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J.K. JAMESON (and all these others) de BioShocker



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Informations

» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 30/12/2015 à 19:16
» Dernière mise à jour le 30/12/2015 à 19:16

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002 : Remind me that I should ask for a golden coffin
"And you could call this the funeral
I'm just telling the truth
And you can play this at my funeral
Tell my sister don't cry and don't be sad
I'm in Paradise with Dad
Close my eyes and then cross my arms
Put me in the dirt, let me be with the stars"
- R.I.P 2 My Youth, The Neighbourhood



John K. Jameson


On est arrivés à Sinnoh hier soir, et je regrette déjà Unys. C'est dingue. Je sais pas si c'est la région qui me dégoûte, ou si c'est juste le fait de devoir passer une durée indéterminée avec ce crétin de Dimitri. Probablement les deux, je suppose. Rachel m'a réveillé vachement tôt, ce matin. Enfin, quand je dis tôt, c'est avant dix heures. Je me lève jamais avant dix heures, même pas pour aller travailler. Elle était toute excitée, alors j'ai pas osé couper court à ce moment de bonheur. Elle s'est renseignée et elle a trouvé un hôtel trois ou quatre étoiles dans le coin, à mi-chemin entre Unionpolis et Rivamar. Pourquoi pas, après tout ? De toute façon, j'aurais pas eu l'énergie de faire tout ce foutu trajet en un seul jour.

Je crois bien que tout le monde est prêt à partir. Je suis obligé de conduire une voiture de location, Rachel n'en a pas envie et de toute façon, Toby n'a pas le permis. Je m'apprête à démarrer, mais on frappe à la vitre de la voiture. C'est Oswald. Je sais pas ce qu'il veut, mais j'espère que j'arriverai à garder mon calme. J'ai tendance à m'énerver facilement, ces temps-ci. J'ouvre la portière.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Il hausse les épaules et m'adresse un sourire.

- Entre nous, je n'aime pas vraiment les Leonid... je me demandais si vous pouviez me prendre dans votre voiture.

Je crois que je l'aime bien, ce gars-là. Comment ça, c'est juste parce qu'il aime pas ce couple d'empotés ? Ouais, bon, y'a une part de vérité là-dedans, mais lui au moins, il est compétent. Je lui réponds que je suis prêt à le prendre et il monte à l'arrière. Les Leonid en ont profité pour partir avant nous. Je sais pas par où ils passent, mais j'ai sûrement pas le temps de faire du tourisme. Je démarre et demande à Rachel :

- Le trajet le plus court jusqu'à cet hôtel, c'est quoi ?

J'aurais peut-être pas dû demander ça, parce qu'elle se lance dans des explications auxquelles je comprends pas grand chose. Je dois bien lui dire de répéter trois ou quatre fois pour enfin saisir qu'il y a une route de campagne qui part du Sud d'Unionpolis et qui passe par Verchamps. C'est bien plus court que le trajet classique qui passe par Voilaroc et Bonville, apparemment. De toute manière, je suis pas un as de la géographie, je l'ai jamais été, alors je passe mon tour pour ce genre de choses. J'entends Toby et Oswald discuter à l'arrière. Bon, ça fait plaisir de voir que mon fils va mieux. Même si j'ai l'air d'en avoir rien à foutre, j'attache de l'importance à ce gamin...

Je manque presque cette sortie Sud dont Rachel m'a parlé. Heureusement qu'elle est là pour me le faire remarquer, autrement, j'aurai vite fait de nous paumer au milieu de nulle part. Cette fameuse route de campagne... eh ben elle a pas usurpé son nom. Y'a pas un Chaglam ici, c'est dérangeant. Vraiment glauque comme ambiance, même si le soleil brille et qu'il y a aucun nuage. Paradoxal. Je roule plutôt vite, et pourtant j'ai l'impression de pas avancer. Sûrement à cause de la route, qui est terriblement... lassante, je dirais. Le paysage ne change pas, c'est encore et toujours de l'herbe et des arbres. De temps en temps, y'a un petit point d'eau, mais c'est tout.

- Si je m'endors au volant, me réveille surtout pas !

Je la regarde du coin de l'œil et je la vois qui plisse les yeux.

- Eh, je plaisantais. T'as l'air tendue, ça va ?

Elle hoche la tête pour m'assurer que oui. Je suis encore dubitatif, mais je coupe court à la conversation pour rester concentré sur la route. Au bout d'un moment - d'un long, très long moment qui m'a semblé durer une éternité -, les arbres commencent à être plus nombreux et la route devient plus... boueuse ? On a un peu de mal à rouler et il fait vraiment plus sombre dans ce coin-là. Non pas que ça me donne envie de rebrousser chemin, non, ça me fait à peine regretter de pas avoir pris la route normale. J'ai beau ne pas aimer cette ambiance, si c'est le chemin le plus court pour arriver à destination, on s'en contentera bien.

- Je ne sais pas vous, mais ça devient glauque, non ? demande Oswald.

Je hausse les épaules et le regarde brièvement avant de lui assurer que ça va aller, et je m'en mords vite les doigts ; j'ai du faire vachement de bruit en heurtant cet arbre, parce que des petits Pokémon qui me sont pas familiers - je crois qu'on appelle ça des Cradopaud ici - commencent à s'accrocher au pare-brise de la bagnole. Merde ! Comme si on avait besoin de ça ! J'en ai marre, je sors de la voiture et j'envoie l'un des mes Pokémon, au hasard. C'est Donnie, mon Minotaupe. Bien, très bien, il fera le ménage en deux temps trois mouvements.

- Griffe Acier sur ces rigolos, Donnie ! j'ordonne, pour le coup vraiment remonté contre ces stupides bestioles venimeuses.

- Pour l'amour du ciel, j'aurais pas dû lui indiquer cette route... rouspète Rachel, assez fort pour que je l'entende.

Je prête pas attention à sa remarque et je continue à donner des ordres pour que Donnie se débarrasse de ces gêneurs. L'efficacité de type a du jouer en ma faveur, puisque ces crapauds à la noix finissent tous par s'étaler au sol en une pile difforme. Je soupire de soulagement, exténué par cet imprévu - qui, j'en suis sûr, n'est que le premier que je vais rencontrer pendant ce séjour ô combien prometteur. Avant de rappeler Donnie dans ma Pokéball, j'ai l'impression qu'il veut me dire quelque chose. Il pointe une direction de sa patte. Je suis son regard et... merde, un des pneus est crevé à cause du combat. C'est bien ma veine, putain.

- Sortez de la bagnole, on a un problème.

Rachel sort sans discuter, et son expression dégoûtée quand elle pose les pieds sur cette route boueuse vaut de l'or. Je crois que c'est la première fois que je la vois tirer une tronche pareille. Oswald et Toby tardent pas à descendre aussi.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande mon fils en plissant les yeux.

Je me contente de leur désigner la roue avant gauche et ils passent tous les trois par toutes les expressions imaginables. Colère, lassitude, résignation et j'en passe.

- Alors, monsieur le génie des raccourcis... qu'est-ce qu'on fait, d'après toi ?

J'avais peur de nous paumer au milieu de nulle part... eh bien je crois que j'avais raison de craindre, vu que ça n'a pas loupé : je nous ai bel et bien paumé au milieu de nulle part. Rachel et Toby semblent à moitié désemparés, et Oswald fume une clope comme s'il n'en avait rien à foutre. Il faut que je trouve une solution, et vite. En plus de ça, aucun d'entre nous n'a de Pokémon volant...

- Bon, on va explorer un peu le coin. Avec un peu de chance on trouvera quelqu'un...

Je dois vraiment être plus désespéré que jamais pour m'en remettre à la chance, mais on n'a pas d'autre choix. Rachel lève les yeux au ciel.

- Eh ben j'espère très franchement que ta bonne étoile est avec nous aujourd'hui, John...

Ouais, je comprends parfaitement sa réticence. On est au milieu de nulle part, sur une route boueuse, entourés par des arbres, des arbres et encore des foutus arbres. La ville me manque atrocement. Et on ne l'a quittée qu'hier. Je sens la dépression arriver à grands pas, et ça me plaît pas franchement. Je décide de me servir du peu d'espoir qu'il me reste et je guide les autres à travers les sentiers rocailleux et sales. Le bruit des chaussures sur le sol humide est franchement agaçant. Y'a plus qu'à espérer que la pluie vienne pas se joindre à la fête...

- Ce serait pas une cabane, là-bas ? s'étonne Toby après un bon quart d'heure de marche pénible.

Je hausse les sourcils et suit son regard. Effectivement, si on regarde de près... on peut distinguer des planches de bois. Une maison, je sais pas, mais une construction humaine, c'est quasiment certain. Je me mets à courir jusque là-bas. Je dois avoir l'air con, mais les autres me suivent sans faire le moindre commentaire, alors je reste calme. En fait, si, c'est bien une cabane. Assez grande, même. Les fenêtres sont condamnées... ça renforce l'atmosphère vachement pesante. Et ça confirme que personne ne vit là-dedans. Du moins j'espère.

- Euh... je frappe ?

- Autant essayer, même si je ne vois pas qui peut vivre dans un... taudis pareil, me répond Oswald.

C'est pas faux. Je frappe. Personne. Bon, je m'y attendais. J'ouvre la porte qui grince comme pas permis, m'arrachant une grimace au passage. Je suppose qu'il y a pas d'électricité dans le coin... L'ambiance est flippante. Je sors mon pistolet de ma veste. Je sais pas si c'est autorisé ici, mais à Unys, on a le droit de posséder des armes, alors... tant pis.

- T'as ramené ce flingue ? John...

Rachel n'a jamais aimé ça... mais j'estime que c'est pas de trop. Si un psychopathe caché dans l'ombre nous attaque - oui, bon, c'est tordu, mais ça peut arriver - elle sera bien contente de cette arme à feu. C'est vachement dur de se repérer sans lumière, je me casse la gueule au moins trois ou quatre fois. Les autres aussi, si j'en crois les bruits et les jurons que je peux entendre.

- Je crois que j'ai trouvé un pneu... ouais, c'est bien un pneu.

Toby me sauve la vie. Je veux sortir de cette putain de cabane miteuse. L'air vicié qu'on y respire, couplé à l'odeur de renfermé, me donne envie de vomir. On sort tous de là et je bénis l'agence de location ; tout le matériel - à l'exception du pneu bien entendu - est dans le coffre. On galère tous un peu à remettre cette bagnole en état, mais à quatre, on s'en tire plutôt bien.

- Je suis bien content d'avoir terminé !

- Hm, je suis d'accord. On a tous ruiné nos vêtements aujourd'hui... souffle Rachel en contemplant ses chaussures sales.

On monte tous dans la voiture et je conduis à fond jusqu'à notre destination. On s'est pas arrêtés à Verchamps, j'en avais ni l'envie ni la force. Quand on aperçoit des terrasses blanches impeccables, on comprend immédiatement qu'on est arrivés à l'Hôtel du Lac. C'est pas trop tôt. Je me gare dans le parking presque plein et on sort, tous sales et humides. Les autres gens qui logent à l'hôtel nous regardent bizarrement, comme si on était des clodos ou un truc de ce genre. Je me retiens de déchaîner mes Pokémon sur eux pour les faire ravaler leurs regards vicieux.

Dimitri et Elsa sont déjà arrivés. Ils s'étonnent de nous voir dans un état aussi... lamentable, je dois l'admettre. Je regarde à peine ce rouquin prétentieux et je vais directement réserver à l'accueil. L'hôtel est blindé de monde, c'est fou. On récupère nos affaires et on file dans nos chambres, trop crevés pour faire la conversation à ces deux imbéciles qui ont pris la bonne route. Ce voyage promet d'être vraiment très éprouvant ; c'est que le premier jour et je pense déjà à renoncer.