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Total Genesis de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 08/11/2015 à 18:20
» Dernière mise à jour le 09/07/2016 à 17:40

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes   Sinnoh

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Chapitre 3 : Le voyageur solitaire
NB : Je m'excuse infiniment pour le temps qu'il m'a fallu, pour écrire ce chapitre. En effet, comme il ne s'agissait pas là d'un passage extrêmement passionnant, l'inspiration m'a fait cruellement défaut... Dans tous les cas, j'espère qu'il vous plaira ;) !

En ce mois de juin de l'an 682, il faisait particulièrement chaud. Ce temps marquait à la perfection le début de l'été, baigné d'un soleil énergique, exprimant sa vitalité. L'hiver, ici comme ailleurs, était une saison que personne n'appréciait, car ici comme ailleurs, était synonyme de faim, de maladie, et parfois même de mort. Mais heureusement, ce n'était pas le cas partout, car seuls les pays les plus pauvres en étaient touchés, faute d'avoir de quoi se réchauffer. Le monde est cruel, direz-vous ? Nous sommes bien d'accord sur ce point, mais en cet instant, ce n'est pas le monde qui est cruel, mais bien l'hiver, froid et douloureux. Si nous, pauvres humains, aurions été en mesure d'hiberner, il ne nous aurait pas touchés, comme nous en serions protégés. Pourtant, l'entité divine responsable de notre création n'a pas jugé cela nécessaire, et c'est sûrement pour cette raison que c'est à nous de résister au passage de cette glaciale saison. Mais ce n'est là que divagation, comme nous ne sommes qu'en juin, et qu'avant l'hiver s'écoulera plusieurs mois, et comme le sujet de cette histoire n'est ni la météo, ni la température, ni les conditions de vie des habitants de notre monde. Pour ce dernier point, cela pourrait l'être, en effet, comme c'est un fait important, et qui, à un autre moment, méritera certainement qu'on lui accorde un peu de notre attention. Dans tous les cas, pour le moment, ne traînons pas davantage, et retournons trois ans en arrière. Pourquoi cela ? Simplement parce que les lignes que vous venez de lire n'ont pas le moindre intérêt, puisque d'ici la fin de ce chapitre, nous n'aurons pas besoin de savoir ce qui se passe en juin 682. Peut-être vous le demandez-vous ? Si tel est le cas, je vous propose de mettre votre lecture en pause, et de réfléchir à ce qui peut se passer en cette année. Vous n'avez aucune idée ? C'est normal, comme nous n'avons pas encore abordés ce point tumultueux de l'histoire. Bien, poursuivons.

Trois ans plus tôt, soit en juin de l'an 679, l'été pointait doucement le bout de son nez, et doucement, le temps se réchauffait. Presque tous se réjouissaient de cette saison. Pourquoi presque tous ? Parce que certains n'avaient pas le temps de s'en préoccuper. Il y avait, parmi cette catégorie, un grand nombre d'habitants de ce monde, mais afin de faciliter la narration – qui, soit dit en passant, est suffisamment claire pour n'avoir rien à rajouter –, nous nous focaliserons sur une seule personne. Celle-ci se révèle être en fait un jeune garçon, seul, au visage rougi par le froid et les larmes, et marchant dans la neige. De même, ses mains, en l'absence de gants, étaient gonflées et rongées par la température, remontant doucement vers le zéro. Bien qu'elles ne furent pas visibles, ses bottes, à force de marcher, étaient en lambeaux, et la neige lui tombait dedans, glaçant également ses pieds. Pour ainsi dire, il n'y avait pas une parcelle de son corps où il ne sentait pas le froid, comme son cœur était lui aussi dans un état de congélation affligeant. Si les degrés extérieurs n'en furent pas la raison, celle-ci fut toute autre. En effet, pourquoi marchait-il ? Pour s'enfuir, pour échapper à son destin. Quelques jours avant, il avait, par une splendide journée, vu sa famille disparaître. Dans un premier temps, la tristesse engourdissait son corps, mais il savait que bientôt, la rage et la rancune la remplaceraient. Pourquoi était-il énervé ? La réponse était évidente, bien entendu. Toutefois, contre qui avait-il de la rancune ? Certainement contre les meurtriers de ses frères et sœurs, de sa mère, les Pokémon. Oui, ces bêtes abominables qui, en un instant, avaient détruit tout ce qu'il avait de cher, ne méritaient pas d'exister. Bientôt, il souhaiterait les détruire jusqu'au dernier. Mais pour le moment, il marchait. Où allait-il ? Pas même lui le savait, comme il n'était jamais sortit de la vallée de Laim. Là, il descendait peu à peu la montagne, et au loin apercevait de la verdure, zébrée encore de blanc. Plus loin encore, à l'horizon, de minuscules formes droites s'élevaient vers le ciel. Une ville ? Sûrement, mais bien qu'il n'en eut pas la certitude, il sût qu'il s'agissait là de sa direction. Jamais, dans les treize années de sa vie, il n'avait vu de villes, et ne les connaissaient que par les histoires de sa mère défunte, Erica Beth. Elle était originaire de Zeon City, une métropole située à l'ouest du village. Ainsi, il y avait fort à parier que la silhouette qu'il apercevait au loin était cette ville. Quelle distance les séparaient ? Cent kilomètres ? Deux cents ? Il n'en avait pas la moindre idée, se contentant de marcher, qu'importe la distance.

Constellés de gouttelettes d'eau gelées, ses cheveux argentés étaient tel du cristal, où se réverbérait la lumière. Étrangement, penser à ses cheveux lui rappelait sa famille, sans qu'il ne sache pourquoi. Qu'importe, il ne devait pas y penser, c'était tout. Dans le cas contraire, il perdrait toute motivation, et n'aurait sûrement plus la force de continuer à marcher. Il progressa ainsi pendant des heures, des jours, ne s'arrêtant même pas pour manger, et enfin, posa le pied sur une première bande d'herbe verte. Ici-bas, le climat était plus doux, et il s'en trouva dépaysé. Jetant un dernier regard derrière lui, Sinnoh sentit les larmes monter en lui, tandis qu'il disait adieu à sa terre natale. Oui, jamais il ne comptait y revenir, comme il ne lui y restait plus rien. Ses treize premières années d'existence avaient été vécues dans la montagne, et toutes les autres s'en trouveraient bien loin, il l'espérait. Lui, l'enfant des neiges, comme on l'appelait, ne côtoierait plus cette froideur qui le caractérisait. Qu'espérait-il, d'ailleurs ? Avait-il un projet de futur ? « Projet » est un bien grand mot, mais en effet, il souhaitait intégrer une école quelconque, dans un endroit chaud. Pourquoi chaud ? Simplement parce que comme ça a été mentionné, il ne voulait plus avoir froid, qu'il s'agisse de son corps comme de son cœur.

Un peu plus tard, la neige disparut de son champ de vision, et il se retrouva entouré de vert. Au loin, il discernait des montagnes, dont seule l'ombre était dessinée, comme transparente. Tout autour de lui s'étendaient des plaines à pertes de vues, plus ou moins plates, avec parfois quelques arbres, brisant la platitude de ce paysage. Il y trouva là un certain réconfort, et, fermant les yeux, respira l'air frais provenant des hauteurs, couplé à la douce température d'un mois de juin, dans le monde d'en-bas. Pris d'une envie soudaine, il s'assit dans l'herbe, ôta ses bottes trempées, et les jeta au loin. Ses pieds, dans un état pire que ses mains, étaient gonflés et par endroits bleus. Enfin, le sang était presque gelé, et il pouvait difficilement les bouger. Pourtant, il ne s'en souciait pas. Il ne s'en était jamais soucié d'ailleurs, comme son esprit était occupé par d'autres pensées. Et en cet instant, en plus d'un sentiment de rage, un de tranquillité s'ajoutait. Pourquoi la tranquillité ? Parce que c'était simplement la première chose qui lui venait à l'esprit, comme il ressentait la douce chaleur du soleil contre sa peau, l'herbe sous ses mains, et comme il profitait du splendide panorama qui s'offrait à lui. C'est beau, se dit-il sûrement, et cette pensée, l'espace d'un instant, l'aida à oublier tout le reste. Pieds nus, il se releva, et, inspirant une grande bouffée d'air frais, se dirigea vers Zeon City, la ville de son futur.

Zeon City, comme il vient d'en être question, est une cité prospère, moderne. Pourquoi mentionner ce fait ? Oui, il est vrai que vous n'avez pas encore eu connaissance de ce monde, hormis sa cruauté. Comme exposer tout ce qu'il y a à savoir dessus prendrait trop de temps, contentons nous d'un simple résumé, que l'on pourra compléter plus tard, lorsqu'il en sera davantage question. Commençons. Diamètre de notre Terre : douze mille sept cent quarante-deux kilomètres, exactement. Diamètre de cette Terre : au-delà de deux millions de kilomètres, probablement. En effet, bien des gens ont souhaité mesurer cette longueur exactement, mais n'ont jamais pu aboutir à des recherches complètes. Ils ont déduit que la planète sur laquelle ils se trouvaient faisait au-moins deux millions de kilomètres de diamètre, mais n'ont jamais pu, faute de la connaître totalement, obtenir un résultat exact. Ce monde, vaste comme il n'est pas possible de l'imaginer, n'est que partiellement connu. Sur le maigre centième, voire millième connu, on recense plus de cent cinquante pays, la plupart évolués. Concernant leur fonctionnement politique, certains adoptent une démocratie, d'autres une dictature, mais tous sont tenus d'adhérer à la « Fédération Mondiale », censée promouvoir la paix. En revanche, comme il s'agit là aussi d'une partie longue du fonctionnement universel, nous y reviendrons plus tard. Pourquoi ne pas faire un chapitre dédié uniquement à la politique, l'économie, le développement, et le fonctionnement du monde tel qu'il est connu actuellement ? Oui, c'est là une idée fort intéressante, comme il y aurait de quoi en écrire des pages. Toutefois, deux problèmes viennent se heurter à nous ; primo, il y a un risque pour que vous n'en soyez pas intéressés, et secundo : à l'heure actuelle, il est préférable de laisser l'histoire se développer durablement, de sorte que nous en ayons les bases, avant de développer sur ce sujet. Pourquoi ? L'heure n'en est pas aux explications, pourrait-on répondre. Actuellement, vous venez juste de descendre de la montagne, et de découvrir qu'au pied de ce massif rocheux constamment blanc nacre, il y a un monde grand comme au moins cent cinquante sept fois la Terre, qui, admettons-le, est déjà suffisamment spacieuse pour que plusieurs histoires s'y déroulent. Hum, nous n'avons pas précisé l'envergure de celles-ci, mais qu'importe. Toutefois, n'allez pas croire que je sous-estime votre potentiel de lecteur, bien au contraire ! Mais il est certainement préférable d'attendre, de sorte que vous ne soyez pas noyés dans un déluge d'informations. Bien, fermons cette parenthèse plus ou moins inattendue, et reprenons où nous en étions, dans notre court résumé de la situation géopolitique actuelle. En dehors du territoire occupée par la Fédération, tout est inconnu. Plus tôt dans les décennies, ce bien avant la formation de celle-ci, d'ailleurs, plusieurs états ont tenté d'envoyer des explorateurs, des émissaires, etc., dans le but de découvrir ce qu'il y avait au-delà de ces océans encore plus grands que les continents eux-mêmes. Malheureusement, aucun n'est revenu, et c'est en considérant cela que les dirigeants futurs ont choisi de clore les frontières au reste de la planète, évitant ainsi que l'on ne s'y aventure. Ainsi, il est juste de supposer qu'au-delà, l'évolution du monde est différente.

Revenons à la description de Zeon City. Cette ville, riche et prospère, abritait bon nombre de sièges d'entreprises internationales, ainsi par exemple qu'une Société de Protection des Pokémon, dans un grand immeuble. Dans les grandes rues bordées de gratte-ciels, l'activité était intense, puisque trois millions d'humains y habitaient. Cette ville pluriculturelle étaient connue mondialement, et était un point de passage important pour les étudiants de tous pays, comme bon nombre d'écoles prestigieuses s'y trouvaient. En effet, mélangées aux universités traditionnelles, d'autres d'étude aux Pokémon ouvraient leurs portes à qui en avaient les capacités. A quoi servent-elles, direz-vous ? Simplement à découvrir et à se préparer aux nombreux métiers liés aux Pokémon. Ainsi, il était possible de devenir infirmier, éleveur, enseignant, chercheur, dresseur, etc.. L'objectif de Sinnoh était d'intégrer une université, où il pourrait étudier, mais n'ayant pas reçu de scolarité au préalable, aurait des difficultés. De plus, étant seul, sa condition n'était pas arrangée, comme personne ne l'aiderait.

Perdu dans ses pensées, plus claires qu'auparavant, le jeune garçon aux cheveux argentés poursuivait sa route, contemplant toutes ces couleurs vives autour de lui. Comme il aurait aimé que sa famille vienne avec lui... Songeant à cela, il eut l'envie de serrer les poings de frustration, mais ses engelures le firent souffrir. Bien qu'il ne parlait pas d'expérience, il lui semblait qu'il lui devrait marcher une journée encore. Et une journée, c'est long, très long. Suffisamment long, en tout cas, pour, dans le cas d'un enfant exténué et ankylosé du froid passé, s'évanouir et disparaître petit à petit, dans un long sommeil. Enfin, il n'est pas bon, semble-t-il, d'en déduire cela, puisque dans le cas du jeune voyageur, il ne s'autorisait pas à mourir. C'est bien présomptueux, n'est-ce-pas ? Ce ne sont pas les êtres humains qui décident de leur mort, et pourtant, c'est une bien petite insulte comparée à l'affront de tant d'autres, qui eux, décident pour les autres. Pourquoi mentionner ce fait ? Simplement parce que Sinnoh, lui, avait vu sa vie être décidée pour lui. Un beau jour, alors qu'il était heureux avec des gens qu'il aimait, une fille est venue, et les a tous tués. Qui était-elle, d'ailleurs ? Il s'arrêta, et réfléchit à ce fait, comme il n'y avait jamais pensé jusque-là. En effet, pour lui, les assassins étaient les Pokémon, c'était indéniable. Pourtant, ce soir-là, il y avait une fille qui les dirigeait. Que voulait-elle ? Pourquoi eux ? C'étaient trop de questions auxquelles il ne pouvait pas répondre. Qu'importe, il lui fallait aller de l'avant, désormais, et peu à peu, orchestrer sa vengeance.

Tandis que le soleil se couchait sur la grande plaine, la plongeant peu à peu dans l'obscurité, la température descendit elle aussi, et le jeune garçon sentit un long frisson lui parcourir le dos, comme le léger vent balayant cette surface plane s'infiltrait entre ses vêtements. Il hésita à continuer malgré la nuit, mais la ville étant encore bien loin, il se ravisa, et se mit en tête de chercher un abri, tant que la lumière subsistait encore. Cependant, comment trouver un abri dans une plaine comme celle-ci ? En temps normal, une grotte, pour peu qu'elle fût vide, aurait été parfaite. Cependant, il n'y avait, à perte de vue, que de l'herbe et des arbres. Des arbres. Une idée vint fleurir dans son esprit : jadis, dans la montagne, il s'amusait parfois, accompagné de ses frères et sœurs, à grimper aux arbres. Comme il n'y avait là-bas que des pinacées, c'était un exercice difficile, qui lui avait offert une expérience suffisante. Balayant du regard le paysage, il examina les arbres qui lui parurent les plus intéressants. A une centaine de mètres, il aperçut un chêne, grand, semblait-il. Cette forme large, touffue, était parfaite pour passer la nuit. Ainsi s'y dirigea-t-il, tandis que les dernières lueurs du jour s'éteignaient. Bientôt à tâtons, il atteignit son objectif, et l'escalada comme il put, pour s'accrocher à la première branche venue. Un peu plus haut, il en trouva une qui lui sembla être suffisamment large pour l'accueillir, et satisfait, s'y assit, dos contre le tronc. Enfin, trop épuisé pour réfléchir, il s'endormit. C'était la première fois qu'il dormait à la belle étoile ; le climat montagneux ne l'aurait pour sûr pas permit.

Comme quelques rayons de soleil passaient à travers le feuillage épais de l'arbre, Sinnoh ouvrit les yeux. Le doux chant des Nirondelles parvint à ses oreilles, et une légère brise vint lui caresser le visage. Il devait être tôt, comme l'air était encore frais, mais cela importait peu, comme d'une manière générale, il faisait bon. Descendant de son habitat provisoire, il aperçut l'un des oiseaux s'envoler, filant à travers le ciel. Ce petit être le fit rêver : en effet, il était libre, sans doute n'ayant pas le poids de la vie à supporter. Vous imaginez-vous cela ? Était-ce exceptionnel ? Pas le moins du monde, très certainement. Pourtant, pour lui, cette vision était troublante. Mais ne nous y attardons pas davantage, car une description plus longue aurait été futile. Pourquoi, direz-vous ? Bonne question, je l'accorde. Aussi nous y répondrons : ce Nirdondelle, ce symbole de liberté pour le jeune garçon l'observant, n'était qu'un Pokémon parmi tant d'autres. Un Pokémon. L'arrachant à ses rêves, cette pensée fit jaillir en lui une haine incontrôlable. Un assassin, un meurtrier. Il sentait son cœur battre jusqu'à travers ses tympans, au bout de ses doigts, dans chaque parcelle de son corps, son sang s'échauffait. Il balaya du regard les alentours, et presque par chance, aperçut un caillou, au pied du chêne. Il s'en saisit, comme une créature jaillit du feuillage. Pourquoi voulait-il le tuer ? Il n'y avait pourtant que des Kabutops et des Insecatueurs le soir du massacre. Pour lui, tous les Pokémon étaient des meurtriers. Tous. De toutes ses forces, il jeta la pierre, qui suivit une trajectoire droite. Un petit choc se fit entendre, et le Nirondelle tomba au sol, le crâne écrasé. Lentement, contemplant son œuvre, Sinnoh s'approcha. Le Pokémon à terre était certes en piteux état, mais encore discernable. Le jeune homme leva son pied, le laissa quelques secondes en suspens, et se ravisa. Non, c'était trop brutal. Un étrange sentiment s'empara de lui, lui faisant tourner la tête. Qu'était-ce ? De la joie ? Non, pour sur. C'était certainement un phénomène qu'il ne fallait pas comprendre, se contentant d'obéir à ses pulsions. L'humain le ramassa, couvrant sa main de sang, et serra, en faisant gicler davantage. Il s'en retournât auprès du chêne, comme il lui semblait avoir aperçu un nid. Prenant appui comme il put, il s'y hissa, et déposa alors le corps inerte dans le tas de brindille, le laissant se vider de ses dernières gouttes de vitalité. Qu'espérait-il en faisant cela ? Sûrement que les autres aient une bonne surprise.

Le petit oiseau, jadis libre comme le vent lui-même, avait été privé de cette dite liberté. Le jeune homme, quant à lui, lui avait prise, mais ne pouvait la posséder. Pour ainsi dire, ce meurtre l'emprisonnait davantage dans sa réalité. Vous trouvez cet acte horrible ? Vous avez raison, indéniablement. Pourtant, peut-on le blâmer, peut-on se mettre ainsi à sa place ? Certains diront que oui, d'autres, évidemment, non. Ainsi, ne cherchons pas davantage à le comprendre, mais plutôt à l'observer. Tandis que sa colère descendit, Sinnoh comprit ce qu'il venait de faire. Doucement, il redescendit de l'arbre, et se laissant tomber, s'adossa à son tronc. Puis il pleura. Pourquoi, d'ailleurs ? Nul, hormis lui, ne put l'expliquer, mais peut-être versait-il des larmes de joie, comme peut-être de tristesse. La joie d'avoir fait un pas en avant dans la vengeance des siens, et la tristesse de se rapprocher des meurtriers. Qui sait, peut-être un jour deviendrait-il un Pokémon, en guise de punition pour avoir trop tué. Peut-être était-ce cela, d'ailleurs, la raison de leur existence : des humains mauvais devant revêtir une apparence monstrueuse. Non, en fait, tout cela n'a guère d'importance, dans le fond. Le fait est que qu'importe leur passé, qu'importe qui ils puissent avoir été, les Pokémon sont les Pokémon, et leur cruauté reste la même. Le jeune garçon resta longtemps adossé au grand arbre, méditant sur ses actes. Pour le moment, il ne souhaitait pas reprendre sa route, comme il hésitait encore. Que ferait-il, une fois à Zeon City ? Bien que cela le soulage, tuer des créatures n'était certainement pas une vraie profession, et cela ne lui apporterait rien de profitable. Qu'importe, il lui fallait impérativement repartir, ce au plus vite. En effet, un mal le guettait constamment : la faim. Sur sa route, il n'avait trouvé que quelques baies et herbes à se mettre sous la dent, et ses forces s'épuisaient petit à petit.

Le moral au plus bas, Sinnoh reprit son interminable route, ne s'arrêtant plus cette fois pour contempler le panorama s'exposant à lui. Oui, désormais, quoiqu'il fut toujours aussi agréable, il le connaissait, et n'avait plus d'intérêt à l'observer. Au mieux, il apercevrait le feuillage de quelques malheureux arbres se mouvoir, secoués par le vent, une ou deux créature se glisser entre deux buissons ou hautes herbes, etc.. Non, en fait, il n'y avait pas grand chose à observer dans cette plaine, dès lors que tout avait déjà été exposé. L'on connaissait la verdure omniprésente, la brise légère, le chant des oisillons – vivants –, les montagnes d'arrière-plan, et tant d'autres éléments, que l'on pourrait qualifier d'inutiles. De plus, comme personne, d'une manière générale, ne passait par ici, le jeune garçon ne risquait pas de faire de nouvelles rencontres, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Pourtant, Zeon est une importante métropole, alors comment expliquer ce fait ? Eh bien, il est probable que vous n'en ayez jamais entendu parler, mais peu à peu, dans la civilisation, la « technologie » s'est imposée, bouleversant de nombreux codes auparavant établis. Alors, bien entendu, dans le terme « technologie », pour ne pas le répéter, on peut parler de la poterie, comme de l'automobile. Si tel est le cas, je vous invite fortement à découvrir ce phénomène incroyable et envahissant, avant qu'il ne vienne sonner à votre porte, et vous oblige à vous soumettre à lui. Vous trouvez certainement que c'est une étrange métaphore ? Vous ne pouvez pas dire cela ! Ni même le penser ! La métaphore est une manière, évidemment, d'enjoliver une expression – dans ce cas – qui, de base, ne présente pas l'once d'un intérêt. Certainement que cela n'est pas un moyen très simple de vous le faire entendre, mais je vous propose toutefois un instant de réflexion pour le comprendre. Lâchez donc votre souris, concentrez-vous, et imaginez une petite maison, au bord d'un étang. Cette petite maison, très charmante, serait haute de deux étages et vêtue de fenêtres, tuiles, et cheminée. Vous y êtes ? Bien. Par un beau matin, tandis que les rayons du soleil filtrant à travers le rideau blanc vous réveillent, vous entendez quelqu'un frapper à la porte. Non, ce n'est pas une petite fille armée de Kabutops et d'Insecateurs, mais plutôt un imbécile portant un panneau avec marqué « TECHNOLOGIE ». Quelles sera votre réaction ? Fermer la porte, je suppose. Cependant, le guignol ne se laissera pas faire, et de force, entrera, s'installera, et vous soumettra.

Vous comprenez maintenant ? C'était une image particulièrement belle, mais tout autant inutile, comme si vous lisez ces lignes, c'est très certainement que vous savez ce qu'est la technologie. Pourtant, je n'accepterais pas des reproches à ce sujet, car c'était particulièrement utile. Et quand bien même, si ce n'était pas le cas, que trouveriez-vous à répondre à un vulgaire narrateur ? Qu'importe, je m'éparpille, alors revenons-en au sujet principal. Comme il en était question plus haut, l'arrivée de hautes technologies a bouleversé bon nombre d'habitudes, et de nos jours, plus grand monde ne voyage à pied. Toutefois, comme il est question de peu de gens, il n'est pas que plus personne n'emploie la marche, comme les dirigeants de la Fédération, conscients de l'intérêt relatif de cette pratique, ont mis en place des sorties de villes prévues pour les marcheurs. Ainsi, si l'on ne trouve personne entre Laim et Zeon, c'est peut-être parce que le dernier voyageur s'y étant rendu s'appelait Erica Beth et s'est contentée d'un aller simple. Comme je vous sens décrocher, j'aimerais revenir à notre histoire. Pourtant, en l'état actuel, celle-ci se contente d'une simple marche, et rien d'exceptionnel ne s'y passe. Bien entendu, un troupeau de Pokémon enragés pourrait débarquer, une météorite pourrait s'écraser, ou bien notre héros pourrait se tordre la cheville, mais il n'y a peut-être pas grand intérêt à cela. Pourquoi, demanderez-vous ? Simplement parce que dans le premier cas, le jeune garçon ne ferait pas long feu, et il n'est pas nécessaire de le faire souffrir davantage physiquement. Dans le deuxième cas, se basant sur les faits passés, il est probable qu'à la suite d'une collision avec un météore, lui et Zeon-City disparaissent ; ce qui, admettons-le, serait particulièrement gênant pour la suite des événement. Enfin, dans le dernier cas, c'est nettement plus réaliste, mais d'une part beaucoup moins épique, et d'autre part beaucoup moins utile. Je vous l'accorde, le reste n'est pas non plus utile, mais lui faire se tordre la cheville en pleine route aurait autant d'effet que de lui faire ramasser un pissenlit et le manger. Mais ne vous en faites pas ! Comme nous parlons, Sinnoh poursuit sa route, s'abandonnant parfois à toutes sortes de pensées, le motivant comme lui faisant oublier la réalité. Car, rappelons-le, la faim le tiraille, et ses pieds sont dans un état déplorable. Ayant cela en tête, on peut en effet supposer que massacrer des Nirondelles n'est pas un si mauvais passe-temps. Du moins, c'est très certainement divertissant et déstressant.

Les heures défilent, tandis que que le soleil vagabonde dans le ciel bleu, tout juste percé de quelques tâches blanches, faisant office de nuages. Peu à peu, celui-ci s'assombrit, et affiche bientôt des teintes rouges, oranges, ainsi que jaunes, partant d'un horizon à l'autre. La ville était proche, ses immeubles lumineux se dessinant au jeune voyageur. Constatant cela, il savait que seule une vingtaine de kilomètres le séparait désormais de son but, pour lequel il marchait depuis maintenant quatre jours. Il ressentait une légère angoisse, mêlée d'une excitation grandissante, comme seul l'inconnu l'attendait. Ah, qu'il aurait aimé que sa famille soit avec lui, se dit-il une nouvelle fois. A treize ans, il est difficile d'entreprendre une aventure seul. Pourtant, c'est bien ce que comptait faire Sinnoh, n'ayant pas d'autre choix, désireux de vengeance et tenu de vivre. Zeon se rapprochait, couplée à son destin plus qu'incertain.