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Les Nuits de Sang de BioShocker



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Informations

» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 05/01/2016 à 20:49
» Dernière mise à jour le 24/01/2016 à 21:22

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence d'armes   Suspense   Unys

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010 : ...surtout en temps de crise !
"Laissez-moi vous donner un avertissement sur ma famille, au cas où vous ne l'auriez pas encore deviné, dit-il enfin. C'est la pire bande de salauds, de rapaces, de voleurs, d'escrocs, de traîtres, de criminels, qui ait jamais rampé sur le sol terrestre. Et j'y inclus mes propres rejetons."
- Mortimer Winshaw, Testament à l'anglaise de Jonathan Coe



- Que tous les chiens Unovites se dénoncent, et il ne sera fait aucun mal aux civils innocents !

Cette phrase avait sonné comme un requiem pour tous les convives qui, quelques instants plus tôt, partageaient tous un moment de détente et de bonheur au milieu de tous ces jeux et cet alcool qui coulait à flots. Mais plus maintenant. Plus personne ne distribuait les cartes, récupérait les mises ou servait à boire. Ils étaient soumis à la pression, à la tension presque palpable qui envahissait de plus en plus l'immense salle à chaque seconde.

Parmi la foule, le major Jim Warden et le lieutenant Alex Raine, ennemis naturels de ce groupe armé, observaient ces gusses habillés de treillis bruns, avec amusement pour l'un, crainte et dégoût mêlés pour l'autre. Ils se doutaient certes que les rebelles qui désiraient plus que tout récupérer leurs terres savaient se battre et avaient même un certain niveau, ayant réussi à leur prendre une base ; mais personne n'avait l'avancée technologique de l'armée Unovite. Quoique Raine en fut vite incertaine en voyant l'arme de l'un des hommes, qui se tenait non loin d'elle. Il s'agissait exactement du modèle qu'ils avaient pu voir en plusieurs exemplaires chez Tobias Owen. Un modèle Unovite.

- Je ne le répéterai pas indéfiniment ! beugla celui qui semblait mener le groupe de rebelles. Sortez de votre trou, bande de lâches, de traîtres, de salauds !

Warden serra les poings, un sourire nerveux aux lèvres. Il chuchota quelque chose à sa collègue.

- Si on est lâches, alors lui, je me demande bien ce qu'il est. On ne prend pas des civils en otage, nous !

Elle haussa discrètement les épaules.

- On a bien dû le faire pendant la guerre.

- Mais là, on est pas en guerre, lieutenant Raine. On ne l'est plus.

- Qui sait ? Eux se considèrent sans doute toujours en conflit... souffla la jeune femme, jetant un regard en coin à un homme qui marchait dans leur direction.

Cachés derrière des machines à sous avec d'autres personnes, ils passaient relativement inaperçus aux yeux des rebelles. Au détail près que tous les deux avaient un pistolet qu'ils tenaient bien fermement, guettant le moment opportun pour tirer. Moment qui ne semblait pas près d'arriver, mais il fallait toujours observer avec minutie son adversaire. Les deux officiers le savaient bien, et ils ne se laisseraient sûrement pas faire par une bande de pro-Hoenn. Cette région serait, d'ici quelques années, entièrement annexée à Unys et n'existerait plus que pour soutenir cette région prônant le progrès et l'industrie.


*
* *


Il était, disons-le franchement, émoustillé par la situation qu'il avait déclenchée. Il se délectait de voir le sang couler. Le sang des chiens Unovites. Même s'il ne prenait pas part aux hostilités - et il s'en voulait -, il menait toutes les opérations par radio, de son lit peu confortable. Cette idée-même de rester alité pendant une semaine entière l'écœurait, mais pour accomplir ce pourquoi il avait rejoint les rangs des résistants, il devait être en forme. Alors il ne ferait pas le difficile, cet état de faiblesse fusse-t-il son pire cauchemar. Si tout se passait bien, on lui amènerait la tête de quelques Unovites et il dormirait bien, avec la satisfaction d'un travail bien fait.

Lorsqu'il entendit des grésillements, il s'empara immédiatement de la radio et écouta ce que le meneur de la petite équipe envoyée au casino de Lavandia avait à dire.

- Tout se passe sans accroc pour l'instant, m'sieur. A une exception près... pour l'instant, on a nos fusils braqués sur la foule, les portes sont bien fermées, et pourtant aucun Unovite ne se dénonce ou n'a été balancé. Qu'est-ce qu'on fait ?

Tobias sourit, étrangement à l'aise alors même qu'il était bien blessé et incapable de sortir de son lit.

- Je vous aurais bien demandé de liquider Sullivan Finkton, mais il nous est trop utile pour le moment. Si d'ici dix minutes personne ne se rend... je suppose que vous savez à quoi vous attendre.

Le blond alité ne l'entendit pas, mais l'homme avec qui il communiquait déglutit bruyamment.

- N'hésitez pas à faire des morts pour l'exemple. La pitié est pour les faibles, et vous savez aussi bien que moi à quel point je les méprise, n'est-ce pas ?

- Bien sûr. Le travail sera fait comme il se doit, répondit le rebelle, quoiqu'un peu hésitant, au ton de sa voix.

Tobias Owen, satisfait, reposa la radio et fixa un long moment le cadre accroché sur le mur d'en face. Il avait comme deux parties en lui. L'une, celle qui demeurait la plupart du temps, était parfois violente, sans être d'un sadisme incroyable ; l'autre, en revanche... c'était loin d'être le cas. Il fallait qu'il se débarrasse de l'une ou de l'autre, auquel cas il deviendrait complètement fou.


*
* *


Après avoir discuté - très brièvement - avec le colonel Waltz, le docteur Watson se sentait un peu mieux. Pourquoi ? Il n'en savait rien, mais s'était montré étonné lorsque l'officier supérieur avait admis s'être inquiété pour lui. Peut-être que des gens le respectaient et tenaient encore à lui. Il ne savait pas, et puis de toute façon, la culpabilité refusait de partir complètement ; il se sentait certes mieux, mais pas dans une forme olympique non plus. Il devait relativiser. Peut-être qu'une visite sur la tombe de Jennifer Greene l'aiderait un peu, quoiqu'il n'en fut pas certain.

Il traversa, d'un pas lent, lourd, incertain, les rues de la capitale Hoennaise, maintenant devenue la demeure de bon nombre d'Unovites. Presque tous les natifs de la région qui vivaient encore à Mérouville habitaient les bas-quartiers, suite aux expulsions ayant eu lieu après la guerre, sans oublier les exécutions et les victimes du conflit.

Il arriva, encore plus incertain qu'auparavant, aux grilles, hautes et inquiétantes, du cimetière. Il poussa l'une d'elles et s'attendit à entendre un horrible grincement, mais rien ne vint. Il inspira un grand coup et se mit à longer l'allée principale, puis passa par la pelouse pour trouver ce qu'il cherchait. Une sépulture des plus sobres, placée juste à côté de celle du major Sheldon Tanner. L'épitaphe indiquait la phrase suivante : "Nous n'oublierons pas votre bonne humeur". Ce fut sans doute la goutte de trop pour lui, mais il ne pleura pas. Il résista à la tentation, debout, les mains dans les poches de son pantalon de costume froissé. Dire qu'il faisait peine à voir serait un euphémisme.

Il resta là, un long moment, à observer cette plaque argentée brillant à la lueur de la lune. Puis, instinctivement, comme poussé par une force supérieur, il se mit à parler.

- J'aurais aimé vous connaître mieux. Je n'en savais que très peu sur vous, qui étiez une femme pleine de vie. Même face à des adversaires dangereux, vous n'avez pas cessé de vivre votre vie à fond. On a passé vraiment... très peu de temps à se cotoyer, et je dois dire que je le regrette. Votre bonne humeur, votre côté très peu sérieux alors même que vous étiez en pleine mission... je respectais ça, et maintenant que vous avez... que vous avez donné votre vie pour sauver la mienne... je ne le respecte que plus.

Il soupira, reprit son souffle, arrangea un peu ses cheveux qui volaient dans tous les sens à cause du vent, qui commençait à devenir agaçant, puis essuya les quelques larmes qui naissaient au coin de ses yeux. Pour avoir l'air plus digne. Devant qui ? Personne. Lui-même, sans doute. C'est à sa culpabilité qu'il faisait face. C'était elle, sous la forme d'une pierre tombale, qu'il regardait dans les yeux à ce moment-là. Son regard émeraude commençait à reprendre des couleurs, alors qu'il y a quelques heures à peine, il était plus terne que jamais. C'était un signe, un pas vers la guérison.

- Je crois... je crois qu'à première vue, j'ai très mal jugé le cadeau que vous m'aviez fait. Vous ne me connaissiez pas, vous auriez pu me laisser mourir là, tué par une balle. C'est notre lot à tous, la mort. Mais non. Vous vous êtes placé devant moi, et ce... cet enfoiré... il a tiré et la balle vous a atteint. Si vous saviez à quel point je le méprise... je n'ai qu'une envie, le tuer. Ironique, hein ? Moi, un médecin, qui n'ai jamais ôté la vie...

Il rit légèrement, d'un rire nerveux sans couleur ni personnalité. Juste un rire nerveux. Rien de plus, rien de moins que ce fichu rire nerveux. Puis il se reprit, et avec un demi-sourire - il s'étonnait franchement d'être capable de sourire -, continua sa litanie. Cet hommage à une femme qu'il connaissait à peine.

- Qu'est-ce que je disais, déjà ? Ah, oui... j'ai mal pris ce don que vous m'avez fait. J'ai culpabilisé, énormément, et je ne vous ai pas respecté en me noyant dans l'alcool. Un ami m'a dit... que le cadeau que vous m'avez offert est inestimable et qu'il ne faut pas le gâcher, mais le chérir chaque jour davantage. Cet ami... eh bien, j'avoue qu'il n'est pas très doué pour rassurer, mais... ses paroles m'ont fait un bien fou. J'espère avoir le courage de le remercier bientôt.

Et il continua ainsi, sans remarquer le regard intrigué qui l'observait.


*
* *


- Foutus rebelles de merde... songea le major Warden en guettant avec attention les faits et gestes de l'homme armé le plus proche.

Les rebelles n'avaient pas encore commencé à exécuter des victimes innocentes, mais l'officier se doutait que le massacre n'allait pas tarder à débuter, et ça le rendait fou de colère, mais pour l'heure, il se contentait d'observer. Finalement, lorsque l'un des pro-Hoenn s'approcha suffisamment, à environ un mètre de lui, il ne put se retenir de sourire et de dire, l'air de rien :

- Dis adieu à tes rotules, sac à merde !

Sans laisser le temps à son ennemi de réagir ou de comprendre ce qui lui arrivait, Warden tira une balle dans chacun des genoux de l'homme, qui laissa échapper un cri de douleur atroce. Ne tenant naturellement plus sur ses jambes, il s'écroula au sol, agonisant en hurlant. C'était certain, avoir les genoux éclatés n'était pas la chose la plus agréable qui soit. Le major s'empara du fusil de précision issu de sa propre région, et continua d'enchaîner les tirs avec son Walther. Dans les rangs ennemis, c'était un peu la pagaille, d'autant plus que le tireur était caché derrière des machines à sous et bougeait beaucoup, ne restant pas plus de deux secondes au même endroit.

- Raine ! chuchota-t-il à sa camarade, qui observait tous ses faits et gestes, médusée.

- Euh... oui, j'arrive !

La jeune femme blonde le rejoignit, gênée dans ses mouvements par sa tenue, qui n'était assurément pas faite pour se prêter à ce genre d'exercices. Elle parvint néanmoins à éviter les tirs ennemis en restant près du sol, et s'empara du pistolet sanglé à sa cuisse, à l'abri sous sa robe pourpre. Warden sourit, ne prêtant pas attention aux cris des rebelles qui hurlaient de douleur, ni à ceux des otages qui étaient morts de trouille devant tant de violence d'un coup.

- Au risque de me prendre une balle dans la tête... vous êtes vachement sexy dans cette robe. Bon, couvrez-moi, je monte au balcon pour avoir une meilleure vue sur ces incapables.

Ne prenant pas la peine de répondre à sa remarque, elle hocha la tête et attendit qu'il lui fasse signe pour commencer à tirer. Heureusement que la majorité des otages étaient allongés au sol, autrement, elle ou les rebelles en auraient tué plus d'un. Elle réussit à en abattre deux d'une balle dans la tête et vit, avec soulagement, son collègue atteindre le balcon et se trouver une place convenable pour tirer. Finalement, il se posta dans un angle, relativement protégé par la balustrade.

Sans cesser de tirer, Raine le suivit, abattant un autre homme. Les autres, qui n'étaient pas armés, se saisirent des armes laissées à terre, mais trop tard ; la blonde était déjà en haut, avec son collègue, toute essouflée.

- Vous courez vite, commenta-t-il, tandis qu'il réglait le viseur du fusil. C'est dingue, ces trous du cul savent même pas comment ces trucs marchent !

- Ha... eh bien tant mieux... ne voulez-vous pas que je le...

Il secoua la tête et sourit.

- J'aimerais bien m'amuser un peu avant d'aller au dodo, si vous le permettez.

Elle ne répondit rien à cela et se concentra de nouveau sur les rebelles restants. Ils étaient six et n'avaient même pas réussi à les défaire, eux qui étaient seuls. Celui qui semblait leur leader, sans délicatesse, prit une jeune fille d'à peine dix-huit ans par le bras et la tua d'une balle dans la tête, entre les deux yeux. Il se retourna ensuite vers les deux Unovites, perchés en haut du balcon, et sourit, dévoilant une expression dénuée de toute sympathie pour eux.

- Ceci est mon dernier avertissement, chiens d'Unys. Sortez de votre niche et venez sagement vous rendre, peut-être pourrons-nous vous accorder une mort... moins douloureuse.

Warden en doutait fortement, aussi se contenta-t-il de répliquer :

- Tu m'as l'air bien illuminé, toi... t'es sûr que tes parents sont pas frère et sœur ?

Le lieutenant Raine manqua de s'étouffer, tiraillée entre fou rire et exaspération. Elle réussit à se calmer et, le cœur battant, demanda au major :

- Que fait-on, maintenant ?

- Quelle question. On les tue, ces salopards. Plutôt mourir que de me rendre à des pro-Hoenn débiles issus d'une consanguinité sordide... souffla-t-il.

Elle hocha la tête, mais malgré cela, elle hésitait. La mort de cette jeune fille pesait sur sa conscience, à présent, et elle n'était pas sûre d'avoir suffisamment de courage pour assumer une chose pareille.


*
* *


- C'est... la chose la plus atroce qui pouvait arriver... grimaça Winston Travis.

Lui, ainsi que sa femme Bridget, Sullivan Finkton sa fiancée Hilda Riggs, se trouvaient cachés sous une table de poker. Le politicien trouvait cela assez humiliant et ridicule, mais s'en accomodait, tenant un peu plus à la vie qu'à son image. Bridget tremblait. Pas de peur, mais plutôt de dégoût, devant cette scène macabre. Jamais ils n'auraient imaginé que pareil spectacle se produirait devant leurs yeux. Leurs propres alliés, ceux qui prônaient la liberté et la fin de l'asservissement de Hoenn, tuaient des civils pour convaincre deux pauvres Unovites - peut-être plus, mais ils n'en savaient rien - de se rendre. Et Winston était certain qu'ils ne le feraient sûrement pas.

Le couple Travis avait beau être scandalisés, leurs "amis" l'étaient tout autant, voire plus. Hilda s'était évanouie et reposait dans les bras de son fiancé, lequel regardait les deux résistants, et ce n'était pas pour les rassurer. Il remonta ses lunettes et les fixa l'un après l'autre.

- Je sais que ce n'est pas le moment, mais... il semblerait que vous n'avez pas l'âme d'un chef, Travis. Visiblement, quelqu'un se pense assez bien pour se passer de vous ce soir.

L'homme aux cheveux noirs grimaça, et ne dit rien. Sa femme, en revanche, réfléchissait énormément, au point d'en avoir mal à la tête, et en vint bien vite à une hypothèse, hélas pas des plus réjouissantes...

- Je suis sûre que c'est lui qui a fait ça. Ce salopard.

Finkton plissa les yeux.

- Plaît-il ?

- Tobias Owen. Un type qui est actuellement blessé et incapable de bouger, mais ça ne l'empêche pas d'être un psychopathe. Même de là où il est, il a aisément pu envoyer des hommes...

- Comment sais-tu que c'est lui ? s'étonna Winston, qui pensait tout de même connaître la réponse.

Bridget haussa les épaules.

- Oh, peut-être parce qu'il est schizophrène et qu'il a à moitié déchiqueté un type. Je te l'ai dit, j'en suis même arrivée à plaindre ce pauvre Unovite. Un Unovite, te rends-tu compte ?

Winston et Sullivan levèrent les yeux au ciel en même temps.

- Tant de considération, ça me remplit de joie... soupira le politicien originaire d'Unys.


*
* *


Joseph Watson, qui en avait vraiment très gros sur le cœur, acheva, en pleurant, son discours émouvant à l'adresse de la défunte Jennifer Greene. Cet exercice l'avait secoué, et beaucoup plus que ce à quoi il s'attendait. Il avait du mal à cesser de sangloter, et se fit violence pour réussir à se calmer. Finalement, une fois qu'il se sentit prêt à se relever et à retourner chez lui, il épousseta son costume plein de poussière et fit quelques pas, avant d'être abordé par quelqu'un.

- Excusez-moi de vous déranger, pourrions-nous discuter un moment ?

La voix masculine qu'il entendit le fit sursauter, tant et si bien qu'il manqua de tomber en arrière. Son cœur battait la chamade. Il ne bougea pas et attendit que l'importun se montre, ce qu'il finit par faire. En le voyant, il ne le reconnut absolument pas ; il ne l'avait jamais vu, il en était certain. Et il avait une bonne mémoire des visages, en règle générale. Le type qui se tenait devant lui ne devait pas avoir plus de trente ans. Même lui, qui n'avait aucune attirance pour les hommes, dirait qu'il était beau. Il ne pouvait pas clairement distinguer la couleur de ses cheveux courts à cause de l'obscurité, et du fait qu'il portait un chapeau, mais ils devaient être bruns foncés. Ses yeux bleus le dévisageaient, et il n'arrivait à lire aucune émotion dans ceux-ci, sinon de la curiosité. Son visage était pâle, et il était vêtu de façon bien plus... présentable que le médecin, dans son costume froissé.

Après un long moment passé à dévisager l'inconnu, il osa prendre la parole.

- Qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas.

L'autre haussa les épaules, un demi-sourire narquois sur le visage.

- Non, c'est vrai. Pas plus que je ne vous connais.

Il tendit sa main à Watson.

- Roy Cohen, pour vous servir. Je suis... ce que l'on pourrait appeler un homme d'église.

- Vous n'en avez pas l'air, en tout cas, fit remarquer le blondinet. Que me voulez-vous ?

Il se doutait bien de la réponse, mais posa tout de même la question, histoire d'entendre cela de la bouche du principal intéressé. Lequel lui répondit, le plus naturellement du monde :

- Oh, je passais simplement par là, et je vous ai entendu parler à votre amie défunte. J'ai trouvé ce discours intéressant, alors... me voilà.

- Intéressant... répéta Watson, incrédule.

Il se sentait honteux d'avoir pu être ainsi espionné par quelqu'un alors qu'il mettait son cœur à nu, plus que jamais auparavant. Ce type sorti de nulle part s'alluma une cigarette sans vraiment prêter attention au médecin. Celui-ci ignorait même que les "hommes d'église" avaient le droit de fumer, mais il n'avait jamais été un fervent croyant comme l'avaient pu être ses parents ou, s'il en croyait ce qu'il avait appris, le major Greene. Il était donc normal qu'il ne connaisse rien à cet univers-là.

- Ecoutez, je ne sais pas ce que vous voulez, mais je dois rentrer chez moi, alors...

- Je vous l'ai dit, le coupa Roy. Discuter un moment, c'est tout.

Le brun tira une bouffée de sa cigarette et sourit au blondinet, qui se sentait pour le coup vraiment mal à l'aise.

- Je ne vous oblige en rien, ajouta-t-il.

Watson hocha la tête, mollement, et décida qu'il était plus que temps de partir ; il était fatigué, et il n'avait pas envie de s'attirer des ennuis avec un inconnu qui lui semblait plutôt louche. Il sortit donc du cimetière, laissant, bouleversé par cette sortie nocturne, cet étrange Roy Cohen seul avec les morts.


*
* *


Reservoir Dogs OST - Little Green Bag (lien YouTube)


- Un sans faute pour l'instant ! sourit Warden.

Armé du fusil de précision dérobé à l'un des rebelles peu de temps auparavant, le major prenait un certain plaisir à éliminer ses ennemis, prenant soin de viser leurs yeux à chaque fois. Et pas une fois il n'avait raté son tir. Il fallait dire que ces armes-là, elles étaient rudement pratiques, simples d'utilisations, et équipées de balles qui filaient extrêmement vite. Raine, à ses côtés, était étonnée par ce talent qu'il montrait au maniement de ce genre d'armes, qui était son domaine de prédilection à elle. Mais elle semblait aussi perplexe par la joie que son collègue éprouvait en tuant ces gens.

- Major, ils en ont eu assez...

- Non, non, voyez, il en reste un.

Sans attendre, il élimina le dernier des rebelles, qui s'effondra avec les autres. Ils n'avaient pas été très réactifs, sur ce coup-là ; à peine un d'éliminé, que tous les autres restèrent pétrifiés par la peur. C'étaient eux, les lâches, pas de doute là-dessus.

- Vous êtes... je vous croyais différent de tous ces officiers sadiques qui tuent pour le plaisir... balbutia la blonde, déboussolée.

Warden haussa les épaules.

- Eh, je ne suis pas un SS allemand non plus ! Je fais mon travail, et... j'aime mon travail. C'est tout.

Elle ne chercha pas plus loin, car déjà les convives, qui se relevaient, débarrassés de l'ennemi, les acclamaient dans un tonnerre d'applaudissement et de cris. Ils avaient peine à croire que des Hoennais, pour la plupart, scandaient le nom de leur région, enthousiastes.

- Tirons-nous, je hais le succès ! geignit le major.

- Pas avec les femmes... soupira Raine en le suivant hors du casino.

Ils quittèrent Lavandia en hâte, dans la voiture rouge de Warden, tous deux un peu mitigés quant à leur ressenti. D'un côté, ils se sentaient bêtes d'avoir échoué dans leur mission, mais ils avaient gagné le soutien des gens aisés de Hoenn, et ce n'était pas rien. Il y avait bien quelque chose qui taraudait toujours le major. Ces armes Unovites, il croyait savoir d'où elles provenaient, et ce n'était pas pour le rassurer. Mais pour l'heure, il avait à se préoccuper de quelque chose de plus urgent ; il s'était inquiété toute la soirée pour son ami et colocataire provisoire, le docteur Watson, bien qu'il n'en aie rien montré.

Quant à Raine, elle observait le paysage nocturne - qui, elle devait l'avouer, était de toute beauté -, tout en réfléchissant à des sujets qui la dépassaient sûrement.