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Les Nuits de Sang de BioShocker



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Informations

» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 03/01/2016 à 17:09
» Dernière mise à jour le 03/01/2016 à 17:09

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence d'armes   Suspense   Unys

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008 : Anarchie financière
"Je ne suis pas difficile, je me satisfais aisément du meilleur."
- Winston Churchill



Une respiration saccadée. C'était tout ce qu'il pouvait percevoir, allongé Arceus sait où, immobile et incapable de bouger. Qui est-ce qui respirait, dans un souffle erratique ? Etait-ce lui ? Oui, ce devait être lui, bien qu'il n'en soit pas certain. Les yeux clos, plongé dans le noir total, il ne pouvait rien discerner. Rien du tout. Il se sentait plus faible que jamais, et ça le tuait de ne pas pouvoir y remédier. Il était un homme d'action, que diable ! Pas un mollusque incapable de remuer le moindre doigt ! Il resta un moment dans un état de flottement psychologique, son esprit s'étant envolé dans des contrées bien lointaine, et ce jusqu'à ce qu'une... non, deux voix, ne le ramènent à la réalité. Toujours les yeux clos, cette fois, il écoutait.

- Bon sang, je te l'ai dit, que ce type était un danger, aussi bien pour les autres que pour lui-même, tu me crois, maintenant ?! grommela une femme.

Cette femme... pas de doute possible, c'était elle. Celle qui le détestait. Bien qu'il ne l'aie jamais entendu de sa bouche, il le savait. Les regards chargés de mépris qu'elle lui lançait souvent étaient bien assez éloquents pour se passer de paroles.

- Je suis désolée mais je persiste à croire que c'est une erreur de le laisser œuvrer avec nous, poursuivit Bridget Travis en jetant un regard au grand blond allongé dans le lit d'hôpital, pas si inconscient qu'il le laissait croire.

- Chérie, écoute... tu as raison, Tobias est dangereux et on ne peut rien y faire, il est comme ça. Mais en l'état actuel des choses, si l'on veut récupérer nos terres et tous nos droits, autant accepter toute l'aide proposée. Ce serait bête de refuser, surtout qu'il a des talents très utiles, répondit un homme.

Allons bon, voilà que ce bon leader des résistants venait à sa rescousse, à présent. Il était trop gentil, ce type-là, et n'avait pas l'âme d'un chef, contrairement à sa femme. De ce qu'il en savait, au moins, Winston Travis ne le méprisait pas. Pas de façon aussi virulente que Bridget, tout du moins.

- Des talents très utiles... ah oui, tu veux parler de sa propension à tuer avec un sadisme fou ? Tu te rappelles ce qu'il a fait à Sheldon Tanner du camp H119 ? Même moi, je me suis surprise à plaindre ce pauvre officier Unovite, vu la cruauté avec laquelle Owen a lacéré son corps de coups de couteau au point de faire des gravures et d'écrire des messages sur la peau de ce type !

Bridget reprit son souffle, elle-même étonnée de son débit de parole anormalement rapide. Son mari, abasourdi, baladait son regard entre elle et le blessé, qui venait d'ouvrir les yeux et de se redresser. Il semblait complètement choqué par ce qu'il venait d'entendre, fusse-t-il le responsable des actes crûment décrits par la rouquine. Ses yeux faisaient le tour de la pièce, ne se posant pas plus d'une seconde sur un point précis. Il finit par lancer un regard presque empli de détresse à Winston.

- C'est quoi, cette histoire de massacre ? J'ai... vraiment fait ça ? Tuer des gens, je sais, mais les mutiler... je comprends pas.

Mari et femme se consultèrent du regard, étonnés. Si le coupable de ces atrocités ne se souvenait plus du tout de ce qu'il avait accompli avec une jouissance démesurée, il y avait clairement un problème psychologique derrière tout cela, qui n'augurait rien de bon. Quelque chose comme de la schizophrénie, on ne s'en débarrassait pas en deux coups de cuillère à pot, surtout sans un bon spécialiste...

- ...laissez tomber. Je crois que je veux pas savoir. Quand est-ce que je peux quitter l'hosto ?

Owen se souvenait vaguement d'avoir reçu une balle dans la jambe de la part d'une jeune femme Unovite. Oui, il se souvenait même très bien de son visage et de son regard haineux. Sûrement parce qu'il avait froidement tiré sur sa coéquipière l'instant d'avant. Les événements s'étaient enchaînés tellement vite... ça lui donnait le tournis. La réponse de Winston lui déplut particulièrement.

- Je regrette, mais tu ne pourras pas te servir de ta jambe avant... une bonne semaine, au moins. Et encore. On va te faire transférer au bunker souterrain le plus tôt possible, tu n'es pas en sécurité ici, surtout que tu es fiché chez les services de renseignement Unovite... une vraie plaie. T'aurais vraiment pas dû attaquer le quartier résidentiel des officiers alors qu'ils étaient tous là...

Le grand blond ne se formalisa pas des remontrances du brun, trop occupé à ruminer sur sa blessure. Une semaine ? Sans rien faire ? C'était bien trop difficile à concevoir pour lui, qui était peu enclin à rester dans l'immobilisme. Mais de toute façon, Winston avait raison ; sa jambe ne bougeait qu'à peine, et lui faisait un mal de chien. Il serait forcé de prendre son mal en patience, alité dans une chambre austère, à attendre que la douleur passe.


*
* *


La pluie battante. On n'entendait que cela, dans les environs de Mérouville, en particulier dans le grand cimetière. Le laïus du prêtre catholique spécialement mandaté par le colonel Waltz ne parvenait pas à remonter le moral des personnes présentes, bien au contraire. La cérémonie commune de l'enterrement du major Sheldon Tanner et du major Jennifer Greene était des plus déprimantes. Dans l'assistance, Jim Warden et Joseph Watson, côte à côte, le crâne martelé par les gouttes de pluie, regardaient d'un œil torve les deux cercueils recouverts du drapeau Unovite qui seraient bientôt mis en terre. L'homme d'église, seul être blanc dans cette masse noire, s'éclipsa, parapluie à la main, une fois son sermon achevé.

- C'est ma faute... j'arrive pas à le croire, je suis nul...

Warden leva les yeux au ciel. La matinée ayant précédé l'enterrement, il n'avait cessé de se lamenter et avait même réveillé l'officier, qui partageait depuis quelques jours son appartement, faute d'avoir retrouvé un logement suite à l'acte pyromane du réveillon. Comble de l'horreur, le major était très mauvais lorsqu'il s'agissait de réconforter les gens. Il posa tout de même sa main sur l'épaule du blondinet, qui consentit à le regarder, larmoyant.

- Vous aussi, vous le pensez, hein ? Tout ça... tout ça, c'est... ma faute...

Il se remit à sangloter de plus belle, devant un Warden désemparé et quelque peu las. Malgré tout, il voyant en le médecin un ami, un bon ami, même, et se devait de faire tout ce qu'il pouvait, fusse-t-il un piètre confident.

- Non, c'est pas votre faute. Les circonstances ont fait que le major Greene s'est sacrifiée pour vous sauver la vie. Elle vous a fait un cadeau... le plus précieux cadeau qu'on puisse offrir.

L'officier se sentait étrangement timide et maladroit, tout à coup, alors que le docteur buvait ses paroles avec un regard plein d'admiration.

- Elle a donné sa vie... pour que vous puissiez vivre la vôtre. Et ça... enfin vous voyez.

Le blondinet se surprit à sourire devant la maladresse étonnante du major Warden, qui n'était animé que de bonnes intentions, mais ne tarda pas à laisser les larmes et le chagrin le submerger de nouveau. Il ne parvenait pas à se persuader de son innocence, et ça ne le rendait qu'encore plus dégoûté de lui-même.

- Je vais vous laisser, je crois que... je réussirai qu'à vous faire pleurer plus... souffla le brun en s'éloignant.

Warden quitta la masse noire réunie pour célébrer l'enterrement et s'étonna de remarquer un homme, adossé à un arbre, qui assistait à la cérémonie de loin, emmitouflé dans un long manteau noir, la tête recouverte d'un chapeau. L'inconnu le regarda un moment. Le major ne put que discerner ses lunettes avant que l'individu ne se tourne de nouveau vers les cercueils, et sortit du cimetière, essuyant les quelques larmes qui avaient, à son insu, commencé à couler.


*
* *


Dans son bureau bien chauffé, à l'abri de la pluie et du froid, le colonel Waltz attendait que ses fidèles subalternes favoris arrivent. La sonnerie forte et stridente de son téléphone de bureau le fit sursauter, et il ne tarda pas à s'emparer du combiné. En reconnaissant son interlocutrice, un grand sourire illumina son visage.

- Estelle, c'est bien toi ? Tu as l'air de me détester toujours autant, tiens donc... mais pourquoi m'appelles-tu ? Oh... c'est vrai ? Tu viens à Hoenn ? Non, non... Finkton, ah oui... hm. Je te rendrai visite à ton arrivée ! Comment ça, "cours toujours" ?

Il attendit une réponse qui ne vint pas et reposa le téléphone, amusé. Il n'eut pas à patienter bien longtemps pour voir arriver son secrétaire personnel Hermann, accompagné du lieutenant Raine et du major Warden, tous deux bien maussades.

- Merci Hermann, vous pouvez disposer... asseyez-vous tous les deux, je vous prie !

Le colonel avait beau avoir l'air aussi enjoué que d'habitude, l'atmosphère était, pour le coup, franchement glaciale. Raine avait le regard vide, les yeux cernés et ses cheveux semblaient moins bien coiffés qu'à l'accoutumée. Sommeil difficile, probablement. Quant à Warden... eh bien, il revenait de l'enterrement de son meilleur ami, alors ce serait compliqué de lui en vouloir pour son air de mort-vivant.

- Je suppose que vous voulez nous donner une mission, soupira la jeune femme, d'une voix inhabituellement rauque.

- Oui, ça tombe sous le sens... je vous préviens, ce ne sera pas facile. Mais vous m'avez prouvé que vous aviez un très bon niveau, alors je vous accorde toute ma confiance sur ce coup-là.

Warden haussa un sourcil.

- Allez-y, lâchez la bombe...

Le colonel hocha la tête et commença à leur expliquer les tenants et aboutissants de leur prochaine mission. Il se délecta de voir qu'au fur et à mesure de ses explications, leurs visages se décomposaient. Une fois qu'il eut fini, les deux subalternes s'exclamèrent d'une même voix :

- Se faire passer pour un couple marié ?!

Hans Waltz leva les yeux au ciel et soupira, atterré. S'ils n'avaient capté que cette partie-là du plan, ça promettait d'être fameux.

- C'est juste le temps de glaner des informations lors de cette fête, il n'y a pas de quoi paniquer. Vous n'avez probablement pas écouté, alors je le répète : ça aura lieu ce soir au casino de Lavandia, et comme c'est organisé par des Hoennais, ce sont sûrement des sympathisants de la résistance. Je vous demande de repérer les deux individus d'hier et d'enquêter sur eux, pas compliqué, hm ?

- Facile à dire... grommela Raine.

- Euh... mais vous n'avez pas réussi à les retrouver comme avec Owen ? s'étonna Warden.

L'officier supérieur secoua la tête pour dire que non.

- On n'a rien sur eux dans nos fichiers, je ne sais pas comment ils ont pu passer à travers les mailles du filet... mais passons, une mission vous attend et je ne voudrais pas que vous soyiez mal préparés. Amusez-vous bien à la fête, surtout !

Le lieutenant Raine soupira, affligée, alors que les deux hommes échangeaient un sourire entendu.


*
* *


Il tomba de son canapé dans un bruit assourdissant amplifié par la résonance de son appartement, et roula au sol, recroquevillé, les larmes aux yeux. Il ne cessait de ressasser tout ce qui était arrivé, à une vitesse folle, la veille. Cette maison de Clémenti-Ville lui semblait maintenant être l'enfer, et Tobias Owen était son Satan. Rien que cette pensée ridicule l'amena à rire aux éclats, dans un son qui paraissait tout aussi proche de pleurs. Ses cheveux blonds partaient dans tous les sens, ses yeux verts d'ordinaire si expressifs s'étaient transformés en un regard vitreux, et il ne tenait même pas debout. Il essaya tant bien que mal de se redresser et s'affala de nouveau dans le canapé, fixant la bouteille posée sur la table basse, qu'il distinguait mal à cause de tout l'alcool présent dans ses veines.

- Merde...

Et il fondit en larmes, de nouveau.


*
* *


Le bunker souterrain de Cimetronelle, berceau de la résistance, semblait légèrement plus accueillant que d'ordinaire. Et pour cause, il s'y trouvait plus de personnes qu'à l'accoutumée, puisque deux personnes à l'air importantes avaient franchi les portes quelques minutes auparavant. Les Travis les avaient accueillis dans le salon principal de l'abri de béton et tous les quatre discutaient maintenant autour d'une tasse de thé.

La femme, une belle brune aux longs cheveux flottant dans son dos et aux yeux d'un vert pétillant, était assise dans un canapé, serrée contre un homme tout aussi brun, quoique plus clair, avec des yeux gris et des fines lunettes posées sur son nez. Tous deux semblaient, au vu de leurs tenues, riches. L'une portait une robe bleue très élégante, l'autre un costume.

- Vous ne m'aviez pas dit que le mariage était pour bientôt, Hilda ! s'enthousiasma Bridget.

La dénommée Hilda Riggs regarda son fiancé avec un sourire.

- Oui, Sully et moi avons décidé de ça il y a peu. Vous ne savez pas à quel point ça m'impatiente !

Sullivan Finkton sourit et tapota le dos de sa compagne.

- Voyons, tu attendras bien un mois, non ? Et puis en temps de guerre, comme ça, tu avoueras que c'est un peu inconvenant de se marier...

Bridget secoua la tête.

- Au contraire, ça pourrait détendre un peu tout le monde, avec toute cette tension qui s'accumule...

- Vous en faites déjà beaucoup avec cette soirée au casino, répliqua Sullivan.

Tous terminèrent leur tasse de thé, et la conversation reprit. Cette fois-ci, Winston prit la parole.

- Monsieur Finkton, à propos... un de nos membres ne voit pas cet accord d'un très bon œil, vous savez, à cause de vos origines Unovites.

- Eh, je suis Unovite, je ne vais pas m'en cacher, mais votre... ami, va devoir faire avec. Je ne suis pas Roddy, je suis loin d'être psychorigide comme il peut l'être. Je vous aiderai financièrement jusqu'à ce que je juge nécessaire de faire autrement, peu importe son avis.

Winston hocha la tête.

- Heureux que ce ne soit pas un problème.

- Tiens, d'ailleurs, vous viendrez au casino, ce soir, tous les deux ? sourit Bridget, désireuse d'alléger un peu le ton de la conversation.


*
* *


Halestorm - New Modern Love (lien YouTube)


Dans la nuit noire de Lavandia, le casino brillait de mille feux. Machines à sous, roulettes, tables de poker et autres distractions étaient, pour un soir mémorable, mises à la disposition d'un grand nombre de convives. La Cadillac rouge flamboyante du major Warden s'arrêta juste devant l'entrée du grand bâtiment, et il en descendit aux côtés du lieutenant Raine. Dans sa robe de velours pourpre, elle était bien loin de la femme autoritaire, voire psychorigide qu'elle était dans son uniforme militaire. Là, ce soir, au milieu de tous ces riches venus dilapider leur fortune dans les jeux de hasard, elle était belle. Rayonnante, même, en dépit des cernes, maintenant plus légers grâce au maquillage, qui bordaient ses yeux.

- Je ne me fais toujours pas à votre conduite brutale et inconsciente... vous avez vraiment le permis ?

Warden, dans son costume noir, ne se sentait pas très à l'aise, mais il ne faisait pas mauvaise impression non plus. Un sourire remplaçait son expression maussade de la matinée, qui ne conviendrait assurément pas à une soirée d'amusement, de détente, voire de débauche comme celle-ci.

- Si cela peut vous rassurer, je l'ai raté trois fois avant de l'obtenir. Quelle bénédiction ça a été !

- Trois fois ! Quel âge avez-vous ? J'avoue ne m'être jamais posée la question...

Le brun aux yeux bleus haussa un sourcil.

- Je vous intéresse, lieutenant ? Bah, qu'est-ce que ça peut faire. Vingt-sept ans.

- Ah ? Et moi qui vous croyais plus vieux que moi... j'en ai vingt-huit.

L'officier sourit et haussa les épaules.

- Quelle différence, au fond. Allez, je commence à avoir soif, entrons là-dedans !

En dépit de sa réticence, hantée par son lourd passé, elle fut contrainte d'accepter et tous deux pénétrèrent dans le lieu le plus fantastique qu'il leur ait été donné de voir. Les néons roses, bleus, verts, ou d'autres couleurs, égayaient l'immense salle. Le sol de velours rouge, les serveurs et serveuses bien habillés donnaient un côté très sensuel à l'atmosphère étouffante de la fête, l'alcool coulait à flots, on jetait les dés, on faisait tourner la roulette sans s'arrêter, on dévoilait sa main au poker, on raflait la mise au black jack...

- Waouh !

Ce fut tout ce qu'Alex Raine put dire en observant cet univers nouveau et inconnu qui s'offrait à elle. A l'époque où elle courait les bars, il ne lui était jamais venu à l'idée d'aller dans un casino, et elle devait avouer que c'était bien dommage. Elle n'eut pas le cran de refuser lorsqu'un serveur séduisant lui tendit une flûte de champagne, mais n'y toucha pas, de peur de se laisser emporter par le flot destructeur de ce genre de liquide. Warden se chargea de vider le verre pour elle et ne tarda pas à aller s'installer à une table de jeu. Elle leva les yeux au ciel et décida de se poser pour repérer ces fameux résistants vus la veille...


*
* *


Ils étaient là. Winston et Bridget les avaient bien vus, ces deux trouble-fêtes qui leur avaient, avec l'aide du colonel Waltz et deux autres individus, donné bien du fil à retordre à Clémenti-Ville. Ils ne connaissaient pas leurs noms, mais ils étaient certains que leur venue ici n'était pas le fruit du hasard.

- Vous jouez toujours autant, Bridget, ou cette folie du jeu s'est calmée ?

La question d'Hilda fit revenir la femme rousse à la réalité. Elle secoua légèrement la tête pour toute réponse, trop préoccupée, de même que son époux. Sullivan Finkton vidait déjà son troisième verre de cocktail, et ne semblait pas le moins du monde affecté par la quantité d'alcool qu'il ingurgitait.

- Il y a un monde fou ici, j'en ai presque la tête qui tourne !

- Ce doit être l'alcool, chéri... sourit sa fiancée.


*
* *


Le lieutenant Raine, assise à proximité de la table où jouait Warden quelques minutes auparavant, risqua un coup d'œil à sa gauche. Son regard croisa celui de Winston Travis, aussi s'empressa-t-elle de détourner les yeux et de chercher son compagnon.

- Warden... où est-il, ce crétin ?!

Elle virevolta un bon moment entre serveurs et tables de jeu pour le trouver avec une inconnue sur la piste de danse. Tous deux dansaient maladroitement, et la jeune femme, qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, semblait embarrassée au plus haut point par le major. Elle remercia du regard Raine lorsque celle-ci récupéra son collègue.

- Mais enfin qu'est-ce qui vous prend ?!

- On a une mission, je vous rappelle, et il s'agit pas de draguer le plus de personnes possible en un temps record !

- Malheureusement non... mais je voulais paraître plus naturel ! sourit-il.

Elle soupira, atterrée.

- En attendant, y'a ce couple qu'on a vu dans la cave de chez Owen hier soir, et ils m'ont repérée ! Alors on ferait mieux de trouver un plan d'action avant de se faire tuer dans les toilettes ou un truc de ce genre-là !

Warden haussa un sourcil.

- Pourquoi dans les toilettes ?

- Je suis sûre que ça arrive dans des films. En attendant, on s'éloigne le plus possible d'eux.

Le visage du major se fendit d'un grand sourire des plus cyniques.

- Très bien, mon Führer, vos désirs sont des ordres.

La jeune femme blonde maudit son collègue et tous deux prirent place autour d'une table, désireux de se faire oublier pour un moment.