Chapitre 297 : Affrontement à Atalanopolis
Respectant sa parole, le clone d’ombre de Silas Brenwark avait renvoyé Tuno au manoir Vrakdale, via un de ses portails sombres grâce auxquels il pouvait voyager où il voulait et en un temps record. Tuno resta un moment sur le perron du manoir, hésitant à rentrer. Ce n’était pas chez lui, après tout. Il pouvait bien porter officiellement Vrakdale comme nom, ce manoir était un lieu du mal, une base des Agents de la Corruption. Aussi bas que Tuno soit tombé, il ne voulait rien avoir à faire avec eux.
Mais les paroles de Silas résonnaient encore dans son esprit. Il avait clairement sous-entendu qu’il y avait quelque chose dans le manoir qui pouvait le sauver. Tuno souffrait. Son corps devenait de plus en plus instable. La gangrène noire avait presque totalement infecté tous son coté gauche. Son bras gauche n’était plus qu’une masse noire qui prenait des formes bizarres à son gré. Sur la partie infectée de son visage, Tuno ne pouvait même plus distinguer ses propres traits, tant ils étaient brouillés.
Outre tout cela, les dégâts de la transformation commençait à se faire ressentir au plus profond de lui. Il avait de plus en plus de mal à respirer, et bouger lui faisait de plus en plus mal. Son cœur n’allait pas supporter longtemps la terrible pression à laquelle était confrontée son corps. Si Tuno ne trouvait rien pour le sauver, il se suiciderai. Contrairement au Sygmus qui avait été programmé pour survivre à tous prix, lui pouvait faire ça. Mais s’il y avait la moindre chance de survie dans ce manoir, ou ne serait-ce qu’un moyen de lui faire gagner un peu de temps, pour réaliser sa vengeance envers Venamia…
Tuno entra donc, sans frapper. N’était-il pas chez lui, selon Brenwark ? Lilwen était dans le grand hall, l’attendant comme une domestique. Peut-être était-elle là depuis qu’il était parti ? Cette fille pouvait bien rester immobile des heures débout. Étant un cadavre régénéré, elle ne sentait ni la douleur, ni la fatigue, ni la faim. Elle était telle que Tuno l’avait quitté, avec sa tenue de loli gothique et son petit chapeau noir de travers. Ses yeux noirs vitreux et inexpressifs dévisagèrent Tuno.
- Jeune maître Vrakdale…
- Mon père est mort, dit Tuno.
Il étudia bien le visage pâle de la G-Man zombie pour tenter d’y discerner la moindre trace d’émotion, mais son expression ne changea pas d’un poil.
- Je vois. Vous êtes donc le nouveau Seigneur Vrakdale. Je suis à vos ordres.
Bon, Brenwark n’avait pas menti, apparemment. Lilwen lui était inféodée.
- Pourquoi ? Demanda quand même Tuno. Tu es libre, maintenant.
- J’ai été ressuscitée pour servir. Je ne peux être libre. Le Seigneur Marquis m’a donné pour mission d’obéir au Seigneur Vrakdale en me confiant à lui. Il ne m’a fait part d’aucun changement d’ordre, donc je dois vous servir vous. Veuillez me suivre, s’il-vous-plait.
Elle s’engagea dans le grand couloir de la demeure avant de descendre des escaliers. Tuno la suivit avec un léger retard.
- Où m’amènes-tu ?
- Le Seigneur Vrakdale, votre père, m’avait chargé d’une ultime mission. Si jamais il venait à disparaître, m’a-t-il dit, je devais vous amener en un lieu bien précis : son laboratoire secret.
Durant les quelque jours que Tuno avait passé ici, il n’avait jamais vu le labo de son père. Il ne savait même pas où il se trouvait. Vrakdale n’y acceptait personne. Mais si Vrakdale avait donné cet ordre à Lilwen… peut-être avait-il prévu sa propre mort ? Tuno comprenait qu’il y avait plein de choses qu’il ignorait sur son géniteur. Lilwen s’arrêta devant un mur, et manipula une des chandelles. Un pan du mur s’ouvrit alors, révélant une pièce secrète.
Tuno ricana, mais n’aurait pas dû être étonné. Ce manoir était très vieux, et aux mains de la famille Vrakdale depuis des siècles. La pièce secrète était grande et fascinante. Il y avait un large bureau de travail, plusieurs tables, une énorme coquille en verre, et quantité de bocaux et d’éprouvettes avec plusieurs liquides dedans. Dans plusieurs vitrines, il y avait des objets dont Tuno ignorait jusqu’au nom. Beaucoup semblaient être des objets d’art. Il y avait aussi quelque Pokeball, dont le niveau de poussière dessus indiquait leur ancienneté.
- C’est donc le labo de mon vieux ? Demanda Tuno.
- Oui seigneur. Il est à vous, à présent.
- Super. Mais je n’ai rien de scientifique comme lui, moi.
- Le Seigneur Vrakdale m’a expliqué l’utilité de la plupart de ses expériences. Vous voyez les flacons de liquide violets ici ? C’est le sérum des Sygmus, qui faut leur donner une fois par semaine pour leur survie. Il en reste assez pour plusieurs mois, et le Seigneur Vrakdale m’a appris à en fabriquer d’autre.
Ainsi donc, Tuno pourrait aussi s’acheter la loyauté d’Aton et de ses trois amis ? Mais s’il les prenait avec lui, il n’allait pas faire d’eux des esclaves comme Vrakdale l’avait fait. Non. Il leur apprendrai à fabriquer leur sérum eux-mêmes. À eux ensuite de décider ce qu’ils voudront faire : rester avec lui, ou partir.
- Et ceci… continua Lilwen, c’est la formule G.
Tuno se retourna vivement, regardant le tube rempli d’un liquide rouge que Lilwen tenait.
- La formule… Alors mon père l’avait achevée ?!
- En effet. Mais il n’a pu qu’en produire assez pour vous. Et lui seul savait comment faire. Vous serez le seul exemplaire de son génie, mon seigneur. Un être surpuissant ; similaire aux G-Man, mais avec les gènes d’un Pokemon Légendaire. Le Sygmus parfait dont il a toujours rêvé.
Tout à la contemplation du flacon rouge, Tuno ne vit pas que Lilwen écartait une étagère, jusqu’à qu’elle ne lui demande d’approcher. Il y avait un coffre-fort incrusté dans le mur, avec clavier tactique ; un truc très moderne qui contrastait avec le décor moyenâgeux de cette salle secrète.
- C’est quoi ça ? Demanda Tuno.
- Le Seigneur Vrakdale conservait ici son plus précieux objet. Il m’a demandé de vous le signaler, mais sans révéler le mot de passe. Sans doute le connaissez-vous ?
Tuno s’approcha. Un mot de passe ? Il ne savait presque rien de son père, à part ses attaches douteuses. Le mot « marquis » ne fonctionna pas, ni « Horrorscor » ou « corruption ». Il essaya alors Gloria, le prénom de sa mère. Vrakdale n’avait-il pas avoué l’avoir aimé durant un temps ? Mais là non plus, rien. Vrakdale avait-il seulement aimé quelqu’un, à part Gloria Tuno ? Une possibilité, quelque peu gênante, se fit dans son esprit. Tuno tapa alors son propre prénom, Aedan. Et là, le bip sonore indiqua la véracité du code, et le coffre s’ouvrit.
Il n’y avait qu’une chose dedans. Ça ressemblait à une pièce d’armure. Tuno le prit. C’était en métal, et c’était tout noir. Mais une seconde après s’en être saisi, Tuno laissa tomber l’objet. Le toucher lui avait provoqué une sensation bizarre. Pas désagréable, mais enivrante. Il vit l’objet au sol, à la lumière de la pièce. C’était un gantelet, qui montait jusqu’à la moitié de l’avant-bras. Entièrement noir, il dégageait une espèce de fumée, comme s’il était fait ténèbres vivantes.
- Le Gantelet des Ombres, lui indiqua Lilwen.
Elle semblait elle-même surprise, mais son absence totale d’émotion sur son visage indiquait le contraire.
- L’artefact crée par le Marquis des Ombres Vaalzemon il y a trente ans pour lui-même. Comme il possédait les pouvoirs du Seigneur Horrorscor, et donc ses attaques Ténèbres, ce gantelet multipliait leur puissance. J’ignorai que le Seigneur Vrakdale l’avait en sa possession…
Vrakdale en avait parlé à Tuno, de se gantelet, mais c’était bien gardé de préciser que c’était lui qui l’avait, maintenant. Son père avait toujours ses secrets, même après sa disparition. Tuno ramassa l’objet, et encore une fois, il ressenti ce sentiment d’euphorie et de puissance. Darkrai étant un Pokemon Ténèbres, et Tuno ayant hérité de ses gènes, ce Gantelet des Ombres ne pouvait que lui convenir parfaitement. La formule G dans une main et le gantelet dans l’autre, Tuno se mit à rire. Qu’allait-il devenir, avec tout cela ? Il ne savait pas. Quelque chose d’horrible, de monstrueux… mais de puissant. Une puissance qui pourrait l’aider à accomplir sa vengeance. Il était temps pour Tuno de renaître dans les ténèbres…
***
- Euh… dis, gamin… commença Zeff à l’adresse de Mercutio.
- Oui ?
- J’crois qu’on a ta frangine aux fesses avec son piaf électrique, et tout un foutu bataillon de FurtiX.
- J’ai vu.
- Et ça ne t’inquiète pas ?
- On a Julian à bord, elle ne va pas nous descendre.
Le garçonnet faisait actuellement des signes de main à sa mère par delà le hublot, pensant qu’ils jouaient simplement à trap-trap.
- On arrivera pas à la base à temps, grogna Faduc aux commandes. Je connais la portée de tir des éclairs d’Ecleus. Venamia visera nos moteurs, et nous nous échouerons sur mer. Menaçons le gamin ! Collons-lui un flingue contre la tempe et montrons-le à Venamia pour qu’elle sache que nous ne plaisantons pas !
Tender dévisagea froidement Faduc.
- Ce sera sur ta tempe que je vais en coller un, de flingue, si je t’entends une fois encore menacer mon petit-fils…
- Le vieux a raison, ajouta Zeff. On ne doit pas prendre des enfants pour cible. Jamais.
Zeff n’avait que très peu de morale quand il était question de la guerre, mais ça - cibler ou tuer des enfants - était une chose qu’il ne pouvait pas supporter. Peut-être à cause de son enfance difficile dans la région Mandad. Faduc baissa la tête et marmonna des excuses. L’adolescent était toujours intimidé face à Zeff, depuis ce jour où ce dernier l’avait sauvé des vriffiens lors de la guerre d’il y a cinq ans.
- Si on ne peut pas rejoindre la base, allons ailleurs, dit Ithil. Atalanopolis n’est pas loin en dessous de nous.
Mercutio regarda la carte sur l’écran. Effectivement, ils étaient presque juste au dessus de l’île blanche. On l’appelait ainsi à cause de ses énormes montagnes blanches qui l’entourait totalement.
- Si on se pose là, on devra affronter Venamia et sa bande, les prévint Mercutio. Moi, je ne pourrai pas faire grand-chose…
- C’est toujours mieux que de se faire descendre en plein air, grommelle Tender. Moi ça me va. Je me battrai avec mon Ostralorreur.
Mercutio était certain que qu’ils perdraient, d’autant qu’apparemment, en plus de son bataillon de Rockets, Venamia s’était pointée avec Vilius, 006 et 007. Depuis le temps qu’il le connaissait, Mercutio ne connaissait toujours pas la spécialité de combat de l’Agent 006, ce type chelou aux cheveux rouges et à l’air de cadavre ambulant qui dirigeait les Services de Renseignement. En revanche, il savait que Vilius avait ses brassards de Sombracier pour accroître sa force, et que ce bellâtre de 007 était un Modeleur de Glace. De leur coté, Mercutio était blessé et épuisé, Faduc ne pouvait se battre qu’avec son Latios, tout comme Tender avec son Ostralorreur. Mais Ithil, Zeff et Goldenger pourraient sans doute tenir tête un moment…
- Très bien, on se pose, fit Mercutio. Trouve un lieu dégagé, Faduc. Et contacte la base. Dis leur de se tirer sans nous. On les rejoindra par nos propres moyens si… on survit.
***
- Mon garçon, il me semble que le Mégador batte en retraite, annonça le général Van Der Noob à Erend.
- Merci pour cette précision, général, soupira Erend qui avait vu ça deux minutes plus tôt.
- Vous ne comptez pas le poursuivre ? S’étonna Eryl.
Erend secoua la tête.
- Tenter de les poursuivre voudrait dire briser notre formation, et l’armée des spectres du Marquis en profitera. Notre guerre ne se conclura pas sur cette bataille. Le but était seulement de sauver ce qui pouvait l’être. De plus, Venamia n’est plus à l’intérieur de son vaisseau.
Erend indiqua du doigt le grand oiseau jaune métallique qui s’était lancé à la poursuite d’un vieux transporteur Rocket. Et avec lui, il y avait tout un bataillon de FurtiX, les derniers chasseurs de la GSR.
- Elle poursuit qui là ? S’interrogea Syal.
- Personne qu’on ne peut aider à l’heure actuelle. Ni la base G-5 d’ailleurs. Regardez, elle fait demi-tour elle aussi.
- Monsieur Igeus, la flotte Lunarienne nous remercie de notre soutient et nous informe qu’elle est prête à se replier, lui signala Velca, son assistante.
- Les spectres retournent vers le carrosse du Marquis eux aussi, remarqua Van Der Noob. Pourquoi tout le monde s’enfuit ? Sont-ils si lâches ?!
- Personne ne veut perdre plus de force dans une bataille qui n’a plus lieu d’être, répondit Erend. Le Marquis voulait détruire le Pilier, s’annoncer au monde et protéger Venamia. C’est chose faite. Nous, nous voulions aussi nous annoncer au monde, et protéger les Lunariens et les Rockets rebelles d’Estelle. C’est aussi chose faite. Amirale Syal, veuillez ordonner le départ.
La jeune femme hocha la tête et alla donner ses ordres.
- Et pour ceux que Venamia poursuit ? Lui demanda Eryl. C’est peut-être des membres de la X-Squad. Si vous comptez vous allier avec Estelle, les sauver serait le bienvenu.
Erend se doutait qu’elle devait s’inquiéter pour Mercutio Crust, malgré son amertume à son sujet. Rien que pour ça, Erend aurait été tenté de le laisser mourir. Mais effectivement, il voulait s’associer à tous les ennemis de Venamia, et Estelle et la X-Squad se son coté serait un symbole fort. Et puis, peut-être son frère Ithil était-il avec eux.
- Quelle est leur destination ?
- Ils se dirigent vers Atalanopolis, répondit Van Der Noob. Laissez-moi y envoyer l’unité DUMBASS, mon garçon.
Erend réfléchit, mais secoua la tête.
- Non. Nous leur viendront en aide que s’ils s’en sortent. Les DUMBASS sont pour moi mon arme secrète ; je ne veux pas les perdre inutilement. Nous allons observer ce combat de loin, et nous interviendront si besoin est. Amirale, que le reste de la flotte se dirige vers Bakan, mais laissons un moment le Virago ici, si jamais on doit récupérer quelqu’un. Mais il ne faudra pas tarder ; les renforts de Venamia ne le feront pas, eux. Quoi qu’il se passe, Atalanopolis sera à Venamia d’ici la fin de la journée.
C’était la seule chose qu’il pouvait se permettre pour Eryl. Erend était certain qu’il pourrait gagner sa guerre sans la X-Squad. Elle était sacrifiable. Pas lui.
***
Quand Mercutio descendit du vaisseau et posa pied à terre sur la roche blanche d’Atalanopolis, Venamia et ses sbires étaient déjà devant lui, en formation, armes à la main. Aux coté de Venamia, Vilius, qui semblait maussade, 006, avec son air éternel de déterré mais qui semblait apprécier la situation, et enfin 007, toujours son sourire de tombeur sur le visage. Les compagnons de Mercutio sortirent à leur tour. Tous, sauf Goldenger. Mercutio lui avait demandé de rester à l’intérieur pour garder Julian. C’était se passer de sa présence pour le combat, mais que le gamin se mette à courir vers sa mère aussitôt qu’il la verrait n’était une bonne solution. Au pire, Goldenger pourrait méga-évoluer et transporter le petit en volant.
- Dois-je vous demander de vous rendre ? Questionna Venamia.
En dehors de ses traces de brûlures sur le visage, elle avait l’air indemne. Mercutio en fut agacé, alors que lui avait toujours du mal à tenir debout. Fichu matériel médical de pointe…
- Dois-je t’envoyer te faire foutre devant tes hommes ? Répliqua Mercutio.
- Vous avez saboté mon vaisseau et avez tenté de me tuer, résuma Venamia. Mais ces crimes ne sont rien face à l’enlèvement de mon fils. Rendez-le moi sur le champs, et peut-être vous ferai-je à tous l’honneur d’une mort rapide.
Tender fit mine d’être accablé.
- Tu es tombé bien bas, fillette. Ton sens de l’honneur t’a déserté.
- Je n’ai que faire de l’honneur, vieux débris inutile ! Ce n’est pas l’honneur qui forge les grandes nations, mais la force et la peur ! J’ai gagné, vous ne le voyez pas ? La Team Rocket est mienne. Johkan est mien. Je vais les mener vers un futur glorieux ! Vous auriez pu le voir et y participer, vous aussi, si vous n’aviez pas été assez sot pour me défier.
- Vous vous êtes seulement accoquiné avec les forces du mal, répliqua Ithil. Vous avez vendu votre âme à Horrorscor en échange du pouvoir.
- Toi, un assassin, qui possède à la fois les pouvoirs des G-Man et ceux des Shadow Hunters, tu es très mal placé pour parler. J’ai juste fait ce que je devais pour la gloire de la Team Rocket.
Sur ces mots, elle leva le bras, et tous ces hommes les mirent en joue. Etant incapable d’utiliser le Flux pour dévier les balles, Mercutio savait que beaucoup allaient passer, même s’ils avaient leurs Pokemon et l’argent de Zeff pour les protéger. Mais avant que les GSR ne tirent, une rayon violet venu du ciel les déstabilisèrent. Tel l’ange qu’elle imitait, Solaris atterrit aux cotés de Mercutio, ses ailes grandes ouvertes et son aura violette au maximum. Et elle n’était pas seule. La seconde jeune femme aux cheveux caramels avec elle avaient des espèces d’ailes noires qui lui faisaient l’effet d’une robe.
- M’dame Estelle. Pourquoi êtes-vous venue ?
- La base n’a pas besoin de moi pour voler, répondit la véritable Boss de la Team Rocket. En revanche, quand j’ai vu que Venamia et mon cher frère venir ici, j’ai cru bon de m’inviter.
- Et voilà deux autre hypocrites, ricana Venamia. Voyez, mes amis : l’ex-impératrice de Vriff, qui a sur les mains le sang de millions de gens, vient me reprocher mon action. Et notre ancienne Agent 005, digne héritière de Giovanni, qui veut conserver le nom de la Team Rocket tout en annihilant ses valeurs. Et à ce que j’ai appris, voilà que le colonel Tuno joue les vengeurs des ombres en tuant tous ceux qui le dérangent. La X-Squad n’est qu’un ramassis de déviants et de criminels !
- Comme vous avez trop raison, Lady Venamia, minauda l’Agent 007 en se passant une main dans ses cheveux blancs soyeux. Des déviants et des criminels, parfaitement.
- Pour la gloire de la Team Rocket, ils doivent être éliminés, rajouta 006.
Vilius observa ses deux collègues avec un mépris non dissimulé, puis dit à Estelle :
- Tu n’aurais pas du venir. Je ne te voulais personnellement pas de mal, mais on est allé trop loin pour reculer maintenant.
- Tu fais fausse route, crétin de petit-frère, répliqua Estelle. Comment Venamia t’a-t-elle eu dans sa manche ? Elle t’a fait gober que c’est Igeus qui a tué Kyria ? C’est elle qui a saboté la cérémonie. Le vaisseau de Johto qui a fait feu sur Kyria était piloté par un de ses GSR !
Vilius resta immobile, sourcils levés. Venamia ricana.
- Quel mensonge éhonté. De la propagande de rebelles…
- C’est la vérité ! S’exclama Faduc. Tous les capitaines de la GSR le savaient, monsieur Vilius. Venamia a fait cela pour faire porter le chapeau à Igeus et se débarrasser de Kyria qui la gênait.
Vilius resta de marbre, comme s’il ne saisissait pas ce que Faduc lui racontait. Venamia tendit son éclair métallique.
- C’est assez de calomnie. Tuez-les. Tuez-les tous !
Les GSR ouvrirent le feu en même temps qu’une attaque électrique partait d’Ecleus. L’Ostralorreur du général se précipita pour intercepter l’éclair avec son os, étant insensible à la foudre. Zeff et Latios furent responsables de l’arrêt de la plupart des balles. Solaris répliqua en lançant deux attaques Dracochoc simultanées. Venamia bloqua la première avec son bouclier à Eucandia, et Vilius la seconde à main nue, renforcé par ses brassards de Sombracier. Les Pokemon de Mercutio fendirent la formation de la GSR, mais furent déstabilisés quand l’Agent 007 changea en glace le sol sous leurs pieds.
Ithil lui s’infiltrait parmi les GSR avec son corps immatériel pour les tuer par surprise avec ses poignards, mais il fut très vite arrêté par 006 qui semblait avoir lancé une attaque Ténèbres de ses mains. Estelle, quant à elle, se mouvait à toute vitesse, ayant retiré ses ailes pour transformer ses jambes en celle du terrible Pokemon dont elle partageait l’ADN. Elle pouvait ne pouvait apparemment pas modifier une partie de son corps sans avoir remis la dernière normalement, mais elle pouvait le faire rapidement, de telle sorte qu’elle alternait les jambes et les bras pour attaquer.
Ce fut une bataille rapide d’attaques et de contrattaques. Mais la X-Squad pouvait avoir une puissance supérieure, ils étaient clairement en sous-effectif face au groupe de Venamia, et ce qui devait arriver arriva. Une balle toucha Tender au genoux et le vieux général s’écroula. Un rayon à Eucandia transperça l’une des ailes de Solaris et y mit feu. L’argent que Zeff se servait pour se protéger était tellement en pièce qu’il ne pouvait plus le reconstituer assez rapidement. Et tous leurs Pokemon avaient fini gelé dans des blocs de glace crée par 007. Voyant ses ennemis encerclés et à bout de force, Venamia eut un sourire de circonstance.
Mais alors que Mercutio avait totalement perdu espoir, le groupe GSR fut acculé par diverses attaques venues de tous les cotés. Surprise, Venamia et les trois Agent se retournèrent. Plusieurs personnes venaient d’arriver des montagnes blanches. Huit personnes, avec leurs Pokemon.
- Vous ? S’étonna Mercutio.
Mercutio les connaissait tous, pour avoir combattu à leurs cotés lors de la guerre de Vriff. Forrest, avec son puissant Rhinastoc. Ondine, avec son terrifiant Méga-Leviator. Le commandant Bob et son fidèle Raichu. Erika suivie de son Rafflesia. Jeannine et son énorme Migalos. Morgane et son Méga-Alakazam aux cinq cuillères. Auguste et son flamboyant Arcanin. Et enfin, Régis Chen, avec une équipe complète de six Pokemon surpuissants, menés par un Méga-Tortank. Les champions d’arène de Kanto au grand complet.
- Navré pour le retard, leur dit Régis en se posant à leur coté. On ne savait pas trop où la bataille allait se jouer.
- Mais on s’est laissé entendre que ces enfoirés comptaient envahir Hoenn, ajouta Ondine. On s’est dit que ça serait bien de venir.
Venamia les toisa tous avec un regard froid et haineux.
- Vous aussi, vous me trahissez ?
- Vous trahir ? Répéta Régis. Comment pourrait-on vous trahir, alors qu’on a jamais fait partie de votre camps ? Vous pensiez que nous autres, champions d’arène, nous allions laisser Kanto entre les mains d’une dictatrice ?
- Comme si j’avais besoin de vous ! Je vous remplacerai tous par des champions qui me seront loyaux ! Et je ferai prendrai le vieux Chen en otage pour m’assurer de la loyauté de tous les dresseurs de Kanto !
- Manque de bol, petite idiote, fit une autre voix. J’ai pensé à mettre mon paternel en sécurité avant de venir.
Le visage de Venamia se figea quand elle entendit cette voix familière. Vilius et les autres étaient aussi sous le choc. Un autre individu venait d’arriver. Les champions d’arènes s’écartèrent pour le laisser passer, comme s’il s’agissait de leur chef. Mercutio failli ne pas le reconnaître. Il ne portait plus son costume habituel, mais une tenue simple de dresseur Pokemon. Il était mal rasé, mal coiffé, mais ses yeux noirs brillaient d’une force inhabituelle. Avec lui, il y avait un Pokemon bizarre. Humanoïde, il avait un fin pelage gris et une énorme queue violette. Il n’avait que trois doigts aux termes de ses bras fins, deux petites cornes sur la tête, et un cordon qui reliait son crâne à son dos. Mercutio n’avait jamais vu pareil Pokemon. Rien qu’avec le peu de Flux qui lui restait, il parvenait à ressentir la terrible puissance qu’il dégageait.
- Père… souffla Estelle, abasourdie mais heureuse.
- Vous ?! Cracha Venamia à l’adresse de l’homme.
- Moi, confirma Giovanni, ancien Boss de la Team Rocket. Tu pensais t’être débarrassé de moi, usurpatrice ? La Team Rocket est née de mon nom, du nom de Chen. Jamais personne ne possédant pas ce nom ne pourra la diriger !