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Les Nuits de Sang de BioShocker



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» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 21/11/2015 à 20:59
» Dernière mise à jour le 21/11/2015 à 20:59

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence d'armes   Suspense   Unys

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002 : Ces traîtres à la nation

"On devrait toujours être légèrement improbable."
- Oscar Wilde




- Vous dites que le camp était désert... est-ce bien vrai ?

Le major Warden et le lieutenant Raine hochèrent la tête en chœur pour confirmer, tous deux anxieux, se tortillant sur leurs chaises. Le colonel Waltz, perplexe, regardait par la fenêtre en tirant de temps en temps une bouffée de sa cigarette. Il n'avait pas l'air très satisfait, contrairement à son habitude. Cela faisait bizarre de le voir, lui qui avait toujours un sourire aux lèvres habituellement, si préoccupé. Nul doute que la situation l'inquiétait, bien qu'il ne risquait pas de l'admettre.

- Je ne sais pas exactement pourquoi, mais c'est inquiétant. Si les résistants avaient pris le camp, ils ne l'auraient pas laissé sans surveillance. A moins qu'ils manquent cruellement de bon sens, bien entendu... souffla l'officier supérieur en se retournant vers ses subalternes. Enfin, qu'en est-il de cet officier qui a été abattu ?

Jim et Alex se regardèrent, et ce fut finalement la jeune femme qui prit la parole.

- La victime, le responsable du camp H119, était le major Sheldon Tanner. On a retrouvé son corps mutilé en plusieurs endroits, comme si... comme si après l'avoir abattu, son bourreau voulait l'amocher encore plus. On a sûrement affaire à un dangereux sadique.

- Sheldon Tanner... marmonna Hans Waltz, comme s'il cherchait dans sa mémoire qui pouvait bien être ce malheureux. Ah, je me souviens ! Ce jeune homme qui est très bon dresseur et qui a un Florizarre, est-ce cela ?

Alex, ne sachant pas, haussa les épaules, mais Jim confirma les dires de son supérieur en acquiesçant mollement, encore troublé par la perte de son camarade et ami. Waltz avait sans doute senti ce trouble chez le major, car il lui jetait souvent des regards intrigués voire inquiets, lorsqu'il n'était pas occupé à scruter le rapport qu'il avait commencé à écrire. Le lieutenant Raine, qui se sentait un peu mal à l'aise dans cette ambiance morose, choisit d'intervenir.

- Excusez-moi, monsieur... des dispositions seront-elles prises pour l'enterrement du major Tanner ?

Jim Warden adressa un regard et un sourire contrit à sa collègue, la remerciant de son intervention, et attirant par la même l'attention de Waltz sur elle, soulageant un peu le major. Le colonel ne répondit pas tout de suite. A moitié allongé dans son confortable fauteuil, les mains jointes sur la table, il restait immobile, son regard verdâtre fixé sur la blonde. Finalement, il donna une réponse qui ne plut pas au major.

- Vu l'état du cadavre, il vaut mieux qu'il soit incinéré. On décidera de la date plus tard, les événements récents ne...

- Je refuse ! le coupa Jim, se levant de sa chaise, faisant légèrement sursauter le colonel Waltz. Ecoutez, c'était... un ami, et en tant que tel, je ne peux pas laisser passer cette offense. Il mérite un enterrement digne de ce nom.

Alex Raine serra les dents, de plus en plus mal à l'aise. Le major Warden resta debout, les poings serrés et le regard déterminé. Le colonel, toujours aussi serein, son éternel sourire revenu, ne voulait pas en démordre non plus. Il subissait sans broncher la saute d'humeur de son subalterne, qui continuait à lui crier dessus. De son côté, la jeune femme ne savais pas du tout comment réagir. Elle ne savait même pas si elle devait réagir, en réalité. Coincée entre l'envie d'attendre que ça se calme et l'envie de déguerpir en claquant la porte, elle choisit finalement de prendre le major par le bras en tentant de le raisonner.

- Major Warden.

- Lâchez-moi, je ne veux pas vous impliquer dans mes problèmes, lieutenant Raine.

- Major Warden, écoutez-moi ! hurla-t-elle.

Jim était abasourdi. Ses yeux bleus écarquillés, la bouche ouverte, il restait immobile, comme profondément choqué psychologiquement par la réaction excessive de la blonde. Hans Waltz, quant à lui, savourait l'échange comme un feuilleton télévisé, tout en écrasant sa cigarette dans le cendrier posé sur le bureau. Le major écoutait d'une oreille attentive sa coéquipière qui le sermonnait telle une mère avec son enfant de cinq ans.

- Je comprends ce que vous ressentez, mais ne vous laissez pas dépasser par vos émotions. Je pensais qu'en tant qu'officier supérieur, vous le saviez. Il n'y a pas que votre réputation que vous risquez en mettant votre cœur à nu comme ça. Vous risquez votre poste, major Warden. Et je ne pense pas me tromper en disant que votre travail vous tient à cœur, hm ?

Suite à ces paroles, un grand silence pesant envahit la pièce. Jim, toujours debout, détournait le regard, gêné et touché en plein cœur. Alex se grattait la tête, à la fois perturbée par ses propres déclarations et fière d'elle. Le colonel Waltz se délectait du spectacle qu'il avait devant les yeux, prenant un malin plaisir à observer toutes les facettes du comportement humain.

- Je suis... euh... toutes mes excuses, colonel Waltz, lieutenant Raine, soupira le major Warden avant de prendre congé, visiblement mal à l'aise.

Alex plissa les yeux et se retourna vers son supérieur, qui ne semblait en aucun cas affecté par la situation. Une main soutenant sa tête, il souriait, l'air amusé. Après quelques secondes de silence, il se leva et posa sa main sur l'épaule de la jeune femme.

- Bon, écoutez, je sais que ça paraît ingrat, mais...

Elle haussa un sourcil, pas certaine de vouloir entendre ce qu'il avait à dire.

- J'aimerais que vous surveilliez le major Warden, étant donné qu'en ce moment, il ne va pas bien. Jusqu'à la prochaine mission que je vous donnerai, ça ne durera pas bien longtemps. Vous en sentez-vous capable ?

- Eh bien... là n'est pas la question, je pense que ça ne sera pas difficile, mais... Qu'entendez-vous par la prochaine mission ?

Hans Waltz sourit de plus belle.

- Rien de plus que ce que je viens de dire. Vous, ainsi que le major Warden, faites désormais partie de mes services de renseignement.

Ce fut comme si un énorme rocher s'était écrasé sur la tête de la jeune femme, abasourdie.

- J'ose espérer que vous n'avez aucune objection.

- Oh non, non... c'est juste... surprenant !

- Je comprends, je comprends. Allez donc remplir vos obligations auprès du major Warden, nous nous reverrons probablement ce soir.

Alex hocha la tête et salua son supérieur avant de prendre congé.


*
* *


Les rues de Mérouville étaient pratiquement désertes. Pas le moindre habitant natif Hoennais visible dans les environs. C'était compréhensible, étant donné l'hiver qui approchait et l'omniprésence des forces armées Unovites dans la capitale. Les rues pavées, d'ordinaire toujours charmantes, étaient recouvertes d'une fine couche de neige très glissante qui pouvait être fatale aux imprudents. Tous les immeubles du quartier d'affaires semblaient plus mornes que jamais, alors que ce coin de Mérouville était constamment en effervescence habituellement. C'était effrayant. Effrayant de voir à quel point l'hiver rendait la capitale Hoennaise calme, presque inhospitalière.

Cela ne semblait pas déranger plus que cela le colonel Waltz, qui avait décidé de profiter un peu de l'air - un peu trop - frais de l'extérieur. Cigarette à la bouche, il portait par dessus son uniforme un long manteau de cuir noir épais, histoire de ne pas se retrouver surgelé. Ses pas résonnaient dans le silence mortuaire de la ville si active qu'était Mérouville le reste de l'année. De temps à autre un officier subalterne le saluait avec respect, et lui répondait par un sourire.

Arrivé du côté des quartiers dits "défavorisés" de Mérouville, les rues n'étaient plus si désertes que cela. Un nombre assez conséquent de corps couverts d'engelures gisaient au sol, certains au beau milieu de la route. Nul doute qu'ils avaient été surpris par l'arrivée très rapide de l'hiver en cette fin d'année 1961, ce qui leur avait été fatal. De toute manière, les habitants de cette partie de la capitale n'avaient pas un niveau de vie exceptionnel. Certes, ils ne représentaient que 5% de la population, mais vu la superficie de Mérouville, c'était déjà beaucoup d'habitants. En retrouver la moitié morts à cause du froid chaque année était une habitude pour tous les Hoennais, mais pas pour les nouveaux occupants de la région, qui peinaient à se faire à ce rude hiver.

Waltz, apercevant un groupe de femmes et d'hommes, s'arrêta auprès d'eux. Ils le saluèrent tous respectueusement, désireux de ne pas s'attirer plus d'ennuis qu'ils n'en avaient déjà. Le brassard bleu sur le bras gauche de leur uniforme indiquait qu'ils appartenaient à la police politique Unovite, l'un des principaux organes de l'armée.

- Je me trompe en disant que vous n'avez rien à faire, messieurs-dames ? questionna le colonel d'un ton parfaitement calme.

Les quelques officiers se consultèrent du regard, mal à l'aise. Hans Waltz se délectait de voir à quel point il était facile de déstabiliser les gens. Lui-même était un maître dans cet art qu'il trouvait fascinant. Finalement, la jeune femme qui semblait la plus haut-gradée du groupe s'adressa à lui.

- Non, en effet, monsieur. Nous avons procédé aux inspections hebdomadaires du quartier. Comme ce soir, un événement important se tient sur la grand place, nous avons jugé bon de faire vite, et nous voilà en avance. Avez-vous un travail pour nous, monsieur ?

- Eh bien...

Waltz avisa tous les corps gelés qui parsemaient les rues. Il ne supportait pas cette vision. Les rues d'une ville... de sa ville, quartier défavorisé ou non, se devaient d'être impeccables. D'un geste nonchalant de la main, il désigna les victimes de l'hiver et tous se mirent au travail sans rechigner, déblayant consciencieusement les rues. Il quitta ses subalternes et retourna vers le quartier général militaire, un sourire aux lèvres. Il aimait beaucoup ce sentiment de puissance qui l'envahissait chaque fois qu'il parcourait les rues de Mérouville et que tout le monde le considérait avec respect. Il régnait en maître sur Mérouville, et personne n'osait contester son autorité. Même ses supérieurs y réfléchissaient à deux fois avant de le faire.


*
* *


Les quartiers militaires de Mérouville étaient impressionnants. Encore plus depuis la prise de pouvoir des dirigeants Unovites, qui ne s'étaient pas privés d'apporter leurs connaissances technologiques à ces lieux. Et puis, sachant que les plus hauts dirigeants d'Unys venaient parfois dans ce quartier général, il se devait d'être irréprochable. Les officiers ne pouvaient pas se permettre de recevoir des politiciens importants dans un taudis, cela allait de soi.

Parmi toutes les pièces que comportait l'ensemble de bâtiments, la salle de jeux était très appréciée des officiers. Comprenant plusieurs tables sur lesquelles on pouvait jouer aux cartes aussi bien qu'aux échecs, ainsi qu'un billard, elle attirait même les plus hauts-gradés. On ne s'étonnait pas d'apercevoir, de temps à autre, le colonel Waltz, par exemple.

Etrangement, elle était vide, ce jour-ci. A l'exception du major Warden, à demi affalé dans un fauteuil, et du lieutenant Raine, assise en face de lui. Tous deux étaient devant un plateau d'échecs, les mouvements stratégiques plus ou moins pertinents se succédant.

- Le colonel Waltz m'a annoncé... que nous faisons tous les deux officiellement partie du service des renseignements, finit par annoncer Alex pour détendre un peu l'atmosphère.

Jim déplaça une tour et esquissa un sourire.

- Cela ne m'étonne pas de lui. Il a toujours des idées derrière la tête, à ce que l'on dit.

La jeune femme soupira, soulagée de voir son coéquipier capable de faire la conversation. Il avait l'air beaucoup moins troublé qu'auparavant. Peut-être s'était-il fait une raison. Accepter de voir son ami incinéré lui avait semblé impossible tout à l'heure, mais visiblement, il s'en était accomodé. Du moins en avait-il l'air.

- Vous jouez comme un pied, souffla le brun.

- Je n'y peux rien, j'ai toujours été plus douée pour dégommer des cibles, major, répondit-elle sur le même ton.

Il hocha la tête.

- Oui, bien sûr. Je me doute. Mais dites voir... est-ce aussi grisant qu'on le dit, de se retrouver en haut d'un clocher pendant une guerre, avec un fusil de précision ? Voyant tout mais vu de personne... on doit se sentir puissant, non ?

- Oh, euh...

Alex se mordit la lèvre, mal à l'aise. Le major avait l'air sûr de ce qu'il affirmait, bien qu'il n'aie jamais été un tireur d'élite comme elle. Cependant, sa réalité à elle n'avait rien à voir avec celle de Warden. Lorsqu'elle s'était retrouvée dans un clocher, lors de la bataille de Mérouville, à tirer dans tout ce qui bougeait avec une précision infaillible, elle ne s'était pas sentie puissante. Elle s'était sentie sale. Sale d'avoir tout ce sang sur ses mains tremblantes et chaudes, même indirectement. Alors elle avait abandonné son poste et avait rejoint ses camarades dans les rues, changeant son style de combat. Ses Scalproie lui avaient permis de combattre de manière honorable. Seulement, pour insubordination, elle avait été destituée de ses fonctions. Réduite à un travail de bureau au quartier général de Clémenti-Ville, où il ne se passait jamais rien, ce poste auprès du colonel Waltz était son nouveau salut.

- Lieutenant Raine, êtes-vous toujours là ?

La voix calme du major Warden la ramena à la réalité. Elle était tellement absorbée dans ses sombres réfléxions qu'elle n'avait pas fait attention à son entourage. Confuse, elle s'excusa.

- Vous n'avez pas répondu, lieutenant.

- Oui, je... vous avez raison. C'est grisant. Très grisant.

Elle ne voulait pas raconter ce qu'elle avait ressenti ce jour-là. Par peur de se montrer faible, sans doute. Le major Warden plissa les yeux, peut-être insatisfait de la réponse, mais ne fit aucun commentaire. Il se leva, délaissant la partie d'échecs. Elle l'interrompit.

- Où allez-vous ?

Jim haussa les épaules.

- Peu importe, je sais que vous me surveillez, et ça ne me plaît pas. Sur ce, je vous dis au revoir. J'ai hâte d'assister au petit spectacle de ce soir.

Sur ces bonnes paroles, il quitta la pièce en fermant la porte, laissant seule une Alex dubitative, presque bouleversée.


*
* *


Les cris fusaient de part et d'autre de la grand-place de Mérouville. Il faisait moins froid que d'ordinaire, étant donné que des feux avaient été allumés pour réchauffer l'atmosphère. De plus, collés les uns contre les autres, tous les membres de l'armée Unovite présents se tenaient chaud. La foule en délire acclamait avant même que le spectacle ne débute. Tous les militaires se trouvant à Mérouville furent conviés à l'événement. Dire qu'on leur avait ordonné de venir était cependant plus proche de la vérité. Une estrade était placée de telle sorte que tout le monde verrait ce qui allait se produire. Deux Insécateur, placés l'un face à l'autre selon une symétrie parfaite, se tenaient immobiles, tels des soldats au garde à vous. Tout avait été pensé parfaitement pour que les spectateurs apprécient.

Parmi eux, Hans Waltz et son subordonné, le major Jim Warden. Côte à côte, ils montraient un enthousiasme non feint quant à cet événement. Toujours souriant, le colonel ne sortait pas de son image ordinaire. Mais l'autre ne semblait plus le moins du monde atteint par la perte de son ami le major Tanner. Il souhaitait oublier, alors il se complaisait dans une bonne humeur factice. Ou peut-être pas. Sonder l'esprit humain relevait presque de l'impossible. Sauf pour quelques-uns, dont Hans Waltz, qui avait capté le regard de son subalterne, teinté d'une tristesse à peine voilée.

- Major Warden.

Lequel se retourna vers lui, surpris qu'on lui adresse la parole avant un tel spectacle. Mais enfin, il répondit sans hésiter :

- Monsieur. Que puis-je pour vous ?

- Non, je vous en prie, ce soir nous ne sommes pas supérieur et subalterne. Nous sommes amis, nous sommes Unovites, nous sommes réunis pour assister à un moment de détente et d'amusement. Vous êtes d'accord ?

- Oui, bien sûr... où voulez-vous en venir ?

- Je souhaitais tirer au clair cette histoire d'incinération. Vous savez, votre ami Sheldon Tanner... souffla le colonel.

Haussement de sourcils. Lèvres pincées. Yeux plissés. Le malaise du major Warden, qui avait presque disparu, revint en un éclair. Décidément, ce type était diabolique. Il savait toucher là où ça fait mal. Très mal. Avec une précision incroyable.

- Je ne sais pas... je n'ai pas envie d'en parler.

- Il ne s'agit pas d'en parler, je souhaite juste vous informer de ma décision finale.

- Oh. Dites voir, soupira le jeune homme, qui ne se faisait pas d'illusions.

Waltz, peut-être pour s'amuser, mit un certain temps à lui répondre. Temps pendant lequel l'esprit de Jim flottait en dehors de son corps, emporté par le mal-être.

- J'ai choisi de le faire enterrer. A l'église catholique, puisque telle était sa religion. Etonnant, il y a tellement d'adeptes d'Arceus dans ce coin du monde...

Le major s'étonna du ton de son supérieur. Il parlait comme s'il énumérait sa liste de courses ou qu'il faisait la conversation à quelqu'un dans la rue.

- En quel honneur... en quel honneur êtes-vous revenu sur votre décision ?

Pas de réponse. Hans était tourné vers l'estrade, sur laquelle arrivaient deux hommes en transportant un troisième. Les deux premiers portaient l'uniforme militaire Unovite, accompagné du brassard bleu représentatif de la police politique. L'autre en revanche, était vêtu de vêtements sales, bien qu'épais. Après tout, le froid mordant le tuerait autrement. Les officiers ordonnèrent à celui qui semblait être un prisonnier de se mettre à genoux au bord de l'estrade, pour que tout le monde puisse le voir.

Dans les rangs, c'était l'impatience qui dominait. Alex Raine, elle, était perplexe. Elle avait du mal à comprendre comment ils faisaient pour apprécier ces actes barbares. Peut-être aurait-elle dû rester chez elle au lieu de s'engager dans l'armée, en fin de compte. Son état d'esprit contrastait fortement avec celui du groupe qu'elle côtoyait et dont elle faisait partie. Mais maintenant, il était trop tard pour reculer.

Sur l'estrade, l'un des officiers s'adressa à l'homme à genoux, qui regardait devant lui, presque de façon hautaine. Il ne voulait pas montrer sa peur.

- Fritz Dyer, membre de la résistance Hoennaise contre les forces Unovites. Aujourd'hui, ta lutte contre le pouvoir s'arrête. Ici. As-tu quelque chose à dire, traître à la nation ?

L'homme hocha la tête et fut autorisé à prendre brièvement la parole :

- Nous vous ferons tomber, sales chiens d'Unys ! Notre région n'a que faire d'une menace lâche comme cela ! On vous a pris un camp, et ce n'est que le début !

- Que quelqu'un le fasse taire ! grommela l'officier.

L'autre officier Unovite, d'un geste, ordonna aux Insécateur d'accomplir leur mission. D'un pas synchronisé, presque militaire, ils s'approchèrent du rebelle pour lui trancher la tête d'un coup sec. Dans la foule, les applaudissements fusèrent.


*
* *


La femme rousse se leva pour éteindre la télévision, consternée.

- Je n'arrive pas à croire qu'ils osent retransmettre des exécutions publiques sur toutes les chaînes ! C'est affreux...

L'homme acquiesça. Nerveusement, il se passa une main dans ses courts cheveux noirs en soupirant. Il plongea ses yeux verts dans ceux noisette de la femme rousse.

- Bridget, chérie... c'est une lutte difficile. Tu n'es pas obligée de t'impliquer dans nos affaires d'aussi près. Je ne veux pas qu'il t'arrive... ce qui vient d'arriver au pauvre Fritz.

Bridget secoua la tête et rejoignit son mari sur le canapé du salon.

- Winston Travis ! Tu sais parfaitement que je ne peux pas me le permettre. Nous nous battons tous les deux. Pour nous. Pour notre cause. Pour notre région. Je n'ai pas peur de mourir !

Winston sourit et serra son épouse contre lui.

- Je suis fier de toi, Bridget.

- Autrement, tu ne m'aurais pas épousé !

Il hocha la tête et, l'air grave, se remit à contempler l'écran noir de la télévision. Il n'était plus aussi certain, maintenant. Sa cause... leur cause, était peut-être perdue.