Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 30/11/2015 à 00:48
» Dernière mise à jour le 28/08/2020 à 16:21

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
035. 3x09 - Les opposés s'attirent
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent la route de Steve, un adolescent détestable que Sofian a vite fait d’en faire son rival. En route vers Lavandia, ils font une halte dans la Maison des Pièges où ils découvrent un Balignon très attaché à Sofian que ce-dernier finit par capturer suite à une nouvelle rencontre avec Steve. Dans sa rage contre son rival, Sofian s’en prend à Flora avec des mots très crus et celle-ci lui en veut.

Route 110

Pokémon #201i
Les premières lueurs du soleil couchant atteignirent le sommet du phare lorsque Mary arriva en son sommet, au-dessus d’une volée d’escaliers en colimaçon. Elle s’approcha du balcon en plâtre et plongea son regard vers l’horizon. De tous les endroits qu’elle avait visités à Hoenn, ce point de vue était de loin le plus stupéfiant de tous. L’on pouvait distinguer en tout petit au loin les points brillants de la lumière du soleil qui se reflétait sur les coques des navires voguant vers Poivressel. Ce soir, un paquebot serait d’ailleurs en chemin depuis le nord de la région vers la ville portuaire alors qu’un épais brouillard avait été annoncé sur tout le sud du territoire. Inquiète, Mary avait tenu à remplir le générateur d’énergie à son maximum afin d’assurer sa capacité maximale à rester allumer toute la nuit. C’est pourquoi elle avait réuni cet après-midi ses deux pokémons afin de les inciter à unir leur force dans leur mission.
Les derniers rayons du soleil disparurent le long de la ligne d’horizon et Mary enclencha enfin la manette à côté de la lampe du phare. Celle-ci s’alluma brusquement et se mit à tourner sur elle-même, baignant les cieux de la Route 110 de sa lumière artificielle la plus perçante, traversant ainsi les premiers nuages brumeux qui tombaient sur le chemin des navires. Satisfaite, Mary descendit un étage et remercia ses pokémons pour le travail exemplaire qu’ils avaient fourni en si peu de temps. Elle leur demanda ensuite de veiller toute la nuit pour que le générateur d’énergie soit rempli à bloc, au cas où le brouillard se faisait plus dangereux que prévu, et elle alla se coucher l’esprit tranquille.

CRACK !
Mary se réveilla en sursaut. L’alarme d’urgence s’était déclenchée. Les lumières rouges scintillaient dans toute la chambre et tous les couloirs du phare. Mary bondit hors du lit et grimpa les escaliers quatre à quatre le plus rapidement possible. Arrivée au dernier étage, elle fut plongée dans le brouillard le plus complet, arrivant à peine à distinguer ses propres mains. La lumière du phare était éteinte et rien ne pouvait se voir à travers un brouillard si épais. Affolée, elle ouvrit la porte de la salle de contrôle à la volée et pénétra dans la salle du générateur en courant. La vitre avait été brisée et le générateur d’énergie vidé des pokémons qui y travaillaient depuis la fin d’après-midi. Dans un coin de la salle, une petite masse sombre gisait fébrilement au sol. Mary accourut et se jeta sur ses genoux afin de prendre son pokémon dans les bras.
— Posipi, réponds-moi ! appela-t-elle, terrifiée.
Mais le pokémon bougea à peine. Mary se retourna brusquement, cherchant des yeux son collègue ; mais il était introuvable. Son regard fut tout de même attiré par quelque chose d’étrange près des bris de vitre. Elle ramassa l’objet inidentifiable et se leva, paralysée par la peur. Avançant à tâtons vers le balcon en plâtre invisible dans le brouillard, elle plissa des yeux à la recherche de son pokémon manquant. Mais dans le brouillard, elle ne put apercevoir que trois ombres s’enfuyant entre les arbres de la route au pied du phare. Se sentant remplie de terreur, elle s’écria de toutes les forces qu’il lui restait le nom de son pokémon disparu :
— NEGAPI !

Pokémon #201l
Ce matin-là, les trois amis s’étaient réveillés dans le brouillard le plus opaque. Sofian avait annoncé sa volonté de ne pas avancer dans cette atmosphère incertaine, mentionnant la dangerosité du voyage à l’aveuglette, mais le froid qui s’était abattu sur la région avait fini par faire changer leur avis : l’effort de la marche les réchaufferait quelque peu. Malheureusement, comme l’avait prédit Sofian, il leur était impossible de progresser sur le chemin brumeux car le moindre obstacle leur était invisible. L’attaque « flash » de Poussifeu ne leur servant pas à grand-chose, Timmy avait opté pour l’aide de son Arcko et de la technologie en suivant leur progression sur le GPS de son Pokénav. Mais malgré leurs précautions, ils eurent bien du mal à avancer vers Lavandia, se perdant de temps à autre dans les bois longeant le chemin, manquant de tomber dans le canal glacial qui se trouvait sous la piste cyclable invisible dans ce brouillard, rencontrant des pokémons spectres les plus terrifiants à chaque bifurcation.
Mais ceci n’était pas le plus gros des soucis pour Sofian. En effet, la météo exécrable n’améliora pas l’ambiance glaciale qui reposait au sein du groupe, détériorant à chaque minute qui passait les affinités qu’il entretenait avec son amie Flora. Depuis la veille, Flora ne lui avait plus adressé un mot. Son regard lui glaçait autant le sang que la température automnale. Et Sofian était bien mal placé pour lui en vouloir. Tout au long du chemin interminable vers Lavandia, Sofian ne cessait de penser à la manière détestable avec laquelle il avait ordonné à son amie de se mêler de ses affaires alors qu’elle avait pris sa défense face à son rival. Comment avait-il pu perdre son calme autant ? La réponse, il l’avait : son affrontement contre Steve et l’humiliation qu’il en avait ressenti en étaient la cause. Mais comment avait-il pu imiter son comportement et blesser une personne qu’il aimait, cela il ne pouvait le comprendre, ni se le pardonner. À présent, il fallait attendre que Flora lui pardonne pour pouvoir sauver leur amitié.
Il avait déjà tenté quelques approches sympathiques, histoire de lui montrer qu’il s’était calmé et qu’il s’en voulait. Mais à chacune de ses paroles, Flora faisait mine de ne pas l’entendre, ou pire, lui répondait sur un ton qui ne correspondait pas à leur amitié. Ainsi, lorsque Sofian lui avait proposé son gilet alors qu’elle grelotait de froid, Flora lui avait répondu d’une voix trop calme à son goût et sans lui adresser un regard :
— Je vais bien, ne te refroidis pas pour moi.
À ces réactions, Timmy restait impassible, ce que Sofian comprenait. Il attendait probablement que la dispute passe et que le malaise disparaisse. Essuyant plusieurs échecs dans ses tentatives de réconciliation, Sofian avait tout simplement abandonné.
Afin de se changer les idées dans ce silence pesant, Sofian pensa alors à son deuxième problème : son futur match contre Voltère, le champion électrisant de Lavandia. Et il devait se l’avouer, c’était probablement son souci le plus terrifiant. D’un côté, il avait cette équipe majoritairement faible contre une équipe de pokémons électriques. À part Poussifeu, ses autres pokémons ne pourraient tenir plus d’une minute contre les attaques électriques de son adversaire. Mais son nouvel allié, Balignon, allait pouvoir jouer un rôle important dans le gain de son troisième badge. Il fallait donc qu’il pense à une nouvelle stratégie incluant son tout nouveau pokémon. Ce qui n’était pas chose aisée, d’autant plus qu’il ne connaissait pas encore les points forts ni les points faibles de son pokémon plante. Ah si, un point fort important à ne pas ménager : son amour débordant pour son maître et sa volonté de le protéger coûte que coûte. Mais toute la détermination du monde n’allait pas lui suffire, et Sofian en était bien conscient. Il allait devoir apprendre en un temps record toutes les données que comportait son Pokédex sur les Balignon, ses attaques, ses pouvoirs offensifs et défensifs, sa capacité spéciale,…
D’un autre côté, sa phobie des pokémons électriques, car il avait beau mentir à tout le monde, il ne pouvait pas se le mentir à lui-même, allait être une faiblesse dévastatrice dans son match. Comment allait-il pouvoir défier un champion de pokémons électriques quand la simple vue d’un monstre de tel genre le paralysait de peur, l’empêchant de penser rationnellement, voire même de bouger. Combattre sa phobie n’était pas chose aisée, d’autant plus qu’il n’avait aucune idée de la raison de cette peur irrationnelle. Était-ce un traumatisme de son enfance, ou une simple appréhension de l’inconnu, il n’en savait rien. Une chose était sûre, son cauchemar dans lequel il se retrouvait piégé dans une piscine pleine de pokémons électriques avait refait surface, et cela le hantait autant que lorsqu’il était encore un gamin et qu’il se réveillait terrifié dans son lit au beau milieu de la nuit.
Sofian frissonna, de peur et de froid.
— On ferait mieux de s’arrêter, ça devient vraiment dangereux de continuer à l’aveuglette, proposa Flora. Tu en penses quoi Timmy ?
— Euh… Oui, je crois qu’on devrait attendre que le brouillard se lève avant de continuer notre route, répondit-il, mal-à-l’aise.
Flora arrêta sa marche et s’étira longuement. Sofian l’imita, n’osant pas donner son avis afin de ne pas la contrarier.
— C’est dingue, il est onze heures du matin et on se croirait en pleine soirée avec toute cette brume, fit remarquer Sofian d’un ton sympathique.
Mais Flora l’ignora et continua sa séance d’étirement. Sofian soupira.
— Bon, moi je vais m’entraîner, annonça Sofian de bonne humeur, le brouillard est parfait pour développer la défense et l’esquive ! Qui veux participer ?
— Si tu me cherches Timmy, je vais chercher de l’eau dans les bois, dit Flora en faisant mine que Sofian n’avait pas parlé.
Et Flora disparut dans le brouillard.
— Sois prudente ! lança Timmy, pris de court.
Le jeune garçon se tourna vers Sofian en le fusilla du regard.
— Quoi ? C’est pas de ma faute si elle préfère ne pas rester avec nous ! se défendit Sofian.
— Ben quand même un peu, elle n’a toujours pas digéré la manière dont tu lui as parlé hier, rappela Timmy.
— Tu crois que je ne le sais pas ? Je fais tout pour arranger la situation, c’est elle qui refuse de me parler. Qu’est-ce que tu veux que je fasse de plus ?
— Je pense qu’à ce stade, il faut juste que tu sois patient, elle finira bien par se lasser de la situation et te pardonner…
— Telle que je la connais, elle peut rester comme ça pendant très longtemps.
Énervé, Sofian fit tapa un caillou de son pied, avant de se rendre compte que c’était un pauvre Grainipiot qui se reposait. Le pokémon lui rendit son coup et s’enfuit dans le brouillard. Grommelant dans sa barbe, Sofian fit apparaître son Écrapince afin d’entraîner l’esquive de Poussifeu.
Mais c’est alors qu’un cri perçant retentit depuis les bois.
— FLORA ! cria Sofian en démarrant une course folle vers ses appels à l’aide.

Pokémon #201l
Traversant les gouttelettes d’eau en suspension dans l’atmosphère, Sofian se précipita dans la direction des cris qu’il avait entendus tout en hurlant le prénom de son amie. Timmy le suivait à la trace derrière lui, mais il ne pouvait en être sûr car le brouillard l’empêchait de voir à plus d’un mètre devant son nez.
— Timmy ! Je suis ici ! appelait Flora.
Sofian s’arrêta un instant. Apparemment, Flora devait être tout près de lui car il lui avait semblé l’entendre comme si elle lui parlait à l’oreille. Un flash de lumière au sol fendit la brume et Flora cria à nouveau.
— Flora, je suis là ! s’exclama Sofian en courant vers la lumière qu’il venait d’apercevoir.
Il plissa les yeux et distingua le corps de Flora couchée au sol, se débattant contre une petite masse sombre qui devait se trouver sur son torse. Un nouveau flash de lumière jaune apparut et Sofian comprit directement de quoi il s’agissait.
— Écrapince, « bulles d’eau » ! ordonna-t-il.
Le petit crabe qui l’avait suivi depuis leur lieu d’entraînement envoya son attaque contre la masse sombre qui fut projetée au sol et retomba lourdement dans un petit couinement de douleur. Sofian se jeta au sol afin d’aider Flora à se relever au moment où Timmy arrivait derrière eux.
— Tout va bien ? s’inquiéta Sofian en lui tendant la main.
Flora acquiesça silencieusement et ignora son aide, se relevant d’un bond par ses propres moyens.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda Timmy affolé, d’une voix saccadée par la course qu’il venait d’entreprendre.
— Ce pokémon a attaqué Charmillon alors qu’on cherchait notre chemin vers la rivière, expliqua Flora en caressant délicatement son pokémon blessé au sol.
— Posipi, où es-tu ?! appela une voix non loin d’eux.
Sofian fit volte-face. Il distingua au loin une forme humaine accourir vers eux.
— On dirait que ce pokémon appartenait à quelqu’un… marmonna-t-il.
— Mais pourquoi il t’a attaqué ? demanda Timmy.
— C’est ce qu’on va savoir !
Sofian tira la pokéball de Nirondelle hors de sa poche et fit apparaître le petit oiseau qui battit des ailes afin de disperser la brume qui se trouvait autour d’eux. Sa technique fonctionna à moitié : à présent, ils pouvaient au moins voir à quelques mètres alentours.
— Ne bougez plus ! ordonna la voix féminine.
Devant eux, une jeune fille venait de faire apparition dans les bois et Sofian constata avec horreur qu’elle brandissait une arbalète pointée vers eux. Le pokémon qui avait attaqué Flora se releva en vitesse et rejoignit en toute hâte sa maîtresse. De toute petite taille — il n’arrivait à peine qu’aux genoux de la jeune fille —, le monstre ressemblait beaucoup à un petit lapin aux oreilles rouges et à la queue en forme de « + ». Quant à sa maîtresse, elle avait un joli teint pâle et portait une tresse de cheveux rousse qui lui retombait jusqu’aux reins.
— Rendez-moi mon pokémon ! ordonna-t-elle en dirigeant son arbalète vers Sofian.
Les trois amis échangèrent un regard perplexe.
— Je sais que c’est vous qui l’avez ! Je vous ai vu cette nuit, tous les trois ! Où est-il ?!
— Mais de quoi vous parlez ? balbutia Flora, dubitative.
La jeune fille pointa son arme vers Flora et celle-ci se figea sur place.
— Eh ! Baissez votre arme ! s’exclama Sofian en bon chevalier. Vous ne voyez pas qu’il est à vos pieds votre pokémon ?
— Ne faites pas les malins avec moi ! se défendit la jeune fille. Où est Negapi ?
— Mais juste là ! s’emporta Flora en lui montrant son pokémon à ses pieds. C’est un comble ça ! C’est vous qui m’attaquez, et c’est nous qui devons vous rendre des comptes !
— Euh Flora, ça, c’est un Posipi, pas un Negapi… fit remarquer Timmy.
— C’est quoi la différence ? demanda Sofian.
— Les deux pokémons se ressemblent, et sont tous deux de types électriques, mais l’un est chargé d’un courant positif, et l’autre d’un courant négatif, expliqua le jeune garçon.
— Encore des pokémons électriques ? soupira Sofian. C’est bien ma veine ça… Écoutez, nous n’avons pas votre Negapi, nous sommes trois ados en route vers Lavandia et…
— Vous croyez que je vais gober votre histoire ? s’énerva la jeune fille en pointant à nouveau son arbalète vers Sofian. Je vais vous poser la question une dernière fois avant d’ordonner à mon pokémon d’attaquer !
Le Posipi se posta en position d’attaque et fit frémir ses joues avec quelques éclairs électriques. Écrapince prit place devant Sofian, prêt à les défendre.
— Vous devez nous croire, intervint Timmy en levant les bras en guise de signe d’innocence. Nous ne sommes pas les seuls à voyager vers Lavandia, pourquoi êtes-vous si certaine de notre culpabilité ?
— À cause de ça ! s’exclama la jeune rousse en brandissant un petit objet à bout de bras.
Sofian plissa les yeux afin d’examiner la chose qu’elle tenait entre son pouce et son index, mais il eut bien du mal à reconnaître l’objet.
— Cette écaille appartient à un pokémon insecte, plus particulièrement à ce Charmillon ! annonça-t-elle en menaçant le pokémon de Flora.
Flora tendit les bras devant son pokémon afin de le protéger d’une nouvelle attaque, mais elle fronça les sourcils, perplexe quant à l’élément de preuve qu’elle venait de leur apporter. Intrigué, Timmy avança lentement vers la jeune fille dont le Posipi redoubla de prudence.
— Vous permettez ? demanda-t-il avec sa plus grande politesse, afin de ne pas la brusquer.
Elle se laissa faire et Timmy prit l’écaille dans ses mains afin de l’observer de plus près. Il leva alors les yeux au ciel et soupira.
— Ceci provient d’un papillon, mais un qui possède une carapace à la liaison des ailes, expliqua Timmy.
— C’est-à-dire ? demanda la jeune fille, l’arbalète toujours prête à être déclenchée.
— Un Papinox… Nous n’avons rien à voir avec ce vol, annonça Timmy. En revanche, je sais qui sont les trois bandits que vous recherchez…
— La Team Rocket ! comprit Sofian.
La jeune fille baissa son arme.

Pokémon #201u
Le papillon rabattit ses ailes et laissa tomber sa proie contre le sol boueux de la clairière. Le petit lapin bleu tremblota de tous ses membres alors qu’un énorme serpent noir se redressait face à lui afin de l’intimider et de le dissuader de s’enfuir.
¬¬¬— Et voilà le travail ! se félicita Jessie en examinant le pokémon qu’ils avaient dérobé.
— Comment une si petite chose peut produire autant d’énergie ? s’étonna James en s’essuyant le front.
— Et encore, je me demande si ce sera assez… marmonna Miaouss, perdu dans ses pensées.
— Comment ça ? Je pensais que la machine était enfin finalisée grâce à lui…
Jessie se tourna vers le chat à moitié fourré dans la grosse machine sphérique qui se trouvait à même le sol.
— Alors déjà, ce n’est pas n’importe quelle machine, c’est mon nouveau bébé le « Magnet Rocket », précisa Miaouss en clapant le petit bout de tôle qui protégeait le moteur de leur engin. Ensuite, je vous avais prévenu qu’on aurait besoin d’énormément d’énergie pour faire fonctionner le « Magnet Rocket » à pleine puissance.
— Raison pour laquelle nous t’avons fourni ce merveilleux Negapi, rappela James, irritée.
Miaouss jeta un coup d’œil cynique au petit lapin bleu qui tremblait de terreur et éclata de rire.
— Ce pokémon ne produit même pas assez d’électricité que pour combattre tes deux pokémons médiocres et s’enfuir ! se moqua Miaouss.
Sa remarque fut ponctuée d’un énorme coup sur la tête de la part de Jessie, et son rire s’éteignit brusquement.
— Pourtant, tout à l’heure, quand il était dans la machine et qu’on l’a obligé à utiliser ses pouvoirs, elle m’a semblé s’allumer et fonctionner parfaitement, fit constater James.
— Oui, mais pas à pleine puissance, soupira Miaouss, lassé de cette conversation de sourd. Ce que je veux dire, c’est que Negapi ne représente pas assez d’énergie pour développer toutes les capacités du « Magnet Rocket ».
— Et pourtant, il arrivait à maintenir la lumière du phare allumée, se souvint Jessie. Tu l’expliques comment ça ?
Miaouss resta muet.
— Peut-être qu’il n’était pas seul ? suggéra James. Peut-être qu’on est passé à côté d’une armée de pokémons électriques qui bosseraient tous pour le phare, mais les uns après les autres ! Ça se trouve, c’est une véritable entreprise de pokémons électriques qui…
— Mais oui, bien sûr ! interrompit Miaouss. Qui dit Negapi dit Posipi !
— Certes… marmonna Jessie, perdue.
— Mais enfin, vous êtes si nuls que ça en connaissances pokémons ? s’énerva Miaouss. Vous n’avez jamais entendu parler du pouvoir spécial qui unit un Posipi et un Negapi ?
— Bah… à vrai dire… bégaya James.
— Disons que Hoenn ne nous a jamais vraiment intéressé avant cette année… grommela Jessie.
Miaouss soupira et entreprit ses explications.
— Si ce que tu dis es vrai, nous pourrons utiliser la machine à pleine puissance ? interrogea Jessie.
Miaouss acquiesça.
— Et donc rentrer à Kanto la semaine prochaine au plus tard ! se réjouit James.
— Allons voler ce Posipi, décida Miaouss, un large sourire machiavélique aux lèvres.

Pokémon #201m
Exténués, Sofian, Flora et Timmy arrivèrent enfin au sommet de la très longue volée d’escaliers en spirale qu’ils venaient de grimper. La propriétaire du phare, Mary, leur ouvrit la porte et ils débouchèrent au tout dernier étage du phare en extérieur, derrière un balcon en plâtre qui, d’ordinaire, devait offrir une vue époustouflante sur les alentours. La météo exécrable de cette journée d’automne leur gâchait le paysage et Sofian imagina au loin, à l’endroit où il distinguait une panoplie de petites lumières scintiller, leur destination, Lavandia.
— Mes pokémons et moi avons repris ce phare à la mort de mes parents, raconta Mary alors que les trois adolescents tentaient du mieux qu’ils pouvaient de reprendre leur respiration. Chaque soir, Posipi et Negapi allient leur force pour alimenter la batterie du générateur de lumière. Depuis hier, un paquebot en provenance de Nénucrique avance vers Poivressel. Mais sans la lumière du phare, il risque d’échouer au large, sur les récifs bordant la ville portuaire. Il faut absolument que je retrouve Negapi pour éviter cette catastrophe !
Mary leur ouvrit la salle du générateur et les trois amis découvrirent enfin la scène de crime. Le générateur d’énergie reposait au centre de la salle, entouré de plusieurs machines qui normalement devait être munies de milliers de petites lampes clignotantes. En l’absence des deux pokémons dans l’engin, Sofian supposa que les machines tout autour devaient être aussi éteintes que la gigantesque lampe tournante qui trônait au sommet du phare.
— Comment deux si petit pokémons peuvent-ils générer autant d’énergie ? questionna Sofian.
L’adolescent remarqua du coin de l’œil que son amie Flora avait levé les yeux au ciel, comme si la réponse était évidente.
— Eh bien, grâce à leur attaque « coup de main »… répondit simplement Mary sur le même ton d’évidence. Vous n’êtes pas dresseur ?
— Débutant, précisa Timmy avec un sourire.
— Oh ! En fait, Posipi et Negapi ont un faible niveau s’ils combattent seul, expliqua Mary. Mais lorsqu’ils collaborent en s’échangeant leur énergie, ils décuplent leur force et peuvent être aussi ravageurs que la foudre. Un peu comme les deux faces d’une pile électrique qui génèrent à elles deux l’énergie complète de la pile.
Sofian déglutit, imaginant très bien la dangerosité des deux pokémons. Il fit un pas en arrière en constatant que le Posipi ne se trouvait qu’à quelques centimètres de lui.
— Donc, l’un sans l’autre, ils ne sont rien, résuma Sofian.
— Du coup, je ne comprends pas pourquoi la Team Rocket n’a volé que Negapi, réfléchit Timmy. S’ils tenaient à avoir de l’énergie, pourquoi ne se sont-ils contentés que d’un seul pokémon ?
— Ils ne connaissent peut-être pas leur pouvoir, supposa Flora. Ce ne serait pas étonnant, quand on connait leur niveau de QI…
— Mais pourquoi ces gens voudraient voler mes pokémons ? demanda Mary, accablée.
— Oh, tu n’es pas la seule à te poser cette question, rassura Timmy. Cela fait plus d’un mois qu’on se le demande. Ils sont arrivés dans la région avec un but bien précis et on dirait qu’ils ont remis leur plan en action depuis leur fuite de Myokara.
— Avec leur nouvelle montgolfière, leurs nouveaux gadgets, leur détermination, ils sont devenus encore plus dangereux que lors de leur arrivée, s’avoua Flora en frissonnant.
— Si j’arrive à leur mettre la main dessus, je jure de leur faire passer un mauvais quart d’heure ! promit Mary, hors d’elle.
— Ça non plus, ce n’est pas la première fois qu’on l’entend… soupira Timmy.
— Le plus inquiétant, ce sont les cibles qu’ils visent, dit Flora. Le laboratoire de mon père, l’arène de Roxanne, la Maison des Pièges, ce phare. Je n’arrive pas à saisir la logique de leurs actions.
— Il n’y en a peut-être pas, commenta Sofian.
— Mais nous allons t’aider à retrouver ton Negapi ! promit Flora en ignorant la remarque de Sofian.
— Mais comment les retrouver ? s’inquiéta Mary.
— Pas besoin d’essayer de les chercher, intervint Timmy d’une voix aigüe.
Le jeune garçon pointa du doigt le ciel derrière eux et Sofian se retourna à toute vitesse. Dans le brouillard, une masse informe s’approchait lentement du phare en flottant dans les airs. Bientôt, la montgolfière flambant neuve de la Team Rocket ferait son apparition au balcon.
— Ils ont sûrement compris qu’il leur manquait Posipi pour arriver à leur fin ! déduisit Sofian. Mais on ne va pas les laisser faire !
Les trois amis et Mary coururent vers le balcon, la main à la poche afin de dégainer une pokéball. Mais avant que Sofian n’ait eu le temps d’appeler un pokémon à la rescousse, un gigantesque serpent apparut de nulle part dans la brume et balaya le sol à l’aide de son énorme queue fourchue. Sofian chuta au sol et se prit le mur de plâtre en plein crâne. Sonné, il plissa des yeux afin de trouver leur ennemi. Un cri retentit à sa gauche et il vit Timmy se faire propulser par l’attaque d’un petit cactus contre la porte de la salle du générateur qui s’arracha de ses gonds. Un papillon à l’allure répugnante fendit l’air et Flora tomba à la renverse dans la douleur.
— FLORA ! s’écria Sofian.
— POSIPI ! hurla Mary alors que l’adolescent rampait vers Flora.
Dans ce brouillard épais, il leur était impossible de voir leurs adversaires et la Team Rocket en profita largement. Des éclairs éclatèrent dans le ciel et Sofian distingua une énorme sphère accrochée au bas de la montgolfière à l’effigie de Miaouss, d’où provenaient les éclairs mystérieux. Le petit Posipi s’envola alors comme par magie et fut attirée par la machine contre laquelle il fut plaqué violemment.
Des rires machiavéliques s’élevèrent depuis la nacelle de la montgolfière.
— Rendez-moi mes pokémons ! ordonna Mary d’une voix brisée.
— Ne vous inquiétez pas, on vous les ramènera ! cria une voix amusée depuis la montgolfière.
— Ou pas ! ajouta une seconde, avant d’éclater de rire.
— Pourquoi vous en prenez-vous à moi ? s’écria Mary en fondant en larmes.
— Disons que… vous allez sans le savoir contribuer à une avancée pour la science ! railla la voix de Miaouss. Soyez fiers de vos pokémons !
Trois rayons rouges éclatèrent dans le ciel et Seviper, Cacnéa et Papinox disparurent alors que la montgolfière prenait de l’altitude en emportant les deux pokémons avec elle.
— Team Rocket, vous ne perdez rien pour attendre ! menaça Sofian en se redressant. Nirondelle, va chercher Posipi et Negapi !
Le petit oiseau bleu sortit de sa pokéball et fila vers la machine sphérique contre laquelle étaient maintenus les deux pokémons électriques. Elle tenta de percer la coque de la machine à l’aide de son bec mais la paroi métallique était bien trop résistante.
— Ne vous fatiguez pas pour rien ! Mon « Magnet Rocket » est infaillible ! Et bientôt, nous allons attraper tous les pokémons électriques du monde ! se vanta Miaouss.
— Ciao les gosses ! s’exclama James.
— Charmillon, va percer le ballon ! ordonna Flora.
Le papillon battit des ailes et voleta vers le ballon à l’effigie de la tête de Miaouss. Mais malgré toutes ses tentatives, le ballon ne se transperça nullement.
— Ça devient pathétique, commenta Jessie. Miaouss, débarrasse-nous de cette vermine.
— C’est comme si c’était fait ! « Magnet Rocket », à toi de jouer !
Posipi et Negapi poussière des cris de douleur stridents et leurs éclairs frappèrent Charmillon qui fut grillé sur place.
— CHARMILLON !
Le papillon s’évanouit dans les cieux et fit une chute de plusieurs mètres avant d’être rattrapé par Nirondelle qui le ramena à sa maîtresse.
— Merci Nirondelle, remercia chaleureusement Flora en prenant son Charmillon dans ses bras.
La Team Rocket profita de ce moment d’inattention pour prendre plus de recul du phare et bientôt disparaître dans le brouillard.
— Posipi, Negapi, NON ! hurla Mary en se jetant au borde du balcon, impuissante.
Que pouvaient-ils faire ? Le brouillard les empêchant d’avoir une visibilité parfaite, la montgolfière allait bientôt s’évaporer dans la nature avec les deux pokémons de la gardienne du phare et il leur serait alors impossible de les retrouver. Timmy n’avait toujours pas donné signe de vie depuis sa projection dans la salle du générateur, Flora soignait son Charmillon et Mary sanglotait au bord du balcon, impuissante. Il ne restait que Sofian, il était le seul qui était en mesure de sauver la situation. Encore fallait-il qu’il combatte sa peur inexpliquée des pokémons électriques. Mais il fallait agir, et il allait agir.
Sofian sortit de sa poche sa quatrième pokéball, celle de Balignon, son tout nouveau pokémon.
— Balignon, il est temps que tu fasses tes preuves !

Pokémon #201i
— Attaque « vampigraine » sur Posipi ! ordonna Sofian.
Balignon apparut sur le rebord du balcon et envoya une petite graine qui fusa dans les cieux et frappa le crâne du Posipi collé à l’aimant de la Team Rocket. Mary lui lança un regard incrédule, auquel Sofian répondit par un air sûr de lui. La vampigraine éclata et se déploya en lianes tout autour du corps du pokémon électrique, avant de pendouiller dans le vide. Pendant ce temps, Sofian avait tiré de toutes ses forces la porte arrachée de la salle du générateur et l’avait posée contre le rebord du balcon, créant ainsi une pente montante vers le vide.
— Bon, bah quand faut y aller, faut y aller, cria-t-il pour s’encourager.
Avant de rajouter pour lui-même entre ses dents : « Tout ça pour deux lapins électriques… ». Sofian prit son élan, courut à toute vitesse en montant sur la porte et se jeta dans le vide alors que la montgolfière s’envolait de plus belle.
— LES POKÉMONS ÉLECTRIQUES NE ME FONT PAS PEUR !! hurla-t-il à s’en briser la voix alors que son corps tombait dans le vide.
Il entendit à peine le hurlement déchirant de Flora quelque part derrière lui, ne voyait plus rien devant lui, le visage fouetté par les gouttelettes d’eau du brouillard, les bras papillonnant inutilement dans le vide, les pieds pédalant vaguement dans les cieux. Soudain, sa main s’accrocha à quelque chose de solide, une corde résistante, la liane de la « vampigraine » qui pendait toujours sous la montgolfière.
— J’ai réussi ! cria Sofian en éclatant de rire, accroché à bout de bras au bout de la liane. Je suis le roi du m… !!
Ses mains glissèrent et il poussa un hurlement aigu digne d’une fillette de six ans. Sous lui s’étendait le brouillard le plus opaque et il devinait la cime des arbres de la Route 110.
— …merde ! jura-t-il en sentant ses muscles s’endolorir et la bruine le faire glisser.
Derrière lui, le phare s’était caché dans le brouillard. Sofian tendit le cou et aperçut les deux pokémons électriques collés à la sphère métallique, comme attirés par un champ magnétique. Malgré tout son poids, la liane autour de Posipi ne céda pas. Pis : Posipi ne glissa pas d’un centimètre. Sofian faillit s’étouffer en comprenant la puissance effarante que détenait cet aimant monstrueux. Il fallait qu’il arrive à les décrocher, coûte que coûte.
Déployant toute l’énergie qui lui restait dans ses bras, et impressionné par sa faculté à grimper à une corde — exercice qu’il n’avait jamais réussi en cours de gymnastique à l’école —, Sofian arriva à hauteur des deux pokémons prisonniers et s’accrocha à Posipi afin de ne pas tomber. Le pokémon ne bougea toujours pas, mais poussa un cri de douleur. Et Sofian le comprenait : si lui-même avait été plaqué contre un aimant et qu’un monstre de quinze fois sa masse s’était accroché à lui, il ne savait pas s’il aurait pu résister à la douleur.
Sofian essaya de décrocher Negapi qui semblait lui aussi souffrir, mais en vain. Il retira rapidement ses mains lorsque le pokémon s’entoura d’éclairs.
— J’essaie de te sauver la vie ! s’énerva-t-il, paralysé par la peur.
Mais le lapin semblait agir contre sa volonté, comme si la machine de la Team Rocket lui volait son énergie sans son consentement. Des éclairs explosèrent aux joues de Posipi et Sofian faillit se laisser tomber dans le vide par la surprise.
— Bordel ! s’écria-t-il en manquant de recevoir une décharge. Il a fallu que ça tombe sur moi, bordel !
À court d’idée, Sofian ferma les yeux pour se concentrer. Ne plus voir le vide sous ses pieds lui était d’une grande aide, finalement. Il fallait qu’il réfléchisse à une manière d’arracher les deux pokémons, et surtout le faire avant que la Team Rocket ne s’aperçoive de sa présence. Mais les pokémons étaient trop attirés par l’aimant.
— Attends une minute… marmonna Sofian dans sa barbe. Si la Team Rocket est revenue, c’est parce qu’il leur manquait de l’énergie pour faire fonctionner la machine. À eux deux, Posipi et Negapi fournissent assez d’énergie pour être maintenus collés à la machine. Donc, si on retire le courant qu’ils produisent, ils se décrocheront ! Eureka !
Il fallait donc que Sofian trouve un moyen pour empêcher leur énergie d’être transmise à l’aimant. Il avait bien une idée, mais il allait se faire griller par la Team Rocket instantanément. Il fallait donc agir très vite. Sofian inspira le plus d’air possible avant de hurler de toute ses forces, comme jamais il n’avait hurlé dans sa vie :
— BALIGNON, VOLE L’ÉNERGIE DE POSIPI AVEC TA « VAMPIGRAINE » !!!
— Qu’est-ce que… ! s’exclama la voix de Miaouss au-dessus de lui.
Sofian pria pour que Balignon l’eût entendu. Alors que Jessie et James jetaient un coup d’œil par-dessus la nacelle, Sofian sentit les lianes chauffer, Posipi poussa un cri de douleur et ses éclairs autour de lui disparurent. Posipi glissa le long de la machine et Sofian s’accrocha à Negapi qui tenait toujours, attrapant Posipi de sa main libre afin qu’il ne chute pas dans le vide.
— Mais il se barre avec nos pokémon, le bougre ! s’exclama Jessie. Papinox, fais quelque chose !
Le papillon apparut à nouveau dans la brume et voleta vers Sofian, prêt à l’attaquer.
— Negapi, défend moi avec ton attaque éclair ! ordonna Sofian.
Negapi se concentra et envoya de faibles éclairs dans les airs. Papinox fut touché mais une décharge électrique frappa le torse de Sofian de plein fouet et l’adolescent écarquilla les yeux, sous le choc.
Paralysé par la douleur, Sofian lâcha toute emprise et se laissa chuter dans le vide, vers l’inconnu.

Pokémon #201n
— Sofian !
L’enfant sursauta. Il se fourra encore plus dans l’armoire métallique et fit signe à son ami de ne pas faire un seul bruit. L’enfant tendit l’oreille en grelottant. C’était malin ! Il avait réussi à se changer, à enfiler son maillot, à passer inaperçu auprès de l’accueil, à pénétrer dans la salle principale de la piscine… Avec toutes les précautions qu’il avait prises, il avait fallu que quelqu’un soit de garde un dimanche ! Et ce quelqu’un, ce n’était pas n’importe qui…
— Sofian !
L’armoire s’ouvrit à la volée et Sofian se retrouva nez-à-nez avec son père, un homme mince, droit, au visage strict et sévère. Norman lança un regard autoritaire à son fils qui tentait de se faire tout petit et la déception qu’il pouvait lire dans son regard devait être l’une des choses les plus blessantes aux yeux de l’enfant effrayé.
— Quand je te dis de rester à la maison, et de ne surtout pas aller à l’arène, dit Norman d’une voix glaciale et beaucoup trop calme, est-ce que tu crois que je dis ça pour les Roucool qui nous écouteraient ?
Sofian déglutit et baissa les yeux.
— Regarde-moi ! ordonna Norman.
Sofian sursauta et osa à peine relever le regard.
— Six ans, et incapable d’obéir à son père, poursuivit Norman. Quelle est ton excuse, jeune homme ?
L’enfant resta muet, pétrifiée par la peur et par la honte.
— Je t’écoute !
Sofian sursauta.
— J… Je voulais juste… m’a… m’amuser un p… un peu… bredouilla Sofian au bord des larmes.
Norman scanna à nouveau son fils de son regard glacial.
— Quand je te dis de ne pas venir ici, c’est que tu ne dois pas venir ici. Peu importe si c’est pour t’amuser ou pour t’entraîner à la natation acrobatique ! Comment peux-tu être aussi peu obéissant alors que tu as l’exemple de ta sœur qui a toujours été exemplaire. Mais qu’est-ce que je vais faire de toi, moi qui pensais te léguer mon arène quand tu seras plus grand ? Tu me fais honte, Sof… !
— Norman, mon vieil ami !
Norman se figea sur place et tourna la tête. Un homme aux muscles impressionnants venait d’entrer dans la salle de piscine en compagnie d’un Pikachu.
— Bob… marmonna Norman, qui n’avait pas l’air d’être ravi par la surprise.
Le dénommé Bob haussa un sourcil, comme s’il attendait une autre réaction. Norman soupira, se mit au garde à vous et précisa :
— Major Bob…
Le Major Bob éclata de rire.
— Ah tu as toujours été un fidèle soldat ! s’exclama le Major Bob en le prenant vigoureusement dans ses bras. Tu n’es pas resté longtemps à l’armée, mais tu as toujours été exemplaire !
— Toujours, répéta Norman en subissant l’étreinte étouffante.
Sofian profita de l’arrivée de l’ami de son père pour s’éclipser en toute discrétion. De mauvais poil par la dispute qu’il venait de recevoir, il ne comptait pas obéir aussi vite à son père autoritaire. Il avait beau être de mauvaise humeur depuis quelque temps, ce n’était pas contre lui qu’il devait s’en prendre, ah ça non ! Sofian allait lui montrer à qui il avait affaire !
L’enfant enfila une bouée et se glissa dans le bassin d’eau glacial. Peu importait le froid intense qui le congelait sur place, il allait prouver à son père qu’il n’était pas aussi casse-cou qu’il ne le prétendait et qu’il pouvait être un « grand garçon exemplaire » ! Sofian se cacha ainsi dans le bassin de la piscine et écouta la conversation des adultes.
— Qu’est-ce qui t’amène ici ? demandait Norman.
— Écoute, je ne vais pas te cacher que c’est ta femme qui m’a contacté, avoua le Major Bob en s’installant sur un banc au bord de la piscine.
Il lui fit signe de s’installer à côté de lui mais Norman resta debout, montrant ainsi son refus de se laisser se faire traiter avec condescendance.
— Alors comme ça tu veux abandonner ton titre de champion ? demanda le Major Bob avec autorité.
Sofian faillit boire la tasse en sursautant. Il s’approcha discrètement afin de mieux entendre.
— …responsabilités, me bouffe tout mon temps, toute mon énergie, expliquait Norman. J’ai l’impression de passer à côté de l’éducation de mon fils à cause de ce titre.
— Allons bon, soldat ! Il ne faut pas se laisser abattre par le poids du travail ! Lorsqu’on est quelqu’un d’important, il est normal d’avoir énormément de travail. Je t’ai connu plus robuste que cela, soldat !
— C’était surtout à une autre époque,
Major, répondit Norman sur un ton détestable.
Le Major Bob soupira.
— Je pense que tu devrais changer d’air, ça te remettrait les idées en place, conseilla le Major Bob. Es-tu sûr d’être fait pour le type aquatique ? Peut-être serais-tu mieux ailleurs, dans une autre ville, une autre région ? Tu sais que les voyages forment la jeunesse, mais ce qu’on oublie souvent de dire, c’est qu’ils développent surtout le talent. Et le talent, tu l’as. Mais peut-être que tu ne peux pas l’exprimer totalement ici, à Azuria ?
— Qu’est-ce que tu me proposes ? répondit Norman, intrigué.
— Tu sais que je suis toujours en contact avec ce vieux Fuji, de Lavanville, expliqua le Major Bob. Il m’a avoué que son frère songeait à arrêter le métier. Tu devrais aller y faire un tour, sonder le terrain, voir un peu quelles seraient les opportunités que son arène t’offrirait si tu la reprenais.
— Tu me suggères d’abandonner Azuria ?
— Pour trouver mieux ailleurs ! Tu m’as toujours dit que tu n’aimais pas le froid du nord… Peut-être qu’il est temps pour toi de visiter un peu plus le sud, et de t’y installer si cela te plait…
Les deux adultes se turent, laissant Norman réfléchir à la proposition. Le cœur de Sofian battait la chamade. Son père était en train de réfléchir à l’idée d’abandonner la famille et de quitter Azuria. Comment un homme aussi exemplaire que son père pourrait abandonner sa famille ?
— Et où il habite ce Fuji ? interrogea Norman après quelques instants de réflexion.
— Une région éloignée : Hoenn.
Il en était hors de question ! Sofian n’allait pas laisser son père les abandonner ! Il devait lui prouver qu’il pouvait être aussi « grand et responsable » que lui, et cela allait être compliqué s’il partait à l’autre bout du monde. Et puis, après tout, qui était ce fameux « Major » ? Qu’est-ce qui lui donnait le droit de lui mettre ce genre d’idée en tête ?
Sofian devait se venger d’une quelconque façon. Il devait punir ce criminel qui allait l’éloigner de son père. Soudain, il vit l’objet de sa vengeance : son Pikachu.
Sofian prit son élan, et envoya une grosse vague d’eau contre le pokémon électrique. Pris de panique, le Pikachu envoya ses éclairs dans le bassin aquatique, et électrisa l’eau et tout ce que s’y trouvait plongé dedans.
Sofian poussa un hurlement de douleur. Jamais il n’avait ressenti une telle souffrance. C’était comme si chaque partie de son corps avait été brûlée à vif, comme si chaque centimètre de chacun de ses membres avait été écrasé violemment contre un mur.
La voix de son père l’appelait, hurlait après lui, se déchirait les cordes vocales. Il avait mal partout, et à la fois nulle part tellement la douleur était intrinsèque à son âme. La voix se transformait, se faisait aigüe.


Pokémon #201e
Sofian ouvrit les yeux brusquement alors qu’il recevait un jet d’eau au visage.
— Sofian ! s’écria Flora en se jetant sur son ami.
Sous le choc, Sofian ne bougea pas. Chacun de ses six cents et quelques muscles lui procuraient une douleur insupportable. Mais il avait survécu à sa chute, il n’était pas mort, malgré la décharge électrique du Pikachu. Où était-ce dans son rêve ?
— J’ai cru que… que tu ne te réveillerais jamais ! sanglota Flora en le serrant fort contre elle.
— F… Flo… ra… murmura Sofian, la gorge sèche et la voix tremblotante. Qu’est-ce… que… ?
— Tarsal a amorti ta chute avec ses pouvoirs psychiques, expliqua Timmy, une larme à l’œil. Tu nous as fait une belle frayeur !
Sofian acquiesça fébrilement en direction de Tarsal afin de le remercier.
— Team… R… essaya de dire Sofian.
— Lorsque tu es tombé, Posipi et Negapi s’en sont débarrassés en unissant leur force, raconta Mary.
— Mais ils ont réussi à voler l’électricité de l’attaque avec la machine qui a agi comme un paratonnerre, termina Timmy. Ils se sont enfuis en ayant rempli à bloc leur machine. Ils vont donc pouvoir poursuivre leur plan…
Sofian se tourna vers Flora qui continuait de sangloter, Gobou à ses côtés.
— Je suis… désolé pour hier… s’excusa-t-il à nouveau.
— Oh, on s’en fout ! s’exclama Flora en l’enlaçant de plus belle.

Sous les ordres de Mary, Posipi et Negapi se tinrent les mains et unirent leur force. De gigantesques éclairs jaillirent de leurs joues et fouettèrent le générateur d’énergie qui se mit en marche. Enfin, l’énorme lampe du phare enclencha sa ronde et baigna les alentours de sa lumière vive et protectrice.
Sofian s’était remis de son choc et se reposait sur une chaise de bureau, Flora aux petits soins envers son ami. Les deux pokémons électriques coururent vers lui afin de le remercier pour son aide et l’adolescent les accueillit à bras ouverts, ce qui interpella Timmy.
— Depuis quand tu es ami avec les pokémons électriques ? s’étonna celui-ci.
— Je n’ai jamais eu peur des pokémons électriques, s’entêta Sofian. C’est juste que…
Flora lui lança un regard inquiet.
— Quand j’étais très jeune, j’ai été attaqué par un Pikachu, ce qui m’a valu deux semaines d’hospitalisation, dont une semaine plongé dans un coma artificiel, raconta Sofian alors que Flora se plaquait les mains contre la bouche. J’ai subi deux mois de rééducation et j’ai été suivi pendant près d’un an par un kinésithérapeute qui m’aidait à reprendre le contrôle de mes membres. Je n’avais que six ans à l’époque. J’avais complètement oublié cette partie de ma vie, comme si je l’avais enfuie en moi pour m’en protéger. Résultat : j’en ai eu des cauchemars pendant tout le reste de mon enfance et s’est développée cette phobie inconsciente. Maintenant que je m’en souviens, je comprends pourquoi j’ai jeté toute ma collection de photo du Major Bob pour les remplacer par Auguste, le champion d’arène de Cramois’île qui était devenu ma nouvelle idole !
Sofian éclata de rire afin de décompresser et ses amis affichèrent un sourire désolé, comme s’ils ne savaient pas s’il fallait rire ou pleurer.
Sofian ne suivit pas le reste de la conversation, perdu dans ses pensées et heureux d’avoir retrouvé son amie. Il venait enfin de comprendre pourquoi depuis tant d’années, il n’avait plus su s’approcher d’un pokémon électrique. Il venait enfin de combattre et de vaincre cette vieille cicatrice qui l’avait détruit étant enfant et qui avait failli le détruire à nouveau. Voltère paraissait soudainement beaucoup moins effrayant. Il allait enfin pouvoir s’entraîner rudement pour son prochain match, et vaincre le champion de Lavandia afin de remporter son troisième badge. Et la clé serait son nouveau pokémon : Balignon.

Pokémon #201r
À suivre dans : « Chocs électriques à Lavandia »