Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak

Tranchodon



Je n'avais pas perdu de temps. Une fois rentré de l'Asicon, je me rendis directement à Koruuki, la cité forteresse du Général Légionair. Je devais lui faire moi-même le rapport de la mission. Une fois à Koruuki, je constatai que toutes les Cohortes présentes étaient en ordre de bataille. Tant mieux. Car les trompettes de la guerre allaient bientôt sonner. Dès que je posai le pied sur la place-forte de son Excellence, je me tournai vers mon second, Pandarbare. Il était resté bien silencieux depuis la découverte et la destruction de l'hologramme de Xanthos. Ces paroles l'avaient choqué, et mes ordres plus encore. Mais tant pis. Il allait falloir que les Pokemon de l'Empire chassent peu à peu Xanthos de son esprit, pour se tourner uniquement vers Sa Majesté l'Empereur. C'était ce qu'avait prévu le Général Légionair.

- Je vais présenter mon rapport à Son Excellence, dis-je. Vous m'attendez ici. Vous n'avez qu'à prendre le commandement de nos Cohortes. J'ose croire que le général va vite détacher le gros de ses forces vers les Paxen. À propos... qu'en est-il de nos espions ?

Bien sûr, je n'avais pas quitté l'Asicon avec des Paxen en fuite sans un minimum de surveillance. J'avais perdu la trace de Ludmila Chen et Tannis Chalk, mais il en était autrement de cette Cielali et de son esclave, ainsi que du partenaire Pokemon de Chen. Ayant eu vent depuis le début de leurs déplacements, j'aurai pu les attraper quand je voulais. Mais j'ai jugé plus productif de les faire suivre discrètement.

- Le dernier rapport de notre espion spectre date d'il y a huit heures, répondit laconiquement Pandarbare. Les traîtres Cielali, Penombrice et l'humain Kerel longent la côte de la Baie des Remoraid sur un radeau de glace improvisée. S'ils ne changent pas de cap, leur destination n'est autre que... la région de Medroïs.

Bien sûr. Medroïs, et la Forêt du Vermurde. Précisément là où le général suspectait la présence de la base Paxen.

- Continuez la traque. Laissons-les donc rejoindre leur base. Nous les détruirons avec elle, et avec le reste des Paxen.

J'étais de très bonne humeur tandis que je marchais en direction du bureau du général. Celui-ci me reçut comme à l'accoutumé, distrait dans son étude d'un nouvel objet hérétique, cette fois un ancien livre de philosophie humain.

- Fascinant, tout cela, marmonnait-il. Qui aurait pu le croire des humains ? Ils sont bien plus profonds que nous le pensions. Qu'en penses-tu, colonel ? D'après toi, le pluralisme implique-t-il forcément un relativisme dans l'étude réaliste de la pensée ?

- Euh... commençai-je.

- En fait, la formulation n'est pas exacte, reprit Son Excellence. Le philosophe humain qui a écrit cela ne pose pas directement le postulat d'un relativisme de la pensée, mais préfère parler d'une étude objective du Moi et du Soi. J'y vois là le reflet de la vision du peintre Saltir Megres dans sa représentation du Roi et du Psykokwak, en 1689.

N'ayant rien à répondre à ça, je me contentai d'acquiescer. Cet attrait du général Légionair pour l'art et la philosophie humaine me répugnait, mais je tâchais de le supporter en silence. Le général était après tout un génie militaire et un formidable guerrier ; on pouvait bien lui autoriser quelques... originalités.

- Mon général, je viens au rapport.

- Ta présence ici parle d'elle-même, rétorqua Son Excellence. Comme tu n'es pas du genre à t'enfuir la queue entre les jambes ni à revenir bredouille, j'en conclus que tu as triomphé de Solaris.

- Oui, mon général, fis-je avec fierté. Ce fut un beau combat. J'y ai gagné de nombreuses blessures.

- Content pour toi. Solaris est donc morte ?

- Oui, Excellence. Avant de quitter l'Asicon, j'ai senti sa grande présence dragon disparaître. Nous n'avons pas retrouvé son corps, ceci dit.

- Que m'importe son cadavre, du moment qu'elle ne viendra plus nous importuner. Et ton autre mission ? La Pokeball de l'Empereur ?

- Dérobée aux Paxen, et détruite.

Légionair hocha la tête, satisfait.

- Tu as bien œuvré, colonel. Comme je l'attendais de toi.

- Mes plus plates excuses, Excellence. J'ai laissé les autres Paxen s'enfuir.

- Peu importe. Nous les aurons bien assez tôt. Le plus important était Solaris et la Pokeball. Sans elles, les Paxen n'ont plus d'arme secrète à utiliser contre nous, et leur destruction imminente ne fait plus aucun doute.

J'hésitai, me demandant s'il serait judicieux d'informer le général de ce que nous avons trouvé dans ce temple. Plus ça restait secret, mieux c'était, mais mes informations sur Xanthos, je les tenais de son Excellence elle-même après tout...

- Mon général... Dans cet endroit, où le Seigneur Xanthos avait caché la Pokeball... Il avait laissé un message aussi, via holoprojecteur.

- Vraiment ? Fit Légionair, presque indifférent.

- C'étaient des paroles clairement hérétiques, donc j'ai tout détruit et j'ai bien fait en sorte que mes subordonnées ne posent pas plus de questions. Mais... je suis troublé. Il y a des choses qu'a dîtes le Seigneur Xanthos...

- Ne laisse pas le doute obscurcir ton esprit, Tranchodon, me dit le général. Pose tes questions si tu en as. La recherche de connaissance et de compréhension n'est pas chose mauvaise.

- Le Seigneur Xanthos a parlé de quelque chose, d'un pouvoir nommé Éternité, qu'il possédait et que Sa Majesté l'Empereur aurait aussi en grande quantité. Cela aurait-il un lien avec le Fragment d'Éternité que le Seigneur Xanthos a donné aux Pokemon pour qu'ils acquièrent intelligence, parole et longévité ?

Le général Légionair acquiesça.

- Ils sont peu nombreux, les Pokemon qui savent ça. L'Éternité était une sorte de force, une puissance indéterminée qui se trouvait en grande quantité au fin fond du Puits des Abysses. Lors de la Guerre de Renaissance, les Seigneurs Xanthos et Daecheron se sont rendus dans ce Puits des Abysses, et ont libéré l'Éternité qui y était enfermée. Toute cette Éternité s'est accrochée à eux. Sa Majesté a tout gardé de sa moitié, tandis que Xanthos en a donné une partie qu'il a partagé pour tous les Pokemon de la Terre. C'est cette partie qu'on nomme Fragment d'Éternité, et qui a permit aux Pokemon d'évoluer, devenant plus intelligents, capables de s'exprimer comme les humains, et qui au final nous a donné la victoire contre eux.

- Le Seigneur Xanthos a dit que cette puissance, cette Éternité, n'était pas faite pour les humains, et qu'elle allait finir par le consumer.

- Peut-être, répondit prudemment le général. Il est vrai qu'au fil des ans et vers la fin de son règne, le Seigneur Xanthos devenait de plus en plus bizarre et tyrannique. Mais il était le seul humain à posséder de l'Éther, donc nous ne pouvons pas en tirer de conclusion.

- De l'Éther, répétai-je, perdu. Vous voulez dire Éternité ?

- En fait, c'est un peu différent. On appelle Éternité la source brute de ce pouvoir, la chose qu'ont aspiré Xanthos et Sa Majesté. L'Éther, quant à lui, est une manifestation plus légère de l'Éternité. Comme tu le sais, chaque Pokemon a eu une part égale du Fragment d'Éternité, mais certains d'entre eux, très rares, ont pu réellement user de cette puissance. Ces Pokemon là, on dit qu'ils maîtrisent l'Éther. Comme nous avons tous une part égale d'Éternité, nous avons tous ce potentiel, mais tout le monde n'en est pas capable, loin de là. Il faut une maîtrise et un entraînement drastique de plusieurs années pour parvenir à contrôler une toute petite partie d'Éther.

Je n'avais jamais entendu parler de ça, et ça m'irritait, car j'étais clairement l'un des Pokemon les plus forts de l'Empire !

- Utilisez-vous ce pouvoir vous aussi, mon général ?

- Un peu, avoua Légionair. Au bout de six ans d'entraînement. Mais je n'ai aucun don dans ce domaine. Le peu d'Éther que j'arrive à utiliser vient seulement de mon travail. Les Pokemon qui ont un don dans ce domaine, eux, peuvent arriver à en utiliser bien plus que moi et en bien moins de temps. Outre l'Empereur, qui est bien sûr un maître dans l'utilisation de l'Éther, les trois Pokemon qui peuvent se targuer d'en maîtriser le plus sont ceux de la Trigarde Impériale.

Ça, ça ne m'étonna pas outre mesure. Les trois Pokemon de la Trigarde Impériale, les serviteurs ultimes de l'Empereur, étaient d'une puissance incommensurable que même moi j'étais à des lieux de pouvoir contempler. Mais cette histoire d'Éther me perturbait. Je voulais en savoir plus.

- Quels sont les effets de l'Éther quand il est maîtrisé ?

- Je ne pourrai pas te l'expliquer comme il faut. On a juste le bout des membres qui brille en vert fluo, comme si on avait des lucioles dans les veines. Plus la partie du membre qui brille est grosse, plus ça montre le niveau d'Éther maîtrisé. Toutes les attaques que tu porteras avec les parties de ton corps qui brillent seront décuplées, et ces parties seront quant à elle quasiment invulnérable. Mais contrôler l'Éther demande beaucoup d'effort. Moi-même, je ne peux l'invoquer qu'une minute ou deux.

- Serai-je capable d'utiliser un tel pouvoir ? Questionnai-je, plein d'espoir.

- Je crois que chaque Pokemon en est capable s'il suit l'enseignement nécessaire. Mais comme j'ai dit, même avec tout l'entraînement du monde, si tu n'as pas de don, ta maîtrise de l'Éther sera toujours limitée. Et les Pokemon qui ont ce don sont très, très rares. Tire-toi cet idée de l'esprit pour le moment, colonel. J'ai besoin de toi, et je ne peux pas me permettre de te laisser passer cinq ans à méditer pour que tu parviennes à faire briller un seul de tes doigts.

- Bien, général.

Je disais ça, mais maintenant que j'étais au courant, il me serait impossible de me sortir cette idée de la tête. Mon seul but était de devenir plus fort. S'il y avait pour cela un pouvoir mystique que je pouvais contrôler, même à force d'années d'entraînement, je le ferai un jour ou l'autre.

- Tu as d'autres questions sur ce qu'a dit Xanthos ? Me demanda le général, me sortant de mes pensées.

- O-oui, Votre Excellence. Ce message datait forcément de plusieurs siècles, et déjà, le Seigneur Protecteur Xanthos appelait très clairement à assassiner Sa Majesté l'Empereur. Il disait... qu'elle était le mal.

- Ahhhh, le mal, ricana presque Son Excellence. Un terrible mot qui pourtant n'a aucune définition exacte. Nombre de philosophes humains se sont cassés la tête à tenter de définir les notions de bien et de mal. Et pour cause : il n'y a pas de définition de ces deux termes. Ce sont et ça restera des notions totalement subjectives. Par exemple... qu'est-ce que le mal pour toi, colonel ?

Je réfléchis un moment, puis dis :

- Le désordre. L'anarchie. L'égalité. Parce que notre société est strictement hiérarchisée, elle est solide. Les forts gouvernent les faibles, et parce qu'ils le font, notre Empire est fort, lui aussi. Le mal est pour moi ce que veulent faire les Paxen. Une égalité entre Pokemon et humains ne conduira qu'au chaos.

- Comme attendu de ta part. Tu es un militaire. Tu ne peux pas voir les choses autrement. Ceci dit, tu n'as sans doute pas tort. Mais pas totalement raison non plus. Les Paxen voient le mal en la façon dont nous traitons les humains. Il est vrai qu'ils sont la cibles de cruautés parfois inutiles, or la soumission n'a nul besoin de cruauté pour fonctionner. Si nous avions mieux traité nos esclaves depuis le début, les Paxen n'auraient peut-être pas existé.

Je me refusais pour ma part à voir les choses ainsi. Nous traitons les humains comme nous le voulons parce que c'est notre droit le plus total.

- Sa Majesté l'Empereur, lui, ne doit même pas avoir de définition personnelle de ce qu'est le mal, poursuivit Légionair. Il n'en a pas besoin. Le bien et le mal n'ont aucun sens avec un être tel que lui. L'Empereur est ce qui se rapprocherai le plus d'un dieu en ce monde. Quand Dieu fait quelque chose, tu penses qu'il se demande si c'est bien ou mal ? Il le fait parce qu'il le peut, c'est tout. Les actes de l'Empereur n'ont pas à être jugé par nous autres, mortels insignifiants. Le Seigneur Xanthos, en revanche, était son égal, donc il pouvait le juger.

- Et vous, Votre Excellence ? Demandai-je. Quel est votre vision du mal, si je puis me permettre de vous poser la question ?

- Pour moi, le mal, c'est la stupidité, dit simplement Légionair. Car c'est de la stupidité que découle les pires décisions. Tout ce qui est dicté par les émotions à la place de la logique relève de la pure et simple stupidité. S'apitoyer sur le sort des humains en général pour nous pousser à défier l'Empire est stupide. Mais pourrir la vie de nos esclaves juste par simple plaisir sadique est tout aussi stupide. Ne pas essayer de comprendre l'ennemi parce qu'on le juge inférieur et indigne de nous l'est également. Et enfin, faire preuve de cruauté et d'injustice pour faire respecter la loi impériale est le comble de la stupidité. Or, tu n'es pas stupide, n'est-ce pas, colonel ?

Les yeux de rapace du général me fusillèrent du regard sous sa visière.

- N-non, mon général.

- Ça me fait plaisir de l'entendre. Parce que tes agissements dans la Vallée des Brumes sont parvenus jusqu'à mes oreilles. Tuer Cresselia pour faire un exemple aurait été suffisant. Il n'était nul besoin de tout détruire et de tuer tout le monde.

- Vous m'aviez donnez carte blanche, général... tentai-je de me défendre.

- C'était le cas. Ça ne m'empêche pas de pouvoir juger les moyens que tu as employé. Tu connaissais la localisation des Paxen, non ? Pourquoi avoir détruit le village et ses habitants ensuite ? Qu'est-ce que ça a apporté de bénéfique à l'Empire ?

- La peur, répondis-je sans hésiter. Ça apportera la peur à tous ceux qui seraient tentés d'aider les Paxen !

Légionair soupira.

- La peur est une arme à double tranchant, colonel. Il arrive un moment où elle ne fait plus effet, et cède la place à l'indignation et à la colère. La Vallée des Brumes était pacifique, tout le monde sait ça. Penses-tu que ce sera de la peur que ressentiront les Pokemon alentours quand ils apprendront ce que tu as fait ? Non, Tranchodon. Ce ne sera pas de la peur. Ce sera du mépris, du dégoût, voir de la haine. Cette haine rejaillira sur toute l'armée et l'Empire, et poussera encore un peu plus nos Pokemon civils dans les bras des Paxen.

- C'étaient des traîtres qui abritaient des Paxen et nous les cachaient ! Protestai-je.

- C'étaient des Pokemon inoffensifs, répliqua Légionair. Notre peuple se fiche plus ou moins que nous maltraitions des humains. Tu peux donc t'adonner à toute sa sauvagerie sur eux, même si elle est mal placée et futile. Mais toute action sur des Pokemon aura forcément des répercussions dans l'opinion publique. Que dirons les journaux quand ils apprendront tes frasques ? Je vois les gros titres d'ici : « Un colonel de l'Armée Impériale bombarde un village sans défense ! ».

- Nous empêcherons cela. Nous musellerons la presse.

- C'est en essayant de faire taire les rumeurs qu'on leur donne plus de poids, contra Son Excellence. Enfin... je n'avais pas l'intention de te faire la morale cette fois ci. Il est vrai que je t'ai donné carte blanche, et tu as accompli la mission que nous a donné l'Empereur. Je n'ai rien de plus à ajouter.

Le général s'éloigna et je crus qu'il m'était fait à l'entretien, mais, avec deux des lames de ses ailes, il prit une espèce de bille sombre posée sur une table. Il regarda cette sorte de perle noire comme s'il s'agissait d'un immense trésor.

- Il est temps d'en finir une fois pour toute avec les Paxen, mon ami, me dit enfin Légionair. Je n'ai plus aucun doute sur la localisation de leur base.

Saisissant l'occasion, je fis part au général du rapport de mes espions qui suivaient Penombrice et Cielali. Son Excellence hocha la tête, apparemment pas du tout surprise.

- Oui. Jartobylon nous ment depuis le début. Il a usé de son statut de Pokemon Merveilleux pour nous refuser l'entrée dans la cité antique qu'il porte en guise de carapace. Le Seigneur Xanthos n'a jamais osé le contrarier. C'était chose sage, car Jartobylon avait de l'influence parmi quantité de Pokemon sauvages. Mais désormais, Sa Majesté a décidé de prendre les choses en main. Jartobylon ne doit pas pouvoir nous défier éternellement. Il est un Pokemon Légendaire, et devra disparaître de ce monde avec ses amis Paxen. L'Empire n'a besoin ni de l'un ni des autres.

J'acquiesçai avec un rictus. Oui, il était temps d'en terminer. Jartobylon avait beau être immense et vénérable, il n'en était pas moins mortel.

- En récompense pour la réussite de ta mission, je vais te confier le commandement de l'armée qui ira anéantir les Paxen, poursuivit Légionair.

- J'en suis immensément honoré, Votre Excellence !

Et je l'étais, assurément, car j'avais toujours pensé que le général irait lui-même au front pour la bataille finale contre les Paxen. Je tirai énormément de fierté de cette marque de confiance.

- Tu auras 50.000 Pokemon sous tes ordres, soit le quart de mes forces totale. Bien assez pour venir à bout de quelque centaines de Paxen. Toutefois, il y aura là-bas des Pokemon qui ne se laisseront pas vaincre facilement. Jartobylon bien sûr, mais aussi mon ancien professeur, Cernerable, l'un des fondateurs des Paxen. Et le scientifique traître Anthroxin, qui a crée nombre d'armes aux Paxen, dont ces bâtons qui détruisent l'ADN Pokemon.

- Je les vaincrai tous, mon général. Sur mon honneur, je le ferai !

- Bien entendu. D'ailleurs, j'ai là quelque chose qui pourra t'y aider.

Il me remit la perle noire entre les mains.

- Qu'est-ce cela, Votre Excellence ?

Légionair répondit à ma question par une autre question.

- Que sais-tu de la Méga-évolution, colonel ?

J'avais beau chercher dans mon esprit, ce terme ne me disait rien.

- Cela me semble inconnu...

- Ce n'est pas étonnant. Toutes les informations concernant la Méga-évolution ont été chassées et détruites par l'Empire, car il s'agissait d'un procédé avec lequel les anciens dresseurs Pokemon pouvaient décupler la force des Pokemon qu'ils contrôlaient. Avec l'aide de pierres appelées Méga-Gemmes, qui étaient uniques pour chaque Pokemon, les humains qui parvenaient à tisser un lien fort avec le Pokemon en question pouvaient lui faire transcender son évolution normale. Ainsi, des Pokemon qui ne pouvaient normalement plus évoluer on put dépasser ce stade.

Entendre pareilles hérésies me faisait mal aux oreilles, mais pourtant, le général n'avait pas l'air de mentir. Il ne mentait jamais.

- Une telle chose... me parait impossible, dis-je enfin.

- N'est-ce pas ? Sourit Légionair. C'est aussi ce que j'ai dit quand j'ai appris cela pour la première fois. Comme les dresseurs de Pokemon ont tous disparu depuis la fin de la guerre, il y a cinq siècles, plus aucun Pokemon n'a pu expérimenter la Méga-évolution. Nous en sommes incapables sans les humains. C'est pour cela que le Seigneur Xanthos et l'Empereur ont décidé d'enterrer ce secret à jamais. Il aurait été dommageable pour la doctrine impériale qu'on puisse découvrir que les Pokemon sont dépendants des humains pour acquérir une puissance nouvelle et supérieure. Mais il y a soixante ans, peu après la trahison du chercheur en chef Anthroxin, un nouveau Pokemon pris sa place à la tête du département scientifique et comme Etoile Impériale. Mon très cher collègue Quetzurbis. Il a commencé à faire des recherches sur l'ancien procédé de la Méga-évolution, dans l'espoir de pouvoir le reproduire sans l'aide des humains. Et il y est parvenu. Ce que tu tiens dans ta main, c'est le fruit de ses recherches. Une Gemme Noire.

J'examinai la perle noire avec soudain plus d'attention.

- Avec cette chose, on peut donc méga-évoluer sans un humain ?

- C'est le but. Mais c'est un peu différent des anciennes Méga-évolution. Les Gemmes Noires ne sont que des reproductions crées en labo des véritables Méga-Gemmes, perdues depuis longtemps. Quetzurbis y a rassemblé les branches d'ADN nécessaires au Pokemon qui va la porter, ainsi qu'une reproduction chimique du lien qu'existait autrefois entre le dresseur Pokemon et le Pokemon qui voulait méga-évoluer. Il a forcé la nature grâce à la science, et ça a donné ce qu'on peut appeler des Méga-évolutions Obscures. À l'inverse des vraies Méga-évolutions, une fois évolué, on ne peut plus revenir en arrière. C'est pour la vie. Et bien sûr, on ne peut pas prédire qu'elle forme prendra le corps une fois la Méga-évolution effectuée. Mais ce qui est certain, c'est que la puissance du Pokemon atteindra des sommets. Les trois Pokemon de la Trigarde Impériale ont tous bénéficié de la Méga-évolution Obscure ; c'est ce qui fait leur force inégalable, en plus du fait que ce soit des maîtres dans l'utilisation de l'Éther.

- Et vous, général ? Vous êtes donc aussi un Pokemon méga-évolué ?

- Moi ? Non, non. Légionair est bien la forme évoluée normale d'Airmure. Je suis juste le seul Airmure à avoir trouvé comment faire pour évoluer. La Trigarde Impériale, en revanche, n'avait pas d'évolution après leur stade. Ils ont donc été les premiers testeurs de la Méga-évolution Obscure. À l'époque d'avant la guerre, les Pokemon méga-évolués ne changeaient pas de noms. On ajoutait juste le terme de « Méga » derrière leur nom. Les Pokemon de la Trigarde, eux, se sont inventés de nouveaux noms, mais leur forme n'est pas naturelle.

- Et je pourrai... avec cette Gemme Noire... je pourrai donc devenir comme eux ?

J'en balbutiai tellement je n'y croyais pas. Un niveau égalable avec la légendaire Trigarde Impériale !

- En effet, acquiesça Son Excellence. Tu ne peux pas évoluer normalement au-delà de ta forme actuelle. Pour le faire, tu auras besoin de la Méga-évolution Obscure. Cette Gemme Noire a été faite spécialement pour toi. Une Gemme Noire qui ne fonctionne que sur les Tranchodon. Je l'ai commandée au département de recherche à ton intention. Tu es, après tout, le meilleur de mes guerriers. Avec ta particularité d'être chromatique, j'ai bon espoir que ta Méga-évolution Obscure soit des plus terribles.

Ému par les paroles du général, je m'inclinai à l'instant.

- Je ne mérite pas pareil honneur ! Mon général, comment vous remercier...

- Remercies-moi en écrasant les Paxen à jamais. Avec cette Méga-évolution, tu seras capable de vaincre n'importe quel des Pokemon qu'ils pourront avancer face à toi, peut-être même Jartobylon en personne. Mais souviens-toi : il n'y aura pas de retour en arrière possible. Tu garderas jusqu'à ta mort ton corps méga-évolué, quel qu'il soit.

- Je comprends. Et tant que j'augmente en puissance, peu m'importe mon apparence !

- Très bien. Alors, le moment venu, écrase la Gemme Noire dans ta main. Sa puissance sera libérée et entrera en contact avec ton corps, en transformant ton ADN. Tu deviendras alors Méga-Tranchodon Obscur. Libre à toi de te trouver un nouveau nom à ce moment, comme ceux de la Trigarde.

J'éclatai intérieurement de rire. Une nouvelle puissance. Un nouveau nom. Oui, j'allais prendre tout cela. Et mon premier acte en tant que nouveau Pokemon sera d'enterrer jusqu'à l'existence des Paxen !