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Derringer de BioShocker



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Informations

» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 26/01/2016 à 19:02
» Dernière mise à jour le 26/01/2016 à 19:02

» Mots-clés :   Action   Humour   Présence d'armes   Romance   Suspense

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003 : Une question de physique nucléaire...
"Il n'est qu'une chose horrible en ce monde, un seul péché irrémissible, l'ennui."
- Oscar Wilde



Emily DeFranco venait tout juste de perdre ses parents, et voilà qu'elle apprenait qu'ils étaient des anciens criminels. En effet, elle avait consenti, après que Leonard von Shaft ait insisté, à rester sous la protection des deux hommes, car il pourrait lui arriver malheur auprès de certains ennemis de sa famille. Elle appréciait un tant soit peu le parrain mafieux allemand, car il se montrait poli et soucieux d'elle, mais refusait de faire confiance à son acolyte, qui était l'assassin de ses parents. Elle ne savait presque rien de lui, si ce n'est son nom, Tim Lightman, et cela ne l'avançait pas beaucoup pour connaître le personnage. Ce qui était certain, c'est qu'il passait maître dans l'art de la manipulation, et ça ne signifiait rien de bon pour elle, qui avait encore du chemin à faire avant de devenir pleinement adulte.

- Je ne te l'ai pas demandé, Tim, mais maintenant que l'on en a terminé avec... notre affaire... on se rend directement à Méanville ?

L'homme brun jeta sa cigarette en plein milieu de la route, tendit un billet de mille pokédollars à un sans-abri qui passait par là - au grand étonnement d'Emily - et se tourna vers le blond.

- Je crois bien que oui. On reprend ta voiture, histoire de ne pas perdre de temps. Le fédéral que j'ai laissé en vie ne me laissera pas m'en tirer à si bon compte, si j'en crois l'acharnement dont ces types-là font preuve.

- Je ne peux pas te contredire sur ce point-là, pour une fois... souffla Leonard.

Ils remontèrent dans la voiture. Emily avait tenu à rester seule à l'arrière, pour réfléchir posément à la situation. Elle venait de perdre sa seule famille, et elle se retrouvait sous la protection de ces deux criminels, dont un qui avait tué ses parents. Apparemment, ceux-ci avaient été, durant son enfance, des trafiquants de drogue, qui amassaient de l'argent pour se permettre une vie de qualité passable. Ils avaient fait cela pour elle, mais elle peinait à digérer le fait qu'ils lui aient caché autant de choses, et de si importantes. Elle ne faisait plus confiance à personne à présent, et se raccrochait à Leonard von Shaft, qu'elle voyait comme un homme bienveillant, en dépit de sa réputation.

Elle se jura intérieurement qu'elle allait, d'une manière ou d'une autre - en évitant de devoir recourir aux mêmes méthodes que lui, évidemment - de se venger de Tim Lightman, ce cerveau criminel dangereux qui se faisait appeler "Derringer". Elle serra bien fort la Pokéball contenant son seul Pokémon, un Herbizarre, dans ses mains, tout en observant le paysage urbain de Volucité défiler devant ses yeux fatigués.

Le trio n'eut pas de mal à quitter Volucité en empruntant la route 4, qui menait directement à Méanville, que l'on appelait, dans la région, la "ville-lumière". Cela était dû, en grande partie, à toutes les lumières colorées que l'on apercevait, de nuit, en provenance de l'immense parc d'attractions de la ville, l'une des destinations touristiques les plus prisées d'Unys. Elle avait du mal à l'admettre, mais elle brûlait d'impatience de se rendre là-bas, elle qui n'avait jamais vraiment eu l'occasion de quitter Volucité ces dernières années.

La route qu'ils devaient suivre pour atteindre leur prochaine destination avait toujours été très inhospitalière, étant donné le nombre fréquent de tempêtes de sable qui sévissaient tout au long de l'année. Il n'y avait, avant, presque rien sur cette route, si ce n'était une petite cabane d'ouvriers qui débutaient un chantier, et un accès vers le Désert Délassant, un site historique renfermant les fameuses ruines du Château Enfoui. Quelques années plus tôt, des pavillons habitables avaient été construits le long de la route, et très récemment, la Galerie Concorde avait ouvert ses portes, rapportant encore plus d'argent à l'état Unovite. Certes, la chaleur torride et sable gardaient toujours une place privilégiée sur cette route, mais elle était beaucoup moins sauvage qu'auparavant.

- Tu aimes le paysage, toi, derrière ? questionna Tim à l'adresse de la jeune femme, qui sursauta.

- Hmpf... appelez-moi par mon prénom. Je ne suis pas "toi, derrière". Et s'il vous plaît, parlez-moi seulement si nécéssaire.

Le consultant criminel fut vite refroidi par le ton distant employé par la jeune femme et laissa tomber toute tentative de discussion pour le moment ; il retenterait plus tard, lorsque l'occasion serait opportune. Pour le moment, il se reconcentra sur la route et aperçut, à sa droite, ce qui s'apparentait à un chantier.

- Leonard, arrête la voiture. Je veux voir ce qu'ils font ici.

Le parrain de la mafia ne voyait pas cette idée d'un très bon œil ; après tout, il aidait un criminel en cavale, ils étaient pressés, et lui voulait s'arrêter pour voir un foutu chantier ? Décidément, Tim Lightman n'avait pas le sens des priorités, et ça ne risquerait pas de changer de sitôt.

- Je te jure, si on se fait tuer par ta faute, je te harcèlerai dans l'au-delà ! grommela le blond.

- Oh, ne t'inquiète pas, moi, je serai en bas, pas dans l'au-delà, plaisanta son ami en sortant de la voiture.

Emily soupira lorsque Tim ouvrit la portière arrière et l'invita à quitter le véhicule. Elle avait espéré que les deux hommes la laisseraient seule un moment, pour qu'elle puisse se reposer, mais non. Elle sortit donc à contrecœur pour succomber à la chaleur insoutenable de l'extérieur. Elle retira bien vite sa veste de cuir noire pour se retrouver en t-shirt. Elle se demandait comment Leonard et cet enfoiré qui avait tué ses parents pouvaient supporter cette chaleur en costume. De même, les ouvriers et leurs Pokémon, qui travaillaient à la sueur de leur front, lui faisaient de la peine.

- Je n'aimerais pas être à la place de ces pauvres gens... soupira Leonard en constatant les efforts qu'ils faisaient.

- Je ne vous le faire pas dire, approuva la jeune femme. J'espère qu'ils ont de quoi boire, au moins.

L'allemand sourit.

- Tu es quelqu'un de gentil. Ne t'inquiète pas, des travaux de cette envergure se doivent d'être effectués par des ouvriers en bonne santé. Ils sont bien traités.

- Je ne sais pas si on a la même conception de "bien traités", vous et moi... marmonna Emily dans sa barbe inexistante en s'éloignant un peu.

Tim, de son côté, se promenait un peu partout sur le chantier, tout en prenant bien soin de rester le plus loin possible des échafaudages sur lesquels des ouvriers remplissaient leurs éprouvantes obligations. Il songea que cela avait vraiment du bon d'avoir un travail de bureau, surtout pour lui qui détestait faire des efforts, dans tous les sens du terme. Il repéra un type seul qui fumait dans un coin, et en profita pour aller le saluer et le déranger un peu.

- Bonjour à vous.

L'homme sursauta et fit même tomber sa cigarette dans le sable. Il ne chercha pas à la récupérer et soupira en lançant un regard bleu pâle mauvais à l'emmerdeur qui venait le voir. Tim l'observa un moment. Le type était plus grand que lui, il devait avoisiner le mètre quatre-vingts. Ses cheveux courts blonds foncés étaient recouverts par un chapeau noir, le genre que l'on portait avec un costume élégant. Sa tenue était composée d'un pantalon de costume noir rayé, d'une chemise blanche, par-dessus laquelle il portait une blouse blanche de laboratoire ouverte.

- Vous m'avez fait peur... souffla le scientifique tout en fusillant Tim du regard.

- Désolé, c'est une habitude qui ne me quitte plus, depuis quelques temps.

L'homme blond ne releva pas sa remarque et haussa les épaules.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Si vous êtes l'inspecteur des travaux finis, ce n'est pas à moi qu'il faut se plaindre.

- Non, non non, je ne suis rien de tout cela ; je veux simplement savoir ce que vous construisez ici.

Le scientifique acquiesça.

- Une centrale nucléaire, histoire de ne pas se laisser devancer par Kalos, qui en possède déjà une. Enfin, après, ce sont les affaires du gouvernement, pas les miennes. Au fait, je suis Calvin Iegorov, chercheur en physique nucléaire. Tout le monde m'appelle Cal.

Le criminel hocha la tête, serra la main de Cal, et le dévisagea intensément.

- Dites-moi... Cal. Pourquoi est-ce que vous vous ennuyez autant ?

- Pardon ? s'étonna le chercheur. Je m'ennuie, moi ? Et comment pouvez-vous le savoir ?

Tim haussa les épaules, comme s'il s'agissait de quelque chose d'évident pour lui. Ce qui était le cas, étant donné qu'il était doté d'un sens de l'observation très aiguisé qu'il avait su développer pour pouvoir analyser toutes les expressions et émotions du visage humain. Et sur le visage de ce scientifique, il ne lisait rien d'autre que de l'ennui. Cal se montra dubitatif devant cette explication certes scientifique, mais qui paraissait tout de même un peu improbable à ses yeux.

- D'accord, alors vous seriez un genre de scientifique super intelligent qui analyse le comportement des gens rien qu'en les observant. C'est intéressant. Il est vrai que je m'ennuie ici, mais que voulez-vous ? Je n'ai même pas trente ans, et on accorde rarement des postes haut-placés aux jeunots dans mon genre, peu importe les compétences que je peux avoir.

- Le monde du travail, de nos jours... c'est un vrai parcours du combattant, admit Tim.

- Qu'est-ce que tu fais à te taper la causette ? soupira Leonard qui arrivait dans leur direction, suivi par Emily, qui semblait un peu boudeuse.

Le brun ne répondit pas et laissa le chercheur en physique nucléaire se présenter à ses deux acolytes. Cal sembla vraiment étonné devant ce trio très hétéroclite composé d'un analyste surdoué, d'un grand blond très élégant et propre sur lui qu'il reconnaissait comme étant Leonard von Shaft, et d'une jeune femme à l'air un peu paumée. De toute évidence, ils étaient louches.

- Alors, qu'en dites-vous, Cal Iegorov ? Êtes-vous d'accord pour nous accompagner jusqu'à la Ville Noire ? proposa Tim, enjoué.

Le blond au chapeau pencha la tête sur le côté.

- Et... pourquoi cette demande, Tim Lightman ? demanda-t-il sur le même ton.

- Je ne sais pas, moi... vous vous ennuyez, et plus on est de fous, plus on rit.

Le chercheur se mit à réfléchir. Certes, cela aurait sans doute des bons côtés de sillonner les routes jusqu'à la Ville Noire aux côtés de ces trois-là, cela lui permettrait de mettre fin à son sempiternel ennui. Mais les conséquences négatives n'étaient pas des moindres non plus ; il perdrait son travail et son salaire, vivrait loin de chez lui pendant un long moment, et gagnerait sûrement bon nombre de problèmes supplémentaires. Mais l'appel de l'inconnu était trop fort.

- Okay... okay. Attendez-, je vais chercher mes affaires.

Tim sourit en le voyant ressortir, quelques minutes plus tard, de l'un des baraquements, avec sa mallette grise contenant plusieurs paquets de cigarettes, son unique Pokéball, et quelques autres éléments utiles en cas de découverte scientifique intéressante.

- Je crois bien que votre nouvelle vie commence, Cal ! Bienvenue dans l'équipe, sourit Tim en lui donnant une tape amicale sur l'épaule.

Leonard hocha la tête, et Emily se surprit même à sourire en accueillant son nouveau compagnon d'infortune. Lui aussi avait l'air sympathique, et sans doute plus amusant que Leonard, qui était bien trop sérieux, même s'il était gentil avec elle. Ils montèrent dans la voiture du parrain de la mafia, et reprirent leur route. Pour un court moment cela dit, car les étoiles dans les yeux de la jeune femme lorsqu'ils arrivèrent à la Galerie Concorde les incita à s'y rendre pour lui remonter un peu le moral.

Lorsqu'ils entrèrent dans l'immense couloir de boutiques en tous genres, Emily ne put se retenir de lâcher une exclamation de joie dont Leonard ne la croyait pas capable. Les lumières faisaient briller le carrelage de marbre, si bien que l'on pouvait voir son reflet à l'intérieur.

- Je crois que je me souviens pourquoi je ne suis jamais venu ici... souffla Tim.

- Laisse-moi deviner, parce que tu es un sociopathe qui déteste la compagnie des autres humains ?

L'analyste secoua la tête.

- Non, parce que je déteste marcher.

- Et moi donc... soupira le nouveau venu de l'équipe en constatant le nombre affolant de personnes qui se bousculaient un peu partout. En plus, c'est les soldes.

Les trois autres paires d'yeux se braquèrent sur lui lorsqu'il prononça cette phrase. Les deux premières, d'horreur, et la troisième, de joie. Visiblement, cette fille n'avait jamais vraiment connu le monde extérieur. Elle n'avait pas été plus loin que Volucité ces dernières années, et elle commençait à le regretter amèrement.

Tim ne put s'empêcher de sourire en voyant la supplication dans ses grands yeux gris. Il tira plusieurs billets de sa poche et les lui tendit.

- Je ne veux pas de votre argent, répliqua-t-elle avec une moue boudeuse, mais il vit bien qu'elle hésitait.

- Allez, prends-les, ça me fait plaisir. Je suis désolé d'avoir dû tuer tes parents.

Cal s'étonna. Ce type avait tué les parents de cette fille ? Peut-être que ce n'était pas une si bonne idée que ça, finalement, cette petite excursion jusqu'à la ville noire... il se garda bien d'y penser plus longtemps ; s'il en croyait l'analyste, il était capable de détecter ses émotions, et donc de sentir sa peur.

"Respire, Cal, il ne te fera rien du tout..."

Emily prit les billets dans ses mains, et en comptant la somme, fit des yeux ronds comme des billes. Il devait y avoir pas mal d'argent au total.

- Mais... je peux... je peux pas accepter... deux mille pokédollars...

- Considère cela comme une partie de ma rédemption. Je m'en veux et je suis navré de t'acheter de cette façon, mais je sais bien que tu as envie d'aller dévaliser ces boutiques. Ton regard m'a tout dit.

Emily détourna les yeux, gênée. Elle ne pouvait pas accepter une telle somme ! Elle commença à se dire qu'au fond, cet homme n'était peut-être pas si mauvais que ça. Elle l'avait vu donner, comme ça, sans la moindre raison, un billet de mille pokédollars à un sans-abri, il y a peu. Quelqu'un de vraiment mauvais ferait-il cela ? Ou alors tentait-il de gagner sa confiance par des moyens détourner ? Elle ne savait vraiment pas quoi penser de lui et gardait toujours, bien sûr, de la rancœur à son égard.

- Je peux aller...

- Tout ce que tu veux, jusqu'à l'heure de fermeture. Allez, file, on se retrouvera à l'entrée.

La jeune femme ne se fit pas prier pour y aller, ravie de pouvoir oublier ses soucis pour un temps. Leonard sourit, content de voir que son ami prenait, à sa façon, soin de cette pauvre fille.

- Va avec elle, Cal, j'ai peur qu'elle se perde.

Le chercheur haussa les sourcils et regarda le brun qui lui demandait cela comme si c'était normal. Il finit par céder, tout de même peiné pour Emily, qui venait de perdre sa famille, tout en marmonnant des insultes inaudibles.

- Je crois que cette fuite s'annonce plus drôle que prévue, finalement.