L'empire Mecheva: la fin des gardiens de louglaciale1

Dans tout l'empire, les responsables de ce qui sera appelé « le cataclysme de Kalos » furent les rebelles. Dans leur malveillance, ils n'hésitaient pas à faire des victimes civiles afin blesser le saint Empereur. Les rebelles n'existaient que pour faire souffrir Mecheva en s'en prenant à sa population bien aimée. Il fit quelques apparitions à la télévision afin de rassurer ses citoyens, quelques arrestations eurent lieu et les portraits robots des coupables furent diffusés dans tous les moindres recoins de l'empire. Pas une fois on ne cita le nom des trop nombreuses victimes ou de leurs familles. La seule douleur qui fut entendue fut celle de l'empereur.

Pourtant, malgré l'agitation qui parcourait l'immense territoire, les coupables ne furent jamais retrouvés. Les désignés de l'incendie de la frontière étaient déjà bien loin et la responsable de la destruction de la caserne d'un petit village de campagne avait disparu de la circulation en emportant avec elle un soldat de l'empire qu'elle avait auparavant corrompu.

Les programmes de l'empire furent diffusés partout mais ceux qui visionnèrent le plus les programmes ne furent pas les citoyens eux-mêmes. Il existait au nord de Hoenn une petite île avec en son centre un immense manoir qui en apparence était abandonné depuis des années. Les « rebelles » y faisaient leurs formations. Les raisons qui empêchait Mecheva de se tourner vers cette île était sa situation géographique : l'île était tellement proche de la région libre que lancer une guerre aux rebelles en déclencherait une avec Hoenn. La seconde était que les criminels qui s'opposaient à lui n'étaient pas tout le temps là. Ils bougeaient souvent et se retrouvaient sur l'île de manière aléatoire pour former rapidement leurs rares apprentis et ensuite ils se dispersaient partout. Et enfin, cette île était celle sur laquelle, il y a si longtemps, Angerron et lui s'étaient affrontés pour la dernière fois. C'était sur cette île que la guerre avait assassiné la paix. La violence du meurtre d'Angerron avait assombri la roche de l'île mais le pouvoir, l'apaisement de la divinité avait inondé et marqué au fer rouge le sol du petit territoire. Ce pouvoir, cette émotion étaient nocives pour l'empereur, c'était comme un poison. Mais, pour combattre ces gardiens qui s'opposaient à lui depuis trop longtemps, ses soldats ne suffisaient pas. Il fallait qu'il soit sur place avec ses troupes. A la rigueur, il pouvait envoyer sa triade mais c'était risqué. Pour toutes ces raisons, il ne pouvait pas s'attaquer à cette île. Du moins, pas sans réfléchir et sans être précis à cent pour cent.


Ce matin-là, aux bord de l'île, un jeune gardien s'entraînait. C'était un garçon de 19 ans aux cheveux hérissés sauvagement, le regard un peu fou mais pas dans le mauvais sens du terme. Il était bien bâti et affrontait ses Pokémons en utilisant ses capacités de gardien. Il y avait face à lui un Elektek et un Leviator. Ses pouvoirs étaient de nature psychique. Ce que l'on voyait de son armure était un cristal rouge, deux queues bleues ornées d'un orbe rouge chacun et ses cheveux qui avaient pris une teinte légèrement bleu. Cet apprenti gardien se nommait Paul Hester et entrait dans sa troisième année de formation. Il était originaire de Hoenn et, en acceptant son destin de gardien, il voulait faire en sorte que sa famille et, plus largement, toutes les régions libres, n'aient plus peur de se faire envahir sans arrêt par un malade. Il débordait sans arrêt d'énergie et, quand il ne la dépensait pas en s'entraînant, il s'amusait à tester les inventions pour les gardiens. C'était à la fois dangereux et grisant mais c'était ce que Paul aimait : le goût du risque, le frisson du danger.

Son entraînement quotidien fut soudainement interrompu par un grand Latios argenté qui se posa à proximité. Le premier réflexe du jeune gardien fut de se mettre sur la défensive avant de reconnaître George, le Pokémon de Dame Lo. Mais il resta tout de même méfiant en voyant le garçon qui était avec lui.

- M'sieur George. Qu'est-ce qui se passe ? Où est Dame Lo ?

« Paul, je n'ai pas le temps de t'expliquer. Je dois m'entretenir avec Kara au plus vite. Peux-tu prendre en charge Neil ? C'est un gardien lui aussi. »

- Euh ok mais m'sieur...

Le Latios ne répondit pas et reparti pour Hoenn aussitôt, laissant le dénommé Neil un peu perdu avec lui. Paul soupira avant de se tourner vers le nouveau venu en se grattant l'arrière du crâne, indécis. C'est la première fois qu'on lui confiait un nouveau venu et il ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Le garçon avait l'air de quelqu'un qui avait voyagé depuis un sacré bon moment dans les airs. Ses cheveux avaient été ramenés en arrière, ses yeux étaient hébétés et il était aussi très pâle. Mais son regard était vif et réveillé. Il ne faisait même pas attention à Paul. Il admirait le Leviator la bouche ouverte, comme si c'était la première fois qu'il en voyait un.

- T'as jamais vu de Leviator mon vieux ? Demanda Paul d'une voix prudente.

- Je n'ai jamais vu beaucoup de Pokémon dans ma vie mais un aussi impressionnant jamais. C'est pas vraiment une chose qu'on oublie. Il doit être incroyablement puissant.

- Je te le fais pas dire, répondit le gardien, flatté. Mon Léviathan a évolué récemment après deux années d'entraînement. Je peux te dire que ça a pas été facile quand on connait son premier stade d'évolution.

Le Leviator grogna légèrement, vexé. Mais Neil n'avait entendu que la première partie de la phrase.

- Deux années ? S'étonna le garçon. Il faut vraiment autant de temps pour faire évoluer un Pokémon ?

- Euh non, ça dépend entièrement du Pokémon, le rassura le jeune gardien. Certes ça prend du temps mais crois moi, ils sont rares les Pokémons qui évoluent lentement même si, en général, ce sont souvent les plus puissants. Leviator est un des Pokémons les plus destructeurs qui soient. C'est normal que ce soit difficile de le faire évoluer. Ma sœurette Elek a évoluée au bout de six mois par exemple. Tu as quoi comme Pokémons toi ?

- Euh, j'ai un Minidraco et un Riolu.

Paul fut soufflé pour le coup. C'était vraiment un débutant ce mec ?

- Ah ouais quand même. T'as pas des Pokémons très communs tu le sais ça ?

- On me l'a dit souvent oui.

Le garçon semblait gêné.

- Bon, un Minidraco fait partie des Pokémon dont il est très difficile et très long de faire parvenir au stade final mais le faire évoluer une première fois ça devrait pas être dur si vous vous êtes entraîné régulièrement. Pour ton Riolu, ce sera en fonction de votre lien émotionnel. Plus vous serez proche, plus il évoluera vite. D'ailleurs, t'as fait comment pour les avoir ? Ce sont des Pokémon plutôt puissants et assez rares.

- Le Minidraco est mon frère Pokémon. Le Riolu, je lui ai sauvé la vie dans une ville en proie aux soldats impériaux et aux flammes.

- Wouah, c'est trop la classe ! S'exclama Paul, impressionné. Vous avez eu lien très fort direct. Il ne devrait pas tarder à évoluer. Mais, attends un peu, tu serais pas un enfant de l'empire ?

Un silence gênant s'installa entre les deux garçons. Le jeune gardien sut qu'il s'était aventuré sur un terrain glissant. Il préféra changer de sujet.

- Sinon, tu as été béni par qui ? Moi par Crefadet, l'être de la volonté.

- Euh, je ne sais pas.

Paul fut surprit. Comment pouvait-il ne pas connaître la divinité qui avait fait de lui un gardien ? C'est comme si on demandait une tarte aux pomme et qu'on demandait ce qu'étaient les fruits qui composaient ladite tarte.

- Comment tu sais pas ? Demanda le gardien.

- Bin, George m'a dit que la divinité qui m'a bénie est inconnue. On ignore qui elle est, on ignore ses pouvoirs, à quoi elle ressemble... Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle est de type Eau et dragon. Et puis, personnellement, je n'ai jamais entendu parler des anciennes divinités.

- Eau et dragon ? Tu as été béni par Palkia ? Non, c'est pas possible, elle est morte il y a longtemps. Tu dis qu'un dieu inconnu qui possède le même type que la créatrice de l'espace t'aurait béni ?

- Euh oui, c'est ça. Enfin je crois. Je n'ai jamais entendu parler de cette Palkia et je n'ai commencé mon apprentissage que depuis deux trois mois.

- Et sinon, dernière question promis... En fait, t'es pas obligé de répondre mais j'ai envie de savoir... Mais c'est comment ? La vie dans l'empire je veux dire ?

Le regard de Neil se durcit et pendant un instant, Paul crut qu'il allait lui dire d'aller se faire voir mais il lui répondit, le regard subitement devenu vide mais on pouvait sentir la colère quand il en parlait.

- C'est la merde. Aucune liberté, aucun moyen d'accéder au savoir, aucun moyen de penser sauf si tu souhaites perdre la tête.

Paul déglutit et baissa la tête. Il avait eu tort d'aborder le sujet. Un silence gênant et tendu s'installa entre les deux jeunes hommes quand Paul eu une idée brillante.

- Bon, et si on faisait un combat ?

- Hein ?

Neil ne comprenait pas où le jeune gardien voulait en venir. La proposition lui semblait-elle si improbable que ça ? En même temps, il venait de l'empire, il ne connaissait pas les usages. Paul senti une vague d'émotions l'envahir. Il aimait bien ce Neil, béni par une divinité inconnue, venant d'un endroit horrible et malgré tout encore debout, fort et décidé à combattre tout ce qu'il avait connu afin de le rendre meilleur. Il avait du courage à revendre et c'était cool.

- Chez les gardiens et les dresseurs on a un rituel pour faire connaissance. On se fait un combat Pokémon. Le combat permet de connaître la personne qu'on en face de nous, ça brise la glace si tu préfères. Et j'ai l'impression que ça devient urgent qu'on le fasse. T'es aussi coincé qu'un simularbre.

Neil réagit à la pique et sortit une de ses Pokéballs, un sourire apparaissant pour la première fois sur son visage qui avait repris des couleurs.

- On va voir qui est le Simularbre, s'exclama-t-il, ravi.



George avait quitté l'île et s'était dirigé vers Hoenn, plus précisément à Nenucrique. En huit siècles, la ville avait bien changé même si la ville était encore reconnaissable. Le centre commercial avait évolué, s'était réduit, le musée s'était agrandit, le grand centre de concours était également là. Les maisons étaient devenues de petits immeubles et des restaurants, des hôtels avaient poussés comme des champignons. Et, à côté du centre de concours, une grande boutique de vêtements avec l'enseigne « Melodelf'mode, la mode pour les petites fées » trônait fièrement, belle et accueillante.

Quoi de mieux comme couverture qu'une boutique de fringues pour petites filles ? Et le pire, c'est que c'était la petite de Lo qui avait eu cette idée. Auparavant, ils se terraient comme des lapins dans des bases secrètes un peu partout. Maintenant, ils pouvaient se montrer au grand jour. Leur marque commençait même à s'imposer dans quelques grandes villes de l'empire. Une merveilleuse façon d'infiltrer la tumeur au sein du cerveau. Il fallait avoir l'air inoffensif, voire un peu niais. Et le pire, c'est que le stratagème marchait. La première boutique en dehors de Hoenn datait de 15 ans et elle était au cœur de la capitale impériale !

Il entra dans la boutique qui, à cette heure de la journée, était pleine de clients. Sans prêter attention aux différentes mères de familles, à leurs enfants braillant, le Latios à forme humaine traversa le magasin jusqu'à se rendre dans l'arrière-boutique. De là, il chercha un digicode, le trouva, et pianota dessus un petit code. Puis, une porte s'ouvrit. George la passa et se retrouva face à un escalier, qu'il descendit. Il se rendit dans un grand hangar où plusieurs gardiens, dresseurs et Pokémons s'affairaient à différentes tâches. Le vieux Latios ne s'en occupa pas et se précipita vers une salle de réunion.

Avant même de d'ouvrir la porte, il entendit des éclats de voix. Il en identifia deux et fut instantanément rassuré pour l'une d'entre elles. Il plongea dans une bataille de voix entre Lo et Marcus, avec Kara qui tentait de calmer le jeu désespérément et un jeune homme qui, de toute évidence, avait peur du résultat de la dispute. George devina que la guerre vocale qui avait lieu était pour connaitre le sort de ce pauvre garçon.

Les éclats de voix s'interrompirent instantanément quand le dragon entra dans la salle. Un sourire apparut sur le visage de sa dresseuse et elle se jeta dans ses bras.

- George, ça me rassure tellement que tu aies pu revenir. Neil va bien ?

- Parce que ce n'est pas le seul que t'as amené ici ? Rugit Marcus de plus belle. C'est pas vrai mais tu peux pas t'empêcher de prendre tous les dangers que tu croises sur ton chemin ! Tu te rends compte que tu mets notre ordre en péril ?

- Notre ordre ? Répliqua Lo, redevenant furieuse. Tu n'es pas un gardien. Tu ne fais même pas partie de l'élite des dresseurs ! La seule raison pour laquelle tu es ici à râler c'est à cause de ton putain de fric !

- Et sans ce putain de fric comme tu dis, vous n'auriez pas pu revenir à la surface ! Vous seriez encore en train de ramper dans la terre comme des vers ! Nous sommes sur une corde raide et tu veux rajouter des couteaux pour la trancher ?! Moi je dis que ce soldat mérite de subir ce que nos semblables subissent quand ils se font prendre !

- Ce soldat ne suit plus Mecheva, Il s'est ouvert à la vérité ! Il est avec nous ! Et avoir un traître de Mecheva n'est pas un danger mais un atout. Il a des informations sur le fonctionnement de l'armée impériale. Et je dois avouer que ta mémoire est plus que défaillante. Nous avons reçu parmi nous une vingtaine de soldats impériaux dans nos rangs l'année dernière et ils se sont intégré sans soucis à notre armée. Notre meilleur élément humain est également originaire de l'empire tu te souviens ?

- Bon, lui peut être qu'il peut être utile, concéda de mauvaise grâce le vieil homme au visage dur et mou à la fois. Un visage ramolli à cause de sa fortune mais coupant à cause du pouvoir que l'argent lui procurait. Mais l'autre, que ton moyen de locomotion a amené, en quoi il peut nous être utile. Te connaissant il est certainement né dans un coin arriéré de l'empire. Il doit être analphabète et ignorant des lois qui gouvernent ce monde.

- C'est un gardien, répliqua la vieille gardienne, dont les yeux commençaient à s'illuminer d'une lueur azurée qui n'avait rien de rassurant. Et je t'interdis d'insulter un membre de notre ordre. Fais-le encore une fois et tu perdras quelques plumes dans le processus et je ne parle pas que de ton argent sale !

Marcus, sentant la menace, baissa la tête et marmonna des excuses mais George pouvait encore lire la rancune et le mépris dans ses yeux porcins. Il se hâta de s'excuser et de prendre congé, laissant Lo en compagnie de ses deux plus puissants Pokémons et du garçon que la gardienne avait amené. Aussitôt, l'expression menaçante de Lo laissa place à une lassitude mêlée au soulagement. Elle s'effondra sur un des fauteuils de la pièce en lançant :

- Je pensais ne jamais pouvoir me débarrasser de cet enfant de putain. Qu'est-ce qu'il peut me les briser.

« Elo ! » Protesta Kara, choquée.

Pour elle qui avait toujours voulu mettre en avant sa politesse et sa bonne humeur, entendre un membre de sa famille jurer la mettait dans tous les états.

« Surveille ton langage je t'en prie » Continua la Mewtwo la plus pacifique que George avait pu rencontrer.

En sachant que ce Pokémon avait été créé par une organisation criminelle dans le seul et unique but de détruire. Mewtwo était une arme de destruction vivante. George, qui avait beau être puissant de par sa lignée de gardien, n'égaliserait jamais en matière de pouvoir brut le Pokémon clone de Mew. Seul le tempérament doux et calme de Kara maintenait cette puissance qui, loin de se stabiliser, grandissait avec le temps. La Kara que le Latios avait connu en étant humain ne possédait un pas un centième de la puissance que cette Kara avait aujourd'hui. Quelque part, au fond de lui, une petite voix lui murmurait la question qui lui glaçait le sang : combien de temps faudrait-il pour que le corps de Kara ne puisse plus supporter le pouvoir qui résidait en elle ? Et surtout, qu'arrivera-t-il quand ce temps viendra ?

« Un tel langage est indigne de la dirigeante des gardiens de Safaïa »

Le regard de Lo se durcit à nouveau.

- Arrête, ordonna-t-elle d'une voix sans doute plus dure qu'elle ne l'aurait voulu. Je ne suis pas la dirigeante. C'est Paul le chef. Il l'a toujours été. Je n'ai été que sa femme, sa conseillère. Je ne suis pas taillée pour diriger contrairement à lui.

Ce fut au tour du regard de George de se durcir. Alors comme ça elle continuait à se voiler la face.

« Paul n'est plus en mesure d'assurer son rôle au cas où tu l'aurais oublié Elo. TU es la dirigeante, que tu le veuilles ou non. Alors arrête de te comporter comme une enfant. Le voyage que tu as fait, c'était le dernier. Dorénavant tu ne risqueras plus ta vie dans l'empire. Ce seront les guerriers que tu as sous tes ordres qui le feront. »

- Ils mourront si je les envoie là-bas, riposta la gardienne, voulant garder contenance devant le soldat qu'elle avait amené mais ne parvenant pas à contrôler les sanglots convulsifs que les mots du Latios avait provoqués. Je ne veux plus que qui que ce soit meure par ma faute.

« Nous sommes en guerre ! » Rugit mentalement le dragon. « En temps de guerre, des soldats meurent ! tu n'es pas leur mère mais leur chef. Ils sont prêts à risquer leur vie pour vaincre Mecheva. Arrête de vouloir mourir comme cet idiot ! Paul peut se dire ce qu'il veut, sa décision a été égoïste et lâche ! Il t'a laissé toute seule élever ta fille et diriger les gardiens. Mais quelque part, il a eu raison de le faire. Comporte-toi comme l'adulte que tu es pour une fois. Même si tu y mets un millénaire, tu ne pourras pas sauver tout le monde. »

La vieille élue de Mew renifla une fois, deux fois, s'essuya les yeux avec son bras et baissa la tête. Elle finit par acquiescer et s'installa derrière son bureau. D'un geste négligeant de la main, elle leur demanda de partir et d'emporter avec eux le garçon qui ne comprenait toujours pas ce qui l'attendait.

Voulant qu'elle réfléchisse, les deux Pokémons obéirent et emmenèrent l'ancien soldat dans le couloir. La langue du jeune adulte se délia enfin et il murmura d'une voix inquiète.

- Qu'est-ce qui va m'arriver maintenant ? Qu'est-ce que je dois faire ?

Kara, dans la plus pure démonstration de sa bonté, se pencha sur le jeune homme.

« Que veux-tu faire mon garçon ? » Lui demanda la vieille Mewtwo. « Tu n'es plus dans l'empire. Tu peux être ce que tu veux. Il te faut juste le dire. »

Le garçon réfléchit avant de déclarer d'un air plus que déterminé.

- Je veux me battre. Mecheva joue avec la vie de ses citoyens. L'idée qu'un être aussi abject gouverne ce monde me donne la nausée. Je veux devenir un puissant dresseur pour pouvoir me battre. Et je m'appelle Adrien, pas garçon.

Kara acquiesça, le sourire aux lèvres.

« Ainsi soit-il Adrien. Je vais te conduire au centre d'entraînement pour les dresseurs de Hoenn. Là-bas, tu pourras devenir fort. Et si tu souhaites attraper d'autres Pokémons, sache que le parc safari est encore ouvert. »

Et les deux s'en allèrent, laissant le vieux Latios seul. Il fut tenté de retourner chercher Neil sur l'île mais le jeune gardien avec qui il avait laissé le jeune homme habitait à Nenucrique. Il ne laisserait pas le nouveau venu croupir sur l'île. Et puis, Neil était arrivé à destination. Il n'était plus sous sa responsabilité. Il pouvait faire ce qu'il avait envie de faire. Il eut plutôt envie de voir la fille de Lo. Il était parti cinq mois pour l'empire et il voulait revoir son charmant sourire et entendre tout ce qu'elle avait fait pendant tout ce temps.

Il quitta le refuge et se dirigea vers une petite maison un peu en dehors de la ville, près du grand Parc Safari, toujours en activité, pour que les tous jeunes enfants puissent attraper leur premiers Pokémons. C'est en ce lieu que Florent, âgé de 15 ans à cette époque, avait attrapé son premier Partenaire. Un Pokémon qu'il ne sortait plus que pour les grandes occasions. Il avait été tellement heureux ce jour-là, ça avait rappelé l'éclosion du Pokémon de George, Dhani, huit cents ans auparavant. C'est la tête remplie de bons souvenirs que George entra dans la petite maison pour trouver non pas la jeune fille qu'il avait élevée mais Florent, assit sur une chaise, le regard furieux. Le vieux Latios constata avec surprise que la maison semblait abandonnée, chaque meuble croulant sous une couche de poussière de plusieurs centimètres.

« Que s'est-il passé ici ? » murmura télépathiquement le vieux dragon.

- A vrai dire, répondit le dresseur en se levant. J'aurais aimé avoir une réponse de votre part à ce sujet.

« Que veux-tu dire ? où est Louise ? »

Florent ne répondit pas et le frappa. Même si le coup avait été balancé avec toute la force dont le jeune homme était capable, George ne fut pas projeté comme il l'avait été avec celui que Neil lui avait fait cadeau. Après tout, Florent était un humain, pas un gardien.

- Vous m'aviez promis de ne pas faire d'elle un soldat, hurla Florent. Je vous faisais confiance ! Mais vous l'avez laisser rejoindre cet ordre ! vous n'aviez pas le droit !

« Attends que veux-tu dire ? » S'étonna George. « Je suis parti cinq mois et je viens de rentrer. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Florent s'arrêta instantanément.

- Vous n'êtes pas au courant ? Je croyais que...

« Florent, calme-toi et explique moi clairement ce qu'il s'est passé. »

Le dresseur raconta tout ce qu'il avait appris au cours de sa dernière mission, qu'à son retour il avait retrouvé sa sœur adoptive distante, changée. Et elle avait pris l'habitude de partir sans prévenir on ne savait où pour ne revenir que plusieurs jours après.

Toutes ces nouvelles plongèrent George dans un état d'angoisse pure. Il connaissait la jeune femme comme s'il l'avait faite lui-même. Toute cette réserve ne lui ressemblait en rien. Mais pour mettre les choses au clair, il fallait qu'elle soit retrouvée. Il demanda l'aide de Florent qui accepta. Ses Pokémons pouvaient pister la jeune femme.



Sur l'île de l'école des gardiens, à quelques mètres seulement du duel qui opposait Paul Hester à Neil Fynch, faisant face à la mer tout comme son père l'avait fait jadis, louise Lordiris, la fille des du dernier fils de Lugia et de l'enfant de Mew, admirait l'horizon en direction de l'empire de Mecheva, l'empire que son frère avait créé il y a huit siècles. Un empire totalitaire, cruel et chaotique qui faisait souffrir le monde entier.

Et c'était à elle de mettre fin aux agissements de ce frère qu'elle n'avait pas connu. Il en était de son devoir. Elle avait commencé par intégrer les gardiens et avait reçu son partenaire Pokémon, puis avait tenté par tous les moyens de maîtriser ses capacités surnaturelles que les dieux ne lui avaient pas octroyé. La jeune femme de dix-sept ans ignorait tout des origines de la puissance qui coulait sans ses veines mais à l'heure actuelle, elle s'en fichait comme de l'an 40. Elle possédait une force et elle allait s'en servir pour arrêter Mecheva, il en allait de son devoir.

Malheureusement pour elle, si la jeune femme parvenait à maîtriser chaque jour un peu plus ses pouvoirs, il n'en allait pas de même pour ses performances en combat Pokémon. Elle n'arrivait pas à maîtriser la pratique même si toute la théorie elle avait les meilleurs résultats.

Un rugissement particulièrement violent coupa net ses réflexions. Curieuse, elle se rapprocha et aperçut le duel entre deux garçons. Louise se concentra et vit autour d'eux leur aura. L'un des deux était un enfant de Créfadet, l'autre était inconnu au bataillon. Mais c'était des gardiens, il n'y avait aucun doute là-dessus. Ils étaient tellement concentrés sur leur combat qu'ils ne remarquaient pas la présence de la jeune femme.

« Ils ne devraient pas être aussi imprudents » pensa-t-elle en s'asseyant sur un rocher et admirant en silence le dérouler du combat qu'elle avait sous les yeux, cherchant par tous les moyens obtenir ce qui lui manquait pour s'améliorer en combat Pokémon.

Elle regarda tout ce qu'il y avait à voir avant de se retirer. Louise avait vu ce qu'elle avait besoin de voir. Elle allait se servir de ces garçons pour s'endurcir en combat Pokémon.