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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 11/10/2015 à 19:26
» Dernière mise à jour le 12/10/2015 à 08:05

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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092 - Spassiba, Do Svidaniya !
« Le regard indifférent est un perpétuel adieu »
(Malcolm de Chazal)

« Anouchka j'trouve ça plus mignon ! »
(Steven à Ana dans le chapitre 50, Ogoesse contre Méanville 3)

« Dans la ronde des fous, elle pleure tout doux »
(Mylène Farmer, Tristana)



Elle échangeait poliment avec l'interprète qui lui avait été fourni, un certain Miller qui avait pris Russe à la fac. Par chance pour elle, elle n'avait jamais été méchante ni vindicative, et même ce qui s'était passé aujourd'hui ne la mettrait pas en rogne.

- Elle dit... que... ce n'est pas l'heure de manger ?!

Reiner et Mars regardèrent l'interprète, puis regardèrent Ana qui haussa les épaules.

- Bon dieu, Miller, vous parlez russe au moins ?
- Oui, et c'est ce qu'elle vient de dire ! Que ce n'était pas l'heure de manger !
- ... Demandez-lui de répondre sérieusement !

L'interprète soupira.

- Mozhete li vy otvetit' ser'yezno , pozhaluysta?
- Vstav'te gorchitsu v knige finansov !

L'inspecteur Reiner et le cadet Jason Mars regardèrent l'interprète, perplexe.

- Elle m'a dit, texto – et je vous le jure sur mon diplôme d'interprète – que je devais « Insérer de la moutarde dans le livre de finance ! »

Ana hocha la tête.

- Postav'te gorchitsu , pozhaluysta, ser !

Reiner grommela.

- Ok, ça suffit, Sevreska, on vous a vu parler français en salle d'attente, ne nous faites pas marcher !
- Nosite etu staruyu viski svetlyye sud'ye, chto kurit !

L'interprète leva les bras, décontenancé.

- Elle a dit ? marmonna Jason.
- Elle a dit « Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume » !
- ... euh...
- Quel juge ?! Pourquoi du whisky ?! grommela Reiner.
- Inspecteur, laissez-moi faire... soupira Jason. Demandez-lui qui nous sommes.

Miller s'exécuta.

- Vy znayete , kto eti gospoda ?

Ana regarda l'inspecteur Reiner et le cadet Jason Mars qui buvait un verre d'eau.

- Narodnii komissariat vnoutrennikh diel

Jason recracha son verre. Reiner haussa les sourcils. Miller serra les dents.

- Quoi ? Quoi, elle a dit quoi ? Vous avez compris, Mars ?!
- Elle... Elle vient de dire « Commissariat du peuple aux affaires intérieures »...
- Oui, c'est un peu ce qu'on est. Bon, enfin elle redevient sérieuse...
- C'est le NKVD ! gronda Jason, au bord de l'étouffement.

Reiner haussa les sourcils. Miller serra les dents.

- Les grandes purges, les goulags... la répression sous Staline...

Reiner grimaçait de plus en plus. Il regarda Ana.

- Elle nous traite de nazis ?!
- N... Inspecteur... geignit Jason.
- Na oskorbitel'nogo vlasti tol'ko.

Miller serra les dents.

- Quoi ? Elle a dit quoi ?!
- ... d'autorité abusive, seulement.

Ana hocha la tête. Avec son petit bras en écharpe, elle n'était pas du tout impressionnante et encore moins en position de faire la maligne.

Reiner se frictionna le visage. Mars soupira

- Et je suppose qu'elle va nous demander d'arrêter Roland Smirnoff...
- Niet, ya ne zabotyatsya o Roland Smirnoff.

Miller s'étonna.

- Elle vient de dire qu'elle s'en foutait complètement de Roland Smirnoff.
- ... vraiment ?

Ana acquiesça.

- Merveilleux, ça a de moins en moins de sens...
- Izvinite.
- Elle s'en excuse.
- Au moins, elle comprend ce qu'on dit... marmonna Jason.

Reiner inspira, lassé.

- C'est vrai, ça... Elle veut juste nous emmerder et nous faire perdre notre temps !
- Izvinite ! sourit Ana.
- Bon, alors celle-là s'est contentée de contester notre autorité et elle se moque de Roland Smirnoff... Bien bien bien... vous étiez à l'étage avec votre amie Fey, à première vue vous n'avez pas fait grand-chose, mais vous vous êtes quand même fait sacrément mal au bras...

Ana regarda son bras en écharpe. Elle secoua la tête.

- Ca ne me fait plus mal.
- Et vous avez oublié de parler russe...
- Vous devenez moins méchant, je deviens moins embêtante, c'est logique.

Reiner agita la tête. Ana soupira.

. Je ne comprends pas pourquoi vous nous interrogez en fait.
- Mais vous vous moquez de Roland Smirnoff... s'étonna Jason Mars.
- C'est un homme espiègle et méchant mais c'est juste un fou. Je ne sais pas qui il faut arrêter, c'est votre rôle à vous. Je ne pense pas que ce soit madame Clover non plus.

Reiner soupira.

- Comme vous dites, c'est notre rôle, et si on a arrêté votre prof, c'est pour une bonne raison.
- D'accord. C'est tout ?
- Oui, on va poursuivre nos interrogatoires.
- Si ça vous fait plaisir.
- Vous pouvez sortir.
- Spassiba, Do Svidaniya.

Ana se leva et sortit. Elle franchit le couloir et vit la salle d'attente. Steven était toujours au trente-sixième dessous. Elle soupira et s'approcha de lui.

- Steven, tout ira bien.

Steven releva la tête.

- Je suis sûre que tout ira bien. Monsieur Jackson a dit que tout irait bien.

Steven renifla et acquiesça.

- Je sais... Tu peux... soit essayer de trouver le doc, soit essayer d'avoir des nouvelles de Mike ?

Ana se mordilla les lèvres. Elle aurait voulu retrouver sa mère et partir de cet endroit au plus vite. Rentrer chez elle et pleurer. Après tout ce qu'elle avait vu, ce qu'elle avait subi et ce qu'elle avait fait, elle voulait juste prendre une longue douche et dormir pendant un mois entier.

- S'teuplait, Ana...
- Je vais voir, mais je ne peux rien garantir.
- J'comprends...

Ana regarda Lucy et Quinn.

- Francis... ?
- Dans la nature, on aura des nouvelles de lui quand il aura envie qu'on en ait, je suppose... marmonna Lucy.
- Retrouve Mike et Fey, Ana, c'est le mieux que tu aies à faire ! admit Quinn.

Ana hocha la tête. Fey. Sa meilleure amie. Savoir qu'elle est en sécurité. La douche attendra.

- Eh bien, à plus tard... Si je ne vous revois pas...
- On se retrouvera à l'aéroport ! assura Robbie.

Ana sourit et hocha la tête.

- Hm...
- Putain, y'a ça aussi... geignit Steven qui se confondit de nouveau en sanglots.

Ana souffla et tourna les talons, pas d'attaque pour consoler Steven. Elle croisa sa mère.

- Ana !!
- Maman !

Ludmilla Sevreska serra sa fille dans ses bras.

- Bon sang, Ana !
- Pardon maman !
- Je vous ai vus à la télévision, Ana, mon dieu !!
- Pardon maman, il fallait qu'on le fasse !
- Et après ce sont les occidentaux qui disent que la Russie est un pays étrange !
- Je sais, maman, je sais...

La femme russe blonde regarda sa fille.

- Tu es bien la fille de ton père !
- Maman, est-ce que tu peux m'emmener au centre de détention, je dois retrouver Fey !

Ludmilla se mordilla les lèvres.

- Tu ne préfèrerais pas quitter cet endroit ? C'est stressant tous ces policiers...
- Si, mais il faut que je retrouve Fey, je ne peux pas la laisser !

Ludmilla hocha la tête.

- S'il le faut...
- Il le faut.

Ana et sa mère se dirigèrent vers la sortie.

- Ana !

Elle se tourna vers Clive et Andréa.

- Qu'est-ce que vous faites encore ici ? s'étonna Ana.
- On sait pas trop, on veut connaître le fin mot de l'histoire en fait... marmonna Clive.
- Tu vas où ?! s'étonna Andréa.
- Retrouver Fey. Vous devriez vous rendre utiles vous aussi, vous savez où est madame Clover ?

Clive et Andréa se regardèrent et haussèrent les épaules.

- Clive, tu ne peux pas la laisser comme ça ! geignit Ana.
- Pourquoi moi, j'ai rien fait, j'ai juste répondu aux questions des keufs !

Andréa regarda Clive.

- C'est un peu après ton interrogatoire qu'ils l'ont arrêté !
- Euh, meuf, y'a eu Gina et Holly après moi ! Ok ? Elles ont tout à fait pu impliquer la prof !

Ana et Andréa semblaient en douter. Ludmilla ne comprenait rien, et pourtant elle parlait français plutôt couramment. Clive grommela.

- Ok, O-K. J'ai dit aux profs qu'elle avait fourni les Méga-Gemmes et les Gemmes-Sésames.
- CLIVE ! grommela Ana.
- Merde, mais t'es CON ! gronda Andréa en frappant son ami à l'épaule.
- C'est bon, ils vont pas la tuer !... la torturer, au pire...

Andréa grommela et envoya un SMS.

- J'espère que ça va pas l'embêter...
- Je vais retrouver Fey au centre de détention, vous essayez de la libérer, s'il vous plait ! souffla Ana.
- T'inquiète pas, Ana, je vais le fouetter pour qu'il le fasse ! grogna Andréa.
- Tu sais TRES BIEN que je vais aimer ça ! souffla Clive.

Andréa reçut une réponse.

- Bingo ! Je sais où elle est.
- Eh bah on y va... soupira Clive.

Ana sortit avec sa mère, un peu choquée.

- Tu as des amis vraiment bizarres...
- Oui mais ce sont des amis, maman. Les amis sont toujours un peu bizarres, non ?

Ludmilla serra les dents alors qu'elles prenaient la voiture.


***

- Quoi ?!

Ludmilla hocha la tête.

- Je suis désolée, ma chérie. A la fin de l'année, on repart à Saint-Petersbourg.

Ana secoua la tête. Sa mère lui annonçait ça comme ça, au petit déjeuner.

- Mais... mais j'ai une vie ici, j'ai des amis, et...
- Le chantier de ton père se termine cette année, il prend sa retraite et va revenir en ville, on va le rejoindre, et dans le même temps j'ai une opportunité de travail. Et surtout, il y a de bien meilleures opportunités scolaires pour toi.

Ana grimaça, gênée. Quitter cette vie, c'était une chose, mais retrouver son père était très important aussi.

- A la fin de l'année alors...
- Un peu après ta remise de diplômes.

Ana hocha la tête.

- Je vais pas commencer à me rebeller maintenant, hein...
- Je sais que c'est difficile pour toi...

Ana hocha rapidement la tête.

- D'accord, je ne vais pas faire de problèmes.
- Je suis désolée.

Ana souffla.

- D'ailleurs j'ai rendez-vous avec ma probable future patronne cet après-midi...

***

Réveil. Il ouvre les yeux, doucement. C'est genre super bizarre. Quelque chose ne va pas. Hey, y'a un truc à côté de lui. Mince.

- Gnnn... Dégage...

Un bon coup d'épaule bien placé et voilà l'importun par terre.

- AOUCH ! HEY !

Wallace se releva dans son lit, intrigué. Il vit alors qu'il avait bousculé Tristan hors de son lit.

- Oups... euh... 'solé...
- Non mais ça va pas ?! Tu m'as dit « Dégage » ?! T'es sérieux ?!

Wallace regarda Tristan. Y'a des conversations qu'on doit pas avoir tout nu. Ca décrédibilise un peu trop le truc.

- Euh... nan, je... pensais à mettre un truc en gage, tu vois. Plusieurs ! Plusieurs trucs en gage, d'où le « des gages » tu vois !
- Wallace... grommela Tristan, très mal réveillé.
- Ok, ok, chassez le naturel, il revient au galop, tu vois le genre !

Tristan grimaça.

- Ca... ne justifie absolument rien !
- Je sais, mais tu sais très bien que je suis nul pour m'expliquer !

Tristan soupira et se releva. Wallace se coucha sur le flanc.

- C'était génial, hier !
- Hm. Je m'attendais pas vraiment à ce que ça finisse comme ça, mais...
- Oh arrête, tu m'as fait du pied toute la soirée !

Tristan leva les yeux au ciel.

- Je pensais qu'on allait juste s'embrasser et puis au revoir, pas rentrer chez toi complètement bourrés et baiser jusqu'à deux heures du mat !
- Dis aussi que je t'ai violé !
- Presque ! grommela Tristan, à moitié sarcastique.
- Bah voyons...

Wallace s'assit au bord de son lit.

- En même temps, j'ai pris un gros risque en t'amenant ici.
- Et... en quoi ?

Wallace inspira.

***

Tristan était un peu gêné. Carl Gribble le regardait comme si c'était un animal bizarre. Wallace était tout aussi embarrassé. Margaret s'efforçait d'avoir l'air le moins gênée possible.

- Vous auriez pu rentrer par la porte, au moins... soupira Margaret.
- On voulait pas vous réveiller, maman... grommela Wallace.
- Comment vous avez escaladé le muret ?! s'étonna Margaret.
- Euuuh...

Tristan se souvenait, lui. Il se rappelait avoir rampé. Il se souvenait de Wallace, tombant sur lui et éclatant de rire. Il se rappela du baiser langoureux sur la pelouse, puis des efforts terribles pour rejoindre la baie vitrée avant de frôler l'attentat à la pudeur. Il secoua la tête. « Bon sang, je suis devenu dégoûtant à plusieurs niveaux de juridiction... »

- ... vaut mieux pas poser certaines questions, maman ! souffla Wallace.

Tristan agita la tête. Carl inspira.

- Vous... sortez ensemble alors ?!

Tristan et Wallace se regardèrent.

- En... quelque...
- P... Disons que...
- C'est compliqué...
- Absolument pas !

Wallace cessa net. Tristan grimaça.

- On sort ensemble !
- Oui bah oui !
- Alors pourquoi tu bafouilles ?!

Carl et Margaret regardèrent leur fils qui lançait des regards furtifs de tous les côtés.

- Parce que c'est mes parents et que c'est le genre de trucs un peu chaud à annoncer à ses parents ! C'est un peu genre la première fois que j'ai une vraie relation avec quelqu'un !

Margaret sembla soulagée.

- Ah ! Eh bien la prochaine fois, vous entrerez par la porte !
- Oui mamaaaan...
- Et si ça dure, Tristan aura son double des clés !
- Dheu... geignit Tristan.
- Tu sais pas où t'arrêter, maman... soupira Wallace.

Carl inspira. Wallace pencha la tête.

- Un souci, p'pa ?
- Nan... J'pensais qu'tu sortirais avec un mec, un vrai, pas...
- CARL !
- Excuse-moi, mais de le voir avec un mecton comme ça...
- Je ne suis pas un « mecton »... geignit Tristan.
- Carl, ce sont des préjugés !
- C'est toi qui me dis ça ?!
- Mon père est parti avec un homme aussi masculin que toi donc oui, ce sont des préjugés !

Tristan regarda Wallace d'un air abasourdi. Le plus grand des deux leva les yeux au ciel et regarda Tristan.

- Tu veux VRAIMENT savoir ???
- ... En tout cas merci pour le petit déjeuner, madame Gribble... désolé de pas être entré par la porte ! souffla Tristan.

Margaret inspira.

- Ce n'est rien... et pour l'intrusion... connaissant Wallace, chassez le naturel, il revient au galop...

Tristan haussa les sourcils. Wallace se frictionna le visage.

- Je veux mourir...
- C'est la gueule de bois qui parle, fiston... marmonna Carl en sirotant son café.

***

- Alors tes parents SAVENT que tu t'es tapé la moitié d'Ogoesse !
- Oh bon sang...
- Entre ça et la façon dont tu m'as traité ce matin...
- Tristan, putain, on peut pas passer à autre chose ? Ça me gonfle, là !

Tristan grommela alors que le... duo... couple... l'assemblage... arrivait à l'école.

- Il va falloir qu'on en parle.
- Ou pas. Je sais même pas c'est QUOI, ton problème !

Lucy, Quinn et Francis observaient, intrigués.

- De l'eau dans le gaz... marmonna Lucy.
- Ça coince dans les roulements... sourit Quinn.
- Y'a du wasabi dans le salami ! admit Francis.

Tristan soupira.

- Je commence à me demander si je compte vraiment pour toi ou si tu me vois seulement comme un plan cul de plus...
- Meeeeerde, j'ai couché avec Christina Rockwell !
- Quoi mais pourquoi tu dis ça ?!
- Tu chipotes sur des CONNERIES, voilà pourquoi. Putain, après tout ce qu'on a traversé ensemble, tu crois VRAIMENT que je te prends pour un simple plan cul ???

Tristan inspira. Wallace souffla.

- Tu m'as poussé hors de ton lit !
- Et je t'ai demandé de dégager et ensuite je t'ai viré de chez à moi à coups de pied dans le cul, et ensuite je t'ai jeté le contenu du pot de chambre à la gueule !
- Ne minimise pas, bon sang !
- Minimiser quoi, y'a RIEN ! Rien plus rien plus rien, ça fait toujours RIEN ! cria Wallace, excédé.

Tristan soupira et partit en avant. Wallace aperçut Gina, Holly, Lilian et Léon qui l'observaient.

- Quoi ?
- Rien, rien...
- Nan, ouais, rien...
- Tant mieux, parce que vu votre passif sentimental respectif, vous avez genre à peine le droit de me regarder de haut, ok ? grommela Wallace.
- Vu TON passif sentimental, on a PLUS que le droit de te regarder de haut ! rétorqua Gina.
- Tu m'étonnes, rien que pour te confesser ça te prendrait un mois, alors pour expier... admit Holly.

Wallace soupira. Les deux filles se retournèrent et ricanèrent.

- Maintenant qu'il a besoin de nous, il peut plus nous répondre comme avant ! sourit Holly.
- Victoire des bombasses !! sourit Gina.

Lilian et Léon se regardèrent, intrigués.

Wallace souffla. « Au moins aucun d'entre eux n'a mis son uniforme, comme prévu... »

Le jeune homme leva les yeux au ciel face à l'évidence qui l'attendait devant les marches. « Han NON ! »

- Et tu sais ce qu'il me dit ? Tu SAIS ce qu'il me dit ?

Walter serra les dents, embarrassé.

- Il me dit : « DEGAGE » ! Et une fois devant ses parents, monsieur joue les saintes-nitouches, genre « On sort peut-être probablement ensemble, genre on essaie », il se fout de ma gueule, oui !

Wallace regarda le ciel. Temps clair. « Pas de foudre... Super... »

- Tristan, tu devrais commencer par te calmer...
- Me calmer ? Mais enfin t'as vu comme il me traite ?
- Quelle surprise, hein ?

Tristan resta muet de stupeur face à cette remarque. Wallace hésita à éviter la chose. « Faut bien que quelqu'un monte Walter... »

- Tristan Edison, qu'est-ce que tu fais à mon petit ami ?

Walter et Tristan se tournèrent vers Naomi, furieuse. Tristan agita les mains.

- M...m-m-moi, rien !
- Alors laisse-le tranquille ! Je dois le monter en haut des escaliers !

Tristan s'éloigna, gêné. Il chercha Wallace des yeux mais ne le trouva pas.

- Bah... ?!

Wallace essayait de rejoindre la cour haute par le biais du muret. Qui était haut. Clive et Andréa le regardaient, éberlués.

- Vous savez pas ce que c'est ! Gnnn...
- Tu fais quoi ? s'étonna Clive en voyant Andréa saisir son téléphone.
- Qu'est-ce que tu crois, je préviens Santana !

Wallace grommela et sortit Chartor. Le Pokémon regarda son maître.

- Fais-moi la courte échelle, Tabasco !

Chartor pencha la tête sur le côté et approcha. Wallace parvint à monter sur sa carapace et à monter le mur.

- Cool ! Merci mon vieux !

Wallace rappela son Pokémon et se retourna vers... Ana et Fey, sur un banc. Et la petite Ana en larmes.

- ... Un problème ?!

Fey regarda Wallace.

- Elle repart en Russie à la fin de l'année !
- ... merde.

Ana essuya quelques sanglots.

- C'est pas dramatique, c'est juste que je me plaisais tellement ici !
- T'as essayé d'en parler à tes parents ? s'étonna Wallace.
- Elle vit seule avec sa mère, son père est en Russie, c'est pour ça qu'elle y retourne !

Wallace hocha la tête.

- Ok, ok... Euh, bah, désolé, Ana...

Ana inspira.

- C'est... pas si grave ! Ça devait arriver un jour ou l'autre, après tout...
- On pourra toujours se revoir ou s'écrire ! Si un jour je me marie avec James, tu as intérêt à prendre l'avion !

Ana ricana. Wallace inspira.

- A côté de ça, mes stupides problèmes de couple ont l'air un peu naze !
- Pourquoi t'es monté par là au fait ?! s'étonna Fey.

Wallace serra les dents.

- Je veux éviter Tristan.
- Oh, Wallace ! soupira Ana.
- J'y peux rien, il veut absolument qu'on se dispute parce que je l'ai poussé hors du lit ce matin !

Fey et Ana se regardèrent.

- Pourquoi... s'étonna Fey.
- Pourquoi tu l'as poussé ?! continua Ana.
- Bah... sur le coup, j'ai dit que c'était parce que j'avais l'habitude... La plupart du temps, quand j'ai un plan cul, bah...

Les filles serrèrent les dents.

- ... vous voyez le genre !
- Nnnnon... marmonna Fey.
- Pas du tout... geignit Ana.
- Et merde ! Trop tard !!

Wallace se tourna vers Santana, visiblement déçue.

- Andréa m'a dit que tu rampais comme un Tadmorv !
- Andréa n'est pas une fille de confiance.
- Euuuuh, si, Andréa est une fille de confiance, elle n'a pas dit un seul mensonge depuis l'école préparatoire !
- Que tu dis. Tu veux bien rassurer Ana qui va être extradée vers la Russie pour cause de trafic d'ours en monocycle portant un fez ?

Santana regarda Ana, un peu secouée.

- ... Dis-toi qu'au moins tu vas échapper à Steven !
- Steven... qu'est-ce que je vais lui dire ?! geignit Ana.
- Qu'est-ce qu'il y a ?

Les trois filles et Wallace se tournèrent vers Steven.

- ... Je... dois trouver un chien et des crackers au fromage ! souffla Wallace.
- Et moi... me préparer à ce casting pour... être une chinoise dans un jeu de combat ! souffla Santana.

Les deux s'éloignèrent.

- Faut se retourner, faut se retourner, on doit être témoins de cette scène le jour où ils vont se marier ! grommela Santana.
- Putain, j'ai pas rechargé la batterie de mon téléphone, je peux pas filmer, MERDE !
- Andréa ! Andréa doit filmer !! geignit Santana en envoyant un SMS.
- Andréa ne pourrait pas filmer un Coxy cul-de-jatte !
- Mais pourquoi tu fais pas confiance à Andréa ?!
- Rejet naturel homme gay – fille bisexuelle ! assura Wallace.

Steven regarda Ana alors que Fey semblait embarrassée. « Merci Wallace, je dois tout me taper en direct... »

- Je... repars en Russie à la fin de l'année.

Steven plissa les yeux.

- M... comment ça ?!
- La situation va s'améliorer pour nous là-bas. Mieux qu'ici.

Steven regarda Ana qui semblait désolée. Le blond souffla et tourna les talons.

- Okay bah éclate-toi bien là-bas alors.

Steven se dirigea vers le rang de la classe d'un pas décidé. Wallace et Santana observaient, surpris.

- Ah bah... rien ?! s'étonna Santana.
- Cette journée est décidément de plus en plus décevante...

Naomi et Walter arrivèrent auprès d'eux.

- Perrine et Robbie se coltinent ton stupide petit copain qui se plaint comme un petit bourgeois français, tu veux pas aller lui donner la fessée un bon coup ?
- Déjà fait hier soir ! soupira Wallace.
- Pourquoi je dois systématiquement me trouver à portée d'oreille de ça ?! soupira Santana.
- J'suis là, faut filmer quoi ?

Tout le monde regarda Andréa, stupéfaits. Naomi leva les yeux au ciel.

- Allons nous mettre en rang, c'est l'heure de notre attentat annuel...

Les élèves se dirigèrent vers leur rang. Tristan était bien loin de Wallace, clairement fâché. Tino, Benjamin et Orson l'observaient, méfiants.

- Vous ne devinerez jamais ce qu'il m'a fait...
- Je refuse de deviner ! geignit Orson en levant les mains.
- Moïse me sauve... geignit Benjamin.
- Tristan, je suis en train de désobéir au règlement intérieur de mon établissement scolaire pour la millième fois ce cycle, mes parents commencent à se poser des questions quant à la qualité de mon engagement scolaire, alors non, je ne devinerai jamais ce qu'il t'a fait, je m'en moque et surtout, bordel, je t'avais prévenu ! soupira Tino.

Tristan soupira en fermant les yeux.

- C'est épuisant !
- Mais tu dois en passer par là, sinon le moment où tout ira bien ne sera pas aussi gratifiant.

Tristan regarda Christina qui haussa les épaules. Tristan acquiesça.

Les surveillants les entourèrent dès le départ. Les élèves restèrent immobiles. Fey souffla. « Si y'en a un qui me cogne et que je perds le bébé de James, je te TUE, Wallace Gribble. »

- Troisième année un !! cria un surveillant.

Orson transpirait à grosses gouttes. Steven soupira en baissant la tête. « Putain, elle s'en va... Fait chier... Mais pourquoi elle s'en va ?! Pourquoi ça me fait autant chier ? Pourquoi j'arrive pas à lui dire que ça me fait chier ? Si je lui dis elle va me prendre pour un faible, voilà pourquoi !! »

- Où sont vos uniformes ?

Les vingt-huit élèves étaient les seuls de toute l'école habillés normalement. Les autres élèves les regardèrent, stupéfaits.

« Au moins, on a l'air cool... » admit Mike.
« C'est l'année de toutes les compromissions, voilà que je me conforme à une petite rébellion... Je vais finir employé de bureau à ce rythme... » soupira Clive.
« Ne hurle pas, Tino, c'est pour la bonne cause... probablement... »
« Ne pas me faire pipi dessus, ne pas me faire pipi dessus... » geignit Orson.
« Touchez-moi et mon père vous envoie dans des camps de travail en Corée du Nord ! » grogna intérieurement Rebecca.
« Pourvu que le timing soit bon... » songea Walter.

- C'est une blague, Troisième Année Un ?

Wallace inspira alors que chacun joua son rôle à la perfection.

- Chef, non, chef !

Robbie s'avança.

- Nous agissons de notre propre volonté, nous nous opposons à ce règlement répressif. Nous ne porterons plus ces uniformes !

Perrine leva les yeux au ciel. « J'aurais largement préféré que Steven le fasse... »
Steven soupira. « Putain, pourquoi j'ai perdu à la courte-paille ?! »
Andréa regarda les surveillantes. « Y'a des bonasses dans le tas n'empêche. »
Les surveillants toisèrent Robbie qui semblait cependant très mal à l'aise. « Putain, il est où le gong qui est censé me sauver, là ? »

- Très bien, puisque vous faites les malins. Emmenez-moi ce crétin en isolement !

Naomi serra les dents. Wallace plissa les yeux. Tristan se crispa. « Merde. J'en étais sûr. Ça allait forcément foirer. Merde. »
Christina tourna la tête et sembla soulagée. Les surveillants se tournèrent vers pas moins de trois équipes de reporters en camion.

- Ça tourne ? Ok ! Nous nous trouvons à Ogoesse, ou une classe de troisième année a décidé de s'opposer publiquement à la politique du Président Truce. La réaction des surveillants ne s'est pas fait attendre.

Léon et Lilian observaient les surveillants en tenue noire qui les encerclaient, menaçants. Robbie souffla, déchargé d'un poids immense. « La prochaine fois, c'est Steven, moi j'le fais plus !! »
Walter hocha la tête en fermant les yeux. « Le système fonctionne ! »
Wallace sourit. « Cette année devient enfin épique... »

- Vous n'avez pas le droit !! Hey !! La presse n'a pas le droit de fouiner dans une école !! Ordre de monsieur Truce !
- Sauf si un affilié du Gouvernement les y autorise !

Rachid, Armando et Noa arrivèrent. Les surveillants esquissèrent un mouvement de recul. Perrine sourit le plus discrètement possible. « C'est donc ça, l'effet que ça fait d'avoir des relations dans le grand monde... »
Santana ne se gêna pas. « C'est grisant tout ce danger ! »
Un des surveillants saisit un talkie-walkie.

- Madame Tenorman, nous avons un code rouge ! Madame !

***

Dans son grand bureau, Justin Truce haussa un sourcil.

- Non mais je REVE...

Sophia Dawn n'en revenait pas elle-même. Elle se tourna vers Justin.

- Que fait-on ?! C'est problématique !

[« Jeune homme, au nom de qui agissez-vous ? »

La journaliste s'adressait à Orson Bertelin.

« Euuuuh, euuuh au... nom... d'Holland Tenorman. Nous... Nous agissons, pour une nouvelle Poképolis ! »]

Truce frappa du poing contre la table.

- Comment ce petit... ce sale petit... délinquant ose... Gnnnn ! Maudit Smirnoff, il a endoctriné ces gosses et maintenant...

Justin pressa un bouton sur son téléphone.

« Justin ? »
- Seth, est-ce que tu regardes la télévision ?
« ... je ne veux rien avoir à faire avec ton activité de Président, je croyais avoir été assez clair. Tu as eu ce que tu voulais. Je ne suis pas ta première Dame. A ce soir. »

Justin coupa la conversation. Sophia ne savait plus où se mettre face à une telle boule de rage.

***

Seth regarda son téléphone. « Je sais très bien ce que tu vas faire. Et je vais tout faire pour t'en empêcher... »

Il regarda la télévision et observa le sourire discret de Wallace Gribble dans la rangée d'élèves. Il soupira et regarda Vivien Atkins, plongé dans un travail intense. Teresa Torres entra dans le bureau avec un tas de paperasse.

- Voilà les dossiers que vous devez numériser, monsieur Corrigan.

Seth inspira et prit la pile de dossiers. Teresa le regarda, maléfique.

- J'espère que vous serez présent à mon pot d'intronisation en tant que Directrice Générale de Direction Dresseurs !
- Oui, c'est fort probable. Je tiens même à faire un discours.

Teresa perdit son sourire. Seth la regarda froidement et s'attela au scan des dossiers. « Un de ces jours, vieille carne, un de ces jours... »

***

Holland n'en revenait pas. Helen, qui prenait le petit déjeuner avec lui, était tout aussi surprise.

- Mais qu'est-ce qui leur prend ?
- Tu veux dire que c'est pas ton idée ?! s'étonna Holland.
- Mais non ! Mes bébés ont tellement grandi !! sourit Helen.

Couafarel et Miradar dormaient blottis l'un contre l'autre. Holland sirota son café.

- Si tes élèves commencent à réagir, il va falloir que je m'y mette aussi.
- Ah non ! Tu dois avant tout te remettre ! Et ensuite on verra ça !

Holland inspira.

- Encore que j'ignore contre qui je dois me battre.
- ... Oui, c'est vrai que ce serait plus facile si tu te rappelais de qui t'a tiré dessus...

Holland inspira en hochant la tête.

- De ton côté...
- De mon côté, je me prépare à entrer dans l'histoire...

Helen lisait un livre de Kalos sur les Méga-Gemmes.

- Je me demande qui a mis ce livre sous moi pendant mon coma...
- Tu te poses VRAIMENT la question ? soupira Helen.

***

Il n'était même pas neuf heures du matin que Roland Smirnoff était déjà au vin rouge. Il savourait la scène alors que Sacha Ketchum se coupait les ongles de pied.

- Sacrée bande de petits merdeux...
- Ils ont fait exactement ce que j'attendais d'eux... sourit Roland en sirotant sa vinasse.
- J'appelle tes larbins ?
- Seulement Dimitri, tu lui dis de se mettre en veille sur les réseaux sociaux. Je veux connaître les tendances Twitter. Dis-lui d'activer le filtre anti Pétasses-de-15-ans-fans-de-chanteurs-mâles-beaux-mais-sales.

Sacha hocha la tête tout en s'attaquant au gros orteil.

- Maintenant !
- P'taiiin...

***

- Madame Tenorman ne répond pas.
- On écoute qui, alors ?

Un téléphone sonna. La classe était isolée et immobile, observée par tous, élèves comme surveillants comme journaliste comme trio de champions d'arène.

- Allô ? M...

Le surveillant regarda ses collègues.

- Oui, monsieur Truce...

Wallace haussa les sourcils. « C'est du sérieux... »
Violette soupira. « Dans cet épisode de 'Ma vie à l'école', la matinée consista en un joyeux sit-in... »
Benjamin regarda les caméras. « Mes parents me regardent, là ? »
Walter envoya un sms collectif que les élèves reçurent tous en même temps.

[Personne ne bouge. Plus ça dure longtemps, mieux c'est.]

- Mais on a le droit de s'asseoir quand même ??? glapit Rebecca.

Tout le monde la regarda. Elle leva les yeux au ciel.

- Oh, pardon, la prochaine fois j'enverrais un MAIL !
- Calme-toiiii... grommela Mike.
- Je suis une fille de bonne famille, moi, pas une militante !
- Parce que tu crois qu'on en est, nous ? soupira Tino.

Ana souffla et regarda Fey.

- Ca va aller ?
- Mais oui... Au pire on va s'asseoir !

Le surveillant sortit de son appel.

- Que les autres classes rentrent en cours !

Les surveillants donnèrent l'ordre aux autres classes d'avancer. Les première années s'exécutèrent. Les seconde années furent un peu plus mous. Les troisième années...

- Pourquoi ils se font pas engueuler ? C'est pas juste ! grogna Philippe Campton.
- Ouais, c'est quoi ce favoritisme à deux balles ?! souffla Billy Marsden.
- Nous aussi on va enlever nos uniformes !

La classe regarda Jimmy Hanson qui baissa la tête.

- On reste, nous aussi ! annonça Jeannot.
- Si ils restent, on reste ! cria Nicolas Bundy.
- Ca paraît clair ! Vive la justice ! sourit Desmond Freski en rehaussant ses lunettes.
- On reste aussi, pas question d'avoir cours pendant que les trois autres classes de troisième année font grève ! souffla Elliot Steinberg.
- HEY LES SECONDE ANNEES ! ON FAIT GREVE, RAMENEZ VOS CULS ! cria Rhonda Mortes.

Les élèves se dispersèrent dans les jardins sous les regards médusés des surveillants.

Les première années n'eurent même pas besoin d'être prévenus, du coup.

- Appelez le proviseur ! Ainsi que la police !

Les élèves se regardèrent. Walter soupira et lâcha comme ça, l'air de rien :

- Sauf que les policiers ne peuvent pas nous arrêter pour un souci en interne, ce serait comme arrêter un salarié parce qu'il a désobéi à un ordre de son supérieur.

Les surveillants se regardèrent. Naomi sourit.

- Tu avais raison, aucune épine dorsale...
- La machine est tellement bien huilée qu'un simple grain de sable la dérègle complètement.
- Ok, tout le monde s'assoit par terre sauf Walter ! cria Wallace.
- Ha-ha. Très drôle... souffla Walter.
- Avoue que tu es jaloux de notre privilège ! sourit ironiquement Perrine.

Les élèves s'assirent. Sauf Tino.

- Tu vas pas recommencer... soupira Clive.

Christina observa Tino, surprise. Orson, Benjamin et Tristan semblaient à peine étonnés. Wallace regarda négligemment Tino.

- Messieurs les surveillants, laissez-moi vous faire la liste des lois fédérales que vous violez en tentant de faire appliquer votre règlement liberticide. Et je sais que les lois et les règlements ne se confondent généralement pas, mais il faut savoir être rationnel. La première de ces lois, c'est le libre-arbitre ! Nous...

Wallace sourit et se pencha vers Perrine.

- Je mise sur deux suicides !
- Pourquoi t'es aussi merdique avec Tristan ?
- ... Haaaaan mais c'est pas vrai, Truman, tu vas pas t'y mettre aussi !!
- Ecoute, si t'aimes pas sa compagnie, laisse-le partir !
- J'aime sa compagnie, c'est son caractère de merde que j'aime pas !
- S'il pique des crises c'est parce que t'es pas fiable du tout, c'est dur de savoir ce que tu penses quand on te connait pas bien !

Wallace soupira.

- Chaque petite connerie que je fais devient un motif de guerre !
- Laisse couler, il est tendu, il a peur que ça foire entre vous...
- Et moi, tu crois quoi ?! C'est ma première vraie relation et j'ai l'impression d'être complètement à chier !
- Bah dis-lui, ça !

Wallace regarda Naomi.

- De quoi je me mêle ?
- On est en plein air, tu parles fort, j'écoute.
- Même moi j'ai tout entendu ! souffla Walter.
- Moi j'ai entendu et c'est beau d'entendre que tu es sensible ! sourit Quinn en se retournant.
- Mais oui il est tout mignon notre Wallace ! sourit Francis.
- Retournez-vous, vous me dégoûtez, bande de sales hétérosexuels !! grogna Wallace.

Ana inspira. Fey souffla. Les surveillants leur tournaient autour. Fey était plus que stressée par cette farandole. De surcroît, elle était en bout de file, et donc à découvert.

- Je déteste cette école, je déteste cette classe, je déteste ma vie actuellement.
- Calme-toi... geignit Ana.
- Qu'est-ce qu'elle a ? s'étonna James.
- C'est une meuf, elles fait n'importe quoi, comme toutes les meufs.

James, Mike et Rebecca regardèrent Steven. Fey leva les yeux au ciel.

- Et j'en ai assez, depuis trois ans, de me coltiner ce CONNARD !
- Oh lala, pauvre de moi, pauvre Fey, je suis grosse, black et stupide, TA-BOUCHE !
- Vieux... soupira James en levant le poing.
- Mais frappe-moi, James, ça changera rien au fait que ta meuf fait chier tout le monde !
- GNNNNNNNN !

Fey se jeta sur Steven et le plaqua au sol. Mike, Rebecca, James et Ana se relevèrent, surpris.

- Hey !! s'étonnèrent Clive et Andréa, juste devant avec les jumeaux, Gina et Holly.
- TU LA FERMES ! JE FAIS CHIER SI JE VEUX ! J'EN AI MARRE DE TE SUPPORTER TOI ET MIKE, VOUS ME GONFLEZ, VOUS M'EXASPEREZ, MAIS JE SUIS OBLIGEE DE FAIRE AVEC PARCE QUE...

Elle empoigna Steven et le souleva au-dessus du sol.

- AU SECOURS, ELLE VA ME TUER !!! hurla Steven.
- ...VOUS ETES LES POTES DEBILES DE JAMES ! JE FAIS UN EFFORT SURHUMAIN POUR RESPIRER LE MEME AIR QUE VOUS DEUX, ALORS LE MOINS QUE TU PUISSES FAIRE C'EST DE FERMER TA GRANDE GUEULE HISTOIRE DE TE RENDRE UN TANT SOIT PEU VIVAAAAAAAAAABLE !!!

Elle le balança quelques mètres plus loin sur le bitume, devant les regards étonnés de toute la classe, des surveillants, des journalistes de télévision...

***

- ... est-ce que mon bébé vient de dire tous ces gros mots ??? cria la mère de Fey, estomaquée.

Le père de Fey hocha la tête, tout aussi médusé.

***

Mais surtout, maintenant qu'elle était la seule à être debout, centre de l'attention, furieuse et haletante...

***

- ... est-ce que mon bébé est EN-CEIIIINTEEEEUUUHHHH ???

Le père de Fey saisit le téléphone et composa le numéro du médecin traitant tandis que sa femme s'évanouissait de tout son poids sur le tapis du salon.

***

- Sullivan, tu m'appelles l'administration centrale tout de suite et tu leur signales qu'on a une étudiante enceinte !

Fey haussa les sourcils et regarda son ventre mal couvert et un peu trop bien rond, laissant peu de place au doute.

- Han non...

Tino en avait cessé son laïus et était, tout comme les autres, absolument choqué.

- T'es en cloque ? Putain pas étonnant que tu sois aussi foldingue !

Mike serra les dents. Le surveillant nommé Sullivan attrapa son émetteur. Wallace regarda Fey qui paniqua.

- J... J... Non !

Elle sortit son Lockpin.

- Fey, non ! cria Wallace.
- N'appelez personne !
- Fey ! cria Ana.
- Si vous croyez me menacer avec un Lockpin !
- Fey, arrête, tu vas te créer des problèmes !
- J'ai DEJA des problèmes maintenant !

Pour ne rien arranger...

- Mais qu'est-ce qui se passe ?! C'est quoi ce baz... han, encore cette classe !

Aloysius Grant, le proviseur, arriva, exténué d'avance.

- Messieurs, qu'est-ce que vous attendez pour les forcer à aller en cours ?
- Ils ont rameuté des journalistes et visiblement ils connaissent leurs droits.
- Vous avez appelé la présidence de l'association ?
- Oui. Des mesures sont en cours.

Naomi se mordilla les lèvres. « Des mesures, hein... »

- En attendant, monsieur le proviseur, une de vos élèves est enceinte. Celle-là, la.

Fey stressa. Lockpin attendait les ordres.

- Oh bon sang. Vous m'aurez TOUT fait ! Et que fait ce Pokémon dehors ? Vous êtes censés être en cours ! Rappelez ce Pokémon !
- Non !
- Pardon ?!

Fey regarda autour d'elle, un peu paumée.

- Je... je veux la garantie que je pourrais continuer à aller en cours !
- Pardon ? Vous êtes enceinte, mademoiselle, le règlement est très clair...

Fey serra les dents. Wallace se leva.

- Vous pouvez pas faire ça à mon enfant !

Naomi, Walter, Perrine, Robbie, Tristan, James, Mike, Rebecca, Steven... Tout le monde quoi, regarda Wallace comme s'il était devenu complètement demeuré.

- ... Vous ?! Je croyais que vous étiez... impliqué... avec... un jeune homme !
- Quoi, vous êtes biphobe, maintenant ?!
- Biquoi ?! s'estomaqua le proviseur.
- Biphobe, contre la bisexualité !

Tristan regarda les autres, soufflés. Il leva les mains.

- N... je vous expliquerai !

Andréa haussa les sourcils et regarda Fey.

- Eh bah putain, t'es vraiment une coquine, toi !

Fey tombait des nues.

- Le règlement est clair, elle ne peut pas poursuivre ses études !
- Mais si, elle a juste besoin d'un environnement calme, et on proteste justement pour que Fey puisse avoir son bébé sans être stressée tous les matins !
- Je croyais qu'on essayait de bousiller le syst...
- Chut !! grommela Christina en bâillonnant Orson.
- Et où sont vos uniformes ? Bon sang de bois, j'en ai assez de votre classe ! Votre professeur principal n'a pas cours aujourd'hui, en plus...
- Monsieur le proviseur !

Les journalistes s'approchèrent de l'administrateur.

- Hein ? Mais ils font quoi ici eux ?!
- Monsieur le proviseur, est-ce que vous venez vraiment de dire à cette pauvre jeune fille qu'elle devait arrêter ses études parce qu'elle était enceinte ?!
- M... C'est le règlement...
- Et ne pensez-vous pas que le règlement est un peu inhumain ?
- Vous n'avez pas à être ici, c'est un espace interdit à toute presse, ce qui se passe ici reste ici, c'est une infraction de la séparation très claire entre mon autorité et celle du g...
- Pas si on supervise tout ça ! sourit Noa.
- T'es coincé, mec ! sourit Armando.
- Répondez à cette dame ! sourit Rachid.

Wallace s'avança.

- S'il vous plait, pour mon bébé fruit de la bisexualité interraciale ! Je veux qu'il naisse avant mon opération de changement de sexe !

Naomi leva les yeux au ciel, outrée. Walter se saisit le visage entre ses mains. Perrine se mit à rire nerveusement. Robbie la regarda.

- Désolée, c'est nerveux ! Ça m'arrive généralement quand je voudrais exploser en mille morceaux plutôt que de continuer à vivre et entendre ce genre de conneries !
- Pourquoi ne pas simplement souhaiter être sourde ?! s'étonna Robbie.
- C'est pas aussi drôle !

Les journalistes harcelaient le proviseur.

- Votre école prône-t-elle l'intolérance vis-à-vis des minorités ?
- Êtes-vous contre les relations interraciales ?
- Pourquoi une réaction aussi rétrograde envers cette jeune élève afro-poképolite enceinte d'une jeune élève trans blanche et bisexuelle ?
- Allez-vous aussi expulser cette jeune élève transsexuelle à cause de sa différence ?

Wallace acquiesça, ravi.

- Et en plus, ils utilisent les bons pronoms ! Comment qu'on est trop progressistes dans notre pays !!
- Tout ce politiquement correct me donne envie de vomir... soupira Clive, aux abois.
- Achevez-moi... geignit Santana avec douleur.
- Il reste sept heures avant la fin de la journée... clama Lucy.

***

- Mars, qu'est-ce que vous faites ?

Le jeune homme rangea son téléphone.

- Je répondais à un message, inspecteur...
- Vous croyez que c'est le moment de répondre à votre maman pour lui dire ce que vous allez manger ce soir ?!

Jason Mars leva les yeux au ciel.

- Tout cela ne nous mène à rien... J'ai le sentiment que tout se déroule à l'extérieur pendant que nous recueillons des informations inutiles... Demandez un rapport sur les interrogatoires du centre de détention, ça nous aidera.
- Bien.
- Et dites à votre mère que vous allez rentrer tard.

Reiner s'éloigna. Mars souffla et passa un appel.

- ... Oui ? Tu es folle !... Ok, mais ce n'est pas une raison pour... Vu ton statut dans cette affaire, je ne peux pas... Ecoute, ce qui s'est passé entre nous était génial mais je ne veux plus que tu me rappelles !... Comment ça, tu...

Le téléphone de Jason vibra. Il reçut une photo très indécente. Suivie du message : « C'est dans la mémoire de ton téléphone, maintenant ! ^^ »

- ... misère...

***

Ana arriva à la prison. Le parking s'était avéré plutôt calme.

- Je veux voir James Pitterson...

Le type de la réception soupira.

- Pitterson... L'élève de la classe de tarés... Toujours enfermé.

Ana souffla.

- Je peux le voir ?
- Ca va être un peu compliqué.

Ana hocha la tête. Ludmilla s'étonna.

- Ce n'est pas possible ?
- On attend le retour d'une déposition envoyée au commissariat. Si le commissaire donne son accord, c'est bon.

Ana souffla, pas très fan de tous ces trucs bureaucratiques.

- Les gars, faut que vous regardiez ça !
- C'est le commissaire Nolan, il est à la télé !
- Sérieux ? La vache !
- Quoi ?! s'étonna Ana.

Ana et sa mère approchèrent alors que la journaliste parlait à la télévision.

[- Nous apprenons avec stupeur que le commissaire Sacha Nolan est en fuite vers une destination inconnue et poursuivi par deux voitures. On m'apprend que nous sommes en ligne avec Roland Smirnoff...

« Ouais, je voulais juste dire à la présentatrice qu'elle était vraiment douée pour la levrette et que si elle continue à dire de la merde sur cette poursuite super cool, je publie toutes les photos crades que j'ai d'elle. Oui, même celle où elle a le Crustabri à l'air en regardant l'objectif avec un doigt dans la bouche. C'était Roland Smirnoff, à vous les rigolos. »

La journaliste réapparut à l'écran, stupéfaite.

- Euh... nous... allons passer à un sujet tout autre... Le... marché du camembert s'effondre...]

Ana secoua la tête et se retourna vers sa mère, abasourdie.

- Il est comme ça, il fait toujours ça.
- Et... et vous avez suivi cet homme ?
- Disons qu'on n'avait pas toutes les informations, maman...
- Ana !!

Fey se précipita vers Ana, suivie par Mike. Ana enlaça son amie d'un bras.

- Vous allez bien ?
- On attend le retour du commissaire !
- Apparemment il est poursuivi par Roland Smirnoff ! Ils l'ont dit à la télévision !

Fey et Mike regardèrent Ludmilla qui confirma d'un hochement de tête.

- Maman, je te présente Mike, un autre élève de ma classe.
- En fait j'ai entendu parler de vous tous à la télévision, je vous connais presque maintenant ! admit Ludmilla.

Mike sourit.

- J'aurais préféré que ça se fasse autrement ! Enchanté, madame.
- Si le commissaire est dans la nature, qui décide de la libération de votre ami ? questionna Ludmilla.

Mike, Fey et Ana se regardèrent.

***

- J'adorerai vous aider mais je suis obligé de les suivre, cette affaire est trop compliquée !
- C'est qui ? demanda Roland.
- Mike Denton !
- So useless... marmonna Roland avec mépris.
- Jeune homme, si le commissaire s'avère incompétent, il faut vous tourner vers l'avocat général...
« Je croyais que vous étiez censé me protéger MOI ! »
- L'ordre des priorités a changé !
« Ouais, vaut mieux les deux petits blancs que le petit noir qui veut aider son gros pote black, c'est ça ?
- Ne parle pas comme ça au nabot psychopathe du gouvernement ! geignit Fey »

Layton leva les yeux au ciel, énervé. « Qu'est-ce que j'ai été lui raconter mon histoire pour lui dire qu'on faisait tous des erreurs, moi ??? Gnnn !! »
Rebecca se retourna vers Violette.

- Tu te rappelles quand tu étais juste lesbienne, que j'étais juste conne, et que la vie était méga simple ?
- M'en parle pas... soupira la jeune fille.

Layton souffla et retrouva sa contenance.

- Dirigez-vous vers le tribunal d'Ogoesse, donnez-leur votre nom, je m'occupe du reste !

Layton compulsa son téléphone. Rebecca, à côté de Roland, regarda ce dernier.

- Vous êtes content ?
- Pas trop, non, pas en ce moment, me parle pas pendant que je conduis pu-TAIN.
- Vous avez foutu une sacrée merde, mais là j'ai vraiment l'impression que vous en subissez vraiment les conséquences.

Roland serra les dents.

- Est-ce que je suis inquiète pour Lilian et Léon ? Oui. Est-ce que je suis inquiète pour votre femme et vos enfants, vers chez qui de toute évidence on se dirige sinon vous ne seriez pas aussi tendu...

Roland commença à grogner. Rebecca agitait les mains, certaine de sa dominance.

- Rebecca... geignit Violette.
- ... Pas vraiment parce que c'est de la pure justice karmique. Vous payez pour tout ce que vous nous avez fait, et je trouve ça absolument normal.
- Tu veux descendre de la voiture sans que je ne m'arrête ?
- Non.
- Alors ferme ta grande bouche !!

Rebecca hocha la tête en souriant, satisfaite.

***

Ana et Fey regardèrent Mike qui soupira.

- Direction le tribunal, alors.
- Ca n'en finit pas... souffla Ludmilla.
- Tu peux nous emmener ?

La mère d'Ana souffla.

- J'ai le choix ?
- Je reste ici, je ne peux pas quitter James, et j'ai peur qu'ils le transfèrent comme Amélia...

Ana et Mike se regardèrent.

- On n'a pas vraiment le temps de s'inquiéter pour elle, je présume... souffla Mike.
- Pas trop, non... admit Ana.


***

Lola Prutt avait eu une longue carrière.

Elle avait beau être très âgée, elle faisait tout avec lenteur et affection.

Ainsi, quand elle avait vu que sa classe était vide ce matin, elle se contenta de hausser les épaules et de poser ses affaires à côté de son bureau comme chaque matin.

Elle chercha ensuite ses élèves en déambulant dans les couloirs d'un pas ferme et assuré mais néanmoins d'allure normale, sans se presser. Rien ne pressait, après tout.

Elle avait toujours respecté à la lettre ce principe primordial : Tout vient à point à qui sait attendre.

Elle constata rapidement que les élèves étaient dissipés aujourd'hui, et que c'était probablement à mettre sur le compte d'une sorte de grève. Elle acquiesça, semblant comprendre pourquoi. Elle décida de sortir par le parking afin de rejoindre sa voiture, histoire de faire un tour pour examiner la situation sans trop se faire remarquer, ignorant que les professeurs comme elle se faisaient souvent attaquer sur les parkings d'établissements scolaires.

N'avait-elle donc pas lu l'histoire depuis le début ?

En fait, l'histoire, elle en faisait déjà partie et depuis bien longtemps. Donc elle savait, et c'est tout juste si elle ne s'y attendait pas, en fait.

Sur le parking, donc, elle vit un 4x4 débarquer. L'engin se gara et il en sortit une bande de gros bras portant l'uniforme de l'association Pokémon.

- Madame Torres a dit de faire place nette. En tant qu'étudiants de Direction Dresseurs, faisant partie du groupe d'action Poképolis Unie, notre mission est de... ?
- MAINTENIR L'ORDRE !
- Voilà. Allez, on va casser du rebelle !

Lola s'approcha de ces messieurs qui avaient l'air fort sympathiques.

- Excusez-moi...
- Oui, madame ?
- Vous appartenez à l'association Pokémon ?
- Oui madame. Notre chef Teresa Torres nous a ordonné de mettre un terme à l'irresponsable comportement de la classe de Troisième Année Un.
- Nous avons le droit d'employer tous les moyens possibles.
- Leur refus de porter l'uniforme scolaire et de rentrer en classe est inadmissible.
- Il salit l'association, il salit le gouvernement, il salit notre patrie.

Lola hocha la tête.

- D'accord. Je comprends mieux la situation. Merci, on va gagner beaucoup de temps.

Roucarnage se posa aux côtés de sa maîtresse. Les étudiants ne comprirent pas tout de suite. Lola saisit une chaîne autour de son cou d'où émergea une Gemme Sésame. La Roucarnagite autour du cou de l'oiseau se mit à luire.

Stupéfaits, les hommes de Teresa regardèrent Roucarnage devenir Méga-Roucarnage.

- Mais...
- Vous... Vous êtes qui, putain ?
- Disons, cent quatre-vingt-dix kilomètres vers l'est. Vent Violent.

Méga-Roucarnage croisa les ailes et les décroisa, créant une puissante tempête qui emporta le petit groupe au loin. Lola les regarda voler, le même air paisible de vieille dame sur son visage.

- Bon, bon, bon. Ils vont atterrir à Kalos, c'est plutôt loin. Eh bien voilà une bonne chose de faite. Mes élèves font donc une petite grève. C'est mignon tout plein. Allons les chercher. Oh, on a oublié leur voiture !

Lola et Méga-Roucarnage fixaient le 4x4 des étudiants.

- Cent quatre-vingt-dix kilomètres vers l'ouest. Vent Violent.

Méga-Roucarnage déplaça le véhicule qui vola droit dans les cieux.

- Droit dans le Mont Couronné. Cela me rappelle le bon vieux temps, quand Monsieur me demandait d'expulser les indésirables... ah, mon petit Rourou, comme mes années de service me manquent !

***

Tandis que le proviseur était en pleine explication ultra-maladroite de la politique de l'établissement à l'encontre des couples interraciaux et intersexuels, Ana s'occupait de Steven.

- Elle a failli me tuer une fois de plus !
- Tu vas toujours trop loin avec elle, et puis avec sa grossesse, ça n'a rien arrangé...
- Laisse-moi deviner, tout le monde savait sauf moi ?
- Toutes les filles savaient. Tu te souviens du jour où on s'est toutes enfermées dans les toilettes ?

Steven ricana.

- Putain, on a cru que vous faisiez une espèce de réunion de crise pour une épilation ratée !
- Nan, pas vraiment ! sourit Ana.

Steven observa le sourire d'Ana qui s'en aperçut. Elle souffla.

- Steven, j'ai des sentiments pour toi.

Le blond fit de très gros yeux.

- C'est inutile que je le nie. Au début je... ne voulais pas trop le dire parce que tu te ferais des idées et vu ton comportement avec les femmes...
- J'te ferais jamais de mal, Anouchka...
- Je sais, je sais... Enfin, je sais maintenant. Parce que... j'ai bien vu que ça n'allait pas en ce moment... et du coup j'ai vu une autre facette de toi, mais...

Steven écoutait comme si sa vie en dépendait.

- ... mais je ne peux pas sortir avec toi parce que justement je savais que ce jour-là arriverait, que je devrais repartir.
- J'apprendrais le russe. J'te suivrais. J'suis prêt à quitter ce pays pourri-là pour te suivre dans ton pays pourri à toi !
- Je sais, c'est juste que... je préfère qu'on reste amis, sinon je vais avoir des regrets... et j'en ai eu bien assez en laissant mon père là-bas. Je sais trop ce que ça fait.

Steven hocha la tête. Il se jura intérieurement de tout faire pour la rejoindre, mais il la gênerait en le disant à voix haute. Il se contenta de hocher la tête, donc.

- Ok bah... On va profiter du temps qui te reste ici pour que tu testes plein de trucs !

Ana regarda Steven, interloquée.

- ... comme les milkshakes Nutella-Beurre de Cacahuète !
- ... Ça doit être dégoûtant !
- Nan, nan, c'est super bon, ok après tu dors plus de la nuit...

Mike sourit. Il regarda Rebecca.

- Alors comme ça vous gardiez toutes le secret ?
- Oui, enfin, c'est pas comme si on avait eu des efforts surhumains à faire...
- En même temps, vous vous attendiez à faire quoi, à vous balader en transportant un paravent devant elle pour que personne ne voie qu'elle avait du bide ? Bah putain, bonjour la discrétion !

Ana pouffa de rire. Mike acquiesça.

- Moi j'avais deviné-heu.
- Bah voyons.
- Si si, je sais plus exactement quand mais je l'ai deviné.
- Mike, arrête de faire genre ! sourit Rebecca.

James et Fey étaient côte à côte à observer le proviseur babiller.

- Je rêve ou les journalistes qu'on a rameuté pour donner une consistance à notre protestation vont peut-être m'aider à rester en cours ou pas ?
- On va voir.
- James, j'ai peur... J'avais pas réalisé que j'accoucherai probablement pendant les exams !
- Je suppose que toutes les femmes ont peur d'accoucher, donc... c'est plutôt normal.
- Oui mais si je rate mes études à cause du bébé ou si je dois les arrêter après, à cause du bébé...

Le proviseur perdit vite patience.

- Cela SUFFIT ! Je n'ai pas à répondre devant vous de ma politique d'administration, c'est MON établissement, j'en fais CE QUE JE VEUX ! Si je veux expulser cette élève enceinte, je le fais, c'est mon droit le plus légitime !

Santana se leva et alla au devant des caméras.

- Excusez-moi, mais en tant que féministe, je m'insurge contre les propos de mon proviseur qui n'est qu'un rétrograde machiste. Ma camarade a tout à fait le droit de poursuivre ses études, elle est enceinte, pas pestiférée ou moribonde, c'est une femme et le fait d'être enceinte ne la rend pas impotente ou handicapée au point de ne pas pouvoir étudier !

Andréa la rejoignit.

- Elle a raison, pis si on l'expulse, elle va être sous-diplômée, comment vous voulez qu'elle travaille pour nourir son enfant ?
- Exactement, poursuivit Naomi, le proviseur est en train de détruire son avenir !
- Elle a détruit son avenir toute seule en ayant le bébé ! grogna le proviseur.
- Sous-entendu : Elle aurait dû avoir honte d'avoir une vie sexuelle, comme toutes les femmes parfaites, marmonna Perrine.
- Voilà, c'est sa faute, ça lui apprendra à être une femme, toujours la même chose ! grogna Quinn en pointant le proviseur du doigt.
- Ces histoires devraient se régler dans mon bureau, pas devant des caméras !!
- Parce que vous savez que vous êtes en tort et que vous avez peur de la VERITE ! cria Lucy devant les caméras.
- Euh...

Les filles regardèrent Francis qui se tourna vers le proviseur devant les caméras.

- ... si moi j'ai pu m'occuper de ma petite sœur en faisant mes études, alors je pense que Fey peut largement être enceinte et poursuivre ses études !
- VOILA !
- EXACTEMENT !
- ALORS UN HOMME PEUT LE FAIRE ET UNE FEMME PEUT PAS ?
- GROS MACHO VA !

Gina et Holly mangeaient des gâteaux tout en observant.

- Si je dis des trucs féministes à la télé, mes tantes me répudient... assura Gina.
- Je suis catholique, si je donne mon opinion, elles m'étripent ! admit Holly.

Lilian plissa les yeux. Léon le regarda.

- Tu vas faire des bébés avec Gina ?
- C'est la première et la dernière fois que tu dis ça, tu m'entends ? grommela Lilian.
- Non, juste... attends la fin de vos études, quoi !
- Léon... geignit Lilian en se frictionnant le visage.

Amélia compulsait son téléphone portable. Orson l'observait du coin de l'œil comme on lui avait demandé. Amélia s'en aperçut et releva la tête vers lui.

- BWAH !
- Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu me regardes ?
- Parce que euuuuuuuuh...
- Tu veux savoir à qui j'envoie des messages ?
- N... nan, nan, pas du tout, pourquoi tu...
- ... je préviens mes parents que vous m'avez entraînée là-dedans. Je ne veux pas être punie pour vos bêtises.

Orson hocha la tête.

- Oui c'est... exactement ce que je me disais que tu faisais !
- Tu es vraiment stupide parfois.

Orson s'étonna tandis que la blonde aux cheveux courts envoyait effectivement des messages à ses parents.

« Quand la situation ne nécessite pas de mentir, vaut mieux ne pas mentir. Sauf sur ton âge, évidemment. Et sur la marque de ton maquillage. Tes secrets de beauté sont tes plus grands atouts, ne t'en dépare jamais. Dépare ? Utilise mon dictionnaire des mots compliqués, voyons ! »

Wallace vit Tristan s'approcher de lui. Il souffla.

- Je ne désire pas réellement changer de sexe. Rassure-toi.
- Tu sais ce que j'aime chez toi ?

Wallace souffla.

- L'insoutenable légèreté de mon être ?
- Tu es toujours prêt à sacrifier ton honneur et ta dignité pour protéger ceux que tu aimes. C'est ça que j'aime chez toi, ta capacité à complètement oublier les conséquences dans le seul but d'aider les gens.

Wallace agita la tête.

- Là, je risque quand même de rentrer chez moi et d'avoir ma mère qui ne me parle plus parce que son grand-père est devenu sa grand-mère quand elle avait deux ans et demi.
- C'est vrai ?!
- J'sais pas, mais avec ma famille de déglingués, je peux m'attendre à tout.
- ... excuse-moi de m'être énervé ce matin. J'ai juste... je sais pas, c'est comme si tout pouvait s'écrouler, comme si j'étais sûr de rien...
- Si tu attends de moi que tous les matins j'arrive avec un bouquet de fleurs en disant « Oh mon amour je t'aime, tu es la chose la plus inestimable en ce monde, permets-moi de te dire primo, que t'es super mal tombé, deuxio, que tu le savais avant.

Tristan hocha la tête.

- J'appréciais de coucher à droite à gauche parce que ça me faisait me sentir puissant, mais j'ai mûri... dans la douleur, certes, mais... à présent j'ai plus besoin de me sentir fort, j'ai juste besoin de me sentir bien !

Tristan plissa les yeux.

- Tu sais, « Je t'aime », c'est beaucoup plus court !
- Ouais, mais t'entendras jamais ça sortir de ma bouche, moi vivant.
- ... toi mort, ça sortira pas non plus de ta bouche !
- Beaucoup plus probablement. Le croque-mort prendra ma mâchoire et me fera dire : « Jeeeeuuuuhhh T'aiiiiiiii... »

Tristan ricana en voyant Wallace faire le mouvement. Wallace sourit et l'embrassa sur la bouche. Tristan le regarda, surpris.

- Je crois que ça vaut un peu plus que trois petits mots, ça, nan ?
- ... hm ! sourit Tristan.
- Voyez !

Le proviseur avait montré Wallace et Tristan du doigt pendant leur court mais réel baiser.

- Il... Elle sort avec le petit geek !
- Ah, il se rappelle que je suis transsexuelle, c'est cool de sa part ! sourit Wallace.
- On est POLYGAMES, espèce d'arriéré ! cria Fey.

Et sur ce, elle embrassa James devant les caméras. Ana sortit du champ de la caméra, ne tenant pas à être filmé.

- Ca devient n'importe quoi... souffla Clive.
- Ca DEVIENT seulement ?! s'étrangla presque Holly.
- Attendez, Fey sortait avec James ET avec Wallace qui veut devenir une femme ?!

Clive et Holly regardèrent Léon qui regarda Lilian, atterré.

- Dire qu'on a passé neuf mois dans le même utérus...
- Ah c'est pas pour de vrai ?!
- Léooooooooon... geignit Lilian.
- Cool, c'est pas moi la plus teubée ! sourit Gina.

La petite bande se retourna vers Wallace et Tristan.

- Ah bah voilà, enfin réconciliés ! soupira Robbie.
- Ça valait bien la peine de nous saouler avec tes malheurs ! soupira Walter.
- Tu-m'étonnes... grommela Tino.
- Désolé, je peux être un peu... lourd quand je veux ! sourit Tristan, gêné.
- Oui ! souffla Perrine.
- Totalement... marmonna Walter.
- J'a-voue ! souffla Naomi.
- Un peu, oui... admit Orson.

Benjamin était fasciné par les filles qui étaient à deux doigts d'orchestrer une révolution néo-féministe.

- Il va bientôt être dix heures... soupira Clive. On va rester combien de temps ici ?
- Jusqu'à ce qu'on soit sûrs que Fey puisse retourner en classe... marmonna Mike.
- Ouais... assura James.
- Hey, Violette a pas bougé ! s'étonna Steven.

Violette releva la tête de son livre.

- Hein ? Oh, elles peuvent se débrouiller sans moi !
- Je n'ai pas bougé non plus... Mais parce que je ne saurais pas quoi dire ! admit Ana.
- Voilà, pareil ! souligna Violette.
- Et nous, ça t'étonne pas ? s'étonna Gina.
- Vous êtes trop mignonnes pour être des féministes crédibles. Et surtout, je suis sûr à 99% que vous êtes hétérosexuelles ! fit remarquer Steven.
- Oh putain... soupira Mike.
- Vieux... marmonna James.
- Euh... mais qu'est-ce que ça a à voir...
- Qu... euh... mer... ci ?! marmonna Holly.
- Hommes : 1, Femmes : 0 !

Alors que les filles parvenaient à un accord diplomatique, Lola Prutt arrivait prudemment à bon port, vers ses élèves, son Roucarnage à ses côtés.

- Bonjour, bonjour... Oh, les champions d'arène ! Bonjour, bonjour !

Rachid, Armando et Noa saluèrent. Les journalistes regardèrent la petite dame qui approchait alors que les élèves semblaient tétanisés.

- Han non... souffla Wallace.

Lola observa ses élèves.

- Pas d'uniforme, bon... je peux passer outre... Vous êtes assis, ce qui veut dire que vous protestez contre quelque chose... Mais je ne comprends pas vraiment...

Les élèves semblaient ouvertement gênés. Les journalistes étaient intrigués.

- ... pourquoi cette protestation coïncide justement avec le jour et l'heure où je suis censée vous donner le cours d'éducation sexuelle.

Wallace, Perrine, Naomi et Walter serrèrent les dents. Le proviseur fit de gros yeux.

- Vous avez fait TOUT CA pour échapper à un cours d'éducation sexuelle ?????
- En... partie... admit Naomi.
- Disons que c'était un des avantages de cette protestation ! sourit Walter.
- Non mais je REVE ! Et je suis en train de perdre mon temps avec des journalistes ?
- On est sérieuses, ceci dit, on veut que Fey reste en cours avec nous ! assura Santana.
- On est prêtes à vous faire chier pendant un mois entier ! admit Rebecca.
- Elle le fera, c'est notre peste à nous ! admit Quinn.
- Ouais, je suis ignoble ! sourit Rebecca.

Le proviseur leva les yeux au ciel.

- SOIT ! Seulement si vous rentrez en cours et si vous arrêtez de faire les idiots !
- Euh... ce ne sera pas aussi simple...
- D'arrêter de faire les idiots ?! s'étonna Francis.
- L'Association va avoir son mot à dire sur cette affaire ! signala un surveillant.
- Trop tard, bande de décérébrés.

Le surveillant observa Wallace partir vers l'école.

- La machine est en marche. Vous allez tous dégager et fissa, et on aura à peine à lever le petit doigt pour ça.

Les élèves se levèrent et se dirigèrent en cours en rang. De fait, les autres élèves de troisième année suivirent le mouvement, et les seconde années rebelles se plièrent aux règles de la civilisation à nouveau.

Sans que personne ne l'eut remarqué, Justin Truce observait au loin, accompagné de Sophia Dawn.

- Tout compte fait, vous n'avez pas eu à intervenir... C'est une chance, je présume.

Justin inspira.

- Je n'arrive pas à croire qu'elle soit là...
- Pardon ? De qui parlez-vous ?

Justin souffla.

- De rien. Partons avant que quelqu'un ne remarque ma présence. Je dois poursuivre le travail à l'Association... et potentiellement éviter de répondre aux provocations.
- En fait pour asseoir votre autorité, il faudrait...

Justin leva les yeux au ciel et regarda Sophia.

- N'essayez pas de me conseiller. Une seule personne peut le faire... et pour ainsi dire j'ai perdu son soutien.
- ... bien... Je maintiens votre rendez-vous de ce début d'après-midi ?
- Oui.

***

- Haaaaaaaaan meeeeeeeeerde !!! grommela Roland.

Sacha regarda son voisin de fauteuil, intrigué. Dimitri était au travail sur un ordinateur.

- Ils n'ont pas de couilles ! Qu'est-ce que j'en ai à battre de leur baratin féministe ! Et puis j'ai légalisé les études pour les adolescentes enceintes, qu'est-ce qu'il fait chier ce sac à merde, là !
- Faut croire qu'avec le retour de Truce, le retour de l'éducation à l'ancienne s'est très rapidement fait...

Roland soupira et regarda Sacha.

- Si vite ?
- Tu vis dans un pays où les immigrés et les handicapés sont considérés comme de valeur inférieure aux Pokémon. Quelque chose est censé t'étonner dans le fait que les gens retournent leur veste comme une girouette ?

Roland souffla.

- Pour un peu, ils auraient presque pu nous faire venir ! Bon, ça aurait été prématuré et bordélique mais la situation aurait pu se débloquer ! Je suis presque sûr que Truce était prêt à débarquer !
- Il y aura d'autres occasions...
- Ce que je constate surtout, c'est que l'occasion, je vais devoir la provoquer !

Dimitri leva les yeux au ciel.

- Le mieux serait que non. Les réseaux sociaux sont à fond derrière les gamins, à l'exception des voix conservatrices habituelles.
- Genre ? Qu'on rigole.
- « La jeunesse de notre pays part à vau-l'eau, c'est pas possible »... « On sent la mauvaise éducation »... « RS a appris aux élèves à se tenir comme des Tadmorv »... Un hashtag #RSatuélécole est apparu sur Twitter...
- Personne ne va sur Twitter à part les gamins bisexuels et les hommes politiques !

Sacha agita la tête, semblant donner raison à ce constat. Dimitri soupira.

- Vous m'avez demandé de créer un compte, je suppose donc que...
- Tu es un politicien bisexuel, tout à fait.
- ... c'est un compte à votre nom et c'est moi qui le tiens !
- Cela ne change rien.
- Il n'est pas bisexuel !

Arlène arriva avec Raphaël dans ses bras.

- Et pourtant crois-moi j'ai essayé.
- Oh bon sang ! souffla Dimitri.
- Intéressant. Je note ! sourit Roland. Maman Arlène, Justin Truce y veut pas faire ce que je veux qu'il fasse !

Arlène haussa les sourcils. Raphaël regarda sa mère, interloqué. Elle le regarda.

- C'est juste un taré avec qui maman travaille. Tu n'as pas de frère !

Raphaël hocha la tête.

- Roland, pour la trois-millième fois cette semaine, tu ne peux pas obliger les gens à faire ce que tu veux qu'ils fassent.
- Maiiiiiiiiis ! geignit Roland.
- Il n'y a pas de mais. Tu perturbes le développement intellectuel de Raphaël au moins dix fois plus que Dimitri !
- ... tu as dit que j'assurais grave !
- C'était pour avoir du sexe !
- ... c'est une stratégie idiote ! Est-ce que j'ai déjà dit non ?!
- Tu es toujours fatigué !
- Parce que je le suis vraiment !
- C'est terriblement intéressant, mais nous avons un problème autrement plus grave. Mon expérience scientifique commence à avoir une intelligence propre.

Dimitri et Arlène se regardèrent.

- Les élèves de l'établissement secondaire d'Ogoesse qu'il suit ont mis en place une protestation pacifique contre le règlement conservateur de Truce. On a cru que ça provoquerait une erreur de la part de ce dernier mais ce ne fut pas le cas.

Arlène s'étonna.

- Je croyais que Justin Truce était con comme son Dracolosse !
- Je croyais aussi, soupira Roland, mais visiblement il a décidé de se laisser pousser un cerveau. Pourtant lui et Seth sont en froid depuis l'élection, je pensais que du coup, Justin aurait perdu sa tête pensante et donc sa fibre stratégique, mais même pas.
- Tu as mis des mouchards chez Justin ?! s'étonna Arlène.
- Nan ! Pablo ! Tu sais bien qu'une mère maquerelle homosexuelle est mille fois plus efficace que trente caméras et cent-soixante-dix micros !
- Et plus économique... marmonna Sacha.

Arlène hocha la tête.

- On récapitule... La classe de ta nièce commence à réfléchir par elle-même.
- Hm.
- Justin Truce est prudent.
- Hm.
- Tu refuses toujours de sortir de ton trou et d'intervenir.
- Hm.
- Tu nous avais dit que ce serait fini dans six mois.
- Hm.
- Je vais te tuer, espèce d'enculé.
- Hey, hey, hey ! Les six mois ne sont pas encore écoulés ! grommela Roland. Je pensais juste qu'on pourrait en finir plus tôt aujourd'hui, et je disais justement à Sacha que j'allais devoir provoquer le clash que j'avais anticipé, que ça ne viendrait pas tout seul.

Arlène soupira.

- Waouh. Un accroc dans ton plan parfait ! Merveilleux. Dimitri, on rentre. Roland peut regarder Twitter tout seul, je pense.
- Ok.

Le couple prit congé. Sacha s'étonna.

- Mais y'a pas d'accroc dans ton plan...
- Evidemment que non. J'ai juste cru que ça pourrait se faire tout seul. Nan, le plan est toujours d'actualité. Et, si on pose les choses crûment... je vais tenter d'assassiner vingt-huit adolescents !

Sacha hocha la tête.

- T'es un génie !
- Fayot va !

***

Enya – Orinoco Flow

Le visage de chaque élève reflétait un profond sentiment d'injustice. Ils avaient pourtant tellement fait pour éviter ça. Mais non, une vieille dame de soixante-dix-sept ans était bel et bien en train de leur adresser, comme à chaque classe en fin de cycle, un cours d'éducation sexuelle.

- Certes, le sexe sans préservatif, c'est mieux, on a plus de sensations...

Orson n'arrivait pas à s'endormir malgré tous ses efforts. Benjamin soupira.

- En primaire, j'avais réussi à me faire dispenser en faisant croire que j'étais amish !
- C'est sans issue, Benjamin, sans issue !! geignit Orson.

Lola Prutt utilisait, qui plus est, du matériel pédagogique.

- Mais c'est encore à ce jour la meilleure solution pour ne pas avoir de bébés ni de maladies sexuellement transmissibles ! Oui, Wallace ?
- On dit infections, nan ?
- Si, si, en effet.

Wallace hocha la tête et leva un pouce vers ses amis absolument tétanisés. Tristan prenait des notes sans sourciller.

- Concernant le choix du partenaire, vous avez le droit de coucher avec qui vous voulez. Certains préfèrent des partenaires plus jeunes, d'autres des partenaires plus vieux.

Steven se retenait de vomir. Mike le regarda.

- Fais pas ton choqué, t'arrêtes pas de te vanter d'avoir fait toutes les tranches d'âge !
- Vieux, une vieille dame nous parle de sexe, j'vais rentrer dans les ordres si ça continue ! geignit Steven.
- Et là, tu auras des partenaires très, très jeunes ! admit Rebecca.

Mike, James, Fey et Ana la regardèrent, surpris. Rebecca leva les yeux au ciel.

- C'est une blague, rhô !
- La morale de chacun entre en jeu ensuite, certains commencent jeunes, d'autres sont plus tardifs, pour certains c'est un sujet tabou, pour d'autres ça n'a aucune importance...
- Bah voyons... marmonna Wallace.
- On se tait, petit Grainipiot ! A Poképolis, nous respectons les tabous habituels de l'inceste, de la pédophilie, de la Poképhilie... seuls deux d'entre eux sont illégaux à ce jour, ceci dit...

Violette grimaça et jeta un coup d'œil vers Amélia qui avait ses écouteurs. « Mince, j'aurais dû y penser ! »

- Autrement, homosexualité, bisexualité, hétérosexualité, tout cela est très bien accepté par Poképolis depuis des lustres. Un seul tabou étonnant vis-à-vis du reste du monde provoque une forme de ridicule de la part du reste du monde... Les actes scatophiles sont illégaux chez nous. Le caca ne passera pas.

Walter agita la tête. « Si y'a que ça qui nous ridiculise aux yeux du monde... »

Naomi regarda Walter, ayant pensé la même chose. Sauf que chacun crut qu'il regardait l'autre pour essayer, et ils détournèrent immédiatement la tête, gênés.

- L'essentiel dans le sexe, c'est d'être prêt. Nous allons voir à présent comment procéder à un acte sexuel.

Un frisson d'horreur emplit la salle tandis que Lola alluma un projecteur.

- BWAAAH !! geignit Orson en se cachant sous la table.
- Ceci est un pénis ! sourit Lola.

***

- Vous êtes Mike Denton ?
- Oui !

La réceptionniste consulta ses fichiers. Elle fumait et avait des tatouages, ce que Ludmilla trouva quelque peu inorthodoxe.

- Hmmm... Oui... Vous avez fait une déposition récemment...
- Ouais, et le commissaire l'a...

Mike se décomposa.

- Putain !!
- Ouais. J'peux pas faire grand-chose pour ça.
- Tu as fait une déposition ? s'étonna Ana.
- Oui... J'ai dit toute la vérité, en gros.

Ana fit de gros yeux.

- QUOI ???
- J'avais pas le choix. James est comme un frère pour moi !
- Mais... mais alors tu leur as dit à propos des quatre soldats...
- Bah forcément.
- Et tout ce qui concerne le gouvernement...
- Yep.
- Le conseil des quatre, les Grands Dresseurs...
- Voilà.
- C'est un cauchemar...

Ana inspira, exténuée.

- Madame, je suppose que vous ne pouvez pas accélérer la libération de notre ami...
- Pas vraiment. Sans le commissaire, la seule personne capable d'exercer la loi est le Grand Juge, mais vous devez attendre que le procès Truce-Corrigan se termine parce qu'il le préside.

Mike s'effondra.

- C'est sans espoir.

La presse entra dans le tribunal.

- C'est là ? C'est là qu'a lieu le procès ?
- On veut voir Truce, on veut voir la fameuse Naomi Kingsley !!
- Ce procès doit être public ! Le procès du Président !!
- Nous entrerons de gré ou de force.

Ana regarda la réceptionniste.

- Ils ont le droit d'entrer dans la salle d'audience ?
- Nan, mais ils sont trop nombreux, et j'suis juste une punkette. Les tatouages, c'est pour la frime, j'peux en tuer un ou deux avec de la chance mais...

Ana souffla et passa de l'autre côté du comptoir.

- Vous permettez ?
- J'aime bien ton accent alors ouais !
- Qui va m'entendre ?
- Cet espace seulement, ça sert à appeler les différents témoins ou à annoncer les horaires de séances. Eclate-toi !

Ana sourit et saisit le micro en regardant l'écran de l'ordinateur. Mike et Ludmilla se regardèrent.

- Mais qu'est-ce que vous avez fait à ma fille ?
- Rien... mais c'est pas à moi que vous devez demander ça, c'est au petit blond qui chiale.

Ana toussota dans le micro, ce qui stoppa l'armée de journalistes.

- « Je m'appelle Mike Denton, et voici ma version des faits. »
- Et merde... pardon, crotte... souffla Mike.
- Ana, Devochka ! souffla Ludmilla, au bord de l'évanouissement.
- « Avant tout, je tiens à signaler que les autorités ont été achetées pour ne pas intervenir. Que les politiques ont été achetés pour ne pas intervenir. Que les évènements de cette journée n'ont été rendus possibles que par la main d'un seul homme : Roland Smirnoff. Il a tiré les ficelles de notre classe, il a tiré les ficelles de Direction Dresseurs, dans le seul but de se débarrasser de ses adversaires que sont Justin Truce, Sacha Nolan et Seth Corrigan. Tout ce que je dis peut être prouvé... »

Ana releva la tête et regarda Mike qui serra les dents, couvert de sueurs froides.

- Eto ne verno ! grommela Ana.

Mike se tourna vers la presse et sortit de la poche de sa veste... un carnet, où tout semblait consigné. Et sur lequel était inscrit : « SC »

***

Wallace regardait le paysage défiler alors que les parents d'Orson conduisait et que la petite Emeline était entre lui et Tristan.
Le jeune informaticien regarda son petit ami.

- A quoi tu penses ?
- ... Aux mailles du filet... marmonna Wallace.


***

Les élèves sortirent du cours zombifiés. Marchant silencieusement, traumatisés. Quinn se frictionnait les avant-bras. Francis tenta de l'approcher.

- Ne me touche pas !! geignit Quinn comme s'il allait la violer.

Francis grimaça. Mike soupira.

- Elle a vu la même chose que nous, vieux... Elle a vu la même chose !
- J'voulais juste lui dire qu'on coucherait plus jamais ensemble si c'était ce qu'elle voulait !
- ... wow. Elle va faire baisser drastiquement la natalité si elle continue à enseigner... marmonna Mike.

Ana regarda Fey partir aux toilettes pour vomir. Elle soupira. Steven approcha d'elle.

- Tu repartiras moins bête dans ton pays, hein...

Ana regarda Steven, pas d'humeur à rire.

- Un souci ?
- Rien, je me dis juste que je vais être absente pour Fey, plus tard. Je ferais ce que je peux pour la classe cette année, mais après...

Ana souffla.

- Tout le monde va m'oublier.
- Tu sais bien que c'est pas vrai. Dis pas ça.
- Peut-être pas tout le monde, mais voilà, toute ma vie ici... je vais la laisser derrière moi.

Steven leva les yeux au ciel.

- Ok, tu sais quoi, et d'une, t'es pas encore partie !

Ana agita la tête.

- Certes, oui...

Steven embrassa Ana de force. Elle fit les gros yeux, stupéfaite. Mais elle mit bien dix secondes à le repousser.

- STEVEN !
- Et de deux, c'est TOI qu'a pas intérêt à nous oublier !

Steven partit, sous le choc de son propre acte. Ana resta figée.

- MAIS POURQUOI TU AS FAIT CA ?!

Steven se retourna, hagard. Il regarda Ana.

- ... sinon, j'allais avoir des regrets.

Il se retourna et partit. Pour la première fois de sa vie, il n'était pas fier de son exploit. Fey revint aux côtés d'Ana.

- Il s'est passé quoi ?
- ... Fey, pourquoi les hommes sont stupides ?
- Bah... parce que ce ne sont pas des femmes, voyons ! Oh MON DI-EU !!!

Le proviseur arriva, suivi par les parents de Fey, par James, Francis, Tristan et Wallace.

- Mademoiselle Hope, si vous voulez bien me suivre dans mon bureau...
- ... Ana peut venir ?!
- Quoi, vous sortez avec elle aussi ?!

Fey regarda ses parents, complètement affolés. Elle inspira.

- C'est ma meilleure amie et je crois que je vais avoir besoin de soutien moral !

***

- Donc vous ne voulez pas changer de sexe ?

Wallace secoua la tête.

- Vous ne sortez pas avec mademoiselle Hope ?
- Non.
- Vous avez dit tout ça JUSTE pour faire diversion devant les journalistes ?!
- Ouaip.

Tristan leva les yeux au ciel. James était TRES embarrassé. La mère de Fey était affolée.

- J'comprends plus rien !!
- Il plaisantait, Chantelle, il a fait ça pour aider Fey...
- Mais pourquoi il n'a pas tout simplement crié avec les autres filles ?

Wallace haussa un sourcil. Tristan soupira.

- Paradoxalement, faire semblant d'être transsexuelle était plus simple que faire semblant d'être féministe... souffla Tristan, affligé.
- Quelque part, c'est drôle... admit Francis.
- Qu'est-ce que tu fous là, toi ? s'étonna Wallace.
- Je suis chef de classe, vous vous rappelez ? En plus, j'adore les potins, et Quinn encore plus !

Le proviseur soupira.

- Donc le vrai petit ami de mademoiselle c'est...

James leva la main. Les parents de Fey étaient stupéfaits.

- On pensait que tu étais juste le meilleur ami de notre fille !!
- Ca alors !!

Wallace regarda Tristan et Francis, perplexe.

- Nan mais ils sont sérieux, là ?!!
- Shhhht !!! grogna Francis.
- Wallace, arrête ! grommela Tristan.

Ana inspira en tenant une épaule de Fey tandis que James lui tenait la main.

- Bon... Euh... Nous avons affaire à un conflit légal ici, le règlement de Roland Smirnoff autorise les élèves enceintes et les filles-mères à poursuivre leurs études, mais le programme de Justin Truce prévoit l'inverse.

Francis plissa les yeux.

- Y'a pas à tortiller, vous appliquez le règlement encore en application !
- Oui, et si le règlement en question est changé entretemps ?
- Elle aura accouché d'ici là ! soupira Francis.
- Ce n'est pas le propos, monsieur Zuckerman...

Le téléphone sonna. Le proviseur mit l'interphone par réflexe, Holland n'étant plus là pour prendre les messages.

- Oui ?
« Salut. Ici le Big Boss. »

Tristan plissa les yeux.

- Truce ? murmura-t-il.
- Nan... marmonna Wallace.
« Ecoutez, Grant, je sais que vous a-dooorez respecter les règles mais laissez cette gamine aller en cours. De mon temps, j'avais supprimé ces règles idiotes... »

Aloysius Grant retrouva sa contenance.

- Smirnoff, vous n'êtes plus aux affaires ! Vos règlements sont nuls et non avenus !
« ParDON ??? Soit tu t'es encore saoulé dans ton bureau, soit tu t'es encore saoulé AVANT d'aller au bureau... »
- Je ne vous permets pas de me parler sur ce ton, vous n'êtes plus Président, vous n'êtes plus rien, je n'ai pas à écouter un ancien politicien qui n'a plus aucun pouvoir.
« Et moi je n'ai pas à expliquer à un vulgaire lèche-boCLIC »

Tout le monde regarda Wallace qui avait appuyé sur le point de réception du téléphone, raccrochant par la même occasion. Le proviseur regarda Wallace, stupéfait, tout comme Francis, Tristan, Fey, Ana, James, ainsi que Chantelle et Marcus les parents de Fey.

- Je... peux savoir ce qui vous...
- C'est juste pour voir.
- Pour voir ?
- S'il vous rappelle.

Grant agita les mains.

- Et vous vous permettez de faire ça...
- Pour voir, c'est tout.

Tristan grimaça.

- Un souci ?
- J'veux vérifier un truc.

Rappel. Aloysius décroche de la même façon, en haut-parleur.

- Pardon, nous avons été coupés...
« C'est Gribble qui a fait ça ? »

Wallace inspira. Fey sembla choquée. Ana regarda par la fenêtre. James s'y déplaça carrément. Francis regarda dans les coins. Chantelle et Marcus s'étonnèrent.

- Vous le connaissez ? demanda le père.
- Je l'ai déjà vu, mais c'est pas un visiophone, donc... on est observés... chuchota Wallace.
« Quel sale petit enfoiré ! Hahaha ! Il me rappelle trop moi quand j'étais gamin ! »

Tristan plissa les yeux.

- Nan, c'était moi. Mais vous y étiez presque !

Wallace regarda Tristan en hochant la tête et ils regardèrent de nouveau le téléphone.

« Ouais, très drôle, Edison, mais vous n'en êtes pas capable. Déjà que tu télécharges pas illégalement alors de là à me couper la parole ! »

Francis scrutait le bureau du proviseur qui se demandait pourquoi quatre élèves étaient en train de fouiner dans son lieu de travail.

« Enfin, on s'en tape. Grant, vous gardez Hope en classe. Elle accouchera forcément avant les exams de toute façon. »
- C'est à moi d'en décider !
« Oui non ce que j'allais dire quand mon petit couple préféré m'a coupé la chique, c'est que Truce n'a encore fait passer aucun règlement. Envoyer des pions pour maintenir l'ordre, c'est pas élaborer des lois, c'est juste... s'imposer sans avoir été invité ! »

Francis regarda le téléphone du proviseur et intima à Tristan de le rejoindre. Francis lui montra le câble de branchement, le câble du Wi-Fi, mais un troisième câble était relié à... une boîte sous le bureau.

- Ne vous gênez surtout pas... grommela Grant.
« Hm ? »

Wallace releva la tête.

- Non, je suis... en train de mâcher un chewing-gum !
« C'est ça, et moi j'ai un cancer de la prostate. Enfin, ce que je veux dire c'est que si vous empêchez la gamine de finir ses études, les parents peuvent vous faire un procès qu'ils gagneront parce qu'il n'y a pas encore de loi écrite en vigueur qui stipule que les élèves enceintes doivent être exclues. Vous ne faites que suivre à la lettre un programme politique qui a été écrit, certes, mais qui n'est pas une loi. Je vous ai un peu trop bien dressés, en fait. Grâce à moi, vous avez appris à appliquer rapidement les édits et autres points de règlement, mais moi, je les avais fait passer, alors que Truce se contente pour le moment de... fumer des cigares dans son bureau... sans mauvais jeu de mots, évidemment. »
- On est espionnés !! cria Francis en se relevant.
- Y'a un mouchard sous le bureau ! cria Tristan.

Wallace les regarda, estomaqué, désignant le téléphone avec effroi.

« Quoi, vous saviez toujours pas ? Ma parole, c'que vous êtes cons ! Bref, laissez Hope rentrez en classe, dites à Pitterson de bien s'occuper d'elle, dites à Zuckerman d'arrêter de passer sous le bureau, dites à Edison d'être plus gentil avec Gribble, et surtout, surtout... dites à Sevreska d'être plus cool avec Weldon ! »

Ana écarquilla les yeux. Le père de Fey se mit en colère.

- MAIS DE QUEL DROIT VOUS ESPIONNEZ NOS ENFANTS ???
« Mais de quel droit vous êtes un tel sosie de Steve Harvey ?! » CLIC

Aloysius Grant retomba dans son siège. Ana était estomaquée. Fey grimaça.

- Bon, bah je suppose que... je peux rester ?
- Oui... oui, là, pour le coup, vous pouvez rester... admit le proviseur.

Wallace était scié. Tristan et Francis se regardaient, stupéfaits. Ana regarda tout le monde.

- Il peut voir aussi ? Il y a forcément des caméras !
- C'est impossible, quand aurait-il trouvé le temps d'installer tout ça ?! s'étonna Francis.
- Pendant les grandes vacances, nan ? marmonna James.

Les parents de Fey se levèrent.

- Tout compte fait je me demande si tu devrais rester dans cette école... marmonna la mère.
- Et puis comment tu as pu nous cacher que tu étais enceinte ?! souffla le père.
- Je suis une fille noire, rappela Fey.

Chantelle agita la tête.

- Oui, elle savait qu'on allait lui passer un savon pour ça ! Mais je suis tellement contente, ma fille va avoir un bébéééééé !
- A dix-huit ans ! grommela le père.
- Mais elle va se débrouilleeeeer ! assura la mère.
- Tu ne vas pas t'occuper de ce bébé à sa place !
- Mais nooooooooooon !

Elle se pencha vers sa fille.

- J'le ferais tout le temps !
- Je t'ai entendu, Chantelle !! Monsieur le proviseur, faites ce qu'il faut pour que votre école ne soit PLUS espionnée !
- Oui monsieur, bien, monsieur... La bonne journée...

Francis, Tristan, James, Ana et Fey regardèrent les parents de Fey partir. Le proviseur soupira. Francis ferma la porte.

- On veut des explications !
- Pardon ? Vous ne devriez pas déjà être partis ?!
- Notre école est espionnée, évidemment qu'on veut des explications !! grogna Ana.
- Hey, c'est moi la femme enceinte qui est censée avoir des sautes d'humeur ! rappela Fey.
- Je n'ai absolument aucune idée de comment ça a pu se produire !! Vous me croyez assez bête pour accepter qu'on installe des mouchards dans mon école ?
- Vous avez été assez bête pour accepter qu'ils installent une arène dans le hall... rappela Francis.
- De toute façon, qu'on soit bien clairs, tout ce qui arrive dans cette école, c'est la faute de votre stupide devoir !

Wallace soutint le regard du proviseur.

- Oh oui, blâmez les élèves quand vous vous avérez parfaitement incapable d'exercer la moindre autorité sans que Roland Smirnoff ou Justin Truce ne vous souffle à l'oreille ce que vous devez dire et faire.
- M... Monsieur Gribble !
- Qu'on soit bien clairs, ça fait TROIS ANS que vous ne servez à rien, monsieur le proviseur. Vous n'êtes qu'une marionnette. Vous en êtes conscient, au moins ? La prétendue autorité que vous avez en tant que chef d'établissement n'est qu'une farce. Roland Smirnoff, qui n'a plus aucun pouvoir politique, vient de vous dire quoi faire. Non mais AU SECOURS !
- J... Je ne vous per...
- Ah, vous allez prendre une décision par vous-même ? Intéressant, voyons ce que ça va donner.

Le proviseur baissa les bras, épuisé.

- Gribble, bon sang ! Vous ne comprenez rien à rien ! Quand Roland Smirnoff est arrivé au pouvoir, il a réformé le système éducatif. Mais il avait laissé de côté l'administration scolaire qui s'est vite retrouvée débordée. Est arrivé la seconde réforme écrite par Truce et qui donnait plus de poids à l'administration.

Wallace, Francis, Tristan, Ana, Fey et James écoutaient. Enfin, James avait un peu la tête ailleurs.

- Ce n'est pas seulement depuis trois ans, ça fait huit ans, Gribble, huit ans que ce système marche sur la tête, que je suis censé avoir l'autorité absolue sur l'établissement MAIS qu'en réalité je reçois des ordres de plus haut quasi systématiquement parce que le système ne me donne pas la compétence nécessaire pour gérer. Pourquoi croyez-vous que l'affaire avec votre petit ami a été gérée de manière aussi catastrophique ?!

Tristan haussa les sourcils.

- Mais euh... personne ne vous a appelé à ce moment-là...
- Précisément !! Je suivais la procédure à la lettre ! C'était complètement insensé !! La logique aurait voulu que je dégage ce porc sans plus de ménagement au lieu d'organiser cette stupide confrontation !

Tristan ne put qu'acquiescer.

- Ecoutez. Votre classe est mêlée à tout cela. La logique voudrait que je vous sanctionne tous pour avoir mis en danger l'établissement. Je vais me contenter de vous laisser carte blanche.

Wallace s'étonna. James haussa les sourcils.

- Attendez, carte blanche pour...
- Pour vous occuper de cette histoire. Je suis prêt à rédiger un document légal.
- On va pas aller aussi loin... marmonna Francis.
- Nan, faites-le. Comme ça, si jamais on a des problèmes avec la police un jour, ça nous fera une protection ! admit Fey.
- Des problèmes avec la police ? s'étonna Wallace.
- Des trucs auxquels tu penses quand tu es noire, pas quand tu es blanc !
- Ah, ouais...

Le proviseur souffla.

- Je vous transmettrai cela dans les prochains jours. D'ici là, faites en sorte que le fait que notre école soit sur écoute ne s'ébruite pas trop.

Francis ricana. Tout le monde le regarda.

- ... on est sur écoute et ça ne doit pas s'ébruiter... c'est plutôt ironique, nan ?
- ... nan ! assura Ana.
- Sortez de mon bureau... souffla le proviseur.

Les six élèves sortirent. Fey et James se serrèrent dans leurs bras.

- On va pouvoir avoir notre bébé avec la bénédiction de nos parents !!
- De tes parents, les miens savent juste qu'on est ensemble ! rappela James.
- Oups... Euh... bah... on va prier pour que ça passe ! Au fait !!

Fey embrassa la joue de Wallace.

- Heeeeeeey !
- Ca, c'est pour être venu à mon secours ce matin !! Tu es le meilleur, Wallace !
- Faut que je choisisse ma robe pour ton mariage, c'est ça !
- T'as intérêt. Et des talons aussi ! ricana Fey.

Fey et James partirent en avant.

- J'veux pas qu'il devienne le parrain du bébé !
- Quoi, nan mais ça va pas, un blanc ne sera JAMAIS le parrain de mon bébé !
- Au moins, sur ce point-là, on est d'accord !

Wallace grimaça et regarda Francis, Ana et Tristan.

- C'était du racisme, là, on est d'accord ?
- Euh... geignit Ana.
- Oula... grimaça Tristan.
- Euh... le... racisme est une idéologie basée sur le postulat qu'intrinsèquement, une race est supérieure à une autre... rappela Francis.

Wallace cligna des paupières.

- ... et ?!
- Baaaah, qui a un peu trop joué les races supérieures ces derniers siècles ?

Tristan agita la tête. Ana hocha la sienne. Wallace inspira.

- Doooonc je serais jamais le parrain de leur môme !
- Tu veux l'être ?!
- Nan ! C'est juste pour le principe ! Ça aurait pu être marrant !
- Notre école est truffée de micros et de caméras et on est en train de discuter bébés et questions raciales... marmonna Francis.
- On sait où sont nos priorités, je suppose... marmonna Ana.

Tristan, Wallace et Francis ne purent que constater, en effet, l'incongruité de leur situation.

***

Les journalistes n'en revenaient pas. Ana venait de finir de lire la déposition de Mike. La réceptionniste ne comprenait pas grand-chose. Mike souffla, un peu effrayé à l'idée qu'un journaliste n'essaie de le tuer pour avoir le carnet... ou un truc dans le genre. Ludmilla regardait sa fille, les journalistes, Mike...

- C'est... juste ça ?!
- Vous voulez dire que... le but final de toute cette affaire, c'est...

Ana hocha la tête.

- Tout ce qui s'est déroulé aujourd'hui n'était qu'une façon pour Roland Smirnoff d'humilier Justin Truce et Sacha Nolan. Même si cela a permis l'arrestation de Teresa Torres, au final, nous avons été utilisés pour le seul profit de Roland Smirnoff. Il s'est... bien moqué de nous.

Un journaliste s'étonna.

- Je... retiens surtout le fait que les pouvoirs publics aient été achetés.
- Les juges compris ! Le procès qui se déroule en ce moment n'a aucun sens, si on en croit votre témoignage.
- Ouais. Mais une amie à nous s'en charge.

Ana sortit du comptoir.

- D'ailleurs nous y allons. Mais vous ne pouvez pas y aller.

La réceptionniste sortit une batte de base-ball de sous son comptoir.

- Je veux, ouais. Le premier qui les suit, je lui casse les jambes.

Ana, Mike et Ludmilla se dirigèrent vers la salle d'audiences.

- Au moins, vous avez eu vos diplômes avant de détruire votre école, donc... tu ne seras pas punie, Ana !
- ... tu voulais me punir pour avoir été manipulée par un riche politicien capitaliste ?!
- Ton père te punira, lui. Au moins pour la partie capitaliste !

Mike agita la tête. « Et je me plains de mes darons... »

Alors qu'Ana toucha la poignée de la porte, quelqu'un entra en trombe dans le tribunal.

- Quoi, encore...

Pablo Montes, suivi par Christina Rockwell.

- Euh...
- LAISSEZ PASSER ! JE DOIS TEMOIGNER A CE PROCES !

Ana plissa les yeux et regarda la réceptionniste.

- IL EST JOURNALISTE !

Mike barra la route au comptable.

- Hey !! C'est quoi ce dél... AOUCH !

La jeune femme tira une taffe de sa cigarette.

- Pas sous ma surveillance, pouffiasse.

Christina regarda ses amis.

- Merci ! Il était vraiment trop lourdingue.
- Qu'est-ce que tu faisais avec lui ?! s'étonna Ana.
- Il était censé m'emmener au commissariat, mais ensuite il a fait demi-tour vers le tribunal, mais en chemin, il voulait manger un kébab, il m'a donc attaché à lui avec des menottes juste pour aller un sandwich avec des frites couvertes de mayonnaise...
- Berk ! geignit Ana.
- Je sais, c'est gras...
- Non, les menottes !
- Oh, oui, super humiliant !

Mike regarda Ludmilla en serrant les dents, embarrassé.

- ... du coup après ça on est arrivés ici mais il a mis un temps fou à se garer parce qu'apparemment la moitié de Poképolis veut voir ce procès.
- Pourquoi tu devais aller au commissariat ? s'étonna Mike.
- J'ai des preuves que la police a reçu pour ordre de nous disperser. Je croyais que cet ordre venait de Truce, mais ensuite quand j'ai entendu parler de la poursuite entre Roland et le commissaire, je me suis dit que ça ne servait plus à rien de pouvoir prouver...
- En fait, dès que le juge supérieur sera sorti de ce procès-là, tes preuves pourraient nous aider à libérer James !
- Ah ? Donc...
- On est un peu bloqués ici à devoir regarder le procès ! admit Ana.
- Ok bah allons-y alors... mais pour lui...

Mike sortit Drakkarmin, qui prit Pablo et le fourra dans un placard sous les yeux étonnés des journalistes.

- Voilà.
- C'est... très approprié de l'avoir mis dans le placard ! admit Christina.

Le quatuor entra, tandis que la réceptionniste ferma derrière eux et menaça les journalistes avec sa batte.

- Faites un pas vers cette porte et vous finissez comme l'autre folasse. J'plaisante pas.