Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Sauveur du Millénaire de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 02/12/2015 à 08:49
» Dernière mise à jour le 03/03/2019 à 00:00

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 40 : Espérance
Six cent ans... Mes proches m'attendent-ils toujours dans le Royaume des Ombres ? Tous ceux que j'ai connu, tous ceux que j'ai aimé, tous ceux que j'ai combattu ? Je m'en vais les retrouver. Je laisse le destin du monde à mon fils, à ses amis, au nouveau Sauveur du Millénaire. Puissent-ils faire mieux que je n'ai fait.



*****



En voyant Castel surgir, Erend dut se retenir pour se pas changer de cible et l'attaquer violemment. C'était ce salaud qui avait tué sa mère et blessé à mort son frère. Pensait-il que faire une entrée remarquée et défier Enysia allait réparer cela ?!

- Toi... Comment es-tu venu jusqu'ici ?! Cracha Erend.

Castel lui daigna un coup d'œil.

- J'ai utilisé votre méthode. J'ai récupéré Meminyar et j'ai ouvert un passage jusqu'ici grâce à mon lien avec Hafodes.

- Eh ben, tu peux repartir. J'ai pas besoin de toi.

Erend ne pouvait que lui-même constater de la puérilité de sa déclaration, alors qu'il venait d'abandonner quand Castel lui a sauvé la vie. Mais il ne pouvait pas accepter l'aide de ce type. Ça lui était impossible. Enysia les regardait se faire face d'un air amusé.

- Ne vous battez pas, je vous en prie, rigola-t-elle. Je me ferai une joie de vous éliminer tous deux en même temps !

Castel regarda Enysia d'un air méprisant, puis revint à Erend.

- J'ai commis bien des péchés, héritier d'Uriel. J'en suis conscient. J'aimerai m'en défausser en disant que c'était mon ancien moi, mais je ne peux pas. Tout ce que je peux faire, c'est réparer le désastre dans lequel je vous ai lancé. Enysia ne peut pas être vaincue. Ni par toi, ni par moi. Mais à nous deux, nous avons une chance.

Erend trouva à nouveau que Castel avait changé, comme s'il parlait à une autre personne. Il se souvenait ce que Leaf et Anis lui avaient raconté à propos de l'autre personnalité de Castel.

- Q-qui es-tu ? Es-tu... Adam Velgos ?

- Non. Mais je ne suis plus non plus le Castel que tu as connu. Je suis à la fois Adam Velgos et Castel Haldar. Depuis le début, nous ne formions qu'un seul être. Et nous nous sommes retrouvés, pour redevenir un et entier. Ni en bien, ni en mal. Un homme, tout simplement.

Enysia sembla trouver cela du premier comique.

- Voyez-vous ça ? Tu aurais réglé tes petits problèmes de schizophrénie ? Pour quel résultat, au juste ? Tu t'es regardé devant un miroir ?

- Oui. Mon visage a fini par représenter toute la folie et les péchés qui étaient miens. Mais toi aussi, tu as bien changé, Enysia.

- Mon corps a changé pour devenir celui d'une déesse. Je vais vous tuer, après quoi ce sera le tour d'Arceus. Vos petites épées ne font pas le poids contre moi.

- Non, c'est vrai, répliqua Castel. Mais nous ne sommes pas seuls, dans ce monde.

Castel ferma les yeux, et tendit la main, comme pour attraper quelque chose d'invisible. Enysia fut d'abord perplexe, puis gloussa moqueusement.

- Qu'est-ce que tu essaies de faire, dans cette pose ridicule ?

- J'appelle un ami.

En effet, quelque chose traversa la barrière de la dimension où ils se trouvaient. Quelque chose d'enflammé. La fourche d'Hafodes vint se longer docilement entre les doigts de Castel, sous le regard écarquillé de la Marquise des Ombres.

- NON ! Comment as-tu fait ?! Je contrôlais les Dieux Guerriers ! Je leur ai ordonné de se soumettre à Adam !

- Ton pouvoir de soumission est une farce, répliqua Castel. Hafodes et moi, nous sommes liés depuis des siècles. Le lien d'un Dieu Guerrier avec son maître ne peut être brisé. Tu as pu le troubler un temps dans l'Ancien Monde. Mais ici, où le Vifacier n'a aucune attache, ce lien est plus fort que tes pouvoirs volés !

Castel se tourna alors vers Erend.

- Toi aussi, héritier d'Uriel. Appelle Triseïdon.

- Je ne peux pas, fut la réponse d'Erend. C'est mon frère Zayne, le maître de Triseïdon.

- Si vous êtes frères, vous avez forcément une aura commune. Vous vous battez pour le même but. Cela suffira à Triseïdon. Il préférera se battre à tes cotés que continuer à être contrôlé par Enysia. Fais lui savoir que tu es là, via le Vifacier de Peine. Ouvre-lui ton esprit, pour qu'il voit ce qu'il y a à l'intérieur. Deviens son maître.

- IL N'EN SERA RIEN ! Hurla Enysia. JE SUIS LA SEULE MAÎTRESSE ICI !

Elle fit tourbillonner sa faux et lança sur Erend un véritable torrent de feu, de glace et de foudre cumulés. Castel protégea Erend avec un jet de feu équivalant à la puissance de l'attaque d'Enysia, tandis que Ladytus joignit sa force avec son attaque Pouvoir Lunaire. Erend en tomba à la renverse sous le choc des attaques à deux mètres seulement de lui. Castel et Ladytus étaient en train de le protéger. En l'état, il ne servait à rien. Sans autre idée, il fit donc ce que Castel lui avait dit : il ferma les yeux et laissa son esprit ouvert à Peine.

Ce fut comme si un raz-de-marée infect déferlait sur lui. Une corruption sans limite, une noirceur infinie. Le Vifacier de Peine était souillé par cinq siècles de ressentiment, de haine et de désespoir. Erend comprenait maintenant ce qu'avait du ressentir Zayne quand il s'est servir de Peine pour se connecter à Triseïdon et ouvrir la porte dimensionnelle. Face à tous ces sentiments négatifs centenaires, qui s'étaient accumulés dans le métal, qu'était-il, lui, simple garçon de quatorze ans ?

Pourtant, il se battit. Il résista à la corruption de Peine, il ne laissa pas ce torrent noir l'emporter. À travers la souillure, il cherchait désespérément Triseïdon. Mais le Dieu Guerrier pourrait-il le sentir avec toute cette corruption abjecte ? N'allait-il pas penser que tout cela venait de son propre esprit, et qu'Erend était un être détestable ? Mais une seule petite lueur pouvait transpercer les ténèbres les plus épaisses. Et en l'occurrence, cette lueur, c'était l'espoir et l'amour d'Erend. L'espoir de sauver le monde, et l'amour pour son frère. Face à ça, même les ténèbres de Peine ne purent rien. Elles glissèrent à coté sans pouvoir le toucher.

Erend se sentit mieux, plus léger, comme si Peine n'avait plus la même emprise sur lui. Il remarqua que la lame s'était encore éclaircie, bannissant sa noirceur un peu plus. Elle n'était plus totalement noire comme avant, mais grise, et de petites tâches de lumières apparaissent par endroit. La corruption était en train de céder. L'esprit d'Erend put enfin entrer en résonance avec le Vifacier de Peine et établir un lien avec Triseïdon. L'esprit du Pokemon semblait comme en sommeil, mais il réagit à la présence d'Erend.

- Maître ? Non... Tu lui ressembles, mais tu n'es pas lui, hein ? Qui es-tu ? Que me veux-tu ?

- Je suis lié à Zayne comme toi tu l'es, répondit mentalement Erend. J'ai pris sa relève. Ses idéaux sont les miens. Et donc les tiens.

- Je n'ai plus d'idéaux. Cette femme maudite a forcé mon esprit et contrôle mon corps de Vifacier. Je ne suis plus qu'un outil sans âme.

- C'est faux. Je la sens en ce moment même, ton âme. Enysia ne pourra pas la faire plier. Viens avec moi, Triseïdon. Prête-moi ta force pour la combattre !


***


Ils avaient beau être quatre contre Adam, avec plusieurs Pokemon pour les soutenir, sa double puissance tirée des Dieux Guerriers en faisait un adversaire impossible à battre. Il enchaînait les attaques Déflagration ou Hydrocanon d'un seul geste de la main, et sa double armure bloquait n'importe quelle attaque. Syal et Deornas tentaient de le toucher au visage, le seul endroit de son corps non-protégé, mais Adam se riait de leurs efforts. De plus, la puissance de ses attaques avaient salement endommagé le terrain. Il apparut que le sol où ils se trouvaient, ce grand paysage de ruines qui s'étendait à perte de vue, flottait dans les airs. En dessous du sol, il n'y avait rien, seulement le néant ; une chute interminable et un errements sans fin dans un ciel à faible gravité. Sans rien à quoi se raccrocher, celui qui tombait été condamné à flotter pour l'éternité dans ce monde vide, du moins jusqu'à qu'il meure de soif. Aussi Leaf et les autres, en plus d'éviter les attaques d'Adam, devaient prendre garde à ne pas chuter.

- Vous êtes horripilants, se moqua Adam après une énième attaque manquée de la part de ses adversaires. Vous n'êtes rien face à la puissance divine des Dieux Guerriers. Pourquoi vouloir vous dresser contre Mère, alors que vous êtes si faibles ?

- C'est une chose qu'un type comme toi ne peut pas comprendre, répliqua Deornas. Il s'agit de justice !

- Oh, mais au contraire, je comprends bien la justice. Je suis friand de justice. J'aurai dû devenir roi de Cinhol, mais j'ai été jeté comme un déchet par mon propre ancêtre. Mère m'a rendu justice ; à la place, je serai le roi du monde. Et un roi juste, pas comme ce fou de Castel. J'appliquerai les décrets divins de Mère, une déesse qui se souciera enfin des mortels qu'elle gouverne. Nous serons tous unis. Un seul peuple, un seul royaume, un seul dieu. Une paix éternelle !

- La paix ne se construit pas par la corruption, contra Anis. Horrorscor souhaite éradiquer les Pokemon et avilir les humains pour se renforcer via leurs péchés.

- Mais à quoi servent les Pokemon ? Demanda Adam. De tous temps, ils n'ont été que le moteur des innombrables guerres des humains. Cinhol n'a pas de Pokemon, et s'en porte très bien. En revanche, voyez ce que l'amour pour ces créatures a fait ! La révolte de Castel contre la République est partie de là. Ça a provoqué une guerre terrible qui a duré des années. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autre. Quant aux humains, ce n'est qu'en vivant dans une corruption permanente qu'ils développeront leur plein potentiel. Je crois aux idéaux de Mère, et vous ne me convaincrez pas du contraire.

- Peu m'importe de te convaincre, gronda Deornas. Je veux juste te tuer ! La justice pour mon père !

- Encore la justice, cousin ? Ricana Adam. Tu ne la trouveras pas ici, j'en ai peur. Arceus se contrefiche de la justice. C'est pourquoi nous vivons dans un monde constamment miné par l'injustice.

Deornas chargea une nouvelle fois, avec derrière lui, pour le couvrir, le cuivre de Syal qui flottait, en forme de pointe. Les Pokemon spectres d'Anis se fondirent dans le paysage, tentant de prendre Adam par surprise. Quant à Leaf et à ses Pokemon, ils attaquèrent de l'autre front.

- Vous êtes fatiguants, soupira Adam.

Il tira de sa main droite une gerbe de feu du coté de Leaf. Méga-Florizarre encaissa l'attaque. Une attaque feu de cette ampleur aurait été fatale à n'importe quel autre Pokemon plante, mais Méga-Florizarre avait un talent spécial nommé Isograisse, qui le protégeait des attaques feu et glace. Les autres Pokemon de Leaf en profitèrent pour lui passer par-dessus et à coté pour attaquer. Quand, revenant du coté de Deornas, Adam leva sa main gauche pour utiliser ses attaques eaux, il fut entravé par le cuivre de Syal qui s'était enroulé autour de son bras comme un fouet. C'est à ce moment que les Pokemon spectres d'Anis entrèrent en jeu.

Adam était cerné de toute part, mais ne se départit aucunement de son assurance. Son corps sembla entrer en ébullition, et la chaleur fut telle que tous les assaillants durent reculer. Des boules de feu s'échappèrent de son armure pour retomber aux alentours, trouant encore plus le terrain. Une terrible attaque Eruption, qu'il combina avec une attaque Séisme en tapant du pied le sol. Tout le monde perdit l'équilibre, et une boule de feu tombée à proximité projeta Deornas au loin, jusque dans un trou dans le sol. Mais avant qu'il ne chute à jamais, Syal le rattrapa avec son cuivre, seul lien qui séparait Deornas de la mort. Problème : ce lien de cuivre passait tout près d'Adam, qui leva son bras droit pour le couper.

- NON ! Hurla Leaf.

- Bon voyage, cousin, déclara Adam.

Mais quand il abaissa son bras pour trancher le cuivre, rien ne se passa. Le coté droit de son armure, fait avec les pièces d'Hafodes, venait de se détacher de son corps. Les pièces d'armure reprirent la forme de la fourche, et le Dieu Guerrier se mit à voler à toute vitesse en direction de la sphère dorée où Erend était allé, avant de disparaître.

- Que... balbutia Adam.

Sa surprise fut l'occasion pour Syal de ramener Deornas en sécurité sur la terre ferme. Stupéfait, Adam regardait son propre corps, uniquement recouvert désormais par les seules pièces de Triseïdon.

- Pourquoi ? Où est allé Hafodes ?! Mère me l'avait donné !

Il ressemblait à un enfant qui pleurait après avoir perdu un de ses jouets.

- Se pourrait-il... qu'elle me l'ait repris ? Ce gamin, Erend, lui poserai tant de problèmes que ça ?

Il éclata de rire juste après avoir formulé cette hypothèse.

- Impensable ! Je divague ! Bah, tant pis. Triseïdon sera suffisant pour vous détruire.

Il passa à l'attaque, avec plus d'empressement. Il fit jaillir des trombes d'eau qu'il gela ensuite avec Laser Glace, les faisant retomber sous forme de stalactites aux bouts mortels. Syal et Méga-Florizarre, avec leurs fouets respectifs de cuivre et de liane en dévièrent la plupart, et les Pokemon spectre d'Anis aidèrent. Mais les humains se mirent bien vite en sécurité sous un bâtiment en ruine quand la pluie de glace tranchante devint trop importante. Sauf que les ruines elles-mêmes commencèrent à céder sous les coups. Adam n'avait nullement l'intention d'arrêter. Il pouvait produire eau et glace à l'infini. Très bientôt, Leaf et les autres n'auraient plus aucun endroit où se cacher.

- Ah ah ah ! Je vais vous clouer au sol comme les insectes que vous êtes ! Clama Adam.

Sauf que son attaque cessa d'elle-même. La seconde moitié de son Revêtarme commença elle aussi à trembler, à bouger puis finalement à se décrocher du corps d'Adam. Tout comme Hafodes, Triseïdon revêtit sa forme Arme et parti à son tour dans la sphère dorée qui surplombé ce monde. Désarmé, privé de ses pouvoirs, Adam Haldar demeura figé sur place. Les autres sortirent de leurs abris, constatant que leur ennemi était désormais inoffensif. Deornas s'approcha de lui, son épée Sifulis au poing.

- Les Dieux Guerriers t'ont abandonné, lui dit-il. Tu n'étais pas leur vrai maître, tout comme tu n'es aucunement le roi de Cinhol, et encore moins celui du monde. Tu n'es qu'un usurpateur.

Adam le regarda sans paraître le voir.

- Pourquoi... Mère m'a-t-elle renié ? Suis-je trop faible pour la servir ?

- Je ne te demanderai pas de te rendre, poursuivit Deornas. Et je ne t'accorderai pas pitié même si tu la demandais. Tâche de mourir au moins en fier Haldar.

Adam cligna des yeux, puis se mit à glousser comme une poule. Deornas fut si surpris qu'il stoppa son geste avec son épée. Plié en deux, celui qui se fut nommé Leol était pris d'un véritable fou-rire.

- Mère m'a abandonné ! Tout le monde m'a rejeté, depuis ma naissance ! Mourir en fier Haldar tu dis ?! Est-ce tout ce qui me reste ?

Puis il reparti dans son rire incontrôlable. Deornas, atterré, secoua la tête.

- Tu es fou.

- Peut-être bien, acquiesça Adam, les larmes aux yeux. Oui, c'est sûrement le cas. La folie, elle au moins, m'accepte.

- J'ai pitié de toi, soupira Deornas. Tu es né Haldar, d'un père puissant et formidable. Tu aurais pu avoir un grand destin. Castel et Enysia sont les seuls responsables de ta déchéance.

- Ne me réconforte pas, cousin. Je n'ai nul besoin de ta pitié. Et je ne te laisserai pas le loisir de te venger de moi. Ce n'est pas toi qui me tuera. Je n'ai rien pu choisir dans ma vie, alors je choisirai au moins ma mort.

Il commença à reculer, de plus en plus vers le bord de la plateforme, vers un immense trou qui donnait dans le néant infini de ce monde.

- Oui... je vais partir comme l'a fait ma sœur. Nirina est tombée dans les mers glacée du Nord, m'avez-vous dit ? Elle doit être encore en train de dériver, de couler dans ces profondeurs gelées. Moi aussi, je dériverai à jamais. Ce monde est si beau, si paisible... Je veux rester ici, pour l'éternité...

Adam écarta les bras et se laissa tomber en arrière. Instinctivement, Deornas se précipita pour tenter de le rattraper, mais Adam balaya sa main de la sienne. Au bout d'une minute, il ne fut plus qu'une vague forme chutant dans ce vide éternel. Deornas lâcha Sifulis. Sa vengeance était à présent inaccessible, mais il se rendit compte que ça ne lui faisait rien. Se venger de cet homme malheureux et vide ne l'aurait nullement soulagé.

- Puisses-tu trouver un semblant de paix dans l'autre vie, cousin, murmura Deornas.


***


Dès qu'Erend sentit le trident de Triseïdon se loger entre ses doigts, ce fut comme si tout son corps se réchauffait d'un coup. La volonté du Dieu Guerrier de se battre avec lui était palpable. Avec Triseïdon dans sa main, Erend se sentait fort, en confiance. Même Peine, dans son autre main, lui paraissait moins lourde et plus amicale.

- Hum... fit la voix mécanique et mentale de Triseïdon. Si tu m'avais empoigné en premier à la place de ton frère, c'est toi qui aurait été mon premier maître. Vous êtes très différents... mais en même temps semblables. Je n'ai aucun doute. Tant que tu combattras l'engeance de la corruption, je serai tiens, Erend Igeus !

Ce fut ainsi qu'Erend Igeus et Castel Haldar, un Dieu Guerrier dans une main, une épée légendaire dans l'autre, firent face à Enysia, la Marquise des Ombres. Feu d'Hafodes et eau de Triseïdon, ténèbres de Peine et lumière de Meminyar s'abattirent en un tourbillon sur la maîtresse de la corruption. Enysia maniait sa faux Shinecros qui avait doublé de volume, lançant des salves d'éclairs, de feu ou de glace sombres. Ce fut un combat d'une intensité surnaturelle, qui aurait tout détruit à la ronde si seulement il y avait eu des bâtiments dans cet espace vide. Erend et Castel ne se battaient pas à proprement parlé ensemble ; il y avait un trop lourd passé entre eux pour cela. Mais ils comptaient clairement l'un sur l'autre dans leurs assauts. Ce n'était pas une harmonie née d'une amitié, mais une confiance venant de leur désir commun de vaincre Enysia.

Si cette dernière pouvait lancer bien plus d'attaques différentes et ce plus rapidement, la puissance des Dieux Guerriers était supérieure à celle qu'elle tirait de son Trio des Ombres. Ensuite, si la faux d'Enysia avait une portée bien plus longue que les deux épées, Erend et Castel se montraient bien meilleurs bretteurs qu'elle. Ce que faisait Castel était tout particulièrement impressionnant. On avait l'impression qu'Hafodes et Meminyar ne faisaient qu'un. Il y avait une harmonie incroyable entre les deux armes et leurs possesseurs. Castel ne s'était plus battu ainsi depuis sa rébellion il y a cinq cent ans. C'était ce style de combat qui à l'époque lui avait valu le titre d'homme le plus puissant du monde. Il fallait ajouter à ça la participation de Ladytus, qui contrait plusieurs attaques spéciales d'Enysia.

Erend ne savait plus trop si c'était lui qui décidait de ses gestes où Triseïdon. Il était tellement en communion avec le Dieu Guerrier qu'il avait l'impression d'avoir un seul cerveau pour deux corps, ou plus précisément, un seul corps pour deux. C'était le trident qui lançait les attaques, qui lui disait où se déplacer et à quel moment. C'était lui qui faisait bouger le bras d'Erend qui le tenait. Erend lui contrôlait Peine dans son autre bras, et comme Castel, l'épée et le Dieu Guerrier forme Arme se battaient à l'unisson. Enysia, débordée par tant de puissantes attaques parfaitement synchrones, commença à reculer, jusqu'à que Castel ne lui coupe un bras avec Meminyar.

- RAAAAHHHHH ! Infâmes moustiques !

La perte de son bras gauche ne lui causa aucun tracas, vu qu'il repoussa à l'instant. Enysia avait toutefois l'air outragée, et plus très sûre d'elle.

- C'est assez ! Vous me fatiguez ! Je me chargerai de vous après m'être débarrassée d'Arceus !

Et sur ces paroles, elle disparut. Pourtant, elle ne s'était pas téléportée ou autre chose. Erend pouvait toujours sentir, via Peine, sa sinistre présence.

- Elle est devenue invisible grâce à Shinecros, indiqua Castel.

En effet, Enysia était toujours là, car quelque chose fendit l'air, et la dimension chaotique dans laquelle ils se trouvaient sembla se distordre.

- Elle s'en prend à l'Origine avec son pouvoir de Vifacier pour forcer Arceus à apparaître ! Continua Castel. Si elle le tue, elle sera maîtresse de ce lieu, et on ne pourra plus rien contre elle !

La situation était donc pressante, pourtant, Erend ne voyait pas comment il pouvait s'en prendre à Enysia si elle était invisible, surtout dans ce monde infini sans relief. Erend avait beau lancer des attaques eaux tout autour, les frappes d'Enysia contre la structure de cette dimension ne cessèrent pas. C'est alors, qu'au bout d'un moment, un éclat dorée naquit à l'endroit où Enysia portait ses coups. Ça ressemblait à un œuf géant de lumière, qui flottait tout au loin, et qui s'approchait d'eux lentement. Bien qu'Enysia fut toujours invisible, sa voix résonna, victorieuse.

- Te voilà enfin, Dieu ! Je suis venue te tuer, moi, Enysia ! Au nom du Seigneur Horrorscor, je prendrai ta place et je déferai ton œuvre !

L'Œuf de lumière se dissipa, et une silhouette en émergea. Erend avait déjà vu de nombreuse représentation artistique ou religieuse du Dieu des dieux, mais le voir en vrai, c'était carrément autre chose. Arceus semblait incarner la puissance et la grandeur. Ses poils étaient d'un blanc nacré sur son corps équin. Ses quatre pieds pointus se terminaient par des sabots dorés. Une longue crinière majestueuse s'échappait à l'arrière de sa tête. Son anneau doré, semblable à une roue accrochée au milieu de son corps, était ce qui le représentait le plus. Orné de quatre joyaux, l'anneau semblait fait de l'or le plus pur de l'univers. Son visage gris contrastait avec ses yeux verts et ses pupilles rouges, lui donnant un air sévère. Enfin, ses dix-sept plaques sacrées tournoyaient autour de son corps, faisant de lui un être capable de contrôler tous les types de Pokemon. Tel était Arceus, l'Etre Originel, Fondateur de l'Univers et Dieu des Pokemon et des humains.

- Tu oses venir me troubler en ma demeure avec tes élucubrations, vile créature de la corruption ? Tonna Arceus à l'adresse d'Enysia. Tiens-tu tant que ça à avoir ton existence effacée à jamais de toutes les trames temporelles ?

- C'est toi qui sera effacé, Arceus !

Enysia redevint visible quand elle passa à l'attaque, son beau visage gâché par un masque de folie, ses yeux crachant des flammes. Avec sa faux, elle fendit l'espace, et un arc vert instable alla frapper Arceus. Le dieu se protégea avec un bouclier né de ses plaques. Puis il riposta, une terrible lumière s'allumant sur son front tandis qu'il accumulait une énergie au-delà de toute mensuration.

- Sois jugée par la puissance divine ! S'écria Arceus. Attaque Jugement !

Ce fut comme si des centaines de missiles nucléaires furent projetées aux alentours. Erend et Castel s'empressèrent de se rapprocher d'Arceus pour ne pas être pris dans cette attaque apocalyptique. Mais Enysia se contenta de sourire. D'un coup de faux, elle fit exploser tous les traits lumineux de l'attaque Jugement avant qu'ils ne soient sur elle. Arceus ne changea pas d'expression, mais sa voix se fit légèrement agacée.

- Cette humaine... elle maîtrise un semblant de temps et d'espace ? Ici, au centre de mon monde ?!

- Elle... elle a fusionné avec l'énergie négative d'un immense bloc de Vifacier, seigneur, se sentit obligé d'expliquer Erend.

Arceus le dévisagea, et Erend fut soudain pris d'envie de rapetisser jusqu'à devenir invisible. Quand le créateur de l'univers braquait ses yeux rubiconds sur vous, vous avez l'impression d'être moins qu'un déchet. Arceus examina ensuite l'arme que portait Erend, puis Castel. Il hocha la tête, comme s'il venait de faire une connexion dont lui seul avait le secret.

- Je vois... Le moment est venu de nommer un nouveau Sauveur du Millénaire ? Je n'ai peut-être que trop tardé.

Tout en parlant, Arceus bloqua une autre attaque spatio-temporelle d'Enysia.

- Toi, fit-il en se tournant vers Castel. Je me souviens de toi.

Castel se ratatina comme si Arceus l'avait grondé.

- Tu étais avec le dernier Sauveur que j'ai nommé. Jalousie. Ténèbres. Envie. Je les sentais à l'époque, et je les sens toujours en toi. Mais aussi le courage, la justice, l'idéal. Ta mission aura toujours été de combattre le Sauveur, pour au final le pousser à accomplir son destin. Rien n'aurait pu se faire sans toi. Tu m'as amené le dernier Sauveur. Tu m'as amené le nouveau.

Arceus revint ensuite sur Erend.

- Tu es un mélange de bien de choses, humain. Je lis autant de ténèbres que de lumière en toi. C'est ainsi que ça doit être. Le Sauveur du Millénaire doit toujours représenter les deux faces de l'humanité, le bien et le mal. Un Sauveur uniquement d'un seul coté ne sauvera rien du tout. L'humanité est ainsi faite : sombre et lumineuse. Pour être sauvée, il faut qu'elle le soit par quelqu'un qui englobe ce qu'elle est. Lâche ce Dieu Guerrier un instant, puis monte sur mon dos.

Erend se retint de regarder derrière lui pour vérifier qu'Arceus s'adresser bien à lui. Le Dieu des dieux venait de l'inviter à monter sur son dos ! Non, ce n'était pas une invitation. C'était un ordre. Erend déglutit et acquiesça. Il donna Triseïdon à Ladytus, mais quand il s'apprêtait à lui remettre Peine également, Arceus dit :

- Non, garde l'épée. Dépêche-toi.

En effet, il valait mieux se dépêcher, car Enysia continuait son déferlement d'attaques de Vifacier. Arceus se baissa pour permettre à Erend de monter, ce qu'il fit maladroitement, se calant juste devant l'anneau doré. Il hésita à s'accrocher à Arceus, considérant comme un crime qu'un humain puisse lui tenir les poils, mais quand le Créateur sauta pour se lancer dans la bataille, Erend n'hésita plus longtemps et s'accrocha de sa main libre. Arceus filait à toute allure, sautant sur un sol invisible en direction d'Enysia.

- Tiens-toi prêt, humain, dit Arceus à Erend. Aide-moi à la combattre, et je te récompenserai d'un souhait.

Un souhait. Ce mot résonna dans l'esprit du garçon. Qu'est-ce qu'il pouvait souhaiter plus que tout en ce moment, si ce n'était la survie de son frère Zayne ? Si pour cela il fallait vaincre Enysia, il lutterai jusqu'à son dernier souffle. Il leva Peine au dessus de lui et hurla. Enysia, quant à elle, éclata de rire.

- Te voilà devenu un bourricot, Arceus ? N'as-tu donc aucune fierté en tant que Dieu des dieux ?

Avec trois tours de sa faux, elle lança un tourbillon de feu, de glace et de foudre, le tout renforcé avec une puissance spectre et la magie spatio-temporelle du Vifacier. Une attaque qui, selon Erend, pourrait venir à bout du Créateur lui-même ! Mais Arceus ne s'arrêta pas. À la place, il fit apparaître une attaque Ultralaser surpuissante pour contrer celle d'Enysia. Secoué de toutes parts par la rencontre des deux puissances, Erend passa son bras sous le cou d'Arceus pour ne pas tomber. Esquivant la charge d'Arceus, Enysia se plaça en hauteur, lévitant dans les airs. Plus que jamais, avec son manteau d'ombre et les énergies élémentaires qui traversaient son corps, elle avait l'air d'une déesse.

- Rien ne peut me battre ! Rien ne peut m'arrêter ! Ni le Créateur, ni le Sauveur, ni l'alliance des deux !

Elle écarta les bras, et commença à concentrer toute l'énergie obscure du Vifacier de son corps. Si elle était menée à son terme, une telle attaque aurait l'effet de ce qu'aurait fait la météorite de Vifacier si elle avait explosé. Au lieu de s'en écarter, Arceus fonça dessus.

- Le Vifacier est comme l'humanité, dit Arceus à Erend. Il a deux cotés. Cette humaine est remplie de Vifacier corrompu. Mais le Vifacier ne se nourrit pas que de ça. Il se nourrit de toutes les émotions, bonnes comme mauvaises. Pour pourfendre le mal, il faut un bien de la même ampleur.

Erend se demanda ce qu'Arceus voulait lui dire. Puis son regard se porta sur son épée, Peine. Du Vifacier corrompu, comme celui qu'avait aspiré Enysia. L'épée ne lui ferai donc rien en l'état. Mais, alors qu'il était sur le dos du Dieu des dieux, alors qu'il avait trouvé un espoir de sauver Zayne, la corruption de Peine ne lui faisait plus rien. Mieux encore, elle reculait. La lame de Peine devenait de plus en plus claire, sa noirceur se dissolvant. Son Vifacier se nourrissait de tous les sentiments d'Erend, de sa volonté, de son espoir, et tout cela était en train de venir à bout de cinq siècles d'émotions négatives d'Uriel.

- MOURREZ ! Aboya Enysia en leur lançant sa sphère d'énergie noire du Vifacier.

Arceus plaça autour d'eux les attaques Protection et Mur Lumière, plus son bouclier personnel né de ses plaques sacrées. Erend leva Peine, et l'épée entra en contact avec l'attaque. Un bruit atroce naquit, comme des dizaines de craies sur un tableau. Erend sentit son bras vibrer tellement qu'il pensa qu'il allait exploser. Arceus s'était arrêté, et seule Peine retenait la sphère noire d'Enysia.

- AH AH AH ! Imbécile ! Tu penses pouvoir retenir à toi seul toute cette énergie sombre accumulée du Vifacier ! Peine va se fondre dedans !

En effet, Erend sentit son bras reculer peu à peu, et l'épée prête à exploser. L'attaque d'Enysia était un concentré pur d'émotions négatives et de corruption. La force ne pouvait pas vaincre ça. Il n'y avait que l'esprit qui pouvait vaincre.

- Tu te trompes, Enysia, grinça Erend sous l'effort. Peine ne t'obéis plus. Elle n'est plus ce que ta corruption en a fait. Elle est passée entre les mains de Zayne, puis les miennes. Nous avons lavé la souillure de notre ancêtre Uriel !

- Q-quoi ?

Dans un dernier effort de volonté, Erend s'ouvrit d'un coup à tous ses sentiments positifs, à l'amour pour son frère, à sa volonté de sauver le monde, à l'image de ses amis, et à l'espoir dans le futur. Il suffisait d'un peu d'espoir pour balayer les plus profondes ténèbres. De bas en haut, la lame de Peine passa du noir total à un blanc étincelant. Purifiée de sa corruption, son Vifacier était devenu un réceptacle d'énergie positive, qui commença à trancher l'attaque d'Enysia.

- I-IMPOSSIBLE ! S'écria la Marquise des Ombres.

- Ce n'est plus Peine ! C'est Espérance ! Elle contient la volonté de mon ancêtre Uriel, de mon frère Zayne, et la mienne. Celle de te pourfendre, Enysia !

L'attaque d'Enysia se brisa face à Espérance, qui la coupa en deux avec un arc de lumière. Arceus repartit aussitôt, en direction d'une Enysia paralysée de surprise et de peur.

- Je ne peux pas... Pas moi... Etre vaincue par ce gamin... Je... je...

Tout son corps se contracta et un torrent de ténèbres en sortit. Enysia avait perdu tout ce qui faisait sa beauté. Elle ressemblait plus que jamais à un monstre, une créature des ombres vaguement humanoïde.

- JE SUIS ENYSIA, LA MAÎTRESSE DES OMBRES ! JE SUIS UNE DÉESSE ! JE SUIS IMMORTELLE !

Elle fondit sur Erend, ses mains griffues chargées d'ombres et de foudre. Erend n'hésita pas. Au lieu de continuer son attaque sur elle et de se mettre à sa portée, il lança son épée Espérance droit sur Enysia. Comme si elle était portée par la magie d'Arceus, l'épée fila à une vitesse fulgurante, devenant comme une flèche géante de lumière. Enysia ne put l'arrêter, même avec ses attaques. Espérance la transperça de part en part, laissant dans son corps noir et fantomatique un trou lumineux.

- AH AH AH ! JE TE L'AI DIT ! UNE SIMPLE ÉPÉE NE PEUT...

Mais Enysia s'arrêta quand elle vit des faisceaux de lumières quitter son corps, se rependant tout autour de sa blessure.

- Que... Mon pouvoir... Pourquoi ?

Les arcs lumineux se firent de plus en plus nombreux, et semblèrent fracturer le corps d'Enysia, comme si elle abritait en elle le soleil en entier.

- En aspirant l'énergie négative du Vifacier, tu as lié ton sort à elle, fit Arceus. L'épée de ce garçon était pleine d'énergie positive. Quand le négatif et le positif se rencontrent, ils s'annulent entre eux. Tu as perdu.

Enysia se débattit, gesticula comme une folle, hurla, mais la lumière continua de l'infecter et de brûler son corps. Dans un dernier effort, elle tenta d'attaquer Erend en se jetant sur lui, mais son corps explosa en millier de particules lumineuses avant. Il ne resta plus que sa faux, Shinecros, qui tomba, avant de disparaître elle aussi, comme si un feu noir venait de la consumer. Ainsi disparut Enysia, neuvième Marquise des Ombres.