L'empire Mecheva: la fin des gardiens de louglaciale1

Neil et Lo restèrent chez Rose environ dix jours, ce qui permit au jeune homme de s'améliorer en combat Pokémon de façon singulière. Enes maîtrisait de plus en plus de capacités, Le regard de Neil devenait aussi acéré que celui d'un Flambusard et il trouvait presque toujours une parade aux attaques adverses. Il avait appris les forces et les faiblesses de chaque type de Pokémon et avait réussi à vaincre deux Pokémons de Rose en combat singulier. Petit à petit, Neil devenait un vrai dresseur de Pokémon et ça lui plaisait beaucoup. Il aimait cette sensation quand il envoyait son partenaire sur le terrain, il aimait utiliser ses sens et son cerveau pour aider son Pokémon et l'amener à la victoire. Il était captivé par les pouvoirs de son Minidraco, sa force, sa grâce...

Il avait même pu rencontrer les Pokémons de Lo. Il y avait un Alakazam répondant au nom étrange d'Alakazoom, Lancelot le Gallame et George, un Latios, un Pokémon pouvant prendre forme humaine. Neil avait remarqué, non sans une certaine jalousie, que la forme humaine du Latios était sacrément canon.
Mais il y avait une chose que Neil n'avait jamais expérimentée mais, en tant que dresseur, il se devait d'essayer : la capture d'un Pokémon sauvage.
Lo avait été prévoyante car, parmi tout ce qu'elle avait volé, il y avait des remèdes contre l'empoisonnement, la paralysie, la brûlure et surtout, des Pokéballs. Elle avait réussi à en chaparder une dizaine. Plus qu'il n'en fallait.

Mais, pour qu'il puisse capturer son second Pokémon, il fallait que lui et la gardienne reprennent la route. Il attendait donc avec impatience le jour où ils pourraient enfin partir.


Le matin du dixième jour, Rose les rejoignit au sous-sol où ils passaient le plus clair de leur temps et assista à un duel entre Alakazoom et Enes que l'Alakazam était certain de gagner.

« Alakazoom, franchement » Pensa-t-elle. « Elle devait être bourrée quand elle a trouvé ce surnom à la con ».

Enfin ça n'enlevait rien à la puissance de ce Pokémon humanoïde de type Psy, ni à son intelligence. Il pouvait mener des duels contre des dresseurs sans recevoir le moindre de sa dresseuse car la plupart du temps, il n'en avait pas besoin. Il était suffisamment intelligent pour mener ses duels seul. C'est pour ça que Lo le faisait rarement combattre. Elle préférait mettre son intelligence au profil de l'enseignement et des stratégies militaires.

La vieille femme coupa net ses réflexions et s'avança.

- J'ai ce qu'il te fallait Lo.

Le duel cessa aussitôt. La gardienne se précipita vers Rose qui lui remit deux cartes d'identités ainsi que deux billets.

- Les billets sont valables un an. Vous avez largement le temps d'atteindre le port de Kanto.

- Merci c'est parfait Rose, répondit Lo en donnant une des cartes à Neil.

Il y lut le nom « Neil Forda ». Voilà donc le jour qu'il attendait. Ils repartaient enfin ! Le jeune homme pouvait sentir l'excitation envahir la moindre parcelle de son corps. Enes semblait également impatient.

- Rose, et si tu venais avec nous ? Demanda la gardienne. Cela fait trop longtemps que tu as quitté Hoenn. Il serait temps que tu la revoies.

La vieille dresseuse éclata d'un rire aigre.

- Tu vas me demander ça à chaque fois ma parole, répondit-elle une fois son hilarité retombée. Tu sais pertinemment pourquoi je ne peux pas repartir. Ce n'est pas parce que je suis à la retraite que je suis tranquille. Tous les militaires sont surveillés, d'une façon ou d'une autre. Partir avec vous mettrait Mechavachier sur votre piste comme du miel attire les Ursaring. Et puis... j'avoue que même si Hoenn me manque, j'aime ma vie ici. Au moins, je peux être utile en restant.

Lo acquiesça gravement, respectant son choix. Les deux voyageurs rassemblèrent leurs affaires et repartirent, laissant sur place une des femmes les plus courageuses qui soit, selon Neil.


Ils parcoururent de grandes distances à pieds chaque jour, faisant de rares pauses. Ils combattaient à l'occasion des Pokémons sauvages mais rien qui ne tentait vraiment le jeune homme pour une capture. Il se demandait combien de temps il lui faudrait pour trouver le Pokémon qui lui faudrait.

D'une plaine sentant l'air marin, ils étaient passés à la forêt obscure et à présent, ils laissaient derrière eux le dernier arbre sombre, qui donnait suite à un paysage vert, bordé de petites collines et d'une route où passaient énormément de gens et ce, en l'espace de trois jours.

- A partir de maintenant, nous devons faire attention, murmura Lo. S'il y a du monde, il y a des soldats. On ne peut plus se permettre de sortir nos Pokémons à tout bout de champ. Si on nous contrôle, on montre nos cartes d'identités. Et les impériaux connaissent mon visage. Donc, j'ai été défigurée il y a longtemps par un rebelle. Ça marche ?
Neil acquiesça en souriant. Il y a à peine une semaine, il n'aurait jamais accepté ce que cette femme lui demandait. Maintenant qu'il al connaissait un peu, il lui faisait confiance. Et, si elle disait vrai sur lui, s'il avait le potentiel pour devenir un gardien, il pourrait peut-être vaincre l'empereur, ou du moins, réussir à changer les mentalités ? Tous les faux espoirs qu'il s'était fabriqués puis abandonnés pouvaient se réaliser en fin de compte !

Lo recouvrit son visage de façon à ce qu'on ne voit que son œil droit et ils reprirent la route, rejoignant le sentier, se mêlant à la foule. Neil remarqua à plusieurs reprises de petites troupes de soldats impériaux qui surveillaient la route. Parfois, l'un des soldats arrêtait une des personnes qui marchait et leur demandait leurs papiers d'identité. Neil restait aux côtés de Lo, la tête baissée pour ne pas croiser le regard des soldats. Il devait se forcer pour ne pas regarder les militaires dans les yeux. A chaque fois qu'il regardait un de ces minables à la botte de Mecheva, il ne pouvait pas s'empêcher de lancer un défi silencieux, ce qui n'était pas vraiment une bonne idée s'ils voulaient passer inaperçu. Alors il baissait le regard, il se forçait à admirer le paysage magnifique. D'un côté de la route on pouvait admirer des falaises donnant sur la mer, de l'autre, il y avait une grande plaine fleurie s'étendant sur des kilomètres et qui laissait voir de nombreux villages. La température était agréable, le soleil tapait assez fort mais une brise rafraîchissait la chaleur légèrement désagréable. Ils marchèrent ainsi plusieurs kilomètres sans se faire remarquer par les soldats. Neil n'aurait d'ailleurs jamais pensé que leur « camouflage » puisse marcher aussi bien. Ils passèrent plusieurs nuits dans les auberges bordant la route. Ils purent ainsi passer de l'extrême sud de la région à la frontière entre Safaïa et ce qui était autrefois Kalos.

Lo lui avait fait quitter la route deux jours auparavant afin de faire le point. Ils se trouvaient actuellement à un petit kilomètre du poste de douane.

- Bon, récapitula Lo, concentrée. On va devoir redoubler de vigilance sur ce coup.

- Pourquoi ça ? Ce sont des soldats impériaux, des débiles mentaux, on les roule comme d'habitude.

Le regard sévère de la gardienne le coupa dans son élan.

- Les douaniers sont différents. Ils sont loin d'être stupide. Il y a de grandes chances pour que l'on soit fouillé. Le poste de douane est à proximité d'une caserne assez importante et en plein milieu d'une grande ville. Et, pour couronner le tout, ces salauds connaissent mon visage.

- Attendez ! Protesta le jeune homme. S'ils connaissent ton visage et s'ils sont aussi minutieux que tu le dis, il vaut mieux passer à un autre endroit ou de voler non ?

- C'est le seul moyen de traverser la frontière discrètement, répondit Lo d'un ton ferme. Et passer par le voie des airs n'est pas une bonne idée non plus. Le sol comme les airs sont surveillés. On se fera prendre.

- Alors on fait quoi ? Demanda Neil. Apparemment, toutes les solutions aboutissent à la mort.

- Non, j'ai une solution ne t'inquiètes pas. L'ennui, ça va être ta réaction.

Neil bugua un instant.

- Ma... réaction ?

Lo ne répondit pas et ferma les yeux. Aussitôt, les traits de la femme se déformèrent, comme s'ils fondaient. Le garçon se frotta les yeux à plusieurs reprises mais rien n'y changea. Il vit avec stupeur le corps de la gardienne se transformer, ses cheveux raccourcir et changer de couleur. Lorsque le phénomène prit fin, Lo avait disparu, pour laisser place à un homme d'une petite trentaine d'années, mince aux cheveux courts et châtain clair, aux yeux marron, qui portait une barbe de trois jours. L'homme portait les vêtements et les sacs que portait Lo à peine trois secondes auparavant. Il frissonna avant de se redresser, montrant sa grande taille et s'étira en déclarant d'une voix claire :

- Aaaaahh, Je déteste cette capacité.

Trop stupéfait pour parler, Neil commença par reculer de quelques pas, faisant buter sans le vouloir un caillou sur le sol. L'homme se tourna vers Neil en entendant le bruit.

- Ça va ? Demanda-t-il. Tu vas bien ?

- M'approchez pas ! S'exclama le jeune homme en saisissant la Pokéball d'Enes.

Un éclair de lassitude apparut dans les yeux bruns de l'homme.

- Une autre raison de détester ce pouvoir, marmonna-t-il. Neil, écoute moi. C'est moi, Lo. J'ai simplement usé d'un de mes pouvoirs.

Neil conserva quelques mètres de distance entre l'homme et lui.

- Prouvez-le.

L'homme sembla réfléchir un moment avant de déclarer d'un ton plus qu'agacé et pressé.

- Tu t'appelles Neil Fynch, tu as 19 ans, tu es originaire du village de Silverals dans l'extrême sud de l'empire, ton partenaire est un Minidraco répondant au nom d'Enes, nous nous sommes rencontré quand tu m'as rentré dedans. George est mon Latios, Alakazoom est mon Alakazam, Lancelot mon Gallame, tu veux savoir quoi d'autre ?
Neil voulait parler, dire un mot, il voulait protester mais sa gorge s'était changée en plomb. La scène qui se déroulait en cet instant était si énorme que son premier réflexe avait été de le nier mais là, il devait se forcer à admettre ce phénomène.

- C'est quoi ton pouvoir au fait ? Demanda-t-il, prudent.

Sur le visage de l'homme apparut un sourire laissant apparaître une série de dents parfaitement alignées et d'une blancheur éclatante, faisant grimacer intérieurement le jeune homme. Il était sacrément canon.

- Tu sais, chaque gardien possède des pouvoirs uniques liés au dieu qui les a bénis. J'ai personnellement été choisie par Mew, le Pokémon originel. Un des pouvoirs qu'il m'a conférés est la capacité à utiliser Morphing. Une attaque qui consiste à changer d'apparence. Enfin, tu dois t'en douter non ?

- Et le mec dont tu as chouré l'apparence, demanda Neil, hésitant entre l'admiration ou la peur de ce pouvoir que la gardienne possédait. Il existe ou pas ?

- Oh il a existé, rassure-toi mais il est mort depuis longtemps. C'était une star de la télé quand j'étais petite. Un gars très gentil, et un bon dresseur malgré les apparences. Il s'appelait David Tenantes.

Le jeune homme n'avait jamais entendu parler d'une star qui s'appelait comme ça mais, à la réflexion il s'en foutait.

- Donc, ça veut dire qu'on va pouvoir passer la frontière sans soucis ?

Lo grimaça légèrement en se grattant la tête.

- Sans problèmes je sais pas. Je dirais qu'on a de grandes chances de passer inaperçu. Mais, si ça tourne mal, j'aimerais que tu prennes ça.

La gardienne lança une Pokéball que Neil attrapa par réflexe.

- Il s'agit de George. Si tu le fais sortir de sa ball, il t'emmènera en sécurité. Mais uniquement s'il n'y a aucune autre solution d'accord ?

Neil acquiesça.

- Bon, dit-il d'un ton qui se voulait léger. On part quand ?

Le sourire ravageur de l'homme dont Lo avait pris l'apparence réapparut.

- Quand j'aurais changé de fringues. Je vais pas me présenter à la frontière avec mes habits de femme.


Une demi-heure plus tard, Neil se présentait au poste de douane pour passer la frontière entre Safaïa et Kalos. Lo et lui avaient décidé de changer de tactique d'approche pour rouler les gardes. Ils devaient se présenter séparément au poste, présentant un nom différent et un but différent pour traverser. Lo était passée en première pour préparer le terrain. Le jeune homme avait attendu une demi-heure avant de se diriger vers le poste de frontière. Il avait dû d'abord traverser la ville plutôt animée avant de rejoindre le bâtiment entièrement vitré qu'était son passage vers le nord. Le bâtiment ressemblait plus à un hall de gare qu'à la caserne lourdement armée que le garçon avait imaginée. Il y avait juste une sorte de portail fermé avec un guichet à côté où une petite queue se dessinait.

En soupirant, Neil se mit au bout de celle-ci et attendit. Contrairement à ce qu'il avait pensé également, le nombre de personnes souhaitant traverser le territoire était plutôt faible.

En réfléchissant, c'était logique. Les habitants de l'empire étaient « heureux » chez eux, alors pourquoi partir ? Avant, Neil méprisait tous ces gens qui se complaisaient dans cette vie pleine d'ignorance et de domination mais à présent qu'il avait côtoyé Lo et Rose, qu'il avait ouvert son esprit à la réalité du monde, toutes ces personnes lui faisaient pitié. N'ayant pas pu ne serait-ce qu'imaginer une autre existence que celle qu'ils menaient, ils n'avaient eu d'autre choix que de se contenter de ce qu'ils possédaient, c'est-à-dire pas grand-chose. Et, pour couronner le tout, leurs esprits avaient été conditionnés pour ne pas se rebeller, pour ne pas penser par eux-mêmes. Mais, au fond, ce n'était pas leur faute. La seule et unique responsabilité était celle de l'empereur.

Quand ce fut son tour de passer, le garçon mit fin à ses réflexions. Ses Pokéballs se trouvaient à l'intérieur d'une capsule qu'il gardait au fond de sa poche. Alors qu'il donnait sa fausse carte d'identité au douanier, il ne pouvait s'empêcher de tripoter la capsule du bout des doigts dans sa poche. Il craignait de devoir se battre à chaque moment et même si Lo se trouvait sans doute pas loin, si un combat éclatait, elle ne pourrait sans doute pas le rejoindre à temps pour l'aider.

Le douanier observa sa carte pendant un petit moment avant de commencer son interrogatoire de routine.

- Pourquoi voulez-vous passer la frontière de Safaïa pour Kalos ?

- Un pèlerinage monsieur, répondit Neil d'un ton qui se voulait à tout prix enjoué malgré la main qui lui tordait le ventre. Il y a à Flusselles un magnifique cadran solaire composé d'un cristal géant. Je rêve de pouvoir l'admirer de mes propres yeux, remercier l'empereur de nous l'avoir rendu, à nous, ses citoyens bien aimés.

Le douanier lui jeta un regard en coin avant de sourire.

- C'est vrai que c'est un truc magnifique à admirer. Vos papiers sont en règle, vous pouvez passer.

Neil reprit sa carte en s'inclinant, tel était le salut au sein de l'empire. Le douanier s'inclina aussi et appuya sur un bouton qui ouvrit le portail sans un bruit.

- Je vous souhaite un bon séjour à Kalos monsieur Forda.

- Merci beaucoup.

Un autre douanier lui tendit son sac à dos qui avait été bien entendu fouillé, comme s'y attendait Lo. Heureusement que tout leur matériel avait été camouflé dans des capsules. Les soldats ne vérifiaient pas le contenu de celles-ci car il n'y avait rien à craindre de nourriture, de voiture ou de vêtement. Le jeune homme se félicita intérieurement pour avoir trouvé cette idée. Il passa le portail sans rencontrer de soucis.

De l'autre côté de celui-ci, le poste de frontière ressemblait encore plus à un hall de gare, avec plein de boutiques de tout et de n'importe quoi et des dizaines d'écrans en verre électronique qui diffusaient les différents programmes de la télévision impériale : des journaux, des dessins animés débiles, des documentaires sûrement falsifiés et surtout, des reportages sur les apparitions de l'empereur aux quatre coins de l'empire. Neil s'intéressa à ce dernier programme. C'était vrai que cet enfoiré se déplaçait régulièrement un peu partout pour déclencher des cris de foules incroyable. En ce moment même, il se trouvait dans une base militaire située au milieu de ce qui avait été la région de Sinnoh. Il saluait des soldats qui s'inclinaient littéralement devant lui tout en étant entouré de trois gardes du corps.

Neil les connaissait bien. Il avait dû subir un cours plus qu'effrayant sur eux quand il était encore à l'école primaire. Il s'agissait des trois flèches de l'empire, les trois grands guerriers de Mecheva et ses plus proches confidents. Chacun représentait un élément, un aspect du combat et un des « symboles » de mort envoyés aux rebelles.

Il y avait une femme d'environ trente ans munie d'un trident et habillée de bleu. C'était Mao, la dresseuse de type eau et son symbole était l'inflexibilité. Elle était incapable de ressentir la moindre pitié envers les traîtres, quelle que soit leur nature. Elle avait de longs cheveux vert foncé coupés court, comme les militaires. Ensuite il y avait Andolos, un gamin de dix ans armé de couteaux qu'il léchait en permanence. Il était habillé de mauve presque noir et était un dresseur de type ténèbre. Son symbole associé était la cruauté. Ce que ce petit sociopathe adorait, c'était faire souffrir ses victimes le plus longtemps possible avant de les tuer. Il torturait ses victimes pendant des jours jusqu'à ce qu'elles le supplient d'abréger leur souffrance. Le dernier était Gladius, le spécialiste de la roche. Un homme d'une cinquantaine d'années portant une épée si grande que Neil se demandait comment il faisait pour ne pas crouler sous son poids. Et pourtant, il la maniait d'une seule main. Cet homme symbolisait l'invincibilité. Personne n'avait été capable de lui faire ne serait-ce une égratignure depuis plus de 15 ans. Le dernier qui avait eu l'honneur de le blesser avait été décapité de sa main. C'était un des chefs rebelle.
Maintenant qu'il y pensait, Rose avait dit que Lo avait perdu son époux 17 ans auparavant et, de ce qu'il avait compris, Lo était bien placée dans l'ordre des gardiens « rebelles ».

Le chef rebelle que Gladius avait éliminé, était-il le défunt mari de la gardienne ? Si c'était le cas, Neil comprenait que Lo ait comme but de combattre cet empereur. Sur le coup, le jeune homme eut envie de lui poser des questions dès qu'il la verrait mais d'un autre côté, il hésitait. A sa place, il n'aurait pas envie de raviver des souvenirs aussi pénibles.

Il senti soudainement une main se poser sur son épaule. Le jeune homme sursauta et se retourna, la main sur la capsule qui contenait les Pokéballs avant de reconnaître David, l'alter-ego de Lo.

- Hé tu es un peu à cran je me trompe ? Déclara-t-il d'une voix amusée.

- Il y a de quoi, cria presque le garçon avant de reprendre en chuchotant. On est pas vraiment en sécurité ici. Et tu m'as fait une peur bleue.

- Oh, désolée, dit-il en souriant. Bon, je voulais te dire que nous allons devoir nous séparer encore un petit moment. J'ai des choses à faire dans cette ville et il vaut mieux
que tu n'y assistes pas. Donc tu vas m'attendre à la sortie de la ville le temps que j'ai terminé.

- Quelles choses exactement ? Demanda Neil. Je peux sans doute te filer un coup de main.

- Non, répondit Lo, le visage à nouveau fermé en un masque sévère. Tu ne me seras d'aucune aide au contraire. Je ne veux pas que tu restes ici.

Soudainement effrayé par le ton du gardien, Neil ne put qu'acquiescer en silence. Avant qu'il ne retrouve la force de parler, le gardien avait déjà quitté le bâtiment et s'était mêlé à la foule. Le jeune homme sortit au plus vite de la cité et alla se réfugier dans un bar situé à moins de 100 mètres de l'entrée de la ville.

Il y commanda une bière qu'il but lentement, aussi bien pour laisser passer l'horrible goût amer de l'alcool que pour laisser passer le temps. Il passa pas mal de temps dans ce bar, à méditer les paroles de Lo. Il savait qu'elle avait des obligations, des missions importantes à accomplir mais quand elle le mettait toujours de côté, elle avait toujours un bon argument et avait été plutôt gentille. Là, c'était limite blessant. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose à ses yeux. Lo allait faire quelque chose de pas très joli à voir et elle ne voulait pas que Neil le voit. Et, pour qu'elle le fasse, ce devait obligatoirement être plus grave que tuer des soldats.

Au moment où il se rendit compte de cela, une bruit d'explosion retentit, extrêmement proche. Les fenêtres volèrent en éclat dans une cacophonie de cris et de débris de verre s'écrasant au sol. Neil dû se jeter au sol pour ne pas être projeté contre le mur. Il se releva bien vite et se précipita dehors. Une immense colonne de fumée s'élevait de la ville qu'il avait quittée, précédée par des flammes qui ravageaient de nombreux bâtiments. Des habitants se hâtaient de sortir de la ville en feu en hurlant. N'écoutant que son instinct, le garçon courut dans les rues de la cité. Il ne savait pas pourquoi cette petite ville brûlait mais il connaissait l'incendiaire et Neil allait lui demander une raison et elle avait intérêt à avoir de bonnes raisons.