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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 20/03/2016 à 17:42
» Dernière mise à jour le 09/07/2016 à 17:41

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes   Sinnoh

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Chapitre 6 : Lieutenant
Le GEP : Groupe d'Extermination des Pokémon. Ces mots jaillissaient de la bouche de l'homme aux cicatrices, considéré par Sinnoh comme son sauveur. Il n'avait aucun doute quant à l'honnêteté de celui-ci, et enfin, après de longs jours de souffrances psychologiques et physiques, il se sentait en sécurité. Enfin pourrait-il retrouver une vie normale. L'homme l'entraîna vers l'ascenseur, encastré dans le mur à gauche de l'escalier grandiose.

« Autrefois, dit-il, on devrait emprunter des escaliers pour atteindre les locaux du GEP, mais maintenant on y accède par l'ascenseur. C'est beaucoup plus pratique, plus discret, et moins glauque.

Ils s'y dirigèrent, et il appuya sur le bouton d'appel. A peine l'eut-il relâché qu'une douce musique joviale se fit entendre.

- Pour que l'attente paraisse moins longue, indiqua-t-il.

Les portes s'ouvrirent sans un bruit, et ils pénétrèrent dans le petit espace au sol marbré et aux murs couverts de miroirs. Là, c'était une musique d'inspiration classique, plus posée, qui se fit entendre.

- Pour descendre aux sous-sols, donc là où se trouve le GEP, il faut un code que seuls les membres connaissent. Aussi, pour éviter que n'importe qui y arrive par erreur, le mécanisme se verrouille si d'autres boutons, pour accéder aux étages du haut, sont allumés. Enfin, si quelqu'un au premier étage demande l'ascenseur, par exemple, la priorité est faite à la descente. Concernant le code, je ne te le communiquerai que plus tard.

Lorsque les portes furent closes, il tapota rapidement sur une série de boutons, et quelques secondes plus tard, la cage d'acier trembla, commençant sa descente.

- Une centaine de mètres nous séparent de la surface, et nous avons utilisé des matériaux particulièrement isolants lors de la construction, de sorte que cette zone soit indétectable.

Sinnoh était impatient d'arriver en bas. Son cœur battait la chamade, et son excitation était grandissante. Jamais, pas même à Laim, il ne s'était senti ainsi. C'était une sensation bien étrange pour lui, que rien, usuellement, n'excitait. Sa bouche était sèche, mais ses moins moites, tremblantes. L'homme posa sa large main sur son épaule, et tandis que le jeune garçon tournait la tête, il lui adressa un sourire chaleureux. Les portes s'ouvrirent, et ils débouchèrent sur une large salle, dont la lumière blanche abondante éblouit Sinnoh. Il plissa les yeux et instinctivement, tenta de se les protéger de sa main. Il lui fallut de longues secondes pour s'habituer à l'éclairage, et lorsque ce fut fait, et malgré les tâches sombres qui troublaient encore sa vue, il put contempler à sa guise le décor devant lui. Comme il se l'imaginait, il s'agissait d'une pièce très moderne, aux murs recouverts d'écrans de verre interactifs. En tous sens, des informations y défilaient, allant du simple bulletin météo aux ordres adressés aux membres.

- Avance-toi, lui dit l'homme.

Il s'exécuta, et put se rendre davantage compte de la démesure de la construction : la pièce s'élevait sur une cinquantaine de mètres, pour se finir en un dôme. Partout, l'immense hangar était traversé par des ponts de verre, de différentes hauteurs, menant certainement à d'autres zones plus éloignées. Une foule s'y pressait, certains vêtus d'une blouse de chimiste, d'autres non, mais tous sans exception portaient un long manteau blanc à capuche descendant presque jusqu'aux genoux. Sur le côté gauche, à l'avant de l'habit, étaient brodées les trois lettres GEP. Dans le dos, sur toute la largeur était cousue une tête de mort, aux formes très géométriques, et de couleur sombre. Pour être exact, tous ne portaient pas ce manteau, toutefois, comme il s'agissait de celui réservé à la gente masculine. Les femmes, elles, avaient droit à une veste cintrée de même coloris et mêmes coutures, fermée jusqu'au cou, ainsi qu'une jupe également blanche. Tout ce blanc vrillait la rétine de Sinnoh, mais certainement cette piqûre ne signifiait pas grand chose par rapport à son admiration du lieu. Finissons la description de la salle : au centre trônait un énorme panneau de commandes projetant des hologrammes sur plusieurs mètres.

- J'aimerais te faire visiter dès maintenant, mais il me faut te faire passer un léger test avant cela. Suis-moi s'il te plaît.

L'homme traversa la pièce, saluant d'un geste rapide de la tête tous ceux qui, le voyant s'approcher, s'inclinaient respectueusement, et poursuivit jusqu'à un couloir à l'extrême opposé. Le jeune garçon n'avait de cesse de s'émerveiller devant le grandeur de l'édifice.

- De quel test s'agit-il ? demanda Sinnoh.

- Ne t'inquiète pas, tu vas voir bien assez vite. Cependant, tu ne le sauras qu'une fois que nous y serons, pas avant. »

L'enfant hocha la tête, acquiesçant timidement, pas certain de comprendre où son guide voulait en venir. Évidemment, le corridor qu'ils prirent était tout aussi illuminé que la salle qu'ils venaient de quitter, de telle sorte que pas même un centimètre cube n'était ombragé. Tout, absolument tout devait être visible. Comme il s'agissait là d'une situation à laquelle il n'avait pas été habituée, durant sa jeunesse, ça menait en lui à une sensation inexplicable de gêne, voire d'angoisse, quoiqu'elle ne fut pas justifiée. Le couloir s'arrêta, et ils débouchèrent dans une autre pièce, bien moins grande que la première. Ce récit ne le décrit pas, mais il est important de savoir que le couloir – pour ne pas le nommer – dont nous venons à l'instant de parler n'est pas suffisamment court pour que le temps de lire ce paragraphe, les deux personnages aient fini de marcher. En effet, ce dont il n'est pas question, dans ce texte, est l'abondance de tournants pris, de portes menant à d'autres interminables couloirs, etc., car il est évident que meubler une telle situation où aucune action, hormis le mouvement des jambes, n'est effectuée, n'a pas le moindre intérêt. C'est donc pour cette raison que tout le trajet n'est pas narré explicitement, mais libre à vous de vous le représenter. Ils arrivent donc dans une seconde salle, peut-être dix fois moins grande, remplie de machines et panneaux de commandes high-tech.

« Mes salutations, Sire Alexandre, fit l'une des blouses blanches présentes dans la salle. Que puis-je pour vous ?

- Descendez le numéro zéro trois cent douze, je vous prie.

L'autre se hâta vers l'une des consoles, pianota une série de touches sur un clavier impossible à comprendre, et une trappe s'ouvrit dans le plafond. De celle-ci sortit une cage, à l'intérieur de laquelle était enfermé un Queunotor. L'homme à la couette se tourna vers Sinnoh, et observa son regard. Le jeune garçon fixait intensément le Pokémon, et s'il eut des fusils dans les yeux, il eut certainement réduit la bête en poussière.

- Une arme, fit Sire Alexandre en tendant la main vers le scientifique.

Le tout de manière saccadée et gênée, celui-ci partit chercher un revolver posé sur une table un peu plus loin.

- Chargez-le, continua-t-il, devançant les action de l'autre.

Il s'exécuta, et lui tendit l'arme. Cicatrices se plaça devant Sinnoh, de telle sorte qu'il ne put observer davantage le Pokémon, et lui fit lever les yeux vers lui, avant de lui tendre l'arme, cran de sécurité enlevé.

- Je t'ai parlé d'un test, dit-il. Je vois en toi une haine profonde des Pokémon, mais pour être sûr que c'est bel et bien le cas, je veux que tu tues de tes propres mains cette bête. Approche-toi de la cage et tire. Si tu n'en es pas capable, je ne peux te garder ici.

Le jeune garçon attrapa l'objet, sentant entre ses doigts le métal froid et lourd. Il s'approcha doucement du Queunotor toujours dans sa cage, sentant le danger s'approcher. Il leva l'arme, la tenant du mieux qu'il pouvait, comme c'était la toute première fois qu'il en tenait. Ses jambes se mirent à trembler, alors qu'il se croyait confiant. La première fois qu'il avait tué une de ces créatures, il l'avait fait sans même s'en rendre compte, sous le coup de la colère. Mais là, il devait le faire de sang-froid, comme son regard croisait celui du Pokémon, lui aussi tremblant de tout son corps. Il ne devait pas hésiter, il n'y avait pas raison d'hésiter ! Qu'y a t-il de si difficile à appuyer sur la gâchette, et ainsi perforer le crâne de la créature marron ? Ce devrait être un geste anodin, tout à fait naturel et pour lequel l'on ne devrait pas avoir à se poser de questions. Sinnoh, en tout cas, ne voulait pas s'en poser. Pourtant...

- Est-ce que... Tuez-vous des Pokémon parce que vous en avez envie ? dit-il timidement.

- C'est l'envie qui guide nos actions. Les Hommes sont libres de faire ce qu'il leur plaît, qu'importe si d'autres ne sont pas en accord avec eux. En ce qui concerne le GEP, nous exterminons ces monstres car nous jugeons qu'ils ont pris une place trop importante dans la société, et qu'il est temps pour eux de redescendre au stade où ils étaient, des siècles auparavant. Nous n'avons que faire si nous allons à l'encontre des règles, car c'est notre conviction qui nous fait agir, tout simplement. Toutefois, nous avons une chance que d'autres n'ont pas : celle d'avoir un travail qui nous rend heureux.

Le jeune garçon resserra sa prise sur l'arme et transmit plus de force dans son index, collé à la gâchette. Une larme naquit au coin de son œil droit, et doucement, lentement, comme si elle avait conscience que rien ne la pressait, elle coula le long de sa joue. Sinnoh planta son regard dans celui du Pokémon, et tira. La tête de la petite bête explosa et il s'écroula, inerte. Le jeune humain baissa son bras, et laissa tomber le revolver au sol, plus rien ne le rattachant à lui.

- En ce qui me concerne, dit-il tandis que la larme se détachait de sa joue, ce n'est pas par plaisir que je veux les tuer. Ce sont eux qui ont tué ma famille, alors je suis prêt à n'importe quoi pour les venger, jusqu'à tous les éradiquer.

La fine goutte d'eau salée tomba, comme un signe, sur le canon de l'arme traînant sur les carreaux blancs.

- Je te souhaite la bienvenue au GEP, répondit simplement l'autre avec un grand sourire. Je m'appelle Alexandre Von Eltal, et je suis le directeur de notre beau centre. Tu as brillamment réussi le test d'entrée, alors il est maintenant temps de te présenter ton dortoir, le réfectoire, enfin tout ce qui compose nos locaux !

- Puis-je vous demander un service ?
L'autre fit oui de la tête.

- J'aimerais, s'il vous plaît, avoir une chambre individuelle. J'ai déjà vu des gens que j'aime mourir devant mes yeux, alors je veux rester seul le plus possible, pour ne pas créer d'attaches. Je ne suis pas ici pour me trouver des amis, mais parce que vous m'avez promis un foyer et que je viens de comprendre que travailler ici est peut-être le seul moyen de me débarrasser des Pokémon.

Son ton a changé, songea Alexandre. Il semble plus confiant. Serait-ce d'avoir tué le Queunotor qui l'a transformé à ce point ? C'est intéressant.

- Très bien, j'accepte. Tu m'as l'air d'avoir un très bon potentiel, Sinnoh. Dans ce cas, la seule chose que je te demande est de te donner à fond dans tes tâches, et d'accepter, pour celles-ci, ma présence à tes côtés.

Il sourit de plus belle, comme moult idées germaient dans son esprit comme il parlait. Il se tourna vers le scientifique, droit comme un piquet.

- Allez me chercher un uniforme, dit-il. Prenez-en un taille enfant. Oh et j'oubliais, il m'en faut un du grade Lieutenant.

- Lieutenant ?! répéta l'autre. Mais enfin, il vient tout juste d'intégrer le GEP ! Un tel enfant ne peut pas être promu Lieutenant sur un coup de tête, Sire Alexandre !

- Oserais-tu me contredire ?

La blouse blanche bégaya quelques mots, puis s'inclina et courut chercher l'uniforme demandé.

- Pourquoi me faire Lieutenant ? demanda Sinnoh. Je n'ai pas grand chose à faire de la gradation.

- Pour deux simples raisons : la première est qu'avoir un grade est une condition nécessaire à l'assignation d'une chambre individuelle. En ce qui concerne la seconde, c'est parce que je vois un grand potentiel en toi, comme je t'ai dis, et de ce fait je ne veux pas que tu te perdes dans la masse. Je ne suis pas le seul à avoir de l'autorité ici, car bien que je sois le directeur du centre, il y a quatre personnes juste en-dessous, au grade de Généraux. On pourrait dire qu'ils ont l'autorité absolue, et tout ce que j'ai de plus, c'est que je suis le seul à pouvoir les commander, et organiser des votes, étant la cinquième voix. Pour que tu le saches, sous eux il y a le grade de Capitaines, et en dessous on trouve les Lieutenants. Tu n'es donc pas très éloigné du sommet, compte tenu du nombre assez ahurissant de postes en dessous. Comme je le disais, si tu n'as pas de grade, n'importe qui peut choisir de te mettre à la corvée de ménage, et donc te rétrograder au statut de... Oui je pense que tu ne serais qu'une merde bonne à déboucher les chiottes. Pour finir, laisse-moi te parler de l'organisation : pour chaque Général, il y a deux capitaines affiliés, ayant chacun un Lieutenant, qui dirige trois Officiers. Ce qui implique que tu auras un chef direct, ainsi que des subordonnés. Je vais te présenter au premier, mais pour les trois autres ne t'inquiète pas, je vais te laisser quelques semaines d'adaptation avant.

Cette apparente complexité intrigua Sinnoh, d'autant plus qu'il se rendait compte que pour une fois, il ne serait pas n'importe qui. Peu à peu, il s'intéressait donc à ce système.

- Peut-on monter en grades ? demanda-t-il.

- Bien sur, sourit Alexandre. Quoique je ne sois pas sûr qu'en moins de dix ans, tu puisses devenir Général, il est possible que tu finisses Capitaine, un beau jour.

- N'avez-vous pas dit que j'avais du potentiel ?

- Si, mais n'en deviens pas prétentieux pour autant : les quatre généraux actuellement en fonction ont tous le même potentiel que toi, et ce n'est pas pour autant qu'ils ont pu atteindre ce poste rapidement. Tu dois donc être patient si tu veux progresser, mais ne pas penser qu'à cela.

Un bruit de pas se fit entendre dans un des couloirs reliant la salle, et le scientifique chargé d'apporter l'uniforme déboula, portant d'un paquet en carton. Arrivé devant le directeur, il s'inclina, baissa la tête, et lui tendit la boîte.

- Allons le poser sur la table, fit-il. Ce sera plus simple pour l'ouvrir.

Sinnoh le suivit, et l'observa tandis qu'à coup de cutter, il entaillait le scotch fermant le carton. Lorsqu'il eut fini, il écarta les morceaux de polystyrène à l'intérieur, pour finalement en sortir une veste blanche, similaire à celles qu'il avait aperçues plus tôt. Sur celle-ci, toutefois, la tête de mort était plus stylisée, et une bande noire verticale coupait le blanc de la capuche en deux. Alexandre la tendit au jeune garçon, qui ôta son manteau déchiré pour l'enfiler. Tout juste l'eut-il mis qu'il ressentit une impression de confort et de puissance. Il se sentait enfin revivre.

- Félicitations Sinnoh, s'exclama joyeusement l'homme, tu es officiellement un Lieutenant du GEP. »