Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Stalhblume de Clafoutis



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 16/02/2016 à 17:50
» Dernière mise à jour le 14/08/2016 à 18:59

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Partie 2 : L'Orbe de la calamité.
Cassis

Carchacrok était là, assis sur un fauteuil richement décoré, comme s'il m'attendait. Il devait certainement m'attendre, en fait, mon arrivée en ville ayant été assez tumultueuse.

Ce monstre draconique était vraiment imposant, même assis, il me dépassait de loin, de très loin. Ma tête arrivait juste au niveau de sa cheville, c'est dire. Ses écailles semblaient être faites d'acier, infranchissables, et je pouvais entendre ses crocs avides hurler leur désir de chair. Il avait décidément bien changé.

— Comme on se retrouve, Stalhblume, me salua-t-il de sa voix grave. Tu as bien su t'occuper de mes Carmache, je te félicite.
— Ils avaient la force, mais pas l'expérience, soupirai-je. Un mannequin d'entraînement m'aurait tout autant ralenti.
— Je crains de ne pouvoir te contredire sur ce point, mais ne soit pas trop dure avec eux, ils sont encore jeunes.

Mais mentalement, il n'avait décidément pas changé. Quand j'ai entendu qu'il avait prit d'assaut un village, cela m'avait à peine surprise. Non, cela n'avait fait qu'intensifier ma pitié à son égard.

— Alors, après tes échecs à prendre possession des régions, tu as choisi de jeter ton dévolu sur un petit hameau ? Je reconnais bien là ton courage légendaire.

Carchacrok tressaillit brusquement, la rage emplit ses petits yeux de prédateur. Je savais qu'il n'allait pas apprécier. Carchacrok avait toujours été un être désireux de pouvoir et de puissance. Dans les parties « civilisées » de Iræ, son nom avait déjà fait plus d'une fois la une dans les journaux.

Il y avait une tradition à Iræ, une règle d'or. Chaque ville était gouvernée par un seul Pokémon, le Maire, qui promulguait les lois qu'il voulait. Si quelqu'un voulait le remplacer, il suffisait simplement de le battre. C'était la loi du plus fort.

Plus loin encore, les Maires d'une même région se battaient continuellement entre eux, pour nommer le Président, l'éminence ultime d'une région, l'incarnation même du Pouvoir.

Carchacrok avait plusieurs fois tenté sa chance, contre les Présidents tout d'abord, puis contre les Maires des grandes villes, sans succès. Défaite cuisante à chaque essai. Pour sa défense, on peut dire que si les Maires des grandes villes étaient Maires et si les Présidents étaient Présidents, ce n'était pas pour rien.

— Tu t'es attaqué à Herz car tu savais qu'ils n'opposeraient pas de résistance, n'est-ce pas ?
— SILENCE ! tonna t-il. Tu ne sais rien de moi, ni de tout ce que j'ai dû traverser ! Ne me traite pas de lâche ! J'ai essayé d'avoir la puissance, je me suis battu, envers et contre tout ! Malgré les défaites qui s'accumulaient, malgré les moqueries incessantes, je n'ai jamais cessé de me battre !
— Je comprends, repris-je calmement. J'ai un moment admiré ta fougue, mais cela ne t'as pas empêché de t'attaquer à un petit hameau sans défense.
— J-Je n'avais pas le choix ! J-J'ai besoin de pouvoir ! Si m'attaquer aux grandes villes m'est impossible, alors je prendrai possession des petites !
— … et quel « pouvoir » t'a apporté cette conquête ? soupirai-je.
— Ce n'est que le début ! hurla Carchacrok. Dés que j'aurai appris à pleinement maîtriser cet artefact, je serai inarrêtable, et même Goldengeld se pliera devant moi !

Cette remarque m'arracha un petit sourire. Il n'avait décidément pas encore digéré sa défaite contre Goldengeld, le Président de Mercantide. Sa fierté de dragon avait certainement dû mal le prendre de se faire terrasser par un Persian grassouillet et pantouflard.
Mais ce n'était pas cela qui avait attiré le plus mon attention. Il avait parlé d'un artefact. Je touchais au but.

— Alors tu ne t'aies toujours pas débarrassé de cet Orbe...
— Pourquoi je le ferais ? ricana t-il. Cet Orbe est tout ce qu'il me faut ! Il me donne la force, la puissance, le pouvoir !
— … et la folie, grinçai-je amèrement.
— Je ne suis pas aussi faible que ton maître ! ria t-il. Ce n'est pas un vulgaire objet qui me fera perdre mes moyens !

Je sentis comme quelque chose se briser en moi. Et avant même que je ne m'en rende compte j'avais déjà bondi, mâchoire prête à déchiqueter. Carchacrok esquiva mon assaut furieux sans difficulté ; son fauteuil n'eut pas cette chance.

— Ne parle pas de Maître, vociférai-je.
— Je vois que j'ai touché la corde sensible, sourit-il. Pourtant je ne fais que dire la vérité.

Carchacrok dut sentir venir la fin de notre discussion, puisqu'il détruisit d'un grand coup de griffe un coffre incrusté au mur, d'où il en retira une orbe d'un violet envoûtant, presque vivant. Il la plaça au niveau de sa poitrine écarlate, où l'Orbe s'encastra carrément dans sa chair.

— Vois-tu ? continua t-il d'une voix devenue résonnante. Je reste pleinement conscient, et ma puissance ne fait qu'accroître de seconde en seconde ! Avec mon niveau de maîtrise actuel, même toi, Stalhblume, tu n'es plus une menace pour MOI !

Carchacrok balaya la pièce d'un puissant coup de Draco-Queue, deux fois ; je fus forcée de m'accrocher au plafond. Cependant, avant même que je puisse réagir, il éructa une intense Dracochoc en l'air. Toute la salle explosa, me projetant violemment à l'extérieur où je réussis néanmoins à réduire ma chute en agrippant ma mâchoire au mur d'une maison.

— Hahaha ! s'esclaffa Carchacrok. N'est-ce pas merveilleux ? Moi même je m'étonne de mes nouvelles capacités !

Le fou. Il ne s'en rendait pas encore compte, mais cet Orbe était en train de le dévorer de l'intérieur. Comme il l'avait fait avec Maître. Ce combat allait être difficile, je le savais. Raison de plus pour donner tout ce que j'avais.

Une intense enveloppe de glace enveloppa ma mâchoire. La glace était pour ainsi dire la seule chose capable de percer efficacement les écailles draconiques, je n'allais donc pas m'en priver.

Je pris appui sur le mur, et je m'élançai brutalement vers Carchacrok. Il m'attendait, tout sourire, la griffe luisante. Mais alors qu'il s'apprêtait à me frapper, je pris une nouvelle fois appui, dans le vide, et m'élevai encore plus haut. Surpris, Carchacrok ne me vit pas arriver lorsque, d'un habile salto arrière, je plantai mon énorme mâchoire glacée dans le dos.

Il poussa une terrible cri de douleur qui résonna à travers tout Herz. Avant même qu'il ne se retourne, vengeur, j'étais déjà au-dessus de lui, flottant élégamment à trois mètres de haut.

Je me satisfaisais de la surprise de mon adversaire. En y repensait, bien que je le connusse depuis longtemps, il ne m'avait jamais vraiment vu me battre.

— C-Comment ?! balbutia-il enfin.
— La Danse Magnétique, expliquai-je. Avant de te moquer de Maître, tu aurais dû te renseigner sur son école.
— Humpf ! Qu'ai-je à faire de l'école d'un faible ?!

Visiblement énervé, Carchacrok se mit à me cracher diverses projectiles de sa gueule, des Dracochocs, des Déflagrations, des Ultralasers..., inutile. Grâce à la Danse Magnétique, j'avais le plein contrôle aérien. Cependant, cette technique demandait beaucoup de maîtrise et consommait énormément d'énergie ; le revers de la médaille, en somme. Je me devais donc d'en finir rapidement.

Je profitai du léger temps de latence entre deux lasers afin de m'élancer vers mon adversaire. Dès qu'il me vit, je bifurquai violemment vers la gauche, puis la droite. L'un des enseignements du Maître, « la clef de la victoire appartient à celui qui mène le combat ».

En ne cessant de changer de direction, je forçai Carchacrok à se concentrer sur mes mouvements, alors que moi, je savais très bien où il se trouvait. Lorsqu'il me parut le plus désorienté, j'activai mes Crocs Givre et d'une fine manœuvre aérienne, je les plantai en plein dans son épaule droite. Nouveau hurlement.

— Petit moucheron ! Je vais t'écraser !

Galvanisé par une pure fureur, Carchacrok tendit ses muscles, sauta, et s'écrasa formidablement sur le sol. Il se produit un véritable cataclysme. La terre se craquela dangereusement avant de se rompre carrément, levant d'énormes Lame de Roc qui fusèrent du sol telles une pluie infinie dans un rayon de plusieurs mètres, beaucoup trop large pour être évité.

Je m'envolai le plus haut que je pusse, mais les Lame de Roc semblaient prêtes à atteindre la stratosphère. Pas moi. Plus le choix, je fus contrainte à jouer de ma mâchoire pour éclater les Lames de Roc les plus menaçantes, cependant, dès que j'en détruisais une, une autre prenait sa place. Je fus rapidement surmenée, et fatalement, l'une d'entre elle me heurta en pleine poitrine. J'étouffais mon cri.

Mais mon calvaire ne s'arrêta pas là. Une autre, puis encore une, le déluge rocheux semblait éternel. Je m’évertuai de recouvrir mon frêle corps de Mur de Fer, mais ce n'était qu'une maigre compensation comparée à la violence des lames. Et ce n'était pas vraiment malin de ma part, puisque lorsque qu'enfin, mon martyr cessa, mon corps, considérablement alourdit par mes Mur de Fer, ne fit que rendre ma chute plus douloureuse. Fichue gravité.

— C'est fini, sourit Carchacrok. Tu as eu tord de défier ma toute puissance, Stalhblume ! En te vainquant, je marque là la première étape de ma conquête de pouvoir ! Quel dommage que tu aies déjà perdu ton village...
— ….

Mon village. S'ils me voyaient à présent, ils se moqueraient bien de moi, la Maire de trois jours. J'ai sans doute été la Maire au mandat le plus court. C'était à cette époque que j'avais rencontré Carchacrok d'ailleurs, qui m'avait défié le jour même de mon investiture. Bien qu'il avait déjà l'Orbe à l'époque, je l'avais terrassé, sans même devoir user de la Danse Magnétique. C'était terrifiant de constater à quel point sa maîtrise de l'Orbe avait grandi entre-temps.

— Tu es finie, Stalhblume.

Carchacrok avançait, bombant son torse souillé par l'Orbe. En le voyant, plusieurs flash me revint en mémoire, le Maître, l'école du Roi d'Argent, mes anciens camarades, mon village... était-ce donc cela les visions que l'on avait avant de mourir ? Pourtant, je ne comptais pas m'effacer, pas avec tout ce que j'avais encore à accomplir.

Un autre enseignement du Maître, « toujours avoir une idée derrière la tête ». Une expression on ne pouvait plus explicite dans mon cas. Pendant tout ce temps où Carchacrok savourait une victoire qu'il n'avait pas encore totalement acquise, ma mâchoire chargeait silencieusement mais efficacement un Mitra-Poing. Il ne verrait rien venir.

Je comptais calmement chacun de ses pas, analysant la distance qui nous séparait à chaque fois. Il s'agissait de ne pas louper mon moment.


__________________________

Artichtote

Contrairement à l'avis de Brazoro, qui était resté à la base, j'avais finalement décidé d'aller à la recherche de Cassis. La pauvre, toute seule, contre tous ces vilains Pokémon dehors ! Je l'avais vue se battre, c'est vrai, mais les livres militaires étaient unanimes : en matière de guerre, le nombre prévaut.

Je ne savais exactement combien de Carmache arpentaient Herz mais il y en avait beaucoup. Et Cassis était seule. Si en plus, l'on rajoutait cet effrayant Carchacrok à l'équation, le résultat était sans appel : la défaite était assurée !

Profitant de ma maîtrise exceptionnelle de Hâte, j'arrivai très rapidement à la place de la mairie. J'en restais bec-bée. Le haut du bâtiment avait disparu ! Ou plutôt avait explosé ! Ce qui n'était guère mieux après seconde pensée...

Mais ce n'était pas tout ! Au centre de la place, deux formes trônaient. Une énorme, et une autre toute petite. Carchacrok et Cassis, sans doute. Je ne pouvais pas en être sûr, ma très mauvaise vue me jouant encore des tours, mais qui d'autre cela pouvait-être ?

En tout cas, la petite forme était clairement en désavantage ! Mon sang ne fit qu'un tour, je me devais de l'aider ! Toute concentrée, je me mis à faire du surplace, préparant ma plus belle Hâte. Je ne pourrais sans doute pas blesser Carchacrok, mais peut-être qu'en le cognant suffisamment fort, l'effet de surprise nous permettra de nous enfuir...


__________________________

Cassis

Brusquement, je bondis. Je pus lire l'incompréhension grandissante de mon adversaire se transformer en peur dans ses grands yeux de proie. Ma mâchoire – gonflée d'énergie ambrée – avait doublé de volume, prête à asséner le coup fatal.

— Cassis, attention !

D'un fulgurant salto avant, ma mâchoire amplifiée d'un Mitra-Poing géant balaya tout ce qui se trouvait devant moi.... c'est-à-dire, de l'air. Cette fois-ci, ce fut mon visage qui fut teinté d'incompréhension.

Malheureusement, je ne pris pas longtemps à comprendre la situation. Peu avant mon assaut mortel, Carchacrok avait été grandement décalé vers la droite, frappé de plein fouet par un petit volatile bien trop familier.

— Artichtote ?! m'étonnai-je.
— Pfiouu..., souffla t-elle en sautillant vers moi. J'arrive à temps ! Tu es folle de vouloir combattre Carchacrok, tu vas y laisser des plumes ! Alalah, je ne serai pas toujours là pour te sauver tu sais ! Vite, fuyons avant que...
— Pourquoi es-tu intervenue ? la coupai-je. J'allais le vaincre !
— Le vaincre ? Mais c'est impossible ! Même si tu es forte, tu es bien trop petite pour lui, il ne ferait qu'une bouchée de toi !

Un mal au crâne m'envahit soudain. J'essayai de temporiser. Cette nouille, n'ayant aucune expérience en combat, avait certainement cru bien faire en s'attaquant à Carchacrok. Mais quand même ! Il ne fallait pas être bien futé pour comprendre que c'était moi que menait ! Et c'était quoi encore cette histoire que je suis trop petite ?!

— ...ha...haha...HAHAHA !

Soudainement, le rire tonitruant de Carchacrok résonna à travers tout Herz.

— N'est-ce pas cocasse Stalhblume ? s'esclaffa t-il. J'avoue que tu m'as bien eu, j'ai presque vu la défaite. Je crois que je dois remercier cette petite rebelle de m'avoir sauver !
— Q-Quoi ? s'indigna Artichtote. J-Je vous ai sauvé ?!
— J'allais lui infliger un coup fatal, me plaignis-je. Mais en l'attaquant, tu l'as permis d'esquiver !
— M-Mais je ne savais pas ! se défendit le volatile à lunette. J-J'étais loin, j'ai juste vu deux formes se battre, une grande et une toute petite, alors euh... je n'ai pas réfléchi, j'ai foncé sur la plus grande et...

Pendant qu'elle se confondait en excuse, Artichtote gesticulait si stupidement que cela en était presque comique. J'aurais bien ri, si la situation n'était pas si critique.

J'avais vraiment usé toute mon énergie restante pour former ce Mitra-Poing géant. Une énergie gâchée. Le contrecoup de la Danse Magnétique s'ajouta à cette perte malheureuse, me forçant à poser un genou à terre.

— Tu as perdu, Stalhblume, conclut narquoisement Carchacrok.


***

Au moins, Carchacrok avait fait l'honneur de ne pas me tuer. Au lieu de ça, il avait enchaîné ma mâchoire, avait ancré mes jambes au sol par deux lourds boulets et il m'avait envoyé aux plantations de baies du village où j'y fus forcée de suer sang et eau à cueillir des fruits à longueur de journée.

Artichtote aussi avait été capturée. Elle évitait de croiser mon regard, et à raison. C'était principalement de sa faute si j'avais échoué et que je me retrouvais dans cette situation.

Je n'avais pas prévu une telle tournure de scénario et je devais avouer être un peu perdue désormais. Carchacrok était bien plus coriace que lors de notre première rencontre. Auparavant, je l'avais vaincu d'un seul coup de Crocs Givre, or, dans notre récent combat, il en avait encaissé deux. Il avait souffert, certainement, mais il était loin d'avoir mordu la poussière. Sa puissance devait égaler celle d'un vrai Maire à présent.

Si je voulais le vaincre, il fallait vraiment que j'exploite au maximum tous les enseignements de Maître.

En fait, je pouvais facilement me libérer. Ces chaînes et ces boulets n'étaient rien pour moi. Cependant, j'attendais le bon moment, et surtout, j'essayais d'analyser ma défaite en détail. Oui, c'était Artichtote qui m'avait fait défaut. Mais ce n'était pas tout. J'aurais dû maîtriser Carchacrok jusqu'à la fin du combat et ne pas l'avoir laisser me pousser dans mes derniers retranchements.

Carchacrok n'était rien face à mes prochains adversaires ; si je n'étais pas capable de le terrasser les yeux fermés, je ferais mieux d'abandonner mon périple dès maintenant et de me satisfaire de ma vie d'esclave.

Non, il me manquait quelque chose, quelque chose d'essentiel, mais malheureusement, je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.

Trois heures après le coucher du soleil, nos geôliers – des Carmache, évidement – nous jetaient dans un cachot commun, creusé à l'extérieur du village. Je pouvais lire la fatigue et la résignation sur le visage de mes compagnons de cellules.

Adossé au mur, un Capidextre borgne tentait vainement de s'endormir, sans cesse réveillé par sa blessure à la patte. Non loin, un Pachirusu était parcouru de légers spasmes, pendant qu'une famille de Ponchien essayait de vaincre la fraîcheur glaciale de la nuit en se collant l'un aux autres, sans succès.

Je soupirai. Carchacrok avait vraiment détruit ce village. Un village qui devait sûrement vivre dans ses traditions, en paix, loin de tout... comme le mien. La révolte gronda en moi. Je savais ce que l'on pouvait ressentir, lorsque l'on voyait son foyer se faire détruire devant ses yeux. Je l'avais vécu. J'avais vu mon village brûler. J'ai connu cette impuissance. Que cette tragédie se déroule une seconde fois, alors que j'étais présente, était impensable.

— Hem...

Une petite voix faiblarde m'interpella. Je levai les yeux, bien que j'avais déjà deviné l'identité de mon interlocutrice.

— Artichtote, soupirai-je.
— D-Désolée ! s’aplatit elle. J-Je pensais vraiment t'aider, je te jure !

Je n'avais même pas envie de lui répondre, tant elle paraissait pathétique.

— Ce n'est rien, lâchai-je finalement sans vraiment le penser.
— T-Tu m'en veux, hein ?

Ce qui était certain, c'était que je ne la portais pas dans mon cœur à présent.

— C'est du passé, seul le présent m'intéresse, tentai-je de philosopher.
— En tout cas, reprit Artichtote, si tu as besoin de quelque chose, je suis là ! Je ferais tout pour me faire pardonner !

Je restais silencieuse, en me forçant de déglacer mon visage et de lui adresser un petit sourire. Peut-être aurais-je dû m'abstenir, car – sans que je ne comprisse pourquoi – la Canarticho à lunette le prit comme une invitation à s’asseoir à côté de moi.

— Je me demande comment va Braz'..., souffla t-elle entre deux respirations.

Braz' ? … ah. Ce Chimpeufeu malotru. C'était quoi son nom complet encore ? Brazéro ? Quelque chose du genre. Il était le dernier rebelle, si je ne m'abusais. Il ne tiendrait pas longtemps. Un guerrier expérimenté pouvait sentir les compétences d'un autre, et ce singe était tout simplement faible, ni plus ni moins. Il n'aurait pas la moindre chance contre un seul Carmache !