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Les Chroniques de Neto : La Symphonie de la Nouvelle Lune de Marnoct



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Informations

» Auteur : Marnoct - Voir le profil
» Créé le 17/11/2015 à 01:54
» Dernière mise à jour le 01/12/2018 à 21:14

» Mots-clés :   Action   Aventure   Région inventée

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Chapitre III - Un sacré bonhomme
L'après-midi était déjà assez avancé quand Nathan et Chloé pénétrèrent dans Doville, cité industrielle qui puisait depuis des décennies dans les riches ressources minières de la région qu'elle envoyait ensuite de par le monde depuis Domino. Il y a environ une centaine d'années de cela, un mystérieux personnage du nom de Vladimir Noct avait flairé le bon filon, et lancé son entreprise familiale qui avait au fil du temps transformé l'île hostile de Neto en une région en marge du monde qui s'accrochait néanmoins à la civilisation de par son exportation.
La maison des Noct avait toujours œuvré pour l'évolution de Neto et, aujourd'hui encore, c'était le descendant de Vladimir, son arrière petit-fils prénommé Marek, qui s'évertuait à perpétuer la tradition.
C'était pour cette raison qu'il avait, il y a environ un an, crée la Ligue Symphonique dont il était actuellement le Maître, un projet qui avait cependant été grandement facilité par les moyens financiers colossaux de sa famille...

« Il est vrai que de nos jours, une région sans ligue reçoit très peu de considération de la part de ses semblables. Ce Marek est un homme intelligent, mettre en place la Ligue Symphonique était l'étape à suivre à présent que l'industrie est profondément ancrée. »

En prononçant ses mots, Nathan leva machinalement les yeux au ciel. Ce dernier était embué de vapeurs grisâtres crachées par des usines réparties aux quatre points cardinaux.
L'objectif de la ville lui apparaissait au contraire très clair une fois exposé à de telles visions, et si une arène ne s'y était pas installée il n'aurait sûrement pas pris la peine de visiter une version polluée de Domino. Soudainement, l'exclamation de Chloé le tira de sa torpeur.

« Oh, pas de chance l'arène est fermée jusqu'au lendemain. »

Le dresseur s'offusqua.

«-Bon sang, ils pourraient au moins éviter les vacances impromptues, la seule chose qu'on leur demande c'est de s'asseoir tranquillement sur une chaise en attendant d'éventuels challengers, et ils sont payés pour le faire.
-C'est la peur de manquer à ton pari qui te rend aussi amer ?
-Un pari ?
-Oui, tu m'avais annoncé vouloir à tout prix vaincre la ligue en moins de trois semaines.
-Oh, ça. C'est toujours d'actualité, ne t'en fais pas, et ce n'est pas un jour de retard qui va m'en détourner. Du coup, qu'y a-t-il pour s'occuper en attendant dans cette ville lugubre ? »

La jeune femme s'attarda un instant dans ses pensées, passant sa main dans ses longs cheveux blonds qui ne laissaient pas Nathan indifférent. Quand elle eut terminé de se remémorer toutes les informations utiles, elle déclara d'un ton solennel qu'elle devait consulter l'antenne journalistique de la ville, pour récupérer la paye convenable que lui avaient rapportés les articles sur l'étoile montante de Neto.

« -L'étoile montante de Neto ? N'importe quoi.
-Roh, c'est juste un surnom. Et puis si tu m'accompagnes en personne je suis sûre que tu auras peut-être la chance d'être interviewé. Ça ne te tente pas ?
-Jamais de la vie. Et plus sérieusement, il n'y a vraiment aucune activité digne d'intérêt outre compter les nuages de smog dans une ville aussi massive ?
-Bien sur que si, le casino par exemple est très réputé. Les travailleurs ont la mauvaise habitude d'y passer leur salaire à la sortie du boulot, et de par ce fait il est très fréquenté. Malin comme tu es, tu aurais moyen d'y gagner quelques sous.
-Adjugé vendu, montre moi la direction et j'y vais. »

Elle lui montra l'emplacement de la bâtisse sur une carte, et ils se séparèrent.
Rapidement, Nathan trouva l'endroit qui était tout ce qu'il y a de plus kitsch.
Le bâtiment était de couleur dorée, paré de lueurs multicolores et un long tapis rouge écarlate accueillait chaleureusement les visiteurs avides de fortune.
Fort heureusement pour le jeune homme, ces derniers n'étaient pas présents car la journée de travail n'était pas encore terminée et il put donc sans grands encombres évoluer jusqu'à la caisse, où il récupéra pour une centaine de jetons grâce au petit pactole qu'il avait commencé à accumuler au fil des combats d'arène. Enivré par l'ambiance des lieux à laquelle contribuait beaucoup les musiques jazzy et les vapeurs d'alcool, le seul regret du dresseur était d'avoir dû déposer ses précieux pokémons à l'entrée. Il oublia cependant vite sa tristesse une fois installé confortablement devant une imposante machine à sous, un verre de rouge à la main.

« Les tables de poker ouvriront dans une heure. Nos hôtesses se feront un plaisir de vous servir à boire en attendant. »

Nathan connaissait les principes de la triche sur les jeux de carte, mais il était malheureusement affreusement peu doué sur tout ce qui concernait le domaine des mathématiques. De par ce fait, il était totalement incapable de compter les cartes et se contentait donc de jeux plus humbles et amusants, tels les machines à sous qui l'avaient toujours diverti. L'enchaînement de bruissements sonores divers et variés et le réconfortant cliquetis des pièces sur le bac métallique de l'engin lorsqu'on enchaînait un triple 7 constituait pour lui un plaisir rare, plus que le gain en soit.

Tandis que la notion du temps avait disparu tout aussi vite que le contenu de son verre, il aperçut un jeune homme auquel il ne prêta pas attention s'installer à côté de lui, trop occupé à enchaîner les victoires. Quand quelques dizaines de minutes plus tard, un agent de sécurité le poussa soudainement de sa chaise, le dresseur réalisa que quelque chose avait mal tourné.

« -Toi, sale crapule, on te choppe enfin !
-Hein ?
-Ne fais pas l'innocent, on sait bien que c'est toi qui nous fracasse les machines depuis des jours ! Les caméras n'ont peut-être rien sur les bandes mais cette fois-ci on te choppe en flagrant délit ! »

Nathan lorgna sur la machine auquel était assis son voisin une demie-heure plus tôt : l'écran était d'un noir d'encre parsemé de pixels blanchâtres, elle avait visiblement grillé. Il allait être dur de sortir d'une telle situation...

« -Monsieur, je peux vous expliquer. Ce n'est qu'un malentendu, je...
-Évidemment ! Tu me prends pour un idiot ou quoi ? J'essaye de t'attraper depuis une semaine, je ne vais pas te lâcher ! »

Il était dur de dialoguer avec ces gens-là... Pendant un instant, l'accusé hésita à fracasser le nez de son sympathique interlocuteur, mais cela n'aurait pas arrangé la situation et bien au contraire. Sous un vacarme assourdissant causé par les vociférations du molosse, il fut traîné jusqu'à la caisse où l'attendaient d'autres gardes de sécurité et un gérant visiblement très remonté.
Exaspéré, le coupable malgré-lui tenta une dernière fois de mettre la situation au clair.

«-Très bien, de quoi m'accusez vous et sous quelles preuves ?
-Sous quelles preuves monsieur ? Vous vous foutez vraiment de nous ? Une machine grille à côté de vous et vous n'avez évidemment rien vu ni entendu ? C'est la quatrième cette semaine et on est bien content de réussir à vous attraper cette fois-ci !
-Je suppose que répéter que je suis innocent ne vous convaincra pas de ma dite innocence ? »

Le gérant du casino, rouge de colère et aux veines à présent apparentes, s'égosilla de toutes ses forces sur son client.

« Mais vous me prenez vraiment pour un con ma parole ! Vous allez avoir de gros soucis, de très gros soucis ! Je connais très bien Ludwig, le champion de la ville moi monsieur ! Vous-êtes un dresseur n'est ce pas ? J'ai vu vos pokéballs ! Alors si vous continuez à vous obstiner à nier, non seulement vous ne récupérerez pas vos pokémons, mais ensuite vous pouvez être sur que je ferai tout en mon pouvoir pour que vous soyez banni de la région. Vous pouvez dire au revoir à la ligue ! »

L'envie de faire taire la créature fébrile qui s'adressait à lui en des termes si peu élogieux hantait maintenant véritablement Nathan, qui serrait férocement les poings pour éviter de les présenter au visage de son nouvel ami. Après avoir pesé les risques qu'il encourait à accomplir un tel acte, mais surtout à continuer de défendre son innocence, il s'écrasa finalement : il lui était inconcevable de risquer de se faire exclure de la Ligue Symphonique pour une histoire aussi stupide.
Même dans l'alternative où il réussirait à prouver son innocence, la démarche lui coûterait énormément de temps, et en trois semaines, du temps, il y en avait très peu.
Le visage tordu, il cracha quelques mots au visage du groupe.

« Très bien, je vais vous payer. Sachez que je pourrais défendre mon innocence avec des preuves incontestables, mais je manque de temps et je ne souhaite pas m'éterniser dans un tribunal aussi malodorant que vous à expliquer au juge à quel point vous avez été bercé prêt du mur à la naissance. »

Alors qu'un membre de la sécurité s'apprêtait à fracasser sa matraque sur la tête de Nathan, le gérant le stoppa d'un geste de main et s'adressa ensuite au dresseur en des termes si mielleux qu'on pouvait en desceller l'hypocrisie des mètres à la ronde. Cet homme était définitivement répugnant.

« Très bien monsieur, heureux de savoir que vous êtes capable de faire preuve de... réalisme. Que vous soyez coupable ou non, je m'en moque tant que quelqu'un me paye. Vous récupérerez évidemment vos pokéballs et cette histoire sera oubliée une fois que vous aurez payé pour les quatre machines abîmées cette semaine... Ne vous en faites pas, ce sont surtout les systèmes électroniques qui ont grillé, et ce n'est pas le plus coûteux quand on sait que vous allez, bien évidemment, devoir aussi nous rembourser l'équivalent en argent des jetons qui ont été volés lors des derniers incidents. N'oublions pas non plus les frais de réparation des caméras qui ont malencontreusement grillées deux fois cette semaine, trois en comptant aujourd'hui, malgré l'intervention de nos meilleurs agents... Je ne sais pas comment vous vous y êtes pris mais cela n'a plus d'importance n'est ce pas ? Cette histoire appartiendra au passé à partir du moment où vous poserez les pieds dehors. »

La victime totale d'une farce qui ne l'amusait en rien grogna sans vaines tentatives de cacher sa rage. Il récupéra sa carte bancaire et le prix total de ce qu'il avait à verser lui coûta très, très cher, bien plus que ce qu'il avait gagné depuis son arrivée à Neto. L'air maussade et une envie meurtrière en travers de la gorge, il sortit finalement de l'horrible casino en laissant des mois d'économies derrière lui, sous les regards haineux des employés qui lui avaient bien fait comprendre qu'il n'était plus le bienvenue du tout.

Sans un mot, il s'avança lugubrement à travers les foules qui se ruaient vers le bâtiment infernal à présent le travail terminé, et remonta les ruelles embrumées par une fumée nauséabonde jusqu'au point de rendez-vous qu'il avait donné à Chloé. Toujours aussi radieuse, elle l'attendait au bout de la rue, et constituait sûrement l'unique chose qui pouvait remonter son moral en cette sinistre soirée.

« Alors le casino, combien as-tu gagné ? »

Un rire jaune s'échappa de la gorge du concerné.

« Je suis ruiné. »



- - -



La nuit avait été terrible. Avant de réussir à lui emprunter assez d'argent pour se payer une chambre d'hôtel, Nathan avait subi toutes les remontrances possibles et imaginables de la part de Chloé, qui l'avait cru dans un premier temps véritablement coupable du soucis avec la machine.

« A vouloir trop faire ton intelligent ça te retombe dessus ! »

Et autres joyeusetés du genre étaient venues ponctuer les tentatives de discussion, jusqu'à ce que le dresseur réussisse à lui expliquer que si il avait été responsable de l'accident, il ne se serait pas jeté sur la borne voisine pour continuer ses parties l'air de rien aussitôt la première machine cassée.
Quand enfin la jeune femme blonde fut pleinement convaincue, elle décréta à son partenaire que cela lui servirait de leçon, ce à quoi ce dernier avait répondu, d'un air déterminé et en plongeant son regard dans le ciel nocturne où s'affichait une lune presque pleine, qu'il avait déjà un plan pour démasquer le véritable coupable.

Ainsi, à une heure similaire à celle à laquelle Nathan avait parié gros la veille, Chloé se retrouvait elle-même dans le casino à suivre des directives qu'elle ne comprenait pas. Ce qui était certain, c'est que le prodige semblait plus sûr de lui que jamais dans ses pronostics, et elle avait donc une nouvelle fois placé toute sa confiance en lui. De plus, ayant gagné un petit pactole grâce aux articles sur l'étoile montante de Neto qui s'étaient vendus comme des petits pains, elle lui devait bien ça.

Ils étaient donc passé au centre pokémon où le dresseur avait bidouillé pendant quelques longues minutes sur un ordinateur, suite à quoi il avait accompagné sa complice en tentant difficilement de cacher son air inquiet jusqu'aux ruelles qui menaient au casino. Bien qu'il l'aurait réfuté catégoriquement, pour la première fois, Nathan était mal à l'aise, et mettre son amie dans une situation potentiellement délicate n'aidait pas à calmer son inquiétude.

Méthodiquement, la jeune femme avait pénétré le bâtiment, marché jusqu'au comptoir, récupéré des jetons, et trouvé une borne en marge des autres attractions où elle s'était confortablement installée.
En bref, elle avait réitéré les mêmes actions que Nathan la veille...

Faisant à présent face à l'imposante machine, elle glissa timidement un jeton dans la fente métallique, et presque immédiatement la borne s'enclencha dans un tumulte de bruissements enfantins. Elle semblait plutôt récente, puisque le son s'exprimait avec une clarté nette. De plus, l'engin électronique n'affichait aucune trace d'usure. Quand enfin elle se sentit prête à arrêter les rouleaux qui tournaient sans fin dans leur course folle, elle appuya sur le premier bouton qui entraîna l'affichage sur l'écran d'un premier 7.

« Un coup de chance. »

Elle appuya sur le second bouton, qui afficha à son plus grand étonnement un second 7. Il n'en manquait plus qu'un pour toucher le gros lot. Poussant l'ultime bouton d'un air ravi, ce fut avec une moue d'enterrement qu'elle vit un Stari pixelisé venir ruiner sa série.
Ce dernier lui rappela l'entourloupe qu'avait mis en place Nathan pour remporter le concours de pêche, suite à quoi il avait d'ailleurs offert le Staross du crime à Clara.
Se souvenant de la conclusion de la dite affaire, elle eut honte en pensant l'avoir véritablement soupçonné d'une quelconque malice à l'époque. Il fallait se concentrer et faire confiance à Nathan, car il était quelqu'un de bien.

Et soudainement, comme si sa prière avait été entendue, un jeune garçon qui devait environner la quatorzaine d'années vint s'asseoir à quelques places de Chloé, commençant à insérer des jetons.
Savoir que celui qui était probablement le véritable coupable des événements dont on accusait un innocent là répugnait, mais les consignes du plan étaient claires : elle n'avait rien à faire.
Absolument rien.

De longues minutes passèrent durant lesquelles elle continua à jouer l'air de rien, faisant mine de ne pas remarquer son voisin, quand soudainement ce dernier afficha une expression terrifiée... conformément à ce qu'avait annoncé Nathan.
Se levant comme il le lui avait demandé, elle s'avança vers l'adolescent et lui énonça d'un air morose la phrase qu'elle devait répéter, se l'étant déjà remémorée une bonne centaine de fois depuis son entrée dans le casino :

« Je sais tout. Si tu veux récupérer ton pokémon, suis-moi où tu ne le reverras plus jamais. »

Affolé, le garçon hésita un instant puis obtempéra, en état total de panique.
Alors qu'il sortait du bâtiment en suivant une Chloé qui n'y comprenait pas grand-chose elle non plus, de grosses goûtes de sueur coulaient de son front et venaient tomber sur le pavé froid.
Elle le mena jusqu'à une ruelle sombre, en cul de sac, que lui avait indiqué son complice quelques heures plus tôt. Ce dernier sortit aussitôt des ombres pour venir boucher l'unique espoir de sortie de l'adolescent. Un air terrifiant sur le visage, il s'adressa à ce dernier d'une voix roque.

« Gamin, t'as mis le nez là où il fallait pas. Tu pensais vraiment pouvoir me gruger ? »

Aphone, ce dernier ne fut pas capable de répondre.

« -Fait le malin. Combien de doigts devrais-je te casser ? Un ? Deux ? Tous ? Et ton pokémon, je m'en débarrasse de quelle manière ? 
-Non monsieur, je vous en p-prie, pas mon p-pokémon...
-Ah tu retrouves la voix soudainement petite raclure ? Je te laisse une heure. Si dans une heure tu ne m'as pas rapporté tout ton butin, tu ne reverras plus jamais ton pokémon. 
-O-oui monsieur ! »

Il s'enfuit à toute vitesse, manquant de trébucher dans sa course folle pour sortir de la ruelle.
Cela enclencha un grand rire chez Nathan, le premier rire depuis un moment.
Souriante, Chloé ne manqua pas de placer sa remarque.

« Eh bien, je vais finir par croire que tu t'es trompé de vocation et que tu aurais dû faire acteur. Mais qu'est ce qui t'assure qu'il va revenir chercher son pokémon ? Et d'ailleurs comment se fait-il que tu sois au courant de la présence d'un pokémon ? Non, non, en fait explique moi tout. »

Radieux, le dresseur prit une grande inspiration avant de mettre au clair l'affaire.

« J'aimerai dire que c'était simple, mais ce n'était pas le cas. J'ai assez rarement l'habitude de me faire avoir et lorsque cela arrive, il me faut donc faire preuve de trésors d'ingéniosité pour trouver où j'ai péché. Lorsque je m'amusais sur ma borne, j'étais bien trop concentré pour me rendre compte que notre jeune ami n'est pas venu par hasard s'installer à côté de moi. Si il s'était exercé à quelques pratiques barbares sur la machine, je m'en serais néanmoins rendu compte, et j'en suis donc venu à penser qu'il utilisait quelque chose de plus subtil... qui abîme cependant sacrément les machines de l'intérieur. M'est donc apparu la possibilité de l'emploi d'un pokémon. J'ai d'abord pensé à un Porygon, mais le travail aurait-été beaucoup plus propre, étant donné que Porygon est un programme informatique en soit. Quel intérêt aurait-il eut à faire griller la machine quand il suffit de quelques secondes pour que les pièces tombent toutes seules ? »

Nathan se gratta le menton.

« J'ai donc pensé à quelque chose de plus exotique... et de plus brutal dans la démarche : un Motisma. Tu n'as sûrement jamais entendu parler de ce pokémon, alors sache simplement que c'est une véritable petite plaie de nature électrique et spectre qui prend un malin plaisir à s'infiltrer dans les objets électroniques pour les détraquer. Ça correspond un peu mieux à ce qu'on recherche, non ?
Étant de type Spectre, Motisma n'avait pas grand mal à rentrer illégalement dans le casino pour infiltrer la machine sélectionnée par son maître, après avoir bien entendu fait griller les caméras de sécurité. Le maître en question se contentait de s'installer dans un coin tranquille près d'un badaud, et attendait que ce dernier ait son attention tournée ailleur pour demander à Motisma de faire tomber le pactole d'un grand coup de jus. Il repartait l'air de rien son méfait accompli et croisait les doigts pour que notre badaud favoris soit considéré comme coupable en cas d'arrivée de la sécurité. Hier soir, le badaud en question... c'était moi. »

Chloé apprécia chaque étape de la déduction, et la technique du briseur de machines lui semblait à présent plus claire que jamais. Cependant, une question la taraudait encore.

« -Tu as donc deviné qu'il y avait Motisma dans la machine... mais que s'est il passé tout à l'heure ? Pourquoi le jeune homme semblait tout affolé ? Et pour quelle raison m'a-t-il suivi ?
-Oh ça ? C'est très simple par contre. »

Le dresseur claqua des doigts, et une imposante masse de gaz violacée au sourire malicieux et aux yeux rougeoyants apparut derrière lui, arrachant un hurlement à Chloé.

« Désolé, désolé, c'était peut-être un peu trop magistral comme apparition. Je te présente Ectoplasma. C'est un de mes pokémons favoris, et niveau infiltration il s'y connaît tout aussi bien que Motisma, peut-être mieux. Je lui ai donc demandé de te suivre et de mettre le Motisma en question hors d'état de nuire une fois décelé. Bien évidemment, de par la nature spectrale des deux créatures, tout ceci s'est déroulé hors du domaine du visible. »

La jeune femme afficha un visage terrifié.

«-Cette chose était derrière moi tout ce temps ?
-En effet, désolé de ne pas t'avoir prévenu, je ne pense pas que tu aurais accepté de toute façon. J'ai plein de pokémons puissants stockés quelque part mais Ectoplasma était celui qui correspondait le plus à la mission. Il me provient de plus d'un ami très cher.
-Mais je m'en moque, je... »

Ils se disputèrent pendant quelques minutes, puis furent interrompus par le jeune garçon qui était de retour, haletant, un sac de sport garni entre les mains.

« -Monsieur, y'a tout ce que j'ai gagné à l'intérieur, et même de quoi vous permettre de payer les réparations des machines et des caméras... mais je vous en prie ne faites pas de mal à Motisma. »

Reprenant son air terrible, Nathan jaugea le garçon du regard, puis inspecta le sac.

«-Eh bien c'était rapide. Et où as-tu récupéré l'argent en plus ? 
-Je m'appelle Stéphane. Ça fait un moment que je tourne autour du casino, et j'ai réussi à leur soutirer incognito des petites sommes avant de m'attaquer aux machines. Elles rapportent beaucoup plus gros même si il faut que je me déguise pour convertir les jetons en argent, mais le soucis c'est surtout que mes pratiques sont plus visibles. Du coup par mesure de sécurité...
-Tu trouves un idiot à qui attribuer tes méfaits au cas où ça partirait en pépin. »

Stéphane afficha une moue maussade, sans savoir que son interlocuteur était impressionné par l'ingéniosité du jeune homme, bien qu'il ne cautionnait pas la manipulation d'un innocent.

« -Vous allez prévenir les gérants du casino ?
-Oh certainement pas, bien fait pour eux. Cependant tes magouilles sont terminées, et si j'apprends que tu continues les arnaques je n'aurais par contre aucune hésitation à prévenir la police. Si tu souhaites te faire de l'argent, et peu importe tes raisons, emploie ton ingéniosité à d'autres desseins plus honnêtes. C'est bien compris ?
-O-oui Monsieur. Vous n'êtes pas si méchant après tout. Et pour mon pokémon ? »

Nathan s'esclaffa de rire.

« Il est sûrement encore dans la machine, hors de combat. Il te rejoindra bien assez vite une fois réveillé. »

Se sentant soudainement très humilié, Stéphane devint aussi rouge que les yeux d'Ectoplasma, qui continuait d'observer la scène tapis dans l'ombre tout aussi hilare que son maître.

« Maintenant va t-en, et n'oublie pas ce que j'ai dit. Sinon... »

Il afficha un air menaçant qui poussa le jeune homme à fuir à toutes jambes. Chloé, un rictus aux lèvres, enchaîna.

« -C'est pas très net de garder le surplus d'argent.
-Si tu savais la marge qu'ils ont osé me prélever à l'intérieur du casino, en dehors de tout ce que cette fripouille a pu leur infliger, tu te contenterais d'être reconnaissante pour le restaurant que je vais te payer ce soir après t'avoir remboursé ce que je te dois, tu peux me croire.
-Tu ne pourrais pas te contenter d'un simple merci ? »

Souriant, le jeune homme dégagea de ses yeux les cheveux châtains qui se baladaient pour pouvoir plonger son regard dans celui de son amie.

« Merci. Maintenant, allons manger suite à quoi j'irais rendre visite au champion. L'arène reste ouverte tard pour s'excuser de sa fermeture d'hier. »



- - -



L'Elekable de Ludwig, champion d'arène de Doville, était vacillant. L'attaque hypnose d'Ectoplasma était passée sans contraintes et le vainqueur du combat ne faisait donc à présent plus aucun doute.
D'un geste net, le spectre envoya une ball'ombre sur le dernier pokémon en lice du champion, qui s'écroula, hors d'état de combattre.

Ludwig grimaça en faisant revenir sa créature. L'homme d'une vingtaine d'années, de par ses cheveux blonds venant cacher sa figure tachée d'huile et une barbe mal entretenue, semblait peu soigneux envers sa personne, mais cette apparence lui était héritée de l'aide qu'il fournissait à l'exploitation minière de la ville lorsqu'il ne se trouvait pas dans l'arène. C'était quelqu'un de très travailleur, et cela se voyait : bien que le combat n'était pas sa priorité, son niveau était égal, voir supérieur dans l'état actuel des choses, à celui d'Amadeus.

« -Bien joué dresseur, mais je n'en attendais pas moins de l'étoile montante de Neto.
-Je vois que ma réputation me précède, ce qui est malheureux sachant que je déteste ce surnom... mais mes capacités n'ont rien à envier aux vôtres Ludwig, je ne m'attendais pas à une telle résistance.
-Pfeuh, j'y suis bien obligé, les gars m'ont poussé à prendre l'arène lorsque Marek Noct est venu nous annoncer qu'une ligue allait être mise en place.
-La rumeur veut qu'il est lui aussi assez polyvalent, à la fois héritier de l'entreprise familiale des Noct et Maître prodige de la Ligue Symphonique.
-C'est le cas, et il en va de même pour le conseil des quatre. Je peux pas blairer Aegon et le morveux, mais les pokémons spectres de Victoria n'ont rien à envier à ton Ectoplasma et l'autre rigolo de Kischine cache bien son jeu, il maîtrise le type combat à la perfection. A côté d'eux, je suis pas grand-chose. »

Nathan se perdit dans ses pensées un instant, puis récupéra le badge que le champion lui tendait.

«-Fais gaffe en sortant, on m'a informé que des groupements de personnes louches avaient été aperçu se déplaçant au sein de ma ville. J'essaye de m'en occuper en priorité, ce qui explique au passage les fermetures fréquentes de l'arène, mais ils sont insaisissables.
-Je note, merci du conseil. »

Ne s'attardant pas, le dresseur salua son adversaire et quitta l'arène après que Chloé l'ait rejoint.
Ludwig soupira bruyamment, et après avoir fermé l'arène s'arrêta sur la devanture pour observer le ciel nocturne. La Lune était quasiment pleine ce soir-là, et en la regardant, il réalisa qu'être champion d'arène n'était peut-être pas si déplaisant que ça tant qu'il pouvait de temps en temps retourner travailler avec les autres. Affronter des dresseurs comme Nathanaël était un défi qu'il n'aurait osé imaginer.

Alors qu'il se renfermait dans ses souvenirs, le champion fut interrompu par un adolescent qui devait environner les quatorze ans.

« C'était un sacré bonhomme ce dresseur, n'est ce pas frérot ? »

Ludwig se retourna vers son frère qui le regardait d'un air souriant. Le Motisma qu'il avait reçu pour son anniversaire virevoltait gaiement au dessus de la tête du jeune homme.

« Ouais Stéphane. C'était un sacré bonhomme. »