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Stalhblume de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 04/03/2016 à 15:35
» Dernière mise à jour le 12/08/2016 à 01:53

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 8 : Anciens élèves.
Cassis
 
 Il fallait que je devinsse plus forte. Ce n'était pas juste un souhait, mais un devoir.
Wildnis était un ancien de l'école de Roi d'Argent, il suivait déjà l'entraînement de Maître avant que je ne rejoignisse moi-même l'école.

Son cas était spécial cependant. Si je me souvenais bien, c'était son père qui l'avait placé sous la tutelle de Maître, car il craignait que son fils ne fût pas assez fort pour protéger Wearl, son village. De part cela, Wildnis avait subi un entraînement intensif et particulier.

Normalement, chaque élève devait suivre les strictes enseignements des Neuf As — comme la Danse Magnétique — en plus de devoir chercher son propre Zehnte. Wildnis était différent.

Il n'avait que quatre ans pour étudier avant de rentrer chez lui, trop peu pour maîtriser un As à la perfection. Ce fut pourquoi Wildnis s'était entièrement concentré à développer son Zehnte, the World of Sand.

Son Zehnte était certainement l'un des plus destructeurs jamais créés. Rapide à mettre en place, inévitable, puissant, piégeant sa victime dans un dôme dorée, malléable à volonté. La perfection était proche, très proche. Ma Divine Jaw, au contraire était certes surpuissante, mais demandait un temps de préparation et de méditation assez conséquent.

Cependant, Wildnis n'avait aucune maîtrise des As. Si je voulais le vaincre, je devais compter là-dessus.

— Tu es tenace, me lança Wildnis. Je dois bien reconnaître cela. Mais fuir ne t’apportera pas la victoire !

Le Libegon fonça droit sur moi, le poing enflammé, et alors que je comptais bondir en arrière, trois trombes de sable déferlèrent subitement dans toutes les directions restantes, me coupant toute fuite.

Vite, je devais réfléchir vite. Si seulement mon corps était plus résistant, capable de résister aux trombes de sable, je n'aurais pas tant de difficultés à me battre... je devais rendre mon corps plus dur que le plus dur des aciers, aussi indestructible que le plus indestructible des diamants.

C'était possible.

Je me concentrai ardemment, imaginant mon corps comme un seul et simple bloc incassable, invincible. Un bloc que même un météore ne pourrait érafler. Un bloc que même le temps ne pourrait éroder.

Le Poing de Feu me heurta violemment ; je grinçai des dents. Mais je restais en place, immobile, inébranlable.

— Qu... ! s'étonna Wildnis.

Je rouvris les yeux, tout aussi surprise. Tellement que mon premier geste fut de... bêtement m'écraser dans le sable. Heureusement, Wildnis était si stupéfait qu'il ne profita pas de l'occasion.

— Le Bastion..., marmonna t-il.

Je souris malgré moi, fière de ma réussite. C'était assez providentiel, mais j'avais su dresser le Bastion, le 4ème As ! Une capacité salvatrice, transformant le corps de son utilisateur en bouclier invulnérable. Ma maîtrise n'était pas encore parfaite – j'avais malheureusement bien senti ce Poing de Feu – cependant, je pouvais sentir que me robustesse s'était démultipliée.

— Intéressant, se concentra Wildnis. Lorsque j'ai quitté l'école, tu maîtrisais à peine la Danse Magnétique.
— Je ne suis plus la même gamine qu'autrefois, lançai-je. Tu fais erreur si tu me sous-estimes !

Il y avait un peu – beaucoup – de bluffs dans mon attitude ; je me gardais bien de lui dire que c'était la première fois que j'invoquais le Bastion à un tel niveau. S'il pouvait me craindre, tant mieux, cela ne me laisserait que plus de marche de manœuvre.

Cependant, je me rendis rapidement compte que mon Bastion avait un revers de la médaille assez... fâcheux. Mon corps me semblait infiniment plus lourd, rien que le fait de ne faire qu'un pas était une épreuve. Ne parlons même pas de la Danse Magnétique, j'avais abandonné l'idée de l'utiliser tant l'énergie que je devais déployer pour décoller était énorme avec mon nouveau poids.

Quand je pensais que Maître parvenait à invoquer le Bastion tout en parvenant à voler gracieusement et légèrement...

Enfin, au moins comme cela, je pouvais résister un peu mieux aux assauts de Wildnis.

J’enclenchais discrètement mes Crocs Givre, analysant la situation. Le Bastion était salvateur, mais il me rendait lente. Bien trop lente pour espérer atteindre Wildnis. Cependant, si lui venait à moi...

Et cela ne manqua pas, usant de sa vitesse ébouriffante habituelle, Wildnis fusa vers moi d'un ardent Poing de Feu. Le fou. Peut-être espérait-il briser mon Bastion ?

Le choc fut rude, mais largement supportable. Je n'attendis pas une seconde de plus, ma mâchoire gelée mordit férocement le bras de mon adversaire, et d'une force inouïe elle projeta le Libegon au sol, juste derrière moi.

Je bondis sur son ventre de tout mon poids – énormissime à cause du Bastion – et laissa ma mâchoire se déchaîner sur lui sans qu'il ne pût rien faire. Lorsque ma mâchoire happa brutalement sa tête dans une explosion glacée, je crus le combat terminé. Idiote que j'étais. Soudain, une trombe de sable sortit du dôme dorée et me projeta brutalement en arrière. Wildnis se releva, amoché, mais encore en état de se battre.

— ...ha...hahaha, ricana t-il malgré son crâne saignant. Je m'en souviens...
— … tu perds la raison ? sifflai-je.
— Non, loin de là, me sourit-il. Je me souviens juste des sages paroles de Maître Königeld. Sur les avantages des As, et aussi... sur leur inconvénient s'ils n'étaient pas totalement maîtrisés. Comme la Danse Magnétique qui pompe beaucoup d'énergie ou le Doppelgänger qui peut se retourner contre soi, le Bastion a aussi un impact négatif. Son poids. Je me demandais aussi pourquoi tu n'utilisais plus la Danse Magnétique ; en sachant cela, tout deviens plus clair !

Je mordis mes lèvres déjà bien esquintées.

— Dans ce cas, s'exclama t-il, je pense que la victoire m'est offerte sur un plateau d'argent !

D'un brusque mouvement d'aile, le sable se mis soudainement à trembler et subitement, des éruptions telluriques explosaient violemment tout autour de moi.

— Telluriforce, grinçai-je.
— Très juste, sourit-il. Si je t'attaque à distance, je ne crains rien de toi !
— Gnn...
— Mais ne crois pas que se sera tout !

Subitement, une dizaine de trombes de sable sortie du dôme, s'abattant aléatoirement avec une force gargantuesque sur toute la faible surface de combat. Il n'y avait presque plus d'espace libre dans le dôme tant il y avait d'énorme trombes qui dansaient mortellement.

Vraiment, je ne le sentais pas.

Le Bastion rendait mon corps beaucoup plus robuste, il est vrai. Mais j'étais encore loin de le maîtriser au point qu'il me rendît invincible, si un combiné de Telluriforce et de trombes de sable me heurtait, il en serait fini de moi.

Il fallait que j'évite ces assauts. Or, je ne pouvais pas le faire avec le Bastion. Cependant, sans le Bastion, le moindre coup me serait fatal. … et alors ? Il suffirait simplement de ne pas me faire toucher.

Sans attendre plus longtemps, je désactivais le Bastion et m'élançait dans les airs via ma Danse Magnétique. Ce combat n'avait que trop duré, il fallait que je le terminasse. Je ne pourrais de toute façon pas tenir bien longtemps.

Je fermai les yeux, tentant de sentir les variations du monde extérieur. Je concentrais mon Zehnte, accumulant petit à petit toutes les énergies élémentaires que je pouvais dans ma mâchoire.

Je n'avais qu'un seul objectif, atteindre Wildnis.

Toujours la vision obstruée, je ressentis une trombe de sable fuser vers moi, je m'élevai vivement. Une autre venant de ma droite, je me décalai légèrement. j'entendis le sable sous moi bouillonner curieusement, j'esquivais la Telluriforce avant qu'elle n'explosât.

J'agissais par pur instinct, m'abandonnant à mes sens. Aiguisant ma Danse Magnétique au maximum, je dansais gracieusement entre les dizaines d'énormes trombes meurtrières et les fourbes Telluriforces fatales.

Je me sentais comme un courant d'air se faufilant espièglement à travers des milliers d'ennemis tentant vainement de me rattraper.

Mes sens n'étaient malheureusement pas parfait. Plusieurs fois, une trombe de sable perforante passait un peu trop près de moi et même, m'arrachait un autre croc de ma mâchoire.

La douleur m'écrasait le cœur à chaque fois. Cependant, j'usais de cette douleur, je renversai cette puissance qui devait me terrasser ; je me l'appropriais pour me galvaniser.

Je ressentais que je me rapprochais de Wildnis. De plus en plus. Je sentais aussi une ardeur terrifiante venant de ses deux bras. Sans doute des Poings de Feu. Mais était-ce une raison de reculer ? Pouvais-je reculer de toute façon ? La question ne se posait même pas.

Je rouvris les yeux, guerrière, criant à la victoire. Mon Zehnte, ma Divine Jaw, était enfin complète. Wildnis s'élança vers moi, les poings meurtriers.

Mon énorme mâchoire débordante d'énergie élémentaires happa impitoyablement le Libegon, de sa tête jusqu'à son torse. Au même moment, ses deux poings ardents s'incrustèrent dans mon frêle ventre. Je pouvais sentir le feu destructeur ronger mon corps.

Mon Zenhte explosa brutalement toute son énergie sur sa proie. Ses Poings de Feu déformaient mon corps d'acier.

Nous restâmes presque une minute dans cette position, hurlant à la mort.

Ma mâchoire reprit sa forme normale, les poings de mon adversaire se refroidirent.

Mais quand bien même, nous restâmes figés, comme si nous étions les principaux protagonistes d'une toile épique.

Et puis, rompant brusquement avec cet atmosphère enragée, nous tombâmes.


***

 Lorsque j'ouvris enfin les yeux, je mis du temps à me souvenir ce que je faisais là, dans ce sable chaud, seule, face contre ciel. Ma mâchoire me faisait horriblement mal, pour ne pas dire qu'elle me paralysait de douleur.

Ah oui, je le sentais, elle avait perdu des crocs. Rien de bien grave ; heureusement, ce genre de choses repoussaient avec le temps. J'avais connu bien pire.

— Alors petite, on fait la grasse matinée ?
— … !!

Cette voix sarcastique eut coup l'effet d'un coup de tonnerre. Soudainement, je me souvenais de tout. Le village des évolitions, l'invasion du désert, et surtout...

— Wildnis ! m'écriai-je.
— ...haha, du calme, ricana t-il. Je ne vais pas te faire de mal, déjà que je suis incapable de bouger mes ailes...

Ah oui. Je pouvais sentir le Libegon, écroulé sur le sable derrière ma mâchoire. On devait être à peu près dans le même état lui et moi, ce qui n'était pas étonnant vu comment s'était conclu notre combat.

— … pourquoi ? grinçai-je finalement. Pourquoi s'attaquer à ce village ?

Wildnis ne répondit pas toute de suite. L'atmosphère s'assombrit.

— Je te l'ai déjà dis, Cassis, tu ne peux pas comprendre.
— … tu me traites encore comme une gamine ? soupirai-je. Deviens-tu si sénile avec l'âge pour que je sois obligée de te répéter encore et encore que j'ai grandi depuis notre dernière rencontre ?
— … je vois, sourit-il. Je suis bien forcé de l'admettre, la petite Cassis toujours fourré dans les pattes de Maître Königeld aurait été incapable de me mettre au tapis.

Je soupirai une nouvelle fois. Pourquoi fallait t-il que les Pokémon plus âgés appelaient toujours les plus jeunes par « petit » ou « petite » ? Si jamais je devenais réellement Kaiser, il allait vraiment falloir que je fasse quelque chose là-dessus.

— Je suis le Maire de Wearl, déclara Wildnis avec gravité. En temps que tel, je dois protéger tous les Pokémon ayant choisit de vivre sous mon joug. C'est l'ordre naturel des choses, ils m'obéissent, je les protège.
— Et alors ? m'impatientai-je.
— Et alors, répéta t-il, c'est exactement ce que je fais actuellement.

J'entendis Wildnis déglutir difficilement et s'éclaircir bruyamment la gorge.

— Tout s'est passé si vite, continua t-il avec amertume. C'était un jour qui s’annonçait comme un autre, tout était calme, Wearl resplendissait comme à l’accoutumé, ma femme me souriait à mes côtés et notre fils brûlait d'envie de s'entraîner et de devenir aussi fort que moi, comme toujours.
Et puis, brusquement, « Il » est arrivé. Je ne sais même pas son nom, ni même son espèce. Je ne sais même pas s'il est de ce monde à vrai dire. On aurait dire une sorte de tempête vivante composée de ténèbres furieuses et éclatante de lumière pure à la fois. C'était vraiment... étrange.

Je fronçai les sourcils, tentant d’assimiler toute la bizarrerie de ce récit.

— Cette chose, reprit Wildnis, déclara que Wearl, mon village et héritage, comme étant sien. Évidement, je le combattis de toutes mes forces, cependant je fus défait avant même de pouvoir faire le moindre geste. Je suis moi-même encore incapable de te décrire avec précision mon pitoyable combat. Je me souviens juste que je le faisais face, à lui et à ses effroyables yeux ivoire aux pupilles noires. Et puis, une immense douleur, effroyable, cauchemardesque. Je m’étais évanoui sur le coup.

Je peinais à le croire. Wildnis, vaincu en un seul coup ? C'était tout bonnement impossible. Il avait été entraîné par Maître, possédait l'un des Zehnte les plus puissants ! Il devait forcément y avoir une erreur.

— A mon réveil, persévéra Wildnis en serrant les dents, tout ce que j'avais connu avait disparu. « Il » avait prit ma place à la maire, et « Il » avait fait enfermé les villageois dans des prisons. « Il » n'était pas seul aussi, de nombreuses autres formes étranges lui ressemblant, - plus petites cependant - pullulaient et avaient envahis Wearl. « Il » les appelait les « Tsjins ». Bref, j'étais complètement démuni, incapable de reprendre ma place de Maire et de chasser cet étranger. Tout le village était complètement à sa merci.

Wildnis souffla un grand coup, comme pour se débarrasser d'un lourd fardeau.

— « Il » m'a alors posé un ultimatum. Soit je levais une armée et je détruisais entièrement les autres villages du désert, soit il anéantirait Wearl. Je n'avais pas le choix, il tenait et tient toujours ma femme et mon fils. Et pas que, il a gardé tous les enfants et vieux Pokémon du village. Nous sommes tous pattes et poings liés !
— Donc, sifflai-je, vous aviez décidé d'étendre votre malheur à d'autres innocents plutôt que de vous rebeller.

Wildnis soupira.

— Je t'avais dis que tu ne ne pouvais comprendre.
— … effectivement, j'ai dû mal à comprendre comment l'on peut massacrer des peuples juste sur la pression d'un autre.
— Tu ne l'as pas vu, Cassis. On aurait dit un démon venu des tréfonds de l'enfer, une créature infâme d'une puissance phénoménale. J'ai une famille, petite Cassis, s'il faut me damner pour les protéger, je le ferais volontiers.
— C'est stupide, décrétai-je. En détruisant d'autres villages, tu brises de dizaines d'autres familles. Pourquoi ces familles doivent-elles se sacrifier pour la tienne ?
— Les émotions n'ont pas besoin de raisons, répliqua Wildnis. Tu le saurais si tu avais une famille.

Et bim. Ça c'était envoyé, droit dans le cœur.

— … merci de me rappeler ma condition familiale, grognai-je.
— Je ne voulais pas le formuler de cette façon, s'excusa t-il faussement. Mais tu vois, tu n'es pas en position de me comprendre.
— Peut-être. Mais dans ta folie, tu te prends à mon nouveau peuple. Et cela, je ne peux l'accepter.
— Oui, j'en ai conscience. Cependant, pour moi, mon peuple est bien plus important que les autres. C'est égoïste mais c'est une réalité. Les peuples que je massacre ne sont que des Pokémon. Alors que mon peuple, ce sont bien plus que ça. Ce sont des Pokémon que j'ai côtoyé, dont j'ai connu les déboires, que j'ai vu grandir, que j'ai su apprécier au fil des années.
— Les autres sont les autres, résumai-je amèrement.
— Exactement, acquiesça Wildnis.

Même je n'étais pas d'accord, je parvenais à saisir ses propos. Il était difficile de considérer pleinement un étranger dont on ne connaissait rien. Au final, tous les étrangers que nous croisons chaque jour n'étaient presque que des parties du paysage, et rien d'autre. Ils étaient différents de nos proches, ceux que nous côtoyons régulièrement.

— Si cette mystérieuse créature disparaissait, m'avançai-je, tu arrêterai ton massacre ?
— Évidement, souffla t-il.
— … dans ce cas, notre problème est résolu. Stoppe ton armée tout-de-suite. Aussi fort que peut-être cette créature, elle ne pourra nous vaincre tous les deux si nous agissons en concert.
— Folie, ricana t-il. Même à dix nous serions vulnérable face à sa toute puissance.
— Tu abandonnes avant même d'avoir essayé ? sifflai-je. N'as tu donc rien retenu des leçons de Maître ?
— C'est facile de me critiquer, me reprocha Wildnis. Mais il détient mon peuple ! Ma femme ! Mon fils !
— … parce que tu crois qu'il va te les rendre bien gentiment une fois ta sinistre œuvre achevée ?

Je sentis que Wildnis voulait répliquer, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Voilà son point faible, le doute. Il obéissait à cette créature pour sauver son peuple. Mais ensuite ? Pouvait-il réellement rêver de retrouver sa vie paisible ? Sachant que je tenais là le bon bout, je décidai de poursuivre.

— Pense à l'image que tu donnes, Wildnis. Pense à ton fils, qui voit son père dont il est si fier se plier devant l'adversité. Pense à ton peuple, qui voit leur souverain s'écraser devant un inconnu. Acceptes-tu réellement la situation ? As-tu passé toutes ses années à l'école du Roi d'Argent afin de subit un tel destin ? Ne ressens-tu pas la colère monter en toi ? La rage de la révolte ?
— ….
— C'est très noble de ta part de sacrifier ta dignité pour sauver les tiens, poursuivis-je. Mais tu places là ton destin aux mains de ton ennemi, au lieu de le placer entre les tiennes. Tu dois être le seul à décider de ton futur, Wildnis. Si tu veux quelque chose, il faut que tu te battes pour cela, que tu l'arrache des mains de la fatalité. Si tu veux sauver ton village, sauve-le. Par toi même. Ne te repose pas sur la parole d'un autre. Va s-y et combat.
— ….ha....hahaha....hahaha !

Le rire soudain de Wildnis me désarçonna. Qu'est-ce qu'il lui arrivait encore ?

— Cette voix, ces paroles, ce ton..., continua t-il de pouffer. Oui, je comprends pourquoi tu étais la petite élève préférée de Maître Königeld ! La volonté de se battre contre la fatalité, dépasser ces limites... c'est là le credo de l'école du Roi d'Argent. Depuis combien de temps ne l'avais-je entendu ? Bien trop longtemps, je le crains. Hahaha !
— …. si tu te moques de moi...
— Non loin de là, me coupa Wildnis. Tu... tu m'as rappelé des choses que j'avais oubliées. Oui, se battre, toujours se battre, dépasser ses limites, toujours se relever, vaincre la fatalité.
— Enfin tu reviens à la raison, souris-je.
— J'ai laissé la peur dicter mes pas, expira t-il. J'ai voulu sauver mon peuple mais... au final je n'ai fais que le nuire.

Wildnis resta un moment silencieux, avant de soudainement reprendre :

— 85.
— … 85 ? m'étonnai-je.
— Oui, 85. C'est le nombre de Pokémon de mon armée qui se sont suicidés. Ils ne pouvaient plus supporter les massacres que je leur ordonnais de commettre. Détruire des petits villages, les uns après les autres. Tuer des familles, des enfants. Mon armée n'en est pas une, tu sais ? Ce sont juste les Pokémon valides qu' « Il » m'a laissé prendre avec moi. Pour la plupart, ils menaient une vie simple et heureuse. Et voilà que du jour au lendemain, je leur demandais d'anéantir des peuples. Psychologiquement, l'impact était titanesque. Certains ont réussit à le supporter, en devenant aussi froid que des machines, se fermant aux émotions. Et d'autres....

Wildnis se tut une nouvelle fois. J'entendis de légers sanglots. Je sentais le sable devenir de plus en plus humide.

Je ne pouvais m'interroger sur cette mystérieuse créature, capable de renverser Wildnis sans sourciller, et surtout, capable de prendre tout un village en otage et de les ordonner de commettre des horreurs.

Quelqu'un ou quelque chose comme cette créature était une menace, non pas seulement pour ce désert, mais également pour tout le continent, et surtout pour mon projet de conquête. Et de part ce fait, elle devait être éliminée. Purement et simplement.