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La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 24/03/2016 à 17:25
» Dernière mise à jour le 17/02/2021 à 17:54

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 2 : Troupômé
"Je jure à tous les humains et les Pokémon de Krénios qu’un jour, les Magicarpe règneront en maîtres incontestés ! Prenez garde à vos cannes à pêche, ou vous allez faire trempette !"Fragment d’un discours du Roi Magicarpe, lors d’un concours de pêche.

***


— Voilà, c’est au fond de cette grotte que se trouve le trésor. Je vais enfin pouvoir mettre la main sur la mythique recette du cookie au miel !

Antoine semblait excité. Malgré le poids de son encombrant sac à dos, il n’attendit pas une seconde de plus avant d’entrer dans la caverne. Ticho, lui, hésita quelques secondes. Ils avaient avancé deux heures durant avant d’arriver là, au pied de cette montagne inquiétante. Rentrer à l’intérieur n’augurait rien de bon.

« Je suis un Pokémon Vol, songea silencieusement Ticho. J’ai rien à foutre entre quatre murs ! »

Mais la curiosité finit par l’emporter sur la crainte ; il grommela avant d’entrer à la suite du garçon.

Le tunnel descendait légèrement, et les parois semblaient avoir été creusées par des type Sol des années auparavant. Antoine marchait vite et venait de sortir une lampe torche de son sac, qui les aidait à y voir plus clair.

— C’est long, ce tunnel, marmonna Ticho. J’espère qu’il y a vraiment ton trésor à la noix au fond.
— C’est pas un trésor à la noix, tête de piaf ! répliqua vivement Antoine. C’est un trésor au miel.
— Ouais, ouais… Mais par « à la noix », je voulais dire que ton trésor, c’est vraiment de la grosse m…
— Regarde ! l’interrompit le garçon.

Le chemin, jusque-là rectiligne, tournait brusquement à droite. Antoine et Ticho le suivirent, n’apercevant les parois luisantes de la caverne que grâce au pâle faisceau projeté par la lampe torche. Ils se retrouvèrent dans une grande cavité sphérique, clairement artificielle. Au centre de la salle souterraine trônait un large coffre en acier, de couleur argentée.

Antoine accourut et se jeta à genoux devant le coffre, calant la torche entre son cou et son épaule. Puis il glissa ses doigts dans l’interstice pour soulever le capot, sous les yeux curieux de Ticho.

Le garçon rejeta brutalement le couvercle en arrière.

— C’était ouvert ? s’étonna Ticho.

Antoine ne semblait pas l’entendre. Ses yeux brillaient presque dans la pénombre de la caverne.

— Je l’ai enfin ! Après tant de temps !

Il sortit du coffre la seule chose qui s’y trouvait ; une enveloppe sur laquelle était visible un sceau.

— Alors personne ne l’a ouverte, cette lettre, lâcha Ticho. Je m’attendais à ce qu'il ait déjà été trouvé par quelqu’un d’autre.
— Bien sûr que non.

Antoine déchira l’enveloppe et en sortit une feuille blanche qu’il déplia précipitamment.

— Qu’est-ce qui est écrit ? questionna le volatile.
— « Cher aventurier, chère aventurière, bravo d’avoir trouvé l’emplacement de ce coffre. Mais je suis au regret de t’annoncer que tes efforts ont été vains. Son véritable contenu est en ma possession. Et personne d’autre que moi ne l’aura jamais ! Mouahaha !».
— … ah. C’était trop beau, en même temps. Fallait s’en douter.

Antoine replia la lettre mais le Pokémon remarqua ses doigts tremblants. Il le dévisagea.

— Ça va ?

Antoine explosa :

— Non, ça va pas du tout ! Ça fait presque un an que je cherche cette recette ! Et c’est la troisième fois qu’un truc pareil m’arrive ! Je crois l’avoir trouvée, et quelqu’un l’a prise avant moi ! Je tuerais le mec qui est reparti avec ! Et si ça se trouve, c’est même pas la recette qui se trouvait là, mais un trésor sans importance ! J’en ai ma claque !
— Calme-toi, Toinou.
— D’où tu m’appelles Toinou, saleté de sac à plumes volant ?
— Ok, ok, du calme. Tu sais quoi ? Emmène-moi dans une ville proche comme tu me l’as promis, hein ? Je dois retourner à Kalos, moi.

Antoine soupira :

— Ouais, je dois tenir ma promesse, si on peut appeler ça comme ça.

Voyant l’air soudain abattu du garçon, Ticho ne put s’empêcher une pointe de culpabilité et de pitié. Cette quête improbable, pour une raison étrange, semblait lui tenir très à cœur. Jaugeant dans son esprit qu’aider cet humain n’allait peut-être pas tant le détourner de son objectif de rentrer à Kalos… il proposa quelque chose.

— Tu sais quoi ? Je pourrais même t’aider à trouver ta recette de cookie au miel. Après tout, Kalos, c’est le seul endroit que je connaisse, mais une vie de Canarticho, ça n’a rien de bien stimulant. Krénios me donne un peu envie, je l’avoue. C’est si agréable de penser !

L’oiseau ferma les yeux. Son esprit, autrefois étriqué, était maintenant assez performant pour stimuler son imagination, faire des prévisions, réfléchir, ou se souvenir du passé. C’était sacrément cool, d’être intelligent.

— Tu ferais ça, tête de piaf ? bafouilla Antoine, pris de court.
— Tu m’as sauvé d’un Grolem et d’un Rhinastoc, et t’es la seule personne du coin que je connaisse. Autant faire un bout de route ensemble, non ?

Antoine se releva et sourit.

— T’es plutôt cool, en fait, pour un canard. J’accepte. Mais un jour, faudra que tu m’expliques un truc.
— Quoi donc ?
— Pourquoi tu te trimballes avec un poireau alors que t’es un Canarticho ?


***


— On est bientôt arrivés, Tichôôô ?
— Tu vois cette colline, au loin ? Le village est juste derrière. Les habitants devraient connaître ton « Kalos ». Ils sont plus cultivés que moi.

Ticho lâcha un soupir soulagé, pressé de reposer un peu ses ailes fatiguées. Ils avancèrent quelques minutes, puis dépassèrent la colline ; la région se faisait plus verdoyante. La montagne brumeuse était maintenant oubliée, réduite à l’état de quête secondaire sans importance. Le village apparut enfin, installé non loin d’une forêt. Ticho fut soulagé de revoir des êtres vivants.

Des hommes et des femmes, ainsi que des Pokémon, étaient visibles partout dans le village, disséminés entre les chaumières. Ticho aperçut une auberge sur la place principale, au centre de laquelle se tenait un puits.

Deux gardes se tenaient, bien droits, sur les côtés de la route, avec un air vaguement menaçant. Quand Antoine et Ticho approchèrent, ils sortirent leurs épées et les pointèrent vers eux :

— Holà, étrangers ! lança le premier.

Ticho avait déjà aperçu des types avec des épées à Kalos : des drôles de gars, en pierre, qui s’élevaient dans de vastes jardins près des châteaux ou dans des ruines quelconques. C’était tout de même surprenant, d’en voir capable de bouger et de respirer.

Le second, doté d’une impressionnante moustache spiralée, prit la relève :

— Dites-nous ce que vous venez faire dans notre village ! Nous déciderons si vous avez le droit de passer… ou si nous devons vous tuer.

Antoine, l’air peu concerné, lâcha un bref soupir et haussa les épaules.

— Je viens chercher des informations sur la légendaire recette du cookie au miel d’Apireine.
— Bien, petit. Cela me semble être une louable quête, pleine de noblesse et de bon sens. Tu es autorisé à entrer.

Antoine passa entre les gardes et commença doucement à s’éloigner vers le centre du village. Ticho voulut le suivre mais le garde à la moustache se plaça devant lui :

— Attends, Piafabec ! Toi aussi, tu dois des explications sur ta présence ici !
— Je suis un Canarticho ! s’indigna le concerné. J’accompagne cet humain dans sa quête, alors laissez-moi passer.
— Hmm… Je n’ai pas confiance en toi, Piafabec. Je ne sais pas pourquoi, mais tu ne m’inspires rien de bon.
— Quoi ? Vous allez m’empêcher d’entrer sous prétexte que ma tête ne vous revient pas ?

Le garde sourit, et donna un petit coup de coude complice à son collègue.

— Je sais très bien que les Poichigeon sont tous des arnaqueurs.
— Je suis un Canarticho !
— Quelle voix désagréable, renchérit le deuxième. Tu as bien fait de lui refuser l’entrée. Ce type ferait des trucs pas nets à Troupômé…

Ticho faillit oublier de battre des ailes tant il était surpris.

— Me refuser l’entrée ? C’est une blague ! Et… Troupômé ? C’est quoi ?
— Le nom de ce village, Goélise, répondit le moustachu. C’est Troupômé.
— Au moins, vous avez le sens des réalités… râle Ticho, avant d’ajouter, plus fort : Toinou, je te rejoins bientôt, hein ?
— M’appelle pas Toinou ! cria le garçon sans se retourner.

Les gardes rirent.

— Tu ne pourras pas entrer dans le village, c’est interdit pour toi, Hoothoot.

Ticho leva les yeux au ciel.

— Quelle bande de cons…

L’oiseau s’éloigna hors de vue des gardes, avant de prendre de l’altitude en quelques battements d’ailes. Puis, jugeant qu’il était assez haut pour échapper à l’attention de ces deux imbéciles, il rejoignit Troupômé par la voie des airs. Il plongea en piqué, savourant le vent frais et profitant de ces sensations fortes qu’il avait trop rarement l’occasion d’expérimenter.

Mais, tellement heureux de voir qu’il était capable de faire quelques acrobaties aériennes, il plongea trop vite, et, par malchance, piqua droit dans le puits du village. Il n’eut pas le temps de ralentir et poussa un hurlement de terreur suraigüe juste avant de s’enfoncer dans l’eau.


***


— Non mais sérieusement, qu’est-ce qui lui a pris ? marmonna Antoine en se penchant au-dessus du puits. Il a cru que c’était un site de plongée ?

Ticho remonta hors du puits en battant laborieusement des ailes. Enfin, il vit Antoine et s’écrasa à ses pieds, trempé, où il s’immobilisa lamentablement. À quelques pas de là, des vieillards alignés sur un banc étaient pliés de rire. Antoine, ayant soudain honte de connaître Ticho, lui donna un petit coup de pied avant de grogner :

— Relève-toi, tête de piaf !

Ticho se releva d’un coup en s’ébrouant, éclaboussant les chaussures d’Antoine.

— Pourquoi t’as foncé dans le puits ?
— Je m’étais mal dégourdi les ailes… j’ai un peu raté l’atterrissage.
— L’atterrissage ? Tu plaisantes ? T’as carrément oublié de ralentir, oui ! T’es sûr que t’as ton permis de vol ?
— Bon, ça va, hein. Pas la peine de s’éterniser sur un détail. J’ai contourné les gardes, j’ai pu rentrer, donc tout va bien, maintenant.

Antoine soupira.

— Bon. Moi, je vais faire le tour dans le village et demander aux gens s’ils ont entendu parler de mon trésor. Toi, pars de ton côté et demande-leur s’ils connaissent Kalos. OK ?
— Oui, tichôôô, j’ai compris.

Ticho se dirigea vers les vieux tordus de rire, mais aucun d’eux n’avait retrouvé assez de souffle pour lui répondre. L’un d’eux frôla la pneumonie. Ticho se détourna et battit des ailes pour commencer sa quête de renseignements.

Il interrogea une dizaine de villageois. Personne ne semblait connaître la région de Kalos.

— Kalos, c’est qui ?
— Ce serait pas le boulanger de Trouperdu, au nord ?
— Mais non, tu sais, ça doit être le cousin de Roger ! Tu sais, celui qui a poussé Bertrand de la falaise ?
— Un « cale-os » ? Désolé, j’en sais rien. Demande à un Ossatueur.

Ticho cessa d’espérer en vain ; dans ce village, personne n’avait entendu parler de Kalos. Bah, tant pis. Après tout, Krénios, c’était bien aussi. Un peu bizarre, avec des Keunotor destructeurs et des humains stupides, mais Ticho n’allait pas se plaindre : il avait acquis une certaine intelligence et le miraculeux don de la parole. En réalité, ce monde lui paraissait bien plus prometteur que le sien.

Ticho aperçut une fille, d’une quinzaine d’années, assise sur le perron d’une maison. Elle semblait pensive, avec une PokéBall à la main. Il décida de tenter le tout pour le tout une dernière fois.

— Salut, crasseu… euh… humaine.

La fille le regarda avec dégoût.

— Tu veux quoi, Nirondelle ?

Ticho ne releva pas, habitué, et continua :

— Tu connais Kalos ?
— C’est qui ?
— C’est mon pays. Mais je me suis perdu. J’aimerais au moins savoir où c’est, par rapport à Krénios.
— Lâche-moi avec tes histoires. Je m’en fiche.
— Hé, Ticho ! lança une voix.

Antoine approchait en courant à petite foulée, son sac rebondissant sur ses trop frêles épaules.

— J’ai rien trouvé, lâcha-t-il. De ton côté ?
— Même chose.

Soudain, la fille croisa le regard d’Antoine, et son attitude changea d’un seul coup. Elle se releva d’un bond, bousculant Ticho et se plaçant face à un Antoine stupéfait.

— Salut ! Je m’appelle Julie ! Tu as besoin d’aide ?
— Euh, oui… mais je ne crois pas que tu pourrais m’être utile le moins du mon…
— Attends, attends ! J’ai un Pokémon qui connaît beaucoup de choses ! Ça règlera tous tes problèmes !

Elle lança sa PokéBall. Un Pokémon apparut. Ticho croassa de dépit :

— Un Insolourdo ? Tu te fous de nous, là. C’est de loin le Pokémon le plus stupide de l’univers avec Ramoloss… Quelle idiote.

Soudain, l’Insolourdo rampa vers Ticho avec une vivacité étonnante, et lança avec force :

— Cet individu malpoli semble être un spécimen assez rare, n’est-ce pas ?

Ticho manqua de s’évanouir sous le choc.

— Il parle ! La limace parle !
— Un peu de respect, jeune oiseau, répondit tranquillement Insolourdo. Je ne suis pas un de ces vulgaires gastéropodes…

Julie fronça les sourcils et se tourna vers Antoine :

— Dis donc, il est avec toi, cet oiseau immonde ? Une vraie tête de linotte ! Ça donne envie de le tacler, tu ne trouves pas ?

Antoine sembla dépité.

— Euh, non… C’est en quelque sorte un ami…
— En quelque sorte ! se vexa Ticho.
— Le calme est la mère de toutes les vertus, murmura Insolourdo avec ferveur.
— Stop ! s’écria Antoine. Tout ce que je veux, c’est repartir sur les routes à la recherche de mon trésor ! Insolourdo, tu as entendu parler de la recette du cookie au miel d’Apireine ?

Le vieux Pokémon commença à secouer la tête négativement ; un regard noir de Julie le fit s’arrêter. Puis il s’exclama soudain :

— Mais oui, bien sûr que je m’en souviens ! Ah ah ah, je l’ai longtemps cherché dans ma jeunesse… ah, ma folle jeunesse… l’époque où je gambadais dans les prés du sud est loin derrière moi.
— C’est vrai, vous connaissez ? s’étrangla Antoine. Dites-moi tout !

Ticho s’approcha d’eux, agitant son poireau avec colère.

— Toinou, imbécile ! Il ment, ça se voit comme le bec au milieu de la figure ! C’est cette humaine qui veut te faire croire que…

Julie tacla discrètement Ticho du pied alors qu’Antoine était pendu aux lèvres d’Insolourdo — si, si, il a des lèvres, je vous assure.

— Le sud me paraît être la meilleure option pour enquêter sur cette recette… disait Insolourdo en hésitant étrangement.
— On peut t’accompagner, si tu veux ! sourit Julie. Tu t’appelles Toinou, c’est ça ?
— Antoine, corrigea le garçon avec agacement.
— Bah, je t’appellerais Toinou. On deviendra amis très vite, hein ?

Ticho, qui peinait à se remettre sur ses pattes, lâcha un soupir contrarié.

— Comme si c’était pas assez difficile comme ça, on va devoir se colporter cette peste et la limace savante… Ah, Krénios… Comment j’ai pu me retrouver là ?


***


La nuit tomba rapidement, apportant avec elle un air frais et la lueur réconfortante de quelques étoiles. Le feu brûlait, réchauffant Antoine et Ticho. Quant à Julie et Insolourdo, ils étaient déjà en train de dormir, à même le sol, emmitouflés dans des couvertures.

— Hé bah ! lança soudain Ticho. De vrais Ronflex, ceux-là ! J’ai jamais vu personne s’endormir comme ça !
— Pourquoi tu parles de Ronflex ? s’étonna Antoine.
— Bah parce qu’ils ont le sommeil lourd comme des Ronflex.

Sa remarque fit tiquer Antoine. Le garçon, adossé à son énorme sac — d’où il avait précédemment sorti tout un tas de provisions pour leur dîner — l’observa avec un air atterré.

— T’es bête ou quoi ? Si les Ronflex ont bien une particularité, c’est qu’ils sont tous insomniaques !
— Ah ouais, j’avais oublié que ce monde de merde avait tendance à partir en c…
— Parle moins fort, tu vas les réveiller !

Cette interruption agaça le volatile.

— C’est toi qui m’engueule, tichôôô ! Baisse d’un ton aussi !
— Ils sont crevés, ça se voit, non ? Et ils vont nous mener dans le sud pour m’aider à trouver mon trésor, alors apprends à les apprécier un minimum, compris ? Fais au moins semblant.

Ticho soupira :

— Je ferai de mon mieux, tichôô. Tout ça pour un foutu brownie magique…