite. Francis les avait entendus et ne put se retenir de rire. Steven grommela.
« Ils se foutent tous de ma gueule… »
- Vive-Attaque !
- Tour Rapide !
Mangriff attaquait de plus belle mais Armaldo se protégea en tournant sur lui-même. Le Pokémon était perturbé.
- Ca va aller, Armaldo, on va y aller doucement, ok ?
- Il en veut pas de ta douceur, il veut des ordres rapides et techniques ! souffla Steven.
- Oh, bien sûr, et des fraises à la chantilly aussi ? Steven, n’importe qui peut contrôler un Pokémon à sa guise, nous avons tous une empreinte technique propre ! Si Orson était à ma place, il y aurait été encore plus doucement !
- Hey… ouais, c’est vrai… mais j’aurais pas choisi Armaldo. Baggaïd a l’air plus marrant ! admit le gros adolescent.
- C’est clair. J’comprends pas pourquoi elle a choisi Armaldo… admit Benjamin.
- Parce que c’est Naomi et qu’elle aime la difficulté pour se faire mousser… marmonna Lucy.
- C’est clair ! souffla Christina. Regarde le plaisir qu’elle prend à éduquer Steven !
Naomi se redressa.
- Armaldo, attaque Poliroche !
Le Pokémon prit plaisir à frictionner ses pattes au sol. Mangriff sembla sur ses gardes et regarda Rebecca qui sourit.
- Laisse-le faire.
- Attaque Plaie-Croix !!
Armaldo fonça vers son adversaire.
- Bah voyons, en ligne droite, elle va pas réagir… soupira Steven.
- Tu me prends pour qui ??? s’étonna Naomi.
- Mangriff, attends et ne fais rien !
Mangriff se retourna, en larmes. Clive serra les dents.
- Madaaame !!
Armaldo frappa Mangriff vivement. Le Pokémon sembla doublement atteint, par la trahison de Rebecca et par l’attaque. La rousse sourit et inspira.
- Ven-de-tta !
L’œil de Mangriff brilla au cœur de la blessure obscure et le Pokémon Chat Furet frappa avec rage son adversaire qui vola ad patres. Naomi resta bouche bée. Rebecca inspira.
- J’aime pas trop ce Pokémon, Mangriff…
La mangouste se retourna vers Rebecca, affolée.
- … mais je me rappelle juste de lui à cause de sa rivalité avec Seviper, donc concrètement la seule attaque que je connais de lui, c’est Vendetta… pour le côté vengeance, frappe mesquine, et tout…
Blandine hocha la tête.
- Ok, d’un côté on a Gates qui marche à l’instinct, de l’autre Kingsley qui calcule tout.
- Et on est d’accord qu’elle est à chier.
Naomi regarda Steven, mauvaise. Steven haussa les épaules.
- La vérité blesse, pouffiasse !
- Je ne dirais pas ça, Weldon, Kingsley et vous êtes trop différents dans votre manière de dresser des Pokémon, je doute que vous fassiez mieux avec ses Pokémon.
Naomi hocha lourdement la tête et regarda Steven.
- N’est-ce pas.
- Ouais, c’est ça, profite du fait qu’un adulte valide tes propos, t’y repenseras quand tu torcheras ton mec le soir de votre nuit de noces.
- Heeey… grommela Naomi.
Ana plissa les yeux. Blandine inspira.
- Du coup, Barker face à Weldon, allons-y.
Naomi recula.
- Tu fais attention à mes Pokémon !
- Nan, j’vais me les enfiler là, sous tes yeux. Putain, tu me prends pour qui ???
- Pour toi !
- Mais ferme ta gueule, tu me connais d’où, putain ? Si j’te traitais de bouffeuse de pastèques, tu me dirais quoi ?
- Que t’es un sale raciste.
- Voilà bah arrête de faire chier !
- Je t’ai juste demandé de faire attention.
- T’as fait attention à mon putain d’Armaldo quand tu l’as laissé se faire niquer par le Grosminet de l’autre enfariné ?!
- Hey !!
Clive et Rebecca, qui venaient de dire ça en même temps, se regardèrent, et toujours en même temps, se fendirent d’un :
- Wwwwaouh…
- D’accord, j’arrête de parler…
- C’est ce que je te demande depuis genre la première année ! Bon !
Steven envoya Léopardus. Le Pokémon regarda Steven, intriguée.
- Bah ouais, c’est comme ça, cherche pas à comprendre.
Le Pokémon sembla indifférent et se tourna vers Clive qui envoya Grahyena.
- C’est ton seul Pokémon cool !
- Ah bah merci. Son surnom c’est Goldie.
- … je l’appellerais pas par son surnom ! souffla Clive, au bord de l’apoplexie vomitive.
- Moi non plus, je m’en fous de comment tu la surnommes, signala Steven à Naomi.
- Caroline.
- … ingalls ?!
- T’as rentabilisé les DVD achetés en brocante ma parole !
- Putain, nan, j’ai de la culture, c’est tout !
Naomi agita la tête.
- Certes, certes. Je lui ai donné ce nom à cause de la série Caroline et ses Amis.
- Aaaah, ça. Mon personnage préféré c’est Pouf.
Tout le monde se regarda, stupéfaits.
- Est-ce que… Steven Weldon vient d’admettre qu’il connaissait Caroline et ses amis ?! s’étonna Tino.
- Je… crois, oui… admit Wallace.
- C’est bon, ça suffit, j’entre au couvent… soupira Perrine.
- Han nooon…
Tout le monde regarda Robbie qui leva les mains.
- Je plaisante, je plaisante !
Steven haussa un sourcil.
- Comment tu peux regarder un dessin animé qui parle d’une fille blanche avec ses animaux quand toi t’es une fille noire avec des Pokémon ?!
- De la même façon que tu regardes des films pornos alors que t’es pas un vrai mec.
- ET BIM !
Tout le monde se tourna vers Gina qui se ravisa.
- Désolée. Mercredi, bientôt le week-end, tout ça…
Clive soupira.
- Grahyena, attaque Grondement !
Le Pokémon se fit menaçant. Steven soupira.
- Aiguisage.
Léopardus frotta les pattes dans le sol.
- Allez !
Léopardus, un peu poussé, avança en aiguisant ses pattes. Clive fut surpris.
- Euh… Balle Ombre !
Grahyena envoya l’attaque.
- Esquive, putain !
Léopardus contourna gracieusement l’attaque. Naomi était étonnée.
- Tranche-Nuit !
Léopardus tenta une attaque.
- Morsure !
Grahyena tenta de mordre Léopardus.
- Arrière !
Léopardus se ravisa dans son attaque et revint au sol, menaçant. Clive était étonné, tout comme Naomi. Blandine hocha la tête.
- Excellent contrôle de Weldon. Vous dormez, Barker.
- Je suis pas aussi rapide…
- Weldon a choisi un Pokémon correspondant à ses qualités, vous avez choisi un Pokémon correspondant à vos goûts.
Naomi s’étonna.
- Cela dit, tu aurais pu prendre Shaofouine aussi…
- Trop de fanfreluches. J’suis pas une fiotte.
- … wwwwow…
- Quoi, t’as des Pokémon de mec, toi, peut-être ?!
- Je… ne fais pas attention au taux d’œstrogènes dans l’image publique de mes Pokémon, non…
- Au taux de quoi ? J’te parle de Pokémon de mec et de Pokémon de gonzesses ! Y’a des Pokémon de mec et des Pokémon de gonzesses !
- Et t’as jamais pensé à appeler des sommités comme le Professeur Platane et faire breveter cette nouvelle division primordiale entre les espèces ?
- Y’a vraiment un mec qui s’appelle Professeur Platane ?!
- On peut se battre ? soupira Clive.
- Ouais, t’es épuisant ! grommela Rebecca.
- Et encore, vous êtes pas à côté ! soupira Naomi.
- Nan mais dites-le si je vous fais chier ! grogna Steven.
- OUI ! cria la classe à l’unisson.
Le blond regarda ses camarades, offusqué. Fey et Ana seules s’étaient abstenues.
- … Ah ouais ? Vous voulez la jouer comme ça ? Rends-moi mes Pokémon, toi !
- Weldon, vous êtes en plein exer…
- La ferme, le vieux boudin.
Blandine haussa les sourcils. Steven rappela Léopardus et le rendit à Naomi qui obtempéra sans discuter.
- Il t’arrive quoi, là, en fait ?
- De quoi, il m’arrive quoi ? Vous vous foutez tous de ma gueule et vous croyez que je vais rester là à me faire balancer de la merde dessus ?
- Steven, c’est pas si terrible, ce qui t’arrive, tu sais…
Le blond fit de gros yeux et regarda Naomi qui eut un net mouvement de recul.
- QUOI ?! QUI TE L’A DIT ???
- Mike l’a dit à Rebecca… marmonna Francis.
- … et du coup c’est sur son Facebook, à coup sûr… marmonna Santana.
- HEY ! Je vous ai dit que j’avais ARRETE de faire ça !
Steven sembla terrifié. Il regarda Ana qui était un peu gênée du coup. D’une traite, il se dirigea vers la porte de l’enceinte grillagée.
- Weldon !!
- Oh, la barbe ! grommela le blond en claquant la porte.
Rebecca inspira.
- C’est pas sur mon Facebook, j’te jure, Steven !
- TA GUEULE !
***
Reiner arriva dans les bureaux de la police.
- Le commissaire, il est OU ???
Un policier lui désigna la télévision, et l’inspecteur Reiner observa, aussi médusé que ses collègues.
- C’est pas Tobias Morris, le type qui harcelait l’héroïne de Poképolis, qu’est avec lui ?
- Si, et il a pris en otage les deux jumeaux qui étaient interrogés…
- Et… putain, Roland Smirnoff, sérieusement ?!
Jason Mars observait le dossier de Steven, constata un détail étrange et retourna en salle d’interrogatoire.
- Quoi, encore ? soupira Steven.
- Je me demandais pourquoi vous étiez désigné comme un élément crucial du dossier, mais on n’avait pas vu l’incident dont vous avez été responsable dans votre école.
Steven releva la tête.
- L’incid… ah, ouais.
- Si ce que je lis est exact… vous avez eu un sacré culot.
- Pfff… tout ça pour ça au final.
- N’empêche ça vous fait un casier judiciaire.
Steven haussa les épaules.
- M’en fous. J’me sentais nul dans cette période. J’prenais mes parents pour acquis et j’ai jamais vu à quel point toute ma famille était un océan de merde, à quel point mes amis…
Steven soupira.
- Sur le moment, je pensais que j’avais plus personne.
Jason hocha la tête.
- Ca tranche radicalement avec tout ce qui s’est passé aujourd’hui.
Steven hocha la tête.
- Vous pensez qu’il faut arrêter Roland Smirnoff ? demanda Jason.
Steven regarda l’enquêteur qui avait réussi à capter son attention et sa confiance.
- … Nan. Il a fait le con, ouais, mais… La vie m’a appris qu’il faut parfois faire le con pour… comprendre. C’est marrant, hein. Con, comprendre…
Jason sourit.
- Hm. Apparemment on n’arrêtera aucun d’entre vous.
- Ah ouais ?!
- Ces interrogatoires ne sont qu’une manœuvre du commissaire pour piéger Roland Smirnoff.
Steven s’étonna.
- Et du coup, euh…
Jason hocha la tête. Il se leva et ouvrit la porte. Steven s’avança dans le couloir, suivi par le jeune enquêteur. Il rejoignit la salle d’attente.
- Partez tous.
Les élèves s’étonnèrent. Quinn haussa un sourcil.
- C’est sérieux ?!
- Oui. Je suis de la police ! Quand je dis quelque chose, c’est sérieux. Faites ce que bon vous semble.
Le téléphone de Steven sonna.
- Putain, j’aurais juré qu’il marchait plus, ce truc…
- C’est plus étanche qu’on croit… marmonna Santana.
- C’est… Gina ?!
Steven mit sur haut-parleur, entouré par les autres.
« VENEZ NOUS REJOINDRE BANDE DE SABLAIREAUX !!!! »***
Steven se retrouva à la médiathèque. Denis s’étonna de sa présence.
- Tu n’es pas censé être en cours ?
- Bah si.
- Et qu’est-ce que tu fais là ?
- J’suis pas en cours.
- Hm… Hey, tu n’es pas ce garçon incroyablement homophobe qui est dans la classe de ma fille ?!
- Et vous, z’êtes pas censé bosser ?
Denis leva les yeux au ciel et reprit son travail.
Cependant…
- Jeune homme !
Steven leva la tête vers un des hommes de l’Association Pokémon.
- Vous êtes censé être en cours.
- Comme j’ai dit à l’autre abruti, en l’occurrence, j’y suis pas. Ok ?
- Retournez en cours.
- Mais que dalle. J’fais c’que j’veux, j’vous emmerde, vous et les autres pédales de votre secte de salopes en guêpière, là !
Le type de l’association fit un geste de la main, et deux autres types vinrent lever Steven de sa chaise.
- Oh putain là, vous êtes sérieux ???
- Il est censé être où ?
- Combat direct, aux terrains, mentionna le type en manipulant sa tablette.
- Bon.
- LACHEZ-MOI PUTAIN !
- Hey !
Steven se tourna vers Denis qui mit l’index devant sa bouche.
- Un peu de silence, y’en a qui bossent.
- … GROS FILS DE PUTE VA ! AIDE-MOI !
- Oh bah TIENS, bien sûr, regarde comme je me précipite !
Denis rangea les livres de la section Sociologie et leva les pouces vers Steven.
- J’T’ENCULE ! J’TE PISSE A LA RAIE !!!
- Essaye un peu, tiens… soupira Denis.
***
Blandine et le reste de la classe vit donc revenir Steven qui fut sans ménagement, balancé dans la cage.
- OUCH ! Putain d’enfoirés de fils de pute, revenez si vous avez des couilles !!
- Madame Barnes, vous êtes priée de tenir vos élèves.
Blandine haussa les épaules pendant que Tino se battait avec les Pokémon de Wallace face à une Violette pas aidée avec les Pokémon de Quinn.
- Je vois pas où est le problème avec mes Pokémon ! grommela Quinn.
Violette plissa les yeux alors que Mélokrik jouait une berceuse pour endormir Pandespiègle.
- T’es débile ou quoi ?! C’est naze cette attaque « Dernier Mot » !!
- C’est ton seul atout stratégique, je ne suis pas habitué des Pokémon purement bourrins !!
Steven leva les yeux au ciel alors qu’il s’était juste assis dans le sable avec son téléphone.
- Z’êtes encore là-dessus…
- Oui et je vous signale que votre fuite en plein exercice vous a valu un zéro.
- Oh bah merde alors, j’en ai carrément rien à foutre !
- Vous voulez un avertissement ? souffla Blandine.
- Et celui-là, vous le voulez où ?
La classe poussa un ahanement d’effroi devant le majeur tendu de Steven qui retourna à son téléphone.
- … Weldon, c’est quoi votre problème ?! grimaça Blandine, plus estomaquée qu’autre chose.
Fey s’avança vers la prof et lui chuchota à l’oreille, sous les yeux rageurs de Steven.
- Tu lui dis quoi, là ? T’es sérieuse, Bibendum ?!
Blandine hocha la tête et saisit son téléphone.
- Vous allez chez la CPE direct, Weldon, c’est le genre de problèmes que doit spécifiquement traiter l’administration.
- Putain, la grosse, tu lui as dit quoi, que j’avais le SIDA ???
- Abruti, je t’ai DIT d’aller en parler avec madame Clover !
- Evidemment j’en informe également votre professeur principal.
- Mais bordel…
- Zuckerman, vous l’accompagnez.
Francis hocha la tête et se dirigea vers Steven.
- Allez.
Steven soupira et se leva. Les deux sortirent de la cage. Steven souffla.
- Ca va, vous vous êtes bien foutus de ma gueule ?
Francis attendit qu’ils soient plus loin de la cage.
- Alors qu’on soit bien clairs : On se fout de toi parce que d’un point de vue karmique, ce qui t’arrive est amusant.
- Karmique ?!
- Tu passes ton temps à insulter tout le monde et là, tes parents refusent tous les deux ta garde partagée. C’est un peu comme si le destin faisait le boulot à notre place, pour se venger de toi.
Steven agita la tête.
- Putain…
- Maintenant, d’un point de vue objectif, ce qui t’arrive est atroce et je suis d’accord pour dire que tu devrais en parler à un prof.
- Putain nan ! J’veux pas devenir un cas social comme toi !
- On ne choisit pas de devenir une exception sociétale, on le devient. Tu es un élu, Steven !
Steven regarda Francis, blasé.
- T’en as d’autres, des comme ça ?
- Oui. Arrête d’être con. Arrête d’insulter tout le monde. Arrête d’être aussi méchant, revêche, acerbe, parce que ça ne donnera pas envie à tes parents de t’héberger et encore moins à tes amis de t’aider. A qui que ce soit de t’aider. On n’a jamais compris pourquoi t’étais comme ça, d’après Mike et James t’as une vie plutôt facile.
Steven agita la tête.
***
- Fiston, t’as 12 ans, t’es un homme, il est temps que tu prennes ta première bière !
Le gamin regarda la canette face à lui. Sa mère sembla horrifiée.
- Joey !
- Mais nan, laisse ! Faut bien que le petit connaisse les bonnes choses !
***
- Maman, j’ai besoin d’aide pour mes devoirs !
- Demande à ton père, j’ai la vaisselle à faire.
Steven alla voir son père, endormi devant la télé. Steven haussa les épaules et alla jouer à la console.
***
- Les notes de votre fils sont en baisse…
- Mais à quoi ça va lui servir, l’école ?! soupira le père.
- … euh… en fait si on exclut l’école, son comportement pose problème également…
- C’est à vous de le surveiller, j’ai assez à faire à la maison comme ça… soupira la mère, épuisée.
Le professeur haussa les sourcils et regarda Steven qui semblait s’en foutre d’être là.
***
- J’vous ramène votre gosse.
Les parents de Steven récupèrèrent leur enfant des mains du policier.
- Il a balancé une pierre dans un musée et brisé une vitre.
Steven vit les têtes exaspérées de ses parents. Et quelque part, il était satisfait de cette attention qu’enfin ils lui portaient.
… du moins qu’ils portaient aux problèmes qu’il leur causait.***
Steven grimaça et agita la tête de plus belle. Francis inspira.
- Peut-être que tu avais une vie un peu trop facile, en fait. Tu as tout pris pour acquis et du coup…
- J’ai pas besoin qu’on me fasse la morale, merde !
- Oh que si, permets-moi, maintenant que tu n’as plus de parents, de faire le boulot que ton père et ta mère auraient dû faire il y a un bail…
Francis gifla Steven puis lui cria dessus sévèrement :
- GRANDIS UN PEU ET ARRETE DE JOUER LES PETITS CONS, TU ES UN HOMME, PAS UN BEBE, ALORS COMPORTE-TOI COMME UN HOMME, MERDE !
Steven regarda Francis, éberlué. Francis sourit.
- Là. Là, je te fais la morale.
- … putain !!
***
Depuis la cage, Tristan regarda Wallace observaient la chose.
- Tu vois, les couples, c’est censé se parler, pas seulement baiser !
Wallace plissa les yeux et regarda vers Steven et Francis.
- Mais du coup, si on rompt, tu te recases avec lequel ?
- Ah, avec Francis, Steven ce serait atroce.
- Certes mais il doit assurer un max au lit, perso, j’avoue m’être pas mal tripoté à l’idée… admit Wallace.
- Ca m’étonne pas… soupira Tristan. Mais Francis ferait un meilleur mari.
- Tu veux juste un mec qui te dorlote, qui t’écoute et qui est gentil avec toi, quoi.
- Pas seulement, sinon j’aurais même pas persévéré avec toi.
- J’peux le faire, mais j’ai besoin d’affection aussi.
- Y’a une grosse différence entre de l’affection et me sauter dessus quand on revient d’un rencard.
- Parce que tu crois que Francis va être tout gentil avec toi juste pour que tu répares son PC de temps en temps ? Nan, mon gars, va falloir que tu te mettes à genoux et que tu mettes du cœur à l’ouvrage !
- … vous gênez SURTOUT PAS ! grommela Quinn.
Wallace et Tristan se tournèrent vers Quinn, fâchée. Santana agita la tête.
- D’un autre côté, vu que c’est un sportif, un connard, un branleur à l’école et qu’il est vulgaire et inculte, Steven a toutes les chances de réussir et d’avoir une super vie plus tard !
- J’avoue… admit Rebecca.
- Carrément ! souligna Lucy.
- Eh mais ouais… acquiesça Naomi.
- Pardon ? Et moi alors ?! souffla Tino.
- Bah, t’es seulement un connard, t’auras une autre forme de réussite… marmonna Wallace.
Le reste de la classe ricana. Tino regarda Tristan qui agita la tête.
- La théorie de Santana sur Steven tient la route, maintenant, toi… Tu auras la réussite, mais ce sera au prix de tout le reste !
- Pardon ?! C’est-à-dire ?
- Tu sais ce que je veux dire, Tino… souffla Tristan, sinistre.
Tino haussa un sourcil, intrigué.
***
- Allez, on va voir le CPE et tu vas recevoir les allocs dont tu rêves tant.
- Hein ?!
- Bah oui, en tant que jeune isolé qui poursuit ses études, tu dois être logé par l’Etat et recevoir une pension !
Steven grimaça. Francis sourit exagérément.
- Yahou ! Une garçonnière de cas social !! C’est Tinder qui va surchauffer, ma parole ! Enfin, si tu arrives à te payer le wi-fi.
Steven secoua la tête.
- C’est mort. C’est mort de chez mort.
Arrivé en haut des escaliers menant aux jardins, Steven partit dans une direction opposée à celle du couloir de l’administration.
- Steven !! Ça sert à rien de réagir comme ça !
- Tu peux pas comprendre !
- C’est à moi que tu dis ça ?! Sérieusement ?!
Steven s’arrêta et baissa la tête et les bras en plein hall. Il se retourna.
- Toi, t’étais gamin quand tes emmerdes te sont tombées dessus, t’as vécu avec, t’avais pas le choix.
- T’as pas le choix non plus.
- Moi j’aurais pu arranger les choses, ok ? J’aurais pu être plus sympa avec ma mère et moins déconner avec mon père. J’aurais pu… je sais pas, j’aurais pu être plus sympa avec Ana, et du coup j’aurais quelque chose à quoi m’accrocher, au lieu de baver derrière elle comme un canard, et…
- Vieux, tu vas trop loin, là…
Steven soupira.
- Les choses se sont arrangées, pour toi, parce que t’as une espèce de bonne étoile, t’as quelque chose dans la vie, t’as un but, t’as Quinn, t’as un appart, tu peux voir venir, moi…
- Toi, tu vas devoir commencer à bosser pour en arriver là où je suis. Ma success story peut devenir la tienne, tu sais.
Steven souffla.
- J’ai jamais eu besoin de trimer pour quoi que ce soit, moi, merde !
- Bah commence ! Va voir la CPE.
Steven agita la tête.
- Ok, putain. Ok…
Steven suivit Francis. Il frappa à la porte. Le secrétaire leur ouvrit.
- Oui ?
- J’ai un élève viré de cours qui est dans une situation familiale difficile. Il doit en parler avec la CPE.
- Oh. Eh bien entrez, jeune homme.
Steven entra et s’assit sur les chaises rembourrées qu’on lui désignait.
- Putain, la défaite.
- Hé oui, ça vend du rêve, ça en a le goût, l’odeur et même la délicate texture ! sourit Francis.
- Vous pouvez retourner en classe, jeune homme.
Francis acquiesça.
- Eh bah à tout à l’heure, Steven. Ne t’enfuis pas.
- Au point où j’en suis…
Francis quitta la pièce. Steven attendit un moment. Le secrétaire semblait bien occupé. Steven le regarda.
- Pourquoi vous faites ce boulot ?
- … pardon ?
- Pourquoi vous avez choisi de faire ce boulot ?
- Oh. J’ai été placé ici au hasard de ma recherche d’emploi et… ça m’a plu. Je n’avais pas vraiment de plan de carrière, alors…
- … merde, vous faites un boulot par défaut quoi.
- Un boulot par défaut qui me plait. C’est un heureux hasard.
- Ouais, ou alors vous vous accommodez d’une situation parce que vous pouvez pas faire autrement, c’est super pathétique.
Le secrétaire haussa les sourcils, courroucé. Steven sourit.
- Vous tracassez pas, c’est juste moi, faisant mon truc habituel.
- Madame Sterling va te recevoir…
La porte s’ouvrit. La belle femme aux cheveux argentés coiffés en chignon sortit du bureau.
- Oh, Steven.
- Salut poupée.
Le secrétaire, intrigué, regarda la conseillère principale d’éducation et l’élève qui semblaient presque familiers l’un avec l’autre.
- Mon Dieu, Steven, ça doit faire au moins la…
- Treizième fois. Enfin, seulement huit chez toi, cinq chez Campton.
- Hhhhh… Bon, entre.
Steven entra. Elvira soupira et sortit d’une étagère un immense tas de papier.
- Allons bon, c’est quoi, cette fois-ci ?
- Insulte à la prof, doigt d’honneur à la prof, squattage à la médiathèque pendant les heures de cours, insulte aux surveillants de l’Association et départ de cours sans autorisation.
Elvira soupira.
- Tu es incorrigible, plus je te reçois dans ce bureau, plus je perds espoir en mon métier.
- Ouais, bah t’en veux une bonne ? J’ai été viré de chez moi.
- Quoi ?! Steven !
Le blond haussa les épaules, désabusé. Elvira inspira.
- Cette fois, au moins, ça va être simple, je vais juste devoir monter un dossier d’aide sociale.
- Bah tu vois, tout s’arrange. Tu me suces ?
Elvira stoppa tout mouvement. Elle regarda Steven qui haussa les épaules.
- … c’est arrivé seulement une fois et nous avons convenu…
- Convenu que dalle, t’as décidé ça toute seule, mais fais pas comme si t’avais pas envie que j’te tringle encore.
Elvira leva les yeux au ciel.
- On pourrait se faire arrêter pour ça, tu as vu ce qui est arrivé avec Dominic Long !
- Meuh non, personne ira croire qu’une belle nénette comme toi a abusé d’un queutard comme moi !
- Je te signale, qui plus est, que ce n’est arrivé qu’une fois, l’année dernière, et avant le tournoi. Après ça, tu n’y as plus fait allusion !
Steven se renfrogna.
- Pourquoi maintenant ? souffla Elvira, étrangement professionnelle.
Steven haussa les épaules.
- J’sais pas. L’impression que… t’es le dernier truc auquel j’peux m’accrocher.
- Steven, tu es dégoûtant !
- Nan mais pas dans ce sens-là ! Pourquoi quand j’ouvre la bouche, tout le monde pense au cul, tout de suite ?!
Elvira soupira alors qu’elle montait le dossier de Steven.
- Et sinon, comment ça va avec ton mari ?
Elvira cessa de frapper au clavier et regarda Steven qui haussa les épaules.
- J’demande !
***
Steven sortit du bureau, un sourire satisfait sur le visage. Le secrétaire le regarda passer, suspicieux. Une fois dans les couloirs, Steven s’aperçut que sa braguette était ouverte.
- Merci à vous, les courants d’air, que serais-je sans vous.
Il se demanda où il devait se rendre. « Pas en cours, ça me saoule… encore que… »
***
Steven approcha des cages. Les élèves faisaient un exercice par demi-groupes. Il chercha parmi les gens et trouva ce qu’il cherchait.
- Anouchka !
Steven approcha du grillage. Ana l’aperçut mais fit mine de ne pas l’avoir vu.
- Anouchka, hey…
- Ne t’appuie pas sur le grillage !
Steven regarda Christina qui était assise sur un banc contre le grillage.
- … ferme-là, Sac Poubelle !
- Trouve autre chose, ça devient ridicule, en plus je ne porte plus ce manteau noir !
- Rien à foutre, boudinette. Anouchka !
Ana se tourna vers Steven.
- Steven, tu devrais arrêter de chercher les problèmes !
- J’peux te parler ?
- Je suis en plein cours, là !
Blandine tapota l’épaule de Steven.
- Tu veux vraiment que j’te botte le cul et que je transforme ta tête en marmelade, c’est ça ? soupira la prof en survet.
- J’peux juste lui parler ?
- La CPE ne t’a pas donné une autorisation d’aller en colle à la médiathèque ?
- Baaaaaaah…
Steven eut un moment de bug. Christina, assise sur le banc et tournée vers eux, fit de gros yeux. Blandine plissa les siens.
- Un problème, Weldon ?
- Euh… elle y a pas pensé, on a parlé de plein de trucs !
- Vous avez CINQ minutes avec Sevreska, pendant ce temps je vous rédige la colle. Vous êtes épuisant, dans votre genre.
Blandine s’éloigna. Christina regarda Steven, choquée.
- Tu es un porc, Steven Weldon !
- T’as qu’à moins mater mon sauciflard et plus jouer avec celui de ton mexicain. Ana…
Ana approcha du grillage.
- Quoi ?
- Euh… je suppose que les autres ne t’ont rien dit…
- Non, ils m’ont dit de voir avec toi.
- Ah… et…
- Et je t’avoue que vu ton comportement…
Steven hocha la tête.
- Ouais… euh, écoute, mes parents ont enfin divorcé et…
Ana hocha la tête, patiente.
- … et ils ont refusé ma garde. J’ai plus de chez moi, j’vais devoir crécher chez ma grand-mère ou trouver un truc…
Ana sembla choquée. Steven se mordilla les lèvres, gêné.
- Voilà.
- … c’est tout ?!
Steven s’étonna.
- Euh… bah quand même…
- C’est pour ça que tu es aussi horrible, que tu as insulté la prof, que tu t’en es pris à Naomi, que tu as fait ces gestes obscènes, que…
- Comprends-moi, j’traverse une phase difficile…
- Mais à chaque fois c’est pareil avec toi, Steven, tu es odieux avec tout le monde et ensuite tu t’excuses pour être encore plus odieux la minute d’après ! Tu es méchant avec tout le monde, tu insultes, tu frappes, tu agresses et ensuite tu te plains que tu n’arrives pas à te faire pardonner, et là, pour une fois dans ta vie, tu as un problème et…
- Un problème grave quand même… sourit Steven, gêné.
- Tu sais depuis combien de temps je ne vois presque plus mon père ? Tu sais ce qui se passe dans les familles de Tristan, de Francis, de Robbie, de Santana, tu vois ce qui est arrivé à Wallace, moi je rentre en Russie à la fin de l’année, tu as vu dans quelle situation est Fey, sans parler de James, et nous tous, et tout ce qui va nous tomber dessus ? Tout le monde sait qu’on va se faire attaquer, c’est imminent, ça nous pend au nez, c’est arrivé et ça arrivera, et toi…
Steven se décomposait au fur et à mesure.
- … et toi tu n’es qu’un égoïste, tout doit toujours tourner autour de toi, il faut toujours qu’on t’entende commenter ci, commenter ça, mais Steven, tu n’es pas tout seul, il y a plein de gens autour de toi qui ont des vies difficiles, qui souffrent pour diverses raisons, et devine quoi ? Ils n’ont pas besoin d’insulter la prof, d’insulter qui que ce soit, d’être méchant pour s’en sortir. Mais toi…
Steven avait la tête baissée.
- … toi, tu n’as pas le courage d’affronter ta vie simplement, non, il faut forcément que tu entraines tout le monde dedans. Tu es un lâche, Steven.
Le blond était de toute évidence, mal à l’aise. Le regard d’Ana était dur, mais il se voulait dur. Blandine arriva avec sa colle. Steven secoua la tête, confus après tout ça.
- Après tout ce cirque, tu vas encore me dire que tu as des sentiments pour moi ?
Steven fixa Ana, cette fois.
- … hein ?
- Steven, je ne suis pas idiote, pourquoi est-ce que tu es venu me voir moi ?
Steven secoua la tête.
- P… Pa… Parce que tu es mon amie !
- Vraiment, Steven ? C’est vraiment comme ça que tu penses à moi ?
Steven ne savait absolument plus où se mettre. Blandine lui tendit la colle. Il regarda la prof, tout miséreux. Il saisit le papier et partit à toute vitesse. Ana soupira. Christina la regarda.
- Bah dis donc, tu l’as pas raté !
- Je sais, mais c’est pour son bien… souffla la russe.
Steven se rua vers les escaliers des jardins. Il les monta quatre à quatre. Une fois en haut, il s’enfonça dans le hall, dévala les couloirs. Au bord de l’épuisement, il s’arrêta devant un placard à balais qu’il savait ouvert constamment.
- STEVEN !
- NAN ! NAN PUTAIN, NAN !
- STEVEN, ENTRE !
Quinn poussa Steven dans le placard à balai alors que la rafale passa au moment où ils le refermèrent.
- NAAAAAAAAN ! LACHE MOI ! NAAAAAAAAAN !
Quinn retint Steven alors que la puissante attaque passait, rasant tout sur son passage.
Impuissant, Steven se mit à pleurer.Impuissant, Steven se mit à pleurer. Agenouillé il appuya les coudes sur ses genoux et se mit à pleurer comme ça faisait longtemps qu’il n’avait pas pleuré.
Après quelques minutes à ce régime, il sortit de son placard et se dirigea à nouveau vers la médiathèque pour faire sa colle. Mais en chemin…
- Vous n’êtes pas censé être en cours ?!
Steven releva la tête vers les trois surveillants de l’Association Pokémon.
- Vous êtes sérieuses, les pétasses ?!
Les trois hommes se regardèrent. L’un d’eux soupira.
- Madame Tenorman est pas là, alors on peut procéder selon le règlement.
Les trois hommes se saisirent de Steven et l’emmenèrent dans le bureau qui leur avait été alloué.
- Lâchez-moi ! Putain, lâchez-moi, bande de connasses, j’ai une colle, je partais faire une colle, pour une fois que je suis dans mon bon droit, merde !
- Une quoi ?
Le surveillant un peu plus dégourdi que ses deux camarades se saisit du bout de papier et le déchira.
- … pour nous, ça n’a aucune valeur.
- C’est la quatrième dimension, c’est ça ?! Bientôt vous allez me présenter au Barbicha auquel on a greffé le cerveau de Suzuki, c’est ça ???
- Petit, tu vas rester là…
Ils installèrent Steven à une table et menottèrent un de ses bras.
- HEY NAN MAIS…
- … et on va régler ça avec ta prof. Alors, tu es censé être en cours de…
- C’est une blague Carambar ou quoi ??? Ho, les suceuses, j’vous parle !
Les surveillants relevèrent la tête vers Steven.
- Je me suis barré de cours, j’ai été viré de la médiathèque, j’suis revenu en cours, je suis allé chez la CPE, je suis retourné en cours, la prof m’a collé, j’arrive avec ma colle, vous la déchirez et maintenant vous voulez en parler avec ma prof qui m’a déjà collé ???
Les surveillants se regardèrent. Steven secoua la tête.
- Vous êtes payés aux neurones que vous utilisez pas ou quoi ???
- Petit, nous nous fichons éperdument de ce que tu as à dire. L’important pour nous c’est que tout soit fiché et que tout soit en ordre. Et de toute évidence, tu n’es pas en ordre. Où est ton uniforme ?
Senay – DalkavukEt là, Steven eut un gros craquage des familles. Il regarda le surveillant, lui demandant du regard s’il était sérieux, mais genre vraiment sérieux. Il regarda les autres surveillants.
- Pourquoi vous m’avez attrapé à mains nues, pourquoi vous avez pas utilisé un Pokémon pour le faire ?
- Nous n’avons pas le droit d’utiliser des Pokémon sauf en cas de force majeure, c’est un point très important de notre formation.
Steven hocha la tête et regarda le bureau qui était en fait l’ancienne salle des profs.
- Ok. Cool. Et c’est quoi, un cas de force majeure ?
- Une attaque extérieure.
- Extérieure, hein ?
Le surveillant hocha la tête. Steven hocha la sienne et inspira. Il sortit Baggaïd.
- J’ai qu’un seul putain d’ordre pour toi : NIQUE TOUT !
Baggaïd s’empara d’une chaise et la balança. Les surveillants se couvrirent.
- HEY ! TU N’AS PAS LE DROIT DE SORTIR UN POKEMON ICI !
- Et toi t’as pas le droit d’ouvrir ton garage à bites si c’est pour autre chose qu’accueillir des bites ! SABLAIREAU, TEMPETE SABLE !
Le Pokémon apparut au milieu de la pièce qu’il ravagea en un rien de temps tandis que Baggaïd défonçait meuble après meuble.
- Les archives !!
- Le mobilier !
- Prévenez le proviseur ! Jeune homme !
Armaldo retira la menotte de Steven.
- J’peux pas vous frapper avec mes Pokémon, mais y’a toujours moyen de moyenner dans la vie. Mucuscule, Fléau !!
Le blob sortit de sa Pokéball. En tournant sur lui-même, il envoya de la matière visqueuse sur les surveillants qui, englués, ne purent effectivement plus bouger.
- Sale môme !
- Tu vas avoir de sacrés problèmes !
Steven leva les yeux au ciel.
- Comme si j’étais le premier à faire un truc aussi évident !
Les Pokémon de Steven s’amusèrent donc, aidés par leur gentil maître, à bousiller le mobilier de la salle des surveillants. C’est ainsi que la classe de troisième année un put voir une flopée de meubles projetés par la fenêtre.
- Steven, résuma Wallace.
- Steven ?! s’étonna Santana.
- Oh, oui, Steven ! admit Francis.
- Pas de doute, Steven, confirma Perrine.
- Marque déposée, copyright 2025, ajouta Walter.
Amélia observait. Elle plissa les yeux. Regarda ses camarades, distraits par l’évènement. Elle se faufila hors des cages, déjouant la surveillance de la prof qui se frictionnait le visage en jurant ses grands dieux de devenir bouchère-charcutière l’année prochaine.
Elle vit les meubles, les tableaux d’affichages, les archives balancées. Quelque chose l’intéressa particulièrement. Un petit meuble propret, clairement neuf.
Amélia Levy s’en approcha, évitant soigneusement les chaises, tables et autres plantes vertes qui chutaient telles des météores.
Elle ouvrit le tiroir encore en évidence et récupéra un dossier hautement intéressant.
« PLANS DU SYSTEME DE SECURITE DE L’ETABLISSEMENT »
La blonde hocha la tête. « Merci, crétin. »
- OH MAIS C’EST PAS VRAIIIIIIII !!! hurla le proviseur en sortant.
Amélia s’éclipsa rapidement dans les jardins alors que le proviseur se dirigeait vers le lieu du crime.
Quand il ouvrit la porte, il aperçut Steven qui avait utilisé un marqueur pour vandaliser les murs de la salle alors que les surveillants, collés entre eux, étaient agglutinés au milieu de la pièce et surveillés par Baggaïd.
Aloysius Grant se demandait encore ce que signifiait « BANDE DE GROS FDP SANS ROUBIGNOLES » lorsque la police lui assura qu’ils arrivaient.
***
- C’était ce gamin là ?!
- Oui. On l’a pas vraiment reconnu, il pleurait comme un bébé alors que la dernière fois, il était plutôt bagarreur.
Reiner agita la tête.
- Le commissaire a pété un plomb. Tout notre travail a été complètement inutile.
- Je ne pense pas, commissaire.
- Ah oui ?
Jason Mars acquiesça.
- Nous sommes en train d’assister à la suite de la bataille qui a eu lieu ce matin. Deux conceptions s’affrontent : La rigidité conservatrice de Truce, la spontanéité vivace de Smirnoff. Nous avons vu un exemple de ce que Smirnoff pouvait accomplir de bon avec ces jeunes.
Reiner s’étonna.
- Vous philosophez, maintenant ?
- Que faire d’autre ? Notre commissaire est en train d’humilier la police Poképolite.
Reiner ne put qu’acquiescer.
- Cependant, au vu des rapports que le commissaire avait reçu…
Jason tendit une liasse à son co-inspecteur. Reiner fit de gros yeux.
- Putain… Sérieusement ?!
- Sauf votre respect, inspecteur Reiner, c’est votre chance de passer Commissaire.
L’inspecteur ne put que hocher la tête.
- Merde, avec ça je peux même devenir Maire de Volucité !
- … n’exagérons rien.***
Eberluée, l’école presque en entier assista à l’arrestation de Steven. Qui décida de rester sobre et digne lors de ladite arrestation.
Non, vraiment.
- Vous avez aucune preuve ! N’importe qui a pu faire ça et me faire porter le chapeau après ! Et faites gaffe à mes Pokémon putain !
Le policier qui tenait la boîte de plexiglas contenant les Pokéballs de Steven soupira. Fey s’avança.
- Je peux parler au prisonnier politique ?
- Madame ?
- C’est le père de mon enfant !
Le proviseur allait protester, mais Wallace lui fit signe de fermer son clapet. Le proviseur leva les yeux au ciel, résigné.
Francis se pencha vers Quinn.
- Y’a que moi qui suis pas le père du petit ou bien ?
- Tais-toi, chérichou.
Fey s’assit avec Steven dans la voiture de police pendant que les policiers s’occupaient de la paperasse avec le proviseur.
- Satisfait ?
- Et remboursé.
Steven regarda vers Ana qui semblait dépitée. Il soupira. Fey inspira.
- Elle ne te déteste pas, ça l’énerve juste de te voir te faire du mal comme ça.
Steven souffla et regarda Fey.
- Toi aussi tu vas me faire la morale ?
- Et toi, tu vas me faire croire que tu as fait ça comme ça pour le fun ? Que tu n’étais pas un peu… frustré ?
Steven souffla.
- Tout le monde s’en fout de moi.
- Tout le monde s’inquiète pour toi. Moi la première. Si tu m’avais écoutée et si tu étais allé parler à la prof tout de suite, rien de tout cela ne serait arrivé.
Steven hocha la tête.
- Merde, t’as raison. Merde, j’admets que tu as raison.
- Et Ana ne te déteste pas.
Steven souffla et regarda la jeune russe qui fixait la voiture, inquiète.
- Je l’aurais jamais, Fey. J’peux ramper comme je veux, je l’aurais jamais.
- Est-ce que tu as seulement vraiment essayé ? De changer pour quelqu’un ? De laisser de côté tes mauvais aspects pour ne laisser ressortir que le bon ? Il y a du bon en toi, c’est certain. Je suis persuadé que parfois tu es un gars bien.
Steven soupira.
- Monsieur et Madame Weldon…
Quelques jours après l’incident du musée, le conservateur était venu chez eux.
- C’est pour quoi, bordel ? soupira Joey.
- Joey, ne commence pas ! souffla Annie.
- Votre enfant a dégradé le musée, je ne porterai pas plainte mais en contrepartie, je souhaite qu’il vienne réparer ses bêtises.
Joey souffla.
- Occupe-toi de ça, femme, y’a mon match.
Annie sembla résignée. Elle regarda le conservateur.
- Faites ce que vous voulez. Steven, tu vas avec le monsieur !
Le gamin s’était caché derrière un meuble, pas fier.
***
Et pourtant, quelques jours plus tard, le voilà en train d’aider les gens du musée à nettoyer les vitres de la salle des fossiles.
- Eh bien, Steven, je suis agréablement surpris. Non seulement tu as aidé à remplacer la vitrine que tu as brisé mais en plus tu nous as bien aidés pour le ménage.
Le blondinet hocha la tête.
- Ouais, ça fait bizarre de… faire le ménage… c’est pas si chiant en fait. Embêtant, pardon.
Le conservateur haussa les épaules.
- Ha, on ne changera pas les enfants, hein. Ecoute, vu que tu as fait plus que réparer ta bêtise, le musée va te faire un cadeau.
- Un cadeau ?! Han chouette !
Le conservateur tendit la Pokéball à Steven.
- C’est un Anorith, un Pokémon fossile de la région Hoenn.
Steven le sortit de sa Pokéball. Le Pokémon avait des griffes et des yeux globuleux.
- … TROP COOL !
- N’est-ce pas. Quel dommage que le musée doive fermer ses portes…
- Hein ?Steven regarda Fey.
- Le peu de fois où j’ai fait des trucs bien dans ma vie, ça a jamais rien changé.
- T’as dix-huit ans, t’as le temps de changer les choses, Steven. En tout cas, profite de cette nuit en prison pour réfléchir.
Steven leva les yeux au ciel. Fey sortit de la voiture. Wallace l’aida.
- Steven, grâce à toi, on a découvert que les surveillants ne font pas que « surveiller ».
- Ah ouais ?
- Nan, ils nous fliquent un peu beaucoup aussi. On est en train d’examiner certains dossiers issus des meubles que tu as défoncé.
- Eh bé. J’balance des trucs par la fenêtre et je trouve quand même le moyen d’aider le club des cinq dans ses enquêtes. Y’a pas à dire, j’déchire.
- Hm. J’croyais ça aussi, avant, que j’déchirais…
Steven regarda Wallace, intrigué. Wallace se releva, stoppant la conversation, et se dirigea vers ses camarades.
- Euh…
Tristan s’étonna.
- Quoi ?
- … Est-ce que ça te dit si ce soir on se fait un ciné, et si après ce ciné, on rentre chacun chez soi sans rien faire ?
Tristan plissa les yeux.
- Attends, quoi ?
- Bah oui… c’est pas ce que tu veux ?
Tristan agita la tête.
- Non. On sortira la semaine prochaine.
- On est mercredi !!
- Et pis ? On est déjà sortis hier et avant-hier. C’est bon, on peut ne pas se voir tout le temps, on peut communiquer par SMS après les cours, comme plein de couples !
Wallace grimaça, hautement perturbé.
- … mec, pardon de ce que je vais faire, mais… Je romps !
- … quoi ?! Parce que je veux moins sortir ?!
- Parce que tu veux qu’on devienne ce genre de couple débile qui se textote jusqu’à deux heures du matin ! Putain, je veux pas de ça avec toi, je veux…
Tristan regarda Wallace, éberlué. Derrière lui, les profs semblaient engueuler le proviseur.
- Steven Weldon est un HEROS ! Cette salle des profs est à NOUS ! cria Vivienne.
- Relâchez ce jeune homme IMMEDIATEMENT, c’est un PRISONNIER POLITIQUE !! cria Ambrose.
- Euh… tout ça, mais de manière raisonnable ! souffla Helen.
- Pareil, il n’a fait que rendre justice, c’était notre salle des profs ! admit Sandrine.
- Je laisse la décision finale à madame Barnes qui avait Steven dans son cours à ce moment précis !
Tout le monde se tourna vers Blandine qui souffla lourdement.
- Envoyez ce petit merdeux sur la chaise.
- BLANDINE ! cria Helen.
- La pléiade m’emporte !! geignit Ambrose en s’évanouissant.
Tristan fixait toujours Wallace.
- Tu veux ?!
Wallace balbutia. Le reste de la classe les regardait/écoutait à moitié.
- …je veux… qu’on… euh…
Tristan continuait de fixer Wallace qui cherchait quoi dire.
- … Putain, je sais pas ce que je veux ! On peut pas juste faire ça au feeling et voir comment ça se passe ?! Pourquoi tu veux commencer à instaurer des règles débiles ?
- … parce que la façon dont les choses se passe me déplait !
- C’est TOI qui a voulu qu’on sorte ensemble !
- Oh, dis aussi que je t’ai forcé !
- Mais nan, juste que tu peux pas m’obliger à adopter ton modèle !
- Et inversement ! T’as pas à nous réduire à « Rencard, puis sexe » !
Wallace serra les dents. Tristan agita la tête.
- Et toc. Et c’est moi qui rompt. J’ai besoin de réfléchir un moment.
- … QUOI ???!
- Ouais. Faut que tu réfléchisses aussi, je crois.
Tristan s’éloigna. Wallace regarda Rebecca, non loin de lui.
- Tu vas te moquer de moi ?
- Pas maintenant, plus tard ! sourit Rebecca.
***
Steven était dans sa cellule en train de se faire chier. « Putain, la prison, c’est pas aussi marrant qu’y disent à la télé… »
Il se dirigea vers les barreaux.
- J’peux avoir de quoi me distraire au moins ?
Le chariot de bibliothèque passa.
- Hey ! Vous avez pas des livres marrants à me refiler ?! Des comics, des mangas, des trucs dans le genre ?
Le vieux pépé prit une plâtrée de bouquins au hasard et les balança dans la cellule.
- … o… kay…
- C’est ce qu’on nous donne, c’est ça ou rien.
Il les examina. Un roman qui datait d’avant la naissance de ses parents, un truc où les pages volaient, une espèce de vieux magazine de merde…
Et un bouquin sur les stratégies de communication marketing. Neuf.
Il le saisit, intrigué.
Kenny Loggins feat. Cherlene – Danger Zone- Monsieur Weldon !
- Monsieur !
- Bonjour monsieur !
Le grand jeune homme blond salua ses subordonnés et s’installa à son bureau de cadre. Sa secrétaire le salua.
- Monsieur Weldon, on a décroché la campagne Sanex !
- Excellent. J’appelle les investisseurs. On va cartonner !
Steven s’assit à son bureau, satisfait.Le jeune Steven Weldon passa ainsi une nuit qui resterait dans la légende.
- Cette campagne discrète mais raffinée nous assurera le public haut de gamme que nous visons.
A la table, Steven plissa les yeux.
- Mais euh, le staff de vente a pas dit que la cible c’était justement les classes moyennes ?
- Euh…
- Z’avez lu le plan média ou bien ?
- … oh pardon…
- Bah ouais, pardon ! Te tromper de cible, c’est genre…
Steven agita la main et regarda un stagiaire.
- Toi. Tu prends sa place. Et toi, le gusse qui vient d’avoir un zéro à son exposé…
- Non, monsieur, pitié…
- … tu passes au service numérisation !
- Oh noooon…Steven lisait avec passion.
- Monsieur, pourquoi on fait don de nos anciens ouvrages de référence aux prisons du comté ?
Steven regarda le comptable.
- Pour former nos futurs cadres, pour quelle autre raison ?
Le comptable haussa un sourcil, perturbé.Steven sourit. « C’est génial ce truc. Faut juste mentir aux gens pour leur plaire. Pis tout ça c’est vachement logique en fait… »
- Euh, non, désolé.
La jeune femme s’étonna.
- J’suis flatté, mais… je refuse de sortir avec une collègue. Une très jolie collègue, mais… nan, ça ferait trop d’embrouilles.
- Je… je comprends, désolée, Steven.
- Pas de mal, on va dire qu’il ne s’est rien passé, ok ?
- Oui… pardon.
La jeune femme s’éloigna. Steven haussa les sourcils.
- Et là, ton alter ego de seize ans pète un câble…Steven regarda l’horloge. Ca faisait deux heures qu’il lisait un bouquin. Un bouquin de cours, de surcroit.
La porte de l’appartement s’ouvrit. Steven s’était trouvé une poulette dans un bar.
- Enlève tes vêtements, j’arrive tout de suite !
- D’accord !
Steven passa à la salle de bains. Il se regarda dans la glace et sourit, plutôt content de lui.- Maton ! Maton, j’veux une lampe de poche !! Maton, putain ! Ou alors allumez les lumières !! Merde, vous faites chier à empêcher les gens de recevoir une éducation !
A l’aéroport, Steven semblait maussade, alors que ses équipes semblaient surexcitées.Steven avait réussi à marchander une lampe torche contre une mèche de ses cheveux. « J’sais pas ce que ce gros moustachu voulait en faire, mais ça valait la peine ! »
- Monsieur, ça va ?
Steven regarda l’affiche « Bienvenus à Moscou » écrite en cyrillique, qu’il comprenait.
- Mouais.
- Vous êtes familier du pays ? Vous parlez un peu de russe, n’est-ce pas ?
Steven regarda sa secrétaire, courroucé.
- Pardon ? Qui vous a dit ça ?!
- … c… c’était sur votre CV, monsieur !
Steven grimaça.
- Ah oui… pardonnez-moi…
- Vous avez l’air un peu tendu…
Steven secoua la tête. « Saint-Petersbourg. C’est là que vivait sa mère. C’est presque impossible que tu la croises ici. »Steven avait finalement cessé de lire. « Merde, je dois faire ça plus tard. Mais un crétin comme moi peut pas faire ça, c’est pas possible. »
Il ferma les yeux et s’endormit. « Pour l’instant, t’es en taule, alors pionce, raclure… »
Dans le hall de la première chaîne russe, Steven fut accueilli par le directeur général et son équipe.
- Dobroe outra, sjer !
- Dobryj den'! C’est un plaisir de négocier avec vous !
- Le plaisir est d’autant plus grand pour notre compagnie, c’est un honneur de se développer à l’internationale de la sorte…
Steven la remarqua enfin. Elle, elle l’avait remarqué dès le départ. Elle était, de fait, restée un peu en retrait.
- … Ana ?!
Le directeur général de la chaîne se retourna vers son assistante.
- … mademoiselle Sevreska, vous…
Ana laissa éclater ses sanglots et se jeta dans les bras de Steven qui la serra contre lui.
- Ana, bon sang, ça fait…
- Trop longtemps !
Ana s’éloigna de Steven et le regarda avec ses grands yeux verts pleins de larmes.
- Beaucoup, beaucoup trop longtemps !