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Derringer de BioShocker



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Informations

» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 26/01/2016 à 17:46
» Dernière mise à jour le 26/01/2016 à 17:46

» Mots-clés :   Action   Humour   Présence d'armes   Romance   Suspense

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002 : Rédemption impossible ?
"J'ai gravé cela dans la montagne, et ma vengeance est écrite dans la poussière du rocher."
- Edgar Allan Poe



- Prends à droite, juste là.

Tim indiquait à son ami le chemin pour se rendre à leur destination, à savoir un restaurant familial appartenant à Gloria et Paul DeFranco, apparemment un couple sans histoire. Mais Leonard n'était pas dupe ; si Tim Lightman allait s'occuper d'eux personnellement, c'est qu'ils avaient une dette envers lui, et généralement, elles étaient très importantes, ces dettes-là. Ils lui devaient apparemment une somme proche de vingt mille pokédollars.

- Et si tu m'expliquais qui sont ces fameux... DeFranco ? J'ai envie de savoir pourquoi je vais peut-être te laisser tuer ces gens.

L'homme assis sur le siège passager promena un moment ses yeux verts sur le paysage extérieur puis se tourna vers le parrain mafieux qui lui servait de chauffeur. Il sourit.

- Je ne sais pas si tu vas croire mon histoire, elle est un peu dure à avaler, surtout que ces gens ont l'air honnête...

L'allemand haussa les épaules et tourna à droite une nouvelle fois, tout en faisant signe à Tim qu'il pouvait lui raconter cette fameuse histoire à dormir debout. Le brun acquiesça.

- Je crois que ça fait six ou sept ans maintenant, mais je m'en souviens très bien. Paul et Gloria DeFranco étaient déjà mariés et avaient une fille que je ne connaissais pas. Ils avaient un peu de mal à assurer leur confort, alors ils se sont lancés dans le trafic de drogue pour gagner un peu de fric. A l'époque, ça rapportait beaucoup plus que maintenant, surtout dans un coin comme Janusia. Les quartiers mal famés sont atroces, là-bas, tu peux me croire. Ils ont eu recours à mes services pour les faire disculper auprès des flics, mais il ne m'ont jamais payé la totalité de la somme. Sur les cinquante mille pokédollars, il m'en manque vingt.

Leonard siffla, impressionné. Ce n'était pas donné à tout le monde d'échapper au fameux "Derringer" lorsqu'on lui devait une telle somme, quoique ce ne devait pas être grand chose aux yeux du consultant criminel, qui était déjà plutôt fortuné. Le blond finit par arrêter la voiture sur un petit parking d'une trentaine de places. Ils étaient arrivés au restaurant familial des DeFranco, et il était certain que ça n'allait pas se finir de la meilleure des façons. Heureusement, il était seulement quinze heures, le restaurant n'était donc pas en service. Néanmoins, il était ouvert.

- Sympa l'ambiance, je suppose que c'est pas un trois étoiles... soupira Tim en poussant la porte du modeste établissement.

- A mon avis, non, mais on est pas là pour manger...


*
* *


Emily DeFranco soupira. Elle venait de terminer le nettoyage de la salle, ils pourraient donc accueillir des clients dans la soirée. Ce travail à mi-temps pour ses parents avait tendance à la fatiguer très rapidement, surtout qu'elle n'était pas très sportive, mais cela lui permettait d'aider ses parents à faire tourner la boutique à côté de ses études de droit. Il ne lui restait plus qu'un an avant qu'elle obtienne son diplôme, et elle était pressée de démarrer sa vie dans la justice.

Elle fut tirée de ses pensées et de ses rêves d'avenir par le tintement de la clochette indiquant l'arrivée d'un client. Surprise, elle consulta sa montre, qui indiquait seulement quinze heures. Normalement, à cette heure-ci, aucun client n'était censé venir. Intriguée, elle posa le balai qu'elle tenait et passa de l'autre côté du comptoir pour aller voir dans le vestibule.

- Euh, excusez-moi, nous sommes fermés...

Elle détailla les deux hommes qui lui faisaient face. Le plus grand des deux, un blond aux yeux bleus, en costume trois-pièces bleu, avait l'air tout à fait correct, mais elle ne savait pas pourquoi elle ressentait une impression de déjà-vu. Peut-être ressemblait-il à une célébrité. L'autre, légèrement plus petit, un brun, lui faisait une plus mauvaise impression. Certainement parce qu'il était en train d'allumer une cigarette à l'intérieur d'un restaurant non-fumeur.

- Monsieur, il est interdit de fumer dans l'enceinte de l'établissement, et je vous répète que...

- Oui, on a entendu, on est pas sourds, répondit Tim en braquant son regard sur la jeune femme. On est seulement ici pour voir les gérants, monsieur et madame DeFranco. Ne me compliquez pas la tâche.

La jeune femme semblait vraiment hésitante.

- E-êtes vous des amis de mes parents ?

Leonard haussa les épaules.

- Je ne dirais pas cela, mais nous avons vraiment besoin de les voir, mademoiselle... si cela ne vous pose pas de problème.

- Et même si cela vous pose un problème, ça m'est égal, je les verrai ! ajouta Tim avec un sourire, tout en tirant une bouffée de sa cigarette.

La jeune femme baissa la tête et se mit à faire les cent pas, ce qu'elle faisait souvent lorsqu'elle se retrouvait dans une situation difficile à gérer. Son regard gris était fixé sur le carrelage bleu du restaurant, et quelques-unes de ses mèches noires tombaient sur son front. Les deux hommes avaient les yeux rivés sur elle et ses allers-retours incessants.

- Vous nous le dites, si on doit attendre l'ouverture du restaurant pour descendre vos parents... chuchota Tim pour lui-même, s'attirant un regard désabusé de la part de Leonard.

Finalement, Emily DeFranco arrêta de tourner en rond en regardant le sol comme un lion en cage, et observa tour à tour, attentivement, les deux hommes qui venaient de faire irruption dans le restaurant familial, passant de l'un à l'autre plusieurs fois. L'allemand commençait à se sentir mal à l'aise face à cette jeune femme au regard inquisiteur. Elle faisait sûrement des études dans la police, ou quelque chose comme ça, ce genre de regard ne trompait pas.

- Bon, eh bien je suppose que je vais vous emmener voir mes parents. Au vu de votre attitude, vous n'avez pas l'intention de partir tout de suite... souffla-t-elle.

Elle faisait effectivement allusion à Tim, qui était nonchalamment assis à une table, toujours sa cigarette à l'odeur légèrement mentholée à la bouche. Elle se demandait vraiment qui pouvaient être ces deux drôles de types complètement différents l'un de l'autre. Autant le blond en costume bleu semblait respectueux, autant l'autre ne lui inspirait rien d'autre que de la méfiance. Elle fut surprise lorsqu'il se leva brusquement pour s'approcher d'elle.

- C'est bien aimable à vous de nous le permettre, mademoiselle.

Il regarda son acolyte.

- Nous y allons !

Il emboîta presque le pas à la jeune serveuse, qui les conduisit à travers un long couloir assez sombre, qui débouchait d'une part sur la réserve, de l'autre sur la cuisine. Celle-ci était plutôt grande, mais seuls deux employés s'affairaient à la nettoyer, étant donné que le restaurant n'était pas encore ouvert aux clients. Gloria DeFranco était une femme un peu rondelette, l'air sympathique. Jamais personne n'aurait pu deviner qu'elle avait trafiqué de la drogue auparavant. Quant à Paul, son mari, il avait un physique tout à fait banal, à l'exception de la cicatrice qui lui barrait le front. Ils sursautèrent presque en voyant les deux hommes - surtout Tim Lightman, en vérité.

- Alors, on se souvient de moi ? sourit celui-ci, visiblement ravi de son petit effet de surprise.

Gloria mit peu de temps à se ressaisir.

- Emily, chérie, pourquoi n'as-tu pas dit à ces messieurs que le restaurant n'ouvre qu'à dix-huit heures ?

La jeune femme haussa les épaules et repoussa une mèche de ses cheveux noirs en arrière, l'air de rien.

- Eh bien, disons qu'ils n'avaient pas l'air de vouloir partir, et puis ils demandaient à vous voir, alors... je vous les ai amenés.

Paul DeFranco déglutit bruyamment, ce qui n'échappa évidemment pas au consultant criminel, qui s'approcha de lui pour lui donner une tape sur l'épaule. Il tressaillit.

- Je vois que vous ne m'avez pas oublié, monsieur DeFranco. Et rassurez-vous, je ne vous ai pas oublié non plus, vous et votre femme. Cet argent que vous me devez... je crois qu'il est temps de me le rembourser, ne pensez-vous pas ?

Leonard soupira face à l'attitude très joueuse de son vieil ami. Emily, elle, était abasourdie. Ses parents ne lui avaient jamais parlé d'une dette envers quiconque, et elle était certaine qu'il s'agissait d'une somme plutôt conséquente. Gloria baissait la tête, à la fois honteuse et effrayée. Elle redoutait la mort. Elle sortit son Drackhaus de sa Pokéball, comme pour se persuader qu'elle était en sécurité.

- Je croyais... on n'a plus beaucoup entendu parler de vous ces derniers temps, alors on a cru que l'histoire s'était tassée, et on est passés à autre chose... bafouilla Paul, encore sous le choc.

Tim prit un air faussement affligé et secoua la tête avec un sourire mauvais.

- Paul, Paul, Paul... vous le savez, pourtant. Je suis bien trop prudent pour me faire avoir, même par des fédéraux - je ne crois peut-être pas si bien dire -, alors par vous...

Le père de famille ferma les yeux et serra les dents, comme pour oublier tout cela. Tim s'éloigna de lui et passa à Gloria, qui tremblait comme une feuille, son Drackhaus rugissant à ses pieds.

- Eh là, tout doux, sale bête. Gloria, vous avez changé. Vous n'étiez pas aussi ronde, avant, mais qu'importe. Je suis là pour récupérer mes vingt mille pokédollars, et je suis certain que vous vous montrerez plus raisonnable que ce cher Paul.

Elle ne répondit pas, trop effrayée. Emily, non loin d'elle, hallucinait. Ses parents devaient vingt mille pokédollars à cet homme ? Mais qu'avait-il pu faire pour eux qui valait une telle somme ? Elle préférait sans doute ne pas le savoir, et elle se raidit un peu plus. Elle s'éloigna un peu de la scène et prit place sur un tas de cartons empilés d'une manière assez désordonnée, et s'étonna de voir l'homme blond s'asseoir à côté d'elle. Il avait l'air plutôt sympathique, alors elle laissa couler, mais garda tout de même une main sur sa Pokéball, au cas où.

- Je suis désolé que vous ayez à assister à un tel spectacle, mademoiselle... ce n'est pas quelque chose qu'une jeune fille comme vous doit voir.

- Je vous en prie, n'ayez pas pitié de moi. J'ai vingt-quatre ans, il y a longtemps que je ne suis plus une jeune fille, souffla-t-elle, le regard dans le vide.

Leonard hocha la tête et se remit à observer l'échange entre Tim et le couple DeFranco. Son ami avait clairement l'avantage, comme toujours ; même en face d'une horde de Pokémon, il saurait s'en sortir uniquement par le discours. C'était un talent inné chez lui, et également sa plus grande force, avec son don pour analyser les expression faciales des autres et en tirer profit. En conclusion, mieux valait être l'ami de Tim Lightman, plutôt que son ennemi.

Emily regardait intensément l'homme blond qui était assis juste à sa gauche. Elle était certaine de l'avoir déjà vu auparavant, cette impression ne la quittait pas, et ce depuis qu'elle l'avait rencontré. Mais elle ne parvenait pas à mettre un nom sur ce visage pourtant familier. Elle fouilla, autant qu'elle put, dans sa mémoire, et après quelques minutes d'intense réfléxion, elle reconnut enfin l'un des criminels les plus influents de Volucité. Leonard von Shaft, le parrain actuel de la famille mafieuse du même nom, se trouvait juste à côté d'elle. Il pourrait la tuer au moindre mouvement, aussi décida-t-elle de rester à sa place, même si elle se doutait que la tournure des événements ne lui plairait pas.

- Ecoutez, monsieur Derringer, on ne peut pas se permettre de vous donner cet argent ! geignit Gloria, affolée. Comprenez-nous, on doit payer la dernière année d'études d'Emily, et son futur logement...

Tim haussa les épaules, indifférent à toutes ces histoires sentimentales. Il en avait assez entendu, et il était temps de se débarrasser de ces fichus gêneurs. Il sortit de sa veste un objet bien connu, qui fit pâlir d'effroi les deux cuisiniers. En quelques secondes à peine, il leur ficha une balle dans le crâne, et le son atroce des corps tombant au sol et des nuques qui se brisent firent fuir le Drackhaus de Gloria DeFranco, qui ne reverrait plus jamais sa dresseuse. Sans plus de cérémonie, il rechargea son petit pistolet avec des balles de rechange, et entreprit de fouiller les placards à la recherche d'argent. Il put réunir huit mille pokédollars qu'il fourra dans sa poche. Tant pis pour le reste, au moins, maintenant, ils sauraient qu'on ne se moquait pas impunément de Derringer.

Emily ne pouvait plus bouger, complètement pétrifiée par ce qu'elle avait sous les yeux. Ses deux parents, au sol, raide morts, une balle dans le cerveau. Comme si cela ne suffisait pas, la flaque de sang s'étendait de plus en plus au sol. Cette mare rouge lui donnait la nausée. Ce type, ce "Derringer"... pourquoi avait-il tué sa seule famille ? Il y avait bien des moyens de se venger, mais tuer quelqu'un, c'était peut-être excessif. Et lâche.

La jeune femme fondit en larmes, devant un Leonard von Shaft un peu perdu. Il voulut la réconforter, mais il fut devancé par son ami qui, pour une raison obscure, s'assied à côté d'elle pour la prendre dans ses bras. Il répétait sans cesse qu'il était désolé et que les choses s'arrangeraient. La jeune femme, à bout de forces, ne le repoussait pas, et ses larmes salées commençaient à se répandre sur la chemise de Tim Lightman, qui regardait le mur face à lui, incertain quant à l'avenir de cette fille désormais orpheline.