005 : Légendes urbaines
"Si vous ne pouvez pas expliquer une chose simplement, cela veut dire que vous ne la comprenez pas assez."
- Albert Einstein
A l'intérieur de la voiture noire de Leonard, l'ambiance était franchement déprimante. Le conducteur regardait la route sans mot dire, et Tim, assez sur le siège passager avant, lisait. A l'arrière, Cal dormait comme un bébé, alors qu'Emily observait le paysage de Méanville défiler devant ses yeux à mesure que le véhicule avançait vers l'une des sorties. Le soleil brillait dans le ciel sans nuages, et elle pouvait voir tous ces gens s'amuser aux côtés de leurs Pokémon, dans les rues de la ville-lumière. Pour le coup, elle regrettait amèrement d'avoir suivi l'assassin de ses parents.
Une fois qu'ils eurent traversé le péage réservé aux véhicules, elle ne résista pas à l'envie de lâcher un soupir bruyant, témoignant de son agacement. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Mais c'était certain, elle ne souhaitait pas quitter Méanville. Pas maintenant, alors qu'elle avait tant de choses à apprendre, à faire et à découvrir. C'était comme si, après vingt-quatre ans d'existence, elle naissait enfin vraiment. Ses études ne lui manquaient plus ; ce qu'elle voulait, à présent, c'était ressentir de nouveau l'adrénaline parcourir ses veines et électrifier tout son corps d'une sensation divine, comme lors de cet incident au Music-Hall. Le frisson des combats Pokémon commençait à la gagner, et elle adorait cela. Emily donnerait n'importe quoi pour revivre ça une nouvelle fois, encore et encore. Quitte à rester avec des criminels. Elle s'en fichait, à présent. C'était comme une drogue qui lui faisait oublier le monde extérieur et ses problèmes. Et elle en avait bien besoin, actuellement, vu l'amoncellement de soucis qui s'empilaient dans son cerveau en ébullition.
La route 16, qui était reliée à la Ville Noire par le Pont de l'Inconnu et la route 15, n'avait rien de vraiment extraordinaire. Elle n'était ni désertique comme pouvait l'être le chemin reliant Méanville et Volucité, ni quoi que ce soit d'autre. Il s'agissait juste d'une route ordinaire, faite de goudron et bordée de végétation. Des arbres étaient plantés de part et d'autre, parfaitement alignés, les fleurs s'agitaient au gré du vent, et bon nombre de petits Pokémon se promenaient dans les buissons. Un passage entre deux arbres menait jusqu'à une petite forêt, mais ils n'avaient pas le temps d'y faire un tour, bien qu'une rumeur assez intrigante raconte qu'un Pokémon très rare y vivrait.
Emily sursauta lorsque Leonard brisa le silence.
- Je ne sais pas ce que tu comptes faire après avoir atteint la Ville Noire, Tim. Mais une chose est certaine ; tu n'as pas le droit de mettre Emily en danger. Elle est sous notre protection.
La principale intéressée leva les yeux au ciel. Et voilà qu'il parlait d'elle comme si elle n'était pas là, maintenant. S'ils la prenaient pour une imbécile, eh bien ils avaient tort. Elle ne se laisserait pas faire, et leur montrerait qu'elle était loin d'être faible. Bien sûr, elle s'enflammait un peu vite ; elle n'était pas très douée dans le combat de Pokémon, juste assez pour défaire un dresseur de niveau moyen. Sans oublier que, physiquement, elle était moins forte qu'eux. Elle n'allait pas s'attaquer directement à ses protecteurs temporaires, non. Emily ferait juste en sorte qu'ils la considèrent à sa juste valeur. C'était tout ce qu'elle pouvait obtenir, maintenant qu'elle n'avait plus ni famille, ni activité stable. La reconnaissance de l'autre, fusse-t-il l'assassin de ses parents. Parents qu'elle ne regrettait pas autant qu'elle le croyait, par ailleurs. Il est vrai qu'elle les aimait beaucoup, mais cette liberté qui, pour la première fois, l'envahissait entièrement, était enivrante. Certains affectionnaient le pouvoir, ou l'argent. Eh bien elle aimait profondément la liberté.
- Tu ne m'apprends rien, finit par répondre l'homme brun. J'ai bien quelques plans, évidemment, mais vous n'êtes en aucun cas forcés de m'accompagner. Je sais que Cal le fera. Son regard est diablement expressif, il n'aime pas être relégué à la science du bâtiment. C'est une offense à son grand potentiel intellectuel.
- Bien sûr, tu es divin et tu peux te permettre de juger les gens qui t'entourent... souffla l'allemand.
Tim haussa les épaules avec un demi-sourire.
- Non, je ne suis pas divin. Je suis un analyste. Et je n'obéis à aucune force supérieure, mais enfin, tu le sais déjà. Je ne connais pas ses intentions, il est vrai, et je me méfie de lui dans une certaine mesure. Quant à Emily... elle peut nous quitter quand bon lui semblera. Cependant je le lui déconseille, ce n'est pas dans son intérêt.
Leonard hocha silencieusement la tête, semblant être d'accord, une fois n'est pas coutume, avec son ami. Il recentra son regard sur la route et s'arrêta brusquement en apercevant quelque chose.
- Mais enfin, qu'y a-t-il ? s'insurgea Emily, paniquée et secouée par le freinage brutal.
- Je dormais si bien... renchérit Cal en remettant correctement son chapeau noir, qui cachait ses yeux pour sa sieste.
Tim jeta un œil à la masse de personnes qui agitaient des panneaux faits main sur lesquels ils avaient écrits divers messages.
- Au lieu de vous plaindre, sortez de la voiture, on va avoir du boulot si on veut avoir une chance d'atteindre la Ville Noire...
Sans attendre, il passa des paroles aux actes, et les autres finirent par faire de même. Il y avait un nombre assez conséquent de ce qui semblaient être des manifestants pour une cause quelconque. Lorsque le petit groupe s'approcha d'eux, personne ne les remarqua et ils continuèrent à beugler leurs slogans écologistes à l'encontre du personnel s'occupant de gérer le Pont de l'Inconnu, seul passage reliant les routes 16 et 15. Autant dire qu'il faudrait d'abord virer ces trouble-fêtes avant d'espérer rejoindre la cité noire. Quelques agents de sécurité responsables du pont tentaient de contenir la hargne des manifestants, mais rien n'y fit ; ils n'étaient pas assez nombreux.
- Excusez-moi, mais serait-il possible de nous laisser passer ? demanda à tout hasard Tim, espérant être entendu.
- On veut la fermeture du pont ! Cessez de gaspiller toute cette électricité pour faire venir les touristes véreux !
Tim, qui avait toujours haï les manifestations, quelles qu'elles soient, ne put retenir un soupir de consternation. Personne ne l'écoutait, et il n'appréciait pas particulièrement d'être ignoré.
- Si quelqu'un a une méthode efficace pour attirer l'attention de ces écolos, je suis preneur... souffla le criminel.
- J'en ai peut-être une, mais je refuse d'y avoir recours, si tu vois ce que je veux dire... soupira Leonard en faisant allusion au gaz nauséabond de son Smogogo.
Emily observait avec intérêt la scène ; elle n'avait jamais eu l'occasion d'approcher une telle manifestation auparavant, et elle était curieuse. Bien que l'écologie ne la concerne pas particulièrement, elle pouvait bien voir la conviction avec laquelle ces gens défendaient leur cause, et elle ne pouvait que trouver beaux ces efforts. Bien sûr, elle voulait passer par ce pont, mais si possible, sans la moindre violence. Un coup de feu la ramena à la réalité, et elle se blottit contre Cal, qui ne disait mot depuis tout à l'heure. Nul doute que lui non plus ne défendait pas les idéaux écologistes, car il prônait la science nucléaire.
Leonard, consterné, arracha le Derringer des mains de Tim pour le fourrer dans la poche de son costume. Il en avait assez de voir son ami se plaire à terroriser d'honnêtes gens pour arriver à ses fins. L'homme brun ne s'en offusqua aucunement et commença à parler une fois qu'il eut toute l'attention de son auditoire, qui avait les yeux braqués sur lui.
- Bon. Maintenant, vous m'écoutez. J'apprécie. Je ne le dirai qu'une seule fois : laissez-nous passer, mes amis et moi, et vous pourrez ensuite continuer votre stupide manifestation écolo. Cela vous convient ?
La réaction de son public fut évidemment celle qu'il avait escomptée. Personne ne le laissa passer, et tous les manifestants se remirent bientôt à leurs protestations. Il n'y avait qu'à mettre en place un plan B, qu'il avait bien fini par trouver. Mais bon, écraser tous ces hippies avec la voiture de Leonard n'était peut-être pas une si bonne idée, après tout. Il se contenta de lancer un regard désolé aux autres.
- Eh bien, je crois que nous allons devoir rebrousser chemin.
Cal, cigarette à la bouche, se contenta de hausser les épaules. Il n'était pas bien réactif, depuis ce matin. Peut-être qu'il se sentait mal. Il n'avait pas l'air bien. Emily, elle, regardait le sol, dépitée, mais pas vaincue pour autant. Elle ne suivit pas les autres vers la voiture et hurla pour attirer l'attention des manifestants. Tim plissa les yeux. Elle avait les poings serrés et elle tremblait légèrement. Ces mimiques-là traduisaient toujours une envie imminente de parler à cœur ouvert ou de vider son sac devant quelqu'un. Nul doute qu'elle en avait gros sur le cœur.
- Je...
Tous les yeux la regardaient, toutes les oreilles étaient suspendues à ses fines lèvres. Elle avait l'auditoire au creux de sa main. Il ne lui restait plus qu'à les y garder.
- Il y a... à peine deux jours... j'ai tout perdu. Tout ce que j'avais. C'est cet homme brun, là-bas, qui m'a tout enlevé. Mes parents. Ma vie. Et peut-être mon avenir. Je lui en veux. Je le hais du plus profond de mon être... et pourtant. Pourtant, il m'a dit qu'il était désolé, et que... que les choses allaient s'arranger. Je le croyais... non, j'avais envie de le croire. Il a tué mes parents sous mes yeux, j'ai tout vu. Mais il... il avait... une telle confiance en lui... et moi, je voulais me raccrocher à ce mince espoir, à cette main qu'il me tendait. Je n'avais pas confiance en lui. J'ai constamment l'impression qu'il me manipule, et... je pense qu'il va me trahir... mais j'ai plus rien, et... je suis toute seule... Laissez-nous passer, s'il vous plaît... je ne veux pas qu'il aie fait ça pour rien...
Elle sanglotait, à présent, et tout le monde la regardait avec des yeux ronds comme des billes, Tim le premier. Ce discours poignant était bien loin de le faire pleurer, mais il devait admettre que maintenant, il était vraiment certain de ce qu'Emily pensait de lui, et dans un sens, ça lui faisait plaisir. Il s'approcha d'elle.
- Merci.
Puis il s'adressa à l'une des responsables du pont.
- Pouvons-nous passer, à présent ?
L'employée du pont, toujours secouée par le discours larmoyant de la jeune femme, hocha mollement la tête.
- En revanche, les voitures ne peuvent pas passer, je suis navrée.
*
* *
Le Pont de l'Inconnu était plutôt étrange dans son genre. Très long, et construit juste au-dessus d'un canyon dont on n'apercevait même pas le fond... celui qui avait eu l'idée de le bâtir n'avait pas peur qu'une catastrophe arrive, apparemment. Cal était tout tremblant, les dents serrées. Il avait toujours eu le vertige, et voir un tel panorama n'arrangeait pas son problème. Le paysage était d'une beauté à couper le souffle. Le ciel crépusculaire sans nuages contrastait avec la roche sèche et rugueuse du canyon. La brume qui flottait dans l'air et qui empêchait de distinguer le fond de l'abîme rendait l'atmosphère assez mystique, en fait. Emily, bien que réticente, s'approcha de Tim.
- Pourquoi m'avez-vous remercié tout à l'heure ?
L'homme brun soupira. Elle ne passait pas par quatre chemins, cette fille-là, lorsqu'elle voulait quelque chose. Ce trait de caractère lui serait utile pour se distinguer dans le monde des affaires, si d'aventure elle souhaitait s'y risquer. Il mit un moment à lui répondre.
- Tu as été d'une sincérité effarante.
- Peuh. Comment pouvez-vous en être certain ?
L'analyste haussa les épaules.
- Je l'ai vu sur ton visage. Enfin, quand tu as dit que tu me détestais de tout ton être, tu avais l'air plutôt incertaine... ça me rassure, d'une certaine manière.
- Vous vous souciez de ce que je pense de vous ? s'étonna-t-elle, incrédule.
- Plus que tu ne le crois, murmura-t-il en s'éloignant un peu d'elle pour réfléchir plus posément.
Emily soupira, et retourna auprès de Cal, qui était de meilleure compagnie. Il commençait à se sentir un peu plus en confiance, mais avait toujours très peur de tomber dans le canyon sans fond visible.
- Madame la future politicienne... comment tu vas ?
- Mieux que je ne le pensais, admit-elle. Tu sais... ça m'a fait un bien fou de vider mon sac.
Le blond au chapeau haussa les sourcils.
- Tu pensais tout ce que tu as dit ?
- Hmm... plus ou moins.
Cal pencha la tête sur le côté. Elle éludait la question ? Bizarre, ça. D'autant plus qu'elle avait toutes les raisons du monde de haïr Tim, après ce qu'il lui avait fait. Peut-être bien qu'elle cachait en elle des émotions plus négatives. Enfin, le principal sujet de ce discours devait le savoir, lui, et de toute manière, ce n'étaient pas ses oignons. Lui, tout ce qu'il souhaitait, c'était en apprendre plus sur les facultés intellectuelles de "Derringer", et éventuellement trouver, sur sa route, un travail qui l'intéresserait enfin.
- Il fait déjà presque nuit... soupira Leonard. Je doute qu'on arrive aujourd'hui à la Ville Noire.
- De toute manière, renchérit Tim, on va rester sur ce pont pour la nuit.
Un silence oppressant suivit cette déclaration, et les trois autres hurlèrent, de concert :
- Pardon ?!
Tim haussa les épaules.
- Un à la fois je vous prie.
- A quoi ça va nous servir ? souffla Cal.
- C'est inconscient, tu imagines si les flics se pointent ? geignit l'allemand.
- Vous, vous avez une idée derrière la tête... déduit Emily.
L'homme brun hocha la tête et répondit aux questions le plus posément du monde, comme s'il n'avait pas dit une énormité juste avant. C'était effrayant de constater à quel point Tim Lightman maîtrisait la situation.
- J'ai entendu une légende urbaine assez intéressante, comme quoi un fantôme apparaitrait toutes les nuits. Inconscient ? Non, voyons, c'est toi qui es paranoïaque, encore plus que moi. Les fédéraux sont des nuls ! Et oui, en effet, j'ai bien une idée derrière la tête, je viens de vous l'exposer. Des questions ? Non ? Bien, alors on s'arrête là pour la nuit.
Il n'avait pas laissé le temps aux autres de protester. De toute façon, avec lui, tout effort était inutile. Il menait la danse, même sans son arme, que Leonard avait eu la présence d'esprit de confisquer. Son seul talent d'orateur et son regard perçant pouvaient persuader n'importe qui - à part peut-être quelques écologistes récalcitrants.
- Vous croyez aux fantômes ? On aura tout entendu ! se moqua Cal, perplexe.
- Je n'y crois pas, je veux simplement vérifier une théorie. C'est pas compliqué.
Ils attendirent donc un moment, presque une heure, pour que la nuit tombe. Cal, qui était déjà complètement tétanisé par le vertige, espérait qu'aucun fantôme ne vienne lui causer une crise cardiaque. Leonard était plus dubitatif que jamais, de même qu'Emily. De toute évidence, ils le prenaient pour un malade mental.
"Peut-être bien qu'il s'est pris un coup sur la tête, récemment..." songea le parrain de la mafia, qui ne croyait pas un tel comportement possible venant de son ami, l'éternel scientifique.
Alors que plus personne n'y croyait, une lueur blanche apparut près de la rambarde de sécurité du pont, et petit à petit, on pouvait y distinguer une silhouette féminine. Une adolescente, plus précisément.
- Je vous l'avais bien dit, sourit Tim. Maintenant, voyons si ma théorie est la bonne...
Emily se demandait quelle pouvait bien être cette fameuse théorie. Sans doute quelque chose de totalement tiré par les cheveux, connaissant le criminel. Un cri bestial fit frissonner tout le monde, et le visage de Tim se fendit d'un grand sourire. Il aperçut, grâce à la lumière bleutée du pont, une créature qui se tenait non loin de là. Bipède, on aurait dit un renard noir à la crinière rougeâtre, et au regard azur brillant. C'était l'un des Pokémon les plus rares d'Unys, que certains qualifiaient même de légendaire. Un Zoroark.
- Mais c'est quoi ce bordel ? soupira Cal, déjà ennuyé par cette histoire de fantôme à dormir debout.
Emily et Leonard étaient tout aussi perplexe que l'homme en blouse blanche, peut-être même plus. Tim leur expliqua rapidement son raisonnement.
- Ce Pokémon que vous voyez là est un Zoroark. Il est capable de générer à sa guise toutes sortes d'illusions. Les Zoroark sauvages en particulier aiment beaucoup effrayer les humains grâce à ces tours de passe-passe.
- C'était bien la peine de passer une heure sur ce pont pour une connerie pareille... geignit le physicien, complètement dépassé par la logique très spéciale de Tim.
- Si tu le connaissais aussi bien que je le connais... tu aurais senti ce genre de truc à dix kilomètres, marmonna Leonard, tout aussi mécontent.
Emily haussa les épaules.
- Moi, j'ai trouvé ça marrant, d'apprendre un truc aussi cool. J'aimerais bien avoir un Zoroark, tiens...
Tim sourit.
- Il faut croire qu'il existe des choses que mon argent ne peut t'acheter, princesse.
La jeune femme plissa les yeux, trouvant ce surnom un peu ridicule, surnom venant de Derringer. Il ne s'était tout de même pas attaché à elle, si ? Cette seule pensée la fit pouffer de rire, tant elle semblait irrationnelle.
*
* *
La route 15, contrairement à la précédente, était très escarpée. Ils passèrent un long moment à monter et à descendre des marches, ainsi qu'à éviter les nombreuses hautes herbes dans lesquelles se dissimulaient des Pokémon. Ils passèrent même devant un bâtiment, un certain "Laboratoire Fret", mais Tim avait clairement fait comprendre aux autres que c'était sans intérêt, et ils avaient poursuivi leur long chemin semé d'embûches.
- Je n'y crois même plus...
- Si tu te plains encore, je te colle une balle dans le crâne ! soupira Tim.
- C'est moi qui l'ai, ton arme, tu as déjà oublié ? répliqua Leonard, à bout de forces.
- Bizarrement, c'est le plus à plaindre qui ferme sa gueule... souffla Cal.
Effectivement, Emily ayant succombé à la fatigue, les trois hommes avaient tiré au sort celui qui porterait la jeune femme, et le choix s'était porté sur le scientifique, qui peinait à maintenir le rythme de marche. Il se jura de dormir pendant une semaine pour compenser toute la fatigue accumulée lors de cette seule journée éreintante.
- Alléluia ! hurla le parrain de la mafia lorsqu'il aperçut l'un des fameux péages disséminés à travers toute la région d'Unys.
- Eh bien, tu vois qu'il suffisait de se taire et de marcher, sourit Tim.
Le blond ne releva pas sa remarque et s'empressa de rejoindre le péage, tout comme les autres. Ils y étaient. Une fois qu'ils passeraient la porte, ils seraient dans la Ville Noire, que l'on appelait aussi la cité du vice.