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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 07/10/2015 à 10:00
» Dernière mise à jour le 02/03/2019 à 23:26

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 36 : Le feu et l'eau
J'ignore ce qui a dérapé. Mais mon protégé, que je destinais à un grand destin, est soudainement devenu un individu sombre et inquiétant, aux ambitions fanatiques. Il a commis bien plus de ravages que tous les autres Sauveurs du Millénaire qui ont sombré dans les ténèbres. Six cents ans de carnages et de désespoir. Six cents ans durant lesquels il fut mon ennemi juré. Six cents ans qu'il cachait son visage sous un masque, et se faisait appeler par un autre nom.



*****



Zayne se tenait devant la Parade des Preux, croyant se trouver dans un autre monde. Le ciel semblait tourbillonner sur lui-même, comme une tornade, mais sans aucune trace de vent. La gravité était totalement chamboulée ; Zayne pouvait voir des petits cailloux voleter de ci de là. L'air était lourd, comme chargé de quelque chose. Quelque chose qui n'était pas de l'électricité, mais une sensation froide, oppressante. Si le désespoir aurait pu se matérialiser, Zayne aurait dit que ce lieu en était saturé. Et plus il avançait dans la Parade des Preux, plus ça se faisait ressentir. Car le point central de ce phénomène était tout au bout : la météorite de Vifacier, surchargée en énergie négative, et prête à exploser en rayant de la carte Bakan et une bonne partie du globe.

Zayne était seul, il avait froid, et il avait peur. Il savait que ce sentiment provenait de la météorite, qui relâchait toute l'énergie négative qu'elle ne pouvait plus contenir, comme une poubelle débordant d'ordures. Mais même en sachant cela, il n'aurait pas pu traverser cette longue allée seul. D'un ordre mental, il déploya Triseïdon sous sa vraie forme. Avoir cette licorne mécanique à ses cotés le rassura un peu.

- Quel lieu infect, renâcla le Pokemon. Il sent la mort.

- Le rocher de Vifacier a atteint son point de non-retour.

- Oui, je le sens, confirma Triseïdon. Je suis en partie fait de Vifacier aussi. Mais mon métal est pur. Celui-là... il a été corrompu, en aspirant uniquement les émotions négatives.

- Tu veux dire que le Vifacier peut aspirer autre chose que ça ?

- Bien sûr. Le Vifacier n'est pas un métal maléfique ; il devient ce que son utilisateur veut qu'il devienne. Ce rocher devant nous a été transformé ainsi à dessein. Et je sens... Hafodes, mon frère.

Triseïdon baissa la tête et resta silencieux un moment, comme perdu dans ses souvenirs millénaires.

- Cette sensation... pas d'erreur possible. Hafodes est en mode Revêtarme.

- L'Akyr en a parlé, et je crois que m'dame Anis aussi. C'est quoi au juste ?

- La forme ultime que prend l'alliance entre le maître et le Dieu Guerrier. Nous nous transformons en armure, et nous recouvrons le corps de notre maître. Nous lui conférons alors la totalité de notre pouvoir. Mais pour que cela fonctionne, il faut que le lien entre l'humain et le Pokemon soit porté à son plus au niveau. De tous les maîtres que nous avons eu, seuls les premiers, les trois Mélénis de Légende, sont parvenus à débloquer cette forme. Je ne peux pas croire que cet humain renégat, ce Castel, soit parvenu à un tel niveau d'empathie avec Hafodes !

- Et alors ? S'inquiéta Zayne. On peut le battre, même s'il est sous cette forme ?

- Possible, mais peu probable. Sous notre forme normale, nous pouvons utiliser l'ensemble de nos pouvoirs, comme en Revêtarme. Mais il y a deux cerveaux et deux corps. En Revêtarme, l'humain et le Pokemon sont comme connectés. Ils réfléchissent et agissent en même temps. Si tu es prêt à mourir pour tes idéaux, Zayne Alston, monte sur moi, et chevauchons ensemble au combat.

Zayne aurait bien aimé répondre un truc du genre « Ah non désolé, je me suis souvenu que j'avais quelque chose de prévu aujourd'hui ». Comment en était-il arrivé là au juste ? Il y a deux mois, il n'était qu'un simple métallurgiste, et voilà qu'à présent il chevauchait un Pokemon Légendaire, affrontant un tyran centenaire pour la survie du monde. Beaucoup de jeunes gens de son âge auraient voulu être à sa place, mais Zayne était du genre à se satisfaire d'une vie calme et pépère.

Il n'empêche, il n'était pas non du genre à faire demi-tour si on menaçait son monde, son pays, sa ville et son frère. Il monta donc sur le dos de Triseïdon. D'une main, il lui empoigna la corne pour garder l'équilibre, et de l'autre, il tira Peine du fourreau. Il ne savait pas trop si cette épée noire qui dégageait la même malfaisance que la météorite allait lui être utile, mais c'était elle qui avait défait Castel la première fois et empêché le désastre qu'il préparait. Zayne ne croyait pas spécialement au destin, mais s'il y avait un jour où il fallait tenter d'y croire, c'était aujourd'hui.

Sur le dos de Triseïdon, Zayne parvenait à ressentir un peu mieux le Dieu Guerrier, comme si une espèce de lien s'était créé. Et s'il sentait Triseïdon comme jamais il ne l'avait fait avant, il sentait aussi son adversaire devant lui. Triseïdon et Hafodes étaient liés par l'acier et l'esprit ; aussi ce lien avait-il été partagé par leurs maîtres respectifs. Bien qu'il soit à des centaines de mètres devant lui et caché par l'obscurité infernale que dégageait la météorite, Zayne pouvait discerner Castel. Effectivement, il portait une armure peu commune. Épaisse et intégrale, elle le recouvrait des orteils jusqu'au crâne, en un heaume à deux cornes. Rouge et grise, elle dégageait des flammes en permanence. Une chaleur que Zayne pouvait sentir via ce lien nouveau de Vifacier. De son coté, Castel aussi semblait percevoir son adversaire. Il sourit, et leva les bras. Alors, juste derrière lui, un énorme mur de feu se leva, dissipant les ténèbres et donnant au ciel une lueur maline.

- Allons-y, partenaire, dit simplement Zayne.

Triseïdon poussa un hennissement purement mécanique mais impressionnant. Dès qu'il fit son premier pas, un mur aquatique naquit derrière lui, répondant au mur de flammes de Castel. À chaque fois que Triseïdon posait son sabot au sol, de l'eau jaillissait sous lui, et il donnait l'impression de glisser sur un toboggan aquatique. Il allait vite, très vite, droit vers le mur de feu. Grisé par la vitesse et le rugissement des vagues derrière lui, Zayne pointa Peine vers son adversaire et poussa un cri de guerre. Castel ne se départit pas de son sourire, et bougea des doigts. Alors, des espèces de météores enflammés quittèrent son mur de feu pour se mettre à chuter près de Zayne et Triseïdon. Quand une boule de feu s'écrasa tout près de lui, Zayne dut se cramponner à deux bras pour éviter de tomber.

- Réplique, lui demanda Triseïdon.

- Comment ça ? Avec quoi ?!

- Tant que tu es sur moi, tu partages mes pouvoirs. L'eau t'obéit. Dirige là avec ton épée en Vifacier !

Zayne repointa Peine sur Castel, toujours très loin de lui, et imagina que des volutes d'eau le submergent. Alors, le mur aquatique qui suivait Triseïdon laissa s'échapper de véritables jets d'eau vivants, qui allèrent à la rencontre des boules de feu de Castel. De cet affrontement dantesque de feu et d'eau, un énorme nuage de vapeur naquit très vite. Castel accéléra la cadence de ces boules de feu, et c'était une véritable pluie qui se dirigeait sur Zayne. Puisant autant qu'il le pouvait dans Peine, il répliqua à la hauteur de la chose, et l'eau se divisa en vagues géantes et volantes qui supprimèrent les boules enflammées.

Zayne sentait toute la puissance de Triseïdon par le biais du Vifacier. Cette puissance était sienne. Mais pour la contrôler, il utilisait Peine, et il ne savait pas s'il pourrait le faire bien longtemps. Cette fichue épée était corrompue et maléfique. Plus Zayne se servait d'elle, plus il avait l'impression que Peine aspirait toute sa force vitale. Mais il y était presque... Il pouvait distinguer Castel et la météorite de Vifacier devant le mur de feu avec ses yeux seuls à présent. Plus qu'une centaine de mètres.

Castel changea d'attaque, et tapa le sol avec son pied. Comme s'il avait pesé plusieurs tonnes et était tombé de plusieurs mètres, le sol dallé de l'allée explosa et se fendilla, faisant apparaître de multiples fissures, et trembla comme jamais. Une attaque Séisme. Nirina avait bien précisé qu'Hafodes avait trois types : Acier, Feu et Sol. Mais la puissance de cette attaque était au-delà de tout, et Triseïdon dut bondir pour y échapper. En plein air, il cracha des rayons de glace vers Castel, qui érigea un dôme de feu autour de lui pour se protéger. Au lieu de retomber au sol, Triseïdon fit apparaître de l'eau sous ses jambes ; eau qui se solidifia en glace à son contact. Triseïdon et Zayne glissèrent à présent sur un majestueux toboggan de glace, ce qui augmenta considérablement la vitesse déjà sensationnelle de Triseïdon. Plus que cinquante mètres.

Les météorites de feu repartirent de plus belle. Zayne fit tout ce qu'il put pour les contrer avec ses attaques aquatiques, mais inévitablement, l'une d'entre elles explosa trop près de Triseïdon, qui fut projeté avec Zayne. Le jeune homme se rétablit toutefois au sol, et dans sa chute, il avait effleuré Triseïdon pour le refaire passer sous sa forme Arme. Zayne Alston chargeait à présent sur Castel Haldar, Triseïdon dans une main, Peine dans l'autre, sous une pluie de feu qu'il combattait avec le mur d'eau toujours derrière lui. Castel, toujours souriant, n'avait pas bougé. Plus que dix mètres... Zayne allait le forcer à l'affronter au corps à corps. Avec deux armes en main, il avait une chance. Castel n'avait que Meminyar.

- CAAASSSTEEEEEL ! Hurla Zayne en croisant ses deux armes.

Castel lui répondit en un sourire accentué, et laissa tomber Meminyar à terre. À la place, il tendit ce qui semblait être... Mais non, c'est impossible. Même lui ne pouvait tomber si bas ! Et pourtant... Un coup de tonnerre résonna. Zayne s'arrêta en pleine course, à deux mètres de son ennemi. Il regardait avec stupeur la trace rouge sur sa poitrine, qui ne cessait de s'amplifier, et le sang qui coulait sans cesser. Castel Haldar baissa le pistolet qu'il venait de sortir.

- Je dois avouer que ces armes sont bien pratiques, commenta le roi. La guerre que j'ai menée il y a cinq cent ans aurait été bien différente s'ils avaient été inventés à l'époque.

Zayne laissa tomber le trident et mit la main sur sa blessure. Il avait l'impression que de l'acide sulfurique s'écoulait dans ses poumons, et il cracha du sang.

- T'es vraiment... la pire des ordures... le pire des lâches... souffla Zayne malgré la douleur que cela lui procura.

- Allons bon, tu espérais un duel à l'épée, peut-être ? Avec Hafodes en Revêtarme, ta défaite ne faisait pas l'ombre d'un doute, ne t'inquiète pas. Mais jadis, alors que j'ai affronté ton ancêtre à l'épée, il en a profité pour planter Peine dans ma précieuse météorite ici présente. Tu es son descendant, et tu portes la même épée. Je n'allais pas commettre la même erreur deux fois. Pas aujourd'hui, alors que la victoire est à ma portée.

Zayne ne put tenir debout plus longtemps, et se laissa chuter au sol. Respirer était devenu une corvée. Il allait mourir comme ça, sans même avoir pu affronter réellement Castel ? Zayne en aurait rit si ça ne lui faisait pas autant mal. Pitoyable. S'il était vraiment le fameux Sauveur du Millénaire, le millénaire en question était mal barré...

- Aurait-ce été ton frère, peut-être que je lui aurais accordé ce duel, poursuivit Castel. Je dois avouer que j'admire ce garçon. Mais toi, tu me rappelles trop Uriel. Tu es son portrait. Je t'ai méprisé dès l'instant où je t'ai vu dans l'arène, alors même que je ne savais pas qui tu étais.

Castel s'avança. Zayne vit qu'il avait derrière lui le sénateur Dusan Karsio, ainsi qu'une femme recouverte d'une robe grise et d'un voile qui lui cachait le visage, qui ne pouvait être que Venisi. Le vieux Dusan le regardait avec un amusement teinté de pitié. S'il avait eu assez de force pour se redresser, Zayne lui aurait craché à la figure.

- Ne t'inquiète pas, continua Castel. Je vais attendre ton frère Erend avant de libérer le pouvoir du bloc de Vifacier. Je veux que la lignée d'Uriel soit totalement éteinte quand je débuterai la refonte de ce monde qui aurait dû débuter il y a cinq cent ans. Ainsi, je...

Castel s'arrêta soudain. Son visage se convulsa. Il recula en titubant, et se pris la tête entre les mains.

- ARRRGHHHH ! Hurla-t-il.

- Mon doux roi ? S'inquiéta Venisi. Que vous arrive-t-il ?

- En-encore lui ! Grinça Castel, apparemment en proie à de terribles souffrances. Il ne veut pas... il ne veut pas me... ASSEZ ! Je t'empêcherai de commettre ça ! Tu ne détruiras pas la planète ! Je... LA FERME ! Tu n'es rien ! Ce corps est à moi ! Non, à nous ! Non, je suis Castel Haldar ! Tu n'es pas... Aussi... Jamais...

Dusan avait les yeux comme des soucoupes tandis qu'il regardait son prétendu souverain perdre totalement l'esprit, se hurlant des choses à lui-même. Castel semblait engagé dans une grande lutte mentale contre sa propre tête. Il se donnait des coups, il tanguait comme un ivrogne, et criait des propos incohérents et illogiques. Dusan recula avec crainte, mais Venisi s'avança, posant ses mains recouvertes d'un gant blanc sur les cheveux de son époux.

- Calmez-vous, mon seigneur et maître. Je vais apaiser vos tourments. Il ne peut rien tant que je suis avec vous.

- C'est... C'était... balbutia Castel avec difficulté. Encore lui... Adam Velgos... il ne veut pas partir... il devient plus fort...

- Je sais, mon roi. Ne vous inquiétez pas. Il partira bien vite quand vous aurez atteint vos objectifs.

Toujours en sueur, Castel adressa à Venisi un sourire sincère.

- Que ferais-je sans toi, ma tendre ? Tu me sers depuis si longtemps... Tu as toujours veillé sur moi à chaque fois que je devais repasser par ce corps de bébé et d'enfant, comme ma mère...

- Je suis votre mère. Je suis aussi votre amie, votre sœur, votre épouse. Je suis votre univers, et vous êtes le mien. C'est pour cela que vous m'avez ramenée, n'est-ce pas ? C'est pour cela que vous avez transcendé la mort elle-même pour me faire revenir ?

- Oui ma douce, acquiesça Castel en lui caressant la main. Un monde sans toi était comme un enfer pour moi. Mais tu as dû tellement souffrir, dans ce corps bancal et imparfait durant ce temps... Ne t'inquiète pas, ma mie. Leaf Elson va arriver bientôt. J'userai alors d'une partie du pouvoir de la météorite pour transférer ton âme dans son corps. Tu auras enfin un corps neuf et vivant, et nous pourrons reconsommer notre amour, comme jadis. Nous fonderons une nouvelle dynastie.

- Oh mon roi...

Dusan parut quelque peu gêné par ce qu'il entendait, et recula un peu plus, tâchant de se faire oublier. Castel, son arrogante assurance retrouvée, se releva, et attendit. Il attendit que les autres arrivent, tandis que Zayne, qui, perdant de plus en plus de sang, agonisait à terre. La première qui arriva, ce fut Leaf, suivi de près par Deornas. Leaf avait les yeux fixés sur Castel, mais quand elle vit Zayne au sol, nageant dans son propre sang, elle glapit d'horreur.

- Oui, dit Castel comme s'il comprenait. Je crains le héros sur lequel vous aviez tout misé s'est avéré inutile, hélas.

Leaf déployait de gros efforts pour éviter de pleurer ou de se précipiter sur Castel en hurlant.

- Ah, Leaf, Leaf, soupira le roi. Pourquoi m'as-tu trahi ? On s'entendait si bien, tous les deux...

- Je savais qui vous étiez depuis la première heure ! S'exclama la jeune femme. Je jouais juste le jeu pour récolter des renseignements à transmettre à mon père et à Anis. Inutile de préciser combien ces jours ont été difficile pour moi. Vous m'écœuriez, Castel Haldar ! Vous m'écœurez encore plus aujourd'hui.

Castel hocha la tête, comme s'il comprenait, puis se tourna vers Deornas.

- Et toi, mon jeune ami ? Tu te prétends mon descendant. Tu portes mon noble nom. Et tu oses défier le fondateur de ton pays, sans lequel tu ne serais pas là aujourd'hui ?

- Ma conscience prévaut sur la loyauté, répondit Deornas. Vous avez beau être le Fondateur, vous ne faites que le mal. Votre légende n'est construite que sur mensonges et tromperies. Vous nous mentiez déjà, ce jour là, quand vous êtes apparu en esprit devant tout le monde, au Temple Royal.

Castel éclata de son rire cruel et mesquin.

- Ah oui, je m'en souviens. Vous vous êtes tous inclinés si rapidement, bande d'idiots ! Mais ne vous méprenez pas : c'est moi qui ait dirigé Cinhol depuis tout ce temps, dans l'ombre. Ma chère Venisi ici présente était mon intermédiaire auprès de mes descendants, rois et reines. Je n'ai pas seulement fondé notre nation : je l'ai façonnée à mon image. Vous tous, peuple de Cinhol, vous êtes des jouets qui n'existent que pour me complaire. Je suis l'égal d'un dieu pour vous. Et une fois ce monde purgé, je reviendrai là-bas, pour réellement jouer au dieu cette fois ci.

- Vous êtes ignoble, cracha Deornas.

- Je ne vois pas en quoi. Je vous ai donné la vie ; il est normal que vos vies m'appartiennent.

- Adam... tenta Leaf d'une voix suppliante. Je sais que tu es là, quelque part. Ce n'est pas toi, ça ! Bats-toi ! Reviens !

Une grimace furieuse défigura le visage du roi.

- Ton Adam n'était qu'une illusion...

- C'est faux ! Adam était celui que vous auriez dû être. Celui que vous avez peut-être été dans votre jeunesse, avant que vous ne sombriez dans la folie et la corruption. Si vous, vous représentez le mauvais coté de Castel Haldar, Adam représente le bon coté. C'est ce que je veux croire !

Castel haussa les épaules.

- Eh bien, crois-le, si ça te fais plaisir. Je n'ai pas de bons ou de mauvais cotés. Je suis moi, c'est tout. Toi en revanche, ma chère, tu ne seras bientôt plus toi. Je compte faire offrande de ton corps à ma fidèle épouse. Ton âme sera bannie, et celle de Venisi... non, d'Enysia, s'installera dans ton corps. Pour toi, ça équivaudra à la mort bien sûr. Et une mort particulièrement douloureuse, apparemment. C'est un processus similaire à celui que j'ai utilisé pour ramener l'âme d'Enysia et créer Venisi. Le Grand Forgeron me l'a appris. Au final, nous autre humains sommes comme des jouets pour lui, qu'il peut réparer et interchanger à sa guise.

Choquée, Leaf recula. Castel agita les mains et une barrière de feu se leva derrière Leaf. Castel s'avança ensuite pour lui serrer les poignets. Bien qu'elle tenta de se débattre, Leaf ne pouvait pas résister à sa poigne.

- J'aimais bien ta personnalité, c'est dommage, poursuivit Castel. Je t'aurai bien gardé à mes cotés comme une maîtresse si tu ne m'avais pas trahi, mais tant pis... Au moins, j'aurai toujours ton joli petit corps en permanence à mes cotés. Je lui ferais beaucoup d'enfants, et grâce à lui, je créerai une nouvelle dynastie qui durera un millénaire ! N'est-ce pas merveilleux ?

Pour toute réponse, Leaf lui cracha au visage. Castel la gifla, et, avec la force qu'il a acquit grâce au Revêtarme, Leaf fut projetée loin en arrière, la lèvre éclatée et une dent en moins.

- Oups, fit Castel. Mes excuses. Je ne contrôle plus ma force. Il ne s'agirait pas que j'abîme ce corps avant de le donner à ma tendre. Montre-lui, ma douce. Montre-lui donc ton visage, qui a tant besoin d'un nouveau jeune et fringuant.

Venisi s'avança tel un fantôme. Deornas s'avança pour lui faire obstacle avec une épée, et derrière lui, il y avait le Nidoqueen de Leaf, prêt à défendre sa dresseuse.

- Veuillez ne pas faire un pas de plus, madame, lui demanda poliment Deornas.

- Sinon quoi ?

Venisi souleva lentement son voile. Voyant ce qu'il y avait derrière, Deornas glapit, et Leaf poussa un bref cri d'horreur. C'était le visage de quelqu'un en décomposition depuis des mois. La peau était violette, translucide, pourrie. Il y avait même des trous dans le visage, d'où grouillaient des asticots. Les yeux de Venisi étaient blancs, sans iris ou pupille visible, et bien sûr, elle n'avait plus un seul cheveu sur le crâne. Cette apparition d'horreur poussa Deornas au combat. Il chargea avec son épée, mais fut contrée par... une faux. Venisi venait d'appeler son unique Pokemon, Shinecros, au corps noir et spectral, habillé d'une robe rouge qui faisait aussi cagoule, et ayant une corde de pendu autour du coup. Le bas de son corps, qu'il tenait dans ses propres mains, était une faux noire dont l'acier luisait dangereusement.

Sachant très bien qu'il ne faisait pas le poids face à un Pokemon, Deornas recula, laissant le champ libre à Nidoqueen. Ce dernier attaqua avec un Laser-Glace, que Shinecros contra avec une attaque Ball-Ombre. Le Pokemon se rendit alors invisible, et Nidoqueen, perdu, ne put que tourner la tête dans tout les sens pour tenter de repérer son ennemi. Il ne vit pas le coup de faux qui fendit l'air et creusa un sillon sanglant dans son dos. Nidoqueen gémit, puis s'écroula. Leaf préféra le rappeler, quand bien même il restait leur seule défense.

- Amène-là moi, Venisi, ordonna Castel. Je vais procéder. Place-la sur le bloc de Vifacier, et...

Castel s'arrêta, quand il remarqua que quelque chose venait de lui agripper la jambe. Il baissa son regard sur Zayne, qui avait fini de ramper jusqu'à lui.

- Allons allons, soupira Castel. Tu ne veux pas rester tranquillement sans bouger en attendant la mort ? Profite du temps qu'il te reste pour observer le spectacle, ça va être grandiose !

Il dégagea son pied et en donna un coup au visage de Zayne. Au moment où Venisi empoigna le bras de Leaf, de nouveaux arrivants se présentèrent. Erend, Anis et Syal, précédés de leurs Pokemon, dont un nouveau pour Erend. Ce dernier vit son frère prostré à terre, et poussa un cri de rage et de désespoir. Il s'agenouilla près de Zayne en appelant son frère, en lui disant de ne pas le laisser, les yeux pleins de larmes. Leaf en eut le cœur brisé. Erend ne se laissait jamais aller à ses émotions. Il devait être en ce moment au cœur d'un profond désespoir. Mais ce spectacle fit ricaner Castel.

- Ah, vous voilà ! Tout le monde est là pour assister au grand final ! On va pouvoir commencer !

- Attendez, vous m'oubliez.

Quelqu'un d'autre venait de remonter la Parade des Preux, du coté opposé. Un sourire goguenard aux lèvres, Leol tenait une lance dans une main et une épée dans l'autre. Il marchait avec une suffisance excessive, comme s'il était le maître des lieux. Castel fronça les sourcils.

- Et peut-on savoir qui tu es, toi ? Tu viens de Cinhol ?

- Oui, mais vous ne m'avez pas encore rencontré. Ou alors très rapidement, quand nous étions bébés. Moi, je suis ravi de vous voir enfin, Votre Majesté Castel.

Castel l'examina de la tête au pied, et s'arrêta longuement sur son visage.

- Tu as beau avoir les cheveux bleus, tu ne peux pas me tromper, dit enfin le roi. Tu es de mon sang, je peux le voir.

- Effectivement, acquiesça Leol, son sourire s'élargissant. Officiellement, je suis le fils de Lyaderix, chef de la Tribu des Chevaux. Mais en réalité, il m'a adopté. Je suis bien un Haldar, cher ancêtre. Celui qui n'a jamais pu être reconnu à cause de vous. Fils de feu Rushon Haldar et Ariella Wufot. Héritier et roi légitime de Cinhol, Adam Haldar.