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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 21/02/2016 à 07:57
» Dernière mise à jour le 14/08/2016 à 19:05

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 5 – Fin du prologue : Vers la conquête du monde !
Cassis

Je me réveillai lentement, dans un lit constitué de larges feuilles verdoyantes posées à même le sol. Je tentai instinctivement de me lever, mais à peine avais-je frémi un seul muscle qu'une vive douleur traversa fougueusement mon corps.

— Oulah, fit une petite voix. Restez couchée, vous n'êtes pas encore totalement remise !

Je toisai mon interlocuteur, un petit Pachirisu préparant adroitement une étrange mixture dans un bol en argile. … et maintenant que j'y prêtais attention, cette même mixture était étalée à la fois sur ma mâchoire et mon corps, sous des bandages bien serrés.

— … vous êtes médecin ? tentai-je.
— Bingo ! sourit le Pachirisu. Je me nomme Patch, le seul et unique docteur de Herz ! Mais ne bougez pas trop. Vous n'avez pas chômé contre Carchacrok, je suis surpris que vos muscles fonctionnent encore après tant d'efforts !
— … Carcharcrok ! me rappelai-je brusquement. Où est-il ?!
— Shhhh, souffla doucement le médecin. Tout va bien, il s'est enfui, il ne reviendra pas. Vous nous en avez débarrassé.

Il s'était enfui ? … je ne savais pas si cette réponse me satisfaisait réellement. Cependant, je me souvins avoir clairement entendu l'Orbe se briser. Sans cet artefact sa puissance devrait drastiquement chuter, alors j'imaginais qu'il n'y avait plus rien à craindre.

— Oh, j'y pense, me lança Patch. Il faut que je prévienne une certaine personne de votre réveil !

Une certaine personne ? Qui cela pouvait bien être ? Je n'eus pas longtemps à me poser la question, puisque dès que Patch ouvrit le rideau de feuilles à l'entrée de la hutte, une Canarticho en larmes fusa vers moi.

— CASSIIIS !! TU ES VIVANTE !!
— … !!

Elle m'enlaça si brusquement que mes muscles hurlèrent. J'essayai tant bien que mal de me dégager de cette étreinte mortelle mais Artichtote était inamovible. Sans l'intervention miracle de Patch pour nous séparer, je crois bien que je serais vraiment morte...

— J'ai demandé du calme ! la sermonna le médecin. Un peu de retenu !
— D-Désolée ! s'aplatit la Canarticho. J-Je peux vraiment être tartiflette dès fois...
— … ce n'est rien, temporisai-je.

Je tournai la tête vers Artichtote, souriant légèrement.

— Tu es peut-être gaffeuse, mais tu sais briller quand il le faut.
— P-Pardon ? s'étonna t-elle.
— Contre Carchacrok, c'est toi qui a imaginé cette petite stratégie n'est-ce pas ? C'est grâce à toi que j'ai eu le temps de charger mon Zehnte, c'est grâce à toi que j'ai pu le vaincre.
— N-Non ! s'empourpra t-elle. J-Je n'ai fait qu'appliquer les principes de base des stratégies militaires... d-des similis de ce que j'ai lu dans des bouquins, rien de plus, je t'assure !

Je pouffai légèrement. Artichtote ne s'en rendait pas compte, mais ce qu'elle avait accompli était fabuleux. Réussir à imaginer rapidement plusieurs stratégies efficaces, à coordonner de simples villageois sans aucune expérience militaire en plusieurs équipes cohérentes, et le tout en temps de crise, ce n'était pas donné à tout le monde.

— Lors de notre rencontre, repris-je, tu m'avais bien dis être une érudite, n'est-ce pas ?
— Euh... oui ?
— Dans une guerre, le savoir est primordial pour s'emparer de la victoire. C'est l'une des bases les plus primordiales et pourtant, beaucoup l'ignorent au profit de la simple force brute.

Je n'en était pas sûre, mais je cru voir les yeux de Artichtote luire d'un curieux et intense éclat derrière ses lunettes.

— Très juste, admit elle. L'histoire est parsemée de généraux ayant été défait à cause de simples erreurs de débutant. On notera particulièrement le cas de général Hoffart le Pingoléon, l'un des fondateurs des Corsates, qui fut terrassé par un simple petit Maire Volusite, une région connu pour ses Pokémon très calculateurs. Hoffart avait tant confiance en son armée – très impressionnante en nombre il fallait l'avouer – qu'il ne prenait même plus la peine de dresser des stratégies, et forcément, ce qui devait arriver arriva... Hoffart se fit proprement balayer via d'habiles manœuvres adverses. L'exemple est certes ancien, datant de plusieurs décennies, mais nous continuons encore de répéter nos erreurs du passé. Plus récemment par exemple, on peut se référer à l'échec du siège de Cave, une ville frontière Chtonïate constamment en conflit. Tu n'es pas sans savoir que...
— Ahem !

Oui, ce n'était pas très poli de couper la parole aux autres, moi-même je détestais cela. Cependant, j'avais l'impression que Artichtote allait continuer pendant des jours si on lui en donnait l'occasion. J'avais presque oublié à quel point elle pouvait être épuisante lorsqu'elle parlait.

Au moins, elle était passionnée, je ne pouvais pas lui retirer cela.

— Gasp ! geignit Artichtote. J-Je me suis encore laissée aller, hein ?
— Oui, soupira lourdement Patch. Tu sais pourtant que c'est chiant...

Je n'osais pas le dire à voix haute ; mais je souriais intérieurement, je n'étais pas la seule penser cela !

— Dur..., se recroquevilla la pauvre Canarticho.
— Je me souviens encore de ses soirées dans la base rebelle où tu passais des heures et des heures à nous raconter tes histoires, frissonna Patch. Sans vouloir te vexer, je crois que certain avaient quitté la résistance juste pour pouvoir échapper à tes leçons historiques...
— … désolée...

Je compatissais. Déjà, sa longue tirade m'avait encore plus épuisée que mon combat contre Carchacrok. Rien que d'imaginer de subir ça pendant des jours me tétanisait.

— Cassis ? me demanda soudain une voix. Tu es réveillée ?

Nous nous retournâmes tous vers l'entrée, où un Chimpenfeu visiblement mal à l'aise venait de pointer le bout de son museau.

— … je suis venu t'annoncer que le Maire veut te voir, continua t-il.
— Elle a encore besoin de repos, annonça Patch, elle ne peut pas encore sortir du lit, dis à Affienns de patienter.
— Ce ne sera pas nécessaire, déclara calmement une autre voix. Un Maire n'a pas à se déplacer, et a fortiori s'il est blessé, pour rencontrer ses sujets.


____________________


Affienns

Je n'étais pas peu fier de mon effet, tout le monde semblait étonné de me voir. Pourtant, c'était tout à fait naturel.

— M-Monsieur le Maire ? bafouilla Artichtote. C-Ce que vous venez de dire...
— Allons, souris-je. Vous n'avez pas oublié la Loi d'Or de Iræ tout de même. En me vainquant, Carchacrok était devenu le Maire de Herz, et en le vainquant, c'est vous, chère Mysdibule, qui le devenez. C'est aussi simple que cela.
— … la loi du plus fort, maugréa Brazoro.

Je voyais bien à la mine renfrognée de Brazoro qu'il ne portait pas cette loi en son cœur, mais qu'étions-nous pour la contester ? Elle était la tradition la plus ancienne de Iræ, même les plus puissants Maires et Présidents s'y pliaient sans discuter.

— Oh ! me repris-je en me tournant vers la Mysdibule. Mais où sont mes bonnes manières ? C'est la première fois que nous nous rencontrons face à face. Je me nomme Affienns, le Mai... l'ancien Maire de Herz. Encore une fois, je tiens à vous remercier de votre aide providentiel. Sans vous, Carchacrok ferait encore sa loi à nos dépens.

La Mysdibule me toisa longuement, l'air d'analyser le moindre de mes poils, jugeant ma valeur. En dépit de sa petite taille, elle était extrêmement impressionnante, il se dégageait d'elle une telle tension que je devais rivaliser de courage pour ne pas baisser la tête.

— Enchantée, me dit-elle enfin. Je me nomme Cassis. Inutile de me remercier, je n'ai pas vaincu Carchacrok pour vous aider, mais pour détruire l'Orbe.

Ce fut à peine perceptible, mais je crus la voir détourner légèrement les yeux avant de continuer :

— … mais je dois avouer avoir été surprise, votre détermination et soif de liberté m'ont galvanisée. Ce serait plutôt à moi de vous remercier, sans votre aide je n'aurais jamais pu débarrasser le monde de cette tare.
— Et la voilà encore qui fait la modeste ! s'exclama Artichtote. Tu devrais accepter les compliments sans détours !
— … tu es mal placée pour parler, asséna Cassis.

Sans que je ne comprenne pourquoi, Artichtote s'empourpra brusquement en baragouinant qu'elle n'avait rien fait de particulier. J'étais un peu intrigué.

— Toi aussi Artichtote. Tu as été particulièrement réactive contre Carchacrok, tu as su nous diriger en un temps record, l'idée d’envoyer Brazoro, d'utiliser les Hydrocanons, les Murs Lumières et Protections afin de laisser suffisamment de temps à nos villageois sachant manier le Laser Glace de se faufiler derrière lui était brillante. Même Carchacrok n'y avait vu que du feu.
— ...hi...hihihi..., ricana Artichtote en se cachant le visage derrière ses ailes.

Je laissai s’échapper un soupir amusé. Nous avions vraiment eu de la chance que ces deux étrangères se soient arrêtées dans notre village. Et justement, en parlant d'étrangers, le troisième prit la parole.

— Et maintenant ? siffla Brazoro. Tu es la Maire désormais, quelles sont tes intentions ? Seras-tu aussi despotique que Carchacrok ?
— Braz' ! s'indigna Artichtote.
— …

La Mysdibule plongea une nouvelle fois dans ses pensées, comme si elle calculait une foule de possibilités en quelques secondes.

— Je ne vais pas passer par quatre chemin, déclara Cassis d'une voix ferme. Si je voyage à travers la région, c'est pour lever une armée.
— … une armée ? m’étonnai-je.
— Oui, car je veux conquérir le monde.


____________________

Brazoro

Avais-je bien entendu ? Était-elle folle ?

— Conquérir le monde ?! m'insurgeai-je. Parce que tu estimes que le monde est n'est qu'une chose à posséder ?
— Je n'ai pas le choix, se défendit-elle. La force est la seule manière de faire entendre sa voix en Iræ, vous en avez tous été témoin.
— La force, toujours la force ! sifflai-je. Les faibles sont condamnés à la fermer, c'est ce que tu penses, n'est-ce pas ?! Tu te sens supérieure uniquement parce que tu es plus forte que nous, n'est-ce pas ?!
— Braz' ! s'interposa Artichtote. Elle nous a sauvés, elle s'est battue pour nous !

Pfeuh. Naïve que tu étais, Artich. Les forts ne nous voyaient que comme des pions bons à être utilisés, rien d'autre. Si elle nous avait sauvés, c'était uniquement pour pouvoir nous utiliser par la suite, certainement.

— Je n'ai pas l'intention d'être une dictatrice, reprit Cassis. Mais il faut être réaliste, pour réformer un système, il faut le comprendre et savoir l'utiliser. Ce système du plus fort me plaît autant que toi, il favorise les guerres, la destruction, l'anarchie. C'est pourquoi je veux le conquérir et y rétablir l'ordre.
— … rien que ça, ne pus-je m'empêcher de ricaner. Ça va les chevilles, ou.... ?
— Je comprends que cela puisse sonner faux, continua t-elle. Mais je le répète, je ne compte pas devenir une dictatrice. Tant que tant de factions continuent de se battre, le sang continuera de planer au-dessus de nos têtes. Mon but ultime est d'unifier Iræ. Pas seule, évidemment, je veux instaurer un régime ou tout le monde pourra faire entendre sa voix, sans avoir à user de la force.
— Utopie, crachai-je.

Brusquement, je sentis Mysdibule se glacer. Elle me fixa droit dans les yeux, perçante. Elle ne m'impressionnait cependant pas, du moins, je faisais tout pour en donner l'impression.

— Une utopie ? répéta t-elle. Oui, sûrement. Mais qu'importe ? La situation ne me plaît pas, je me bats pour la changer. Je pensais que tu pourrais me comprendre, Brazoro. Je t'ai vu affronter les Carmache malgré leur force supérieure. J'ai admiré ta détermination, ton envie d'affronter la fatalité. N'était-ce que du vent ? Des paroles en l'air ? Serais-tu en réalité le genre de Pokémon à se plaindre sans cesse du système sans jamais prendre d'initiatives ?

Je serrai les dents, surpris pas le ton critique de la Mysdibule. Pour qui elle me prenait, bon sang ?!

— Je t’interdis de me traiter de lâche ! criai-je. JE suis celui qui a fondé la rébellion contre Carchacrok, alors que rien ne m'y obligeait ! J'aurais pu m'enfuir, par peur de l'adversité mais non ! Bien que je sois un étranger, j'ai décidé de rester, de faire bouger les choses !
— C'est exactement ce que je voulais savoir.
— … pardon ?

La Mysdibule bomba légèrement le torse, imposante.

— J'ai besoin de toi dans mon armée Brazoro. En arrivant dans ce village, je me suis rendu compte à quel point mon jugement pouvait se tromper. J'ai besoin d'autres points de vue, de caractères forts, voire opposés au mien, pour pouvoir avancer.
— … que...
— Je ne veux pas te forcer, tu es libre de refuser. Mais sache que j'apprécierai grandement que tu acceptes. Tu peux aussi voir ça comme une façon de me contrôler, si jamais tu trouves mes méthodes dangereuses.


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Artichtote

Je m'amusai de voir Brazoro écarquiller sans cesse des yeux. Il ne s'attendait vraiment pas à une telle proposition ! Mais moi aussi, j'étais aussi surprise de ce que j'entendais ; alors comme ça, Cassis voulait lever une armée ?

Enfin, c'était assez commun comme idée à Iræ. Beaucoup de Pokémon voulaient profiter de la Loi d'Or, la loi de plus fort, et de conquérir le maximum de territoire. Herz était un cas un peu exceptionnel car très reculés des autres villages, cependant, plus proche du centre, là où plusieurs village se côtoyaient, les tensions étaient reines.

Lorsque Cassis disait que le sang planait au-dessus de nos têtes, elle n'exagérait pas. A tout moment, un Pokémon un peu trop ambitieux pouvait pointer le bout de son nez et de prétendre au pouvoir.

Cependant, dire que tout Iræ était à feu et à sang était un peu exagéré, car quatre Pokémon étaient sortis du lot et avait su instaurer des gouvernements durables où l'on pouvait vivre plus ou moins en paix sans craindre de perdre la vie à n'importe quel instant. Ces quatre Pokémon était les quatre Présidents de région.

Goldengeld, le Président de Mercantide, un Persian avide ne vivant que pour l'argent. Esserberg, le Président de Chtonïa, un Minotaupe excentrique incapable de s'arrêter de creuser. Blutkralle l'Aligatueur, le Président de Briséan et caporal-chef des Corsates, des pirates régnant en maître sur les flots. Listlächeln, le Président de Voluse, un Crocorible malicieux et calculateur.

Quatre Pokémon très différents, mais ils étaient sans conteste les quatre maîtres de Iræ.

— Artichtote ?

La voix de Cassis me réveilla brusquement. Zut, je m'étais encore laissée aller dans mes pensées !

— Vu sa tête, s'amusa Patch. Elle était sûrement encore en train de penser à l'histoire du continent !
— Ha...haha..., ricanai-je maladroitement.
— Certaines personnes ne changeront jamais, souffla Affienns.
— Ahem !

Cassis toussota, réclamant le silence. Elle plongea ses yeux à travers de mes lunettes.

— Je disais donc, toi aussi, Artichtote, je te voudrais dans mon armée.
— M-Moi ?!
— Oui, tu as beau prétendre le contraire, tu as été incroyable contre Carchacrok. Tu l'as dis toi-même, une guerre sans stratégie est une guerre perdue. C'est pourquoi je te demande solennellement de devenir mon stratège. Ton savoir et tes capacités de réaction sont des talents essentiels qu'il me plairait d'avoir à mes côtés.
— M-Mais..j-je..c-comment dire...
— Du calme, s'adoucit Cassis. Comme pour Brazoro, je ne veux pas te forcer. Tu n'es pas obligée de me répondre maintenant, prends le temps de bien réfléchir.


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Cassis

Voilà, j'avais fait mes deux demandes. Il ne me restait plus qu'à attendre leur réponse. Je misais énormément sur eux, je ne pensais pas que je serais capable de trouver d'autres perles aussi facilement.

— Affienns.

Le Capidextre pencha le tête sur le côté, souriant.

— Inutile de vous embarrasser, j'ai déjà deviné ce que vous allez demander.

A mon tour de sourire, il n'était pas le précédent Maire pour rien.

— Mais je vous rappelle que vous êtes la Maire à présent, vous n'avez pas besoin de passer par moi.
— Les villageois vous font confiance, déclarai-je. J'ai besoin de votre légitimité.
— Euh... qu'est-ce qu'il se passe ici ? s'interloqua Artichtote.
— Je veux lever une armée, expliquai-je, et une armée a besoin de soldats.

Brazoro sursauta subitement, comprenant ce que je voulais dire.

— T-Tu ne comptes pas demander au villageois de devenir tes soldats tout de même ! Après tout ce qu'ils viennent de vivre !
— … je ne forcerai personne, répétai-je.
— Tsst, c'est ta réponse à tout, hein ?
— Je.. je ne veux pas que la tragédie se répète, je dois unir Iræ au plus vite, et pour cela, j'ai besoin de soldats.
— La tragédie ? me reprit Affienns.

Je fermai un instant les yeux, sombre.

— Vous le savez peut-être, mais je viens de l'école du Roi d'Argent. Une école d'art martiaux très connue à Iræ. Ou plutôt, qui était reconnue. Elle est désormais détruite, il n'en reste plus rien. Tout est de la faute de cet Orbe. Le même qu'avait Carchacrok. Je ne sais pas qui exactement, ni pourquoi, mais quelqu'un s'amuse à distribuer ces Orbes aux quatre coins du continent. Des Orbes qui rendent redoutable, mais aussi fous.

Je sentis mes muscles se tendre, la colère pointer en moi.

— Carchacrok n'était pas aussi fort auparavant, s'il est devenu aussi monstrueux, c'est à cause de l'Orbe. Imaginez maintenant que d'autres Pokémon mal intentionnés mettent la main sur ses artefacts maudits ! Le sang ne cessera de pleuvoir. C'est l'un des raisons pour laquelle je veux unifier le continent ; j'espère retrouver ce quelqu'un – et son organisation s'il en a une – et l'anéantir !

Mon ton devait être particulièrement impressionnant, puisque tout le monde recula d'un pas. Je toussotai, tâchant de me calmer.

— C'est aussi pourquoi il faut supprimer ce système du plus fort, remplacer la Loi d'Or. Tant que la loi substituera, toujours plus de Pokémon désireront la puissance, de plus en plus de Pokémon seront susceptibles de devenir des cibles pour cette organisation.
— … je vois, acquiesça Affienns.
— Remplacer la Loi d'Or, marmonna Artichtote. Mais pour ce faire, tu devras t'élever au même rang du Pokémon l'ayant mis en place...
— … le Kaiser, finit Brazoro.

Je hochai la tête.

Le Kaiser. Même ici à Herz, cette légende faisait parler d'elle. C'était le titre ultime de puissance, porté par celui qui avait jadis conquis tout Iræ, le Pokémon le plus puissant de l'histoire, le fondateur de la Loi d'Or. Le Kaiser avait tous les droits, personne ne pouvait le désobéir ; pour une raison simple, il était le plus fort parmi les plus forts.

Ce titre avait cependant fini par tomber dans l'oubli avec le temps ; après la disparition du seul et unique Kaiser, personne n'était qualifié à porter le poids de la légende. Qui pouvait se prétendre le plus puissant ? Même les Présidents évitaient de se battre, car ils savaient leur force plus ou moins égale. C'était pour cela qu'ils avaient fondé leur région et signé des semblants de traité de paix, pour s'assurer chacun une certaine sécurité relative.

Mais si je voulais changer le monde, changer le système, je devais me placer au-dessus de lui. Devenir la prochaine Kaiser.

— ...ha...hahaha...

Brusquement, à l'étonnement général, Brazoro ricana.

— Le Kaiser, hein ? Hé bien, je ne peux pas dire que tu manques de cran ! Alors tu es vraiment sérieuse ? Tu compte vraiment affronter chaque Maire, chaque Président, unir le continent ?
— Oui, c'est bien mon but.
— Et tu réussis à dire ça aussi impassiblement, sérieusement ?! ..ha...hahaha ! Très bien, très bien ! Ma décision est prise, j'accepte ton offre. Tu veux que je rejoigne ton armée ? Sans problème. Mais qu'on soit bien clair, si jamais je me rends compte que tu te moquais de nous, qu'en vérité tu ne te battais que pour t'accaparer un pouvoir égoïste, je serai le premier à me dresser sur ta route !
— J'y compte bien, répondis-je avec un petit sourire.
— M-Moi aussi j'accepte ! se précipita Artichtote. E-En tant que passionnée d'histoire, suivre la consécration du futur Kaiser serait encore plus beau que le plus beau de mes rêves !
— Une raison qui te ressemble bien ! ricana Patch.

Je pouffai doucement, satisfaite.

— Merci, Brazoro, Artichtote. Je ne compte pas vous décevoir, croyez-moi. Peut-être que vous me voyez comme une folle, mais je veux justement être l'une de ces folles qui font bouger les choses.

Je ne pouvais rêver de meilleur départ. Ma quête pouvait enfin commencer, ma quête pour devenir la Kaiser, et surtout ma quête de vengeance. L'école de Roi d'Argent. Mon seul et unique foyer. Qui avait été détruit par ce Pokémon infâme et cet Orbe violacé. J'espère pour lui qu'il était bien caché, car j'allais le retrouver, et lui faire comprendre la colère de Stalhblume !