Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 30/09/2015 à 08:38
» Dernière mise à jour le 08/09/2019 à 19:18

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 31 : L'attaque de Tranchodon
Tannis



Ludmila s'avança pour ramasser la Pokeball, qu'elle regardait presque avec vénération. Pas pour Daecheron bien sûr, mais en voyant là un moyen d'enfin le tuer. Si Ludmila ne voyait que la Pokeball - le but de notre quête après tout - moi je m'interrogeai sur le message qu'avait laissé Xanthos. Il avait dit des choses dont je n'avais strictement rien compris, mais visionner cet enregistrement avait fait naître en moi une émotion bizarre, comme de l'exaltation. Je n'étais pas le seul à me poser des questions. Penombrice, en érudit avide d'apprendre qu'il était, se tourna vers Sol.

- Que voulait-il dire, Dame Sol, au sujet de ce pouvoir, l'Eternité ? Ce serait ça qui l'aurai rendu fou ?

Avant que Sol n'ait pu répondre, Ludmila répliqua de façon méprisante :

- Ne crois pas un seul mot qui sorte du masque de Xanthos, Penombrice. Même s'il est mort, il continue à nous couvrir de mensonges et de manigances.

Sol secoua la tête.

- Non, Xanthos était sincère dans ses paroles. Je ne sais pas tout de ce qu'il a raconté sur l'Eternité et de ce Puits des Abysses, mais quand il parlait de tuer Daecheron et de la menace qu'il représentait, c'étaient là des mots sans tromperie. Pourquoi aurait-il caché la Pokeball dans ce cas ?

- S'il ne mentait pas, alors c'est un sale hypocrite, insista Ludmila. Il voulait faire passer l'Empereur comme le grand méchant et lui comme une espèce de sauveur et de victime, alors que durant son dernier siècle de règne, il a enchaîné horreur sur horreur. Daecheron est une ordure, oui, mais Xanthos l'était plus encore. Que personne ne s'y trompe !

Elle semblait défier quiconque d'oser prétendre le contraire, même Dame Sol. Mais la vieille femme garda le silence. Cielali demanda :

- Il s'est appelé lui-même Sauveur du Millénaire. Qu'est-ce que c'est au juste ? Les Zarbi en ont aussi parlé dans les Ruines Alpha...

Sol foudroya Cielali du regard, comme si elle venait de dire quelque chose qui ne fallait pas. Cielali dut comprendre qu'elle avait gaffé, car elle se mit à fixer le sol, honteuse. Mais Sol répondit néanmoins :

- Un ancien titre. Les légendes veulent qu'Arceus nomme parfois des gens, humains ou Pokemon, comme ça. Ces personnes sont sensées sauver le monde lors de temps de grands périls. Ceci dit, j'ignore si Xanthos a réellement été choisi par Arceus, ou s'il a seulement usurpé ce titre.

Ludmila recommença à s'agiter.

- Vous ne pouvez pas croire que...

- Je ne crois rien, car je ne sais pas, coupa Sol. Et toi encore moins, mon enfant. Mais que Xanthos fut réellement ou non le Sauveur du Millénaire importe peu maintenant. Nous avons ce pourquoi nous sommes venus.

Nous nous en retournèrent donc sur nos pas, laissant là les Ruines Sinjoh et le message du Seigneur Xanthos. Mais quand nous eûmes passés le portail dimensionnel, et rejoins les Colonnes Lances, une mauvaise surprise nous attendait. Un skipper impérial se tenait au dessus de nous, et devant nous, une troupe d'une centaine de Pokemon, avec à sa tête un Tranchodon plus grand que la moyenne, avec la peau grise et sombre et les yeux rougeoyants. C'était la première fois que je le voyais, mais je n'avais aucun doute sur son identité : celui qui poursuivait Ludmila et ses amis depuis le début, le colonel Tranchodon. Alors que nous étions pétrifiés, Tranchodon nous accueillit avec le sourire.

- Nous vous attendions, amis Paxen ! Nous avons préféré rester là plutôt que vous suivre dans ce portail hérétique ; vu qu'il est resté ouvert, c'est que vous alliez sortir. Je suis ravi de tous vous voir ensemble. Ravi, vraiment...

Son regard rouge se posa sur Kerel et Cielali.

- Content de vous revoir, vous deux. J'ai fort apprécié le repas de la dernière fois. Et le dessert... un délice incomparable, je l'avouerai. Tuer vos deux traîtres de parents, miss Cielali, m'a procuré bien plus de plaisir que n'importe quel mets de choix.

Les yeux ambrés de Cielali étaient encore plus écarquillés que d'habitude, et si Kerel ne l'avait pas prise dans ses bras, j'eu crains qu'elle ne charge sur le colonel impérial.

- Ah, et monsieur le maire Cresuptil, bien sûr, poursuivit Tranchodon. J'ai pris votre cité en votre absence, et j'y ai effectué quelques... petits changements. Je serai ravi de vous les montrer avant votre exécution.

Cresuptil glapit de peur et alla se cacher derrière Ludmila, ce qui en disait long sur sa terreur, car elle était la personne qu'il évitait généralement le plus.

- Et bien sûr, les fameux Paxen Penombrice et Ludmila Chen ! Il y a un moment qu'on ne s'était plus vu. La dernière fois, j'ai manqué de te dévorer la jambe, humaine.

- Oui, j'en porte toujours la marque, confirma Ludmila d'un ton calme. Une cicatrice que je garde comme un gage de fierté.

- Et tu as raison. Ils sont peu, ceux qui peuvent se vanter d'avoir des cicatrices de mon fait, car personne ne me réchappe d'ordinaire. Mais j'ai pu goûter ton sang cette fois là. Une exquise sensation, qu'il me tarde vite d'expérimenter à nouveau !

Son regard passa ensuite à moi, et devant ses yeux rouges et sauvages qui respiraient la cruauté et la barbarie, je me retins de me ratatiner sur place.

- Alors toi, tu es Tannis Chalk ? Je n'ai pas encore eu l'honneur de te rencontrer, mais je sais que tu étais présent lors de l'assassinat du Seigneur Xanthos. Un crime qui suffit à lui seul une mort extrêmement lente, tu ne penses pas ?

Je parvins à déglutir, et à répliquer de mon ton ironique habituel, quoi qu'un peu tremblant cette fois ci :

- Hélas, je n'en garde guère de souvenir. Vous autres impériaux, vous m'avez un peu trop trituré la cervelle, et je me rappelle de quasiment rien.

- Vraiment ? C'est regrettable, car c'est pour tes informations que Sa Majesté l'Empereur te veut en vie. Enfin, l'Empereur a ses moyens pour soutirer ce qu'il veut savoir. Des moyens qui me fiche la frousse, même à moi, conclut-il en un sourire de psychopathe.

Puis enfin, il dévisagea Sol.

- Et la dernière mais pas la moindre : Solaris as Vriff, l'une des Six Fondateurs des Paxen, que l'on pensait disparue. Dire que depuis tout ce temps, tu te terrais dans cette cité de bouseux...

- La puanteur impériale y était moindre qu'ailleurs, répondit poliment Sol. Mais dès que j'ai senti ton odeur, j'ai jugé qu'il était temps de lever le camps.

- Tu m'en diras tant, toi, l'abomination mi-humaine mi-Pokemon. Parait-il qu'en plus d'avoir volé les pouvoirs de Dracoraure, tu héberges son âme en toi. Un être tel que toi est une hérésie pour Sa Majesté l'Empereur, qu'il convient d'éradiquer. Et je vais m'en charger avec joie.

- Dis-moi avant comment tu nous as retrouvé. Je suis curieuse, vois-tu...

- L'Empire a des amis un peu partout, répondit Tranchodon. Et certains ont plus tendance à se dissimuler que d'autre.

Il tourna la tête vers ses troupes derrière lui, qui avaient laissé passer deux personnes. Un humain et un Pokemon, que tout le monde, bien sûr, avait reconnu au premier coup d'œil.

- Frelali ! Cracha Cielali avec haine. J'étais certaine que vous retourneriez dans les pattes de votre ami le colonel à la première occasion. Vous n'êtes qu'un rebut de Pokemon !

Le Pokemon insectoïde aux yeux multiples ricana.

- Toujours aussi vulgaire, ma jeune dame Cielali. Ne vous inquiétez pas, je vous enseignerez le respect. Le colonel m'a gentiment accordé que vous gardiez la vie, pour que je puisse faire valoir mes droits sur vous.

- Vous n'avez aucun droit sur ma maîtresse ! S'exclama Kerel. Et comment saviez-vous où nous nous rendions ? Vous nous avez espionné, c'est ça ? Vous avez envoyé Galbar écouter à notre porte ?

Frelali gloussa, et même son esclave Galbar se permit un sourire.

- Je n'ai nul eut besoin d'écouter ou porte ou d'envoyer quelqu'un le faire. Un bon ami m'a tout raconté en échange d'un petit sac de jails.

Naturellement, tous les regards du groupe, dont le mien, se posèrent sur Cresuptil, qui semblait vouloir rentrer sous terre pour se cacher.

- Je... euh...

- Alors toi aussi t'es un foutu traître ?! Cracha Ludmila. Je savais qu'on aurait dû te buter dès le début...

- Non, attendez, c'est de la diffamation ! Protesta Cresuptil avec les accents de la sincérité. Je... il est vrai que j'ai peut-être un peu parlé avec Frelali de vos projets quand il m'a proposé ce sac de jails, mais... Enfin, il avait demandé l'asile à Cresselia ! Je n'aurai jamais pensé qu'il irait tout raconter aux impériaux ! Je le jure sur tout l'argent que j'ai possédé au cours de ma vie !

Ça ne réussit pas à effacer ce regard meurtrier sur le visage de Ludmila, mais moi, je le croyais. Enfin, non pas que ça change quoi que ce soit, maintenant...

- Vous serez peut-être heureux d'apprendre, poursuivit Tranchodon, que la Vallée des Brumes a enfin été purgée de sa souillure, et fait désormais partie intégrante du territoire de l'Empire. Cresselia a bien tenté de protester, mais j'ai dû... mettre un point final à ses réclamations. De façon diplomatique, bien entendu...

Sol plissa les yeux, et l'air autour d'elle crépita méchamment. Elle avait l'air vraiment très furax.

- Qu'as-tu fait, espèce de chien enragé ?

- Que t'importe de le savoir ? Tu vas mourir très bientôt.

Sentant la confrontation imminente, je me préparai à lever mon arme, en me souvenant que je n'en avait aucune. Et il n'y avait aucun endroit où aller. Devant, les ennemis. En bas, le vide. Derrière, le portail vers les Ruines Sinjoh, mais c'était un cul de sac. Après un moment de réflexion intense, j'en conclus une chose : on était un peu dans la merde. Sol se tourna vers nous. Et avec un sourire triste, elle nous dit ce seul mot :

- Fuyez.

Puis, ses ailes blanches déployées, elle fonça à toute vitesse vers la troupe de Pokemon, un orbe de puissance violette à la main. L'impact provoqua une explosion conséquente, qui abîma encore plus le peu qui restait des ruines. Plusieurs Pokemon volèrent de droite à gauche, parfois en plusieurs morceaux. Au milieu d'eux, Sol était devenue une furie aux contours violets, tranchant avec ses seuls bras, lançant des rayons avec ses mains, ses yeux ou sa bouche. C'était tout bonnement effrayant. De toute évidence, jusqu'ici, Sol ne nous avait montré qu'une infime partie de ses pouvoirs. Tâchant de me reprendre, je pris Ludmila par la main pour descendre les escaliers d'or. Celle-ci se débattit.

- Qu'est-ce que tu fous ?! Lâche-moi !

- Dame Sol nous a demandé de fuir ! Elle gagne du temps pour nous !

- Je vais me battre ! Cette ordure de Tranchodon ne...

- Ludmila ! Intervint cette fois Penombrice. Le plus important est de ramener la Pokeball de l'Empereur. Dame Sol le sait, et fait ce qui est nécessaire !

Ludmila serra si fort les dents qu'on pouvait les entendre grincer. Mais finalement, elle abandonna la partie, et suivit les autres. Mais au bas de l'escalier, des impériaux les attendaient. Tranchodon, au prise avec Sol dans la mêlée, avait lancé :

- Ne les laissez pas filer ! Récupérez la Pokeball coûte que coûte ! Capturez l'humain Tannis Chalk ! Et tuez les autres ! TUEZ-LES !

Penombrice lâcha deux Ball-Ombre avec ses mains, et Cresuptil, avec son attaque Psycho, repoussa le reste des impériaux qui leur barraient la route. Mais, venant de droite, l'esclave de Frelali, ce grand dadais de Galbar, bouscula Ludmila et la fit tomber. La Pokeball qu'elle tenait roula un moment, avant que Galbar ne la ramasse.

- Permettez. Je garde ça.

- Enfoiré ! Cracha Kerel.

Cielali se gonfla la bouche d'air pour apparemment lancer une attaque Vol sur l'humain, quand Frelali surgit pour défendre son esclave. Il aveugla Cielali avec un jet de son attaque Sécrétion, puis lui lança un Dard Venin qui se logea dans le corps du petit Pokemon blanc. Cielali poussa un cri de douleur, mais ne recula pas, loin de là. Quand elle vit Frelali, elle surgit sur lui et l'attrapa avec ses pattes arrières, tandis qu'elle s'envolait plus bas sur la montagne. Comme Frelali se débattait avec ses attaques poisons et insectes, les deux Pokemon tombèrent et roulèrent sur le flanc rocheux, vers beaucoup, beaucoup plus bas.

- MAITRESSE ! Hurla Kerel en se lançant à la suite de Cielali.

J'aurai voulu l'arrêter, lui dire que c'était du suicide, mais j'avais mes propres problèmes. Devant moi, un imposant Rhinastoc avait apparemment décidé que j'étais sa cible. Avec ses bras épais et rocheux, il explosa l'endroit au sol où je me trouvais une demi-seconde plus tôt. Je dus une nouvelle fois faire une roulade en catastrophe pour éviter sa corne.

- Eh, gros lard ! Protestai-je. Ton foutu colonel ne vous a pas demandé de me capturer vivant ? Tu sais ce que ça veut dire, vivant ?

Apparement, le Rhinastoc ne savait pas, car il souleva, avec sa force colossale, un rocher de taille énorme qu'il avait l'intention de me balancer dessus. Je dus mon salut à l'intervention éclair de Penombrice, qui, d'un coup, gela le Rhinastoc des pieds à la tête. Pendant ce temps, Ludmila luttait avec Galbar pour récupérer la Pokeball de l'Empereur. Je voulus aller l'aider, mais deux autres Pokemon remplacèrent le Rhinastoc. L'un des deux, un Roitiflam, lâcha sur Penombrice un torrent de feu. Impuissant face au flamme, le partenaire de Ludmila fut repoussé au loin, chutant des Colonnes Lances tandis que son corps de glace fondait de toute part.

- NON ! Hurlai-je.

Il ne restait plus que moi, Cresuptil et Ludmila, cernés par des dizaines de Pokemon. Fichus. Doublement fichus. Triplement fichus ! Mais une éruption d'énergie violette passa en flèche devant nos assiégeants, qui allèrent voler dans les airs, la plupart retombant dans le vide. Sol venait de tendre la main pour lancer cette attaque salvatrice. Et, au même moment, le colonel Tranchodon profita de l'occasion pour abattre ses défenses semblables à des faux. La main de Sol, ainsi qu'une bonne partie de son avant-bras, se détacha du reste de son corps, faisant jaillir une fontaine de sang violet.

- DAME SOL ! M'écriai-je.

- Je vous ai dit de fuir, jeunes idiots !

Elle n'avait pas réagi à la perte de sa main, comme si elle s'en fichait royalement.

- Mais... la Pokeball... protesta Ludmila.

- Vos vies sont plus importantes !

En disant cela, étrangement, ce fut moi qu'elle regardait.

- Partez ! Fuyez le plus loin possible !

- Je ne pense pas, non, ricana Tranchodon.

Il fit un pas vers nous, mais Sol se retourna vivement vers lui, et le propulsa de toute la force de son unique main, ce qui fit naître un choc violet. Une attaque Dracocharge, devinai-je. Quelque Pokemon tentèrent de nous attaquer, mais Sol les repoussa avec une déferlante d'attaques spéciales. Elle avait bien l'intention de prendre tous les impériaux contre elle pour nous laisser l'occasion de fuir. Mais où pourraient-ils bien fuir, à trois seulement, sans possibilité de voler ?

- Je peux nous faire dévaler la montagne sans trop de dommage ! Dit Cresuptil. Avec mes pouvoirs psy. Ce sera comme si on glissait dessus !

- Après toi, l'encourageai-je en lui désignant le bord du précipice.

Je dus tirer Ludmila pour qu'elle daigne me suivre, tandis que Galbar, la Pokeball de l'Empereur en main, et ne cherchant nullement à nous poursuivre, reculait avec un sourire goguenard. Refusant de regarder en arrière, je sautai à la suite de Cresuptil, et je sentis son maintient psychique me garder en équilibre tandis que je dévalai à toute allure le pan de la montagne, Ludmila à mes cotés. Encore une fois, je me faisais l'effet d'un lâche. J'abandonnais Sol à son destin, et j'ignorais même si Kerel, Cielali et Penombrice étaient encore en vie. Pour moi, c'était déjà insupportable, mais ça devait être bien pire pour Ludmila, dont je voyais clairement les larmes de rage et d'impuissance.


***


Cielali




J'avais attrapé Frelali avec l'idée de lui faire gouter à mon attaque Chute Libre, et, de l'hauteur où nous nous trouvions, nul doute que la chute lui aurait été fatale. Mais le Dard-venin qu'il m'avait lancé m'avait affaibli, et quand Frelali se débattit, je ne pus maintenir ma prise. Pire, il m'entraîna avec lui dans sa chute. Nous tombions sur les pentes escarpés de l'Asicon, tout en continuant à nous battre au corps à corps alors que nous dévalions des rochers pointus qui nous blessaient plus ou moins sévèrement. J'avais vaguement entendu le cri de Kerel derrière moi, mais je ne m'en souciais plus, pas plus que de la bataille plus haut, ou du sort de mes autres compagnons. J'étais seule avec Frelali. Pour moi, plus ne rien ne comptait à part lui faire payer ses crimes et me venger.

Parvenant enfin à me libérer de ses mandibules et de ses griffes empoisonnées, je m'éloignai un peu de lui et j'effectuai mon attaque Atterrissage pour recouvrer un peu de mes forces. Frelali, lui, ne pouvait pas faire de même. Lui aussi avait souffert de la chute, et surtout, il venait de se rendre compte qu'il était tout seul, loin de la protection des impériaux et de son esclave, face à un Pokemon de type Vol qu'il craignait du fait de son type Insecte. Je lus de la peur dans ses sept yeux, et rien ne m'avais fait plus plaisir depuis longtemps.

- A-attendez, balbutia-t-il. Nous n'avons aucune raison de nous battre. J'ai obtenu de Tranchodon qu'il ferme les yeux sur votre trahison ! Abandonnez ces rebelles, implorez le pardon de l'Empire, et devenez ma femme ! Alors, tous sera comme avant. Vous retrouverez votre statut social, et nous deviendrons le couple le plus puissant de Ferduval !

De toute évidence, il pensait me faire une proposition difficile à refuser. Décidément, ce misérable Pokemon me dégoutait.

- Je préfère mourir plutôt que de devenir votre femme, répliquai-je. Mais je préfère aussi que ce soit vous qui mourriez.

D'un vol plané, je lançais mon attaque Aeropique. Ce n'était pas ma plus puissante, car j'étais plus efficace en attaque spéciale, mais elle avait l'avantage d'être extrêmement rapide et de ne jamais rater son coup. Frelali la reçu de plein fouet, et dégringola encore quelque mètres de la montagne. Sifflant de rage, il contrattaqua. Il commença à lancer son attaque Toile autour de lui, s'entourant d'un fil gluant et collant. Je retins un sourire. Cet idiot pensait réellement se protéger comme ça ? Avec mes oreilles, je lançai Lame-Air, l'attaque avec laquelle je m'étais le plus entraînée. La lame de vent fendit la toile de Frelali sans effort, et le toucha lui aussi.

Il tenta autre chose. Tous les poils de son corps s'ébouriffèrent et un bruit atroce me prit aux oreilles. L'attaque Bourdon. Une attaque sonore, que je pouvais difficilement ignorer, avec mes grosses oreilles. Mais elle restait une attaque Insecte, et moi, j'étais de type Vol. Aussi désagréable soit-elle, ce n'était pas ça qui allait me battre. Je créai une attaque Tornade qui emporta Frelali et le stoppa dans son attaque. Je l'entendis hurler, et ce son fut pour moi comme une douce musique. Ce Pokemon ne m'avait jamais prise au sérieux. Il pensait que j'étais une jeune demoiselle inexpérimentée et incapable de se battre, et que mon type Vol ne compenserait pas mon manque d'expérience face à lui. Piètre erreur. J'étais jeune, oui, j'étais de bonne naissance, oui, mais je n'avais jamais manqué de m'entraîner, que ce soit avec Kerel ou avec des amis Pokemon.

Frelali fut entraîné jusqu'au bord d'une falaise, parvenant avec difficulté à se remettre sur ses pattes. Il tremblait de tout son corps, sous l'effet des attaques Vol qu'il avait encaissées, mais aussi de la peur. Il était dans une situation ou ni son pouvoir ni son prestige ne pouvaient l'aider, et il n'avait jamais connu cela. Quand je me posai devant lui, il frémit et recula aussi loin qu'il le pouvait.

- V-vous êtes folle ! J'ai le soutient du colonel Tranchodon ! J'ai derrière moi toute la puissance de l'Empire !

- Je ne vois rien derrière vous, si ce n'est le vide, répondis-je. C'est d'ailleurs votre destination.

- Vous... vous ne pouvez pas... Vous n'avez pas le droit ! Je suis Frelali !

- Et moi, je suis Cielali, une Paxen. Donc je me fiche que je n'ai pas le droit. Je le prends quand même.

Et sur ce, je l'attrapai une nouvelle fois, pour une attaque Chute Libre, cette fois menée à son terme. Trop faible pour se débattre convenablement, il ne put m'échapper. J'effectuai deux looping dans les airs pour gagner en vitesse, puis je plongeai vers le sol. Frelali hurla, jusqu'à que je le fracasse par terre. Je sentis avec satisfaction son corps insectoïde céder, ses membres craquer et se briser. Ses pattes arrière étaient tordues, un sang vert s'écoulant de son corps. Il n'était pas mort, mais ne pourrait plus jamais marcher.

- P-pitié, supplia-t-il. Je... Je ne veux pas mourir...

Je le dévisageai. Je l'avais vaincu, et je pensais que j'aurai pris plaisir à le tuer. Mais finalement non. Je compris que si je le faisais, ça ne m'apporterai rien de plus, ni soulagement ni plaisir. Par contre, en sortirai-je changée ? Dame Sol m'avait mise en garde contre la vengeance, qui pouvait transformer les meilleures personnes en êtres froids et mauvais. Deviendrai-je comme Ludmila, insensible et obsédée par le meurtre de ses ennemis ?

Secouant la tête, je m'écartai de Frelali. Je lui laissai la vie. Pas par pitié ; ce Pokemon ne m'en inspirait aucune. Mais parce que je ne me sentais pas prêtre à ôter la vie. J'aurai l'impression d'être à jamais salie. Et puis, dans son état, il y avait de toute façon peu de chance que Frelali puisse survivre. Qu'il reste donc ici, et que le froid et la faim le tuent à petit feu. Un destin digne de la pourriture qu'il était. Je m'envolai vers d'où j'étais arrivée. Epuisée par le combat, je sentis mes forces décroitre et je tombai lentement jusqu'à que des mains chaudes me rattrapent. Kerel m'avait suivit, et avait l'air mal en point, mais soulagé de me voir.

- Maîtresse ! Vous allez bien ? Vous êtes blessée ?

- Je vais bien, soufflai-je. Juste un peu fatiguée...

Je regardai de loin le sommet de la montagne. Même si je l'avais voulu, je n'aurai rien pu faire pour les autres. Peut-être étaient-ils déjà morts...

- Que devons-nous faire, maîtresse ?

Kerel attendait mes directives. Il ne déciderai rien sans moi, comme d'habitude.

- Dame Sol nous a demandé de fuir. Nous serons tués si Tranchodon nous rattrape. Nous ne pouvons rien faire d'autre...

Mais où irions-nous ? Je n'en savais rien. Il était impossible de trouver la base Paxen sans un Paxen avec nous.

- Au moins, nous sommes ensemble, maîtresse, dit Kerel comme s'il lisait mes pensées.

- Oui... ensemble.