Chapitre 16: Un héritage fabuleux.
Cela faisait une semaine que le groupe Amandine, Adrien, Nick étaient partis de Nenucrique. Ce bon vieux Nick avait été plus qu’emballé quand les deux dresseurs étaient venus lui dire qu’ils devaient partir. Il avait rangé toutes ses machines étranges dans une capsule spéciale, pris ses Pokéballs et ses plans et s’était placé devant les deux soldats, prêt à partir. Ça lui avait pris moins de dix minutes, c’était dire s‘il avait envie de sortir. Enfin, Amandine savait de source sûre que ce scientifique avait été emprisonné dans sa propre maison pendant des semaines, c’était plus que compréhensible que l’on puisse vouloir mettre le nez dehors.
Amandine avait donc pris la tête du groupe. C’était elle la mieux gradée du groupe et celle qui connaissait le mieux la région.
Zeymour avait révélé les détails de la mission des jeunes à qui ils devaient livrer les Pokéballs sans trop de soucis. Apparemment, ces trois jeunes devaient lui ramener des spécimens de Pokémons de type poison et un Pokémon guérisseur afin de l’aider pour son projet d’antidote universel. Amandine connaissait le talent de ce scientifique à peine plus âgé que lui. Il avait mis au point toute sorte d’inventions ayant un lien avec la génétique alors que le premier se contentait de la robotique. Le vaccin universel que ce génie avait créé avait été littéralement dévalisé à peine mis sur le marché.
Mais celui que la jeune femme ne pouvait pas blairer, c’était le dresseur, Adrien si elle se souvenait bien. Il agissait comme un vrai soldat, il obéissait aux ordres sans rouspéter, il ne parlait pas plus que le strict nécessaire et ne donnait jamais son avis. Et en plus, c’était un originaire de l’empire. La gardienne ne pouvait pas ne pas se montrer méfiante envers un ancien ennemi. Et bien entendu, comme ce dernier ne faisait aucun effort pour se socialiser, on pouvait difficilement retirer la probabilité qu’il soit un espion. Pour toutes ces raisons, l’élue de l’être des émotions faisait tout son possible pour surveiller cet homme ; prête à agir au moindre comportement suspect.
Néanmoins, sans son Pandespiègle surpuissant, ils n’auraient pas pu traverser plusieurs passages délicats. Ils avaient pris le chemin de la route 123 et ils en étaient presque au bout. Plus ils avançaient, plus ils approchaient des autres mais, comme le répétait Zeymour, il fallait aller plus vite. Si les trois jeunes traversaient la route 118 sans eux, ce serait très difficile de les rattraper. Amandine ne possédait qu’un Pokémon, son frère Grahyena. Pour Adrien, ce n’était pas mieux. Il n’avait que son Pandespiègle. Seul le génie pouvait traverser facilement grâce à son Metang mais il serait forcé de laisser tomber ses gardes du corps ou de faire des allers-retours, ce qui les aurait fait perdre du temps.
En ce septième jour de voyage, Amandine réussit à trouver des traces intéressantes. C’étaient les reste d’un campement et ceux qui avaient passé la nuit ne devaient avoir qu’une petite heure d’avance sur eux. De toute évidence, ces jeunes apprentis prenaient leur temps pour profiter un max du voyage. Néanmoins, ils se situaient à la quasi fin de la route 123. Il devait rester une demi-journée avant d’atteindre l’étendue d’eau qui séparait la route 118 en deux parties.
Amandine demanda alors à Zeymour l’autorisation d’emprunter son Metang. Ce dernier accepta mais un peu à contrecœur. De toute évidence, il aurait voulu l’utiliser lui-même. C’était lui qui avait envoyé ces jeunes après tout. Mais le scientifique était sous la responsabilité de la gardienne. Elle ne pouvait pas se permettre de le laisser partir seul.
Elle fit apparaître le Pokémon acier et monta dessus. Elle lui demanda de rejoindre le groupe qui les précédait de peu. Après, il rejoindrait son dresseur. Le Pokémon émit une série de bruits robotiques contrariés avant d’accepter et de décoller. Amandine s’accrocha du mieux qu’elle put. Ça ressemblait à du surf dans les airs. Et c’était plutôt compliqué. Au moins, sur les Pokémons volants standard, on peut s’accrocher à leur cou ou à une partie de leurs corps. Là, il n’y avait aucun appui. Elle failli tomber plusieurs fois d’ailleurs ce qui provoqua un son électronique bougon de la part du Metang qui signifiait : « Au moins mon dresseur sait tenir debout ».
Heureusement pour la gardienne, le trajet ne dura pas très longtemps. Le trio qu’ils recherchaient étaient à présent visible. Il y avait un élève de troisième année élu de Crefadet, un autre première année élu d’une divinité inconnue et la fille de Dame Lo en personne, Louise Lordiris. La vue de cette jeune femme provoqua chez la gardienne une grande colère. Cette petite peste était une dresseuse médiocre et avait menti à l’inscription pour sa formation. Elle avait prétendue avoir été bénie mais ce n’était pas le cas. Elle avait été renvoyée sur le champ après que la vérité ait été sue. Amandine se souvenait bien d’elle. Elle avait été là quand cette fille avait été renvoyée. Elle avait osé menacer l’organisation, disant qu’elle ferait déchaîner les Pokémons de sa mère contre eux. Une menace en l’aire bien entendu. Les Pokémons de Dame Lo n’obéissaient qu’à leur dresseuse, pas à la fille de cette dernière. Et, de plus, Amandine avait une raison plus personnelle d’en vouloir à cette pisseuse. Que faisait-elle ici, avec ces cadets ? Devait-elle recevoir un des Pokémons qui étaient à livrer ? Décidément, cette mission lui plaisait de moins en moins. Le Metang atterrit devant le groupe qui fut bien surprit de la voir débarquer.
- Madame Amandine ? S’étonna Paul. Qu’est-ce que vous faites sur C3-PO ? Où est Nick ?
- Calme-toi cadet, déclara la gardienne d’une voix mal assurée.
Elle en avait la confirmation. Jamais plus elle ne volerait sur un Pokémon pareil. Mais elle reprit vite contenance. Elle ne devait montrer aucun signe de faiblesse devant des apprentis, encore moins à la fille Lordiris.
- Zeymour est avec nous, continua-t-elle. Nous avons été envoyés lui, moi et un autre en mission pour vous retrouver.
- Nous retrouver ? Demanda le première année. Pourquoi ? On a rien fait de mal. On est en mission pour Nick. On doit lui attraper des Pokémons.
- C’est Dame Lo qui nous a envoyé, répondit Amandine. Elle a dit que vous deviez avoir des renforts. Nous n’avons fait qu’obéir aux ordres. Ce n’est en aucun cas contre vous. Il va falloir attendre maintenant, le temps que les autres nous rejoigne. Nous appliquerons une partie de la mission.
- Une partie de la mission ? Demanda Louise. En quoi consiste-t-elle ?
Amandine lui jeta un regard noir et constata qu’elle portait un petit Carapuce dans les bras. Elle plaignit le Pokémon eau d’être tombé sur une telle dresseuse. Il ne deviendrait jamais fort et serait condamné à devenir une ordure, tout comme la fille qui s’occupait d’elle. Jamais une pareille salope n’aurait dû devenir dresseuse.
- Je ne pense pas t’avoir parlé il me semble, dit-elle d’un ton acerbe. Que je sache, tu ne fais pas partie de l’armée, tu es une civile. Tu n’as rien à faire ici.
- Les civils peuvent aller où ils veulent, rétorqua Louise.
Elle aussi se souvenait de la gardienne.
- J’ai parfaitement le droit d’aller visiter la région ou d’aider des gardiens. C’est mon droit le plus strict en tant que dresseuse.
- Toi une dresseuse ? Répliqua Amandine, folle furieuse. Tu n’es qu’une parodie de dresseur, n’importe quel glandu pourrait te vaincre. Et excuse-moi si j’ai du mal à te croire quand tu me dis que tu es ici pour aider les gardiens. Tu profites d’eux plutôt comme tu l’as toujours fait, comme la sangsue que tu es.
- Hé !
Là, Amandine fut légèrement désarçonnée. C’était le Carapuce qui avait parlé. Vu sa voix aigüe, il était très jeune. Et il la regardait en étant vraiment en colère.
- Pas faire pleurer maman ! Maman gentille, toi méchant !
Et pour en rajouter une couche, le première année, intervint également.
- Je ne sais pas ce qu’elle a pu vous faire par le passé bien que je l’imagine très bien mais croyez-moi, c’est du passé. Elle est clean maintenant, je m’en porte garant.
Amandine lui renvoya un regard courroucé.
- Tu n’as aucune idée de ce que cette plaie ambulante a fait subir à notre ordre ou à moi-même.
- En effet, répliqua le jeune homme en soutenant son regard. Je n’en ai aucune foutue idée mais je sais de quoi elle est capable. J’ai dû subir un petit désagrément de sa part avant de partir en voyage.
Les joues de la jeune femme se mirent à rougir de honte. Ça n'avait pas du être beau à voir ce « petit » désagrément. La gardienne retint de satisfaire sa curiosité morbide mais au moins, que cet apprenti sache de quoi était capable cette plaie ambulante était un bon début. Mais il ne devrait pas prendre sa défense. Qu’avait-il fait pour qu’elle soit « clean » exactement ? Et à quoi correspondait sa définition de clean ?
- Tu oublies aussi la course-poursuite dans la forêt, intervint le troisième année.
- Exact, répondit-il. Pour faire simple, elle a pourri la vie de tout le monde, ça c’est un fait. Mais maintenant on lui a fait la leçon. Et elle l’a retenu. Maintenant, si vous vous en prenez à elle, vous vous en prenez à moi, c’est clair ?
- Elle doit payer pour ses fautes, grinça Amandine qui ne voulait pas perdre la face.
- Elle a déjà payé, déclara le jeune homme d’un ton sans réplique. Maintenant, c’est les compteurs remis à zéro pour tout le monde. Louise, t’avais posé une question ?
Cette dernière s’était employée à consoler le Pokémon qu’elle tenait en chantant une petite chanson. Elle releva la tête aussitôt, les joues rouges et le regard devenu subitement honteux et fuyant.
- Euh oui Neil. J’avais posé une question. Mais c’est pas grave, ça ne nous regarde pas, c’était déplacé de ma part.
Amandine soupira. Cette enfant pourrie gâtée semblait vraiment avoir changé pour le coup. Elle avait le regard bas, les joues rouges et n’était certainement pas en position de force. Elle semblait même avoir peur du garçon. Qu’avait-il bien pu faire pour déclencher ce comportement ? C'est comme si elle avait peur de lui.
- Notre mission consiste à escorter Zeymour jusqu’à vous pour qu’il puisse attraper les spécimens qu’il souhaite et livrer à certaines personnes un Pokémon de la part de Dame Lo, avoua Amandine d’un ton neutre.
- Maman vous a demandé de livrer des Pokémons ? Demanda la jeune dresseuse.
- Oui et si j’en crois la liste, ce sont des Pokémons très rares venant de sa collection personnelle. Pourquoi voulait-elle confier de telles merveilles à des personnes inconnues, je l’ignore mais c’est notre mission et nous devons l’accomplir.
- Vous ne connaissez pas l’identité des personnes qui doivent recevoir ces Pokémons ?
- Nous avons une liste de profils. J’ai juste pensé que nous devions être tous réunis avant de lire cette liste même si j’ai déjà parcouru deux trois fiches.
Louise eut soudainement très nerveuse et se mit à traficoter le pendentif qu’elle portait autour du cou : un petit Mew en cristal finement taillé, quoique un peu usé par le temps.
Neil s’en aperçut d’ailleurs.
- Quelque chose ne va pas ?
- J’ai un mauvais pressentiment, murmura la jeune femme. Quelque chose de grave concernant ma mère, je ne sais pas pourquoi.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je connais ma mère, expliqua Louise. Elle tient à ses Pokémons, même ceux qu’elle capture comme ça. Si elle s’est décidé à en confier certains de ses plus rare spécimens ce n’est pas un hasard.
- C’est quoi alors ? Intervint Paul.
Louise serra son pendentif plus fort, au point d’en faire blanchir ses articulations.
- C’est un héritage. Elle ne les confie pas, elle les lègue. Quelque chose va arriver à maman.
Un silence horrifié s’installa suite à ces mots qui prit fin quand Adrien et Nick les rejoignirent. Ce fut à cet instant qu’Amandine retrouva la force d’empoigner la jeune fille. Celle-ci, surprise, ne résista pas et lâcha le Carapuce qu’elle tenait. Alors que celui-ci frappait de ses petite pattes la gardienne, celle-ci maintenait le visage de la jeune dresseuse face au sien. Amandine était furieuse, Louise, elle, était terrifiée.
- Comment oses-tu ? murmura Amandine d’une voix sourde, chargée de colère. La fondatrice de la rébellion ne peut pas mourir. Elle est éternelle.
Louise la fixa de ses yeux emplis de peur mais ce fut d’une voix calme et triste qu’elle lui répondit.
- Vous faites erreur, dit-elle. Rien n’est éternel, pas même les dieux. Les dieux sont immortels.
- C’est pareil, grinça la gardienne.
Elle commençait à en avoir marre de cette gamine avec son air faussement sympathique et ses morales à deux balles.
- Non, elle a raison, déclara Zeymour dans son dos. Immortel et éternel sont des termes très différents. Immortel signifie que l’on ne peut mourir de vieillesse mais que l’on peut tout de même mourir. Eternel, c’est traverser les âges indéfiniment. Aucune forme de vie actuelle ne peut postuler au titre de forme de vie éternelle.
- Et ma mère n’était certainement pas immortelle, ajouta Louise. Elle avait une espérance de vie supérieure aux gardiens ordinaires mais elle aurait fini par mourir de vieillesse.
- Qu’est-ce que t’en sais d’abord ? Rugit Amandine qui commençait à en avoir marre que personne ne la soutienne.
Le regard de Louise se durcit instantanément et ce fut la première fois depuis l’arrivée de la gardienne des émotions que la jeune femme osa la regarder en face.
- Je crois que j’en sais plus que vous sur ma mère même si je ne l’ai que rarement vu dans ma vie.
Le soldat, Adrien, intervint. Il saisit la main de la gardienne de l’émotion qui empoignait toujours la fille de Lo.
- Lâchez-la. Cet acte de violence gratuite est inacceptable. Nous devons combattre Mecheva, pas nous battre entre nous. Et, ajouta-t-il en se tournant vers Louise. Mademoiselle, je pense qu’il nous serait profitable de nous dire qui est exactement Dame Lo. Histoire que tous les malentendus soient dissipés.
Louise hésita avant de baisser la tête et de se mordre les lèvres. Il lui fallut un petit moment pour relever la tête et d’acquiescer.
- Je… Je vous promets de tout raconter à condition que personne n’intervienne en cours de route et ne me traite de menteuse parce que ce sera faux. Tout ce que je dirais sera la vérité. Je le jure sur l’honneur des gardiens.
Tout le monde mit sa main sur son cœur, jurant de ne pas entraver son récit, même Amandine après un instant à lui jeter des regards meurtriers.
« Comme si elle pouvait jurer au nom de cet honneur qu’elle a souillé » marmonna-t-elle intérieurement.
Ils s’installèrent sur le sol confortablement et prêtèrent leurs oreilles attentives à la jeune fille de Lo.
Elle récupéra son Carapuce et en lui caressant la tête, elle commença ses explications.
- Pour débuter, il faut que vous sachiez que le véritable nom de celle que vous appelez Dame Lo est Eloïse Lordiris, né Eloïse Distorsion et elle a fêté ses 856 ans le sept mars dernier.
Les yeux de l’assemblée s’agrandirent sous la surprise mais personne n’intervint. Seul Neil parut moins choqué que les autres, comme s’il commençait à reconstituer les morceaux d’un énorme puzzle et que cette réponse lui avait fourni la pièce qu’il lui manquait depuis un moment.
- Ma mère est l’enfant héritier de deux dieux, elle a pour père le dieu Mew et sa mère est la petite fille du dieu Giratina. C’est cet héritage divin qui lui a permis de vivre toutes ces années et de paraître si jeune, couplé à sa bénédiction qui lui a rajouté des années en plus.
- Ça veut dire que toi aussi tu… Commença Paul, hésitant.
- Oui, j’ai moi aussi du sang divin. En moins grande quantité mais oui. Mon espérance de vie est rallongée par rapport à la vôtre. J’ignore beaucoup de choses sur ce que ça implique pour moi sur le long terme mais je m’en soucierais en temps voulu. Enfin bref. Ma mère s’est battu avec mon père au cours de la troisième grande guerre de l’âge d’or des gardiens.
- Celle où les enfants de Giratina sont revenus d’entre les morts pour foutre la merde ? Demanda Neil.
- Oui. Ma mère a dû combattre son arrière-grand-père et le renvoyer lui et ses enfants dans le monde souterrain d’où il venait, ce qui a mis fin à la guerre après six ans de lutte. Ma mère a ensuite épousé mon père et a donné naissance à un garçon.
- Laisse-moi deviner, intervint Neil, le regard semblable à un soleil tant ils brillaient. Lucien Lordiris.
Louise acquiesça, mal à l’aise.
- Plus connu sous le nom de l’empereur Mecheva.
Cette fois, ce furent des protestations qui s’élevèrent comme la lave d’un volcan en éruption. Amandine rugissait.
- Dame Lo n’aurait jamais donné naissance à un monstre pareil !
- Comment c’est possible ?
Louise baissa la tête. Elle ne savait pas. C’était même une chose qu’elle n’avait jamais su. Comment son frère avait-il pu sombrer ainsi dans la décadence et forger un empire tyrannique ?
- Moi je sais, Dit Neil d’une voix calme.
Tout le monde se tut et se tourna vers le l’originaire de l’empire.
- George m’avait raconté une histoire. Quand on cherchait à quitter l’empire. Celle des dieux Mecheva et Angerron.
- Tout le monde la connaît cette histoire, intervint Nick. Les deux esprits des deux dieux de la paix et de la guerre sont enfermés dans des orbes et cachés quelque part après que leur enveloppe ait été détruites. On a même trouvé le temple où l’orbe de Mecheva aurait dû être il y a des siècles mais il n’y avait rien à part un très beau squelette de Pokémon inconnu.
- Est-ce quelqu’un s’est déjà demandé pourquoi Lucien avait choisi Mecheva comme nom d’empereur ? demanda Neil sans tenir compte de l’intervention du scientifique.
Pas de réponse de la part de l’assemblée mais louise intercéda, comme si elle venait de se souvenir de quelque chose.
- L’autre jour tu m’avais dit que mon frère n’y était pour rien, que quelque chose s’était emparé de son esprit. Ne me dis pas que…
Le silence de Neil fournit la réponse à la jeune fille.
- Alors mon frère n’est pas mauvais, réalisa-t-elle avec horreur. Il est possédé !
- Euh, t’es sérieux Neil ? Demanda Paul, sceptique. Personnellement je trouve ça plutôt bulshit ton explication. En plus, Nick a dit qu’on n’avait aucune preuve de l’existence de ces orbes.
- Inexact, répondit Nick. La principale raison d ‘être de notre rebéllion est d’en trouver une d’orbe. On peut alors penser que l’autre existe mais de là à affirmer que cette orbe a été vidée par le fils de Dame Lo il y a huit cents ans il y a un grand fossé. Et, dans l’hypothèse que ce soit vrai Neil, Comment on fait pour l’exorciser ??? C’est un dieu bordel de merde ! Déjà qu’il y a huit cents ans libérer un esprit malveillant était impossible sans tuer les pauvres victimes possédées. Alors un putain de dieu…
- Angerron, répondit Neil. Il est l’antithèse du dieu de la guerre. Et je pense que Mecheva en lui-même ne doit pas être si difficile à tuer. Il est toujours emprisonné dans une enveloppe mortelle. Son corps a été détruit. La seule chose qu’il a hérité comme pouvoir vient de Lucien. Sa grande espérance de vie, peut-être même qu’il possède des pouvoirs mais ce ne sont pas SES pouvoirs. Si on est pas arrivé à l’éliminer en huit siècles ça ne veut dire qu’une seule chose : Lo ne voulait pas sa mort.
- Euh, pourrais-tu t’expliquer mieux que ça ? Exigea gentiment Adrien.
- Ce que je veux dire, c’est que le tuer ne doit pas être si difficile que ça. Lo doit croire, non, elle en est sûre, j’en mettrais ma main à couper, qu’elle sait comment sauver son fils de l’emprise de Mecheva. Et je mettrais ma deuxième main en jeu que ça a un rapport avec Angerron.
- Mais oui, s’illumina Nick malgré lui. Angerron est l’incarnation de la paix, de l’ordre, de la justice et de l’équilibre. Les deux sont aussi attirés l’un envers l’autre qu’ils se repoussent. Si Mecheva connait le moyen de posséder les gens, Angerron doit connaitre celui de les libérer.
- Donc ma mère voulait sauver mon frère depuis le début, murmura Louise. Et dire que pendant tout ce temps je l’ai maudit, j’ai souhaité sa destruction. Je ne suis qu’un être abominable.
- Non maman, protesta le Carapuce. Maman gentille, maman pas savoir.
Alors que Louise regardait son Pokémon sans comprendre, Amandine se chargea de traduire. Un bébé, même Pokémon, se devait d’être compris par sa « mère »
.
- Il dit que c’est pas ta faute, marmonna-t-elle d’un ton désintéressé. Tu ne savais pas, tout comme nous d’ailleurs.
Louise regarda son Pokémon avec un regard attendrit et elle l’embrassa sur la tête. Le Pokémon eau cria de plaisir.
- Tu veux que je te chante une chanson mon petit Luffy ?
- Oh oui, s’exclama le petit Pokémon excité. Maman trop gentille.
Amandine soupira avant d’ajouter d’une voix plus douce.
- Je suis désolée. T’as changé c’est indéniable. Je te pardonne pas pour ce que tu as fait mais je pense que tu as trouvé le bon chemin pour qu’un jour je puisse le faire.
- Et je ferais en sorte de le mériter, répliqua Louise, le regard déterminé. Tout comme je ferais sorte d’aider mon frère.
La gardienne des émotions regarda la jeune fille d’un regard curieux.
- Tu es sûre de risquer ta vie pour un frère que tu n’as pas connu ?
- Ma mère a risqué la sienne pendant des siècles pour le sauver. Donc il en valait la peine. J’aimerais le connaître. Et j’ai toujours cette mauvaise impression. J’ignore pourquoi mais je sens que maintenant, la seule famille qui me reste, c’est lui.
Amandine reçut de plein fouet l’inquiétude de la jeune dresseuse. Elle était vraiment mal à l’aise, voire terrifiée de la possibilité qu’elle venait d’énoncer à voix haute. Amandine, même si elle n’aimait pas cette fille, se résolut à la consoler, même un minimum.
- Je souhaite pour toi que ton pressentiment se révélera faux. Bon, on va passer à la lecture des élus qui recevront les Pokémons. Tu en dis quoi ?
Louise acquiesça, un sourire éclairant de nouveau son beau visage.
Les sept membres du groupe se réunirent bien vite en entendant l’appel de la gardienne. Ils se réinstallèrent, de nouveau attentifs, mais secoués par leurs révélations récentes. C’était forcément un choc pour tout le monde. Adrien sortit les différentes Pokéballs alors qu’Amandine sortait les différents profils.
- Alors le premier Pokémon légué est pour Paul Hester, élu de Crefadet. Tu as hérité d’un Pteroliane, le troisième stade d’évolution du Pokémon starter de la région de Safaïa. C’est un Pokémon de type plante et vol capable de voler avec aisance. C’est je cite « un excellent compagnon qui saura te mener où tu as besoin de te rendre et qui saura t’épauler en cas de besoin ». Il s’agit de la Pokéball qui comporte le symbole en forme de feuille.
Adrien la trouva rapidement et la donna à un Paul interloqué. Il fixa la Pokéball comme si c’était un objet précieux et la garda au creux de sa main. Il leva les yeux au ciel et cria de toute le force de ses poumons.
- Je saurais être digne de ce cadeau Dame Lo ! Je vous en fait la promesse !
Amandine attendit calmement que Paul ne se calme et ne retourne s’asseoir, sans cesser de serrer contre lui la sphère qui contenait une créature aussi rare que précieuse. Elle passa ensuite au second nom sans attendre.
- Le second Pokémon est pour Nicholas Zeymour, élu de Crehelf. Vous avez hérité d’un Armalier, l’évolution de type acier du Pokémon Evolier, la nouvelle espèce pouvant évoluer de tous les types existants. Il est je cite « la fusion parfaite entre l’homme et la machine. Il te permettra de t’ouvrir vers les autres en te conseillant et en te protégeant ». C’est la Pokéball avec le symbole en forme de d’éclair.
Adrien la trouva également et la confia à Nick qui ne savait comment réagir. Il semblait hésiter entre éclater en sanglot et sauter de joie mais il ne dit pas un mot.
- Le troisième est pour… Adrien Caseralis, ancien soldat de l’empire ?
Amandine faillit s’étrangler en voyant le nom du dresseur. Elle se tourna vers lui et Adrien écarquillait les yeux lui aussi. De toute évidence il ne s’attendait pas à ça lui non plus. La gardienne tenta de reprendre contenance pour terminer sa lecture même si au fond d’elle-même elle s’interrogeait encore sur les intentions de Dame Lo. Peut-être qu’elle était sénile en fin de compte.
- Vous héritez d’un Solochi, un dragon de type ténèbres et dragon, le Pokémon évoluant le plus lentement au monde et réputé pour être l’un des plus destructeurs. Il est dit que vous seul saurez maîtriser la puissance de ce Pokémon et que vous parviendrez à lui faire atteindre son stade ultime. C’est celle avec le symbole en forme de tête de dragon.
Adrien pris la Pokéball sans rien dire, la regarda un instant et la rangea dans sa poche en fermant les yeux. Mais Amandine eut le temps de voir qu’ils étaient humides et
reconnaissants.
Le prochain Pokémon fut pour Amandine elle-même. C’était un Gueriaigle afin de faciliter les retrouvailles d’Amandine avec celui qu’elle aimait. Elle failli pleurer en lisant ces mots. C’est vrai qu’elle était mariée depuis longtemps avec un autre gardien mais ce dernier avait été envoyé en mission d’infiltration dans l’empire deux ans auparavant. Et ces deux années avaient été pour elle un calvaire. Mais plus maintenant à présent. Et les Gueriaigles étaient parmi les Pokémons oiseaux les plus fort et les plus combatifs qui soient. Tout à fait ce qui convenait à une femme comme elle.
Le jeune Neil fut le prochain. Il reçut un Pokémon unique en son genre, presque jamais vu auparavant. Il s’agissait d’un Pokémon rarissime dont on avait trouvé un nom que récemment. C’était un Spectrali, l’évolution du type spectre d’un Evoli. Une des évolutions de ce Pokémon tellement rare et compliqué à obtenir que beaucoup de braconniers en avait fait des trafics il n’y avait pas si longtemps.
Louise hérita également de deux Pokémons de la part de sa mère. Un Pyronille et George lui-même ! Le vieux Latios de la mère venait d’être livré avec sa gemme sésame à la fille qui, de toute évidence, ne savait quoi faire ou quoi dire. Les deux Pokémons furent confiés mais une dernière Pokéball devait être donnée. Peut être que le mauvais pressentiment de la jeune fille avait un fondement. George était un Pokémon auquel Dame Lo tenait plus que tout au monde. S’il se voyait confié à quelqu’un, il n’y avait pas de doute. C’était bel et bien un héritage.
Amandine eut un frisson en découvrant le dernier héritier et se dépêcha de ranger les feuilles dans son sac.
- Nous partons, déclara la gardienne.
- Hein ? Où ça ? Demanda Neil.
- Nous nous rendons dans l’empire, répondit Amandine. La dernière personne qui doit recevoir un Pokémon est là-bas. Au nord de ce qui était autre fois Safaïa.
Mais Adrien ne tarda pas à protester, c’était la première fois d’ailleurs.
- On ne pas s’y rendre comme ça. Et puis tout le monde ici ne possède pas des Pokémon pouvant voler et transporter plusieurs personnes. Et personnellement je n’ai pas vraiment envie de retourner si vite dans l’empire.
Et Neil en rajouta une couche.
- Si on se rend comme ça dans l’empire on se fera prendre alors qu’on n’aura même pas atteint le sol. Il faut soit passer par un lieu presque pas fréquenté ou alors avoir des papiers en règles. Moi j’en ai mais pas vous. On se fera prendre au premier contrôle.
Amandine voulut répliquer mais il avait raison. Il fallait un plan de route. Et ce fut Louise qui donna la solution.
- J’ai entendu Florent me parler d’une caserne impériale qu’il aurait libéré et infiltré avec des gardiens récemment. Il me semble que ce sont les casernes qui fabriquent les papiers d’identité.
Neil sourit.
- Exact, on peut passer par là. Et elle se trouve où cette caserne infiltrée ?
- De ce que Florent m’a dit, elle se situerait dans le nord de Sinnoh.
Amandine grimaça. C’était à des centaines de kilomètres de l’endroit où était infiltré le gardien. Mais ils n’avaient pas vraiment le choix s’ils désiraient passer incognito.
- Dis Adrien, demanda-t-elle en se tournant vers le soldat. Est-ce qu’ils font des permis pour utiliser des Pokémons ?
L’ex soldat réfléchit avant de répondre.
- Oui c’est possible mais uniquement si vous avez les moyens de vous les payer. En cas de contrôle on montre le permis et c’est bon. Si cette caserne est infiltrée par des gardiens, ils nous fourniront le nécessaire je pense. On peut même s’en servir pour utiliser l’espace aérien de l’empire.
- Bon, et bien je crois que c’est réglé, déclara la gardienne. On va se rendre dans cette caserne. Mais pour s’y rendre y a pas trois mille solutions. On va devoir rejoindre Nenucrique ou Poivressel pour prendre le ferry.
- Je propose Poivressel, intervint Nick. Retourner à Nenucrique reviendrait à refaire tout le tour et passer par Cimetronelle. On y mettrait au moins deux semaines. Par contre, pour Poivressel, si on va vite on peut y être en quatre jours, une semaine grand max. Je rappelle que tout le monde n’a pas ou pas encore des Pokémons capable de voler.
La « chef » du groupe acquiesça et d’un commun accord, ils se remirent en route pour Poivressel. Elle demanda juste que les dresseurs les moins expérimentés sortent leurs créatures afin de les former. Avec un peu de chance, ils évolueraient avec les Pokémons sauvages.
Mais ce que Zeymour ignorait, c’est qu’avec sa proposition en somme toute logique, il avait sauvé la vie de tous ses camarades ainsi que la sienne. En effet, Mecheva ne s’était pas contenté de détruire Nenucrique. Il avait appelé son armée pour envahir la région. Elle était actuellement en train de mettre à feu et à sang la petite ville de Cimetronelle. Et elle continuait d’avancer. Bientôt, la région libre de Hoenn serait sous le contrôle de l’empereur et rajoutée aux territoires de l’empire. La région libre n'allait pas tarder à disparaître.