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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 26/08/2015 à 09:52
» Dernière mise à jour le 28/02/2019 à 23:24

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 33 : La chute des guerriers
Moi-même, qui succéda à Uriel, j'ai reçu sa volonté par mon sang même. J'ai reçu son épée des mains de mon frère, et quand elle passa du noir au blanc, de la peine à l'espérance, j'ai su que mon ancêtre veillait sur moi. Kaorine fut donc un bon professeur pour Uriel. Uriel fut un bon professeur pour moi. Mais moi, hélas, je ne fus pas un bon professeur pour mon successeur.




*****




Erend, Zayne et leur groupe avaient retrouvé le sénateur Glen Kearney non loin des portes sud du palais, escorté par une unité de militaires du général Willis. Le jeune sénateur tenait à assister aux premières loges à la chute de Castel et à la victoire de la République. C'était son devoir en tant que serviteur de l'Etat, disait-il. Erend y voyait lui un bon stratagème de sa part pour devenir indispensable à la constitution du nouveau gouvernement. Mais c'était très bien. Mieux valait Kearney que Karsio, qui, introuvable comme il était, avait sans doute du prendre la fuite.

En haut dans le ciel de la ville, les vaisseaux Stormy Sky étaient en train de se tirer dessus entre eux, sans que la flotte de Kanto ne sache trop que faire. La mutinerie de Syal avait donc débuté, mais elle ne s'était visiblement pas déroulée aussi nette et sans bavure qu'elle avait pu l'espérer. Tant pis. Tant qu'ils se tapaient dessus, ils n'embêtaient personne. C'était à Syal de s'en occuper, car Erend et ses compagnons, eux, avaient aussi quelque chose sur le feu, actuellement. Ils étaient arrivés à la porte principale du palais de Castel. Porte gardée par plusieurs soldats de Cinhol, certes, mais aussi par deux Pokemon du tyran. Squablarto, son requin marteau des sable sur deux pattes, et Etrurien, dont on ne distinguait pas bien s'il s'agissait d'un seul Pokemon ou de trois accrochés ensemble.

- Je demande à Triseïdon de se les faire ? Proposa Zayne.

- Non. Mieux vaut qu'il garde ses forces pour Hafodes. Laisse Silver et Marcelio s'en charger.

En effet, ces deux là s'enorgueillissaient d'être les plus puissants dresseurs du groupe. C'était probablement le cas, même si Leaf et Anis n'étaient certainement pas sans ressource. Alors que le reste des soulevés firent face aux soldats de Castel, Silver et Marcelio opposèrent aux Pokemon de Castel leur deux plus puissant, à savoir Aligatueur et Carchacrok. Nirina ayant fait part à tous les dresseurs des Adeptes d'Uriel des caractéristiques de chacun des Pokemon royaux, Silver et Marcelio savaient à quoi s'en tenir sur Squablarto et Etrurien.

Le premier, de type Sol, avait une forte attaque et une forte défense, et pouvait se mouvoir assez vite sous terre. Mais contre l'Aligatueur de Silver, de type Eau, il aurait des problèmes. Quant à Etrurien, il était de type Normal et Psy, et sa principale force résidait dans ses trois capacités spéciales à la fois, du fait qu'il s'agissait d'un Pokemon composé de trois. À voir si Carchacrok, avec sa méga-évolution, pourrait taper assez fort pour en venir à bout rapidement. Erend se soucia peu des combats en question, car il était un peu occupé à mener les siens. Armé de Sifulis, et malgré ses quatorze ans, il était tout aussi capable de tuer un homme que les guerriers qui les attaquaient. Son propre Pokemon, Babytus, le protégeait autant qu'il pouvait, et Zayne ne s'éloignait pas de lui. C'était les conditions pour qu'Erend puisse se battre aux cotés de ses ouailles.

- CANONS ! Hurla l'un des insurgés.

En effet, les guerriers de Cinhol demeurés à la porte étaient en train de mettre en place de l'artillerie lourde. Zayne, d'un tour à 360° de son trident, balaya tous les guerriers qui le cernaient avec un cercle d'eau. Puis, d'un tir de Laser-Glace, il gela sur place les canons. Les soldats de Castel virent bien sûr rapidement en lui la menace principale. Et donc, en idiots qu'ils étaient, ils chargèrent tous sur lui. Peut-être voulaient-ils acquérir plus de gloire en tuant l'ennemi le plus dangereux ? En tous cas, c'était une bourde stratégique. Zayne, grâce à Triseïdon, pouvait tenir sans mal, et ça laissait les autres libres pour harceler les guerriers tandis qu'ils tentaient de faire face à Zayne. Si, à la place, ils avaient dédaigné Zayne pour attaquer les autres, ça aurait été plus dangereux pour les insurgés. Zayne n'aurait pas pu se trouver partout à la fois pour les protéger, et aurait été moins vigilant.

Du coté des Pokemon, ça se battait sec aussi. L'Aligatueur de Silver était engagé dans un match d'une rare violence croc et de griffes avec le Squablarto de Castel. Quant au Carchacrok de Marcelio, il tentait de viser un Etrurien remuant, rapide et glissant, et les attaques et explosions pleuvaient un peu partout. Des cris, du sang, des morts… Erend regardait tout ça avec l'intérêt d'un chercheur. C'était donc ça, un champ de bataille ? C'était donc ça, la guerre ? Par Arceus, que c'était moche… Et pourtant, la guerre était une chose vieille comme le monde. Pourquoi les hommes éprouvaient-ils une si grande envie de tuer leurs prochains ? Mystère.

Enfin, Erend pouvait bien philosopher, il était pareil. N'avait-il pas entrepris tout ça dans le but ultime de tuer Castel Haldar ? Que ce soit pour venger sa mère, pour la paix de Bakan, la survie du monde ou pour sa propre gloire, il voulait tuer un homme. Bah, il était humain, lui aussi. Il pouvait bien se croire et se sentir supérieur à la plupart des hommes, il était pareillement conçu.

- Avancez ! Hurla-t-il. Franchissez les portes ! À l'assaut du palais !

Les insurgés crièrent leur assentiment et commencèrent à se regrouper sous les grandes portes grillagées, qu'ils poussèrent de toute leur force. Zayne se contenta d'envoyer une attaque Hydrocanon sur le haut des portes pour qu'elles se décrochent de leur gond. Quand enfin les guerriers de Castel furent en fuite ou morts, et que les combats eurent cessés, Erend fit les comptes. Au moins une centaine de morts de leur coté, dont plusieurs Pokemon. Heureusement, pas ceux de Silver et Marcelio, qui sortirent victorieux de leur combat contre ceux de Castel. Ces derniers gisaient à terre, vaincus.

- Ils sont morts ? Demanda Erend.

Silver haussa les épaules.

- J'en sais rien. Mais quelle importance ? Ces Pokemon là sont immortels, parait-il. S'ils crèvent, ils se réincarnent en œuf.

C'était effectivement le cas, selon Nirina. Une chose prodigieuse, due à la météorite de Vifacier quand Uriel l'avait transpercée de Peine. Au lieu d'exploser et d'anéantir le monde comme Castel l'avait souhaité, elle avait chamboulé l'espace et le temps tout autour d'elle, et entraîné le royaume de Cinhol dans un autre monde, en emprisonnant Castel et ses Pokemon dans une boucle temporelle. Si Castel avait défait la boucle en revenant, ses Pokemon y étaient toujours attachés. Mais Erend avait dans l'idée que, si la météorite était détruite ou totalement vidée de son pouvoir, ce ne serait plus le cas. Et c'était ce qu'ils devaient faire, pour empêcher Castel et quiconque d'autre de l'utiliser pour détruire le monde.

- Allons-y, ordonna Erend en entrant dans le palais.


***


Avec la tempête de sable de Baladio qui avait éclaté en plein milieu du pont, Syal ne pouvait plus distinguer les alliés des ennemis. Des coups de feu résonnaient, des cris, et l'Amiral avait lui disparu. Or, c'était lui la clé de voute de la réussite de cette mutinerie. Si Syal ne l'avait pas en son pouvoir, pourquoi diable la flotte irait-elle lui obéir ? Et pendant ce temps, la moitié de la flotte se battait avec l'autre moitié, un échange de tirs auquel la flotte de Kanto ne prenait aucunement part, trop perplexe pour savoir quoi faire. Syal avait voulu s'emparer de la Quatrième Flotte pour la préserver. Deviendrait-elle au contraire celle qui l'avait anéantie ?

Impensable ! Qu'elle échoue, et elle se ferait courageusement exécuter par Rashok. Mais elle ne voulait pas voir son nom inscrite dans l'histoire de Stormy Sky comme étant la capitaine renégate qui a poussé à la destruction l'une des six flottes du Grand Amiral. Elle désolidifia son cuivre enroulé à son bras et le fit tournoyer autour d'elle pour balayer ce damné sable. Sur le pont, les capitaines insurgés et leurs hommes se battaient contre les loyalistes de l'Amiral. Pas de trace de ce dernier. Il avait du sortir.

En quittant la salle de commandement, Syal se permit de venir en aide à Kagezo en trucidant par derrière ses deux assaillants grâce à son cuivre. Elle en fit ensuite un bouclier pour couvrir ses arrières. Bien lui en pris, car elle entendit nombre d'impacts de balle contre le métal. Enfin sortie du pont de commandement, elle regarda à droite à gauche de la coursive pour voir où était parti Rashok. Elle ne connaissait personne aussi courageux que l'Amiral, mais il n'était pas stupide. Il savait que lui, un simple humain vieillissant, ne pourrait rien contre une Modeleuse de l'âge de Syal. Mais il n'abandonnait pas, oh ça non. L'Amiral Rashok n'abandonnait jamais, même s'il courrait vers la défaite. Une qualité autant qu'un défaut.

Elle enfonça son cuivre dans le sol du couloir, ferma les yeux, et laissa son métal lui parler. Les bruits de pas de Rashok remontaient sur la tige de cuivre et jusqu'au bras de Syal. Vers la gauche. Elle le rattrapa quand il alla dans le hangar des Airsplanners. Elle entra une minute plus tard, s'entendant à voir un Airsplanner décoller, mais non. Ils étaient tous au sol, et le hangar était fermé. Rashok se cachait quelque part dans la pièce.

- Amiral, je vous en prie, tenta Syal. Au nom de l'amour et la loyauté que vous prétendez porter à Stormy Sky, faites cesser cette folie !

Un tir lui répondit, qui passa à quelque centimètre de sa jambe gauche. Syal se mit à couvert derrière un Airplanner. Comptez-t-il vraiment la tuer ? Lui qui n'avait pas hésité jadis à dire d'elle qu'elle était la fille qu'il n'avait jamais eu ?

- Si folie il y a, elle vient de toi, gamine, gronda la voix résonnante de l'Amiral. Tout se passait à merveille, la région aurait été à nous…

- Castel nous aurait livré un tas de cendre en guise de région ! Il ne l'a conquise que pour mieux la détruire, par vengeance ! Nous avions déjà Bakan sous notre contrôle officieux avant. Pourquoi avoir fait tout ça ?

- Bakan n'aurait été qu'un début ! Grâce à Castel, nous aurions pu dominer d'autres terres, détruire la Team Rocket, la Garde Noire et Apocalypto, et finalement conquérir le monde ! Tout le ciel de la planète, à nous !

Syal essaya d'avancer vers où le son de la voix de l'Amiral s'échappait.

- Castel se sert de nous, Amiral. Il n'a aucune intention de tenir ses promesses. Je vous le répète : il veut détruire ce monde, puis retourner régner dans le sien. Pourquoi ne le voyez-vous pas ? Qu'est-ce qu'il vous a dit pour vous mettre ainsi dans sa poche, vous qui étiez jusqu'à présent la prudence incarnée avec tous ceux qui n'étaient pas des nôtres ?

Rashok répondit en tirant une nouvelle fois. Syal dut se protéger avec son cuivre. Le bougre savait où elle était, mais pas elle. Syal avait besoin d'une diversion. Elle activa l'Airplanner derrière lequel elle se trouvait, et il partit s'écraser contre le mur du hangar, en ayant au passage culbuter quelque autre Airsplanners. Syal utilisa ensuite son cuivre pour survoler la pièce. Rashok était là, dans un coin surélevé, ayant été distrait par le vacarme provoqué par les Airsplanners.

Syal envoya son cuivre sur lui, dans l'idée de l'entraver et le faire prisonnier. Mais l'Amiral ne l'attendait pas de cette oreille. Il dégoupilla une grenade et l'envoya en direction de Syal. Cette dernière jura, rappelant son cuivre en vitesse pour se protéger. Bien que le métal ait absorbé l'explosion, le choc l'envoya quand même à terre et lui fit momentanément perdre le contrôle sur son cuivre. Naturellement, Rashok en profita. Il sortit de sa cachette et vida le reste de son chargeur. Syal fut atteinte à la cuisse et à l'épaule. Mauvais ça. Pour utiliser son contrôle de Modeleur, elle devait se concentrer, et la douleur après s'être fait trouer le corps n'y aider pas vraiment. Rashok se posa à genoux sur elle, l'immobilisant de son poids. Impuissante, Syal ne put que voir celui qui avait été son père adoptif brandir un couteau sous sa gorge. Une lueur démente brillait dans ses yeux autrefois bienveillant.

- Je ne te laisserai pas… Non, pas même toi… Elle m'a promis… Elle m'a montré mon avenir, l'avenir de Stormy Sky !

Syal devina qu'il allait la tuer. Mais elle devina aussi que l'homme devant elle n'était pas l'Amiral Rashok. Ou, plus précisément, il ne l'était plus. L'Amiral Rashok était un homme censé. Un homme juste. Un homme qui l'aimait. Syal ferma les yeux, et en dépit de la douleur, tâcha de revenir à son état de concentration totale qui lui permettait de contrôler le cuivre. Rashok aurait eu le temps de la tuer, mais il eut un instant d'hésitation. Peut-être une résurgence de l'homme qu'il avait été devant sa protégée. Mais Syal, elle, n'hésita pas. Elle rappela son cuivre éparpillé à terre à elle, sous la forme d'une pique. Le métal alla traverser le corps de Rashok avant de s'arrêter à un millimètre près sur Syal. Rashok cracha du sang, mais son regard se fit désormais plus clair.

- Gamine… fit-il en s'écroulant.

Syal se redressa, et retourna doucement l'Amiral sur le dos. Sa respiration n'était plus qu'un sifflement. Mais il souriait.

- Je suis désolée… ne put que murmurer Syal. Je suis désolée, Amiral…

Le mourant lui caressa la joue et lui essuya ses larmes.

- Tu n'as pas à l'être… C-c'est moi qui… Cette femme… Cette engeance du démon, elle me t-tenait l'esprit… J'étais c-comme envouté…

- Cette femme ? Répéta Syal, confuse.

- La femme g-grise de Castel… Elle a soulevé son voile et… horrible…

Syal serra les poings de rage. Ainsi donc, c'était cette Venisi qui avait embobiné l'Amiral pour qu'il serve Castel ?

- Ne bougez pas, Amiral. Je vais chercher du secours !

Mais l'Amiral l'arrêta en lui agrippant le poignet.

- Au diable les secours. Laisse-moi partir, fillette. C'est t-tout ce que je mérite. Et puis… j'étais déjà c-condamné, de toute façon…

- Que… Que voulez-vous dire ?

Après une nouvelle gerbe de toux sanglante, les yeux vitreux de l'Amiral croisèrent les siens.

- J'ai découvert que j'avais un cancer… juste avant notre alliance avec ce gamin. Impossible à guérir. J'en avais… seulement pour un an… ou deux, selon les toubibs. Tant pis, ma foi… J'avais bien vécu. Mais je voulais… je voulais accomplir quelque chose de grand avant de disparaître. Je voulais… rendre ma Quatrième Flotte plus puissante, et faire… de toi la prochaine Amirale la plus puissante. Je n'ai… pas de p-pouvoirs ou de capacités exceptionnelles comme toi ou les autres Amiraux. J'avais l'impression… d'avoir été inutile à Stormy Sky. Q-que tu aurai honte de moi. Je v-voulais qu'on se souvienne de m-moi malgré ça… Cette femme, elle a vu ça en moi, et elle a su me manipuler… Pardonne-moi, gamine. Je suis un minable…

Syal secoua la tête, éplorée.

- Qu'est-ce vous racontez ?! Vous n'avez pas de pouvoirs, et alors ? Vous avez été l'un des meilleurs Amiraux de tout Stormy Sky, l'un des premiers camarades du Grand Amiral avant même que l'organisation ne soit fondée ! Même les plus puissants d'entre nous, les derniers arrivés à cause de nos pouvoirs, on faisait pâle figure face à vous ! Vous m'avez arrachée de la Garde Noire, vous m'avez instruite, vous m'avez acceptée parmi vous… Jamais, pas une seule fois, je n'ai eu honte de vous ! Vous étiez mon idole ! J'étais fière d'être une de vos capitaines !

Rashok lui servit son sourire bonhomme qui avait guidé Syal tout au long de son entrée à Stormy Sky.

- O-oui… j'ai pas tout foiré, dans ma chienne de vie. Je t'ai eu, toi. J'ai f-formé… l'un des plus grands Amiraux à venir. Rends-moi fier, ma fille. Amirale Syal Aeria, commandante de la Quatrième Flotte…

Syal serra contre elle l'homme qui avait été comme un père pour elle. Ce dernier lui donna un dernier conseil :

- Prends garde… à cette femme grise… Elle est plus que… que la servante de Castel. Le mal… le mal incarné…

Ce furent les dernières paroles de l'Amiral Rashok. Syal resta un moment accroupi au coté de son cadavre, laissant ses larmes couler, avant qu'une secousse lui rappelle qu'elle était en plein dans une bataille. Elle prit alors le communicateur général de l'Amiral, et annonça à toute la flotte :

- Ici l'Amirale Syal. L'Amiral Rashok est mort. Je répète : l'Amiral Rashok est mort. Il a été piégé, comme nous tous, par Castel et ses séides. De par sa volonté, je prends le contrôle de la Quatrième Flotte. Cessez de vous battre entre vous, gens de Stormy Sky, et combattez notre véritable ennemi !


***


- Père… commença Deornas.

- Je n'ai pas souvenir d'avoir engendré un traître, rétorqua durement Astarias sous son casque. Pourquoi es-tu là, alors que Sa Majesté t'a chargé de garder le royaume en son absence ?

- Sa Majesté n'est pas celle que vous croyez, père. Nirina m'a ouvert les yeux.

- Nirina ? Encore une graine de traîtresse. Cette idiote serait peut-être encore en vie si elle était restée dans la prison où Sa Majesté l'avait envoyée…

Deornas battit bêtement des paupières.

- Alors… vous savez qu'elle n'est plus ?

- Oui. Les espions de Sa Majesté dans votre groupe de scélérats l'ont informé de cela.

- Et… ça ne vous fait rien, Père ? Vous étiez son chevalier-lige ! N'aviez-vous pas juré à son père, votre frère Rushon, de la protéger envers et contre tout ?

- Il m'aurait été difficile de la protéger d'elle-même. Mais cela importe peu, à présent. Rushon n'est plus roi, pas plus que Nirina n'est reine. C'est à Sa Majesté Castel II que je me dois. J'anéantirai ses ennemis pour lui, même s'ils sont de mon sang !

Il leva son épée puis appela son Pokemon de Grand Protecteur, Metali. Leol répondit en faisant tournoyer sa lance, et Leaf en comptant sur son Nidoqueen, mais Deornas écarta les bras, leur faisait signe à tous de ne pas bouger.

- Je vous en prie père, continua Deornas. Ne faisons pas couler plus de sang de Cinhol ici. J'ai réuni autour de moi tous ces braves que vous voyez…

- Des traîtres, tout autant que toi.

- Sire Astarias, intervint l'un des soldats de Cinhol derrière Deornas. Vous me connaissez, messire. Je suis Olep. Je faisais partie de la Gloire Rouge, le bataillon d'élite de Sa Majesté Rushon quand il n'était encore que prince. J'ai combattu à vos coté lors de la guerre contre la Tribu des Chevaux. Je suis loyal à Cinhol, messire prince. Mais j'ai entendu que ce votre fils a dit. Ce Castel là est un fou, un fantôme du passé revenu pour faire couler le sang !

- Père, continua Deornas. Adam a changé. Vous-même, vous devriez vous en rendre compte non ? C'est parce qu'il n'est plus Adam. En fait, il n'a jamais été votre neveu. Il s'agit bien de Castel Haldar le Fondateur, celui d'il y a cinq cent ans !

Cela n'émeut pas vraiment Astarias.

- Possible. Et alors ?

- Que…

- Si Sa Majesté est réellement le Fondateur, raison de plus pour lui obéir, non ? Il est notre glorieux ancêtre, celui qui a fondé Cinhol. Et s'il a vécu tout ce temps, qui peut-il être, sinon un dieu ?!

- Père… se désola Deornas en secouant la tête.

- Laissez tomber, Deornas, lui dit Leaf. Il commençait déjà à perdre la boule quand je suis partie. Mon petit doigt me dit que cette femme voilée est derrière tout ça. Elle a embrumé l'esprit de tous les serviteurs de Castel, tout comme elle avait embrumé celui de Ryates et de tous les anciens rois pour qu'ils œuvrent pour leur compte.

- Venisi ? S'étonna Deornas. Mais alors, si nous la tuons… tous ceux qu'elle a envouté retrouveront leurs esprits ?

- Possible, admit Leaf, mais vous savez tuer quelqu'un qui est déjà mort vous ? Venisi est, selon Anis, la défunte femme de Castel, Enysia, qu'il a ramené du Royaume des Ombres par des procédés pas très sains.

- Alors, allez-y vous deux, leur dit Leol. Trouvez cette femme et stoppez ses maléfices. Je me charge d'occuper ce noble sire.

- Vous ? S'étonna Deornas.

- Moi. Ce type, c'est bien Astarias Haldar le Valeureux ? Même dans la Tribu des Chevaux, nous connaissons son nom et sa légende. C'est le plus grand chevalier de Cinhol qui ait jamais vu le jour, qu'on dit. J'aimerai vérifier si c'est vrai.

- Il a un Pokemon, indiqua Leaf. Vous allez vous faire tuer !

- Advienne que pourra. Je ne suis pas spécialement faible moi non plus. Ne vous inquiétez pas, je tâcherai de ne pas le tuer. Soldats, CHARGEZ !

Deornas s'était visiblement attendu à ce que ses hommes refusent de lui obéir, mais il fut surpris quand ils chargèrent tous sur son ordre. Leol possédait une espèce de charisme dans la voix et dans la posture qui faisait qu'on avait envie de lui obéir. La mêlée entre les partisans de Deornas et ceux d'Astarias fut telle que Leaf et Deornas purent sans mal se faufiler avec Nidoqueen à l'intérieur de l'enceinte du palais. Quand ils se furent éclipsés, Leol s'approcha d'Astarias en souriant insolemment.

- Et toi, qui es-tu, chien ? Demanda Astarias.

- Oh, juste un membre éloigné de la famille de Nirina. Ce qui fait de nous des parents aussi, dans un certain sens.

- Ton visage me parait familier…

- Je suis heureux de l'apprendre, messire. Il y a encore quelque yeux parmi les Haldar qui savent donc voir.

Astarias chargea, avec à coté son Metali. Leol prit sa lance d'une main pour empoigner son épée de l'autre. Bien qu'il maniait la lance à deux mains comme personne, il savait aussi se servir de l'épée. Il bloqua l'attaque Queue de Fer de Metali avec sa lame, et tournoya pour contrer l'épée d'Astarias. Ses coups étaient rapides et précis, ses esquives sans erreur, ses pas lestes. Tel était Leol. Naturellement doué avec les armes, il avait appris à se battre avant d'avoir appris à parler. Bien que Premier Cavalier d'un peuple réputé pour se battre à cheval, il était passé maître dans le maniement de toutes les armes. Se battre était comme une danse pour lui. Astarias et Metali avaient beau être deux, ils n'étaient pas autant coordonnés que ne l'étaient la lance et l'épée de Leol.

- Tu es fort, jeune homme, lui concéda Astarias après dix minutes de combat.

- Je le suis plus que vous, sourit Leol. Vous me dépassez certes par l'expérience, mais votre âge vous fait défaut. De même que cette lourde armure.

Leol méprisait les armures des chevaliers de Cinhol. Il lui aurait été impossible de se battre comme il le faisait en étant enfermé dedans. Astarias arracha son casque et le jeta à terre. Leol put le voir comme il était : les cheveux blonds et yeux bleus typiques des Haldar, mais son visage était dur, et parcheminé de cicatrices et de brûlures. Il s'élança en un nouvel assaut.

Au bout de cinq minutes de plus, Astarias commençait à faiblir, c'était une évidence. Il s'essoufflait. Quant à son Pokemon, ses attaques prédéfinies étaient prévisibles. Il avait beau s'être boosté en attaque avec Danse-Lame, ça ne servait à rien s'il ne pouvait pas toucher Leol. Ce Metali était un Pokemon pour le combat rapproché et immobile, pas pour la danse que pratiquait Leol. Avec une feinte bien placée, ce dernier parvint à toucher Astarias au bras avec son épée, et lui découpa une bonne partie de son armure. Sauf qu'Astarias ne recula pas. Il garda l'épée de Leol encastrée dans son armure, et attrapa le bras de son ennemi. De sa main armée, il tenta un coup, que Leol bloqua avec sa lance. L'épée d'Astarias vola, et sa main vide s'agrippa à ses cheveux, qu'il tira.

Grognant de douleur, Leol lui transperça la main avec sa lance. Astarias recula enfin, le sang coulant sur son armure immaculé. Mais il ne se souciait pas de ses blessures. Il regardait ce qu'il tenait dans sa main blessée. Une touche de cheveux de Leol. S'ils étaient bien d'une couleur bleue saphir, les racines, elles, étaient d'une toute autre couleur. Ça ne se voyait pas sur Leol, mais si on regardait ses cheveux de près, on ne pouvait que la remarquer : une couleur d'or. Astarias laissa tomber les cheveux.

- Ce style de combat… ce visage… ces yeux… ces cheveux… marmonnait-il, incrédule. Qui… qui es-tu donc, par Arceus ?!

- Tâchez de deviner, le temps qu'il vous reste à vivre, répondit Leol.

Il s'élança sur son adversaire vaincu, repoussa une dernière fois le Metali, et passa sa lance dans le corps d'Astarias. Lequel regardait Leol comme s'il voyait un fantôme.

- Ru… Rushon ? Mon frère…

- Ah ah, non, ricana Leol. Mais vous chauffez. Oh, je ne vous en veux pas de ne pas me reconnaître. On ne s'est jamais vu avant aujourd'hui, à vrai dire.

Leol retira sa lance, et Astarias Haldar s'effondra au sol. Sa chute fut visible de tous, et ses soldats, incrédules, se rendirent à l'instant. Leol contempla le cadavre de son adversaire.

- Oups, fit-il enfin. J'avais promis à votre faux fils de ne pas vous tuer. Mais ne vous inquiétez pas, oncle. Je vais très vite vous l'envoyer comme compagnie au Royaume des Ombres. Mais avant, il est temps d'aller retrouver Mère…