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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 26/02/2016 à 10:56
» Dernière mise à jour le 15/03/2016 à 05:36

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 4 : Le village des évolitions.

Cassis
 
 Nous arrivâmes enfin aux villages des évolitions, dans le début de la soirée. J'étais assez satisfaite de notre vitesse ; j'avais bien cru à un moment que notre petit détour pour visiter le fief de l'Onix nous aurait valu de passer une nuit de plus dans le sable.

Cependant, quelque chose me perturbait quelque peu.

— Artichtote, tu nous avais bien dit qu'il y avait trois villages, n'est-ce pas ?
— Oui, c'est bien cela !
— … je dois peut-être avoir besoin de lunettes moi aussi, puisque je n'en vois qu'un seul.

Peut-être que mes yeux me jouaient des tours, mais effectivement, je ne voyais qu'un gros village circulaire devant moi. Je tentai de regarder plus au loin, mais non, il n'y avait rien d'autre que du sable.

— Ah oui ! s'exclama Artichtote. Vous vous souvenez de l'histoire de Lugeni, le village d'origine ? Et bien pour le séparer, les trois frères et sœurs ont simplement tracé des lignes au sol ! Vous voyez la grosse ligne rouge qui dépasse du village ? C'est la ligne qui délimite Lunge ! Et la ligne bleu à côté délimite Niere. On ne la voit pas d'ici, mais il y a aussi une ligne jaune pour Gehirn plus loin.
— … c'est complètement stupide, grinça Brazoro.

J'acquiesçai mentalement. Normalement en cas de problème de succession, les héritiers érigeaient des épais murs pour bien délimiter leur territoire en plus de les garder farouchement. Mais là, juste des lignes tracées au sol ? C'était comme si il n'y avait rien. J'avais bien envie de m'infiltrer dans ces – ou ce – villages pour en savoir plus.

— Entrons, ne nous privons pas, déclarai-je.

Chacun aligné derrière moi, nous avançâmes lentement, sur nos gardes. Les quelques villageois vaquant encore dans les rues nous regardèrent curieusement, quoi qu'avec une pointe de désintéressement.

Ce village ressemblait beaucoup à Herz, je reconnu l'architecture très archaïque et les huttes des pierres presque identiques. Affienns m'avait expliqué que c'était tout fait normal, car tous les villages du désert usaient des rochers de la grande chaîne de montagne enclavant le continent pour construire leur hutte. Et de plus, ce modèle de hutte était justement le plus simple à ériger pour ceux n'ayant aucune expérience manuelle.

— … !!

Je bondis vivement sur le côté, esquivant un jet d'eau sous haute pression. Une attaque surprise ? … non ce n'était pas ça, j'avais plus l'impression que c'était un tir perdu. Ce qui signifiait qu'un combat avait déjà lieu non loin. Je fis signe au reste du groupe qui comprirent rapidement la situation.

— Tu as posé une patte dans MON village, tu crois que je ne t'ai pas vu ?! vociféra une fois aiguë.
— Tu serais pas un peu mou du ciboulot ? grogna une autre. Pourquoi j'irais dans le village d'un demeuré ?
— Vas-y prends-moi pour un crétin !
— Quoi ? Tu vas me reprocher de te prendre pour ce que tu es maintenant ?

Nous nous étions tous rapprochés de la dispute, interloqués. Un Aquali visiblement très remonté menaçait un Pyroli qui prenait à malin plaisir à le provoquer.

— Retire ça tout de suite ! hurla le Aquali.
— Et pourquoi je le ferais ?
— … grrr...

Les deux évolitions se toisèrent fixement, avant de se battre à coup de Lance-Flamme et Hydrocanon. Chose amusante, chacun était rangé derrière sa ligne, la bleu pour le Aquali et la rouge pour le Pyroli et ils semblaient se retenir de la traverser.

— Je pense que j'ai déjà la réponse, soufflai-je. Mais, ce sont les Maires, n'est-ce pas ?
— Malheureusement oui, soupira Artichtote. Pluie le Aquali et Braise le Pyroli.

Je commençai à comprendre pourquoi les Maires des petits villages reculés étaient si peu estimés. Lorsque je comparais la grandeur et le charisme d'autres Maires, comme Höllenwings ou Deathorn, à ses deux gamins, j'avais presque un haut-le-cœur. Il était temps de clore cette mascarade.

Je bondis vivement, et d'un salto avant, j’atterris entre les deux évolitions, faisant cesser ce pseudo-combat.

— Qu...
— Je me nomme Cassis, tonnai-je, Maire de Herz, aussi connu sous le surnom de Stalhblume ! Par la Loi d'Or, j'exige un combat contre le Maire de ce village, avec ce dernier comme enjeu !
— …

Je fis claquer ma mâchoire en intimidation. Chacun recula d'un pas. Je restais sans bouger, menaçante, en attendant une réaction. Réaction qui ne fut pas celle que j'eusse attendu.

— Bouuh ! me tira le Aquali de la langue. C'est qui cette folle encore ? Qu'est-ce qu'elle vient faire là ?! Elle est même pas belle en plus !
— Rentre chez toi ! me cria le Pyroli. C'est une histoire de famille, te mêles pas de ça !

… ? Aurais-je oublié quelque chose dans mon introduction ? J'aurai pourtant juré avoir été claire. Peut-être qu'une petite démonstration de force sera plus expressive.

Alors que le Aquali se moquait toujours de moi, ma mâchoire armée de Crocs Éclairs claqua très près de lui. Vu son air ahuri, j'avais eu mon petit effet.

— Mais t'es encore plus folle que folle ?! protesta t-il.
— Je ne viens guère par courtoisie, sifflai-je. Je suis ici pour conquérir votre ville, au nom de la Loi d'Or !
— J'm'en fiche ! T'es pas belle, alors j'me casses, salut !

Et le Aquali s'enfuit à toute jambe, non sans m'avoir gratifier d'une langue tirée au passage. J'étais si abasourdie que j'en oubliât de le rattraper. Bon le Aquali – Pluie si je m'en souvenais bien – était parti, mais au moins il restait le Pyroli. J'espérai qu'il se montre plus coopératif.

— Si tu veux mon village, me prévint-il très sérieusement. Il faudra me passer sur le corps !

Je souris.


***

Ah ! Ça faisait plaisir de pouvoir enfin se prélasser sous un toit après cette longue marche dans le désert ! Cette petite mairie était tout à fait charmante, aussi. Bon en fait, elle ressemblait juste à une hutte en pierre un peu plus grande des autres. Mais cela lui donnait un charme rustique très appréciable.

— Des protestations du côté des villageois ? demandai-je à Artichtote qui venait d'entrer en compagnie de Roberto-Michel.
— Euh... comment dire, je dirais que non ? pencha-t-elle de la tête.
— … tu me réponds pas une question ? m'étonnai-je.
— … comme toi, là, non ?
— … oui ? m’embrouillai-je
— Personne ne peut répondre par une phrase affirmative, s'il vous plaît ? grinça Brazoro à mes cotés.

J’acquiesçai. Il commençait à avoir un peu trop de questions en suspend, même si Brazoro venait d'en formuler une lui-même...

Je me tournai vers Roberto-Michel, il me semblait qu'il était plus prompt à m'éclaircir la situation sans prendre de détour.

— Développe, lui demandai-je.
— … je dois dire que je suis tout aussi surpris, hésita t-il. Lorsqu'on a annoncé au village que Pyroli avait été vaincu, les réactions les plus expressives que nous avions récoltées étaient des « Ah, cool. ».

Voilà qui était étonnant. Normalement, après la défaite d'un Maire, l’inquiétude rongeait les habitants de sa ville. Il n'était pas rare pour le nouveau Maire de devoir mater une révolution naissance, et là... et bien je ne pouvais qu'imiter la réaction des villageois :

— Ah, cool.

Cela me rendait encore plus curieuse sur ce village d'ailleurs. Je jetai un coup d’œil au Pyroli, en boule, tremblotant terriblement, dans le coin de la hutte. J'espérai qu'il répondît à quelques unes de mes questions, mais vu son état...

— Ce n'était pas la peine d'y aller aussi fort, me reprocha Affienns qui regardait lui aussi l'ancien Maire.
— Je n'ai rien fait de spécial ! me défendis-je.

C'était vrai ! Tout ce que j'ai fait, c'était de le frapper avec un simple Mitra-Poing. Je n'aurais jamais pu prévoir qu'il était si impressionnable qu'il fût resté immobile pendant qu'il recevait le coup fatal !

— … il avait largement le temps de l'esquiver..., ruminai-je.
— Peut-être, soupira Patch, mais je crois qu'on va devoir ouvrir un cellule psychologique pour lui, le pauvre...
— Raah, j'ai compris ! m'irritai-je. Patch, occupes-toi de lui, je vais aller faire un tour !


____________________

Belcol-Exion
 
Je croquai avec appétit la part de tarte qu'une vieille Grodoudou m'avait gentiment donné. Hé bien, ils étaient bien sympathique les vieux ici ! Quand on était avec Carchacrok, nous avions déjà envahi plusieurs villages – sans pour autant nous y être installé, Carchacrok craignait que la Guilde s'en mêle –, et aucun autochtone ne nous avait donné gratuitement à manger avec le sourire, pour sûr !

— Belcol-Exion ! grinça ma sœur qui avait elle aussi sa part. Mange plus proprement, tu nuis à mon image !
— Mais non, mais non, mais non, sourit la Grodoudou, il faut que jeunesse se fasse, laissez-le apprécier les plaisir de la vie de tout son gré !

Ah, bien envoyé ! Je m'amusai à tirer la langue à ma sœur. J'adorais la voir rougir de colère et se retenir de répliquer ! Une fois ma pâtisserie engloutie, je me tournai vers ma bienfaitrice. C'était effectivement sympa de nous donner des gâteaux mais...

— Dites, vous savez qu'on est venu envahir votre village, hein ? avançai-je de la crème plein la gueule. Notre chef a déjà vaincu votre Maire et occupe déjà la mairie !
— Bah, bah, bah, balaya la Grodoudou. On a plus de Maire depuis que notre cher Aren est mort, emportant sa femme avec lui. Leurs petiots passent leur temps à se battre, on a apprit à vivre sans eux... si un autre Maire étranger peut s'occuper de la situation, bah pourquoi pas...
— Euh... oui, plissa Géraldine des yeux. Mais vous savez, on peut aussi être des dictateurs et semer la tyrannie sur le village !
— C'est ce que vous êtes ? demanda innocemment la Grodoudou.
— Euh... non ? souffla ma sœur.
— Dans ce cas, c'est parfait !

Je restai un peu stupéfait par ce raisonnement. C'était si... naïf que cela me faisait sourire. Je doutai qu'elle eût tenu le même discours si Carchacrok avait planté son drapeau ici, à la place de Stalhblume !

Ma théorie était que ce village était si éloigné du reste du centre qu'ils n'avaient jamais été concerné par les luttes de pouvoirs extérieurs et donc ne prenaient pas très bien conscience de ce qu'il se passait. Qui voudrait d'un petit village en plein désert sans ressources particulières ? Mis part un Pokémon ayant perdu la tête comme Carchacrok, ou un autre voulant conquérir tout le conquérir le continent comme Stalhblume, bien entendu.

De plus, comme Stalhblume ne leur avait strictement rien imposé – pour l'instant du moins – leur vie était strictement identique à celle d'avant.

— Enfin, enfin, enfin, soupira doucement la Grodoudou, bien sage devra être votre chef si elle compte rester ici...


____________________

Cassis
 
 C'était assez perturbant. Les villageois me souriait sur mon passage, et je faisais de mon mieux pour leur rendre une expression sincère. Je ne pouvais m'empêcher de me méfier, de chercher le Lamproie sous roche, mais je me faisais sans doute des illusions.

Illusions qui disparurent instantanément lorsque je vis les deux Carmache manger tranquillement une tarte avec une Grodoudou.

Je n'étais cependant pas mécontente que ma première conquête se passât dans des conditions si idylliques ; même si elle n'était pas tout fait terminée. J'avais vaincu le Maire de Lunge, mais il restait encore Niere et Gehirn pour reconstituer Lugeni, le village en entier.

D'ailleurs en parlant de cela, j'arrivai devant la fameuse ligne bleu, celle isolant le domaine de Pluie, ce Aquali peu respectable s'étant payé ma mâchoire un peu plus tôt ; la nuit commençait sérieusement tomber.
Cependant, je n'étais pas fatiguée, l'école du Roi d'Argent nous entraînait à rester éveillé pendant plusieurs jours, sans nous ménager. Dans un champ de bataille, l'ennemi n'attendrait pas patiemment que nous nous reposassions !

Je franchis la ligne.

— … excusez-moi, demandai-je à un vieux Sablaireau qui passait par là. Où se trouve la mairie ?
— Oh, vous êtes l'étrangère qui battu Braise, hein ? me répondit-il d'un air détaché. Et vous voulez vous frotter à Pluie maintenant ? Bah, ça ne chaume pas à ce que je vois !
— … euh oui, c'est cela...
— Haha, cette fougue ! s'amusa mon interlocuteur. Si mes griffes n'étaient pas émoussés j'en aurais fait autant ! La mairie est un peu plus loin, c'est le grand bâtiment derrière les trois grand palmiers, pouvez pas le louper !
— … merci.
— Mais de rien ma petite dame, et rossez-le bien le petit ! Hahaha !

C'était un échange pour le moins... particulier. Un villageois venait clairement de m'aider à destituer son Maire, et avec le sourire, sur le ton de la plaisanterie ! C'était la première fois que je voyais ça, assurément.

Autre chose que me laissa dubitative, le Sablaireau franchi la ligne bleu comme si de rien n'était et pénétra dans une hutte le plus simplement du monde. Je ne comprenais pas. C'était trois villages ou un seul ? Ces lignes pouvaient être franchi librement ou non ? Dans ce cas, pourquoi le Aquali et le Pyroli s'entêtaient à rester de leur côté un peu plus tôt ? J'espérai vraiment pouvoir comprendre ce qu'il se passait ici, avant que ma tête n'explosât devant toutes ces incohérences.

J'arrivai rapidement devant les trois fameux palmier , juste à côté de l'oasis. Comme l'avait formulé le Sablaireau, je ne pouvais pas les manquer. En revanche, chose à laquelle je ne m'attendais pas, Aquali était dehors, se tenant en face de l'oasis, furibond.

— Gnnn..., grognait t-il. Le niveau de mon oasis à baissé de 0,01 millimètre ! Je suis sûr que c'est cette abrutie de Orage qui s'en sert encore... quand est-ce qu'elle comprendra que c'est MON eau ?! Grrbll...

Je me plaçai derrière lui, lui coupant toute fuite avant de m'annoncer :

— Maire de Niere, tu ne t'échapperas pas cette fois-ci. Je te mets au défi ! Si tu veux défendre ton territoire, bats-toi !
— Quoi ?! se retourna t-il. T'es encore là la mocheté ? T'es trop pas belle, sors de ma vue !
— … il suffit.

Une veine enragée devait certainement déformer mon front. Je m'approchai lentement de lui.

— Parce que tu comptes me frapper hein, c'est ça ? ricana presque le Aquali. Bah c'est ce qu'on va voir !

Je me mis sur mes gardes, suspectant un coup surprise. Mais ma surprise fut plutôt de constater que mon adversaire restait immobile. Mon œil aiguisé remarquait cependant un changement : son corps aqueux devenait de plus en plus opaque et solide.

— … une Acidarmure, devinai-je.
— Hahaha ! s'amusa le Aquali. Dommage pour toi mocheté ! Je suis invincible comme ça ! Tu peux me frapper, je sentirai rien ! Haha, sans rancune ma vieille !

Il était mignon.


***

Et voilà, deux des trois villages étaient légitimement en ma possession. Bien que je trouvais que rien n'avait strictement changé, en fait. C'était sans doute la conquête la plus atypique de l'histoire Pokémonesque.

Pendant que je m'installai dans la Mairie, – bien plus grande que celle du Pyroli –, Pluie me suivait docilement, faiblement, tremblotant. Il faisait bien moins le malin depuis qu'il avait prit mes Crocs Éclairs en plein ventre, et je devais dire que je le préférais comme cela.

Je lui avait bien sûr fait mon petit speech habituel, que je ne comptais pas établir une dictature, que je ne voulais qu'unir Iræ dans un idéal de paix. Mais j'avais comme l'impression qu'il ne m'écoutait pas, boudant tel l'enfant capricieux qu'il était.

— … au fait, lui demandai-je. Que signifient les lignes colorées au sol ?
— Bah c'est pour délimiter mon territoire, idiote ! grinça t-il du tac au tac. C'est pas évident ?!

Aah, dès fois, je regrettai de ne pas être comme Carchacrok. Lui, si quelqu'un lui parlait de travers il lui donnait un large coup de griffe et on en parlait plus.

— Je l'avais bien deviné, tentai-je de rester calme. Mais pourquoi les villageois les traversent comme si de rien n'était alors ?
— Qu'est-ce que j'en sais moi ? Je ne suis pas dans leur tête ! Tu me prends pour qui, la mocheté ?

Correction, il continuait encore à faire le malin. Peut-être qu'un deuxième Croc Éclair...

— Mais... tu n'étais pas le Maire de ce village ? sifflai-je. Tu ne t'occupes pas de ton peuple ?
— Pfff, tu poses trop de questions, t'es chiante ! Je vais dormir pour la peine, dodo !

Avant même que je ne pusse répondre quoi que ce soit, Pluie sauta dans un tas de feuilles vertes et se mit à ronfler. Ce grossier personnage commençait très sérieusement à m'agacer.

— Je vois qu'il n'a pas changé...

Une voix soupira soudainement derrière-moi. Une Voltali s'approcha de Pluie et le toisa d'un air supérieur.

— Et dire que ce type est mon frère...
— Vous êtes... la Maire de Gehirn, n'est-ce pas ? m'étonnai-je.
— Oui, effectivement, s'inclina t-elle vers moi, excusez mes mauvaises manières. Je me nomme Orage, Maire de Gehirn et malheureusement, je suis également la sœur de ses deux idiots que sont Pluie et Braise.

Aaah ! Enfin quelqu'un dans cette famille qui parlait correctement ! Je commençai à désespérer.

— Je ne vais pas passer par quatre chemin, continua Orage. Je suis venue me soumettre. Si vous avez vaincu Braise et Pluie à la suite, je doute pouvoir tenir une seule seconde contre vous.
— Merci ? C'est étonnamment pragmatique de votre part.
— Oh, ce n'est rien. Je vous observais depuis le début, et je crois reconnaître un bon Pokémon d'un mauvais. Si je ne vous faisais pas confiance, je me serais confiné à Gehirn à défendre farouchement mon village.
— … je vois.

Donc, cela signifiait-il que les trois villages m'appartenaient ? Tout s'était passé si rapidement que je ne m'en rendais pas encore compte. Rien à voir avec la conquête de Herz, qui s'était conclu par un combat épique contre Carchacrok.

— Orage, demandai-je. Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Pourquoi le village est divisé en trois ? Pourquoi les villageois ignorent cette division ? Pourquoi Pluie semble se désintéresser totalement de son peuple ?

Devant toutes mes questions, Orage rit légèrement.

— Haha... c'est vrai que ça doit être étrange pour... un étranger. Mais c'est pourtant simple, permettez moi de vous expliquer. Depuis la disparition fulgurante de Père, rien ne va plus. Nous avions été laissé seul, et sans Père, Mère s'était laissée mourir de tristesse. Un véritable coup dur.

La Voltali secoua la tête, je figurai qu'elle voulait chasser ses sombres souvenirs.

— La question du village s'était immédiatement posée. Qui sera le nouveau Maire ? Pluie se proclamait Maire par défaut, car il disait qu'il était le préféré de Père. Chose que Braise et moi n'acceptions pas. Nous nous sommes donc battus, comme le voulait la Loi d'Or, la loi du plus fort. Mais aucun de nous n'arriva à vaincre l'autre. Nous avions donc décidé de diviser Lugeni en trois.

Orage soupira.

— Enfin, Pluie s'est fait plaisir en monopolisant presque l'oasis, avançant le fait que comme il était un Pokémon Eau, il en avait plus besoin de nous. Ce fut ainsi que Niere, Gehirn et Lunge furent apparus. Cependant, l'histoire ne s’arrête pas là. Bien que nous avions tous notre territoire, les tensions ne disparaissaient pas. De jour en jour, Pluie et Braise profitaient du moindre prétexte pour se livrer à d'absurdes enfantillages, délaissant leur devoir de Maire.

Elle me regarda, un amer sourire aux lèvres.

— Tu as dû remarquer comment les villageois parlent d'eux, n'est-ce pas ? Ces enfantillages étant constant, les villageois ont fini par les ignorer à leur tour, vivant comme s'il n'avait pas de chef. Heureusement, le village est petit et chacun est responsable, donc tout va bien. Du moins, en apparence. Beaucoup regrettaient Aren, notre Père, et commençaient à en avoir marre de la situation. Résultat, les jeunes ont quitté le village, et ont rejoint le centre du continent. Seuls les plus vieux restent, attachés à la terre de leur naissance. Mais si la tendance continue, je crains que ce ne soit la fin de Lugeni.

La mort d'un village causée par... de simples enfantillages ? C'était tout simplement inacceptable. Je comprenais pourquoi les autochtones semblaient si désintéressés par mon arrivée à présent : le village était déjà condamné ; qu'un dictateur ou autre s'appropriait les terres ne changerait rien.

— C'est assez étrange de le dire, s'inclina Orage, mais... désolée. Vous êtes certainement venue de loin pour ce village, et vous ne récoltez qu'une ruine inutile.
— … ce n'est pas dis, réfléchissais-je. Le problème vient principalement des caprices entre Pluie et Braise, n'est-ce pas ? S'ils parviennent à s'entendre...
— Fol espoir, me coupa Orage. J'ai déjà essayé à moult reprises et rien n'y fait. Ces deux là ne peuvent pas se sentir.
— C'est ce que l'on va voir, souris-je. Je te promets que d'ici quelques jours, ses deux ne pourront plus se passer l'un de l'autre !

Qu'importe la difficulté, je me devais de faire renaître ce village. C'était ma première conquête depuis que j'étais devenue Maire de Herz, et je n'allais pas la laisser filer par la faute de deux gosses immatures ! Ils allaient voir ce qu'il allait voir, il s'en souviendront longtemps du nom de Stalhblume !