Chapitre 66 : Une étrange récompense
Chapitre 66 : Une étrange récompense
« C'est étrange que j'ai à me déplacer à la base principale de la Team Univers. »
« Que veux-tu que je te dise, Parixel ? Le grand patron a décidé de te récompenser personnellement pour la capture de Ryusuke et du projet Alpha. Tu devrais être plutôt content, n'est-ce pas ? Avec une place de libre en plus ... »
« Je sais bien, Riko, c'est juste que je l'ai jamais vu ce grand patron, malgré les années auparavant. Je ne sais même pas à quoi m'attendre. »
Pour toute réponse, il a un sourire de Riko mais celui-ci reste assez énigmatique. Bref, ce n'est pas son problème et sur le chemin, il songe plutôt à son avenir dans la Trinité. Maintenant qu'Azyr est mort, il est vrai qu'il y a une place en « plus ». Ou plutôt, une place disponible, ce qui est tout aussi bon pour lui.
« Ah … Tu sais au moins à quoi il ressemble, Riko ? »
« Je suis peut-être l'un des rares à l'avoir rencontré … et toi aussi, maintenant. C'est une occasion unique, hahaha. Tu verras, tu seras surpris. »
Surpris dans quel sens ? C'est vrai que Riko a une case en moins. Ce n'est pas la première fois qu'il le pense mais par rapport à la Team Univers, cette dernière est tout pour lui. A partir de là, il ne le voit pas l'emmener dans un guet-apens. De plus, il a suivi les consignes et les ordres, autant dire qu'il n'a rien à craindre … normalement, hein ?
Hum … La base principale de la Team Univers est enfin à portée de vue. Il faut dire qu'il est difficile de l'ignorer si on passe outre les différentes barrières illusoires pour empêcher quiconque de l'apercevoir, même par un coup de chance.
« Tu connais le chemin ou tu veux que je t'accompagne ? »
« Ca ira, Riko. Merci pour le chemin. Je te laisse retourner auprès de votre proie ? »
Pour toute réponse, voilà que l'homme fait un sourire à Parixel. Encore un sourire qu'il n'apprécie que moyennement. Comment pourrait-il apprécier ça ? Humpf … Mais bon, voilà que les soldats de la Team Univers le regardent bizarrement tout en le laissant passer. Bon, ils ont eut les consignes, n'est-ce pas ?
« Vous êtes Parixel ? Suivez-nous. On vous y emmène. »
« La Team Univers est à ce point méfiante malgré le joli cadeau que je lui ait ramené ? »
« Question de sécurité, on ne voudrait pas que cela … dégénère. »
Dégénérer ? Et pourquoi cela ? Il n'est pas stupide au point de provoquer délibérément la Team Univers et encore moins leur chef absolu. Mais bon, il finit par se trouver à une simple porte en bois, de l'autre côté … il y a finalement celui qui dirige la Team Univers hein ?
« Rentrez donc, messire Parixel. Je vous attendais. »
Sans même avoir toqué à la porte ? Hum … D'accord. Il pénétra à l'intérieur de la pièce, celle-ci étant décorée mais sans plus. Un boss qui reste sobre, malgré les apparences et aussi sa position dans le monde, c'est plutôt pas mal. Un boss qui lui tourne le dos dans son fauteuil. Ah là, ça fait plus méchant de film.
« Vous vouliez me voir, c'est bien ça ? »
« Allons … Nous ne sommes pas à l'école où un professeur appelle un élève dans son bureau. Nous valons bien mieux que ça, non ? »
La voix est presque amusée par la réaction de Parixel. Celui-ci reste immobile. Vu qu'il s'agit du boss de la Team Univers, autant ne pas chercher à faire trop d'impression, surtout si elles finissent par être mauvaises.
« Que me vouliez-vous exactement alors, boss ? Enfin ex-boss et peut-être futur boss ? »
« La question de savoir si tu retournes dans la Team Univers ne devrait même pas se poser, Parixel. Tu as répondu tout de suite à l'appel quand nous avions besoin de toi, félicitations. »
« De rien. Je ne faisais que mon travail. Mon départ de la Team Univers était à cause de raisons … plus personnelles, comme vous le savez. »
« Il est vrai que la perte de ton poste à la Trinité à l'époque t'avais fortement déplu. Néanmoins, tu as signalé que tu préférais prendre sur toi et qu'alors, il valait mieux pour toi que tu quittes la Team Univers tout en restant en contact avec nous. »
« Je ne suis pas stupide au point de croire que l'on peut partir sans aucune incidence. Je comptais revenir un … jour ou l'autre. »
« Plus d'une décennie, cela fait beaucoup de jours, tu ne crois pas, Parixel ? Néanmoins, il vaut mieux tard que jamais. Nous sommes d'accord à ce sujet. »
Finalement, le fauteuil se retourna pour laisser paraître un homme d'une trentaine d'années. Seulement des cheveux blancs et un œil bleu visible, une mèche de cheveux cachant l'autre. Hum … Il n'y avait pas un petit problème ?
« Comment pouvez-vous être aussi jeune ? »
« Oh ? Tout de suite les questions qui fâchent, n'est-ce pas ? Tu vois, Parixel, tu as été très malin, toujours très malin. Encore plus que certains de nos scientifiques. Être intelligent ne fait pas devenir malin une même personne. »
« Merci bien pour ce compliment mais … cela ne répond pas à ma question. » continue Parixel. Il en est maintenant convaincu. Sa venue devant le chef de la Team Univers n'a rien de normal. S'il lui permet de le voir alors qu'il y a un souci avec son âge, c'est que … Il veut lui avouer quelque chose, lui dire la vérité ou … simplement se débarrasser de lui. Néanmoins, pour le moment, il vaut mieux rester sur ses gardes et ne rien dire.
« C'est exact, il y a bien un souci avec mon âge mais est-ce vraiment un problème ? »
« Non non, je ne vouais pas vous offenser, loin de là. »
« Il n'y a aucune offense, ne t'en fait donc pas, Parixel. Néanmoins, comme signalé, je vais te récompenser … mais d'une meilleure chose que le simple fait d'être un membre de la Trinité. N'importe qui, avec de la ténacité et des efforts, peut en devenir un membre. »
L'homme en face de Parixel a fini par se lever, sourire toujours aux lèvres alors que l'homme en costard blanc se dirige vers lui, reprenant la parole :
« Beaucoup mieux, tellement mieux pour tous et pour toutes. Je ne comprends pas pourquoi si peu de personnes sont en accord avec cela. »
« Et qu'est-ce donc que cette offre si unique que chacun devrait avoir et que pourtant aucun ne vient prendre dans la Team Univers ? »
« Un petit cadeau de ma part, Parixel. Le retour de Ryusuke et de cette chère Kirlia est vraiment problématique. Surtout depuis le moment où Ryusuke a rencontré cette jeune demoiselle dans son lycée. Je veux que tu ailles le tuer … Et pour ça, rien de mieux que de montrer l'étendue de la puissance du Berserk. Bonne chance. »
Qu'est-ce que … L'homme s'est déplacé à une vitesse telle qu'il ne l'a pas remarqué. Une seringue s'insère dans le cou de Parixel, un liquide noire s'insinuant dans son être qui commence à être parcouru par de nombreux soubresauts.
« Ton unique mission va être de me ramener le cadavre de Ryusuke. Tu feras d'une pierre, deux coups. Je lui apprendrais ce qu'il en coûte de se frotter à moi … même à distance. »
« C'est … C'est quoi ce que … vous ... »
« Un cadeau, ne l'ai-je pas déjà dit ? Il s'agit du Virus Berserk. Je pense que tu es déjà au courant de ses effets, je n'ai donc pas besoin de me répéter à ce sujet. Ne t'en fait donc pas, tu vas ressentir une terrible puissance t'envahir. Laisses-toi donc être dévoré par celle-ci, ça sera beaucoup plus simple. Et tu te rappelles ce que je t'ai dit ? »
« J… Jamais … Je n'ai pas besoin de ça ! »
« Trop tard. Mais tu sembles avoir une forte volonté. Quoi de mieux que cela pour la briser ? Disparais de mon champ de vision, je t'ai assez vu. »
Le corps de Parixel s'enfonce dans le sol avant de disparaître devant les yeux du chef de la Team Univers. Celui-ci ne semble guère s'en inquiéter, retournant à son fauteuil comme si de rien n'était. Un sourire parcoure ses lèvres avant qu'il ne dise :
« Ce virus Alpha fait du bien de retourner chez nous. Il sera parfait pour lutter contre ta présence. Je ne te laisserais pas entraver mes projets. »
Tout n'est qu'une question de coïncidence mais il n'aime pas ces dernières, il n'a jamais aimé les coïncidences. Ce sont des notions qu'il déteste par-dessus tout, qui donnent du crédit à des manipulations par des êtres bien plus puissants que le commun des mortels.
« Par où est-ce que je peux commencer ? Oh et puis zut, allons-y directement. Qu'est-ce que tu sais exactement du virus Berserk, Ryusuke ? »
« A part le fait qu'il soit responsable de la mort … du principal … rien de spécial. »
« Hum et aussi celle de pokémon d'Azyr mais bon, ce n'est pas vraiment le sujet, je dois avouer. Mais bref, oui, tu sembles bien au courant mais d'une partie de la vérité. Si tu veux tout savoir, le pokémon Berserk amplifie le pouvoir des pokémon mais liés à ce qu'est la Méga Evolution. Tu as une idée de ce que c'est non ? »
« On en parle que très peu … mais bon, ce n'est pas suffisant pour avoir des informations à ce sujet. Oui, ça concerne quelques pokémon qui peuvent prendre une nouvelle forme mais temporairement, non ? Ou alors, est-ce que je me trompes ? »
« C'est exact mais ce que tu dois surtout apprendre, Ryusuke … c'est que tous les pokémon ne sont pas aptes à méga-évoluer. Mais même ceux d'une même espèce ne sont pas forcément tous concernés. Ce n'est pas facile de Mega-Evoluer. »
« Je n'ai jamais prétendu le contraire sauf que je ne sais pas du tout à ce sujet. Mais quel est le rapport avec le Virus Berserk et tout ça ? A part qu'il s'agit d'un ersatz de Mega-Evolution pour les pokémon qui n'en possèdent pas les capacités ? »
« Et bien, tu as à côté de toi celle à l'origine de ce virus. »
A côté de lui ? Est-ce qu'elle parle d'elle-même ? Un hochement de tête négatif puis un regard vers Sirénia et voilà qu'il comprend ce que ça veut dire plus exactement. C'est vraiment surprenant mais il savait depuis le début qu'elle était spéciale … mais à ce point ?
« Est-ce que tu veux dire qu'elle a aussi le Virus Berserk ? Si tel est le cas, je préfère prévenir tout de suite que je refuse qu'elle l'utilise. »
« Ce n'est pas aussi simple que ça, Ryusuke. Elle n'a pas vraiment le choix. Des fois, les pokémon atteints par le Virus Berserk l'utilisent sans s'en rendre compte. Bon, généralement, il est possible de les arrêter à temps … mais lorsque le virus Berserk s'actrive, il est malheureusement trop tard … et on a jamais eut de cas de pokémon ayant survécu au virus. Je suis désolée … mais c'est comme une bombe en elle. »
Et maintenant ? Est-ce qu'il doit se sentir rassuré par les propos de Riza ou non ? Car là, elle vient clairement de lui dire qu'il est possible que Sirénia meure d'un moment à un autre, sans prévention, sans qu'il ne puisse faire quelque chose contre ça.
« Enfin bon, ce n'est même pas le cas de Sirénia. Son cas est encore plus spécial, Ryusuke. Tu es vraiment sûr de vouloir tout connaître à son sujet ? »
« C'est … C'est bon, je crois qu'il en a assez entendu, Riza. »
C'est la petite Kirlia qui prend la parole, faiblement, un peu honteuse et gênée. Elle n'apprécie pas trop que l'on parle du passé de la sorte mais elle veut juste éviter de trop le signaler. Néanmoins, l'adolescent aux cheveux bruns la regarde avec douceur, disant :
« Non, non, je pense que je suis prêt mentalement à toutes les vérités. »
« Comme je te l'ai dit, Sirénia est à l'origine du Virus Berserk. C'est à partir de son sang que l'on a commencé à étudier le Virus Berserk il y a de cela plusieurs années. Bon, je tiens à préciser … comment dire ... »
« Ne tourne pas plus autour du pot, s'il te plaît. Ca sera beaucoup plus simple pour tout le monde. Qu'est-ce qu'il y a avec Sirénia ? »
« Le virus qu'elle porte est le Virus Alpha. A l'origine de tout, mais surtout, elle est une pokémon génétiquement crée … de rien. Elle n'a aucun père et aucune mère. »
Hein ? Que quoi ? Généralement, les pokémon, ça vient d'un œuf non ? Enfin, la reproduction des pokémon est prête à beaucoup d'interprétation mais tous les pokémon sont normalement ovipares, même ceux qui ressemblent à des humanoïdes, des mammifères et tout le reste. C'est ça la magie des pokémon mais là …
« Euh … Sirénia, est-ce que c'est vrai ou … non ? »
« Pourquoi est-ce que Riza mentirait sur un point aussi important, Ryusuke ? »
Le ton est plutôt triste et il finit par se redresser sur le lit. Comme si Riza n'existe pas, le jeune homme vient soulever Sirénia pour la serrer doucement dans ses bras. Il ne peut faire que ça pour réconforter la petite pokémon, il est incapable d'autre chose, il le sait.
« Je n'ai jamais … eut de père naturel mais ça ne change pas que j'ai bien eut un « père » pour m'élever. Il était le seul humain que je pouvais accepter avant de te rencontrer, Ryusuke. »
Pas besoin de comprendre de qui il s'agit. Il n'y a qu'un homme, celui à l'origine de Sirénia qui peut être considéré comme le père de cette dernière. Ah … Il se sent tout de suite plus molasson et flasque, comme dénué et privé de toute énergie.
« Merci de m'avoir dit à ce sujet … Mais faut-il que j'en connaisse un peu plus à ce sujet ou non ? Y a t-il des choses auxquelles je ne suis pas au courant ? Toujours pas, je veux dire. »
« Certaines mais j'imagine que tu veux un peu parler ou passer du temps avec Sirénia, non ? »
Ce n'est pas faux mais bon … Néanmoins, Riza finit par se lever avant de laisser Ryusuke et Sirénia. Quelques minutes plus tard, il a rappelé ses pokémon sauf Sirénia qui est couchée sur son torse, Ryusuke lui chuchotant :
« Comment tu vas, Sirénia ? Est-ce que … enfin … ton corps va bien ? »
« Hein ? Pourquoi est-ce que tu me dis ça ? Mon corps va très bien. C'est plutôt à toi que je devrais poser la question, Ryusuke. Tu digères bien la nouvelle ? »
« Je ne sais pas trop … Je ne pensais pas … enfin … que tu étais … sur le point de mourir à chaque instant. C'est tout, Sirénia. C'est tout. » dit-il faiblement, un peu déboussolé par tout ça. Oui … Il vaut mieux pour lui qu'il arrête de trop y penser.
Mais bon, dans une telle situation, qu'est-ce qu'il doit dire exactement ? Il ne sait pas … sauf qu'il garde tout simplement la petite Kirlia contre lui. Une main dans sa chevelure rouge, voilà qu'il observe le plafond comme si de rien n'était.
« Et moi ? Je suis quoi dans tout ça, Sirénia ? »
« La personne la plus importante à mes yeux, ce n'est pas déjà suffisant ? »
Hahaha. Elle arrive à le faire rire, elle est forte, Sirénia. Mais c'est suffisant pour le rassurer. Et dire qu'au départ, il voulait juste la réconforter, c'est lui qui en a le plus besoin. Il n'est vraiment encore qu'un enfant au final … contrairement à elle. Il finit par sombrer dans le sommeil, Sirénia le regardant pendant plusieurs minutes, une pointe de tristesse dans le regard. Bien entendu qu'il y a d'autres secrets … et ils sont bien moins joyeux.