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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 22/02/2016 à 12:28
» Dernière mise à jour le 23/06/2016 à 14:49

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Chapitre I : Utopia – Partie 1 : Renforcement d'effectif.
Cassis
 
 Cela faisait déjà deux semaines que je m'étais installée à Herz. Un petit village fort sympathique, qui se reconstruisait du mieux qu'il le pouvait de la tragédie qu'il venait de vivre. Un petit village dont j'étais devenue la Maire, depuis ma victoire contre Carchacrok.

Maire en théorie, car en pratique, j'avais quasiment tout délégué à Affienns, l'ancien Maire. Je pensais que c'était pour le mieux, pour ne pas brusquer les villageois. Herz était un tout petit village loin de tout, qui dépassait à peine la vingtaine d'habitants. Ils avaient leur façon de vivre, leur tradition, leur habitude et je ne voulais pas leur voler cela.

C'était aussi pour ça que je n'avais pas insisté lorsque aucun des villageois ne voulut rejoindre mon armée. J'aurais pu les forcer, usant de la Loi d'Or de Iræ, la loi du plus fort, mais c'était contraire à mes idéologies. C'était justement contre ce genre d'abus que d'autres Maires n'hésitaient pas à employer que je me battais. Et aussi, cela n'aura pas plu à Brazoro, notre chevalier de la justice local.

Cependant, ma clémence n'était pas bonne pour mes projets. Brazoro, Artichtote, Patch et moi-même. J'appelais cela une armée, mais dans les faits, on étaient plus une bande de joyeux lurons. Enfin, c'était mieux que rien.

J'avais été un peu surprise lorsque Patch se proposa comme médecin de guerre ; ce Pokémon ne semblait pas taillé pour le combat réel. Cependant, je devais avouer qu'avoir un expert médical sur le terrain pouvait être salvateur, je n'avais alors pas longtemps hésité avant d'accepter.

— Stalhblume ! Stalhblume !

Je mis un moment avant de me rendre compte que l'on m'appelait. C'était vrai, j'avais demandé aux villageois de m'appeler par mon surnom de Maire. Avoir un surnom de Maire était très prestigieux sur le continent, pas que j'étais orgueilleuse, mais Artichtote pensait que cela pourrait impressionner mes futures adversaires.

— Oui ?

Je me retournai face à un Ratentif en sueur, il avait l'air d'avoir couru précipitamment pour venir jusqu'à moi.

— C-C'est urgent ! C-Car-Car...
— Carchacrok ?! sursautai-je. Il est de retour ?!
— Non ! me rassura t-il. Il y a trois Carmache à l'entrée du village ! Q-Qu'est-ce qu'on fait ?!

Des Carmarche ? Bon, au moins la menace n'était pas énorme, mais elle méritait qu'on y prêtât attention.

— Amène-moi à eux.

Pendant que je courrai, je me demandais pour quelles raisons ces Carmache étaient-ils revenus. Il y avait deux semaines, le village avait convenu de les libérer en les mettant bien en garde de ne plus remettre les pattes ici. Les villageois n'avaient pas le choix, ce n'était pas comme si Herz était équipé pour garder une armée de dragons en captivité.

Alors, pourquoi diable ces trois Carmache avaient-ils bravés nos mises en garde ? Pour la vengeance peut-être ? Cela me semblait peu imaginable, ils devaient très bien savoir qu'ils ne faisaient pas le poids contre moi.

Inutile de me triturer l'esprit, j'arrivai enfin à l'entrée de Herz. Effectivement, trois Carmache attendaient à l'extrême limite du village ; les deux frères Maraistre que j'avais choisi comme vigile ne les quittaient pas une seconde des yeux, prêts à envoyer un Laser Glace au moindre geste brusque. Cependant, les dragons avaient l'air calmes et décidés, je ne décelai aucune hostilité en eux. Mais prudence restait de mise.

— Que voulez-vous ? sifflai-je.

Les trois dragons se regardèrent, et hochèrent la tête en même temps. L'un d'entre eux, reconnaissable grâce à une cicatrice entre ses yeux, s'avança :

— Stalblume, déclara t-il. Nous désirons vous parler.


 ***
— … gnnn...
— …

Je jetai un coup d’œil inquiet à Brazoro. J'avais peur qu'il leur sautât dessus dès que j'eusse le dos tourné. Suite à leur demande, j'avais conduit les trois dragons – avec grande prudence bien sûr – à la mairie.

Cette dernière avait été complètement détruite à cause de Carchacrok, et j'avais insisté à sa reconstruction pour la refaire entièrement, de supprimer les étages et de ne laisser que le rez-de-chaussée. La discussion avec ce conservateur de Affienns avait été âpre, mais j'avais fini par avoir gain de cause. Cassis, 1 ; étages supplémentaires stupides accompagnés d'escaliers inutilement longs, 0 !

… ahem, oui. Donc, nous étions dans mon « bureau », une simple grande pièce où trônait un grossier fauteuil à ma taille au milieu. A mes côtés, Brazoro et Artichtote, mes deux bras droits. J'avais volontairement omis de prévenir Affienns de cette entrevue, je craignais que ce dernier ne se montrât trop virulent face aux précédents envahisseurs, déjà que je prévoyais des difficultés avec Brazoro, je ne voulais pas m'en rajouter.

Devant moi, les trois dragons se tenaient sagement, attendant ma réponse.

— Si je comprends bien, résumai-je, vous voulez.... nous rejoindre ?
— C'est cela.
— C'est une blague ? grinça Brazoro. Vous nous prenez pour des abrutis ? Vous avez réduit le village en esclavage et vous ramenez votre fraise comme ça, comme si de rien n'était ?!
— Brazoro, haussai-je le ton.

Mon second me regarda, mécontent. Je comprenais sa réticence, mais personnellement, j'avais bien envie d'accepter l'offre tout de suite. Militairement, trois dragons entraînés me seraient très utiles. Cependant, leur passé n'était pas une chose que je pouvais ignorer, je n'avais pas envie de me mettre tous le village à dos.

— Pourquoi ne pas avoir suivi les autres Carmache ? demandai-je.
— A la suite de la défaite de Carchacrok, nous nous sommes tous dispersés. Nous n'avons plus aucun contact avec le reste du groupe.
— … et pourquoi être revenu ? continuai-je.
— Nous étions en torts. Carchacrok a abusé de la Loi d'Or et à transformer ce village en camp d'esclaves. Nous savions que rien ne pourra jamais pardonner nos actes, mais si nous pouvons faire quoique ce soit pour alléger nos fautes, alors nous n'hésiterions pas.
— Alors vous en quête de rédemption..., résuma Artichtote.

Pour ma part, ils me semblaient honnêtes. C'était Carchacrok le dictateur, les Carmache n'étaient que des subordonnés. Nous avions toujours tendance à assimiler les subordonnés à leur chef, et d'en oublier leur individualité. Les Carmache n'étaient pas Carchacrok ; peut-être que certains l'admiraient, mais peut-être que d'autres le méprisaient et craignaient de le quitter.

— Des paroles en l'air ! grogna Brazoro. Qui nous dit que nous n'attendez pas le bon moment pour nous planter vos griffes dans notre dos ? Qui nous dit que vous n'êtes pas des espions à la solde de Carchacrok ? Qui nous dit que nous pouvons vous faire confiance ?!

Je soupirai mentalement. Brazoro était fondamentalement contre l'idée, et ce n'était pas très bon pour moi. Nous étions déjà très peu nombreux dans notre « armée », je ne pouvais pas me permettre de créer des tensions supplémentaires entre nous. C'était dommage, mais s'il ne changeait pas d'avis, je serais contrainte de renvoyer ces Carmache dans le désert.

— … nous comprenons, déclara le Carmache à la cicatrice. Notre présence ici est indésirable, c'est naturel. Nous n'aurions pas du revenir...
— Ouais, dégagez-moi le plancher ! cracha Brazoro.
— Un instant !


____________________

Patch
 
 Dès que j'avais entendu parler de l'arrivée des Carmache, j'ai accouru. Je n'avais aucun doute sur leur identité, non aucun. Je m'introduisis rapidement dans le bureau du maire, sans même annoncer ma présence. Ce n'était pas le moment pour de telles politesses !

— Patch ? s'étonna Cassis en me voyant.

Ce n'était pas très poli, mais je l'ignorai et me concentrai sur les Carmache. Oui, je reconnus immédiatement cette cicatrice ! C'était lui !

— V-Vous vous êtes celui qui m'avait aidé..., haletai-je.
— … toi, me fixa le Carmache balafré. Tu es ce Pachirisu...
— Vous vous connaissez ? se précipita Cassis avec un étrange sourire sur les lèvres.
— Oui, acquiesçai-je. Ce Carmache, il a défié les ordres de Carchacrok pour moi !
— Pardon ?! sursauta presque Brazoro.

Je hochai une nouvelle fois la tête, bien déterminé à faire paraître la vérité !

— Tout s'était passé lorsque Carchacrok était devenu Maire et avait dispersé ses Carmache pour emprisonner les villageois...

Je m'évertuai alors de tout raconter. Ma peur, tandis que je me cachai dans ma hutte, derrière une pile de bols d'argiles, et qu'un Carmache entra. Ma terreur, lorsque le dragon me trouva et qu'il me toisa pendant de longue minutes de ses deux étroits yeux dorés. Mon incompréhension, lorsqu'il détourna les yeux et qu'il partit sans un mot.

J'étais si choqué que j'en avais été resté paralysé pendant une bonne minute, avant de finalement saisir ce qu'il s'était passé. Il aurait dû me capturer, m'envoyer au cachot. Il ne l'avait pas fait. Je m'étais pensé sauvé. Dans ma joie, je m'étais brusquement dégagé de ma cachette. Imbécile que j'étais. Mes bols d'argiles, qui m'avaient servi de cache, tombèrent violemment et s'étaient brisé dans un fracas infâme et stupide.

Aussitôt, une foule de Carmache s'étaient précipitée dans ma hutte. Et alors que j'avais pensé mon sort scellé, un dragon s'interposa et menaça les autres. Il était seul. Il s'était battu. Pour moi.

— … bien sûr, terminai-je, il a été mis à terre et les autres dragons m'ont emmené, mais cela n'enlève en rien à son héroïsme !
— … est-ce vrai ? demanda Cassis au Carmache.
— … oui, admit ce dernier.
— Cette cicatrice est la preuve de ce combat ! insistai-je. Et ce n'est pas tout ! C'est lui qui nous passait en douce quelques baies médicinales dans le cachot, et c'est lui qui a donné à Affienns le bandeau qu'il porte actuellement sur son œil borgne !

Un long silence de réflexion pesa durement, uniquement interrompu par les grognements périodiques de Brazoro. C'était sans doute lui le plus réticent à accepter l'histoire, comme je le pensais.

— … pourquoi ? cracha finalement le Chimpenfeu. Pourquoi avoir fait tout ça ?
— … j'ai connu Carchacrok dès son exil, expliqua le Carmache en baissant les yeux. Il n'était pas aussi tyrannique que maintenant, du moins, avant qu'il n'obtienne l'Orbe. Je l'ai vu, de jour en jour, devenir de plus en plus sombre, de plus en plus proie à une soif de pouvoir insatiable. Mais je suis resté dans l'ombre, espérant qu'un jour il reviendrait à la raison. Ce moment n'arriva jamais. L'assaut sur Herz avait été la goutte de trop, je ne pouvais plus me taire et rester les bras croisés, il fallait que j'agisse.

Une nouvelle fois, tout le monde se plongea dans ses pensées, tout en donnant quelque coups d’œil à Brazoro, le centre du problème.

— … je crois que la situation est claire, déclara Cassis en profitant du silence du Chimpenfeu. Vous n'êtes pas responsable des horreurs de Carchacrok, et vous avez même aidé le village. Je ne peux difficilement vous refuser l'asile.

Son petit ton victorieux ne m'échappa pas. Je ne savais pas ce qu'il se tramait, mais Cassis était définitivement ravie.

— Si je puis me permettre, s'avança Artichtote. Même si effectivement ce Carmache n'est pas méchant, dans l'imaginaire collectif, il reste une figure de l'envahisseur. Je ne pense pas que les villageois apprécieront de voir des dragons se balader tranquillement parmi eux !

Cassis perdit rapidement son sourire, elle ne devait certainement pas s'attendre à l'intervention de Artichtote. Je ne savais pas ce qu'elle avait en tête, mais notre nouvelle Maire semblait en faveur des dragons, alors, elle était mon alliée par défaut dans ce débat.

— Euh... si je comprends bien, tentai-je de saisir la situation, ces trois Carmache désir vivre ici ?
— C'est cela, me répondit Cassis. Ils veulent se repentir.
— … nous ne pouvons pas les renvoyer dehors ! insistai-je. Carchacrok les a abandonné, ils n'ont nulle part où aller, et nous leur sommes redevable ! Sans les baies médicinales qu'il m'avait fait passer, beaucoup plus de villageois seraient mort de fatigue !
– C'est vrai, admit Artichtote en grinçant du bec. Mais malheureusement, l'image est plus forte que la réalité. C'est une constante dans l'Histoire, il y a toujours un camp qui est décrit comme « bon » et l'autre comme « mauvais ». C'est une facilité qui s'ancre fortement dans les mentalités, qu'importe s'il y avait des « bons » parmi les « méchants » ou inversement, ils sont ignorés, à moins d'être particulièrement mis en valeur.

Je serrais les dents, m'efforçant de trouver une solution au problème. Je devais réfléchir, et vite !

— Ah ! m'exclamai-je. Et... Et si nous les séparons juste du plus village, le temps que que les villageois s'habituent à leur présence ?
— …. développe, s'intéressa Cassis.
— A l'extérieur du village, tu as fait construire un camps d'entraînement ! Il pourrait y vivre quelques jours, loin de tout le monde et les autres villageois seront forcés de se rendre compte qu'ils sont inoffensifs !

Je venais tout juste d'y penser à vrai dire. Ce camps d'entraînement était une aubaine ! Cassis avait profité de la reconstruction du village pour rajouter une zone pour entraîner sa future armée, près des champs. Dans les faits, ce n'était cependant qu'un terrain défriché entouré de grand murs de pierre ; nous n'avions pas non plus les moyens de faire de grands édifices militaires.

— C'est... une zone un peu sommaire pour y vivre, réfléchit Cassis.
— N'importe quoi nous conviendrait, fit savoir le Carmache à la cicatrice. Tant que nous avions l'occasion de racheter nos fautes.
— Je suis tout de même un peu réticente à l'idée de vous enfermer là-bas, mais si cela n'est que provisoire..., marmonna Cassis avant de se tourner vers Brazoro. Cela te convient-il ?

Le Chimpenfeu était visiblement très mal à l'aise, il luttait sans doute contre ses principes à ce moment même.

— … grr, ok pour le Carmache à la cicatrice, mais les deux autres là, ce sont qui ?
— Ce sont mon frère et ma sœur, avoua le dragon balafré. Ils pensent comme moi, je peux vous l'assurer. Et ils n'ont jamais pris par aux atrocités de Carchacrok, ils se sont toujours tenus en retrait.
— …. mouais..., maugréa Brazoro, eh bien faites ce que vous voulez, mais ne venez pas vous plaindre si tout dérape !


____________________

Cassis
 
 Trois Carmache. Voilà qui doublait presque nos effectifs ! Je faisais mon possible pour cacher ma joie – qui serait mal venue vu la mine terrible de Brazoro – mais j'étais consciente que mon petit sourire en coin me trahissait.

Après avoir traversé plus ou moins discrètement le village, nous arrivâmes enfin à mon fameux camp d'entraînement. Il ne fallait pas se fier à son nom, il n'y avait rien de spécial à l’intérieur de ses murs grossiers, juste un terrain vague pour se battre ; les Carmache devront se coucher à même le sol pour dormir.

— Voilà votre nouveau chez vous, leur annonçai-je. Comme je vous l'ai dis, le luxe n'est pas vraiment au rendez-vous.
— Ce n'est rien, m'assura le Carmache à la cicatrice. Nous ne méritons pas mieux, après ce que nous vous avions fait.

Au moins, il n'était pas difficile, en plus d'être poli et docile. Un parfait soldat.

— J-Je vous apporterais des baies tous les jours ! s'exclama Patch. J-Je ne vais pas vous laisser tomber, je vais dire à tout le village que nous n'êtes pas des méchants, et vous pourrez sortir de là !

Patch avait été mon sauveur pour ce coup-ci. Sans lui, Brazoro aurait certainement conclut le débat et se serait fait un plaisir à renvoyez ces dragons d'où ils venaient.

— Mmmh... dites, lança Artichtote aux trois Carmache. Comment vous-vous appelez ?
— … ?
— Eh bien, si l'on va vraiment faire équipe se serait sympa de savoir vos noms ! Vous appeler les « Carmache » tout le temps, c'est un peu triste.

Elle marquait un point. Appeler sans cesse un Pokémon par le nom de son espèce était irrespectueux. Il y avait des exceptions bien sûr, comme Carchacrok qui avait abandonné son nom pour raison personnel, mais en règle général, c'était très mal vu.

Les trois dragons se regardèrent, d'abord interloqués, avant de hocher la tête.

— Roberto-Michel, se confessa le Carmache à la cicatrice.
— Géraldeline, avoua la dragonne à sa gauche.
— Belcol-Exion, se confia celui de droite.

Brazoro, Artichtote, Patch et moi nous regardâmes, éberlués. I-Ils étaient sérieusement sérieux, là ? Je pouvais voir Artichtote pouffer derrière ses ailes, et je devais avouer être presque dans le même état !
Finalement, je commençai à me demander si ce n'était pas plus respectueux de continuer de les appeler les « trois Carmache »...

— … ? Un problème avec nos noms ? demanda très sérieusement le dragon balafré.

Cette fois-ci, Artichtote ne tint plus et s'écroula au sol, riant au éclat. L'idiote ! Si elle craquait, je n'allais pas tarder à craquer à mon tour !

— N-Non, me forçai-je de rester sérieuse. N-Ne faites pas attention, R-Robert..to-M..Mich ...pffft !

N'y pouvant plus, je cachais maladroitement ma bouche de mes deux mains, mordant mes lèvres le plus fortement possible.

— … ? Qu'est-ce qu'y vous fait rire ? s'étonna naïvement le fameux Roberto-Michel.

Le calme et l'innocence des dragons nous achevèrent tous. Sérieusement, je mourrais d'envie de faire connaissance avec leurs parents. Comment pouvait-on vouloir gâcher la vie de ses enfants à ce point ? Ah moins que l'on voulait faire une belle collection de prénoms pourris, ou plutôt, une Belcol-Exion... !

Je me demandai presque s'il ne suffirait simplement pas de dévoiler leur prénom au reste du village pour qu'ils perdent absolument tout caractère terrifiant !

— E-Excusez-nous, lâchai-je entre deux rires. C-C'est nerveux, n-nous sommes tous très tendus, avec tout ce qu'il vient de se passer, vous comprenez...
— Je vois, acquiesça le Carmache à la cicatrice. C'est naturel, je comprends ; Carchacrok vous a fait payer un lourd tribut.

Par pitié, qu'il se tût, qu'il s’énervât ou autre ! Mais qu'il arrêtât de nous répondre avec ses petits yeux candides et sérieux !

— C-C'est cela, oui, bafouillai-je. B-Bien, n-nous allons vous laisser vous installer... f-faites comme chez vous !

Je les saluai rapidement avant de prendre la poudre d'escampette, allégrement suivie par mes camarades. C-Ces dragons étaient dangereux, pas dans le sens auquel on penserait au premier abord certes, mais dangereux tout de même ! Note pour plus tard, ne plus jamais leur demander leur nom !

____________________

Affienns
 
 Cassis sortit enfin du camp d'entraînement, en compagnie de Brazoro, Artichtote et Patch. Ils semblaient étrangement... joyeux, pour ne pas dire « mort de rire ». Étrange, je devrais demander des détails plus tard.

Cassis me remarqua et, après avoir congédier ses camarades, s'avança vers moi.

— Affienns ? s'étonna t-elle. Je ne n'espérais pas te voir ici.
— Je t'attendais, avouai-je. Tu devines pourquoi, n'est-ce pas ?

Et vu que le sérieux teintait à nouveau son visage, elle avait certainement déjà compris.

— J'ai entendu dire que tu avais tenu une réunion avec des Carmache ; je suis surpris de ne pas y avoir été convié.
— … loin de moi l'idée de te maintenir dans l'ignorance, répliqua Cassis. Je comptais venir t'en parler après coup.
— Et pourquoi pas avant ? Je pensais que tu m'avais délégué les pouvoirs de Maire, pour garder le contact avec les villageois. Et j'estime que, en tant que représentant de Herz, ma présence était requise. Brazoro, Artichtote et toi-même êtes des étrangers au village, penses-tu vraiment que les villageois accepteront que vous décidiez de tout dans votre coin, sans avoir de représentant natif présent ?

Sans faiblir face à mes reproche, Cassis me toisa fixement de ses deux yeux grenats.

— Je ne vous ai pas convoqué car vous étiez beaucoup trop impliqué dans l'affaire. Pour discuter avec ces Carmache, j'avais besoin de têtes calmes et reposé.
— … d'où Brazoro ? fis-je ironiquement.
— C'est une exception, Artichtote et lui sont des symboles, je ne peux pas agir sans eux.
— Je suis désolé de ne pas être qualifié pour être un « symbole » indispensable, soufflai-je.
— Ne déformez pas mes propos. J'ai beaucoup d'estime pour vous Affienns, et je ne souhaite pas être en de mauvais termes avec vous. Cependant, j'estimais que votre avis ne serait pas neutre sur le sujet des Carmache et qu'ils auraient pu entraver nos échanges. Et si cela peut vous rassurer, le débat ne s'est pas déroulé que dans un sens, Brazoro a su se montrer forte tête.

Le ton froid de Cassis me choqua un moment. Elle avait même recommencé à me vouvoyer. Quoi qu'il en soit, je commençai à appréhender un peu son caractère. Cassis n'était certainement pas quelqu'un à sous-estimer, et qui pensait loin, bien plus loin que nous autres, pauvres villageois loin de tout.

— Nous avions décidé de garder les Carmache en observation pendant un moment, continua t-elle. Vous pouvez toujours proposer votre droit de Veto sur cette décision, si vous le voulez.
— … non, soupirai-je. Je connais ce Carmache, celui à la balafre. Il m'a donné mon bandeau, je sais qu'il n'est pas dangereux.
— Oui, c'est logique, réfléchit Cassis. Dans ce cas, je considère le problème réglé pour l'instant. J'espère que vous ne me tiendrez pas trop rigueur de mes décisions. Je décide toujours de ce que je pense être le mieux pour l'intérêt global, je peux me tromper bien sûr, mais c'est pour cela que je suis toujours accompagnée. Ne perdez pas à l'esprit que je ne ferais jamais rien contre le village.

Sur ce, Cassis s'inclina poliment et partit, me laissant en plan. Je souris légèrement. Impressionnante, elle était vraiment impressionnante. De mon avis, elle pensait tout ce qu'elle disait ; ses intentions étaient certainement purs et dénués de malices. Cependant, comme l'on le disait si bien, l'enfer était pavé de bonnes intentions.