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Route 66 [Fic commune] de Resistance



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» Auteur : Resistance - Voir le profil
» Créé le 03/09/2015 à 23:18
» Dernière mise à jour le 03/09/2015 à 23:18

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Ch. 16 OMG, un OGM ! (Evolinda)
J'avais eu la peur de ma vie. Ça faisait certes un bon nombre de fois que je me disais ça, mais là, voir Ho-Oh débarquer de nulle part pour nous faire la peau, je devais bien admettre que ça atteignait au moins 9/10 sur l'échelle de flippe extrême. Ce bunker était une aubaine. Hippo aussi, accessoirement, et j'étais particulièrement contente qu'il soit avec nous.

Un déclic, puis des lumières, qui devaient provenir d'un générateur de secours qui avait réagi à notre présence. Démétrios siffla.

-Eh ben ! Ils ont pas dû faire le ménage depuis un bail. Regardez tout ce bazar !
-C'est vrai, renchérit Ambre. On dirait qu'il y a eu une bataille ici.

Le foutoir qui se trouvait ici était sûrement le résultat d'une bataille…ou d'une fuite précipitée. Les meubles étaient parfois renversés voire à l'envers, mais dans l'ensemble étaient en bon état. Des récipients brisés traînaient un peu partout, et leur contenu était répandu au sol. Pas de doute, on se trouvait dans ce qui semblait être un laboratoire désaffecté, et ceux qui s'y trouvaient et y faisaient des expériences devaient sans aucun doute faire des choses pas très catholiques. Ou pas très orthodoxes, pour ceux qui préfèrent. Bref, en tout cas, c'était louche.
J'entendis alors le bruit de quelqu'un en train de fouiller et me retournai. Je vis alors Démétrios qui était en train de fouiner dans un placard. Comment pouvait-il faire comme si de rien n'était après…tout ce qui s'était passé ? Je le vis regarder dans les quelques cartons qui jonchaient le sol un peu partout, avant de sortir une console qui ressemblait légèrement à l'appareil thermique de notre tyran bien-aimé.

-Hé, l'ai trouvé un truc intéressant !
-Ah ouais ? Et ça sert à quoi ? Lançai-je, un brin curieuse.
-Euh…j'ai l'impression que ça sert à analyser quelque chose. Ca doit sans doute être l'ADN ; je suis pas sûr mais je vais essayer.

Il s'approcha de Tennessee et lui arracha un cheveu.

-Eh ! Tu fous quoi, là ? Geignit le militaire.
-Je prélève des échantillons pour l'analyse, déclara Dem en prenant des airs de scientifique professionnel. Et comme tu es notre « chef bien-aimé » et que j'ai vraiment l'impression que t'es pas humain, c'est par toi que je commence. Voyons, je mets ce truc là-dedans…
-Arrête tes conneries, râla le soldat en se massant le crâne, visiblement mécontent de s'être fait « mutiler ». On n'a pas le temps de jouer au savant fou.
-Roh, ça va, hein ! se moqua Dem en tripotant les boutons de son nouveau jouet. Ah, y a un truc qui s'affiche. Qu'est-ce que ça dit ? …Ok, donc les résultats de l'analyse sont là, et... ATTENDS, QUOI ???

Je n'eus pas le temps de lui demander ce qu'il avait lu sur l'écran de son engin car la lumière s'éteignit brusquement. Démétrios lâcha son analyseur qui explosa en morceaux. Mauvaise qualité ?

-Déjà HS ? Dit posément Ambre. Générateur de merde.
-Magnifique. J'espère que personne ici n'a peur du noir ?
-Dem, si t'essaye de faire de l'humour, c'est raté, rétorqua Ambre.
-Bouclez-la un peu. J'essaye de réfléchir.

C'était Tennessee, qui avait les yeux fermés et semblait en profonde réflexion. J'imaginais assez bien son raisonnement : pas de lumière, hors de question de retourner sur nos pas et combattre ceux qui voulaient nous faire la peau. De plus, le fait que l'on soit dans le noir va accentuer l'effet de panique, et on risquait facilement d'être à court d'oxygène si on restait trop longtemps dans cet endroit. En résumé, on ne pouvait ni reculer, ni avancer, et encore moins ne rien faire. Super.
Je décidai alors d'entrer en jeu et pris une main au hasard ; celle du fou, qui était facilement reconnaissable à sa chaleur assez inhabituelle.

-Suivez-moi. Et tenez-vous mutuellement, sinon je ne garantis pas l'intégrité du groupe sur tout le trajet.

Étonnés mais visiblement à court d'idées, les trois autres décidèrent alors de me faire confiance et se prirent par la main (chose qui était impensable puisque Dem et Ambre, depuis l'incident de tout à l'heure, semblaient refuser catégoriquement de s'approcher à moins d'un mètre de Tennessee). J'avançai alors à travers les couloirs de ce laboratoire de recherches qui d'après ce que je voyais n'étaient visiblement pas très légales, le petit Pokémon trottinant à côté de moi en se frottant à moi pour éviter de me perdre et mes compagnons d'infortune marchant derrière, chacun main dans la main et moi avec une main sur le caddie qui contenait toutes nos marchandises. C'en était presque mignon.

Il y a une chose dont j'aurais préféré ne jamais parler, mais vu comment ça semble évident je n'ai pas tellement le choix. Je suis nyctalope. Pour les ignorants, ça signifie que je peux normalement voir dans le noir à condition qu'il y ait une source de lumière, même faible, quelque part. Sauf que dans mon cas, c'est disons... encore plus développé : je peux voir dans l'obscurité la plus totale sans avoir besoin d'une quelconque source de lumière, comme par exemple maintenant, dans ce laboratoire. C'est donc sans trop de difficultés que je pouvais guider mes compagnons d'infortune à travers un labo plein de produits toxiques, de verre coupant et autres trucs absolument charmants et du même niveau de danger.

Tiens, à propos de trucs dangereux… comment se fait-il qu'il y ait un pistolet sur cette table ? Je ramassai l'objet, sans tenir compte des protestations de mes compagnons qui ne comprenaient pas pourquoi on s'arrêtait. En l'examinant de plus près, je m'aperçus directement du problème ; ce n'était pas une arme normale, mais un pistolet à seringue. Je rangeai l'objet dans ma poche, ainsi que quelques « munitions ». On ne sait jamais, ça pouvait toujours servir, quel que soit le truc qu'il contenait. Enfin, du moment que ce n'était pas un VÉRITABLE flingue, peut m'importait qu'il contienne n'importe quel produit qui ne puisse pas tuer, comme de l'acide ascorbique, de l'eau ou du gaz hilarant (ce qui, entre nous, ne ferait pas de mal aux trois énervés énervants qui étaient derrière moi).
Continuant notre chemin à travers l'obscurité du labo, nous ne tardâmes pas à apercevoir une lumière.

-C'est…une sortie ? demanda Ambre.
-Ça y r'semble en tout cas, répondit Démétrios, surpris mais heureux d'être bientôt dehors.

Bien sûr, la porte était bloquée. Enfin, bloquée, c'était vite dit : il a suffi de quelques coups de pieds de notre malade mental de service pour rapidement prouver le contraire. Nous reussîmes alors à sortir tous les cinq, pour nous apercevoir, en regardant autour de nous, que nos poursuivants avaient dû lâcher l'affaire. Ambre se cachait les yeux, déjà diminuée et éblouie par le changement subit de lumière. Et à ce moment précis, Démétrios posa la question qui faisait mouche et que je redoutais :

-Linda…je me pose une question…comment as-tu fait pour…comment dire…NOUS GUIDER DANS LE NOIR SANS HÉSITER NI TE COGNER, PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!!!!

Merci Dem, grâce à toi mon secret le mieux gardé va voler en éclats. Sauf s'ils se laissaient convaincre que ça ne valait pas la peine que je le dise.

-Ça vous regarde pas ! Foutez-moi la paix.
-Okay, on voulait juste savoir, pas la peine de t'énerver, dit-il.
-Eh bien vous ne saurez pas. Je n'ai pas envie d'en parler. Et puis, t'es mal placé pour me dire de ne pas m'énerver, vu comment tu m'as gueulé dessus.
-Et ça fait encore une chose que tu nous caches, dit Tennessee. Dis-moi, ça commence pas à faire un iceberg un peu trop gros ?
-Oh mais je peux parfaitement te retourner la question, soldat Nixon. Sauf que le problème c'est que moi, je ne pense pas vraiment être une malade mentale psychopathe et profondément antipathique qui essaie de s'imposer comme chef soi-disant pour garantir la survie de tout le groupe.

J'ai vu au regard assassin de Tennessee que j'étais allée beaucoup trop loin. Un regard qui, malgré l'inexpressivité de son visage, signifiait probablement quelque chose comme « ferme ta gueule ou je t'arrache les os et je joue aux osselets avec ». Sauf que là, je n'avais aucune envie de la fermer. Une fois que j'étais lancée, on me reprochait souvent d'être impossible à arrêter. Amuse-toi bien avec tes osselets, Tennessee.

-D'un autre côté, on peut mettre ça sur le compte d'une enfance malheureuse. T'as été maltraité quand t'étais petit, alors maintenant tu maltraites le monde entier pour te venger, c'est ça ?
-Boucle-la, siffla-t-il.

Les deux autres sentaient la catastrophe arriver. Démétrios nous fixait des yeux de façon alternative dans un regard presque paniqué, et Ambre, qui pourtant avait du mal à suivre la conversation, comprenait que ça allait mal, très mal se finir, et que j'allais mourir dans les trois minutes si je ne me taisais pas tout de suite. Ils avaient sûrement raison, mais ça n'allait pas m'empêcher de continuer. Et si ça pouvait leur permettre de ne pas se flinguer du regard à longueur de temps, c'était parfait.

-Tu devais pas avoir beaucoup d'amis, toi. Remarque, ça a des bons côtés, comme ça, t'as dû avoir personne à pleurer quand ta ville a été attaquée par les Pokémon. Au moins, personne n'a vu que tu étais incapable de pleurer, vu que t'as trop l'esprit militaire.
-LA FERME !

L'intervention d'Ambre me sauva probablement la vie. Au moment où j'ouvrais la bouche pour ma prochaine attaque verbale, je me pris un coup de poing assez violent dans le ventre, en tout cas suffisamment pour me coupa le souffle et laisser le temps à Démétrios d'essayer de calmer mon potentiel futur assassin.
Quelques minutes plus tard, nous étions tous les quatre assis par terre autour d'un feu de camp improvisé en train de manger le reste de la viande d'Aligatueur qu'on avait réussi à conserver jusque là ; moi surveillée par Ambre qui était prête à m'en coller une si je sortais une autre connerie, et Tennessee par Dem qui ne savait bien évidemment pas quoi faire en cas de mouvement de la part du « chef ». Et bien sûr, ce dernier à une distance raisonnable de moi.
L'autre ne bougea pas, mais me regarda d'une façon extrêmement désagréable. Pour pas changer. Pendant quelques secondes, j'ai soutenu son regard, sous ceux, inquiets, des deux autres qui étaient sûrement en train de prier Arceus pour que ça s'arrête et d'Hippo qui penchait la tête sur le côté et qui ne comprenait pas bien où était le problème. Puis, voyant que ça ne me ferait aucun bien, j'ai abdiqué.

-Ok, c'est bon, t'as gagné ! Tout ce que tu veux, mais arrête de me regarder comme ça !

L'autre eut un léger rictus triomphant. Connard. Je te revaudrai ça.

-Bien, dit-il. Explique-nous tout.
-Tout ?
-Depuis le début.
-Pff… Fais chier. Bon d'accord.

Et c'était alors parti pour une histoire complètement stupide mais vraie. L'histoire que je voulais garder cachée à tout prix, mais que pour prix de mon insolence, j'allais devoir raconter à des demi-inconnus.

-Je ne sais plus si je vous l'ai dit, mais mon père était un scientifique. Et... comment dire... je pense pas qu'il avait la lumière à toutes les étages. Vous avez déjà entendu parler de la théorie de l'évolution ultime ?
-C'est pas la théorie comme quoi les humains sont des Pokémon qui ont évolué tellement de fois qu'ils sont devenus surpuissants ? demanda Démétrios alors que les deux autres acquiescèrent tout en laissant leur ami parler.
-C'est ça. Au moins un qui a appris ses cours. Eh bien figurez-vous que mon père y croyait dur comme fer. Il était persuadé, par exemple, que mon ADN résultait de l'évolution ultime d'un Noctali. Et comme il étudiait à fond toute la famille Evoli -c'est d'ailleurs pour ça que j'en avais un- il a découvert que les Noctali voyaient la nuit, et a estimé tout à fait injuste que je ne puisse pas en faire autant. Et vu qu'il était mordu de manipulations génétiques, il a mené quelques expériences sur mes Pokémon puis, une fois qu'il fut certain de maîtriser totalement, sur moi. Mais bon, apparemment l'expérience a eu quelques effets secondaires, Je ne les connais pas encore tous, mais je sais déjà que je suis presque insensible aux températures extrêmes. Voilà, c'est bon, vous êtes contents ?
-Ouah… Désolée de dire ça comme ça, mais ton père, il était pas un peu timbré ?

Ambre, Captain Obvious de haut standing. Mais bon, c'était pas vraiment de sa faute, elle avait pas tout à fait récupéré. Je ricanai.

-Non, à peine, rétorquai-je. Taré, fêlé, cinglé, givré, frappé, tu peux prendre tous les synonymes que tu veux, ils sont tous vrais. Mais il était doué et ça a plusieurs fois été utile. Comme quoi, même le dernier des crétins peut servir à quelque chose.
-J'ai pas l'impression que tu le portais dans ton cœur, ajouta Tennessee.
-Oh que non. Bon, on peut fermer la rubrique « passé de Linda » et passer à autre chose ? C'est pas que j'en ai déjà beaucoup trop dit mais voilà quoi.

Je suis plutôt bavarde, et dès que je me rends compte que je « blablate » pour rien, je me renferme sur moi-même. Je fais comme ça depuis l'âge de neuf ans. Mes compagnons de route allaient devoir faire avec.
Je sentis un regard fâché, froid et certainement assassin se fixer sur moi.

-Tennessee, je t'emmerde.

Suivit une baffe gracieusement offerte par Ambre pour que je ne dise plus de phrases suicidaires. La prochaine fois, je voyagerai seule.
Quelques minutes plus tard, c'est-à-dire dès que mes compagnons furent certains que Tennessee n'allait pas me sauter à la gorge et me faire le coup du lapin en sortant le FAP (Fatidique Appareil Photo), nous repartîmes.
Et bien sûr, au bout d'un certain temps et après une énième attaque, ce qui devait arriver arriva. Je ne fus pas la seule gaffeuse de la journée : Dem eut le malheur de faire remarquer, au détour d'une conversation un peu glaciale, que notre militaire psychopathe était quelque peu cruel envers ces créatures qu'il refusait, allez savoir pourquoi, d'appeler Pokémon. Cette remarque sembla énerver le soldat et fit s'envenimer la situation. Sortirent quelques phrases de ce genre :

-T'es de leur côté, hein ? Tu veux mourir, c'est ça ?

Sentant le danger et ne voulant pas que Démétrios meure, j'ai sorti de ma poche l'objet que j'avais ramassé dans le laboratoire quelques heures plus tôt et je l'ai pointé sur Tennessee.

-Arrête tes conneries ou je tire. Je sais pas ce qu'il y a dedans, mais je tirerai quand même.

J'avais les yeux rivés sur Tennessee, terrorisée à la fois par ce que je faisais, ce que j'allais faire, et ce que lui POUVAIT faire. Je ne prêtai même pas attention à Ambre, qui avait sorti son arc et était lentement en train de le préparer.
Et cet imbécile qui me fixait avec son regard de psychopathe. J'avais déjà dépassé les bornes une fois aujourd'hui. Je savais que j'aurais dû ranger ce maudit pistolet. Mais là, c'était mon amour-propre et, pire encore, la vie de la seule personne que je considérais comme un ami qui étaient en jeu.
Et comme j'étais vraiment sur les nerfs, j'ai très vite craqué. Il a suffi que Tennessee fasse un mouvement. Un seul. Un pas vers moi. Et j'ai appuyé sur la détente. Le projectile partit et heurta Tennessee à l'épaule. Une seconde s'écoula. Une seconde infinie. Et au moment où je pensais qu'il allait se jeter sur moi pour me tuer, Tennessee s'écroula au sol, inerte.
Je me mis à trembler. Je l'ai tué, pensai-je. Je l'ai tué comme ce Zoroark a tué mes parents, avec un pistolet. J'ai tué un homme avec une arme à feu. J'ai tué le seul homme capable de m'amener vivante au bout de ce putain de voyage de merde.
Je sentis qu'on m'enlevait l'arme des mains. Je ne savais pas qui. Je m'en foutais. Je ne voyais plus rien, les sons étaient devenus confus.

-Putain, y a de quoi endormir un Luxray pendant trois jours, dans ce bidule !
-Eh bien prépares-toi à être surpris, il est encore vivant.
-Depuis le temps que je dis que ce type n'est pas humain. Il dort?
-Ouais ouais. Il roupille tranquillement.

D'un côté, j'étais soulagée parce que je n'étais pas un assassin. Mais d'un autre côté, j'avais très, très, TRÈS peur de sa réaction au réveil. Mon imagination a fait tout le travail, il ne me restait plus qu'à fondre en larmes et tomber à terre, mes jambes se mettant soudain en grève.

-Hé ! Linda, ça va ? Lança apparemment Démétrios.
-Evidement que non, crétin ! Elle vient de lui tirer dessus alors qu'elle a la trouille des flingues. Comment veux-tu que ça aille ?
-Oh la ferme !

Je ne me souviens pas du reste. J'ai un trou de mémoire bienfaiteur qui recouvre les quelques heures suivantes. Peut-être me suis-je évanouie, peut-être Hippo m'a-t-il endormie avec Bâillement, peut-être ai-je simplement oublié. Toujours est-il que ma mémoire me fait heureusement défaut.
Le retour à la réalité, cependant, allait décidément être des plus pénibles…