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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 31/08/2015 à 21:00
» Dernière mise à jour le 28/08/2020 à 13:53

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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031. 3x05 - Luttes au port de Poivressel
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. En route vers Poivressel afin d’apporter un colis au Capitaine Poupe, ils rencontrent Addie, une dresseuse venue d’une autre région à qui le Capitaine a confié une mission. Ensemble, ils explorent l’épave du Chenal 108 à la recherche des objets appartenant au Capitaine, retrouvent le Lombre abandonné du Capitaine qu’ils doivent laisser dans l’épave s’ils veulent sauver le sous-marin performant du Capitaine. Une fois avoir retrouvé le sous-marin et le Devon Scan, les quatre amis partent à Poivressel à la rencontre de ce fameux Capitaine Poupe.

Poivressel


Pokémon #201p
Le port de Poivressel devait être l’un des plus grands ports sur lesquels Sofian eût jamais mis les pieds. Contrairement au port de Carmin-sur-mer qu’il avait déjà visité des centaines de fois lorsqu’il habitait à Kanto, ou même du petit port de Mérouville qui l’avait accueilli lors de son déménagement près d’un mois plus tôt, le port de Poivressel s’étendait sur des centaines de mètres à la ronde, probablement un kilomètre même ! De forme carrée, le port de Poivressel était encadré par la très longue digue qui se terminait en plage ensoleillée. Ses bateaux aux larges voiles et ses Goélise planant de mats en mats donnaient aux alentours une ambiance typique des villes portuaires qui sentaient la vie marine paisible.
Pourtant, quelque chose n’allait pas. C’était comme si ce matin estival n’avait pas réveillé la population de la ville. Quelque fut l’endroit où son regard se posait, Sofian ne trouva pas une seule âme vivante sur le port de Poivressel. Pas un être humain, pas même un Miaouss perdu. Le silence dans lequel le port de Poivressel était plongé lui assourdissait les oreilles d’acouphènes insupportables.
– Pour une ville portuaire, l’ambiance est pourrie ici, remarqua Sofian en frissonnant dans le vide du port.
– Je pensais que Poivressel était une des villes les plus importantes de la région, s’étonna Timmy en grimpant sur le ponton en bois devant lequel ils avaient amarré.
– Moi qui me faisais une joie d’arriver à Poivressel, je me demande si j’ai bien fait de m’enthousiasmer autant, grommela Flora, déçue.
– Quelque chose cloche, marmonna Addie en refermant la trappe du sous-marin derrière elle.
Sofian, Flora, Timmy et Addie avaient voyagé sur le Chenal 109 durant vingt-quatre heures à bord du sous-marin du Capitaine Poupe et étaient arrivés à Poivressel au petit matin sous un soleil étonnamment étouffant. Mais malgré tout, Addie leur assura que Poivressel était une ville très peuplée à cause de son activité portuaire importante, ses plages bourrées à craquer de vacanciers et ses ruelles typiques que les touristes se faisaient une joie de visiter. Et pourtant, leur déception fut grande lorsqu’ils traversèrent la digue du port qui n’offrait aucune vie animée. L’absence de marins ou des premiers joggeurs leur fit froid dans le dos. Seul le bruit de leurs pas résonnait dans la ville étrangement vide.
– Ça ne me dit rien qui vaille, chuchota Flora en se frottant les bras sous un frisson d’angoisse.
– Quelque chose me dit qu’on va encore s’en prendre plein la gu… grogna Sofian.
– Et si tu contactais le Capitaine Poupe, Addie ? proposa Timmy.
Le groupe s’arrêta au bout du port et Addie chipota sur son appareil électronique. Elle attendit quelques instants, mais fronça les sourcils lorsqu’aucune réponse ne lui revint.
– Addie, appela Timmy, troublé, tu penses que l’absence de personnes dans cette ville a un rapport avec l’absence de réponse du Capitaine Poupe à tes messages ?
– Tu penses qu’il est arrivé quelque chose au Capitaine ? s’alarma Flora.
Addie souffla des narines, déconcertée.
– Allons nous en rendre compte par nous-même, dit-elle en montrant quelque chose derrière eux.
Sofian jeta un coup d’œil dans la direction que pointait Addie et découvrit un paysage décalé avec la plage et le port attirants de Poivressel. En effet, de très nombreuses grues, des tas de camions et des pièces de métal et de bois en tous genre s’amoncelaient tout au bout du port, comme si quelque chose était en construction sur la berge.
– C’est le chantier naval de Poivressel, expliqua Addie en les y amenant. Le Capitaine Poupe et ses équipes travaillent sur un énorme projet qui leur demande beaucoup de temps pour la construction.
Dans l’eau, d’énormes poutres et échafaudages étaient placées autour d’une plate-forme métallique sur laquelle allait probablement se trouver la future construction. Mais là encore, aucune présence vivante, mis à part un Nosferapti qui virevoltait au loin entre deux caisses en bois.
– Où sont les ouvriers ? s’inquiéta Addie. Je sais qu’il est tôt, mais les ouvriers commencent bien plus tôt généralement… Surtout sur un projet d’une telle envergure.
– Je crois qu’il est arrivé quelque chose au… commença Flora.
Mais l’adolescente sursauta de peur lorsque des crissements retentirent tout autour d’eux. Des haut-parleurs de la ville retentit une voix rauque, celle d’un homme qui avait dû beaucoup crier dans sa vie.
Ceci est un message destiné à Messieurs Match et Bronam, et Mademoiselle Seko, annonça la voix cassée dans les haut-parleurs. Nous savons que vous venez de pénétrer dans la ville.
Se sentant observé, Sofian fit volte-face et chercha des yeux d’où pouvait provenir la voix.
Nous vous attendions depuis longtemps, reprit la voix, et la Team Aqua est heureuse de vous accueillir à Poivressel. Ces politesses achevées, évitons de perdre notre temps et allons droit au but. Vous avez un objet que nous convoitons et qui nous a filés entre les doigts à plusieurs reprises. Il ne sert à rien de nous mentir, d’essayer de le cacher ou de le détruire car vous êtes surveillés.
Sofian avait beau chercher autour de lui, il ne voyait aucun dispositif de caméras qui aurait pu les filmer. Comment la Team Aqua avait-elle su qu’ils venaient d’arriver ?
Vous avez par le passé vaillamment combattu mes hommes de main, poursuivit la voix menaçante. C’est pourquoi cette fois-ci, nous avons préféré jouer une nouvelle carte. Le colis que vous transportez depuis Mérouville jusqu’ici n’atteindra jamais le Capitaine Poupe car il s’est rendu sans opposer de résistance. Oui, nous savons tout de votre mission. C’est pourquoi je vous propose un échange intéressant : vous nous apportez cet objet, et nous rendrons sa liberté au Capitaine. En mon humble avis, cela ne me semble pas être cher payé comme échange. J’espère que vous avez compris l’ampleur de la situation : l’objet que nous désirons contre la vie du Capitaine Poupe. J’ai beaucoup d’estime pour les hommes de la mer, c’est pourquoi j’espère de tout cœur que vous choisirez de répondre à notre requête. Nous vous attendons dans vingt minutes au centre du port de Poivressel. Terminé.

Pokémon #201o
– Qui c’était ?
– La Team Aqua !
– La Team Rocket, la Team Aqua, combien y a de teams dans cette région ? Y avait pas autant de criminels quand j’étais jeune !
– On s’en fiche ! Le Capitaine Poupe est en danger !
– Il faut faire quelque chose !
– On ne peut pas leur donner le colis de Monsieur Rochard comme ça, pas après tout ce qu’on a traversé pour le protéger !
– Et on laisse le Capitaine Poupe crever sous leurs mains ?
– C’est peut-être du bluff !
– Je ne pense pas, réfléchis : je n’ai eu aucune nouvelle de Stern… du Capitaine Poupe depuis mon arrivée…
– Il faut sauver le Capitaine Poupe et leur donner le colis !
– Il faut préserver le colis et sauver le Capitaine Poupe !
– Il faut allez au port, tout de suite
En pleine panique, Addie amorça un mouvement de course vers le port de Poivressel, très vite imitée par les trois adolescents.
– ATTENDEZ !
Le petit groupe s’immobilisa instantanément et fit volte-face, chacun portant sa main à une pokéball dans sa poche afin de se défendre. Un homme au front dégarni était sorti d’une caravane des ingénieurs et courait après eux. Il était habillé d’une salopette bleue sur laquelle il avait revêtu un tablier blanc, et maintenait collées sur son nez ses lunettes qui menaçaient de tomber dans sa course.
– Pas un pas de plus ! ordonna Addie en montrant sa pokéball devant elle. Je suis prête à me défendre, et si vous saviez qui j’étais, vous sauriez de quoi je suis capable !
– Non, non, vous vous méprenez ! lança l’homme en levant les mains en l’air et en s’arrêtant à quelques mètres d’eux. Je m’appelle Archibald, je suis un des ingénieurs travaillant pour le Capitaine Poupe, peut-être même son ami le plus proche !
Les trois adolescents échangèrent un regard perplexe, ne sachant pas s’ils devaient le croire ou s’en méfier. Ils attendirent quelques instants en scrutant du coin de l’œil la réaction d’Addie, avant que celle-ci abaisse sa pokéball et décide de lui faire confiance.
– Attends, tu ne peux pas le croire si rapidement ! s’opposa Flora. Et s’il était un espion de la Team Aqua ?
– Je vous jure que…
– On ne t’a pas encore sonné, toi ! interrompit Sofian.
– C’est vrai Addie, on ne peut pas leur faire confiance, ils sont capables de tout, résonna Timmy.
– Très bien, je vais te poser une question, et tu n’as droit qu’à une chance de répondre correctement, décida Addie. Quel est le plus grand rêve du Capitaine Poupe ?
L’homme qui se faisait appeler Archibald déglutit difficilement, des gouttes de sueur perlant sur son front.
– M… mettre les pieds sur l’île… l’île mirage, répondit l’homme d’une voix tremblante.
Addie baissa enfin sa pokéball et se dirigea vers lui pour lui serrer la main. L’homme qui venait de marquer un point en répondant à une question si intime se détendit.
– Depuis quand êtes-vous cachés ici ? questionna-t-elle.
– Cela fait quatre jours que la Team Aqua a envahi Poivressel, raconta Archibald en s’épongeant le front à l’aide d’un mouchoir en tissu. Mais cela ne s’est pas passé comme un soulèvement gouvernemental classique. Ils ont envahi les espaces publics et ont semé la terreur dans les commerces, mais toujours en tenues civiles. Ce qui a fait que personne ne savait qui était son ennemi ou son simple voisin, et la population s’est très vite renfermée chez elle. L’activité du port et du chantier naval s’est donc arrêtée et lorsque j’ai voulu en parler au Capitaine Poupe, il avait disparu ! Je ne l’ai trouvé nulle part, ni chez lui, ni ici au chantier ! J’ai vu des membres de la Team Aqua patrouiller, c’est pourquoi je suis resté caché dans ma caravane depuis… J’ai tenté de téléphoner à la police, mais les coups de fil sont directement déviés. Je pense que la police a aussi été hors d’état de nuire par la Team Aqua. Ces gens sont dangereux, vous ne pouvez pas foncer au port sur un coup de tête, ce serait sauter dans la gueule du loup !
– Et on fait quoi ? s’emporta Sofian. On attend gentiment qu’ils le décapitent et nous envoient sa tête ?
– Sofian ! s’insurgea Flora, choquée.
– Ouais, parce qu’ils n’en seraient pas capables tu crois ?
Timmy baissa les yeux et Sofian comprit que son ami l’approuvait.
– On fait quoi ? demanda Flora après quelques secondes de silence.
– Déjà, quel est cet objet qu’ils veulent récupérer ? interrogea Addie. Ça ne peut pas être le Devon Scan, ils n’étaient pas au courant qu’on a visité l’épave, si ?
– Non, ils parlent du colis que Monsieur Rochard nous a demandé d’apporter au Capitaine Poupe, rappela Timmy.
– Ils ont déjà essayé de nous le voler lorsque nous étions à Myokara, précisa Flora.
– Mais on leur a botté le cul ! rappela Sofian. Comme on va le faire aujourd’hui ! On doit aller au port !
– Vous pensez sincèrement qu’ils vont nous attendre calmement avec le Capitaine Poupe ? grommela Timmy d’un ton sarcastique. Vous ne vous souvenez pas de comment ils avaient opéré avec Picko quand ils voulaient faire un échange ? Ils vont nous berner une nouvelle fois.
– Qu’est-ce que tu suggères ? répliqua Sofian.
Personne ne lui répondit. Archibald se frotta le front afin de réfléchir à un plan tandis qu’Addie plissait les yeux en se mordant la langue.
– Le message ne s’adressait qu’à vous trois, se souvint-elle en réfléchissant à haute voix. Ce qui veut dire qu’ils ne savent pas que je suis avec vous, donc qu’ils ne nous surveillent pas à la seconde près… Je ne vois pas de caméras planquées… Ils doivent avoir un espion qui nous a vu arriver mais qui ne connaissait pas mon identité… Ou alors c’est un message qui passe tous les jours, tout le temps, au cas où vous arriveriez… Je penche tout de même pour la première solution. Dans tous les cas, ils ne savent pas que je suis avec vous. Nous sommes donc quatre, cinq avec Archibald. Nous avons donc un joker dans notre jeu de cartes !
– Et alors ? Ça change quoi ?
– Ça change que je vais pouvoir retrouver le Capitaine Poupe alors que vous vous rendrez au port et vous ferez mine de tomber dans leur piège, annonça Addie. Je pense qu’ils gardent le Capitaine Poupe loin de l’endroit où ils nous attirent, pour être sûr qu’on ne puisse pas le sauver et nous tirer avec le colis. Il faudra donc que vous alliez au port et que vous les combattiez sans moi en tenant assez longtemps pour que je retrouve le Capitaine Poupe et vous envoie un message via le Pokénav pour que vous vous tiriez.
– Et tu serais où, toi ? demanda Flora. Quelqu’un a une idée d’où ils pourraient retenir le Capitaine Poupe prisonnier ?
Ils replongèrent dans un silence pensif, qu’Archibald rompit très vite.
– Vingt minutes… dit-il.
– De quoi ? questionna Addie, tendue.
– Dans le message de la Team Aqua, ils disaient qu’ils vous attendent au port dans vingt minutes. Ce qui confirme bien le fait qu’ils vous ont vu débarquer à Poivressel, mais ce qui signifie aussi qu’ils sont à vingt minutes de marche du port.
– Vous avez une idée de quel bâtiment se trouveraient à vingt minutes de… ? commença à demander Addie.
– Le musée océanographique, révéla-t-il. Si le Capitaine Poupe a été enlevé, c’est sur son lieu de travail : soit sur ce chantier, soit au musée océanographique vu qu’il en est le conservateur. Et le musée est assez grand pour le cacher. Sans parler que c’est le premier lieu public que la Team Aqua a envahi et qu’il est en plein centre-ville, à plus ou moins trente minutes de marche. Oui, si la Team Aqua se cache quelque part, c’est dans le musée océanographique !
– Eh bien je pense que tout est dit, conclut Addie. Archibald, vous allez venir avec moi car vous connaissez Poivressel mieux que moi !
– Tiens !
Timmy fouilla dans son sac à dos et lui tendit un tout petit paquet.
– Il vaut mieux qu’on n’ait pas le colis qu’ils désirent, ainsi ils n’auront aucune chance de l’avoir s’ils arrivent à nous vaincre.
Addie accepta de garder l’objet précieux et le rangea dans son propre sac, sous le regard inquiet d’Archibald.
– C’est parti ! Allons sauver le Capitaine Poupe !

Pokémon #201s
Le port de Poivressel était toujours aussi désert, mais cette fois-ci, Sofian ne s’en préoccupa que très peu. De toute évidence, après l’annonce du message de la Team Aqua dans les haut-parleurs de la ville, personne ne sortirait de chez soi de si peu. Il avançait d’un pas pressé et assuré sur la digue en bêton du port, suivi de près par une Flora terrifiée et un Timmy muet.
– Ils ne précisaient pas où on doit se rendre exactement, fit remarquer Flora en chuchotant.
– À ton avis, s’ils nous observaient depuis le début, où penses-tu qu’ils nous attendraient ? répondit Timmy à voix basse.
– Le sous-marin du Capitaine Poupe, comprit Sofian.
Les trois adolescents arrivèrent après de longues minutes de marche silencieuse sur le ponton en bois au bout duquel avait été amarré le sous-marin métallique qu’ils avaient récupéré de l’épave. Mais personne ne s’y trouvait.
– Bon, il n’y a personne, retournons au chantier ! pressa Flora en tournant les talons.
– Tu restes ici, toi ! obligea Sofian en la tenant par le bras.
– Ça doit être un piège… marmonna Timmy en scrutant chaque centimètre carré qui se trouvait devant lui. On devrait appeler nos pokémon, au cas où…
Les trois amis sortirent leurs pokéballs de leur poche en faisant bien attention de ne pas faire de gestes brusques, au cas où ils étaient observés. Trois flashs de lumière rouge firent apparaitre Poussifeu, Charmillon et Arcko devant chacun de leurs maîtres. Mais la Team Aqua ne semblait pas être encore arrivée. Les trois amis formèrent un triangle en se collant dos à dos afin d’avoir chaque côté du port dans leur angle de vue. Le vent se leva, mais le calme était toujours intense. Flora frissonna.
– Ce silence est en train de me tuer, dit-elle en claquant des dents. Y a même pas un Goélise dans le ciel…
Timmy fronça des sourcils. « Pas un Goélise dans le ciel »… Pourtant, à leur arrivée…
– Ils sont là depuis le début ! hurla-t-il en remarquant une forme dans les vagues.
Mais c’était trop tard ! Une substance violette gicla depuis la surface de l’océan et s’écrasa contre le papillon de Flora qui chuta lourdement au sol en poussant un cri de surprise. Deux silhouettes mauves tombèrent du ciel contre les pokémons de Sofian et Timmy ; Poussifeu tomba aux pieds de son maître tandis qu’Arcko roula sur le ponton en bois et glissa dans l’eau.
– Qu’est-ce que… ! s’exclama Sofian.
Loin devant eux, au début du ponton, étaient apparues trois silhouettes d’hommes qu’ils ne connaissaient que trop bien : la carrure élancée de Stephen, sbire de la Team Aqua, le petit apprenti qui répondait au nom de Rosh, et la silhouette d’un marin que Sofian reconnu comme ayant été le capitaine du sous-marin dans lequel il avait été enfermé trois semaines plus tôt. Les trois comparses de la Team Aqua avancèrent vers eux tandis que Flora essuyait de sa manche la substance acide qui plaquait les deux ailes de Charmillon l’une contre l’autre et que Sofian prenait son Poussifeu étourdi dans ses bras. Les deux Nosferapti rejoignirent l’épaule de leurs maîtres respectifs tandis qu’un Tentacool apparut dans l’eau à côté du ponton.
– Qu’il est bon de se retrouver, les amis ! annonça Stephen, les bras écartés en guise d’accueil. Roger, tu me dois cinquante pokédollars !
Le capitaine du sous-marin, vêtu d’un uniforme blanc et d’un chapeau reconnaissable, fourra dans la main de son supérieur une liasse de billets bleus.
– Voyez-vous : mon comparse ne pensait pas que vous feriez le choix de vous rendre, mais j’étais persuadé que vous étiez plus raisonnables que vous en aviez l’air, expliqua Stephen en rangeant son argent dans sa poche. Le Capitaine Poupe est une personnalité importante de la région, Roger aurait dû savoir que vous alliez vouloir à tout prix lui épargner une mort avancée. Mais bon, trêve de blabla, nous ne sommes pas là pour échanger des politesses, mais pour convenir de notre petit deal. Vous allez donner gentiment le colis à mon comparse.
Rosh avança d’un pas vers eux en tendant sa main droite.
– Vous ne pensez tout de même pas qu’on va vous donner le colis comme ça ! défia Sofian courageusement. Où est le Capitaine Poupe ?
Stephen afficha un large sourire.
– Il n’est pas loin, assura-t-il.
Sofian voulut répliquer, mais Timmy lui donna un coup de coude dans les côtes afin de le faire taire. En effet, s’ils voulaient gagner du temps pour qu’Addie puisse retrouver le Capitaine Poupe avant le combat, il fallait qu’ils jouent aux innocents.
– Vous nous aviez dit que vous nous rendriez le Capitaine Poupe vivant si nous vous apportions le colis, rappela Timmy en mimant le désarroi sur le visage.
– Allons, nous avons déjà joué à ce jeu trois semaines plus tôt, et vous avez lamentablement perdu. Je suggère que nous passions directement au moment où vous nous donnez le colis.
– P… Pourquoi vous voulez ce colis, au fait ? questionna Flora d’une voix défaillante.
– Cela ne vous regarde pas, répondit froidement Stephen. Maintenant, donnez-le-nous !
– Vous n’avez pas respecté vos paroles, fit remarquer Sofian alors que Rosh avait avancé d’un nouveau pas.
Stephen leva un sourcil, étonné. Le but étant de prolonger au maximum l’entretien, Sofian n’allait pas leur laisser engager le combat de sitôt.
– Vous aviez dit que vous nous échangeriez le Capitaine Poupe avec le colis, or il n’est pas avec vous et je doute qu’il soit au port, poursuivit Sofian en parlant le plus lentement possible. Donc, ne comptez pas sur nous pour vous le donner aussi facilement que prévu. Vous devriez appeler du renfort parce qu’on va vous mettre la raclée de votre vie, comme la fois où vous nous avez attaqués à Myokara !
Stephen éclata d’un rire franc, avant de reprendre très vite son sérieux et d’afficher une grimace qui défigura son visage par la haine.
– C’est le combat que tu recherches, l’avorton ? Sache que nous sommes la Team Aqua, la team la plus dangereuse de la région ! Vous n’êtes que des gamins alors que nous sommes entraînés pour le combat en toutes situations ! Vous ne voulez pas nous rendre le colis ? Très bien, c’est votre choix et nous le respectons. Je n’ai qu’un coup de fil à passer et la gorge du vieux Poupe est tranchée !
Cela devait faire plus d’une demi-heure qu’ils avaient quitté le chantier naval. A l’heure qu’il était, Addie avait déjà dû pénétrer dans le musée océanographique et engagé les combats pour sauver le Capitaine Poupe. Il était temps de sauver leur peau à leur tour.
– Alors, passez donc le coup de fil, nargua Sofian.
Une lueur dangereuse illumina le regard de Stephen qui serra la mâchoire face à l’arrogance de Sofian, et les trois adolescents comprirent qu’ils n’échangeraient plus de paroles.
En un éclair, le ponton en bois se transforma en un véritable champ de bataille ! Le Nosferapti de Stephen fusa dans les airs vers le groupe des trois amis et Poussifeu lança ses boules de feu autour desquels le Nosferapti tournoya dans les airs afin de les éviter. Au même instant, le second vampire entra dans une lutte sans merci contre le grand papillon, virevoltant à quelques mètres au-dessus de leurs têtes. Arcko n’attendit pas les ordres de son maître pour attaquer le Tentacool dans les eaux du port de Poivressel. Mais le pokémon plante ne maîtrisait pas l’art de la natation aussi bien qu’il le prétendait, et se retrouva bien vite coincé dans les tentacules de la méduse bleue.
– Arcko, profite de cette proximité pour utiliser « vol-vie » ! ordonna Timmy.
Arcko s’entoura d’une lueur verte qui s’empara du corps du Tentacool ennemi. Le pokémon poussa un cri de douleur avant de relâcher Arcko qui semblait reprendre des forces grâce à son attaque. Le pokémon plante bondit sur le ponton en bois tandis que le Nosferapti de Rosh chutait derrière lui, subissant un violent coup de la part de Charmillon.
– Charmillon, « dards-venin » ! ordonna Flora.
Le papillon envoya une multitude de dards que Nosferapti ne put éviter qu’en roulant sur le côté et en plongeant dans l’eau, alors que des boules de feu se perdirent dans les environs.
– Poussifeu, « flash » puis « pic-pic » ! ordonna Sofian.
Le petit poussin au plumage orange ouvrit le bec au moment où son adversaire n’était qu’à quelques centimètres de lui, et une boule de feu dans son bec aveugla le Nosferapti de Stephen. Poussifeu profita de l’étourdissement de son adversaire pour le ruer de coup de bec, et le pokémon adverse s’écroula aux pieds de Stephen.
– Je vous ai connu plus résistants ! nargua Sofian en constatant que les trois pokémons avaient été vaincus.
Timmy fronça des sourcils, perturbé par leur rapide victoire, et le sourire dessiné aux lèvres des trois sbires de la Team Aqua amplifia son malaise. Lors de leur dernier affrontement, ils n’avaient réussi à les repousser que grâce à l’aide de deux champions d’arène, et cette fois-ci, c’était comme s’ils ne savaient pas combattre…
– On dirait que… commença Timmy en murmurant pour lui-même.
Flora échangea un regard inquiet avec son ami, ce qui confirma ses craintes.
– …qu’ils essaient de gagner du temps ? termina-t-elle, peu sûre d’elle.
Un faible signal sonore retentit depuis la poche de Stephen et ce-dernier jeta un regard à son Pokénav.
– Team Aqua, nous avons ce que nous recherchons, il est temps de lever l’ancre ! annonça-t-il.
– On s’est fait avoir ! hurla Timmy.
Une puissante vague s’éleva dans l’eau du port depuis le Tentacool, et le Nosferapti de Rosh fut propulsé dans les airs jusqu’au niveau de Charmillon qui reçut un coup de crâne en plein sur le sien. La vague retomba sur Arcko et les deux pokémons tombèrent au sol, évanouis, tandis que le Nosferapti de Stephen s’était relevé avec une grâce redoutable et avait, d’un coup d’aile bien placée, eut raison de Poussifeu. Entourés des trois pokémons de la Team Aqua, Sofian, Flora et Timmy se regroupèrent au centre du ponton en bois, paralysés par l’impuissance.
– Vous… vous n’aurez jamais le colis ! lança bravement Sofian, qui tenait à leur résister jusqu’au bout.
– Allons Sofian, tu pensais réellement qu’on aurait mis tant de temps à t’arracher le colis des mains ? s’amusa Stephen. Crois-moi, si nous avions voulu le colis, nous l’aurions obtenu avant même que vous n’arriviez au port. Enfin, c’est tout de même ce qu’il s’est plus ou moins passé.
Il fit un clin d’œil à ses deux comparses qui pouffèrent d’un rire satisfait.
– Vous êtes surveillés, rappela Stephen. Vous trois, et votre amie rousse !
Sofian, Flora et Timmy échangèrent un regard paniqué. Ils étaient tombés dans le piège, et Addie allait y tomber elle aussi.

Pokémon #201s
Plongées dans les ténèbres les plus opaques, les deux ombres progressaient lentement dans les salles vides du musée océanographique. Ils étaient entrés par la porte du personnel du musée, de laquelle Archibald détenait la clé car le Capitaine Poupe était le propriétaire des lieux. Addie avait fait apparaître son Chamallot devant elle au cas où on les attaquerait par surprise, mais jusqu’alors, ils n’avaient croisés aucune âme vivante. Malgré les nombreuses salles remplies d’objets fascinants sur la vie maritime des Hoennois, de squelettes de pokémons aquatiques disparus depuis des milliers d’années, ou de vieux plans historiques sur les mers et océans de la région, rien n’indiquait qu’une quelconque lutte ait été menée, ou que plusieurs personnes avaient élu domicile dans le bâtiment.
Addie commença à penser que leur résonnement avait été faux depuis le début et son cœur se mit à battre. Et si par sa faute, ses trois amis s’étaient retrouvés à l’endroit de l’échange sans le colis et qu’ils avaient dû subir la colère de la Team Aqua ? Elle ne connaissait pas le niveau de dangerosité de cette organisation criminelle, elle qui venait de revenir dans la région après plus de quinze ans d’absence, mais au vu des réactions des adolescents et d’Archibald, elle ne pouvait que s’imaginer le pire.
Ils arrivèrent à une volée d’escaliers qui menait au dernier étage du musée. Au bout des quelques marches, une faible lumière émanait de l’arche qui donnait accès à la salle située au-dessus. Addie s’arrêta brusquement. Ils étaient là. La Team Aqua n’était qu’à quelques pas d’eux. Elle ferma les yeux et souffla un bon coup, se souvenant des techniques de combat que l’on apprend dans les cours théorique à l’académie, et de ceux que l’on façonne lors des ateliers pratiques. Et des combats, elle en avait livré de nombreux, tous aussi fructueux les uns que les autres. Il était temps d’aller sauver le Capitaine Poupe !
Elle fit signe à Archibald, qui semblait plus calme qu’elle, de le suivre en toute discrétion, et ils grimpèrent lentement les marches. Des bruits de pas retentissaient de temps à autre au bout des escaliers, comme si quelqu’un faisait les cent pas. Quelle stratégie allaient-ils adopter ? Foncer droit sur eux et enclencher le combat sans un mot ? Faire semblant de se rendre ? Se faire passer pour la sécurité ? Il fallait qu’elle cesse de réfléchir car à l’heure qu’il était, ses amis devaient probablement être en plein combats.
Nous savons que vous êtes là, Mademoiselle Flaymes, annonça une voix grave qu’elle ne connaissait pas depuis l’étage supérieur.
Addie sursauta. Les lumières de la salle du dessous s’allumèrent d’un coup et deux sbires bloquaient le passage au pied des escaliers, accompagnés de leurs Nosferapti. Les deux sbires leur fit signe de monter sans faire d’histoire, et Addie et Archibald obéirent.
À peine eurent-ils pénétré dans l’immense salle qui s’offrait à eux qu’un puissant jet d’eau fusa contre eux et s’écrasa de plein fouet sur le Chamallot d’Addie qui tomba sur le côté, grièvement blessé.
– Chamallot ! s’écria-t-elle en accourant à ses côtés.
– Il ne sert à rien de vouloir vous défendre, vous êtes en minorités ! ajouta la voix.
Addie leva les yeux et constata avec effroi que l’homme avait raison : elle était entourée d’une douzaine d’inconnus vêtus de t-shirt rayés et de foulards bleus sur la tête. Au centre de la salle se trouvait une énorme maquette d’un paquebot moderne devant lequel attendait un homme à la silhouette bien bâtie et aux allures d’athlètes. Tenant dans ses bras un Carvanha, l’homme dégageait une aura malveillante qui semblait se répandre tout autour de son corps musclé. C’est alors qu’Addie remarqua la petite masse recroquevillée à ses pieds : l’homme aussi mince qu’un squelette était assis contre le socle de la maquette, ses yeux rouges à moitié ouverts derrière des lunettes rectangulaires, une barbe de trois jours sous de courts cheveux marrons en pagaille. Enveloppé dans un tablier de scientifique, l’homme semblait asséché et assoiffé, et gisait à côté d’une gamelle en aluminium vide et de quelques miettes de pain rassis.
– Stern ! s’écria Archibald en reconnaissant son ami.
Le prisonnier se tourna vers lui mais n’arriva pas à décoller son dos du socle, beaucoup trop épuisé pour un tel effort.
– Je ne sais pas qui vous êtes, ni ce que sont vos intentions, mais je vous promets que vous allez regretter de vous en être pris à mon ami ! menaça Addie en se relevant.
– Addie, ne… ne t’oppose… pas à eux… marmonna le Capitaine Poupe dans un souffle éreinté.
– Quel conseil avisé, fit remarquer l’homme au Carvanha. D’autant plus que si vous nous attaquez, vous finirez comme la police de Poivressel.
L’homme montra d’un signe de tête une porte coupe-feu au bout de la salle depuis laquelle résonnaient de temps à autres les bruits qu’avait entendus Addie un peu plus tôt. Il ne s’agissait finalement pas de quelqu’un qui faisait les cents pas, mais de bruits répétitifs contre la porte, de plus en plus faibles.
– Oh ! Il semblerait qu’ils commencent à se fatiguer, constata l’homme avec une fausse surprise. Après quatre jours d’enfermement, c’est un véritable exploit que les moins blessés d’entre eux aient réussi à garder autant d’énergie.
– Oh, mais je ne suis pas de la police, annonça Addie, confiante. J’ai subi des entraînements beaucoup plus durs et plus pointilleux que la police. Si vous m’attendiez ici, c’est que vous vouliez me piéger, donc que saviez que j’étais en chemin, et donc que vos espions ont fait un véritable travail d’investigation à mon sujet. Vous devez donc savoir qui je suis et de quoi je suis capable.
– En effet, avoua l’homme en s’inclinant. Votre talent ne nous a pas échappé. Cependant, il semblerait que vos pokémons de prédilection soit légèrement inférieurs aux nôtres. Vous connaissez les différences de type ? Suis-je bête ! Ce n’est pas à vous que je dois faire la leçon sur cette table des types que tout le monde étudie en classe. Surtout lorsqu’on voit l’état de ce lamentable Chamallot.
Addie grinça des dents en voyant du coin de l’œil que son pokémon était toujours étendu de tout son long suite à l’attaque dévastatrice du Carvanha ennemi.
– Allez, cessons ces discussions inutiles et épargnons-nous notre temps précieux à tous les deux, décida le chef de la bande. Donnez-nous ce fameux colis que vous détenez.
Addie sursauta de surprise. Comment savaient-ils qu’elle était en possession du colis du Capitaine Poupe ? Comment avaient-ils fait pour savoir que ses trois amis le lui avaient confié juste avant leur séparation ? La Team Aqua était donc si compétente et si dangereuse ?
Prise au piège sans aucune possibilité de s’en sortir, Addie s’avoua vaincue. Elle sortit de son sac à dos le petit paquet emballé que Timmy lui avait confié et le tendit à un des sbires qui s’était approché d’elle. L’homme au Carvanha récupéra le colis et fit un signe à un de ses subalternes, qui s’empressa d’envoyer un message avec son Pokénav.
– C’est le Chef qui va être content ! lança l’homme à ses troupes en examinant le colis dans ses mains.

Pokémon #201e
Il fallait qu’ils gagnent du temps, qu’ils fassent tout pour repousser le moment où la Team Aqua allait décider de les éliminer. Maintenant qu’Addie était tombée dans leur piège, qu’ils avaient récupéré le colis et que le Capitaine Poupe était toujours leur prisonnier, Sofian ne donnait pas cher de leurs peaux, et la seule manière de grappiller quelques secondes de vie se trouvait dans la provocation.
– Comment saviez-vous qu’on ne serait pas seuls ? Je pensais que vous étiez trop stupides pour prévoir à l’avance une stratégie d’attaque, quand on voit à quel point vous avez été surpris à Myokara !
Stephen afficha un petit sourire narquois.
– En voilà un qui ne tient pas beaucoup à sa vie, lança Rosh.
Les trois comparses éclatèrent de rire.
– C’est amusant que tu mentionnes notre affrontement à Myokara, dit Stephen de sa voix posée.
– C’est amusant de constater que vous avez réussi à échapper à la police ! continua de provoquer Sofian.
Flora lui donna un coup de pied dans le tibia et Sofian lui répondit par de grands yeux.
– Si je me souviens bien, ce jour-là, vous avez détruit notre sous-marin, rappela Stephen.
– Ce n’était pas votre sous-marin, mais celui du Capitaine Poupe ! répliqua Sofian.
– C’était assez embêtant pour s’enfuir, je te le concède, poursuivit Stephen en ignorant les provocations du jeune garçon. Mais la Team Aqua détient des ressources que tu ne peux même pas imaginer. Après, je dois t’avouer que notre Chef n’était pas d’humeur à nous recevoir. Il faut le comprendre : nous revenions les mains vides, sans sous-marin et la police à nos trousses. Mais notre Chef est miséricordieux, et nous a laissé une seconde chance. Si nous arrivions à lui ramener le colis et nous débarrasser de vous, il nous pardonnerait. Après nos vaines tentatives de vous arracher ce fameux objet, pourquoi insister ? Autant nous rendre directement à l’endroit où vous vous rendiez et vous y attendre bien sagement. Et oui, c’est aussi simple que cela. Tout n’est que stratégie dans la vie. Je vais vous donner un conseil qui pourrait vous être utile maintenant que vous approchez au terme de votre existence : la vie est un échiquier géant et les circonstances en sont ses pions. Il suffit de savoir comment s’en servir pour résoudre n’importe quelle situation. Nous venons de jouer notre tour : échec et mat.
Stephen leur indiqua la digue du port derrière eux et les trois adolescents aperçurent les silhouettes d’une vingtaine de personnes s’approcher du ponton. Quelques instants plus tard, ils se trouvaient face à la Team Aqua réunie. Devant le groupe, Charlie avançait fièrement, un petit paquet dans les mains, suivi d’Addie, d’Archibald et d’un homme desséché soutenu par ce-dernier, tous trois poussés par des sbires du groupe de criminels.
– Et comme vous nous avez détruit un de nos pions fétiches, termina Stephen, nous allons vous voler l’un des vôtres !
Le groupe de malfrats se dirigea vers le sous-marin que Sofian, Flora, Timmy et Addie avaient récupéré à bord de l’épave, la trappe duquel ils ouvrirent avant de s’y glisser les uns après les autres. Alors que la file se faisait sur le ponton, Charlie, Stephen, Rosh et Roger entourèrent les six prisonniers. Un crissement retentit à nouveau dans toutes les rues de Poivressel.
Avis aux habitants de Poivressel, annonça la voix rauque qu’ils avaient déjà entendue, merci de nous avoir permis d’accomplir notre mission en toute tranquillité. Je m’excuse auprès de vous pour le dérangement que je vous ai causé, surtout aux marins qui n’ont pas pu effectuer un métier que je respecte. Nous allons quitter les lieux dans l’immédiat et vous pourrez retrouver votre vie paisible et ennuyeuse. Que l’âme des océans navigue en vous !
– Pour un océan plus vaste, Team Aqua ! scandèrent à l’unisson les sbires qui restaient sur le ponton.
À cet instant, Sofian se rendit enfin compte de la situation. La Team Aqua était un véritable groupe terroriste aux buts bien précis, et agissaient unis dans leurs crimes. Pour la première fois de sa vie, Sofian se sentait au milieu d’une histoire à un degré plus important qui ne le concernait pas et qui allait peut-être le faire victime des circonstances hasardeuses qui l’y avaient plongé.
Les sbires étaient tellement nombreux sur le ponton à attendre de pouvoir se faufiler dans le boyau du sous-marin qu’ils réquisitionnaient que Sofian se demanda si le submersible n’allait pas couler. Ensuite, il se souvint de la révolution technologique qu’il représentait, et maudit le Capitaine Poupe d’avoir voulu un submersible révolutionnaire.
– Le Chef a bien été clair, indiqua Charlie à ses sous-officiers, il faut éliminer tout individu gênant !
Sofian réagit au quart de tour, et il fut surpris que ses amis eussent la même idée. Alors que les pokémons de leurs ennemis fonçaient vers eux, il se jeta au sol en envoyant la première pokéball qu’il touchait dans sa poche. C’est ainsi que Nirondelle, Gobou, Tarsal et Chamallot apparurent en un éclair pour défendre leurs maîtres. Les jets d’eau de Tentacool et de Carvanha rencontrèrent ceux de Gobou, multipliés par les pouvoirs psychiques de Tarsal. Quant aux deux Nosferapti, ils furent rapidement contrés par les faibles boules de feu du Chamallot blessé et les rafales de vent envoyées par Nirondelle.
Des cris au loin et des aboiements de Caninos indiquèrent que la police de Poivressel avait réussi à se libérer du musée océanographique et que les quelques agents encore en état de sévir étaient arrivés à la rescousse.
– Larguons les amarres ! ordonna une voix rauque derrière eux.
Sofian se tourna d’un rapide mouvement qui faillit lui dévisser la tête afin de voir qui était derrière les messages des haut-parleurs, probablement le Chef de la Team Aqua. Mais une buée blanche, opaque et glaciale plongea les environs dans le flou, empêchant quiconque d’apercevoir quoi que ce fût.
– L’attaque « brume » ! lança la voix d’Addie à sa gauche.
Sofian entendit les bruits de pas précipités des membres de la Team Aqua qui fuyaient les lieux avant l’arrivée de la police et plissa des yeux pour essayer de ne pas tomber du ponton. Il distingua enfin une ombre à l’endroit où devait se trouver le sous-marin. C’était l’ombre d’une personne assez grande et massive. L’homme devait porter une cape car quelque chose flottait derrière lui. L’ombre disparut à peu près en même temps que la brume et, alors que la police arrivait sur le ponton, il ne restait plus que Charlie sur le sous-marin, prêt à disparaître à l’intérieur. Il se tourna vers Sofian, lui montra le colis et afficha un large sourire avant de glisser une jambe dans le boyau.
Le sang ne fit qu’un tour. Depuis le jour où Monsieur Rochard leur avait confié ce petit paquet à remettre au Capitaine Poupe, ils avaient traversé tellement d’épreuves et ils avaient vécus tellement de situations périlleuses au cours desquelles ils auraient pu le perdre que Sofian ne pouvait accepter de le voir filer sous ses yeux dans les mains de la Team Aqua.
– Je ne vous laisserai pas vous tirer avec, pas après tout ce qu’on a traversé pour l’apporter ici ! hurla-t-il en courant à toute vitesse vers le sous-marin.
Sofian bondit tel un lion sur le sous-marin et fonça doit sur Charlie qui poussa un cri de surprise. Sofian renversa Charlie qui hurla de douleur dans le boyau en sentant sa jambe se tordre dans un angle douloureux alors que son corps était projeté en arrière. Poussé par la force de son plaquage, Sofian bascula à son tour par-dessus bord, et tous deux plongèrent tête la première dans l’océan sous les cris horrifiés de ceux qui étaient restés sur le ponton. Sofian s’agrippa à Charlie qui se débattit de toutes ses forces afin qu’il le lâchât. De la force de son corps bien bâti, le sbire de la Team Aqua arriva à pousser Sofian plus bas dans l’eau et remonta vers la surface. Il allait bientôt manquer d’air, mais il fallait coûte que coûte qu’il lui arrache le colis de la main !
Sofian envoya le dernier pokémon qu’il lui restait à la rescousse. Ecrapince apparut tout en souplesse dans l’eau et nagea à toute vitesse vers Charlie avant de lui asséner un coup de pince sur son poignet droit. Charlie se tordit de douleur en ouvrant la main et le colis coula dans les profondeurs de l’océan. Sofian ne chercha pas à savoir ce qu’allait faire Charlie. Il profita du peu d’air qu’il lui restait dans ses poumons pour nager le plus rapidement possible vers le petit paquet qu’il attrapa enfin. Le moteur du sous-marin s’alluma et Sofian sentit sa gorge se resserrer. Il fallait qu’il respire mais la surface était si loin au-dessus de lui !

Pokémon #201d
Un flash orange fusa devant ses yeux et il se sentit tiré vers le haut à toute allure. Sofian fut jeté sur le ponton en bois par son Ecrapince au moment où il reprit sa respiration.
– Sofian ! criait Timmy.
– Mais tu ne vas pas bien dans ta tête ? hurlait Flora.
– Qu’est-ce qui t’a pris de te jeter sur eux comme ça ?! s’exclamait Addie.
Sofian s’allongea sur le dos et recracha quelques gouttes d’eau salée qu’il avait ingurgitées dans sa lutte. Il afficha un petit sourire fatigué en ouvrant sa main et en découvrant le petit paquet qu’il avait réussi à sauver in extremis.
– Le colis ! s’écria Archibald en essayant de le lui prendre des mains.
– PAS TOUCHE ! hurla Sofian.
Il attrapa Archibald par le bras, lui retourna dans le dos en une clé de bras et le plaqua contre le ponton.
– SOFIAN !
– Qu’est-ce qu’il te prend, jeune homme ?! s’écria Archibald collé au sol.
Addie essaya de tirer Sofian vers l’arrière mais l’adolescent se dégagea de ses bras.
– On a été piégé ! expliqua-t-il en défendant quiconque de s’approcher. Quelqu’un savait qu’Addie était avec nous et quelqu’un savait que Timmy lui avait donné le colis pour le protéger !
– Sofian ! répéta Flora, choquée par son comportement.
– Vous ne comprenez pas ? L’espion, c’est lui !
– Mais tu délires complètement ! se défendit Archibald. C’est moi qui vous ai amenés au Capitaine Poupe !
– Justement ! en profita Sofian. De tous les endroits qui se trouvent à vingt minutes du port, c’est justement celui que vous mentionnez qui détient le Capitaine Poupe ! Coïncidence ? Je ne le pense pas !
– Lâchez cet homme immédiatement ! somma l’agent Jenny qui venait de les rejoindre.
Sofian jeta un coup d’œil à l’agent de police en leva un sourcil.
– Je viens d’affronter la Team Aqua pour la troisième fois, ce ne sont pas vos ordres qui me font peur !
– Je vous suis reconnaissant pour avoir protégé mes biens jusqu’au bout, dit enfin une voix faible, mais il va falloir se calmer.
Sofian leva la tête et vit un homme très mince et en très mauvais état avancer vers lui, soutenu par un agent de police.
– Je suis le Capitaine Poupe, et Archibald est un ingénieur qui travaille à mes côtés depuis le tout début de ma carrière, assura-t-il. Archibald est un homme de confiance. Si vous avez traversé tant d’épreuves pour me retrouver, vous pouvez avoir confiance en moi.
Perturbé, Sofian relâcha son étreinte. L’agent Jenny en profita pour le tirer brutalement loin d’Archibald qui se releva d’un bond en époussetant son tablier.
– Je suis outré face à un tel comportement ! s’insurgea-t-il en levant la tête, indigné.
– Je suis désolé pour votre sous-marin, s’excusa Sofian en se calmant et en lui tendant le colis que Monsieur Rochard leur avait confié trois semaines plus tôt.
– Oh, ça ne fait rien ! J’ai un projet d’une plus grande envergure à présent, projet qui n’aurait pas pu être réalisable sans cette pièce importante que vous m’apportez.
– Vous avez une idée de la raison pour laquelle la Team Aqua voulait absolument mettre la main sur cette pièce ? questionna l’agent Jenny.
– Des tas ! répondit le Capitaine Poupe en retrouvant un peu de baume au cœur. C’est un petit appareil électronique très utile pour naviguer dans des eaux troubles. Elle est capable de détecter une activité dans les profondeurs des océans à des kilomètres à la ronde : une véritable révolution technologique. Mais avant de réaliser ma déposition, j’aimerais m’entretenir quelques instants avec ces personnes qui viennent de me sauver la vie, si vous le permettez.
L’agent Jenny acquiesça, compréhensive, et laissa un peu d’espace au Capitaine Poupe et ses quatre sauveteurs, tandis qu’Archibald répondait à de nombreuses questions des policiers en gardant un œil outré sur Sofian.
– Addie, oh Addie ! soupira le Capitaine Poupe en se laissant tomber dans les bras de son amie. Qu’est-ce que j’aurais fait sans toi ? Je suis tellement heureux d’être ton ami de toujours, et si fier de toi ! Je n’ai pas encore eu le temps de te féliciter pour ton nouveau boulot que tu viens de décrocher. Je suis fier de toi et je te serai à jamais reconnaissant.
– Stern… marmonna Addie d’une voix brisée, une larme coulant sur sa joue. Je n’ai fait qu’aider un vieil ami. Voici d’ailleurs le Devon Scan que nous avons réussi à sauver de l’épave.
Addie lui offrit l’appareil qu’il avait commandé un an plus tôt à l’Entreprise Devon et le Capitaine Poupe la remercia chaleureusement.
– Et merci à vous trois, termina le Capitaine Poupe en se tournant vers les trois adolescents. Je ne vous connais pas, mais vous méritez tout mon respect. D’ailleurs, je vais vous offrir des entrées gratuites au musée océanographique à vie ! Grâce à vous, je vais pouvoir avancer dans mes travaux de recherche sur les océans d’Hoenn. Addie, je suis désolé que ton retour à Hoenn soit entaché par cet incident déplorable.
– Oh ne t’en fais pas pour moi, vu mon job, je vais probablement en voir pire ! répliqua Addie en pouffant de rire.
– J’avais néanmoins… une question à vous poser. Lorsque vous avez visité l’épave du Cactus, avez-vous croisé des pokémons sauvages ? Un Nénupiot ou… ?
Face à la question timide du Capitaine Poupe, Addie croisa le regard des trois adolescents qui évitèrent de croiser celui du marin, embarrassés par la terrible nouvelle.
– Nope, il était vide de chez vide, mentit Addie en fuyant son regard.
– Oh… Ce n’est pas grave, répondit le Capitaine Poupe en cachant ses émotions, mais visiblement dévasté par la réponse. Je vais… aller faire ma déposition…
Et le Capitaine Poupe les laissa en partant d’un pas titubant.
– Pauvre Capitaine, soupira Flora en séchant une larme de tristesse.
– J’espère que la Team Aqua va le laisser tranquille, dit Timmy, la gorge serrée. Perdre son pokémon, deux sous-marins et rester quatre jours captifs, il a vécu assez d’émotions pour toute une vie.
– Et nous alors ? se plaignit Sofian.
Les quatre amis pouffèrent de rire.
– Bon, il faut que j’y aille ! annonça Addie. Ma ville natale m’attend et je suis en retard sur mon planning. En fait, j’étais déjà en retard en arrivant à Hoenn… Je suis vraiment mal organisée. Merci à vous de m’avoir aidée dans toute cette affaire ! Si vous passez chez moi, n’hésite pas à venir me faire coucou Sofian !
Et Addie les quitta assez rapidement.
– C’est bien gentil, mais elle ne nous a jamais dit où elle vivait… marmonna Flora.
– Ni ce qu’elle faisait comme métier d’ailleurs ! remarqua Timmy. En fait… on ne sait rien d’elle…
Tous deux plongèrent dans un silence troublé.
– Bon, c’est pas tout ça mais j’ai un badge qui m’attend moi ! rappela Sofian en se frottant les mains. C’est quoi la prochaine ville où on doit se rendre, Timmy ?
– Une petite minute ! intervint Flora en le tirant par les oreilles. Tu n’as rien oublié ? La raison pour laquelle on se trouve à Poivressel par hasard ?
– Rendre le colis au Capitaine Poupe, et c’est chose faite… grogna Sofian.
– ET MON CONCOURS ! hurla Flora. Dans une semaine exactement aura lieu le premier concours de coordination de la saison auquel je me suis préparée depuis des semaines. Je te déconseille de mentionner une seule fois ton prochain badge durant les sept jours qui viennent !
Sofian déglutit.
– Les gars, une fille est en charge de l’emploi du temps du groupe, annonça Flora triomphante, et je compte bien imposer ma vision des choses !

Pokémon #201e
La nuit tomba rapidement sur Poivressel. La vie avait repris son cours dans la ville et la police avait enfin terminé sa séance de questions pour remplir un dossier important sur les faits criminels de la Team Aqua. Avant de rentrer chez lui, le Capitaine Poupe avait tenu à mettre en sécurité les deux pièces importantes qu’il lui restait pour son projet de grande envergure.
Accompagné de son fidèle Archibald, il se rendit au chantier naval où il retrouva la caravane des ingénieurs. À l’intérieur de celle-ci, il ouvrit un coffre blindé en tapant un code secret à l’abri du regard d’Archibald. Il y plaça le petit paquet et le Devon Scan, avant de refermer le coffre derrière lui.
– Allez, il est temps de prendre un repos bien mérité, dit-il à Archibald avant d’éteindre les lumières et de quitter le chantier naval. Bonne nuit, mon ami.
Le Capitaine Poupe quitta les lieux, laissant Archibald seul dans la nuit de Poivressel. À travers la fenêtre de la caravane brillaient les lumières émises par le panneau digital du coffre-fort qui cachait deux trésors importants aux yeux de la Team Aqua.
Archibald soupira. Quelque chose vibra dans sa poche et il lut le message qu’il venait de recevoir sur son Pokénav. Archibald sourit. Tout n’avait pas marché comme prévu, mais ils avaient bien avancé aujourd’hui. Il lui suffisait simplement de maintenir sa couverture jusqu’à nouvel ordre. Et il trouverait bien le code du coffre-fort un jour.
Archibald quitta le chantier naval et s’enfonça dans la nuit azure de Poivressel.

Pokémon #201r
À suivre dans : « Le concours pokémon »