Chapitre II : Eurasc – Partie 1 : Visite surprise.
Cassis
J'avais l'impression de revivre ma conquête de Herz, à une toute autre échelle. Comme précédemment, il fallait tout reconstruire, c'était là le lot de la guerre. Chaque combat détruit, comme s'il consume le passé, pour rebâtir un avenir, une nouvelle histoire, dictée par les vainqueurs. Heureusement, le vainqueur dans le cas présent, c'était moi.
En théorie du moins, je savais pertinemment qu'en l'état actuel Wildnis était plus fort que moi ; dans un affrontement régulier je ne ferais pas long feu. En revanche, ce fut psychologiquement qu'il avait perdu. Il ne pouvait plus supporter l'énorme pression de ses responsabilités, le triste destin de son village natal, les suicides constants de ses amis. C'était bien trop pour lui, c'était bien trop pour n'importe qui.
Nous étions tous de corvée, même-moi. J'étais certes le Pokémon le haut placé en ces lieux, je n'avais pas droit à de traitement de faveurs, surtout vu l'ampleur du chantier. Il nous était malheureusement impossible de redonner à Lugeni sa gloire d'antan ; par manque de matériaux, mais surtout de main d’œuvre. Cependant, ce n'était pas si grave. Il ne restait plus qu'une vingtaine d'habitants après tout, il serait inutile de dépenser notre énergie à reconstruire des dizaines et des dizaines de huttes en sachant que la plupart d'entre elles resteront désertes.
Et nous avions terriblement besoin d'énergie. Cela faisait une semaine que nous nous « reposions activement », mais plus les jours passaient et plus le jour fatidique s'approchait. Le jour où nous irons reprendre Wearl, c'était là l'essence de mon marché avec Wildnis.
Wearl, la perle du désert, domaine de la dynastie des Grünsand, les rois du désert. Actuellement, c'était Wildnis qui occupait le trône et titre du Grünsand, cependant, un intrus mystérieux apparut de nulle part l'en avait délogé. A l'entendre, il s'agirait d'un être surnaturel accompagné d'une armée toute aussi fantasmagorique. Bref, des ennemis à ne pas sous-estimer. Cependant, je doutai réellement qu'il pût faire le poids contre Wildnis et moi simultanément. Peut-être que j'étais trop sûre de moi, mais je n'arrivais pas à m'imaginer la défaite avec Wildnis, l'un des meilleurs élèves de Maître, à mes côtés.
— Tu devrais vraiment te reposer...., grommela un certain Pachirisu me suivant à la trace.
Je soupirai. Oui, mon combat contre Wildnis m'avait salement amoché, j'en souffrais encore. Mais comme je ne cessais de le répéter, les crocs de ma mâchoire repoussaient d'eux même après un certain temps, on pouvait déjà en voir de nouveau pointer actuellement. Et aussi...
— Je n'ai pas le temps à ce genre de plaisir, grommelai-je. Plus vite on aura fini avec la reconstruction, et plus vite on stoppera ce mystérieux Pokémon à Wearl.
— T-Tu ne penses quand même pas sérieusement à te battre dans ton état ?!
— D'ici là, mes crocs seront redevenus comme neuf, assurai-je. Tu n'as pas à t'en faire.
Patch était un bon médecin, c'était certain. C'était principalement grâce à ses concoctions de baies que je pouvais présentement gambader sans grimacer de douleur ; je me demandai vraiment comment est-ce qu'un médecin de son acabit s'était retrouvé dans un village perdu tel que Herz. Cependant, aussi bon qu'il était, il avait légèrement tendance à s'inquiéter pour rien, à la limite de la psychose.
Patch continua longuement à me faire la morale, sur le fait que je ne devais pas me forcer, m'économiser, de laisser faire les autres... je ne le répondais plus que pas des petits hochements de tête blasés ou des grognements sourds. J'avais d'autres choses à faire.
Pendant que je soulevais un rocher de ma mâchoire, je croisais du coin de l’œil les corps patibulaires de Braise et Pluie. Les deux évolitions semblaient réellement souffrir de la situation, et surtout de la mort de Orage. Peut-être que l'un d'entre nous devrait aller les réconforter ? Peut-être, oui. Cependant, nous n'en avions pas envie. C'était vrai, tout était de leur faute. Ils avaient eux-même provoqué la désertion de leur village, et de ce fait l'anéantissement de leur défense. Et ils avaient inconsciemment causé la mort de Orage en signalant stupidement leur présence face à une centaine d'ennemis. Ces deux-là pourraient mourir déshydratés que cela ne me bouleverserait pas le moins du monde. Enfin, comme le disait – à contrecœur – Affienns, Orage s'était sacrifiée pour les sauver, et donc, il était de notre devoir de respecter sa décision et d'aider les deux évolitions survivantes. C'était pourquoi je penserais un jour à aller les voir, si vraiment je n'avais rien d'autre à faire.
Quand à Wildnis et son « armé », ils s'étaient installés à l'extérieur, dans leur campement. Bien qu'ils aidassent à la reconstruction de Lugeni, ils évitaient de rester ici plus de temps qu'il n'en fallût. Cela devait sans doute leur rappeler de mauvais souvenirs, ils étaient les principaux responsables de ce massacre après tout. Heureusement, la vingtaine d'habitants de Lugeni ne leur en tenait pas rigueur. Ces derniers étaient si vieux et fatalistes qu'ils n'avaient même plus la force d'être rancuniers.
Comme à Herz, j'avais profité des travaux afin de créer un camps d'entraînement, rien de bien folichon évidement, mais j'y tenais. Qui sait, ça pourrait servir un jour.
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Morflam
Mmmh, alors c'était ça le village que je devais inspecter. Il n'avait pas trop l'air en bon état. Le sol était jonché de ruines que des Pokémon s'évertuaient à reconstruire, sans vraiment de succès si vous voulez mon avis. Mais surtout, le plus terrible, le plus dramatique, le plus épouvantable ; c'était qu'aucune, strictement aucune odeur gourmande ne flottait dans l'air. Mon cœur se brisa presque à cette triste constatation.
Pas d'effluves épicés, ni de relents délectables, ni de festivals de saveurs, ni d'ouragans de fumets ! Avais-je été envoyée en enfer ? Qu'avais-je donc fait pour mériter pareil châtiment ? Ô ! Quel est ce désespoir qui étreint mon âme ? Reverrai-je un jour ma douce demeure, mes doux plaisirs gastronomiques ?
— … excusez-moi ? fit soudain une voix plutôt aiguë. Qui êtes-vous ?
Je m'efforçai vainement d'oublier mes sombres pensées et me concentrai sur mon nouvel interlocuteur, ou une interlocutrice peut-être ? Difficile à dire chez un Canarticho. Un Canarticho assez étrange d'ailleurs, possédant des petites lunettes sur son bec mais n'ayant pas de poireau ; j'étais pourtant certaine que tous les Pokémon de cette espèce en possédait un.
Cependant, ce n'était pas très poli de faire patienter inutilement quelqu'un, je me pressai donc de répondre à sa demande.
— Salut ! Je me nomme Morflam, je viens de la part de la Guilde ! me présentai-je en présentant mon badge officiel. Le Primonarque nous a signalé une certaine activité relative à la Loi d'Or dans le coin – ou un truc comme ça – du coup, me voilà ! Vous savez qui commande ici ? Ce serait sympa de me laisser le voir.
— L-La Guilde ? bafouilla le Canarticho livide. Euh... o-oui, très bien, tout de suite !
Tiens, ça me surprenait un peu que ce Pokémon réagît aussi violemment. Je m'attendais plutôt à ce qu'il me demande des explications, décidément, j'avais sous-estimé le niveau de connaissance des autochtones du coin. J'étais persuadée qu'aucun d'entre eux ne connaissait la Guilde !
Le Canarticho me pria de la suivre, je m'exécutai. C'était assez impressionnant de voir comment les autres se pliaient instantanément lorsque l'on parlait de la Guilde, cela m'étonnait à chaque fois. Mais c'était assez compréhensible ; après tout, la Guilde était la plus grande instance d'Iræ, même les Présidents des régions évitaient de défier notre autorité.
Pourquoi ? A cause du Primonarque de la Guilde. Un Alakazam dont l'âge et la puissance égalaient l'infini. C'était un mythe, bien entendu, mais pas si loin de la vérité. Il restait en constante méditation, il paraîtrait même qu'il n'avait plus ouvert les yeux depuis des centaines d'années. On disait que le Primonarque voyait tout, strictement tout ce qu'il se passait dans tout le continent, il était aussi le gardien de la Loi d'Or, la loi du plus fort.
A chaque fois qu'un Pokémon invoquait la Loi d'Or, le Primonarque l'entendait. Et si jamais la loi était bafouée, une escouade de la Guilde venait immédiatement remettre de l'ordre. La Loi d'Or était la base de notre société, la pierre angulaire de tout notre monde, il était primordiale qu'elle fût rigoureusement respectée.
Le temps que je ressassais la raison d'être de la Guilde dans ma tête, le Canarticho s'arrêta soudainement devant un Pachirisu et un Mysdibule – sans doute la Stalhblume que je recherchais – portant un énorme morceau de roche dans sa mâchoire. Je frissonnai malgré, moi. Étant de type Feu, j'étais quelque peu mal à l'aise devant ce rocher menaçant...
— Cassis ! s'exclama presque le Canarticho. Cette Roussil vient de la Guilde, et elle veut te parler !
— … c'est vraiment urgent ? grommela la Mysdibule sans même nous regarder. Je suis un peu occupée là.
— Mais enfin oui Cassis que c'est urgent ! Tu n'ignores quand même pas ce que représente la Guilde !
— Non Artichtote, je ne l'ignore pas, soupira la prénommée Cassis, il s'agit même de mes principaux ennemis étant donné que je veux réformer la Loi d'Or. Dis à cette Roussil d'attendre que je termine cette hutte.
Et la Mysdibule continua son édifice, aucunement intimidée de ma présence. J'avais été un peu surprise de ce que j'avais entendu, cette histoire de reforme, d'ennemis et tout ça... Je ne savais comment réagir. Pour tout avouer, c'était ma première mission sur le terrain ; j'étais novice dans le domaine. Novice prometteuse mais novice tout de même.
Le – ou la apparemment – Canarticho semblait très perturbée par l'attitude glaciale de la Mysdibule et me lançait plusieurs coup d’œil inquiet, je la rassurais avec un petit sourire. J'étais tout aussi paumée qu'elle en fait, mais bon, je pouvais bien attendre un peu avant de parler à cette fameuse Cassis.
Je dus patienter les bras ballants une bonne demi-heure avant que la Mysdibule ne daignât m’adresser un regard méprisant. Pfiou, respire Morflam, c'est le moment de montrer que tu mérites d'être une inspectrice de la Guilde !
— Donc, c'est à quel sujet ? grinça t-elle.
— Euh... hésitai-je un peu stressée. Avant toutes choses je tiens à clarifier une ...bah... chose. Euh..., vous avez de quoi manger ? … euh non pas ça... ahem...hihihi... je voulais dire... vous êtes bien celle qui se fait appeler Stalhblume ?
— … oui, effectivement, plissa mon interlocutrice des yeux.
Je ne devais pas être belle à voir, toute transpirante, avec un sourire bête figé sur le visage !
— Alors euh, selon nos rapports, vous avez commencé une politique d'extension récemment. Donc... nous avons besoin de savoir certain détail concernant vos projets, ainsi que sur votre armée. Bien sûr, ce n'est pas pas obligatoire, mais euh... c'est conseillé d'avoir de bon rapport avec la Guilde !
— Je me doutais que ce serait pour une bêtise du genre, soupira Stalhblume. Évidement que je refuse. Vous avez perdu votre temps en venant ici.
… euh ? Un refus ? Ahem.... voyons, que disait le manuel dans ce genre de situation ?
— M-Mais ! tentai-je de protester. Être allié avec la Guilde peut vous être très bénéfique ! On peut vous fournir en vivre en cas de besoin, dans ce désert c'est toujours sympa, non ? En plus, vous recevrez chaque semaine un rapport sur l'état des différentes conquêtes de Iræ et...
— J'ai dit non, haussa t-elle le ton. Je ne pactise pas avec l'ennemi.
— N-Nous ne sommes pas votre ennemi ! Au contraire on veut juste...
— Vous voulez juste favoriser les guerres, me coupa t-elle. Écoutez vous-même ce que vous dites. Vous fournissez des vivres et des informations ? Comme vous êtes gentils. Le problème, c'est que vous en donnez à tout le monde. En réalité, vous faîtes tout pour que chaque armée puisse avoir les moyens de continuer les guerres, vous êtes donc indirectement responsable de la plupart des massacres ayant lieu sur ce continent.
— C-Ce n'est pas..., bafouillai-je, … euh... comment dire... nous voulons juste vous aider...
— A d'autre. Sachez que je répugne la Loi d'Or, et par conséquent, la Guilde. Tenez vous prêt, car je compte bien vous défier à un moment ou un autre.
— V-Vous comptez attaquez la Guilde et le Primonarque ?!
— Exactement. Maintenant, jouez votre rôle d'esclave et aller porter le message à vos supérieurs. J'ai déjà trop perdu de temps avec vous.
Et Stalhblume me tourna le dos et disparut, me laissant là, complètement choquée.
— N-Ne faites pas attention ! bafouilla la Canarticho tout aussi pétrifiée que moi. E-Elle est juste un peu froide avec ceux qu'elle ne connaît pas, et... et je vais y aller ! Mais par pitié ne déclenchez pas de guerres contre nous !
Et la Canarticho courut vers la Mysdibule.
— Okay..., fis-je pour moi-même. C'était assez particulier ! Il va me falloir un sacrée repas pour me remettre de mes émotions. Aaaah !! J'avais presque oublié, il faut que je prévienne Talos !
Sans perdre une minute de plus, je sortis de ma fourrure mon Transcom, une espèce de petit gadget ovale très pratique pour communiquer sur de longues distances. Je l'ouvris et l'activai. Aussitôt, un effrayant visage couleur bronze apparut en gros plan, je manquais de sursauter.
— M-Morflam au rapport ! m'exclamai-je en tenter de regagner ma posture.
— Les négociations sont déjà terminées ? tonna puissamment Talos à travers le Transcom.
— ...haha, o-oui, si on peut appeler ça des négociations... en tout cas, elle n'est pas commode cette Stalhblume ! Et elle a comment dire... refuser de faire affaire avec la Guilde.
L'imposant Judokrak ferma gravement les yeux, et sembla réfléchir à plein régime.
— Elle a dit autre chose ?
— J-Je ne sais pas si ça va vous plaire mais... elle a dit qu'elle comptait nous défier et qu'elle nous détestait ou un truc du genre...
— Vraiment ? Voilà qui est intéressant. Je ne pensais pas qu'il existait encore des Pokémon souhaitant braver notre autorité. Eh bien soit, qu'elle vienne si elle pense pouvoir renverser le Primonarque, nous l'attendons. Cependant, ce genre d'éléments dissidents sont problématiques, nous devrions surveiller cette Stalhblume de près.
— Je comprends...
Bon, au moins, mon supérieur semblait assez bien prendre la nouvelle.
— Sinon, repris-je, je peux rentrer ? Je commence sérieusement à avoir faim moi...
— Morflam veux-tu oublier ton estomac un instant ? Je viens de dire qu'il faut la surveiller. Et tu es la seule membre de la Guilde sur place actuellement.
— P-Pardon ?! Mais je ne suis qu'une apprentie moi ! Je pensais que je devais juste faire un essai sur le terrain pour avoir une idée de la réalité !
— Dis-toi que ton essai est prolongé.
— J-Je veux bien, mais vu comment la Stalhblume m'a rabrouée, je ne pense pas qu'elle accepte que je reste dans ses pattes !
Talos soupira, comme s'il se lassait déjà de la conversation.
— J'ai compris, je prépare une Télégem. Je serais là dans une heure.
Et la communication se coupa. Ça devenait un peu une habitude que mon interlocuteur me lâche crûment comme ça ! Je devais vraiment tenter de me faire respecter... mais ce n'était pas très facile en tant que novice.
Mis à part cela... j'étais un peu dans la mouise. Les ordres de Talos étaient clairs, je devais rester ici et jouer les espionnes. Cependant, j'en avais terriblement pas envie ! Premièrement, il n'y avait rien à manger ici... deuxièmement, je n'avais pas vraiment l'impression d'être la bienvenue, et troisièmement, il n'y avait vraiment rien à manger ici ! A la Guilde, même les recrues néophytes comme moi avait droit à des repas de rois, je ne pouvais m'imaginer devoir dire au revoir à ce luxe une seule seconde !
J'aurais dû demander à Talos de ramener des friandises avec lui...
***
Comme Talos l'avait annoncé, il apparut au bordure du village une heure après notre conversation. Sans rien à manger avec lui, zut.
Quand même, c'était drôlement pratiques les Télégem. Des pierres chargées de pouvoir Psy capables d'imiter un Téléport. Bon elles avaient aussi des défauts, bien sûr. La plupart des villes étaient équipée d'un système de brouillage de téléportation, les rendant inutiles. Aussi, plus on voulait voyager loin, et plus la Télégem prenait du temps à s'activer.
— Ne perdons pas plus de temps, tonna le Judokrak. Je dois être rentrer avant que le soleil ne se couche.
Vu que le soleil commençait déjà à descendre dangereusement, je me doutais qu'il était vraiment très pressé. Loin de moi l'idée de le retarder, je hochai vigoureusement la tête et le suivit à travers le village en ruine.
A cette heure-ci, il était quasiment désert, mais pas totalement. Trois Carmache vadrouillaient comme des gardes autour des huttes, Talos ne se priva pas et alla à leur rencontre.
— Je me nomme Talos, Haut-Gardien de la Guilde, s'exclama t-il en sortant un badge en or. Je réclame une audience auprès de votre Maire.
Les trois Carmache se regardèrent, interloqués.
***
— Si je comprends bien, vous voulez qu'on accepte une espionne dans nos rangs ?
Les trois dragons nous avaient mené dans une hutte toute ordinaire, où se trouvait la - toujours aussi agréable - Mysdibule que j'avais croisée un peu plus tôt. A ces côtés se trouvaient d'autres Pokémon, certains que j'avais déjà vu, comme la Canarticho et le Pachirisu, et certains que dont j'ignorais l’identité, comme un Chimpenfeu et un Capidextre.
— Je suis désolé que vous voyez les choses comme cela, répliqua Talos. C'est plus un échange de bon procédé, Morflam n'est qu'une recrue mais peut vous être utile en combat. Nous ne vous demandons rien d'autres, juste de l'accepter parmi vous.
— J'imagine que si on refuse votre offre, nous serons sur la liste rouge de la Guilde.
— …. disons simplement que nos rapports en pâtiraient.
— C-Cassis, souffla la Canarticho, je peux te parler un instant ?
Stalhblume acquiesça et laissa sa camarade lui chuchoter à oreille. Pour ma part, j'essayais de me faire toute petite. J'étais un peu l'enjeu de tout ce débat et ça me mettait quelque peu la pression.
Brusquement, Stalhblume soupira bruyamment.
— … c'est d'accord, lâcha t-elle comme si elle crachait. Mais que votre recrue n'espère aucun traitement de faveur.
— Évidement que non ! m'exclamai-je. J-Je serais sage comme une image ! Mais euh... je veux au moins cinq repas par jour, hein ?!
— Je regrette déjà ma décision, siffla la Mysdibule.
— Bien, acquiesça Talos. Je suis ravi que vous acceptez de vous occuper de notre recrue, au moindre problème, n'hésiter pas à nous en avertir.
— Mais bien sûr..., éluda Stalhblume.
— J'ai une question.
Le Chimpenfeu s'avança soudainement, bloquant le passage de Talos.
— … et quelle est t-elle ? s'agaça mon supérieur.
— A quoi sert la Guilde très exactement ? siffla le Chimpenfeu. En ce moment même, un groupe de Pokémon étranges a envahit Wearl et a forcé ses villageois à envahir et détruire leur voisin. Ne dites pas que vous l'ignorez.
— … effectivement, nous étions au courant. Cependant, je tiens à préciser que tout cela fait en accord avec la Loi d'Or ; le plus fort décide du destin du perdant, tout simplement. Tant que cette Loi est respectée, nous n'intervenons pas.
— Et ce, même si des centaines de Pokémon se font massacrer ? Même si le gagnant exige le sang des perdants ?
— C'est triste, je l'admets, mais c'est ainsi. Nous ne pouvons pas faire d'exception pour quelques comportements déviants. C'est parce qu'il obéit à la Loi d'Or que le continent de Iræ brille autant. La Loi doit être sauvegardée dans sa forme la plus pure. Mercantide, Voluse, Chtonïa, Briséan sont ce qu'elles sont grâce à la Loi d'Or. Je vous mets au défi de me dire que ces régions ne respirent pas la splendeur.
— Mais...
— Je serais ravi de discuter plus longuement avec vous, le coupa Talos, mais je suis attendu autre part, et ma Télégem est prête. Ce fut un plaisir.
Sur ce, mon supérieur serra un losange brillant dans sa main et disparut brusquement, à l'étonnement général.
Talos n'avait jamais été fort pour communiquer, mais là, il battait des records. Sans doute que les remarques de ce Chimpenfeu lui avaient paru déplacées. Pour nous autres, membre de la Guilde, le Loi d'Or était la chose la plus sacrée au monde, la voir être remise en doute n'était jamais agréable.
Mais à présent que Talos avait prit la poudre d'escampette, toute l'attention de mes « nouveaux amis » s'était de facto recentrée sur moi. Et comme par hasard, ce fut à ce moment là que mon ventre se mit à grouiller bruyamment, je serais les dents dans sourire forcé.
— … euh...., bafouillai-je. Quand est-ce qu'on mange ?