Chapitre 38 : La Titanide aux yeux dorés
Chapitre 38 : La Titanide aux yeux dorés
« Sais-tu pourquoi l'ancien porteur était spécial ? On considérait qu'il était le centième d'entre eux et cela à raison. D'après tout ce qui avait été notifié, il s'agissait bien du centième … Un chiffre spécial, vraiment spécial, et des pouvoirs démesurés en contrepartie. Il y avait une chose qui rendait cette personne si différente des autres, Soklar. »
« Ce n'est pas sa puissance ? Vous venez déjà de le dire, vous savez ? »
« Non … Ce n'est pas ça … Je pense qu'il ne faut pas tergiverser plus longtemps. Il s'agit de ses yeux, Soklar. Des yeux dorés. D'après les légendes, la personne qui possède ces yeux dorés sera comme issu d'un autre monde. Nul ne pourra lui tenir tête, nul ne pourra contester sa toute puissance, nul ne pourra espérer l'affronter et s'en sortir vivant. »
« A vous écouter, madame Glaros, cette personne était vraiment … spéciale mais bon, ce n'est pas ma grande sœur. Je me rappelle de ses magnifiques yeux rubis. »
« C'est exact, Soklar. Je ne peux pas te donner tort à ce sujet. » confirma la femme au chignon blanc en hochant la tête positivement.
« Alors … enfin bon, continuez de parler. Cette personne aux yeux dorés, c'était donc l'ancienne porteuse de la marque d'Arceus, n'est-ce pas ? C'était la centième ? »
« C'est exact. Elle avait un surnom malgré son jeune âge : La Titanide aux yeux dorés. Sais-tu exactement ce qu'est un titan, Soklar ? »
« Non, pas vraiment, je ne me suis jamais posé la question, je dois l'avouer. »
« Ce n'est pas grave, loin de là. Néanmoins, il va falloir que tu te concentres beaucoup plus dorénavant. Est-ce que tu en comprends la raison ? »
« Pas du tout encore une fois. Où est-ce que vous voulez exactement en venir ? Vous pouvez faire simple s'il vous plaît. Vous savez, je ne vous en voudrais pas vraiment. »
« Peut-être que je devrais te rappeler une condition du porteur de la marque d'Arceus ? Que se passe t-il lorsqu'un nouveau porteur arrive ? Le précédent doit mourir pour ne pas devenir fou. Tu es bien d'accord à ce sujet, non, »
« Oui bien entendu. Je vois où vous voulez en venir. Comment est-ce que l'on peut expliquer ça à une jeune personne d'une dizaine d'années ? C'est tout simplement ridicule ! »
« C'est bien là où nous sommes d'accord, toi et moi Il est absurde de dire à une enfant : « Désolé mais tu vas devoir mourir pour quelqu'un d'autre. » Même un enfant avec déjà une mentalité d'adulte ne peut pas … comprendre cela. »
« C'est exact. Je ne voudrais pas être à la place de cette personne. Ca serait tout simplement horrible pour elle. Elle n'a rien fait pour mériter un tel traitement. » murmura l'adolescent aux cheveux blonds, regardant toujours Melgana d'un air soucieux. Il l'entendait chuchoter :
« Stop … Je vous en supplies … stop. Arrêtez ça. »
« Est-ce que c'est bientôt fini ? »
« Nous allons passer à la puissance de la Titanide aux yeux dorés. Je t'ai dit que sa force était sans égal … mais ce n'est pas tout. Sa beauté et son intelligence aussi. Néanmoins, elle n'est pas parfaite, loin de là. Son passé est tel qu'elle a toujours été une enfant très … perturbée psychologiquement. Elle ne sait pas contrôler ses émotions et est donc comme une bombe prête à exploser, quitte à tout ravager derrière soi. »
« Pourquoi est-ce qu'elle était intelligente ? Vous pouvez me le dire ? »
« Car sa maîtrise élémentaire était sans égal. Dès qu'elle devait apprendre un nouvel élément, elle y arrivait et le maîtrisait en quelques jours. Oui … elle était douée dans presque tout. Malheureusement, nous en avons trop fait en oubliant une chose : ce n'était qu'une enfant … une simple enfant qui aurait dût avoir une enfance normale. »
« Pourquoi ne pas lui avoir fait ça alors ? Si les mousquetaires le regrettaient ? »
« Car c'était déjà trop tard et que nous ne l'avions pas remarqué à temps. »
« Vous ne semblez pas … vraiment vouloir vous excuser mais bon … Vous voulez continuer ? Qu'est-ce que j'ai à savoir à ce sujet ? Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit ? Moi-même, je m'en rappelle presque parfaitement, vous savez ? » dit-il en regardant la femme au chignon blanc. Il remarqua que Melgana amorçait une attaque, ses mains posées sur le sol. Comment le savait-il ? La marque d'Arceus lui faisait terriblement mal bien qu'il serrait les dents malgré la douleur. Il ne devait rien laisser voir.
« Mysvia … tu es priée de ne pas commencer. »
« Je commencerais si c'est nécessaire ! Cette soirée, Soklar comme moi, nous la connaissons ! Ne commencez pas à raconter n'importe quoi ! »
« Pourquoi le ferais-je ? Est-ce que tu mettrais en doute ma parole ? Et celle des autres mousquetaires ? Puisqu'il en est ainsi, nous allons reprendre. »
Il eut juste le temps d'attraper la femme au chignon blanc pour la tirer vers lui. Il fit un saut en arrière, évitant un geyser de flammes qui sortit du sol. Il regarda Melgana avec fureur, hurlant pour qu'elle puisse bien l'entendre :
« MAIS TU ES FOLLE OU QUOI, MELGANA ?! TU VEUX NOUS TUER ?! »
« Je ne … je ne veux pas te tuer, Soklar. Seulement ces personnes. Soklar … s'il te plaît. Je veux que tu reviennes vers moi. »
Elle lui tendait les bras, les ayant retiré du sol alors qu'il remarquait que les autres mousquetaires avaient eux aussi subit quelques assauts mais tous avaient réussi à y échapper. Gravos resta dans les bras de Soklar pendant quelques secondes.
« Hum … Je comprends pourquoi maintenant … tu as de belles mains. »
« Hein ? Euh oups … Désolé madame Gravos ! Je ne voulais pas ! Je voulais juste vous mettre en sécurité, rien de plus, je vous le promets ! »
« Je le sais bien même si tu n'avais pas à t'inquiéter. Mysvia est très prévisible. Par contre, il vaut mieux que tu ne t'approches pas d'elle, Soklar. Je vais reprendre le récit. »
« Le récit ? Vous êtes sûre que c'est une bonne chose ? Melgana semble vraiment ... »
« Il le faut, Soklar et c'est surtout pour toi que je m'inquiète. »
« Hein ? Comment ça ? Vous vous inquiétez pour moi ? Comment ça ? »
Il se répétait, regardant un peu éberlué Gravos. Le ton grave de sa voix indiquait clairement qu'elle était sérieuse. Pourquoi est-ce qu'elle se faisait du souci pour lui ? Enfin bon, ce n'était plus vraiment possible maintenant … de revenir en arrière.
« Veuillez continuer s'il vous plaît. Nous en étions au soir … c'est le soir où vous êtes tous venus, n'est-ce pas ? » demanda Soklar d'une voix lente.
« Je pense qu'il vaut mieux pour cette partie … que nous retournions dans le passé. Notre mousquetaire psychique va nous y permettre. Ce n'est pas un vrai voyage dans le temps mais nous allons fusionner nos souvenirs de cet instant et alors … tu sauras la vérité. »
« Vous êtes certaine qu'il vaut mieux … que je fasse ça ? »
« Oui, Soklar. Mais s'il te plaît … Je veux que tu te contrôles. Tu ne pourras pas intervenir. »
… Pourquoi est-ce qu'il n'était pas très rassuré ? Peut-être parce que malgré son masque, il savait que Melgana était en plein désarroi, forcée de les accompagner. Elle n'avait plus la volonté de combattre, n'est-ce pas ? Il ferma les yeux comme les mousquetaires, sentant son âme qui quittait son corps.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour voir qu'il se retrouvait dans la maisonnée de ses parents. Il voyait ses parents … mais aussi sa grande sœur. Elle aussi avait une dizaine d'années. Tiens ? Il ne se rappelait pas … mais sa mère avait aussi un masque sur le visage. D'après ses souvenirs, seules les femmes les plus fortes du royaume pouvaient en porter un. Sa mère était une druidesse non ? Comme son père. Mais maintenant, il se rappelait de ses parents. Il pouvait les voir en détails. Son père devait avoir une quarantaine d'années, des cheveux blonds comme lui, assez hirsutes. Il portait une paire assez fine de lunettes sur le nez, ne cachant guère ses yeux bleus. Son corps était plutôt musclé, signe qu'il travaillait de longues heures tous les jours autour de la maisonnée pour ramener du bois et d'autres fournitures. Impressionnant … son père était impressionnant. Quant à sa mère, cela ne faisait que confirmer ce qu'il pensait déjà de sa grande sœur : dans sa famille, toutes les femmes étaient vraiment très belles. Il voyait sa mère qui avait une longue queue-de-cheval complètement bleue. Tiens ? Il se demandait comment sa sœur pouvait avoir des cheveux auburn de la sorte ? Hum … Non, sa sœur n'avait pas vraiment des cheveux auburn mais plutôt un peu orange là. C'était une couleur plutôt unique. Etrange, vraiment très étrange, il ne savait pas comment l'expliquer réellement.
« Peut-être que les cheveux changent au cours des années ? »
Mais normalement, ce n'était pas le sujet … de cet instant. Quelques coups répétés à la porte se firent entendre et il remarqua le visage inquiet de son père. Celui-ci indiqua à Melgana d'aller prendre son frère et de reculer. La mère vint ouvrir la porte, faisant face à ce qui semblait être Gravos. Il savait que c'était la même personne bien que cela faisait environ dix années maintenant. Elle gardait une certaine prestance.
« Nous sommes venus récupérer le porteur de la marque d'Arceus. »
« Et nous refusons encore une fois votre proposition. Veuillez ne plus revenir, même avec toute l'armée s'il le faut. Vous ne prendrez pas notre enfant. »
« Hey ! Je vois rien, laissez-moi passer un peu ! »
Une petite voix féminine se fit entendre alors que Gravos devait se pousser un peu pour laisser paraître ce qui semblait être une enfant d'à peine dix ans. Une chevelure auburn en bataille, elle portait un masque sur le visage. Un masque où deux épées étaient dessiné sur le côté des yeux. Il n'arrivait pas à voir les yeux à travers ce masque.
« Mysvia, qu'ai-je dit à ce sujet ? Tu ne dois pas intervenir. »
« Hého ! Que je sache, c'est encore moi la porteuse de la marque d'Arceus. Je pense que je peux au moins voir le visage de celui qui va prendre ma place. »
« Une enfant … C'est vrai, les rumeurs étaient donc vraies. Quel monstre horrible laisserait une enfant avoir un tel rôle dans le monde. L'enfance est faite pour l'insouciance et d'autres sentiments, bien loin de ceux que vous forcez à administrer à cette jeune fille. Où sont ses parents ? Non, c'est vrai … Si je ne me trompes pas, son père était ... »
« La … LA FERME ! COMMENT EST-CE QU'UNE FAMILLE AUSSI HEUREUSE SE PERMET DE ME JUGER ?! »
« Stop Mysvia ! Je t'ordonne de te stopper ! » cria Gravos, créant un cocon de glace autour de la jeune fille aux cheveux auburn. « Ah … Elle n'en mourra pas … mais voilà pourquoi je ne voulais pas qu'elle vienne. Elle est encore très instable sentimentalement. »
« Notre position ne changera pas. Nous continuons de refuser que Soklar vienne avec vous. Notre enfant aura une histoire normale, comme sa sœur. »
« Sa sœur qui pourrait profiter d'une éducation conséquente. Surtout que d'après nos souvenirs, vous avez déjà refusé qu'elle devienne l'une de nos apprenties, non ? Tout cela parce que vous êtes une famille de druides pokémon. »
« Comment … est-ce que vous êtes au courant ? Nous n'avons jamais évoqué cela. »
« Nous connaissons beaucoup de choses. Vous ne pouvez rien nous cacher. S'il vous plaît, cela sera pour le mieux de tous et de toutes. Votre enfant est destiné à devenir un grand de ce monde. Vous le savez aussi bien que nous. »
« Et vous pensez que l'on doit oublier que vous allez … sacrifier cette jeune fille ? »
« Hum ? Comment se fait-il que ... »
« Vous n'êtes pas les seuls à en savoir plus qu'ils ne le paraissent. Non, nous ne laisserons pas notre fils retirer la vie d'autrui juste pour servir la folie d'un monarque qui ne compte que sur les pouvoirs de ses mousquetaires et de la marque d'Arceus pour régner sur le monde. »
« Ah … Ah … Ah … Ca m'a fait mal … ça … j'ai froid. J'ai chaud. »
« Mysvia, mais cette glace devait normalement ... »
La faire tenir tranquille pendant une bonne heure. La jeune fille était devenue quoi depuis tout ce temps quand elle ne l'observait pas ? L'aura de flammes autour de Mysvia ne laissait planer que peu de doutes sur sa véritable force.
« Foutue famille heureuse. Et blablabla « non vous ne prendrez pas notre fils » et merde ! Vous pensez avoir le choix ? On n'a pas le choix dans la vie ! Vous êtes une bande d'égoïstes ! Tout ça parce que vous voulez pas que je … AH … AH … AH ! FOUTU GAMIN ! Tout ça c'est de ta faute ! » hurla Mysvia en désignant l'enfant dans les bras de sa grande sœur. Celui-ci tremblait de tout son corps, la regardant en pleurant. Il sanglotait :
« Gra … Grande sœur, elle … elle me fait peur. »
« Je … fais peur ? Moi ? Vraiment ? » dit Mysvia en regardant l'enfant. Elle s'arrêta pendant un instant, ses yeux rivés sur lui. Elle avait l'impression que le temps venait de se stopper. Cet enfant était celui pour lequel elle allait mourir. Elle devait … mourir pour lui ? « S … Stupide ! JE N'IRAI PAS MOURIR POUR CA ! JE VAIS TOUS VOUS TUER ! »