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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 21/10/2015 à 09:55
» Dernière mise à jour le 02/03/2019 à 23:38

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 37 : La Marquise des Ombres
J'ai jugé que mon successeur avait échoué dans sa quête de Sauveur du Millénaire, et je l'ai combattu pour qu'il laisse place à un autre. Encore une fois, ce fut une grande arrogance de ma part. Qui suis-je pour connaître l'avenir ? Qui suis-je pour interpréter les plans d'Arceus ?



*****



Le visage de Castel, à cet instant précis, exprimait le plus profond ahurissement.

- Adam Haldar... tu dis ?

- Allons donc, vous ne vous souvenez pas ? Se moqua Leol. Vous aviez rencontré mon père avant ma naissance, alors que vous aviez l'âge d'un bambin. Vous lui avez dit la vérité sur vous, et vous lui avez demandé de vous élever comme son propre fils. À ma place, en fait. Quelques instants après que je sois sorti du ventre de ma mère, votre fidèle Venisi m'avait remplacée avec vous.

Le regard flamboyant de Castel se tourna vers son épouse ressuscitée.

- Qu'est-ce que cela signifie, Venisi ?! Il n'a jamais été question de garder l'autre enfant en vie ! Tu devais t'en débarrasser !

Venisi ne fut guère choquée par la soudaine colère de son roi époux. Au contraire, elle fit quelque chose de particulièrement terrifiant sur son visage décomposé. Elle sourit. Même Castel en sursauta de surprise.

- C'est ce que vous m'aviez dit, oui, répondit-elle. Mais je ne l'ai pas fait. Le garçon était de mon sang, à moi aussi. Mon descendant. Il pouvait m'être utile. Je l'ai donc caché, loin du regard de Ryates et d'Uriel. Je l'ai confié à Lyaderix de la Tribu des Chevaux. Je lui ai dit que c'était un Haldar, je lui ai fait miroiter une prise du pouvoir à Cinhol grâce à lui quand il serait en âge.

- Mais Mère venait me voir souvent, continua Leol avec un regard adorateur à l'endroit de Venisi. Elle venait et elle m'enseignait tout ce que je devais savoir. Elle m'a aimé, elle m'a élevé. Elle m'a formé à ce jour précis, où je me tiendrai devant vous, Castel Haldar.

Leol... non, Adam Haldar s'approcha de Venisi, et se tint avec elle, campés devant Castel, qui avait l'air perdu et furieux.

- À quoi tu joues, Enysia ? Demanda le roi. Essaierais-tu de me trahir ? Moi ? Ton époux, ton seigneur et maître, celui qui t'a ramené du monde des morts ?!

Venisi éclata de rire. Pour elle qui était toujours froide et détachée, qui parlait toujours avec une voix à la limite du sanglot, ce rire fit froid dans le dos à tout le monde.

- Qui m'a ramené du monde des morts ? Répéta-t-elle. Imbécile. Tu penses sérieusement que c'est ta science et celle du Grand Forgeron qui m'ont ramenée ? Il n'y a qu'un seul être au monde capable de défier la mort. Mon véritable seigneur et maître : Horrorscor !

Quand elle prononça ce nom, trois silhouettes fantomatiques apparurent, voletant autour du groupe et de la météorite. Le Trio des Ombres : Polascar, Revener et Glauquardant.

- Le temps est-il venu, Marquise ? Susurrèrent-ils. Est-il enfin venu, après tout ce temps ?

- Oui, mes fidèles amis. Le temps est enfin venu.

Erend, Leaf et les autres étaient aussi perdus que Castel. Derrière le roi, Dusan s'agitait nerveusement les mains, ne sachant comment réagir.

- Ces Pokemon... commença Castel. Ce sont ceux qui se trouvaient dans la météorite... Pourquoi sont-ils avec toi ?!

- Ils l'ont toujours été, rétorqua Venisi. Ce sont mes serviteurs. Ils ne venaient pas de l'espace, comme tu l'as toujours cru, mon doux roi. Ils ont détourné la météorite de Vifacier pour qu'elle s'écrase non loin de Cinhol sous mes ordres. Ils ont donné ses pouvoirs à Peine et corrompu Uriel sous mes ordres. Ils ont manipulé Ryates comme je le voulais sous mes ordres. Ils sont mes trois derniers Agents de la Corruption.

- Mais que...

- Tais-toi, et observe un peu, Castel. Je vais te montrer un tour intéressant...

Venisi le dépassa et se posta devant la météorite, qui continuait de laisser s'échapper des volutes de ténèbres et d'ondes négatives. Elle posa une de ses mains décharnées dessus. Alors, le flux d'ondes de la météorite cessa. Les nuages noirs au dessus se dissipèrent. Un vent fort se leva, allant de tous cotés vers la météorite. Venisi, bien que ça semblait impossible, était en train d'aspirer toute l'énergie accumulée et débordante du Vifacier directement dans son corps. Elle devint une silhouette diffuse dans un éclat de couleurs sombres et tourbillonnantes, un chaos d'énergie et de contre-énergie, un trou dans l'espace-temps lui-même.

Quand tout cessa, l'atmosphère était redevenue normale. Le ciel aussi. La météorite de Vifacier, bien que toujours là, ne dégageait plus rien. Elle n'était plus qu'un morceau simple d'acier mort. Venisi, en revanche, avait changé. Sa robe et son voile avait disparu, ne laissant que son corps totalement nu. Un corps normal. La peau rose, des formes avenantes, un beau visage aux grands yeux verts et aux longs cheveux argentés. Ils avaient devant eux une jeune femme d'une vingtaine d'années, resplendissante dans son plus simple appareil. Enysia Haldar, telle qu'elle l'était de son vivant, il y a cinq cent ans.

Enysia inspecta son corps. Elle regarda ses bras, les effleura avec ses mains. Elle se toucha le visage, et descendit jusqu'aux seins. Elle se passa la main dans ses cheveux brillants et soyeux. Puis, après un moment de silence, elle éclata de rire. Si tout dans son image paraissait beau et désirable, son rire en était l'antithèse même. Un rire cruel, froid, purement maléfique.

- Cinq cent ans... fit-elle d'une voix émue. J'ai entendu cinq cent ans avec ce corps défaillant ! J'avais presque oublié la sensation d'un vrai corps vivant...

- Mère, vous êtes sublime ! S'exclama Adam avec admiration.

- N'est-ce pas ? Oui, mon corps et mon gentil air innocent ont toujours été mes armes les plus efficaces pour manipuler les hommes... tel ton idiot d'ancêtre ici présent !

Castel la regardait bouche bée, n'en croyant pas ses yeux.

- Q-que... Qu-qu'as tu...

- Oh, excuse-moi, mon chéri, sourit Enysia telle une enfant pris en faute. J'ai peur d'avoir un peu totalement vidé ta météorite. Toute l'énergie que tu as accumulée en provoquant douleur et chaos ici... est désormais en moi. Tu ne m'en veux pas, j'espère ?

- Im-impossible ! Balbutia Castel en reculant. Un être humain ne peut pas manipuler cette énergie, encore moins l'aspirer !

- Je le peux, et je l'ai fait. Car avec mon ancien corps, je n'étais pas vraiment vivante. C'est pour cela que j'ai fait en sorte de mourir puis de revenir avec ce corps mort. Mon plan de cinq cent ans a marché à merveille.

Castel cligna bêtement des yeux, n'arrivant pas à assimiler ce qui était en train de se dérouler devant lui. Dusan se décida enfin de prendre les devants.

- Je savais que vous n'étiez pas nette, vous, fit-il en pointa un doigt sur Enysia. Comment osez-vous vous rebeller contre Sa Majesté Castel ?! Je vais vous renvoyer à la tombe que vous n'auriez jamais dû quitter !

Il ramassa le pistolet dont Castel s'était servi pour abattre Zayne, et tira trois fois sur Enysia. Elle fut atteinte à la tête et à la poitrine, mais ne sembla guère s'en inquiéter. Souriant, Dusan pensait qu'il l'avait tuée, quand les trois blessures dans le corps d'Enysia se mirent à se refermer, le sang à disparaître comme par magie.

- Que...

- Insignifiant insecte, soupira Enysia. J'ai en moi une énergie infinie qui dilate le temps et l'espace lui-même ! Je suis immortelle.

Enysia s'approcha de Dusan, qui lâcha son arme et se mit à reculer avec crainte.

- N-ne m'approchez pas, abomination !

- Le descendant de Drayno, hein ? Ton ancêtre était bien plus avenant que toi. Mais tout aussi stupide. Lui aussi, je l'ai manipulé du début à la fin. Tu ne veux pas aller le rencontrer, insecte ?

Elle tendit la main. À peine toucha-t-elle le front de Dusan que le sénateur traître blêmit. Sa peau commença à virer au gris, à se détacher, comme s'il venait de gagner cent ans en une seule seconde.

- M-Majesté... balbutia-t-il en direction de Castel. Aidez-m...

Il tendit la main, qui tomba de son bras. Tout son corps fut réduit en os puis en poussière. Dusan Karsio avait été frappé par le pouvoir du Vifacier condensé dans le corps d'Enysia, qui lui avait volé en quelques instants le temps qui lui restait à vivre. Hilare, Adam applaudit comme un enfant devant un spectacle de magie.

- J'ai froid, dit Enysia. Et il me manque ma fidèle arme. Viens à moi, Shinecros.

Enysia tendit le bras vers son Pokemon Spectre. Il fondit vers sa maîtresse, mais son corps se dématérialisa. Dans une danse des ombres, l'habit rouge qui portait le spectre devint un manteau à capuchon qui tomba sur le corps nu d'Enysia. Quant à la faux qui constituait le bas du corps du Pokemon, il elle atterrit dans la main d'Enysia. Ainsi parée, avec sa toge rouge et sa longue faux, Enysia avait l'air encore plus terrible.

- Shinecros n'a jamais été un vrai Pokemon, expliqua Enysia à l'assistance médusée. C'était mon arme, une faux faite de Vifacier. Elle me permettait de me rendre invisible et de lire les pensées des personnes alentours. Vous savez que le Vifacier est un métal vivant et conscient, s'abreuvant des émotions négatives alentours. Sachant cela, j'ai effectué diverses expériences, et Shinecros s'est manifestée en un corps spectral. Comme je ne pouvais pas me présenter à Castel en manipulant une faux de Vifacier, j'ai gardé Shinecros près de moi comme étant mon Pokemon.

Enysia tourna ses yeux émeraude vers Castel, qui n'avait pas fait un geste, toujours sonné par la foudre.

- Tu as l'air troublé, mon amour. Je l'imagine fort bien. Toi qui pensais toujours tout contrôler, tu as en réalité passé ta vie... non, tes centaines de vies, à te faire toi-même contrôler.

- Pourquoi tu... Qui es-tu ? Demanda désespérément Castel.

- Ah, une question intelligente ! Il est vrai que tu ne m'as jamais réellement connue. Pour toi, à l'époque, je n'étais qu'une dresseuse belle et naïve qui avait rejoint ton nouveau royaume et ta rébellion contre la République. Enysia la douce, qu'on m'appelait. Enysia était bien mon vrai nom. Enysia, la neuvième Marquise des Ombres !

- M-marquise... répéta Castel sans comprendre.

Ce fut Anis qui prit la parole.

- Les Marquis des Ombres sont des individus qui ont abandonné leur corps et leur âme à Horrorscor, le Pokemon de la Corruption, expliqua-t-elle comme si elle lisait un livre. Ils hébergeaient en eux une partie de l'âme d'Horrorscor, et dirigeaient les Agents de la Corruption, une organisation centenaire dont le but était la résurrection d'Horrorscor et la corruption généralisée du monde.

Enysia adressa un sourire indulgent à Anis.

- C'est un beau résumé. J'ai rencontré mon prédécesseur, le huitième Marquis des Ombres, peu après notre rencontre, Castel. Le Seigneur Horrorscor, qui était en lui, m'a parlé. Il a vu en moi le potentiel de le servir. Il voulait un espion dans le royaume que tu venais juste de fonder ; quelqu'un qui pourrait le mener vers une guerre ouverte contre la République. Les guerres sont des choses merveilleuses, sais-tu Castel ? Il n'y a pas meilleur combustible pour la corruption. Alors, j'ai joué le rôle de la dresseuse pure et gentille que tu connaissais. Je t'ai séduit, et tu m'as très vite épousé. Tout le monde m'aimait et m'admirait, pendant que moi, grâce à Shinecros, je contaminais l'esprit de tes sujets en les exacerbant d'émotions négatives contre la République. Le Cinhol que tu avais fondé au début se voulait pacifique, rappelle-toi. Toi-même, tu désirais la paix avec la République. Mais peu à peu, grâce à moi, vous vous êtes tous transformés en amoureux de la guerre.

Enysia éclata à nouveau de son rire effrayant.

- Je ne m'étais jamais autant amusée ! Jour après jour, je découvrais que le Seigneur Horrorscor avait raison : il n'y avait rien de plus malléable que l'esprit des humains. Avec juste un petit coup de pouce, d'un peu de Vifacier, et tout un royaume m'appartenait. Seul Uriel semblait commencer à se méfier de moi, à un moment. Il était plus intelligent que vous tous réunis, mais au final, même lui n'a pas su percer mon masque. Le Seigneur Horrorscor était satisfait de moi. Il a abandonné son hôte, le huitième Marquis, et est venu en moi. J'étais la nouvelle chef des Agents de la Corruption, et le royaume de Cinhol appartenait corps et âme à mon maître.

Tout en parlant, Enysia marchait en cercle, faisant tournoyer sa Shinecros.

- Notre plan était de provoquer la ruine de toute la région Bakan en lançant Cinhol contre la République. Mais il se passa alors quelque chose que je n'avais pas prévu, mais qui s'avéra être une bénédiction. Grâce à Shinecros, je sentais une présence de Vifacier au dessus de nous, dans l'espace. Pour un possesseur de Vifacier comme moi, un rocher de cette taille ne pouvait pas passer inaperçu. C'était un vestige de l'ancienne civilisation des Primordiaux ; peut-être de la bataille qui a eu lieu entre leur empire et le Grand Forgeron. Je demandai alors à mes trois fidèles serviteurs du Trio des Ombres de la dévier et de la faire s'écraser sur Terre, à Cinhol. Un tel bloc de Vifacier aurait pu contenir une énergie illimitée ! Mon maître la convoitait. Mais ça aurait été difficile de se l'approprier. Il fallait déjà la charger en énergie négative, ce qui nécessitait des malheurs et des morts en série. Et il fallait ensuite pouvoir la contrôler, ce qu'aucun être vivant ne pouvait faire. Seule la race oubliée des Primordiaux était capable de contrôler cette puissance. Alors, avec mon maître, nous avons hourdi un plan. Un long, très très long plan, qui connait son dénouement aujourd'hui.

Comme envouté, Castel ne perdait pas un mot de ses paroles. Tous les autres aussi, sauf Erend, toujours prostré devant son frère agonisant, et Leaf, qui tentait de stopper l'hémorragie.

- Je devais corrompre encore plus le royaume pour qu'il commette de quoi remplir la météorite d'énergie négative, continua Enysia. Ce fut facile. C'est moi qui t'ai soufflé à l'oreille l'idée de te forger une épée surpuissante avec la météorite. Tu as su convaincre Uriel de faire de même. Avec Meminyar et Sifulis, vous êtes devenus plus puissants, et aussi plus réceptifs à mes manipulations mentales. Sans vous en rendre compte, tous les deux, vous ne faisiez qu'emmagasiner de l'énergie négative pour le Vifacier. La météorite se chargeait bien plus vite que prévu, et je devais passer à la seconde étape ; celle qui m'aurait permis de prendre possession de cette énergie, une fois la météorite chargée. Pour cela, je devais mourir. Avec mon corps normal, aspirer cette puissance m'aurait fait exploser. Le Vifacier réagit face à la vie, mais est totalement inactif sur les morts. Or, le Seigneur Horrorscor, qui a lui-même transcendé la mort, était le seul à connaître les moyens nécessaires pour ranimer les cadavres. Le Seigneur Horrorscor a donc quitté mon corps pour prendre possession de celui de mon successeur, le 10ème Marquis. Et moi, j'ai marché à ma mort, me sacrifiant pour le plan du Seigneur Horrorscor. Ce plan prévoyait que le Seigneur Horrorscor te donne les moyens de me ressusciter. Tu aurais pensé que c'était ton œuvre, et moi, j'aurai bénéficié d'un corps mort avec lequel j'aurai pu aspirer l'énergie de la météorite. Avec ce pouvoir qui défait le temps et l'espace, j'aurai retrouvé mon ancien corps, et je serai devenue l'arme la plus puissant du Maître de la Corruption ! Tout était parfait. Mais toi, Castel, tu as failli tout gâcher !

Pour la première fois depuis le début, Enysia avait l'air en colère.

- Ma mort t'a rendu fou. Tu as sombré dans le désespoir le plus profond, et au lieu de te tourner vers le Seigneur Horrorscor, tu as contacté ce Grand Forgeron, qui t'a demandé de détruire ce monde pour lui. Tu aurais utilisé toute la puissance de la météorite pour la faire exploser, et toi avec, sans possibilité de me ressusciter. Je n'avais pas prévu ça, ni le Seigneur Horrorscor. La faiblesse mentale des humains s'était retournée contre nous. Heureusement, mon fidèle Trio des Ombres a magnifiquement œuvré. Pour sauver la météorite, ils se sont servis d'Uriel, qu'ils ont poussé à l'affrontement contre toi. En lui donnant Peine, ils ont pu contrôler en partie son âme. Uriel t'a empêché de commettre ton projet dément. La météorite fut déchargée, et projetée dans un monde parallèle, mais au moins elle était intacte. Le plan de mon maître avait connu un contretemps, mais pas un échec. Nous pouvions recommencer. Il suffisait de se servir de toi et de tes descendants pour recharger à nouveau la météorite. Mais avant bien sûr, je devais revenir. Le Trio des Ombres, qui était lié à Peine dans l'Ancien Monde, était donc indisponible. Nous avons alors compté sur ton Grand Forgeron. Ses connaissances sur le corps humains et le Vifacier, mêlé à la sombre magie de la corruption, ont pu me faire revenir via mon cadavre, déjà bien abimé. Un corps désagréable et repoussant, mais qui était nécessaire à mon plan.

Enysia s'arrêta de marcher en rond, adressant un sourire enjôleur à son ancien époux.

- Vois comment la chance favorise le Seigneur Horrorscor ! À cause de l'accident quand Uriel a planté Peine dans la météorite, tu étais prisonnier d'une boucle temporelle, vieillissant et rajeunissant à l'infini. Tu dépendais entièrement de moi pour manipuler tes héritiers. Je les ai discrètement poussés à la guerre. Leur soif de conquête dans ce nouveau monde a peu à peu rechargé la météorite de Vifacier. Mais nous étions bloqués dans ce monde. Il ne m'aurait servi à rien de m'emparer du pouvoir que je convoitais à ce moment là. J'ai donc décidé de d'abord la recharger suffisamment pour te libérer de cette boucle, puis te pousser à la conquête de l'Ancien Monde. Un tout petit contretemps. Dans notre monde, le Seigneur Horrorscor s'est servi du Vifacier résiduel pour créer les anneaux de transfert, et me les faire parvenir. Puis est venu Ryates, cet humain qui avait trouvé Peine, et que mon Trio des Ombres avait corrompu. Il pensait servir Uriel, mais il ne servait que moi. Que ce soit toi, Uriel ou Ryates, vous étiez tous des pions pour moi !

Apparemment fatiguée de parler, la Marquise des Ombres s'adossa nonchalamment sur la météorite désormais inerte.

- La suite, tu la connais. Uriel, par le biais de Ryates, a tenté de te tuer alors que tu étais redevenu bébé. Pour survivre, tu as dû fuir dans l'Ancien Monde, où une nouvelle personnalité a fini par émerger. Moi, de mon coté, je me servais de Ryates pour corrompre cette fille, Nirina. Par ses actions, elle a terminé de recharger la météorite. Puis tu es revenu, Castel. Grâce au pouvoir du Vifacier, tu as éliminé Uriel et tu t'es libéré de ta prison temporelle. La météorite avait été légèrement déchargée à cause de ça, mais en l'amenant ici, dans l'Ancien Monde, elle a vite retrouvé l'énergie nécessaire pendant que tu t'amusais à brûler vifs les gens. J'ai attendu qu'elle soit chargée et que mon cher Adam me rejoigne. Maintenant, tout est accompli. Ce pouvoir est mien, et je m'en servirai pour exaucer le vœu le plus cher du Seigneur Horrorscor. Et ce n'est pas la destruction du monde. La mort généralisée n'amène aucune corruption.

Castel resta silencieux, dévisageant Enysia comme s'il n'avait rien compris. Puis finalement, avec un calme étonnant, il secoua la tête.

- Non.

- Non ? Répéta Enysia.

- Tout cela ne se peut pas. C'est... c'est une blague, hein Enysia ? Parce que... parce que, tout ce que j'ai fait jusque là, c'était... pour toi. Mon amertume, ma colère contre l'Ancien Monde, pendant cinq cent ans... TOUT CELA, C'ÉTAIT POUR TOI ! Et tu... tu me dis que c'était faux, tout ça ? Juste... une illusion ?

Enysia éclata de rire, et à ce moment précis, il aurait été difficile de ne pas éprouver de la pitié pour Castel.

- Parfaitement Castel. Une illusion que j'ai forgée. Tu n'étais qu'un moyen d'atteindre mes objectifs. Je n'ai jamais cessé d'utiliser mon contrôle mental sur toi, sauf au moment bien sûr où j'étais morte, et où tu as perdu la tête. Mais depuis que j'ai commencé à parler, je l'ai relâché. Sens-tu la différence, Castel ? Mesures-tu à quel point tu t'es fait manipuler ? Qu'est-ce que ça te fait, d'avoir l'esprit libre après cinq cent ans ?!

Des flammes s'élevèrent tout autour de Castel, et son armure Hafodes devint incandescente. Après le choc et la surprise, après la peine et le désespoir, venait la colère. Une colère, une haine comme Castel n'en avait jamais ressenti. Et son Revêtarme y répondit. Les flammes d'Hafodes montèrent jusqu'à Meminyar, et, les yeux exorbités, Castel chargea sur la Marquise des Ombres.

- EEEEEENYSIAAAA !

- Tu es bruyant. Ferme-la.

Enysia le repoussa sans bouger, seulement d'un geste de la main. Ce fut comme si Castel était comprimé par son armure, et que cette dernière l'avait ramené en arrière. Les pièces rouges et grises de son Revêtarme commencèrent à trembler et à bouger.

- Qu'est-ce que...?!

- Maintenant que je dispose de l'énergie du Vifacier, je contrôle ce métal, expliqua Enysia. C'est comme si j'étais devenue un Primordial. Les Dieux Guerriers m'obéiront, quelque soit leur volonté !

Castel hurla, et son armure se détacha de son corps. Les pièces se rassemblèrent pour redevenir la forme Arme d'Hafodes, et la fourche alla docilement se loger dans la main d'Enysia. Elle fit ensuite de même avec le trident de Triseïdon qui gisait à coté de Zayne.

- Des Pokemon intéressants, que ces Dieux Guerriers, commenta Enysia. Si je pouvais trouver Ecleus et les réunir tous les trois, la légende de l'ancien royaume de Texteel veut qu'un quatrième Dieu Guerrier apparaisse ; l'Empereur d'Acier, celui qui contrôle les trois autres. Mais, avec mon pouvoir, je n'en saurais que faire. Tiens, Adam. Je te les offres.

Elle poussa les deux Armes vers son complice, qui, émerveillé comme un enfant, en prit une dans chaque main.

- C'est trop génial, Mère ! On se sent si puissant quand on tient ces trucs...

Le jeune homme se mit à regarder Castel, qui se relevait difficilement, d'un air gourmand.

- Alors... mon vénérable ancêtre veut peut-être savoir ce que ça fait que d'être de l'autre coté d'un Dieu Guerrier ? Vous vous servez du feu depuis si longtemps. Peut-être y êtes-vous immunisé ?

Adam pointa la fourche de Hafodes vers Castel, et un jet de flamme en jailli. Castel esquiva au dernier moment, mais fut tout de même touché au visage. Il poussa un hurlement terrible et se mit à gesticuler au sol, se couvrant les mains sur le coté droit de son visage que les flammes étaient en train de dévorer. Adam Haldar éclata de rire. Enysia claqua des doigts et dissipa les flammes sur Castel comme par magie.

- Ne le tue pas, mon petit, fit-elle en réprimandant Adam. Pas immédiatement, du moins. Je veux qu'il vive assez longtemps pour qu'il soit témoin de mon triomphe. Tu pourras t'amuser avec lui plus tard.

- Bien mère, fit docilement Adam.

Castel gémissait au sol. Toute la partie droite de son visage en partant de son cou avait brûlée, laissant la chair brouillée, purulente. Une partie de ses cheveux était partie en fumée, et son œil droit avait, semblait-il, fondu dans son orbite. Il tendit désespérément le bras vers Enysia.

- Rends-le-moi... Hafodes... Il est à m-moi...

- Quelle déchéance, mon doux roi... Tu as tout perdu, et tu viens de perdre même ta belle figure. C'est ce qui me plaisait le plus chez toi, et qui a rendu ma tâche de jouer ta fidèle épouse un peu plus supportable. À présent repose-toi, et regarde l'œuvre que je vais mener à bien.

Enysia s'en retourna, mais elle fut soudainement arrêtée par plusieurs cordages de métal brun. Syal venait de déployer le cuivre qu'elle gardait tour de son bras.

- J'ai pas tout bien saisi ce qui venait de se passer, avoua-t-elle, mais j'en ai compris assez pour savoir que tu es une ordure, ma belle. Je me fiche que tu ais manipulé cet imbécile de roitelet, mais c'est toi qui a brouillé l'esprit à l'Amiral Rashok. Je ne te le pardonnerai jamais !

Enysia la regarda comme si une mouche venait de la défier en duel. Deornas se plaça à ses cotés, de même qu'Anis.

- Quoi que vous ayez prévu, nous ne vous laisseront pas faire, déclara l'historienne. Jamais rien de bon, dans l'Histoire, n'est sorti des agissements des serviteurs du Maître de la Corruption.

- Vous avez sali Cinhol et sa grandeur, cracha Deornas. Vous êtes responsable de tous les maux qui nous ont frappés, et vous avez corrompu la lignée des Haldar. Je le jure par mon nom ; je vous empêcherai de nuire une minute de plus !

Adam ricana.

- Ton nom, cousin ? Nous savons tous les deux qu'il n'est pas vraiment le tien. Astarias Haldar n'a jamais eu l'occasion d'engendrer un héritier, et ne l'aura plus jamais à présent. À ce propos, excuse-moi hein ? Je t'avais dit que je ne le tuerai pas, mais il se peut que j'ai un peu menti...

Comprenant ce que ces paroles impliquaient, Deornas perdit son sang-froid et fonça en hurlant, l'épée au poing, sur Adam. Ce dernier le ramena bien vite à sa place avec un jet d'eau glacé sorti de Triseïdon.

- Quand j'y pense... j'aurai bien aimé tuer cette prétentieuse de Nirina, commenta Adam. Dur de croire qu'elle est ma demi-sœur, hein ? Couler dans l'eau gelée du nord a été une mort bien trop douce pour elle. Enfin, tant pis. Je me rattraperai en m'occupant de son gosse, cet Alroy. Moi seul doit avoir le privilège de poursuivre la lignée Haldar ! Je serai le roi des deux mondes après que Mère ait conquit les cieux !

- Conquérir les cieux ? Répéta Anis, perplexe.

Enysia sourit. Elle brisa les liens de cuivre de Syal comme s'il s'agissait de polystyrène, et s'expliqua.

- Il y avait un but à tout ça. Je n'ai pas pris le pouvoir du bloc de Vifacier pour rien. Je l'ai fait pour éliminer quelqu'un. Un être tout puissant que mon Seigneur Horrorscor déteste par-dessus tout. Une fois que je l'aurai tué, je prendrai sa place et je gouvernerai l'existence même au nom de mon maître.

Enysia écarta les bras, une lueur démente dans son regard.

- Je vais éliminer Arceus ! Ce soi-disant dieu omnipotent qui se terre dans sa dimension propre ! Grâce au pouvoir qui est le mien, je domine l'espace-temps ! Je peux ouvrir une porte jusqu'à son monde, et il prendra la pleine mesure de ma puissance ! C'est Arceus qui maintient l'équilibre du monde et la paix entre humains et Pokemon. Quand il aura disparu, le monde sombrera très vite dans la corruption la plus totale ! Il n'y aura plus de Sauveur du Millénaire, plus de paix factice entre humains et Pokemon. Ce sera mon règne. Un règne où je ferai ce que bon me semble, en tant que nouvelle déesse de ce monde !

Ebranlée, même Anis ne trouva pas quoi répondre. Ce fut Erend qui, relevant enfin la tête de son frère terrassé, fusilla la Marquise des Ombres du regard.

- Vous êtes folle. Arceus n'est pas seulement qu'un Pokemon. Il est un symbole, le rassemblement de toute la foi de l'humanité, de son espoir envers l'avenir, de sa cohésion. Une femme pleine de désirs égoïstes comme vous ne pourra jamais faire tomber cela.

- Tu es mignon, répondit Enysia. J'ai l'impression d'entendre Uriel parler à ta place. Que de nostalgie... Il était un grand rêveur idéaliste, lui aussi. Hélas pour toi, personne ne peut m'arrêter. Le Sauveur du Millénaire n'est qu'un mythe. Il ne sauvera ni Arceus, ni ce monde.

Enysia ouvrit grand les bras, et son visage se crispa en un effort notable. Alors, peu à peu, une porte immatérielle s'ouvrit devant elle, vers un endroit plein de couleur qui semblait flotter dans l'espace.

- Je vous laisse, fit Enysia en y pénétrant. J'ai un dieu à tuer.

Elle franchit le portail, et Adam et le Trio des Ombres à sa suite, avant qu'il ne se referme.