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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 16/02/2016 à 17:47
» Dernière mise à jour le 14/08/2016 à 18:57

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Prologue : Stalhblume – Partie 1 : En plein Herz.
Cassis

Épuisée, les pattes endolories par une longue marche éreintante, le corps affaibli par une pernicieuse faim, martyrisée par le soleil de plomb, j'arrivai. Méfiante, j'analysai les alentours ; un village désert, en apparence. Cependant, je n'étais pas dupe, des dizaines de vigiles devaient certainement m'avoir déjà aperçue arriver, et devaient être en train de m'observer attentivement. Mais je n'en n'avais cure, je continuai d'avancer, en dépit de mes pattes qui me suppliaient de m'arrêter.

Herz était un petit hameau calme, prédestiné à n'avoir aucune histoire particulière. Situé en plein nord-ouest d'Iræ, entouré d'un désert peu accueillant, peu étaient ceux qui en connaissant ne serait-ce que le nom. Pourtant, cet éloignement de la « civilisation » arrangeait bien certains. Dont moi.

Les lieux loin des yeux étaient les plus adéquats au commencement des grands bouleversements, des grandes rébellions. Car oui, je voulais me rebeller, combattre le gouvernement, commencer la guerre.

Mes ennemis étaient nombreux et effrayants. Iræ était un continent fort conséquent, divisé en plusieurs factions toutes aussi puissantes que différentes. Des ennemis terribles, dont la force militaire dépassait largement la mienne. C'était pour cela que j'avais choisi de me retirer, pour l'instant, et de fonder ma propre armée, une armée invincible, avec laquelle je pourrais purger le mal rongeant le continent.
Soudainement, une voix tonna de nulle part, me sortant de mes pensées.

— Halte-là !

Je m'arrêtai.

— Qui êtes-vous ? Quelles sont vos intentions ?
— Libérer ce village.

J'omis volontairement la première question, je n'étais pas là par courtoisie. Seul mon objectif importait, et je ne comptais pas le cacher.

Je me trouvais actuellement en plein centre d'une place déserte. La place du village, sûrement, vu sa largeur et la petite fontaine trônant en son milieu. Je ne voyais pas mes interlocuteurs, sans doute cachés derrière les rustiques façades de pierre.

Un long moment de flottement suivi ma déclaration, moment où les vigiles devaient sans doute se demander quelle marche suivre à présent. Bien que la réponse soit évidente.

Un Carmache bondit soudainement de nulle part, griffes en avant. Je restai immobile, même si le léger mouvement de mon énorme mâchoire ébène aux crocs d'acier trahissait mes intentions.

— Attention !!

Brusquement, alors que le Carmache allait faire mouche, une petite forme volatile fonça ridiculement vite sur moi, m'attrapa par la main et me força à la suivre à travers les ruelles du village. Trop étonnée pour me défendre, je me laissai faire, surtout que mon instinct ne distinguait aucune hostilité dans cette soudaine intervention.

Le petit volatile connaissait visiblement bien Herz, puisqu'il empruntait nombres de couloirs obscurs sans la moindre difficulté. Sûrement un habitant du village. Il s'arrêta brusquement à l'ombre d'un grand bâtiment de pierre, bien à l'abri des regards, essoufflé.

— Pfiouu...Heureusement que je passais par là ! Un peu plus et ces affreux jojos vous auraient réduite en bouillie ! Je ne sais pas qui vous êtes, mais provoquer les Carmache n'était vraiment pas une bonne idée, ah ça non !
— J'aurais pu les vaincre.

Toujours aussi impassible, je toisai la petite forme ailée qui m'avait « secouru ». C'était sans nul doute un Canarticho, bien qu'il porte des petites lunettes rondes au-dessus de son bec, et étrangement, il n'avait pas de poireau.

— C'est ce qu'ils disent tous, soupira le Canarticho. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de Pokémon qui ont essayé de se rebeller contre le régime de Carchacrok ici ! Et à chaque fois, le résultat est sans appel : ils ont tous servi d'engrais aux plantations ! Mais j'y pense, je ne vous ai jamais vue ici. Vous êtes une voyageuse ?
— Effectivement, répondis-je simplement. Je suis une vagabonde.
— Oh ! s'étonna le Canarticho. Voilà qui est bien mystérieux dites donc ! Oh ! Mais où sont mes bonnes manières ? Je papote, je papote, mais je ne me présente pas ! Je me nomme Artichtote, une simple Canarticho érudite. Je conçois que cela puisse être un peu difficile à prononcer, alors vous pouvez simplement m'appeler Artich !

Quelle pipelette. Cette « Artichtote » possédait un débit de parole assez impressionnant vu sa taille. Mine de rien, plus je restais à l'écouter papoter, plus je perdais de mon temps. Il serait tout de même impoli de partir sans rien dire, surtout qu'elle pensait sûrement m'aider. Le courage était une qualité suffisamment rare pour ne pas être dénigrée.

— Je me nomme Cassis et …
— Cassis ? me coupa effrontément Artichtote. Un drôle de nom pour une Mysdibule ! D'ailleurs, ce n'est pas très commun de voir des Mysdibule ici. Le dernier recensement de la Guilde témoigne que 53% de la population de Mysdibule de Iræ résideraient à principalement à Chtonïa, tandis que le reste serait parsemé entre Mercantide et Voluse , soit complètement à l'opposé d'ici !

« Elle est chiante », pensai-je immédiatement. Je n'avais pas l'habitude d'être insultante envers autrui, mais je pouvais assurer que je n'avais jamais eu une impression aussi néfaste d'un Pokémon au premier abord. Elle me donnait déjà mal à la tête.

— Écoutez, tentai-je de me dégager de ce mauvais pas. Je ne suis pas taillée du bois de la défaite, contrairement à ceux ayant échoués avant moi. Je suis venue ici...
— Ils sont là ! Entourez-les ! me coupa une nouvelle fois une voix draconique.

Je me pinçai les lèvres, irritée. C'était une tradition ici de couper les gens alors qu'ils tentaient de prendre la parole ?! Il n'y avait rien de plus irrespectueux. La parole était le don qui permettait à chacun de faire valoir son individualité, elle était sacrée. Tous ceux qui y portaient préjudice ne méritaient aucune pitié !

— Hiiii ! paniqua Artichtote. Les C-C-Carmache sont là ! C-Comment nous ont-ils retrouvées aussi vite ?!

« Peut-être en suivant ton insupportable voix criarde que tu débites depuis dix minutes », me retins-je d'asséner. Mais je devais peut-être la remercier pour ce coup-ci, au moins, les Carmache venaient à moi, sans que je n'avais à bouger le petit doigt.

— Ne faites pas un geste ! prévint un Carmache. Suivez-nous sans faire d'histoire ! Le grand Carchacrok discutera de votre cas !
— D-D'accord ! capitula immédiatement Artichtote. V-Viens Cassis, ne fais pas d'histoire, ils sont beaucoup trop nombreux et nous sommes cernés !
— Je refuse.

Je sentis Artichtote faire un semblant d'arrêt cardiaque derrière moi. Je n'allais pas me faire dicter ma loi par une bande de dragons. Je jugeai mes adversaires des yeux, huit Carmache, probablement bien entraînés.

— Voyez vous ça ! ricana l'un des dragons. Malheureusement pour vous étrangère, c'est la loi ici. Tout contrevenant à l'ordre public doit être amené de gré ou de force au Grand Carchacrok !
— J'entends bien, répliquai-je. Amenez-moi devant lui… si vous en êtes capables.

Ma provocation ne parut pas leur plaire. Sans doute que ces dictateurs en herbe n'étaient plus habitués aux contestations. Un Carmache bondit sur moi, les griffes luisantes. Le fou. Dès qu'il fut à quelques centimètres de moi, ma mâchoire factice le heurta violemment, telle une lourde masse, et l'envoya s'encastrer contre un mur.

— Qu...

Mes adversaires reculèrent tous d'un pas, pendant que ma mâchoire d'acier – comme si elle était animée de vie – dévoilait ses crocs menaçants.

— Tu l'as f-frappé ! fondit presque Artichtote. C-C'est fini... haha... ils vont tous nous tomber dessus...
— Neutralisez-la !!

Les sept autres Carmache s'élancèrent, pensant me prendre en tenaille. Je sautai au dernier moment, les prenant par surprise. Puis, une fois arrivée à bonne hauteur, je me mis à tournoyer verticalement sur moi-même, avant de me fracasser au sol, pile à l'endroit où les Carmache m'observaient, ébahis.

L'impact tonitruant fissura la terre et provoqua une onde de choc qui fit voler mes adversaires. Sans leur laisser le moindre temps de répit, ma mâchoire d'acier happa trois d'entre eux d'un seul coup et les projeta avec force sur les autres.

Je contemplais mon œuvre, mes huit adversaires étaient au sol, momentanément hors combat. J'aurais pu les achever, mais ce n'était pas mon genre. Frapper un adversaire au sol était contraire aux enseignements du Maître.

Brusquement, je sentis mon genou défaillir. La fatigue de ma longue traversée commençait à se faire cruellement ressentir ; j'avais peut-être trop forcé dans mon récent combat. Je devais trouver un endroit où me reposer avant d'aller affronter Carchacrok.

— Connais-tu un endroit sûr ? demandai-je à Artichtote.

Cette dernière acquiesça rapidement, intimidée. Elle était bien plus agréable lorsqu'elle ne parlait pas. Et si elle pouvait effectivement me trouver un abri, elle prouverait en plus son utilité.


***


Artichtote me conduisit encore plus profondément dans les ruelles de Herz, avant de s'arrêter devant une petite hutte de pierre. Je m'étonnai de voir une pareille construction ici, presque à l'extérieur du village, à l'ombre de deux grands bâtiments. Ce n'était certainement pas le premier endroit où l'on penserait chercher une maison.

La hutte en question était vide, au premier abord du moins. Artichtote souleva un tapis de feuilles, dévoilant une trappe, qui menait à une échelle. Artichtote m'invita à la suivre. Je m'exécutai, intriguée.

— Bienvenue dans la base de la rébellion ! proclama soudainement Artichtote une fois arrivée à terre. Fais comme chez toi, bien que nous n'ayons pas vraiment le grand luxe !

Je devais m'avouer surprise, une base rebelle ? Pourtant, cette Artichtote n'avait rien d'une rebelle, au contraire, elle avait été la première à capituler face aux Carmache. Cependant, elle s'était bel et bien interposée entre les dragons et moi à notre première rencontre ; j'imagine qu'elle devait bien avoir des caractéristiques rebelles en elle.

Cette « base » comme elle l'appelait ressemblait plus à un tunnel creusé à la va-vite. Les parois étaient encore terreuses et peu stables, je me décidai de ne pas faire le moindre geste brusque, de peur de provoquer l'affaissement de la grotte.

La base était éclairée par deux torches, astucieusement incrustées au mur, ce qui me permit de distinguer des couvertures au fin fond de la grotte et un autre Pokémon qui n'avait cessé de me toiser depuis mon arrivée.

— Hé Artich, grogna t-il, c'est qui celle-là ?
— Une nouvelle alliée ! s'enjoua la Canarticho. Tu aurais dû la voir se battre, elle est incroyable !
— Mmmh...

Le Pokémon, un Chimpenfeu, s'approcha de moi, méfiant.

— Alors comme ça, tu sais te battre petite ? J'aimerais bien tester ça...

Ce Chimpenfeu m'insupportait déjà. Typiquement le genre de Pokémon à prendre les autres de haut, tout ça parce qu'il était plus grand qu'eux ! Je n'avais jamais demandé à naître petite, c'était là la marque de mon espèce et en plus, comme je n'ai pas d'évolution, je suis condamné à rester aussi rabougrie toute ma vie ! Il aurait bien moins fait le malin, ce Chimpenfeu, s'il était encore un minuscule Ouisticram, non mais !

— Ce n'est pas le moment ! intervint de justesse Artichtote avant que je ne perdisse mon calme. Ne la fait pas fuir Braz, tu sais très bien que toute aide nous est précieuse !
— … humpf. Mouais, plissa le Chimpenfeu des yeux avant de se retourner vers moi. Je me nomme Brazoro, enchanté. Mes amis m'appellent Braz, mais... nous ne sommes pas amis.
— Je me nomme Cassis et… je tâcherai de m'en souvenir, répondis-je le plus calmement que je le pouvais.

Il ne me considérait pas comme une amie très bien. Moi non plus. Je décidai d'ignorer cet insupportable énergumène et de me concentrer sur l'étude du lieu... bien que dans les faits, il n'y avait rien de plus à détailler. C'était une grotte avec des couvertures posées au fond, et quelques barils disposés contre les murs, point.

— Vous m'aviez bien dit que c'était une base rebelle ? voulus-je confirmer.
— Affirmatif ! s'exclama Artichtote.
— Et où sont les autres ?

Artichtote se gratta la tête, gênée. Je me doutai un peu de la réponse.

— Vous n'êtes que deux, n'est-ce pas ?
— ...ha..haha..., ria maladroitement la Canarticho. O-Oui, enfin... avant on était un peu plus nombreux, mais après de cuisantes défaites contre Carchacrok, beaucoup ont déserté, préférant certes rester en dictature, mais surtout rester vivant...
— Des lâches ! grogna Brazoro. Qu'ils aillent tous crever aux champs !

Ce Chimpenfeu me faisait bien rire, à grogner à tout va, bien au chaud dans sa grotte. Il n'avait pas l'air bien fort, aussi, c'était à se demander s'il avait déjà combattu. Carchacrok était effectivement une menace à prendre en considération, une menace que peu de campagnards pouvaient prétendre affronter et vaincre. Je ne pouvais blâmer ceux qui abandonnaient un combat perdu d'avance.

— J'aimerai un rapport détaillé de la situation, demandai-je à Artichtote. Tout ce qui pourrait m'être utile.
— Euh... hésita t-elle, hé bien c'est assez simple. Herz était un petit village paisible, sans histoire, nous cultivons au nord suffisamment de baies pour nourrir toute la population. Comme ça, nous n'avions pas besoin de l'aide des grandes régions, ce qui faisait de Herz un village pleinement indépendant.
Malheureusement, cette indépendance aura été notre principale défaut. Un jour, ce Carchacrok est arrivé de nulle part, il a vaincu le Maire, s'autoproclamant chef suprême ! Nous avions bien sûr tenté de nous rebeller, sans succès. Il était bien trop fort. Nous avons secrètement envoyé des demandes d'aides à travers le pays, mais toujours rien, sans doute étions-nous trop insignifiants pour eux.
Depuis, Carchacrok siège à la mairie, d'où il envoie ses troupes de Carmache nous surveiller H24. Le village a pratiquement été réduit en esclavage, forcé à travailler d’arrache-pied aux champs de baies pour satisfaire l'estomac du dictateur !

C'était donc pour cela que le village était désert, les villageois étaient confinés aux champs. Il était temps que j'intervienne et que je me paye une petite visite chez ce Carchacrok.

— Je vois, acquiesçai-je. Et avez vous un plan pour reprendre le pouvoir ?
— Bien sûr ! éructa Brazoro. Nous allons défoncer Carchacrok et reprendre le village !
— Et pourquoi vous ne l'aviez pas encore fait ? répliquai-je en sachant très bien la réponse.
— … ! H-Hé bien...
— Parce qu'il est trop fort pour vous, conclus-je.

Ma conclusion fit hisser les poils de mon singe d'interlocuteur. Cependant, il ne dit rien de plus, sachant que j'avais raison. En y repensant, ma demande première était maladroite ; s'ils avaient un plan, le village ne serait plus dans cet état depuis bien longtemps.

— Cet endroit est sûr, n'est-ce pas ?
— Absolument ! confirma Artichtote. Du moins, pour l'instant. Carchacrok sait qu'il reste des rebelles ici, et il fait tout pour nous retrouver, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne débusque notre repère.

Juste ce que je voulais savoir. Je brûlais d'envie de combattre Carchacrok, mais dans mon état actuel – après une traversée du désert et un combat éclair contre huit Carmache – je ne pouvais pas faire grand chose. Il fallait que je me repose.

— Puis-je emprunter une couche ?
— ...euh... oui ?
— Très bien.

J'acquiesçai une nouvelle fois, avant de me diriger vers le fin de la grotte. Et sous le regard interrogateur de mes deux hôtes, je me plongeai dans un sommeil réparateur.


***


Deux heures plus tard, je sortis enfin de ma torpeur. Pour moi, qui était entraînée dans de dures conditions, c'était le temps maximum nécessaire pour retrouver pleinement possession de mes forces.
Artichtote et Brazoro étaient encore là – où pouvaient-ils bien aller de toute façon ? Le petit volatile lisait un livre, pendant que le singe jouait avec une pomme qu'il croquait à l'occasion.

Je me dirigeai vers l'escalier menant à la surface, sans un mot. Je comptai affronter Carchacrok. Seule, cela allait de soit. Artichtote et Brazoro étaient bien trop faibles pour pouvoir m'aider.

— Tu vas où toi ? me lança soudainement le Chimpenfeu.
— Combattre votre tyran, lâchai-je sans m'arrêter.
— Pardon ?! sursauta Artichtote en faisant tomber son bouquin. Euh je veux dire... bien dormi ? N-Non, ce n'est pas ça ! Euh... c'est de la folie !
— Je suis venue pour ça, insistai-je.

Je grimpai à l'échelle, et arrivai à nouveau dans la hutte de pierre. J'entendais toujours les protestations des deux rebelles en herbe, mais je ne les écoutais plus. Je n'avais pas besoin de boulet, ma tâche s’avérait déjà suffisamment ardue comme ça.

Au moins, aucun d'eux ne me suivit, c'était une bonne nouvelle. Dans le cas contraire, j'aurai été contrainte de les mettre K-O et donc de perdre ma précieuse énergie inutilement. J'étais bien sûr reconnaissante envers Artichtote de m'avoir hébergée et de m'avoir épargnée la peine de devoir chercher moi-même un lieu sûr. Mais sa contribution s'arrêtait là, chacun avait son rôle, et devait prendre garde à ne pas en dépasser les limites.

Grâce à cette Canarticho, je savais aussi où se terrait mon ennemi : à la mairie. Je ne connaissais pas les lieux, mais je doutais avoir du mal à trouver l'endroit. Déjà, je me servis de ma mémoire pour retrouver mon chemin à travers le ruelles et de retourner à la place du village. Un exercice de routine, l'orientation était une discipline de base que chaque apprenti devait maîtriser pleinement.

Ensuite, trouver la mairie. Sans doute le bâtiment le plus imposant du village. Je le repérai en un clin d’œil, il surplombait tout Herz. Il était vraiment gigantesque. Bien que mon avis n'était clairement pas réaliste : tout me paraissait ridiculement grand du haut de mes 58 centimètres. Fichue taille de Flabébé, si seulement j'étais un peu plus grande, plus de gens me prendraient au sérieux...

Je sentais des dizaines de regard pointés sur moi, dans l'ombre. Sûrement des Carmache hésitant à intervenir; sans doute avaient-ils eu vent de mon combat contre leurs semblables. Cela m’arrangeait.

Le bâtiment que je supposais être la mairie était gardé par deux Carmache, droits comme des I. A ma vue, ils s’avancèrent d'un pas, méfiant.

— Qui êtes-vous ?!
— Laissez moi passer, déclarai-je, je veux rencontrer Carchacrok.

Les deux dragons se regardèrent, interloqués. Ils ne devaient pas s'attendre à ça. Ils se mirent à se concerter. Cependant, je n'avais pas le temps d'attendre leur réponse, je voulais entrer, point.

Après les avoir proprement mis K-O, je pénétrai enfin dans cette fameuse mairie. Je pestai en voyant la grandeur de l'escalier. Les petits Pokémon non-volant étaient décidément bien désavantagés dans ce monde. Injustice ! Le pire, c'était que même la première marche était plus grande que mes pattes.

— Mmh...

Heureusement, j'étais plus futée que je pouvais en avoir l'air. Après avoir prit un petit appui au sol, je m'élançai dans les airs. Ma mâchoire d'acier s'ancra fortement dans le mur de pierre, me donnant un autre point d’appui à partir duquel je bondis de nouveau vers le mur opposé, où ma mâchoire s'agrippa une nouvelle fois.

Cette technique était fort utile pour escalader rapidement en dépit de ma fichue taille, cependant, elle avait pour défaut d'endommager quelque peu les murs que j'utilisais comme point d'appui. Enfin, Carchacrok me pardonnerait sûrement d'avoir profané son domaine.

J'arrivai donc sans encombre au plus au niveau de la mairie, là où devait certainement se trouver mon ennemi. Mais avant, je devais me débarrasser de l'essaim de Carmache déboulant vers moi. Apparemment, ma petite grimpette n'était pas passée inaperçue. Il fallait dire que je n'était pas très discrète, planter ma mâchoire d'acier dans un mur sans faire de bruit relevait de l'impossible.

Une bonne dizaine de dragons grimpait à toute vitesse les escaliers. Sauf que moi, j'étais en haut. Je les observais avec un petit sourire. Pour la première fois, je pouvais les prendre de haut, pour la première fois, ils me paraissaient touts petits. Et non, le premier qui me dit que je fais un complexe sur ma taille, il se prend ma mâchoire dans le cubitus !

Dans le cas présent, ma mâchoire, elle, alla se planter dans l'escalier. Je vis l'effroi dans les yeux des Carmache. D'un geste brusque, ma mâchoire brisa complètement l'édifice et l'escalier s’effondra progressivement jusqu'à devenir poussière, emportant avec lui les dragons impuissants. Satisfaite de mon œuvre, j'éclatai d'un coup de mâchoire la porte me séparant du trône de Carchacrok, certaine que personne n'allait me déranger.