Chapitre 31 : L'assaut des mousquetaires
Chapitre 31 : L'assaut des mousquetaires
« Grande sœur … Melgana ? »
« Oui, Soklar ? Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi est-ce que tu me regardes avec d'aussi beaux yeux que les tiens ? Que se passes t-il ? »
« Non … Je … Enfin, je voulais te dire … Tu vas bien ? »
« Bien sûr que oui, Soklar. Pourquoi est-ce que je n'irais pas bien ? Je suis en pleine forme ! »
« D'accord, si tu le dis, grande sœur, je veux bien te croire. De toute façon, je sais que tu ne cacherais jamais si tu n'allais pas bien. Tu me demanderais un câlin, du réconfort, toutes ces choses et puis ensuite, je serais là pour ça. »
« Bien entendu Soklar, je ne m'en priverai pas même, si tu veux tout savoir. J'abuserai de tes câlins et de tout le reste. Ils sont bien offerts hein ? »
« C'est exact. C'est offert. C'est la maison qui paye. » dit-il en tentant de lui faire un grand sourire bien qu'il avait du mal à y croire lui-même.
Comment pouvait-il croire lui-même à son propre discours ? C'était tout simplement stupide, vraiment … mais il avait besoin de se sentir rassuré en ce moment même et il ne fallait pas se leurrer, ce n'était pas vraiment le cas. Le fait que sa sœur refuse cela … son masque … il était sûr que sa peau allait parfaitement bien alors pourquoi ? Pourquoi cela ?
Ailleurs, dans le château, une ombre aux cheveux roses s'approchait de la salle du trône. A son arrivée, les gardes devant la double porte se mirent au garde-à-vous, surpris et étonnés de voir cette personne qui arrivait. Ils demandèrent d'une voix un peu inquiète :
« Pr… Princesse, que pouvons-nous faire pour vous ? »
« J'aimerai pouvoir discuter avec mon père si c'est possible. »
« M… Malheureusement, ce n'est pas le cas. Votre père est en réunion avec les mousquetaires et a demandé à ne pas être dérangé sous aucun prétexte ! »
« Bien entendu … bien entendu. Comme d'habitude, ne vous inquiétez pas, ne lui laissez aucun message, je ne pense pas que ça en vaille la peine. Je vous laisse tranquilles, comme d'habitude. Vous pouvez rompez. »
L'ombre aux cheveux roses s'était éloignée, dépitée par ce qu'elle venait tout simplement de subir comme un nouvel affront. Elle poussa un profond soupir, venant s'asseoir sur un banc du luxueux jardin royal, la tête baissée. Quelques minutes plus tard, une voix masculine lui demanda doucement, se trouvant au-dessus d'elle :
« Princesse ? Que faites-vous donc seule sans vos demoiselles ? »
« Oh … C'est vous … Et vous ? Vous n'êtes pas au discours de mon père sur une énième tentative de retrouver le porteur de la marque d'Arceus ? »
« C'est exact … malgré que vous soyez ironique, comme j'ai put l'entendre. »
« Désolée … ce n'est rien contre vous, vous le savez, n'est-ce pas ? »
« Je le sais parfaitement … Je comprends néanmoins votre désarroi et votre colère. »
« Je ne pense pas, non … Je suis désolée mais ce n'est pas possible que quelqu'un comprenne … à part ma propre mère qui est dans la même situation. »
« Si vous voulez tout savoir au sujet du porteur de la marque, il ... »
« Qu'il aille au diable, oui. Je pense que j'en ait déjà assez entendu à son sujet pour m'en faire un portrait des plus précis. Il a mon âge, il est chétif, il maîtrise à peine son propre élément, cela ne fait que quelque mois qu'il a eut connaissance de sa marque. Je pourrais vous en dire plus à son sujet que mon père par rapport au mien. »
Du dépit … encore une fois dans la bouche de la princesse. Celle-ci était visiblement très déçue de la situation actuelle et elle n'hésitait pas à le montrer et à le dire. L'homme aux cheveux blancs poussa un léger soupir, murmurant :
« Vous devriez apprendre à le connaître, princesse, vous savez ? Car bientôt, il sera dans le palais et vous passerez vos jours à ses côtés. »
« Hors de question ! Il sera de toute façon toujours accaparé par mon père. Je ne vois pas pourquoi je devrais me soucier de cette personne. »
« Car bientôt, vous serez obligée, vous le savez bien. »
« On ne m'oblige en rien. Je suis une princesse, n'oubliez pas votre position et surtout celle du futur porteur de la marque d'Arceus. »
« A ce sujet, savez-vous pourquoi je suis certain qu'il va finir par nous rejoindr ? »
La jeune demoiselle aux cheveux roses haussa un sourcil. D'habitude, l'homme gardait sa part de mystère mais aujourd'hui, il était prêt à lui révéler tout cela ? Elle hocha négativement la tête avant d'attendre la fameuse réponse de la part de l'homme.
« Je vais m'y rendre personnellement. »
« HEIN ?! » s'écria t-elle en se redressant subitement, visiblement plus que surprise. « Vous plaisantez, j'espère ? Mon père a donné l'autorisation ? »
« Et je ne serais pas seul … tous les mousquetaires seront ensemble pour cette quête »
« … … … Vous plaisantez, n'est-ce pas ? » répéta t-elle comme pour confirmer ses propres paroles bien que l'homme venait déjà de les contredire.
« Je ne peux pas plaisanter devant une telle situation. Normalement, nous ne nous déplaçons ensemble uniquement lorsqu'il y a une possibilité de guerre interne. »
« … Mais il ne s'agit que d'un adolescent ! Pas de ... »
« Et il est accompagné par la précédente porteuse de la marque d'Arceus. Vous devriez savoir quels sont les effets de la personne qui tente de résister, n'est-ce pas ? »
« Bien entendu, mon père me l'a raconté, comme tout le reste mais quand même … Ce n'est pas un peu … trop violent ? »
« Auriez-vous de l'inquiétude envers notre futur arrivant ? » demanda l'homme aux cheveux blancs, gardant un visage neutre et impassible.
« Pas le moins du monde ! Je vous aie déjà demandé d'arrêter de plaisanter à ce sujet, non ? Je commence à en avoir assez ! C'est juste que … c'est … comme si vous tentiez d'écraser un Aspicot avec une troupe de Tauros ! »
« L'analogie n'est pas mauvaise, je vous le reconnais, princesse. Néanmoins, cela est l'ordre principal de la part de votre père. Nous ne pouvons pas nous y soustraire. »
« Je m'en doute mais … c'est tellement … primitif. Je ne m'y attendais pas, c'est tout. Surtout de la part de mon père, voilà tout. »
« Pourtant, princesse, cela fait des mois que nous n'arrivons pas à lui mettre la main dessus. La femme qui l'accompagne est beaucoup trop dangereuse. Vous voyez bien de qui je veux parler, n'est-ce pas ? Cette personne est loin de vous être inconnue. »
« … … … Ce n'est plus que le passé. Ce n'est pas comme si … Je ne préfère plus en parler. Vous m'avez donné plus d'informations que vous le devriez j'imagine, n'est-ce pas ? »
« Si le roi apprend que je vous baratine avec cela, il se peut qu'il soit en colère, oui. Néanmoins, je l'ai fait en mon âme et conscience. Je me dois de me préparer maintenant ainsique le reste des mousquetaires et leurs apprentis. »
« Les apprentis aussi ? Ne me dites pas que vous allez être accompagnés par des soldats tant que nous y sommes hein ? » dit-elle, toujours plus choquée à chaque seconde qui s'écoulait.
« Bien entendu. Mille hommes vont nous accompagner pour cela. Nous ne leurs laisserons aucune chance de s'enfuir cette fois-ci. »
« Est-ce une blague cette fois de votre part ? » demanda la princesse en fronçant les sourcils. Pour toute réponse, l'homme attendit quelques secondes, comme pour réfléchir.
« C'est exact. J'espère qu'elle est à votre goût. Je ne suis pas habitué à ce genre de choses. »
« Il vaut mieux pour vous que vous arrêtiez dès maintenant. Elle était vraiment horrible. »
« Oh, je vois, je vois … je veux bien concevoir que mon humour laisse à désirer … mais à ce point. Néanmoins, je prend bonne note de vos remarques et je tâcherai plus de m'appliquer à ma tâche qu'à faire des choses dont je ne connais pas la portée destructrice. Je vous souhaite une bonne journée, princesse Au plaisir de vous ramener le porteur très bientôt. »
Le plaisir n'était pas partagé, loin de là. Elle regarda l'homme aux cheveux blancs partir et quitter les jardins royaux avant d'elle-même s'éloigner de cet endroit. L'adolescent … Tous les mousquetaires sur son dos. Même si elle le connaissait guère et qu'elle le haîssait sans même l'avoir déjà vu ne serait-ce qu'une fois, elle ne pouvait qu'exprimer de la pitié.
« Pauvre enfant … il n'a peut-être pas mérité ce sort non plus. »
Comme si elle pouvait reconnaître qu'une personne méritait que le fleuron de l'armée du royaume vienne le récupérer. Mais … Elle n'était pas sotte. A l'époque, elle n'était encore qu'une enfant mais elle ne pouvait pas oublier. Ce jour … la première fois où ils avaient tenté de récupérer cet enfant. Elle était encore une princesse en bas âge.
« C'est bien à partir de là que tout a basculé … et que notre royaume ne perdure guère. »
Ne perdure guère. Elle retourna dans sa chambre, là où l'attendaient plusieurs servantes qui ne faisaient que patienter en demandant ce qu'elles pouvaient faire pour la future reine de ce royaume. Elle se tourna vers la première avant de dire :
« Pouvez-vous me coiffer, je vous pries ? »
« Bien entendu, princesse ! Veuillez prendre place, je vous pries. »
Nul besoin de se faire prier. Elle s'installa sur le pouf devant le miroir, les servantes s'affairant déjà à travailler sa coiffure si longue et si belle. C'était d'ailleurs la principale fierté de la famille royale et la première chose que l'on remarquait chez la princesse.
« Vos cheveux sont toujours magnifiques, princesse. »
« Merci pour ce compliment mais cela est en partie dû à l'entretien que vous leur apportez tous les jours. Je ne pourrais pas avoir une coiffure aussi belle sans vos talents. »
Même si cela ressemblait plus à de la flatterie exagérée que des paroles véridiques, l'adolescente royale était pourtant sincère dans ses propos. Elle se laissa coiffer par ses servantes, fermant les yeux avant de chuchoter :
« De toute façon, pour qui est-ce que je fais ça ? »
« Princesse ? Avez-vous dit quelque chose ? Je tiens à m'excuser mais je n'ai put guère entendre ce que vous aviez prononcé. Est-ce que vous pouvez répéter si cela ne vous dérange pas trop ? Je suis assez confuse, pardon. »
« Ce n'est pas bien grave car ce n'est pas très important. Vous pouvez continuer votre travail. Rendez donc moi ma coiffure encore plus belle que maintenant. Je sais que vous en êtes capable, mesdemoiselles. Que mes cheveux ressemblent à une rivière de pierres précieuses brillant au soleil sous vos coups de peigne et de brosse. Vous avez mon entière confiance à ce sujet. Je sais que je ne regretterai rien et ... » dit-elle avant de finir par se stopper. Elle parlait, parlait, parlait, parlait … et ne s'était pas arrêté. Elle savait parfaitement ce que cela voulait dire : elle avait un besoin vitale de parler à autrui. Elle ne pouvait plus avec sa famille, sa propre mère étant en conflit avec le roi … à cause de fichu porteur.
Le pire était elle-même : ce n'était pas digne d'une princesse que de nommer un coupable qui n'avait sûrement pas conscience d'être au centre de l'attention de la famille royale. Elle devait se montrer forte … mais elle n'y arrivait pas. Elle avait un comportement puéril, loin de celui que l'on attendait d'une princesse et elle regrettait d'en arriver là mais c'était beaucoup trop difficile pour elle de faire comme si tout cela n'existait pas. Elle plaça une main sur son front comme pour le masser pendant le coiffage.
« Princesse, vous savez que vous pouvez nous parler si vous le désirez. Parfois il est bon de pouvoir se confier à autrui. Nous serons muettes comme des tombes. »
« Vous connaissez aussi bien que moi la source de mon problème. Je ne vais pas vous forcer à écouter mes complaintes pendant des heures, ne vous inquiétez donc pas à ce sujet. Merci encore pour vos nombreux coups de brosse, cela devrait aller. Il me faut être forte … et responsable. Je suis la princesse du royaume. Les gens comptent sur moi. »
Car ce n'était pas le cas de son père. Oui … Elle serra les poings, cherchant à rester impassible et immobile sur le pouf. Si cet adolescent se présentait en face d'elle, elle lui dira les quatre vérités. Elle le remettra à sa place et tout sera simplement parfait. Elle avait besoin d'évacuer tout ce stress qu'elle accumulait depuis des années.