Chapitre 294 : Le triomphe de la fureur
Ian avait du mal à croire que la chose totalement folle et déformée qu’il était en train d’affronter était le colonel Tuno, ce type toujours joyeux et prompt à la plaisanterie. Lady Venamia avait ordonné la mort de Tuno parce qu’il s’était entiché d’une Shadow Hunter. Mais Althéï, sous les ordres de Silas Brenwark, l’avait libéré du laboratoire de Lirian avant que celui-ci n’explose. Sauf qu’apparemment, Tuno n’en était pas ressorti indemne. Son corps biscornu, noir et détraqué indiquait qu’il a dû expérimenter les formules de Lirian.
La créature de ténèbres qu’était devenu Tuno attaquait avec ce qui semblait être des attaques Vibrobscur, entre autre. En conséquent, Ian avait fait appel à son Kinghyèna. Etant de type Ténèbres, il savait résister à ce genre d’attaque et les encaisser au besoin pour défendre Ian et Sharon. Pendant ce temps, les deux humains mitraillaient Tuno avec leurs armes, mais ce dernier se mouvait dans la salle en ruine en plongeant carrément dans le sol, qui devenait alors une piscine de ténèbres, puis il ressurgissait n’importe où. Ian n’avait jamais vu un Pokemon capable de faire ça. Les Pokemon Spectres était certes immatériels et pouvaient traverser les murs, mais si Tuno cherchait à éviter les balles, c’est qu’il n’était pas immatériel. Pourtant, il pouvait se fondre dans des ténèbres que son corps créait lui-même.
- Tuer… tuer… TUER !
Tuno bougeait et attaquait comme un taré. Ses attaques, bien que puissantes, n’étaient guère précises. Il semblait aussi se focaliser sur Sharon et dédaigner Ian. Chose compréhensible quand on savait que ce Sharon avait fait à la femme de Tuno. Mais niveau duel de force, la petite fille était bien supérieure au mutant qu’était devenu le colonel de la X-Squad. Elle bougeait plus vite, sautait plus haut, cognait plus fort. Un humain normal aurait déjà succombé. Mais Tuno n’était plus vraiment un humain… Sharon semblait tellement s’amuser à le combattre que Ian savait qu’ils seraient là pour un bon moment s’il laissait faire.
- Ça suffit Sharon ! On se replie !
La petite fille fit une pirouette dans les airs pour esquiver l’assaut des ténèbres de Tuno, qui ravagea un pan entier des fondations du Pilier.
- Heeeeeeinnn ? Protesta Sharon. Mais pourquoi ? On s’amuse tellement ! Puis le monsieur moche veut me tuer ; ce serait malpoli de s’en aller sans lui laisser l’occasion de mourir en essayant, tu ne trouves pas ?
- Il faut prévenir Lady Venamia de la situation. C’est plus important que tes petits jeux.
- Et la mission alors ? Contrattaqua Sharon. On a pas placé nos explosifs.
Ian était embêté. C’était vrai, ça ne lui ressemblait pas d’abandonner une mission en cours. S’ils parvenaient à éliminer Tuno, ils détruiraient le Pilier avec, et ce serait un double coup pour Lady Venamia. Mais Ian n’était pas sûr de pouvoir éliminer cette créature, et s’ils mourraient tous les deux ici, Venamia n’aura pas connaissance de la menace qu’était devenue Tuno… Que devait-il privilégier ? Un risque qui peut rapporter gros, ou la sainte prudence ? De toute façon, quoi qu’il choisisse, il allait se faire enguirlander par Lady Venamia, c’était obligé. La Chef d’Etat avait le don de voir les défauts dans chaque décision de ses subordonnés.
- Très bien, fit enfin Ian. Tue-le, et vite.
- Youpi ! S’exclama Sharon.
Comme si elle s’était retenue jusque là, la fillette doubla sa vitesse et sa force de frappe, et frappa. Ian eut le temps de voir Tuno se fondre dans les ténèbres en dessous de lui. Heureusement pour lui, parce que sans ça, il aurait fini en mille morceaux. Le coup de Sharon avait fait exploser le sol de pierre et avait balancé des fragments avec une telle puissance qu’ils avaient fait des trous dans le mur.
- Hi hi hi ! Attends, ne pars pas ! Je veux juste te tuer, monsieur méchant noir !
Ian essaya de suivre le parcours de l’ombre noire sur le sol qu’était Tuno et de lui tirer dessus avec son laser à Eucandia. Mais il allait si vite que c’était impossible, même pour un expert en arme comme lui.
- Kinghyèna, attaque Flair ! Ordonna Ian.
Cette attaque permettait en général de faire pister le Pokemon adverse, de telle sorte qu’il n’ai nulle part où se réfugier et qui lui soit impossible d’esquiver les attaques. Tuno sorti du sol et se montra un étage plus haut. Il fit un geste des bras, et aussitôt, une espèce de vent noir sorti de nulle part pour envahir toute la salle. Ian avait froid, et ses membres étaient lourds. Cette attaque, c’était Vent Mauvais. Ça n’avait pas une très grande puissance, mais ça pouvait, à l’occasion, décupler toute la puissance du lanceur. Si Tuno savait utiliser ça, ils devaient faire en sorte qu’il ne s’en serve plus. Sharon bondit pour le rejoindre un étage plus haut, un sourire aux lèvres. Tout cela, comme d’habitude, était un jeu pour elle. Et plus l’adversaire était puissant, plus le jeu était plaisant. Elle n’avait peur de rien, parce que sa force et sa vitesse ne lui permettait pas de craindre qui que ce soit. Mais Ian avait un mauvais pressentiment en la voyant foncer seule face à Tuno, alors que ce dernier ne bougeait pas.
- Sharon ! Stop ! Redescend ! Ne l’attaque pas seule…
Mais Sharon n’écouta pas, trop occupée à rire. Alors, Tuno leva les mains. Et un cercle noir apparut juste en dessous de Sharon se referma sur elle. Cette attaque, Ian la connaissait. Il avait beaucoup étudié les Pokemon, et aucune attaque ne lui était inconnue. Sauf que celle-ci, il ne l’avait jamais vu en vraie. Un seul Pokemon pouvait s’en servir. C’était Trou Noir, la terrible attaque signature de Darkrai, le Pokemon Cauchemar. Elle endormait l’adversaire en le faisant sombrer dans un puits de ténèbres sans fin. Sharon s’immobilisa. Elle cligna des yeux, et tangua dangereusement. Sa constitution hors norme l’empêchait de s’endormir d’un coup comme n’importe qui l’aurait fait face à Trou Noir, mais elle paraissait dormir debout. Tuno eut un sourire démoniaque. Et alors, Sharon hurla. Un cri terrible. Les seuls cris que Ian connaissait de Sharon, c’étaient des cris de joie ou d’excitation. Là, c’était de la terreur. Une terreur pure et impitoyable.
- NOOOONNNNNNNNN ! JE VEUX PAS ! JE VEUX PAS ! LAISSEZ-MOI !
Sharon battit des mains devant elle, comme pour chasser quelques adversaires imaginaires. Ian comprit qu’elle rêvait éveillée. Non, plus exactement, elle cauchemardait. La légende voulait que chaque personne endormi ou dans un demi-sommeil qui se trouvaient à proximité de Darkrai sombrent dans de terribles cauchemars. Ce n’était pas pour rien qu’on appelait Darkrai le Maître des Cauchemars. Tuno s’approcha de Sharon, qui était emprisonnée dans son hallucination. Ian activa son jetpack portatif sur le dos pour aller la rejoindre, mais il arriva trop tard. Tuno avait déjà passé son bras noir au travers du corps de la jeune fille. Celle-ci semblait pleinement éveillé à présent, mais ses yeux toujours pétrifiés par la terreur.
- N-non… je ne v-veux pas… balbutia-t-elle. J’ai p-peur…
- Ouiiiii, susurra Tuno. Aie peur de la mort. La peur, c’est délicieux… Je peux la sentir. Je peux la goûter !
Tuno éclata de rire, et au moment où Ian mettait les pieds au sol, il retira son bras de Sharon, et en ressorti la main avec un cœur encore battant à l’intérieur. Sharon s’effondra et tomba jusqu’en bas, une expression d’éternel effroi toujours figé sur son visage. Tuno jeta alors le cœur aux pieds de Ian.
- A toi, maintenant… Tu n’as peut-être pas participé au meurtre d’Ujianie, mais je tuerai tous les GSR que je pourrai avant de disparaître. Car… C’EST SI BON !
Ian était un gars solide, autant physiquement que mentalement. Il en fallait vraiment beaucoup pour l’effrayer. Mais Tuno y arriva. Ian savait que s’il se battait maintenant, il connaîtrait le même sort que Sharon. Cette… chose était trop forte. Une espèce de G-Man détraqué de Darkrai. Impossible à battre pour un humain normal. Impossible… Il réactiva son jetpack au moment où Tuno lançait son Vibrobscur. Il se le reçu de plein fouet, mais, Arceus merci, son jetpack fut épargné. Il put quitter le Pilier Céleste par le ciel, se demandant vaguement s’il attendrait le Mégador en vie…
***
Lady Venamia, Chef d’Etat de Johkan et codirigeante de la Team Rocket, avait été forcée de ramper sur le sol de son propre vaisseau en gémissant jusqu’à qu’un de ses hommes ne la trouve et ne l’amène en vitesse à l’infirmerie. Ses blessures étaient nombreuses, mais ne mettaient pas sa vie en danger, même si le poignard de Faduc dans les côtes lui avait presque transpercé un poumon. Une demi-heure dans la capsule Zerecorps, ce matériel médical de pointe qui pouvait guérir à peu près tout, et Venamia en ressortie comme si elle n’avait jamais croisé le chemin de Mercutio et de Faduc.
Enfin, presque… Car les brûlures de Venamia sur son visage avaient été trop importantes pour disparaître sans laisser de traces après une seule utilisation de la capsule Zerecorps. Venamia avait une partie de ses cheveux en moins sur le coté gauche de sa tête, et quelque cicatrices rouges sur ce même coté. Ajoutez à son œil rouge, ça lui donnait un coté encore plus impressionnant, mais Venamia ne supportait pas de se voir ainsi. Ça resterait à jamais comme la trace de son humiliation.
Enfin, les cheveux, ça repoussaient, et avec un peu de chirurgie, plus tard, ses brûlures ne seront plus visibles. Pour l’instant, elle avait à faire. La X-Squad s’était infiltrée sur le Mégador pour saboter le superlaser, et attenter à sa vie. Mercutio aurait pu la tuer, mais il ne l’avait pas fait. Parce qu’il était faible, c’est tout. Venamia n’aurait pas hésité. Sans l’intervention de Faduc, Mercutio Crust serait mort maintenant. Mais il n’était pas trop tard. Au terme de cette bataille, Venamia avait bien l’intention de voir devant elle les cadavres de chaque membres de la X-Squad. Plus celui de Faduc, bien sûr… Elle revint sur le pont après s’être changée. Vilius l’accueillit avec une mauvaise humeur évidente.
- Vous voilà ! Où diable étiez-vous passé ?! Rayquaza continu à nous harceler, et nous commençons à…
Il s’arrêta d’un air stupéfait quand il remarqua enfin ses brûlures sur le visage.
- Par Arceus, qu’est-ce qui vous ait arrivé ?!
- Juste une petite discussion amicale avec mon cher frère, susurra Venamia d’un ton dangereux. Dites-moi, Vilius, pourquoi ce foutu Pilier est encore debout ?!
Elle désigna le Pilier Céleste du doigt.
- Votre capitaine Gallad est rentré, avec de nombreuses blessures, lui expliqua Vilius. Il s’est fait attaqué, et votre Sharon s’est fait avoir.
Venamia cligna des yeux. Sharon, morte ? Ça semblait absurde. Qui diable pourrait être assez fort pour éliminer une fille comme elle ?!
- Qu’est-ce qui s’est passé ?! S’écria Venamia. Qui a osé ?!
- Gallad n’était pas en état de nous en apprendre plus ! S’énerva Vilius. Il y a plus urgent que votre foutu Pilier. La bataille ne…
- Silas ! Où est Silas ?! Exigea de savoir Venamia.
C’était pour lui après tout qu’elle était venue ici ! Pour lui et ses Agents, pour les aider à détruire le dernier Pilier de l’Innocence ! C’était lui qui lui avait proposé de venir !
- J’en sais foutre rien ! S’agaça Vilius. Et on s’en fiche pour le moment ! Rayquaza et Solaris ont annihilé quasiment tous nos escadrons de FurtiX, et le bouclier du Mégador est au point mort ! Avec la base G-5 qui nous harcèle en dessous, nous n’avons plus de marge de manœuvre ! Et comme nous ne pouvons plus compter sur le superlaser… Venamia, il nous faut nous replier tant qu’on le peut encore.
Se replier ? Fuir la queue entre les jambes ? Impensable ! Pas tant que tous les traîtres ne seraient pas morts devant elle !
- Ignorez Rayquaza, ordonna-t-elle. Concentrez tous nos tirs sur la base G-5 !
Vilius secoua la tête, accablé par tant de bêtise et d’aveuglement. Une fois encore, il se demandait bien ce qu’il avait pu trouver d’intéressant en cette fille quand il l’avait rencontré quelque années plus tôt. Si elle avait eu quelque chose d’intéressant avant, il s’en était allé pour ne jamais revenir…
- À quoi ça sert de détruire leur base si le Mégador se fait détruire ? Insista-t-il. Je pense que s’il venait à exploser avec nous dedans, ça contreviendrait quelque peu à l’effort de guerre, non ?
Venamia ne daigna pas répondre. Elle souriait. Elle avait vu quelque chose que Vilius n’avait pas vu, qu’il ne pouvait pas voir. Et ce quelque chose arriva deux minutes plus tard. Toute une flotte de vaisseaux qui venaient de derrière le Mégador. Une cinquantaine d’Asmolés de l’Empire Lunaris. Vilius jura en voyant cette flotte immense.
- La vache ! C’est vous qui leur avait dit de se pointer avec tout ça ?!
- Je n’en attendais pas autant, avoua-t-elle. Mais l’Empereur Octave connait ses intérêts. Il sait qu’il doit bien me servir. Avec tout ça, on pourra sans mal se débarrasser des rebelles, de Rayquaza, et conquérir la moitié d’Hoenn en une journée. Alors, calmez-vous un peu, Vilius.
Venamia s’assit sur son fauteuil de commandement, l’air immensément détendue, sous le regard noir de Vilius.
- Transmettez à l’Empereur nos salutations, demanda Venamia à Fatra. Et demandez-lui de viser la base des traîtres en priorité. Ensuite, qu’il envoie un ou deux de ses vaisseaux détruire le Pilier Céleste.
Fatra répéta le message à l’intercom direction la flotte Lunaris, mais il n’y eut aucune réponse. Leur vaisseau commencèrent à se déployer. Venamia serra ses accoudoirs d’impatience. Bientôt… Très bientôt, tous ces traîtres allaient payer…
- Euh… madame…
Venamia redescendit sur Terre en entendant le ton perplexe et un peu effrayé de la voix de Fatra. La flotte Lunaris était bien en train de se déployer, oui. Mais pas sur la base G-5. Leurs vaisseaux étaient en train d’encercler le Mégador. Venamia n’y cru d’abord pas. Il devait s’agir d’un plan d’Octave. Un déploiement bizarre pour tromper Estelle et ses troupes. Mais quand l’encerclement se fit total pour le Mégador, Venamia enfonça le bouton de communication avec son poing.
- Ici Venamia ! À quoi tu joues, Octave ?!
Le visage de l’Empereur s’afficha sur l’écran de communication. Son visage d’albâtre semblait sculptait dans la glace.
- J’ordonne aux forces de la Team Rocket de se rendre et de cesser le combat, fit-il d’une voix autoritaire. Lady Venamia, vous êtes en état d’arrestation pour divers crimes tous plus horribles les uns que les autres, que je n’ai malheureusement pas le temps d’énumérer.
Venamia en resta totalement pétrifiée. Était-elle en train d’halluciner ? Peut-être que ses blessures étaient plus graves qu’elle ne l’avait pensé…
- Lieutenant Rebuilt ? Fit-elle en interpellant Fatra.
- M-madame ?
- Je suis bien Lady Venamia, Chef d’Etat de Johkan ? Je suis bien en ce moment sur le pont du Mégador, en pleine bataille ? Et à l’instant, notre allié l’Empereur Octave de Lunaris vient juste de se retourner contre nous ? Tout cela est-ce vrai ?
- Euh… affirmatif, madame.
Inspirant longuement, Venamia revint à Octave.
- Aurai-tu perdu l’esprit ? Demanda-t-elle.
- Au contraire. Je viens de le retrouver. Rends-toi, désactive ton bouclier et prépare-toi à l’abordage. Sinon, j’anéantirai ton vaisseau.
- Tu as l’audace de me menacer avec Julian à mon bord ?! Tu bluffes ! Jamais tu ne compterai le sacrifier !
- Tu as dix minutes, conclut Octave avant de couper la communication.
Venamia s’adossa à son fauteuil, totalement perdue. Vilius s’avança.
- On a pas la choix ! Sans superlaser, impossible d’affronter toute cette flotte, et nos boucliers ont été salement touché à cause de Rayquaza. Venamia, faut se rendre ! C’est terminé.
Terminé… Mais qu’est-ce qu’il racontait, cet idiot ? C’était loin d’être terminé. Octave était un faible sentimental. Jamais il ne pourrait supporter de voir son fils souffrir.
- Amenez-moi le prince Julian ici ! Ordonna-t-elle. Je vais le torturer sous les yeux de son père. Oui… Nous verrons jusqu’où va sa détermination à me défier.
Vilius regarda Venamia avec une expression de profond dégoût, et cette fois, il ne fut pas le seul sur le pont.
- Vous comptez torturer votre propre fils ? Un gamin de trois ans, innocent ?
- C’est un otage. Il est là pour que Lunaris soit avec nous. À quoi il sert si Octave nous menace et qu’on ne fait rien ? Un peu de douleur n’a jamais tué personne…
Mais Venamia était troublée. Octave n’avait pas décidé sur un coup de tête à la trahir, c’était évident. S’il osait l’attaquait, c’est qu’il savait forcément que son superlaser était inutilisable. Ça voudrait donc dire… qu’il s’était coordonné avec les traîtres ?! Et si… le superlaser n’était pas le seul objectif de la X-Squad en venant ici ? Possédée par un terrible pressentiment, Venamia ordonna à Fatra :
- Montrez-moi les quartiers du prince Julian sur l’écran principal.
- Madame ?
- TOUT DE SUITE !
Fatra s’empressa d’obéir, et de diffuser sur l’écran de contrôle les images de la caméra de la salle de jeu de Julian. Il n’y avait pas trace du garçon, et la pièce était ouverte. En revanche, il y avait un message gravé sur le mur : «Je suis parti avec des copains à toi pour revoir papa, maman. Je vais bien m’amuser, alors ne t’inquiète pas». Plus tard, plein de gens partout dans le vaisseau affirmèrent qu’ils avaient tous entendu le terrible cri de rage de Lady Venamia.
***
Pour la X-Squad, retourner dans le hangar d’où ils étaient venus s’était avéré plus difficile que de parvenir à leurs différents objectifs dans le vaisseau. Enfin, pour le groupe de Tender et d’Ithil du moins. Mercutio, bien que mal en point, bénéficiait de l’aide de Faduc, et personne dans le Mégador n’irait demander des comptes à un capitaine de la GSR. Ils furent donc les premiers arrivés au hangar, et Faduc se chargea de démarrer le vaisseau en attendant les autres.
- Comment vous avez réussi à entrer ? Demanda l’adolescent. Surtout avec un transporteur comme celui-là ? On a en aucun, de ces trucs vieillots, dans la GSR.
Mercutio s’assit lourdement et s’injecta une dose de morphine. Il s’occupa ensuite de soigner ses blessures les plus graves avec le peu de Flux qui lui restait, bien que ce ne soit pas vraiment son truc.
- Ton amie Fatra Rebuilt nous a laissé entrer, répondit Mercutio au gamin.
- Fatra ? Elle voue un culte à Lady Venamia. Jamais elle ne la trahirai…
- Elle ne l’a pas fait. Pas volontairement du moins. Juste un petit tour de Flux pour lui faire croire que nos codes d’accès étaient les bons.
Faduc haussa les sourcils, impressionné.
- Le Flux doit être capable de tout, pour tromper une accro des procédures comme Fatra.
- S’il était capable de tout, je ne serai pas dans cet état…
Ithil et Goldenger arrivèrent quelque minutes plus tard, avec des soldats aux trousses.
- Boom ! S’exclama le Pokemon doré. Ça a fait du boomage le superlaser, pour sûr ! Mission parfaitement réussie, et de manière héroïque !
- La justice a triomphé, acquiesça Ithil en retirant ses poignards des corps des Rockets qu’il venait de tuer.
Cinq minutes après, des alarmes s’activèrent partout dans le Mégador. Un coup d’œil derrière le bouclier qui gardait fermé le hangar leur apprit que le vaisseau faisait face à des dizaines d’Asmolés.
- Octave est juste à l’heure, commenta Mercutio. Faudrait que Zeff et le général se grouille de ramener le gosse, ou on va déguster nous aussi…
Justement, Zeff et Tender ne tardèrent pas. Zeff avait comme emprisonné le petit Julian dans ses liens d’argents pour le faire voler, et le garçon ne cessait de glousser. Zeff le déposa dans le transporteur et Tender s’exclama :
- On décroche, et vite ! On a toute une troupe de GSR aux fesses. Ils n’ont pas osé approché parce que je faisais semblant de menacer le petit, mais…
- On jouait à trap-trap ! Rigola Julian. Et moi je volais ! OHHHHHHH !
Julian venait de remarquer Goldenger.
- Le joli Pokemon doré ! Je l’ai jamais vu ! Je le veux, je le veux !
- Tu ne peux pas m’avoir petit enfant, pour sûr, rétorqua Goldenger. Je suis un héros. Les héros ne se laissent pas capturer.
- Il parle ! Le Pokemon doré parle ! Tu as entendu papy ?!
- Je l’entends hélas trop souvent à mon goût, soupira Tender. Allez, accroche-toi fiston, on te ramène à ton père.
- Oui oui ! Je veux raconter à papa tout ce que j’ai fait de marrant ici !
Pendant que Faduc et Zeff s’asseyaient aux commandes, Mercutio préféra ne pas croiser le regard de Tender. Surtout quand ce dernier lui demanda :
- Tu as l’air mal en point. Tu as gagné ?
Mercutio secoua la tête.
- Non, je n’ai pas gagné.
Ce qui était l’entière vérité.
- Faduc m’a sauvé, mais Venamia s’en est tirée.
Il n’insista pas sur le pourquoi, et Faduc eut la bonne grâce de ne pas faire de commentaire. Tender haussa les épaules, bien qu’il paraissait soulagé.
- Bon, bah c’est comme ça. Si elle n’est pas totalement idiote, elle se rendra à Octave, ou elle sera détruite.
Quand le transporteur décolla, le prince Julian sauta et cria de joie. Puis, tomba sur Mercutio, il demanda avec un grand sérieux :
- T’es qui toi, monsieur ?
Mercutio lui sourit en lui tapotant la tête.
- Tu peux m’appeler tonton, p’tit gars.
***
Suite au rugissement bestial de Lady Venamia sur le pont, personne n’osa faire un geste. Tous se contentaient de regarder la commandante en chef avec la crainte d’une nouvelle explosion de colère. Mais Venamia recouvra son calme. Elle croisa les mains, et demanda :
- Ces traîtres… Comment sont-ils entrés dans mon vaisseau ?
Les officiers échangèrent des regards gênés, puis le lieutenant Rebuilt se leva.
- Madame, un transporteur Rocket endommagé nous a demandé la permission d’entrer peu après le début des hostilités. Ce même transporteur qui a décollé il y a de ça cinq minutes. Ce devait être eux, probablement…
- Qui les a laissé entré ? Exigea de savoir Venamia d’une voix tellement calme qu’elle en était inquiétante.
Fatra n’hésita pas.
- Moi madame. Ils avaient transmis les bons codes de sécurité.
- Ce transporteur était rempli de traîtres, d’assassins, de kidnappeurs et de saboteurs, et vous lui avait quand même donné l’autorisation d’aborder ?
Fatra commença à s’agiter, mal à l’aise.
- Oui madame. Je suivais les protocoles de sécurité…
- Ces protocoles de sécurité vous demandez-t-il de laisser entrer à bord des traîtres, assassins, kidnappeurs et saboteurs ?
- Non madame.
- Alors, vous ne les suiviez pas, lieutenant, conclut Venamia, dont la voix commençait à grimper en intensité à chaque mot. Il n’y a aucun moyen pour que ces criminels aient pu mettre la main sur nos codes. Plus qu’une erreur de votre part, ça pourrait fort bien s’affilier à de la traîtrise, selon moi.
Fatra regarda tour à tour chacun des officiers présents, implorant pour de l’aide, mais pas un n’osa intervenir.
- Madame, je vous assure que… commença Fatra.
Mais, quand Venamia pointa Ecleus vers elle, et que plusieurs éclairs entourèrent son corps, la paralysant entièrement, elle ne put que glapir de douleur. Venamia leva lentement Ecleus, et le corps de Fatra s’éleva lui aussi, lié par la foudre.
- Ce n’est pas acceptable, lieutenant, poursuivit Venamia. De l’incompétence crasse. De l’insubordination. Vous êtes délibérément allée à l’encontre de mes ordres, provoquant de fait la ruine de mon plan. Nous ne pouvons pas laisser cela impuni, n’est-ce pas ?
Venamia laissa s’échapper plus de foudre de son éclair géant, et Fatra Rebuilt ne put qu’hurler tandis qu’elle se débattait dans les airs. Vilius s’avança, désireux de porter secours à son ancienne assistante. Il posa une main sur l’épaule de Venamia.
- Ce n’est ni le moment ni la façon de…
Mais il ne put terminer sa phrase. Venamia l’expulsa de l’autre coté du pont avec son gantelet magnétique, et Vilius fit un beau vol plané avant d’atterrir sur la console d’un technicien. Étonnement, Fatra tentait toujours de parler.
- Madame… impossible… loyale… vous jure !
- Loyale ? Tonna Venamia avec colère. Comment osez-vous utiliser ce mot ?! Les officiers loyaux ne trahissent pas leur commandant. Ne ME trahissent pas. J’exterminerai tous les traîtres, qu’importe leur nombre et qui ils sont !
Venamia laissa court à sa fureur, et Ecleus la ressentit. Il libéra un torrent de foudre qui illumina l’ensemble de la passerelle de commandement. Très vite, le cri désespéré de Fatra cessa. Quand la foudre s’arrêta de jaillir, ce qui retomba sur le pont, c’était de vagues restes humains et d’os calcinés qui fumaient et crépitaient.
- Ainsi finiront tous les traîtres, conclut Venamia à son équipage médusé.